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N° 3197

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ASSEMBLÉE NATIONALE

CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958
ONZIÈME LÉGISLATURE
Enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 26 juin 2001.

RAPPORT D'INFORMATION

DÉPOSÉ
en application de l'article 145 du Règlement
PAR LA COMMISSION DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES (1)
sur les forces et les faiblesses du cinéma français sur le marché international

ET PRÉSENTÉ

PAR M. ROLAND BLUM,

Député

--

Affaires étrangères

ANNEXE 1
LE CINÉMA FRANCAIS AUX ÉTATS-UNIS
Source : service culturel de l'Ambassade de France aux Etats-Unis

ANNEXE 2
LES PRINCIPES RÉGISSANT
L'AIDE AU CINÉMA EN ITALIE
Source : Ambassade de France à Rome

ANNEXE 3
L'ACTION DE L'OFFICE FÉDÉRAL D'AIDE AU CINÉMA ALLEMAND

ANNEXE 4
LE CINÉMA BRITANNIQUE
Source : Service culturel de l'Ambassade de France à Londres

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ANNEXE 1

LE CINÉMA FRANÇAIS AUX ÉTATS-UNIS 1 - LES FILMS EN SALLES

Même si le box office demeure fragile, les recettes accusant même un tassement en 2000 par rapport à l'année précédente, le cinéma français en salles connaît, sur le créneau limité où il évolue, un intérêt croissant. Le French Film Office à New-York, bureau d'Unifrance pour l'Amérique du Nord, dispose aujourd'hui de statistiques de plus en plus fines pour mesurer ces évolutions, qui répondent à l'accroissement de la demande, (il convient de souligner que le box office officiel ne prend pas en compte la durée totale de l'exploitation des oeuvres, plus longue pour les films étrangers. Les recettes sont ainsi, vraisemblablement, sous-estimées).

 

Compte tenu de l'investissement toujours plus grand des producteurs français dans des productions étrangères, notamment européennes ou asiatiques, il paraît nécessaire de tenir compte aussi de ces co-productions dans les statistiques. C'est le cas par exemple de " Tout sur ma Mère " et " Dancer in the Dark ".

 

Toutefois, ne sont pas retenus dans ce classement les films américains produits ou coproduits (cofinancés) par des entreprises françaises comme Le Studio Canal (" U 571 " - Universal ; " Lucky Numbers " - Paramount), Pathé (" Chicken Run " - Dreamworks), Orly Films (" La Neuvième Porte " - Artisan), ou TF1 International (" The Contender " - 3Marcs/Dreamworks, " Under Suspicion " - Lion's Gate). Il s'agit le plus souvent d'un apport financier, parfois majoritaire, qui correspond à un préachat pour des territoires étrangers. Cette tendance doit être néanmoins soulignée car elle montre une présence accrue des intérêts français dans la production hollywoodienne.

Plusieurs enseignements sont à retenir de ce bilan 2000 de l'exploitation :

- Le nombre de films distribués

Selon Unifrance, ce chiffre augmente de 50 % en 2000 pour atteindre le chiffre record de 61 films distribués contre 40 en 1999 et 26 en 1998, qu'il s'agisse des films français (31 contre 20 en 1999) ou des coproductions (30 contre 20). C'est le meilleur résultat jamais obtenu pour l'industrie cinématographique française sur le territoire américain.

Certes les résultats restent très variables et de nombreux films continuent de sortir dans une configuration de salles réduite pour être distribués principalement en vidéo et à la télévision (voir annexe infra), mais ce chiffre témoigne du fort regain d'intérêt des professionnels pour notre production quels que soient les genres.

- Le box office :

Le résultat du box office 2000 des productions françaises est contrasté. Si l'on tient compte des co-productions internationales (hors films américains) à forte participation française, le résultat global est supérieur à 30 millions de $, soit, comme en 1999, 0,4 % du marché total nord-américain. Cette part est maintenue grâce au nombre important de sorties et de reprises mais surtout grâce aux co-productions qui récoltent les deux tiers du box office. Selon nos estimations, les films français proprement dits réalisent 10 millions de dollars au box office contre 17 M$ en 1999.

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En 2000, seuls deux films français (" Est Ouest " et " La Fille sur le Pont ") ont franchi le seuil des 1,5 M$ contre cinq films en 1999. La recette moyenne par film est à la baisse (500 000 M$ contre 830 000 $ en 1999) mais reste supérieure à celle de 1998.

- La diversité des genres :

Comme en 1999, année qui avait vu le succès de films aussi différents que " Le Dîner de Cons " ou " Conte d'Automne ", tous les genres du cinéma français sauf les comédies burlesques, sont représentés.

- L'éloge de la critique :

La très grande majorité des critiques des films français restent élogieuses. Les sorties de films français bénéficient d'une couverture de presse exceptionnelle au regard de leur place sur le marché, en particulier à New-York et à Los Angeles, dans les magazines, les quotidiens mais aussi les hebdomadaires gratuits, véritables bibles culturelles locales.

Plus que jamais en 2000, les films français ont bénéficié d'un succès critique remarquable. Ainsi, "Beau Travail", de Claire Denis, a été élu meilleur film de l'année par un jury de critiques américains réuni par l'hebdomadaire new yorkais Village Voice. La réputation du cinéma français aux Etats-Unis dans les milieux de la critique et des cinéphiles est ainsi très supérieure à ce que peuvent laisser penser ses résultats commerciaux : " L'Humanité " de Bruno Dumont, couvert de louanges par des critiques influents qui le considèrent comme l'un des meilleurs (sinon le meilleur) films sortis aux Etats- Unis dans l'année, ne réalise que 72 000 dollars de recettes. L'année 2000 consacre par ailleurs le jeune cinéaste François Ozon comme enfant chéri de la critique.

- L'intérêt des distributeurs

L'augmentation du nombre de films proposés s'accompagne d'une hausse du nombre de distributeurs. Vingt-deux sociétés ont sorti des films français contre 17 en 1999 (voir annexes).

Profitant de l'effacement de Miramax, Sony Classics ** conserve, pour la troisième année consécutive, la première place des distributeurs de films français ou coproductions françaises. En réalisant un doublé avec " Tout sur ma Mère " (8,2 millions de $ cumulés et l'Oscar du meilleur film en langue étrangère) et " Est Ouest ", le meilleur résultat de l'année pour un film français (2,6 millions de $), la filiale de Sony s'octroie 45% du marché des films français en salles en 2000. La part des productions françaises (12,5 M$) dans le chiffre d'affaires global du distributeur représente ainsi 23%, contre 26% en 1999. Pour 2001, Sony Classics a déjà acquis " A la verticale de l'été ", " Pauline et Paulette ", " L'anglaise et le Duc ".

Second au classement, Shooting Gallerv ****, nouveau distributeur new-yorkais, réalise l'exploit de s'accaparer 24% du marché avec seulement trois films en exploitation, dont " Le Croupier ", coproduction anglo-française, qui dépasse les 6 M$ au box office. Le nouveau venu s'offre également un petit succès d'estime auprès de la critique enthousiaste avec " Ressources humaines ".

Fine Line *** (15% de PDM) distribue avec succès la coproduction franco-danoise " Dancer in the Dark", Palme d'Or à Cannes (4,1 M$), mais aussi "Une liaison pornographique" (0,1 M$). La filiale de New Line Cinéma sortira en 2001 " Human Nature ".

Paramount Classics**, après un essai décevant en 1999 (" Train de Vie "), remporte un beau succès avec " La Fille sur le Pont " de Patrice Leconte qui récolte 1,7 M$ (soit 6% du marché des films français). Le film bénéficiera même du plus fort taux de fréquentation par écran lors du week-end de sa sortie. Le distributeur a acquis pour 2001 " La Vierge des Tueurs ".

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Empire Pictures *** (3% de PDM) sort deux films français (" Place Vendôme " et " La Bûche ") avec un résultat très honorable pour le premier (0,6 M$) et plus décevant pour le second (0,24 M$). Il sort "Intimité" en 2001. L'année est plus difficile pour USA Film, pour qui la sortie d'" Alice et Martin " est un échec (0,14 M$). Le distributeur continue cependant à acquérir des productions ou coproductions françaises comme " In The Mood for Love " de Wong Kai Wai, sorti en 2001. L'année est mauvaise pour Winstar (ex-Fox Lorber) qui mène une politique de découverte de talents " difficiles " : François Ozon, Bruno Dumont... La société entreprend une politique d'achat intensive de films pour 2001 et 2002 (" Drôle de Félix ", " Les destinées sentimentales ", " Sous le Sable ", " The Circle ", " La Comédie de l'Innocence ", " Les Filles ne savent pas nager "), dans la perspective d'étoffer son catalogue de vidéo et de DVD, après les sorties en salles.

Miramax reste d'abord, comme en 1999, en retrait puis décide de reprendre l'acquisition de films français, en particulier au moment du festival de Cannes avec " Vatel " (Gaumont) qui sortira en fin d'année (pour un résultat très décevant - 65 000 dollars de recettes) et " Harry, un ami qui vous veut du bien " (Mercure), programmé pour 2001 et qui se révélera un grand succès. La filiale de Disney, qui semble vouloir rééquilibrer ses activités de production propres, toujours risquées (voir supra), et de distribution de films étrangers, propose dans son "line up" 2001 de nombreux films français comme "Le Placard" (Gaumont, acheté après l'AFM), " Jet Set ", " Astérix et Obelix contre César ", "Astérix et Obelix, Mission Cléopâtre " (Président) et enfin " Le fabuleux destin d'Amélie Poulain " (UGC).

D'une façon générale, les distributeurs semblent encouragés par les bons résultats observés en 1999 (cinq films au genre très différent avaient franchi facilement les 1,5 millions de dollars au box office), par le succès du box office français en France, par l'extension des capacités d'exploitation commerciale des films (nouvelles salles et nouvelles villes), mais aussi par l'accroissement de la demande pour les films en langue étrangère. Cette demande est soutenue par la diffusion croissante des films français à la télévision et en vidéo (cf infra).

Pour la saison 2001, outre les prévisions de sorties citées précédemment, on relève plusieurs titres notables: " Le goût des autres " (Pathé), présenté par la France pour concourir aux Oscars, " La Veuve de Saint Pierre " (FPI), nominé aux Golden Globes 2001, " Les Glaneurs et la Glaneuse ", " Mauvaises Fréquentations ", " Le Pacte des Loups ", " Les Visiteurs en Amérique ", " Sous le Sable ", " Comme un Aimant ", " Les Rivières Pourpres ".

2 - LES AUTRES SUPPORTS DE DIFFUSION

2-A : Télévision et Vidéo

Les marchés de la télévision (câble et satellite) et de la vidéo (cassettes et DVD) constituent, pour les films français, les principaux vecteurs susceptibles d'atteindre la majeure partie de la population américaine, dans le cadre d'une pénurie relative de salles d'art et essais susceptibles de diffuser ces oeuvres.

Télévision

Bien que les chaînes américaines diffusent très peu de programmes étrangers non-anglophones, elles acquièrent un certain nombre de films français.

Depuis deux ans, grâce à l'augmentation du nombre de chaînes thématiques liée à la télévision numérique, le cinéma français bénéficie d'une présence accrue à la télévision américaine sur les chaînes du câble spécialisées. Certaines d'entre elles estiment d'ailleurs que les films français comptent parmi leurs meilleurs résultats d'audience.

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Au total, sur les milliers de films, en très grande majorité américains, diffusés chaque mois à la télévision américaine, trente à quarante sont français, sous-titrés et souvent multidiffusés tout au long du mois. Ce chiffre peut paraître faible, mais le nombre des films montrés sur le petit écran (comme celui des titres disponibles en vidéo) est considérable au regard du nombre des films diffusés en salles. Des classiques (Godard, Truffaut, Renoir) aux plus récents (Zonca, Klapisch, Ozon), les films français sont présentés, très régulièrement, sur la plupart des chaînes thématiques de cinéma par câble et satellite: Bravo, Trio, Flix, The Independent Film Channel, The Sundance Channel, More Max, The Movie Channel et, dans une moindre mesure HBO, Turner Classic Movies (TCM), Showtime... L'apparition sur les réseaux numériques de nombreuses jeunes chaînes de cinéma avides de programmes ne peut que bénéficier au cinéma français: la quasi-totalité des films sortant en salles aux Etats-Unis sont diffusés dans l'année suivante à la télévision.

D'autre part, plusieurs films de cinéma français sont repris tous les mois sur TV5-USA, la chaîne francophone diffusée 24h sur 24 aux Etats-Unis dans le bouquet de programmes Dish Network du satellite Echostar, sur plus de 15 réseaux câblés et dans un grand nombre d'établissements d'enseignement. Un film de TV5-USA, sous-titré, est diffusé chaque semaine sur International Channel (10 millions de foyers) et Cuny TV (2,2 millions de foyers à New York), ce qui accroît l'audience potentielle de ces oeuvres. La chaîne connaît toutefois, en 2000, des difficultés pour atteindre et définir son public et la qualité de sa programmation cinéma pâtit au regard de celle des chaînes américaines. Une relance est prévue pour 2001 et la qualité des films devrait être améliorée.

Au total, selon les estimations de l'Ambassade, environ 350 films français ont été proposés en 2000 aux téléspectateurs américains, ce qui, grâce à la multidiffusion, représente plusieurs milliers de diffusions: cinq à dix diffusions de films français par jour sont proposés en moyenne sur l'ensemble du paysage audiovisuel américain, tout au long de l'année. Au cours de l'année 2000, l'Ambassade décide de recenser ces films et de mettre la liste à la disposition du public sur son site Web.

 

La télévision, contrairement aux salles art et essai ", permet aujourd'hui au cinéma français de bénéficier d'une vitrine accessible à la plupart des foyers américains (environ 75 % sont équipés soit du câble, soit du satellite). Cette tendance pourrait s'intensifier avec le développement de nouveaux services télévisuels numériques. Ainsi, après l'avoir testé en 1999, DirecTV a multiplié en 2000 la diffusion de films français en "pay-per-view" (" Les amants du Pont Neuf ", " Jeanne d'Arc ", "Alice et Martin "...). Le premier opérateur satellitaire américain montre ainsi qu'il entrevoit un marché dans le cinéma français, alors même que le paiement à la séance se développe considérablement grâce à la multiplication des canaux offerts à cet effet par les opérateurs.

Vidéo

Selon Unifrance, 720 titres français étaient disponibles en vidéo (dans un cadre légal) en 2000 aux Etats-Unis, contre 640 en 1999. Vidéo et surtout, aujourd'hui, DVD (dont près de 50 millions ont été vendus aux Etats-Unis au dernier trimestre 2000) sont devenus un moyen privilégié de voir des films français, particulièrement dans les nombreuses agglomérations où les films étrangers ne sont pas distribués.

Dans un article publié en 2000, l'hebdomadaire spécialisé Hollywood Reporter soulignait que le développement du DVD représentait un atout, peut-être essentiel, pour le cinéma français, en ce qu'il permettait de contourner la rareté des salles tout en offrant des avantages techniques importants (qualité d'image et de son, sous-titrages en plusieurs langues...)

Tous les titres français sortant en salles ou déjà édités en vidéo aux Etats-Unis ressortent aujourd'hui en DVD, ainsi que, parfois, des inédits. Certaines sociétés comme Winstar se sont fait, avec succès, les spécialistes des sorties en DVD de grandes rétrospectives : Truffaut, Rohmer...

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Grâce au DVD, les oeuvres du répertoire français ressortent en grand nombre aux Etats-Unis avec une nouvelle jeunesse.

2-B : Festivals

Il existe plusieurs centaines de festivals internationaux au sein desquels les films français, toujours très demandés par les programmateurs, occupent une place de choix. Les deux plus réputés sont ceux de Sundance et Telluride, lieux de premières mondiales importantes de films d'auteurs. Ils sont suivis par New York, San Francisco, Seattle, Chicago, Fort Lauderdale, Palm Beach... Ces manifestations bénéficient dans l'ensemble d'une bonne couverture médiatique et permettent, parfois, à des films français de trouver un distributeur aux États-Unis. Un " créneau " en croissance, celui des festivals internationaux thématiques : gay et lesbien, environnement, minorités ethniques, droits de l'homme... Dans l'ensemble, en 2000, la demande de films français émanant des programmateurs de festivals n'a fait que croître.

De nombreux festivals consacrés spécifiquement au cinéma français récents sont également organisés. Les trois plus importants sont aujourd'hui le " Rendez-Vous with French Cinéma ", organisé par Unifrance et la Film Society of Lincoln Center à New York en mars (9.000 spectateurs), le French Film Festival de Boston (10.000 spectateurs) et " City of Lights-City of Angels ", présenté par l'ARP, Unifrance, la SACEM et les organisations professionnelles américaines DCA, WGA et MPAA, à Los Angeles en avril (6.000 spectateurs).

Cette Ambassade soutient, à travers les Etats-Unis, plusieurs dizaines de festivals. Unifrance intervient également dans ce secteur, privilégiant, pour sa part, les manifestations qui permettent aux films (principalement à New York et Los Angeles) de trouver des distributeurs.

2-C : Rétrospectives, circuit universitaire

Le cinéma français bénéficie par ailleurs des très nombreuses rétrospectives et manifestations organisées avec des partenaires américains institutionnels (musées, cinémathèques, universités, organismes professionnels...). Ces manifestations régulières autour du cinéma français entretiennent l'intérêt du public, professionnel ou cinéphile, pour notre cinéma.

Plusieurs rétrospectives consacrées au cinéma français ont été organisées en 2000 en étroite collaboration avec les postes et le Département, certaines connaissant une circulation nationale.

A titre d'exemples, la rétrospective Alain Resnais a ainsi été présentée à New York, Los Angeles, Portland, Chicago, Washington, Seattle, Cleveland et San Francisco. Celle consacrée à Jean Eustache a circulé à Berkeley et New York, avant d'entamer une circulation nationale qui débute à Chicago au mois de janvier 2001.

 

Le circuit universitaire, est, pour de très nombreux jeunes Américains, le premier lieu de découverte des films français. Il est, à ce titre, un autre vecteur essentiel de diffusion de notre cinéma. De nombreuses projections sont organisées sur les campus par les organisations étudiantes, les écoles de cinéma ou les départements de français.

Le programme " Tournées " de FACSEA (" Society for French American Cultural Services and Educational Aid "), cofinancé notamment par le Département (par l'intermédiaire de la programmation audiovisuelle de ce poste) et par le CMC, offre, sous certaines conditions, une aide financière aux universités qui projettent des films français récents, pour compenser une partie de leurs coûts de location. Durant l'année universitaire 1999/2000, grâce à " Tournées ", 32.000 spectateurs (étudiants et autres), répartis sur une soixantaine d'universités qui comptent parmi les plus prestigieuses aux États-Unis, ont ainsi pu voir des films français récents en distribution aux États-Unis. D'un point de vue

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strictement commercial, " Tournées " a généré sur cette même période quelque 106.000 dollars de recettes pour les distributeurs américains de films français. Ce programme permet de donner une image vivante de notre cinéma en aidant à la diffusion de films récents. Dans de nombreuses villes dépourvues de salle commerciale d'art et essai, " Tournées " apparaît comme l'un des seuls vecteurs de diffusion du cinéma français.

CONCLUSION

Le marché du film aux Etats-Unis a connu en 2000 une année contrastée et pleine de paradoxes: box office intérieur record mais baisse du nombre d'entrées, chute des recettes à l'étranger, croissance importante de la vidéo et du DVD, difficultés des multiplexes, triomphe (exceptionnel) de quelques films étrangers...

Pour le cinéma français, le résultat est tout aussi contrasté : en comptant les coproductions, l'année 2000 est stable, mais la part des films purement français baisse de façon importante. Pourtant, leur succès critique ne se dément pas, de nouveaux distributeurs apparaissent et le nombre de films distribués augmente. En parallèle, le cinéma français occupe une place de plus en plus grande à la télévision et sur les linéaires de magasins de vidéo/DVD, ainsi que dans les festivals de cinéma et les universités.

Si, en l'état actuel du marché, la production cinématographique française est vouée à continuer à occuper aux Etats Unis un marché de niche, sa présence peut être améliorée. La France peut s'appuyer à cette fin sur l'action complémentaire du French Film Office et de cette Ambassade. Leurs compétences sont schématiquement partagées entre le secteur commercial, où intervient Unifrance, et le secteur non-commercial (" non-theatrical "), où agit l'Ambassade. Chacun joue son rôle, en parfaite coordination, l'objectif commun devant être, d'une part d'assurer une plus grande promotion de nos films auprès du public en général, et d'autre part de créer aujourd'hui les conditions du marché de demain, en cultivant tout particulièrement le public des jeunes, notamment des étudiants.

D'accès difficile comme on l'a vu, le marché des films récents en salles n'est pas l'unique vecteur ouvert au cinéma français aux Etats-Unis. L'aide à l'exportation recouvre en fait toute une palette de possibilités ouverte à nos films, qui va bien au-delà de ce seul créneau de l'exploitation strictement commerciale en salles des films des deux dernières années pour toucher des secteurs d'activité en pleine croissance : DVD, télévision, distribution du cinéma de répertoire, festivals (notamment lorsque ceux-ci suppléent à une absence de salles commerciales d'art et essai), universités...

Au cours des dernières années, ce poste a émis de nombreuses propositions auprès du Département et des professionnels, visant à améliorer notre présence aux Etats-Unis et à sensibiliser les professionnels français du cinéma à tous les secteurs d'exploitation de nos films : augmentation de l'aide au tirage de copies et à la promotion, à la restauration de copies ou à l'édition de nouveaux sous- titres (pour les films de catalogue....), soutien à l'édition et à la promotion des DVD français, accroissement du financement du programme " Tournées ", sensibilisation des enfants et adolescents au cinéma sous-titré, généralisation des visites de réalisateurs et surtout d'interprètes, dont la presse est friande... Ces propositions gardent toute leur actualité.

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Certaines pistes sont d'ores et déjà explorées, avec des résultats encourageants: tel est le cas d'actions de sensibilisation des plus jeunes (élèves de second degré) au sous-titrage menées à New York et Los Angeles, par cette Ambassade, avec la projection de films français pouvant être regardés par un jeune public. Par ailleurs, la liste des films français à la télévision américaine, mise en ligne par l'Ambassade dans les pages " culture " de son site Web, est aujourd'hui l'une des rubriques les plus consultées du site.

Le Service Culturel a augmenté le nombre des missions de cinéastes, d'acteurs, ou de critiques mises à disposition des organisateurs de festivals et de rétrospectives, pour répondre à l'accroissement de la demande. Quatorze missions sont organisées en 2000 sur l'ensemble des États-Unis, chiffre qui sera augmenté dans la programmation 2001. De son côté, et parmi d'autres actions, Unifrance a invité une quinzaine d'artistes pour "Rendez-Vous with French Cinéma" en mars 2000 à New York. Le French Film Office, qui offre généralement un ou plusieurs billets d'avion (réalisateur, acteurs...) lors des sorties commerciales des films, commence à soutenir des rassorties de films de répertoire (visite d'Anna Karina pour " Bande à part " à l'été 2001, par exemple).

Certes, le cinéma français cherche toujours à améliorer sa part de marché de films actuels au box office et à y augmenter leurs recettes. L'année 2000 apparaît, en cela, comme décevante mais 2001 se place sous le signe d'un regain d'espoir, malgré l'échec cuisant des " Visiteurs " dans sa version américaine produite par Gaumont.

En 1999, le succès du "Dîner de cons", comédie populaire, avait démontré qu'il est possible de proposer au public américain un éventail plus varié de productions françaises. Le nouveau film de Francis Veber " Le placard " semblait, à la mi-2001, en passe d'égaler ce succès, avant de devenir " remake " sous la houlette de Miramax Films. " Harry, un ami qui vous veut du bien " devrait atteindre, voire dépasser, le chiffre considérable pour un film étranger de quatre millions de dollars de recettes et fera aussi l'objet d'un " remake ". " La veuve de Saint Pierre " réalise un score plus qu'honorable (3 millions de dollars à la mi-2001). Enfin, avec " Sous le sable ", François Ozon et le distributeur Winstar récoltent le fruit des efforts engagés en 2000 avec les films précédents de ce cinéaste, qui fait l'objet d'un culte chez certains cinéphiles américains.

" Le pacte des loups ", " Astérix et Obélix " ou encore " Le fabuleux destin d'Amélie Poulain ", sur lequel Miramax compte particulièrement s'investir, pourraient confirmer cette tendance. Ces films permettront peut-être enfin au cinéma français grand public de réaliser la percée dont il rêve sur le territoire américain. /.

(Pascal Bourdon, François Truffart, Mohamed Bendjebbour, Emmanuel Perreau)

 

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ANNEXE 2

LES PRINCIPES RÉGISSANT L'AIDE AU CINÉMA EN ITALIE

1. ENCADREMENT DU CINEMA DANS LA REGLEMENTATION ITALIENNE ET FRANÇAISE: entre "- le spectacle et l'audiovisuel :

En Italie le cinéma fait, depuis toujours, partie du spectacle et non de l'audiovisuel, compétence du Ministère des Communications.

L'intervention de l'Etat en faveur de la cinématographie nationale est en effet composée par une part (18%) du FUS (Fonds Unique des Spectacles) soumis à l'autorité du Département des Spectacles

Le FUS est géré par la BNL (Banca Nazionale del Lavoro), section crédit cinématographique et théâtral, qui, en application des directives du Département des Spectacles, délivre les prêts, les aides et autres subventions accordées aux termes de la loi.

2. SOURCES DE FINANCEMENT AU SOUTIEN PUBLIC: taxe professionnelle sur les industries audiovisuelles (France) par rapport aux affectations au budget de l'Etat (Italie)

Les ressources du FUS dérivent entièrement du budget annuel de l'Etat qui contribue ainsi à la totalité des subventions en faveur de l'industrie cinématographique.

3. TYPOLOGIE DES AIDES: majoritairement sélectives en Italie et majoritairement automatiques en France

a) Nature des aides:

En France, comme en Italie à partir de 1965 ("loi Corona"), les aides se divisent en aides automatiques et sélectives. Il existe de nombreux instruments de soutien.

1. Les aides automatiques

- Les aides automatiques à un producteur sont générées à partir des recettes de ses films précédents. "Incentive alla produzione" (prélèvement de 13% sur les recettes brutes salles) en Italie et "compte de soutien" du CNC (Centre National de la Cinématographie) en France;

- De plus, les films italiens qui obtiennent un avis favorable de la Commission de Crédit cinématographique (critère de nationalité préalable) sont automatiquement admis au bénéfice du Fondo d'intervento, c'est à dire à un prêt à taux préférentiel : ce prêt bancaire est attribué à tous les films qualifiés de "production nationale". En pratique, tous les films italiens sont qualifiés de "production nationale" et obtiennent ce prêt;

2. Les aides sélectives

- Les aides sélectives sont celles accordées par des Commissions ad hoc désignées par les autorités compétentes qui jugent les projets présentés sur des critères principalement culturels. En France, les aides sélectives se présentent sous forme d' "avances sur recettes", prêt remboursable sur les recettes, et en Italie, sous forme de prêts bancaires à taux préférentiel, et de plus garantis par l'Etat. En Italie, les films qualifiés "d'intérêt culturel national" par la Commission consultative du cinéma bénéficieront ainsi du Fondo di garanzia.

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La Commission délivre un avis sur la base du scénario, du casting technique et artistique, du devis (le budget maximum est fixé à 12 milliards de lires) et du plan de tournage. Cet avis est ensuite examiné par la Commission du crédit cinématographique.

En pratique, l'Etat attribue un prêt à taux préférentiel qui couvre jusqu'à 90% des coûts de production. Sur ces 90%, 30% seront restitués immédiatement par le producteur à partir des contrats de vente-cession de droits; pré- achat par les diffuseurs... qu'il aura conclus. Ainsi, l'Etat - sorte de créancier privilégié - récupère une partie de son investissement avant le moindre versement de recettes au producteur. Dans un deuxième temps, si les recettes sont insuffisantes pour couvrir les 70% de la somme prêtée, le Fonds de garantie se substituera au producteur : le prêt initial devient un soutien financier "à perte".

- "L'article 8" de la loi Cinéma de 1994 (ex. "Article 28" de la loi Cinéma de 1965) : destiné à aider les premières ou deuxièmes oeuvres (maximum 20 films par an), un Fondo particolare soutient les films à petit budget (maximum 2.5 milliards de lires).

Les aides, par l'intermédiaire du prêt bancaire, sont donc un instrument essentiel du système italien, sans équivalent en France, qui privilégie les automatismes liés à chacun des films.

L'aide automatique aux productions en France, destinée à tous les films de production nationale, représente la majorité des aides à la production alors qu'en Italie ce sont les aides sélectives pour les films d'intérêt culturel nationaux qui constituent la part la plus importante des aides à la production.

b) Procédure d'attribution des aides:

- La Commission consultative pour le cinéma sélectionne et classe les films en deux catégories, "films nationaux" - qui est la simple reconnaissance de la nationalité qui donne droit à l'aide automatique, et "films nationaux d'intérêt culturel" qui donne droit, en outre, à une aide spécifique du Fonds de garantie.

- La Commission pour le crédit cinématographique vérifie le budget des films et les comptes des sociétés de production.

- La BNL gère les aides et les comptes des producteurs.

c) Secteurs couverts par les aides:

Traditionnellement, les principaux secteurs couverts sont au nombre de trois: la production, la distribution et l'exploitation. Ainsi, les prêts mentionnés ci-dessus sont aussi accessibles aux distributeurs et exploitants. Une quote-part du FUS est également attribuée à la promotion des activités cinématographiques en Italie et à l'étranger (festivals, associations, institutions...).

4. RAPPORT ENTRE LE CINEMA ET LA TELEVISION

La loi 122 du 30 avril 1998, institue d'importantes obligations pour les chaines nationales en matière de production, d'achat et de diffusion de programmes européens, ainsi qu'en matière d'interruption publicitaire.

Dans l'attente de la loi sur les communications, qui constituera, après la loi instituant l'Autorité sur les Communications, votée le 31 juillet 1997, le deuxième volet de la réforme du cadre législatif de l'audiovisuel italien, cette loi apporte des modifications importantes sur les quotas de production, d'achat et de diffusion des programmes européens, et sur les normes d'interruptions publicitaires.

1 - Production et diffusion des oeuvres européennes.

Se référant à la directive "Télévision sans frontière", modifiée le 30 juin 1997, la loi prévoit que les diffuseurs nationaux consacrent plus de la moitié de leur temps d'antenne mensuel (excluant le temps consacré à l'information, aux événement sportifs, aux jeux télévisés, à la publicité et au téléachat) aux oeuvres européennes produites dans les cinq dernières années.

Les diffuseurs doivent réserver au moins 10 pour cent du temps d'antenne mensuel (excluant les programmes cités ci - dessus) aux oeuvres européennes de producteurs indépendants. Ce quota est de 20 pour cent pour les diffuseurs de service public.

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Ces quotas doivent être respectés tant sur la base de la programmation quotidienne que sur la base de la programmation aux heures de grandes écoutes.

En matière de production et d'acquisition, les diffuseurs nationaux doivent investir au moins 10 pour cent de leur recette publicitaire annuelle dans l'achat ou la production de programmes européens et de programmes européens pour la jeunesse. A l'intérieur de ce quota, 40 pour cent seront réservés à l'achat ou à la production de films de cinéma.

Pour les diffuseurs de service public, ce quota est calculé en pourcentage de la redevance perçue, et, à partir de 1999, ne pourra être inférieur à 20 pour cent de celle - ci.

A titre d'exemple, sur la base de la redevance perçue par la Rai en 1996, ce quota représentait 1, 5 milliard de francs, et, sur la base des recettes publicitaires du groupe Mediaset (pour ses trois chaines nationales) en 1996, ce quota représentait un peu plus d'un milliard de francs.

2 - Normes en matière publicitaire.

Pour les émissions de divertissement, de spectacles, de sport, les interruptions publicitaires ne peuvent se faire qu'entre "les parties autonomes" du programme, ce qui devrait, en particulier, interdire les spots publicitaires pendant les parties de football.

Les films et fictions de plus de 45 minutes ne peuvent être interrompus qu'une seule fois. Une seconde interruption est autorisée si la durée du film est supérieure à 110 minutes.

Ces mesures ne s'appliquent qu'aux programmes dont les droits ont été acquis à partir du 1er mars 1998.

La loi italienne en vigueur, en exécution de la directive TSF, définit la chronologie de la diffusion télévisuelle des oeuvres cinématographiques, mais ne prévoit aucune obligation en matière de production, d'investissements et de diffusion.

Source : Ambassade de France à Rome

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ANNEXE 3

L'ACTION DE L'OFFICE FÉDÉRAL D'AIDE AU CINÉMA ALLEMAND

Loi sur les mesures concernant la promotion du cinéma allemand - Loi d 'Aide (FFG) du 6 Août 1998 (BGBI. I p. 2053-2070) avec entrée en vigueur le 1er Janvier 1999. Cette loi, qui a été amendée entre-temps à plusieurs reprises, est entrée en vigueur dans sa première version le 1er janvier 1968.

Forme Juridique

La FFA est un établissement fédéral de droit public. Le siège de la FFA est à Berlin.

Ses Tâches

La FFA a pour tâche d'améliorer

• la qualité du cinéma allemand en général

• la structure de l'industrie cinématographique

. la coopération entre l'industrie cinématographique et les organismes de télévision ainsi que l’harmonisation des subventions du gouvernement fédéral et des états fédéraux

Une taxe additionnelle sur tes billets d'entrée des cinémas est prélevée lorsque le chiffre d'affaires de la salle atteint au moins 130.000 DEM, le pourcentage étant compris entre 1.5 et 2,5 %. Les éditeurs vidéo participent au fonds de soutien par une taxe de 1,8 % sur leur chiffre d'affaires (net).

Les organismes de télévision de droit public et les télévisions privées participent au financement des mesures promotionnelles de la FFA suivant un accord multilatéral.

Le produit de la taxe est géré dans le cadre d'un domaine économique pour servir de soutien au cinéma et à la vidéo qui assurent eux-mêmes le financement de ce soutien. La FFA ne dispose pas de moyens financiers publics.

Organisation

Le Comité directeur comprend une personne. Il assure la gestion de l'organisme sous sa propre responsabilité. La FFA emploie 30 personnes. Le Conseil d'administration de 29 membres dispose du pouvoir de décision sur toutes les questions importantes traitées par la FFA.

Les membres du Conseil d'administration sont nommés pour cinq ans par le Bundestag (le parlement allemand), par le conseil général par le gouvernement fédéral, les industries cinématographiques et par la vidéo, la ARD, la ZDF. la VPRT (association allemande des chaînes de télévision privées), les syndicats, les églises et les journalistes. Le président du Conseil d'administration est également le président du "Prâsidium".

Le "Prasidium" est composé de 9 membres du Conseil d'administration. Il contrôle l'activité du Comité directeur.

 

Budget

La FFA dispose d'un budget annuel de plus de 105 Mio. de DM. Dans te cadre d'un accord administratif, elle gère également les revenus supplémentaires de l'UFI s'élevant à un montant de 8 Mio. DM/an.

Ventilation des Subventions

  • Films allemands de long métrage (films de fiction, documentaires, films pour I enfance et la jeunesse).
  • Aide automatique et sélective (crédits remboursables sous certaines conditions).
  • Courts métrages
  • Ecriture de scénarios
  • Aide à la distribution et à la diffusion des films (cinéma et vidéo).
  • Aide aux salles/vidéothèques
  • Formation professionnelle
  • Recherche, rationalisation, innovation
  • Publicité pour le cinéma allemand en Allemagne et à l'étranger.

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Films de Long Métrages

Considères comme de longs métrages sont des films d'une durée minimale de 79 minutes ou de 59 minutes s'il s'agit de films pour l'enfance et la jeunesse. Les subventions sont accordées selon les deux principes suivants:

. Aide automatique (film de référence)

Le producteur a droit au soutien automatique s'il a produit un film allemand (ou éventuellement une coproduction germano- étrangère) qui, dans le territoire d'application de la loi, a enregistré 100.000 spectateurs un an après sa sortie. (50.000 pour les films ayant obtenu une mention ("Prâdikat") de la FBW ou un prix à un festival et 25.000 en quatre ans pour les films documentaires et les films pour enfants ).

• Aide sélective (avance sur recettes)

La FFA peut également accorder un soutien au projet sous forme d'une avance sur recettes lorsque la demande d'un producteur, sur la base du scénario ainsi que la fiche technique et la répartition des rôles, suggère une œuvre apte à ' " améliorer la qualité et les recettes du cinéma allemand.

La Commission d'avance sur recettes comprend 9 membres. Elle décide de la suite à donner aux demandes déposées. Le montant de la subvention est de OEM 0,5 million au minimum. Dans des cas particuliers, elle peut atteindre jusqu'à 2 millions de DEM. Le producteur doit participer au budget du film à concurrence de 15 %. La subvention est accordée sous forme de prêt remboursable sous certaines conditions. Après un amortissement de 20 % des coûts de production, le remboursement est exigible à hauteur de 10 % du montant encaissé par le producteur.

Courts Métrages

Les courts métrages pouvant bénéficier de l'aide doivent avoir une durée maximum de 15 minutes et une mention "besonders wertvoll" (=de haute qualité). Les films de long métrages pour l'enfance et la jeunesse ne sont pas concernés. La mention de qualité (="wertvoll") est suffisante si le court métrage a obtenu parallèlement une distinction d'un festival. Les montants accordés sont égaux pour tous les films bénéficiaires de l'aide pendant la même année (25.975 DEM par film en 1989, par exemple). Ces montants doivent être réinvestis dans la production d'un nouveau film.

Scénarios

La FFA accorde des montants de 50.000 DEM pour l'écriture de scénarios de longues métrages qui peuvent atteindre 100 000 .- DEM dans des cas exceptionnels. Pour le développement ultérieur DEM 30.000 peuvent être accordés de plus.

Diffusion

Aide sélective

La FFA accorde des aides pour la distribution ou la diffusion (exportation) des films allemands sous forme de prêts remboursables sous certaines conditions dont le montant peut aller jusqu'à 300.000 DEM et dans certains cas particuliers jusqu'à 600.000 OEM.

Une sous-commission composée de 5 membres décide de l'octroi de l'avance sur recettes.

Aide automatique

Récemment, les distributeurs aussi ont droit à des subventions automatiques (prêts remboursables sous certaines conditions) accordés pour des films ayants enregistré 50.000 spectateurs un an après leur sortie (limite: 600.000 spectateurs). Pour les documentaires et les films pour enfants 25.000 spectateurs enregistrés sont exigés en quatre ans. Les distributeurs sont obligés de dépenser les montants accordés à porter à l'écran un nouveau film allemand.

Salles de Cinéma

La FFA accorde des subventions d'un montant maximum de 300.000 DEM sous forme de prêt sans intérêt pour la création, l'amélioration et de la modernisation des salles de cinéma. En outre, toutes les salles qui versent la taxe additionnelle bénéficient de l'aide automatique.

Tirage de Copies

La FFA est intitulée d'accorder des subventions pour le tirage de copies de films allemands et étrangers destinés aux salles situées dans les villes de moins de 20.000 habitants.

Vidéothèques

a) Aide aux distributeurs de vidéo

Actuellement, la FFA peut aussi subventionner les éditeurs de vidéo pour des coûts exceptionnels concernant la sortie de films

pour l'enfance et la jeunesse.

b) Aide aux vidéothèques

Pour la modernisation, l'amélioration et la création de vidéothèques pour les familles ainsi que pour une meilleure offre dans les vidéothèques adaptée à l'enfance et la jeunesse, des prêts sans intérêt sont accordés d'un montant de 100.000 DEM montant jusqu'à 200.000 DEM selon les cas.

Une sous-commission composée de 5 membres décide de l'octroi de l'avance sur recettes.

Formation Cinématographique Professionnelle

Des subventions peuvent être allouées pour des mesures de formation cinématographique professionnelle. Elles sont destinées aux débutants dans les domaines artistiques, techniques et commerciaux.

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ANNEXE 4
LE CINÉMA BRITANNIQUE

1. LES CHIFFRES CLEFS DU CINEMA BRITANNIQUE (1999)

Nombre d'entrées

139,75 millions

Nombre de cinémas

692

Nombre d'écrans

2758

Nombre de multiplexes

186

Nombre d'écrans des multiplexes

1727

Recette globale

570,50 M£ (soit environ 6,2 MdFF)

Prix moyen du ticket

£3,80 (soit plus de 41 FF)

Source : ScreenFinance/CAA/ AC Nielsen / Edi

2. LE MARCHE BRITANNIQUE

Avec une population d'environ cinquante-neuf millions d'habitants, la fréquentation des salles au Royaume-Uni est de l'ordre de 140 millions de spectateurs, en très forte remontée depuis les années 80 au cours desquelles elle avait chuté jusqu'à une cinquantaine de millions d'entrées (54 millions d'entrées en 1984).

Cette hausse de la fréquentation est principalement lié au développement du parc des salles à la fin de la dernière décennie : 2 758 écrans actifs recensés au mois de décembre 1999 contre 2 581 l'année précédente, développement qui s'appuie avant tout sur l'essor des multiplexes (260 nouveaux écrans). Cette engouement pour la construction de nouveaux multiplexes explique d'ailleurs la reprise de la fréquentation qui avait nettement fléchit en 1998, malgré l'effet Titanic (16,8 millions de spectateurs). Si le nombre de spectateurs en 1999 dépasse légèrement le score de 1997 avec 139,75 millions d'entrées, la recette globale progresse grâce à la hausse constante du prix moyen du ticket de cinéma qui atteint désormais £3,80 (plus de 41 FF), et qui est le plus élevé des pays d'Europe occidentale.

Evolution du marché

Top 10 des sorties en salles en 1999

 

distributeur

Pays d'origine

Recettes (millions de FF)

1. Star Wars Episode 1 : La

menace fantôme

20* Century Fox

US/UK

552,5

2. Coup de feu àNotting Hill

Universal

US /UK

333,8

3. 1001 pattes

Buena Vista

US

318

4. Austin Powers, l 'espion qui m 'a tiré

Entertainment

US

279,6

5. Le monde ne suffit pas

UIP

US/UK

253,6

6. Le sixième sens

UIP

US

221,8

7. Shakespeare in Love

UIP

US/UK

221,4

8. Tarzan

Buena Vista

US

189,5

9. La Momie

UIP

US

189,2

10. Matrix

Warner

US

187,4

Source : AC Nielsen / EDI / Screen Finance / BFI

Top 10 des films britanniques en 1999

 

 

 

 

 

1. Star Wars Episode 1 : La menace fantôme

20* Century Fox

US/UK

552,5

2. Coup de feu à Notting Hill

Universal

US /UK

333,8

3. Le monde ne suffit pas

UIP

US/UK

253,6

4. Shakespeare in Love

UIP

US/UK

221,4

5. Little voice

Buena Vista

US/UK

90,4

6. East is East

Film Four

UK

78,6

7. WakingNed

20"1 Century Fox

US / UK / IE

76,4

8. Entrapment

20* Century Fox

US/UK / GER

62,6

9. Eyes Wide Shut

Warner

US/UK

56,9

10. Mickey les yeux bleus

Universal

US/UK

56,1

Source : AC Nielsen / EDI / Screen Finance / BFI

Top 5 des films français en 1999

1. Le dîner de cons 2/07 Pathé 3497100 113ème

2. Taxi 26/11 Metrodome 3189010 llôème

3. Romance 8/10 Bluelight 2245290 134ème

4. Conte d'automne 26/03 Artificial Eye 1897690 140ème

5. Place Vendôme 6/08 Artificial Eye 1820900 142ème

Source: Screen Finance

Le cinéma français bénéficie d'une forte progression au Royaume-Uni par rapport à l'année 1998. 1 152 000 entrées sont à mettre au crédit des films français, soit un doublement d'une année sur l'autre.

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Parts de marché des films par origine de production (nov. 99 - nov. 2000)

3. . LA STRUCTURE DE DISTRIBUTION

Compte tenu de la part de marché des Etats-Unis et du nombre de coproductions anglo- américaines, il n'est pas étonnant que le marché britannique soit principalement organisé autour des sociétés distribuant du film américain.

Parts de marché des distributeurs en 1999

 

 

 

 

 

 

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4. LA STRUCTURE D'EXPLOITATION

Depuis 1996, l'exploitation britannique a enregistré la création nette de 536 écrans, une augmentation de 24% en quatre ans, pour atteindre un total de 2 758 écrans 1999. Cette croissance recouvre en fait une restructuration profonde des circuits. Ainsi en 1999, 100 écrans ont disparus, principalement ceux d'anciens multiplexes ou de salles de centre villes, deux fois plus qu'en 1998. La création nette d'écrans provient donc d'une part de la construction de nouveaux multiplexes, et d'autre part de la transformation de cinémas traditionnels en multiplexes modernes. Le nombre d'écrans des multiplexes est ainsi passé de 725 en 1995 (36% des 2 005 écrans d'alors) à 1 617 en 1999 (soit 59% de l'ensemble des écrans).

Cette tendance, comparable aux évolutions aux Etats-Unis et dans de nombreux pays européens, se traduit en Grande-Bretagne par une nouvelle donne au sein des circuits d'exploitation avec deux achats d'importance: celui par ABC du circuit Odeon et celui par UGC de Virgin Cinémas. En outre, le club, jusqu'ici relativement restreint, des multiplexes de salles accueillera deux nouveaux membres puisque Village Roadshow met fin à son partenariat avec Warner Village pour construire ses propres multiplexes, tandis que l'américain Cinemark se lance dans la construction de 5 multiplexes (44 écrans) et que Ster Century (déténu par le sud-africain Ster Kinekor) prévoit l'ouverture de 38 écrans en 2000 et 31 supplémentaires en 2001.

Répartition des écrans par circuit à la fin 1999

Les circuits de salles se partagent donc entre groupes anglais, américains mais aussi français. Les principaux exploitants sont : ODEON (451 écrans), UCI (330), VIRGIN/UGC (300), WARNER VILLAGE (222) et SHOWCASE/NATIONAL AMUSEMENTS (209).

5. LES DELAIS DE DIFFUSION

Le délai de diffusion en vidéo et DVD est de six à douze mois à compter de la sortie du film en salles, de douze à dix-huit mois pour le pay per view et de deux à trois ans pour la télévision en clair.

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6. LES INSTITUTIONS

- BBFC (British Board of Film Classification)

3 Soho Square - London WID 3HD

Tél. : 00 44 (0) 20 7440 1570 - Fax : 00 44 (0) 20 7287 0141 - www.bbfc.co.uk

Organisme non gouvernemental chargé de la classification et de la censure des films.

Les catégories de classification sont " U " pour " Universal " (tout public), " PG " pour " Parental Guidance " (accord parental souhaitable), " 12 " (interdit au moins de douze ans), " 15 " (interdit au moins de quinze ans), " 18 " (interdit au moins de dix-huit ans).

Film Council

10 Little Portland Street - London Wl W 7JG

Tél. : 00 44 (0) 20 7861 7861 - Fax : 00 44 (0) 20 7861 7862 - www.filmcouncil.org.uk

Créé le 1" avril 2000, le Film Council est devenu l'acteur principal du soutien à l'industrie cinématographique britannique. Présidé par le réalisateur Alan Parker (Evita, Angel Heart, Midnight Express, etc.), il est administré par un conseil de quatorze membres issus du secteur cinématographique et audiovisuel, et est dirigé par John Woodward, ancien directeur du British Film Institute (BFI). Il est le redistributeur du soutien du ministère de la Culture, des Médias et du sport en matière de cinéma et dispose des ressources provenant de la Loterie nationale destinées au cinéma. Selon les fluctuations des ventes de billets de loterie, son budget peut atteindre 54,2 millions de livres, environ 596 millions de francs (soit à peu près 3,8% du chiffre d'affaires du cinéma - exploitation, ventes et location de vidéos confondues -). Il est consacré :

au financement transitoire de mesures existantes (subvention aux activités éducatives du BFI : 176 millions de FF ; promotion aux investissements étrangers : 11 millions de FF ; soutien aux trois franchisses de production cinématographique : 165 millions de FF).

à la création de cinq nouveaux fonds de soutien : pour le développement de scénarios (55 millions de FF), pour la production de films grand public (110 millions de FF), pour le soutien aux nouveaux talents et aux innovations technologiques (55 millions de FF), pour la formation de scénaristes et directeurs de développement de scénarios (11 millions de FF) et pour l'initiation des enfants à la réalisation numérique (11 millions de FF). Par ailleurs 2,2 millions de FF sont alloués à la promotion de l'exportation des films britanniques.

Sorte de super-institution, le Film Council assure désormais les responsabilités auparavant dévolues au Arts Council of England's Lottery Film Department et au British Film Institute's Production Department (soutien à la production), celles des British Screen Finance (société d'investissement sur fonds publics) et British Screen European Co-production funds, celles de la British Film Commission (promotion des investissements étrangers) et celles destinées au soutien des productions en région. Le nouvel organisme subventionne en outre le British Film Institute (BFI) en charge de la promotion et du développement de la culture et de l'éducation par l'image, tandis que parallèlement la National Film and Télévision School (NFTS) poursuit son activité de formation.

Arts Council of England (ACE)

[Arts Council of England's Lottery Film Department => Film Council Lottery Department]

14 Gréât Peter Street - London SW1P 3NQ

Tél. : 00 44 (0) 20 7333 0100 - Fax : 00 44 (0) 20 7973 6581 - www.artscouncil.org.uk

British Film Institute (BFI)

[British Film Institute's Production Department => Film Council Production Department]

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21 Stephen Street - London W1P 2LN

Tél. : 00 44 (0) 20 7255 144 4-Fax: 00 44 (0) 20 7580 9456 - www. bfi. org. uk

Le BFI est en charge notamment de l'animation de la Cinémathèque nationale, de l'organisation du Festival du Film de Londres et de la préservation de l'héritage cinématographique britannique. Il est également une source officielle d'information sur le cinéma et la télévision.

British Screen Finance

7 4-17 Wells Mews - London W1P 3FL

Tél. : 00 44 (0) 20 7323 9080 - Fax : 00 44 (0) 20 7323 0092 - @ : info@britishscreen.co.uk

British Film Commission

Oueen 's Yard, 179A Tottenham Court Road- London W1P OBE Tél. : 00 44 (0) 20 7224 5000 - Fax : 00 44 (0) 20 7224 1013 - www.britfilmcom.co.uk

La British Film Commission comprend 24 bureaux régionaux et une antenne à Los Angeles, le British Film Office (www.britfilmusa.com).

National Film and Télévision School

Beaconsfield Studios, Station Road, Beaconsfield - Bucks HP9 1LG Tél. : 00 44(0) 1494 671234 -Fax: 00 44 (0)1494 674042 -www.nftsfilm-tv.ac.uk

Source : Service culturel de l'Ambassade de France à Londres

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N°3197-Rapport d'information de M Blum, sur les forces et les faiblesses du cinéma français sur le marché international (commission des affaires étrangères) - Annexes