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SOMMAIRE
PRÉSIDENCE DE M. MARC LE FUR
1. Travail, emploi et pouvoir d'achat. – Suite de la discussion, après déclaration d'urgence, d'un projet de loi (nos 4, 62)
discussion des articles (suite)
Article 5 (suite)
Vote sur les amendements nos 307 rectifié, 306 rectifié et 413 deuxième rectification. – Rejets.
Amendement n° 320 rectifié : MM. Jean Launay, Gilles Carrez, rapporteur général de la commission des finances ; Mme Christine Lagarde, ministre de l’économie, des finances et de l’emploi. – Rejet.
Amendement n° 305 : MM. Gérard Bapt, le rapporteur général, Mme la ministre. – Rejet.
Adoption de l’article 5 modifié.
Après l'article 5
Amendements nos 158 rectifié, 159 rectifié, 157 rectifié, 275 rectifié et 276 rectifié : MM. Didier Migaud, président de la commission des finances ; Jean-Louis Idiart, le rapporteur général, Mme la ministre, MM. Louis Giscard d’Estaing, Gérard Bapt. – Retrait des amendements nos 158 rectifié, 159 rectifié et 157 rectifié ; rejets des amendements nos 275 rectifié et 276 rectifié.
Amendement n° 488 du Gouvernement. – Adoption.
Amendements nos 174 rectifié, 170 et 366 : MM. Jacques Myard, le rapporteur général, Jean-Pierre Brard. – Rejet de l’amendement no 174 rectifié.
M. le rapporteur général, Mme la ministre, MM. Jean-Louis Idiart, Jean-Pierre Brard, Jean-François Copé, Jean-Yves Le Bouillonnec, François Brottes, le président de la commission des finances. – Rejet de l’amendement n° 170 ; adoption par scrutin de l’amendement n° 366 modifié.
Amendement n° 398 : M. Jean-Pierre Brard. – Rejet.
Amendement n° 318 : MM. Jean-Louis Idiart, le rapporteur général, Mme la ministre. – Rejet.
Article 6
M. Jean-Louis Idiart.
Amendements identiques nos 130, 316 et 403 : MM. Roland Muzeau, Jean-Yves Le Bouillonnec, Jean-Pierre Brard, le rapporteur général, Mme la ministre, M. Gérard Bapt. – Rejet.
Rappel au règlement
M. Jean-Yves Le Bouillonnec, Mme la ministre.
Amendement n° 131 : M. Jean-Pierre Brard. – Rejet.
Amendement n° 72. – Adoption.
Amendement n° 191 rectifié. – Adoption.
Amendement n° 73. – Adoption.
Amendement n° 192 rectifié. – Adoption.
Amendement n° 74. – Adoption.
Amendement n° 415 : M. Jean-Pierre Brard. – Rejet.
Amendement n° 317 : MM. Jean-Louis Idiart, le rapporteur général, Mme la ministre. – Rejet.
Amendement n° 193 rectifié : M. le rapporteur général, Mme la ministre. – Adoption.
Amendement n° 416 : MM. Jean-Pierre Brard, le rapporteur général, Mme la ministre, M. Jean-Charles Taugourdeau, rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques. – Rejet.
Amendement n° 428 : MM. Jean-Pierre Brard, le rapporteur général, Mme la ministre. – Rejet.
Amendement n° 194 rectifié. – Adoption.
Amendement n° 75 : M. le rapporteur général. – Adoption.
Amendement no 211 : MM. Pierre-Christophe Baguet, le rapporteur général, Mme la ministre. – Rejet.
Amendement n° 153 : M. Jean-Michel Fourgous. – Retrait.
Amendements nos 212, 214 rectifié et 462 : MM. Jean-Michel Fourgous, le rapporteur général, Mme la ministre, MM. Pierre-Christophe Baguet, Roland Muzeau, François Brottes. – Retrait des amendements nos 212 et 462.
Adoption de l’amendement n° 214 rectifié.
Amendement n° 461 : M. le rapporteur général, Mme la ministre. – Rejet.
Amendements nos 155 et 353 : MM. Jean-Michel Fourgous, Louis Giscard d’Estaing, le rapporteur général, Mme la ministre. – Retrait de l’amendement n° 155.
M. François Brottes, Mme la ministre. – Adoption de l’amendement n° 353 modifié.
Amendement n° 76 : M. le rapporteur général, Mme la ministre. – Adoption.
Amendement n° 77 : M. le rapporteur général, Mme la ministre. – Adoption.
Amendement n° 421 : M. Roland Muzeau. – Rejet.
Amendement n° 78 : MM. le rapporteur général, François Brottes, Mme la ministre. – Adoption de l’amendement modifié.
Amendement n° 195 rectifié. – Adoption.
Amendement n° 79. – Adoption de l’amendement modifié.
Amendement no 354 : MM. Louis Giscard d’Estaing, le rapporteur général. – Adoption de l’amendement modifié.
Amendement n° 80. – Adoption.
Amendement n° 196 rectifié. – Adoption.
Amendement n° 200 : MM. Hervé Mariton, le rapporteur général, Mme la ministre. – Retrait.
Amendement n° 197 rectifié. – Adoption.
Adoption de l’article 6 modifié.
Après l'article 6
Amendement n° 71 deuxième rectification : M. le rapporteur général, Mme la ministre. – Adoption.
Article 7
MM. Jean Launay, Jacques Kossowski, Roland Muzeau, Jean-Pierre Brard.
MM. Jean-Yves Le Bouillonnec, Jean-Louis Idiart, le président.
Suspension et reprise de la séance
Amendement n° 169 : MM. Jean-Pierre Brard, le rapporteur général, Mme la ministre, M. Jean Launay. – Rejet par scrutin.
Amendement n° 106 : MM. le rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques, le rapporteur général. – Rejet.
Amendement n° 322 : MM. Jean Launay, le rapporteur général, Mme la ministre. – Rejet par scrutin.
Amendements identiques nos 81 et 107 et amendement n° 1 avec le sous-amendement n° 479 : MM. Sébastien Huyghe, rapporteur pour avis de la commission des lois, le rapporteur général. – Retrait de l’amendement n° 81.
M. le rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques. – Retrait de l’amendement n° 107.
Mme la ministre, MM. Roland Muzeau, François Brottes. – Adoption du sous-amendement n° 479 et de l’amendement n° 1 modifié.
M. François Brottes.
Amendement n° 414 : MM. Jean-Pierre Brard, le rapporteur général, le rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques, Mme la ministre. – Rejet par scrutin.
Amendement n° 326 : MM. Jean Launay, le rapporteur général, François Brottes. – Rejet par scrutin.
Amendement n° 426 : MM. Jean-Pierre Brard, le rapporteur général. – Rejet par scrutin.
Rappel au règlement
M. Jean-Pierre Brard.
Amendement n° 108 : M. le rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques. – Retrait.
M. Roger Karoutchi, secrétaire d’État chargé des relations avec le Parlement.
Amendements identiques nos 82 et 109 et amendement n° 2 avec le sous-amendement n° 480 : M. le président. – Retrait des amendements nos 82 et 109.
M. le rapporteur pour avis de la commission des lois, Mme la ministre. – Adoption du sous-amendement n° 480 et de l’amendement n° 2 modifié.
Renvoi de la suite de la discussion à une prochaine séance.
2. Modification de l’ordre du jour
3. Ordre du jour des prochaines séances
(La séance est ouverte à quinze heures.)
Nous allons maintenant procéder aux votes sur ces amendements qui, je le rappelle, ont reçu un avis défavorable de la commission et du Gouvernement.
Je mets aux voix l’amendement n° 307 rectifié.
(L’amendement n’est pas adopté.)
(L’amendement n’est pas adopté.)
(L’amendement n’est pas adopté.)
La parole est à M. Jean Launay, pour le soutenir.
En premier lieu, monsieur Launay, sachez que la fiscalité des stock-options n’a absolument pas été modifiée depuis la loi de 2001 sur les nouvelles régulations économiques. De plus, les plus values de cession des stock-options sont certes prises en compte dans le bouclier fiscal, mais elles le sont au détriment du contribuable, car elles figurent au dénominateur. Ainsi, plus les revenus pris en compte sont importants, moins le bouclier a de chances de s’appliquer. Ce principe est valable d’une manière générale pour toutes les plus-values mobilières, et donc, en particulier, pour celles issues de la levée de stock-options.
(L’amendement n’est pas adopté.)
La parole est à M. Gérard Bapt, pour le soutenir.
En aucun cas cet amendement ne conduira à relever la cotisation due au titre de l’ISF. Nous ne vous proposons pas un moyen détourné de remettre en question ce que l’Assemblée vient d’adopter. Il s’agit simplement de s’assurer que les contribuables ne pourront pas annuler purement et simplement leur ISF grâce à l’application du bouclier fiscal, et qu’ils resteront redevables d’une cotisation minimale.
Les sommes proposées, vous en conviendrez, sont très raisonnables. Ainsi, l’imposition minimale serait de 1 230 euros pour les redevables dont le patrimoine est supérieur à 732 000 euros et inférieur ou égal à 1 180 000 euros, de 4 346 euros pour la tranche immédiatement supérieure, jusqu’à 2 339 000 euros, etc. Bien sûr, on pourrait fixer la cotisation minimale à un euro symbolique, mais le symbole demeure à 1 230 euros…
(L’amendement n’est pas adopté.)
(L’article 5, ainsi modifié, est adopté.)
Je suis saisi de six amendements, nos 158 rectifié, 159 rectifié, 157 rectifié, 267 rectifié, 275 rectifié et 276 rectifié, pouvant être soumis à une discussion commune.
La parole est à M. le président de la commission des finances, de l’économie générale et du plan.
La mise en place de ce mécanisme vertueux serait pourtant un bon moyen de respecter l’esprit de l’article XIII de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, que nous sommes nombreux, sur tous les bancs, à avoir cité : « Pour l’entretien de la force publique, et pour les dépenses d’administration, une contribution commune est indispensable. Elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés. » C’est cette préoccupation de justice fiscale que nous exprimons depuis le début de ce débat.
Parmi d’autres, je regrette que le Gouvernement souhaite renforcer le bouclier fiscal sans avoir préalablement évalué son impact au niveau où il est actuellement fixé, c’est-à-dire à 60 %. Nous sommes en effet un certain nombre à vouloir éviter que ne s’émousse le glaive de la justice fiscale.
D’un point de vue technique, les trois amendements que j’ai déposés proposent plusieurs pistes de travail. L’amendement n° 158 rectifié vise ainsi à limiter l’effet des niches fiscales en pourcentage du revenu du contribuable. Un tel mécanisme m’apparaît plus intéressant que l’idée défendue par nos collègues du Nouveau centre, à savoir un calcul en pourcentage de l’impôt dû ; il en résulterait en effet des effets de seuil dommageables, que l’objet de l’amendement n° 158 rectifié est justement d’éviter.
Quant aux amendements nos 157 rectifié et 159 rectifié, indissociables l’un de l’autre, ils sont la traduction d’une idée que j’ai pu défendre dans un récent rapport d’information, et s’inspirent de l’impôt minimal alternatif en vigueur aux États-Unis. Il s’agit d’appliquer à une assiette de revenus déjà existante un barème alternatif empêchant les contribuables imposables de trop réduire leur impôt. Il n’est en effet pas impossible, aujourd’hui, de l’annuler complètement ; nous avons tous, d’ailleurs, certains exemples à l’esprit, et j’en cite un dans mon amendement.
Ces deux pistes sont opérationnelles, même si elles pourraient être davantage étudiées. Je vous invite donc, madame la ministre, à dépasser le stade des rapports. Je peux toutefois adhérer à l’amendement n° 273 de M. Méhaignerie demandant au Gouvernement de déposer, avant le 15 octobre, un rapport sur le sujet, ce qui nous permettrait d’examiner une proposition dans le cadre de la loi de finances.
L’imposition minimale nous paraît plus facile à instaurer que le plafonnement des niches, système plus compliqué, mais nous sommes prêts à en débattre. Je souhaite en particulier que la commission des finances s’empare du sujet. On nous a répondu, jusqu’à maintenant, que l’idée était sympathique, qu’elle pouvait correspondre à une certaine conception de la justice fiscale, mais on a tout de même à chaque fois botté en touche. C’est ce qu’a remarquablement fait votre prédécesseur, Jean-François Copé qui, lors de notre dernière session a lui-même expliqué que l’idée était judicieuse et généreuse, mais qu’il fallait prendre le temps de l’étudier. Dans le cadre du rapport d’information qui m’avait été confié, j’ai essayé d’obtenir un certain nombre d’éléments d’appréciation. Un groupe de travail devait, de plus, se constituer, mais il semble que les différentes réunions n’aient pas permis de concrétiser une proposition. C’est pourquoi plusieurs d’entre nous ont déposé des amendements.
Je conviens, madame la ministre, que nous devrons vraisemblablement encore réfléchir, mais je souhaiterais qu’on ne reporte pas indéfiniment la décision ! J’aimerais que vous preniez l’engagement de nous présenter un rapport analysant les différentes propositions à travers des exemples venant de l’étranger – vous connaissez bien le système fiscal américain – afin que nous puissions en débattre concrètement lors de l’examen du projet de budget pour 2008. Je souhaiterais que nous puissions ainsi franchir, dès cet après-midi, une nouvelle étape vers l’instauration d’une cotisation minimale.
Tel est, monsieur le président, le sens de ces amendements.
J’illustrerai mon propos en prenant un exemple. Pour les deux tranches supérieures de l’impôt sur le revenu de 2007, les taux marginaux effectifs s’élèvent à 27 ou 36 % sur les salaires, compte tenu de la déduction forfaitaire de 10 %, à 16 % sur les intérêts soumis à prélèvement forfaitaire libératoire, et à 25,4 % ou 33,9 % sur les revenus fonciers. Nous avons, madame la ministre, l’impérieux besoin de vous entendre sur ce sujet. Nous sommes confortés par l’arrivée en séance d’un de vos prédécesseurs, M. Copé, qui s’est toujours dit intéressé par ce sujet, mais qui n’a certainement pas eu le temps, l’élection présidentielle approchant, de mettre en œuvre ce dont nous avions discuté sous la précédente législature.
Nous souhaiterions qu’une large discussion s’engage à nouveau et qu’à son terme nos amendements puissent être retenus. En tout état de cause, nous les soumettrons au vote de l’Assemblée nationale.
Quel est l'avis de la commission sur l’ensemble des amendements en discussion commune ?
Lorsque nous avons instauré, voici deux ans, le bouclier fiscal, nous avions également prévu un autre dispositif : celui du plafonnement des niches. Jean-François Copé s’en souvient, puisque c’est lui qui avait préparé ce texte.
Du débat en séance est né un consensus fort : Jean-François Copé et Didier Migaud s’en souviennent. Mais Pierre Méhaignerie, qui présidait à l’époque la commission des finances, et moi-même nous étions montrés quelque peu dubitatifs sur le dispositif de plafonnement des niches. Nous le trouvions, en effet, très compliqué. À tour de rôle, tous les collègues présents sont montés au créneau, considérant qu’il fallait plafonner les niches, mais surtout pas le « Malraux », surtout pas les exonérations en outre-mer, surtout pas les investissements dans les PME… Nous inspirant du système américain – celui de l’impôt minimal –, nous avons alors proposé une approche plus simple. Toutefois, notre amendement, rédigé dans la nuit, n’était pas parfait. Le Gouvernement, en l’occurrence l’excellent ministre du budget, Jean-François Copé, nous a convaincus de le retirer et de nous en tenir à la rédaction du Gouvernement.
Sur ces entrefaites, Didier Migaud et ses collègues socialistes ont saisi le Conseil constitutionnel de l’ensemble du texte. Or il se trouve que le Conseil a validé le plafond, donc le bouclier fiscal, tout en considérant – reprenant en cela nos inquiétudes – que le plancher, c’est-à-dire le régime de plafonnement des niches, était, selon ses termes, « inintelligible et imprévisible pour le contribuable ». Autrement dit, ce dispositif était tellement compliqué que le contribuable lui-même ne pouvait pas comprendre à quoi il conduirait. La décision du Conseil constitutionnel était si précise que je doute qu’il soit possible d’opter de nouveau pour un plafonnement global ou de revenir à un plafonnement niche par niche. Les amendements que nous propose d’ailleurs Didier Migaud sont plutôt de type « impôt minimal » ou « plafonnement global de l’exonération fiscale » que du type « plafonnement niche par niche ».
Comme le sujet était essentiel, Jean-François Copé s’était engagé à réunir un groupe de travail qui n’a absolument pas « botté en touche », monsieur Migaud. Présidé par le ministre du budget lui-même, il réunissait également les deux présidents et les deux rapporteurs généraux des commissions des finances de l’Assemblée nationale et du Sénat. Nous avons travaillé d’arrache-pied. Nous nous sommes réunis une demi-douzaine de fois car le sujet est difficile, et il nous est apparu que la voie la moins ardue et la moins périlleuse est probablement celle de l’impôt minimal.
Je souhaiterais, pour ma part, madame la ministre, comme l’a d’ailleurs également proposé Didier Migaud, que l’on puisse retenir l’amendement de Pierre Méhaignerie, aux termes duquel un rapport inspiré par une démarche du type « impôt minimal » devra être présenté au Parlement par le Gouvernement avant le 15 octobre 2007. Ce rapport dans lequel vous nous présenteriez les différentes pistes nous permettrait d’intégrer cette réflexion et de déboucher sur une décision, ce que je souhaite vivement, dès la loi de finances pour 2008. (« Très bien ! » sur les bancs du groupe de l’Union pour un mouvement populaire.)
En attendant, le Gouvernement demande le rejet de tous les amendements qui tendent à instaurer, d’ores et déjà et avant les conclusions de ce rapport, un impôt minimal ou différents plafonnements.
Notre assemblée aurait effectivement pu s’inspirer de l’amendement n° 273 de M. Méhaignerie, qui ne pourra le soutenir, faute de pouvoir être parmi nous cet après-midi. Cet amendement a le grand mérite de rappeler un principe mis en place par les Américains selon lequel nul citoyen disposant de revenus élevés ne peut s’exonérer complètement de l’impôt. En 1969, aux États-Unis, le secrétaire au Trésor de l’époque avait réalisé que 155 contribuables personnes physiques ayant des revenus supérieurs à 200 000 dollars n’avaient pas payé d’impôt fédéral sur le revenu au titre de l’année 1966. Le Congrès américain s’est alors penché sur le problème et a instauré un impôt minimal à la fin de l’année 1969, qui devint ensuite l’imposition minimale alternative ou AMT, dont vous connaissez le mécanisme, madame la ministre et sur lequel la commission a déjà eu l’occasion de se pencher. Il serait intéressant d’instituer un tel dispositif dans la droite ligne de cette philosophie américaine.
Je tenais donc, en intervenant contre ces amendements, à souligner combien il serait utile d’examiner très prochainement les propositions défendues ici même par le président Pierre Méhaignerie.
Lorsque j’ai présenté mon amendement créant une cotisation minimale d’impôt sur la fortune, j’ai évoqué le lien constitutionnel entre contribuables aisés et impôt. J’ai souligné qu’il y avait eu des baisses successives des trois contributions rattachées aux revenus – IRPP, CSG et ISF – mais que, pour instaurer une cotisation minimale, on renvoyait toujours à des rapports et à l’année suivante. Demain, on rase gratis ! Le ministre a changé : M. Copé n’est plus là pour assumer ses engagements.
Entre 2002 et 2007, vous avez créé cent niches supplémentaires, pour un coût de 63 millions en 2006, et on peut en compter huit dans le présent « paquet fiscal ». M. Méhaignerie fait souvent des propositions, mais elles ne sont malheureusement pas retenues.
Le groupe socialiste avait saisi le Conseil constitutionnel de l’ensemble du projet, mais le Conseil s’est saisi, lui, de la question des niches fiscales. Quoi qu’il en soit, le dispositif de l’an dernier, qui en laissait de côté 50 %, était insuffisant.
Voilà pourquoi l’amendement que je vais proposer aborde le sujet par un autre bout, en plafonnant l’avantage procuré par l’ensemble des niches proportionnellement à l’impôt dû. C’est un autre mécanisme, que vous pourriez adopter d’emblée si vous étiez disposés à vous attaquer à cette latitude scandaleuse qui fait qu’en utilisant les niches et en profitant de toutes les législations que vous avez mises en place, certains contribuables aisés tendent à ne payer comme impôt qu’un euro symbolique.
Force est de reconnaître, en effet, que, si le dispositif proposé par l’ancien ministre du budget, Jean-François Copé, était certes plein d’imagination,…
Je ne sais pas ce que fera le groupe socialiste mais, en ce qui me concerne, je suis prêt à retirer mes amendements si vous nous confirmez, madame la ministre, que, bien que l’amendement proposé par le président Pierre Méhaignerie ne soit pas défendu, un rapport sera préparé par vos services pour que nous puissions en disposer le 15 octobre et avoir lors de l’examen du projet de loi de finances initiale un débat susceptible de déboucher sur une proposition.
Je mets aux voix l’amendement n° 275 rectifié.
(L’amendement n’est pas adopté.)
(L’amendement n’est pas adopté.)
Il est ainsi rédigé : « Le Gouvernement présentera au Parlement, avant le 15 octobre 2007, un rapport sur les modalités de mise en place d’une imposition minimale sur le revenu des personnes physiques en vue d’un examen à l’occasion du projet de loi de finances pour 2008. »
Je mets aux voix l’amendement n° 488.
(L’amendement est adopté.)
La parole est à M. Jacques Myard, pour défendre l’amendement n° 174 rectifié.
Je veux simplement rappeler, sans que cela suscite de passions à outrance, que, depuis 1998, 113 milliards ont quitté la France pour aller s’investir dans d’autres pays. Dans le même temps, l’ISF a rapporté 35 milliards, et je ne parle pas du nombre de fonctionnaires affectés au recouvrement de cet impôt. L’Allemagne, l’Irlande, l’Italie, les Pays-Bas, l’Autriche, la Suède ont tous supprimé ce type d’impôt chez eux et il ne reste que la Norvège, la Finlande et la Grèce pour nous imiter.
On sait très bien, vu l’atonie des investissements en France ces dernières années, que c’est un impôt anti-économique. Je peux comprendre qu’il y a derrière des considérations de justice sociale, mais il faut tout de même regarder le circuit économique. C’est d’autant plus troublant et paradoxal que les étrangers qui viennent investir chez nous et acheter nos entreprises ne sont pas soumis, eux, à l’ISF parce qu’ils ne sont pas résidents et qu’au regard des conventions fiscales qui gèrent nos relations bilatérales, ils ne sont pas assujettis à cet impôt.
On a donc une situation totalement aberrante. Notre épargne fuit le pays et ne s’investit pas chez nous, allant chercher des conditions plus propices, et les étrangers qui achètent nos entreprises et qui, parfois, les démantèlent, ne sont pas soumis à l’ISF. C’est un véritable paradoxe, qui est préjudiciable à l’économie française.
C’est la raison pour laquelle, même si je suis le seul, je continuerai à demander la suppression de cet impôt anti-économique, qui joue contre les investissements français, contre l’emploi, et qui est totalement obsolète.
S’agissant de la suppression de l’ISF, grâce, d’une part, à la mise en place du bouclier fiscal et, d’autre part, à la mise en œuvre il y a quelques années de mesures permettant de préserver les entreprises familiales, avec un abattement de 75 % sur l’assiette, nous avons en fait traité l’essentiel des effets pervers de cet impôt en matière de délocalisation économique. Je crois sincèrement que, grâce aux mesures votées ce matin, la protection est telle que notre pays redevient attractif. C’était notre objectif essentiel.
La commission a également rejeté l’exclusion de la résidence principale, dans l’attente d’un amendement que je défendrai dans quelques instants.
Quel est l’avis du Gouvernement ?
Pas de polémique, nous dit-il. Il est prompt à dénoncer Maastricht, Jean-Claude Trichet, l’Union européenne, et il a souvent raison d’ailleurs,…
Face à ceux qui nient l’intérêt national, qui ont profité de la nation pour leur éducation, pour leur famille, quand ils étaient malades, mais qui refusent d’assumer leur devoir de solidarité dès lors qu’il s’agit d’aider la collectivité nationale tout entière, lui opposant leur égoïsme de classe, il n’y a qu’une chose à faire, monsieur Myard, c’est de dénoncer et de stigmatiser.
Vous avez parlé d’atonie économique. À qui la faute ? Vous savez bien que la machine économique ne fonctionne que si le pouvoir d’achat s’élève, et on a vu le sort que vous avez réservé au SMIC à l’occasion de la revalorisation traditionnelle du 1er juillet.
Jacques Myard, au moins, est intellectuellement honnête, il avance comme toujours à visage découvert, même si c’est sous les oripeaux du grand capital, pour reprendre sa formule. Il assume, lui ! Ce n’est pas comme nombre d’entre vous, qui agissent de façon hypocrite par crainte des réactions de leurs électeurs qui vivent dans des HLM, ainsi M. Mothron. (Protestations sur les bancs du groupe de l’Union pour un mouvement populaire.) Et vous, monsieur Jean-François Copé, certains habitants des HLM de Meaux ont cru bien faire en votant pour vous.
(L'amendement n'est pas adopté.)
C’est dans ce sens que va l’amendement de M. Copé, qui vide encore un peu plus l’ISF de sa substance. Vous comptez vraiment continuer longtemps à traiter notre pays, notre peuple, avec une telle arrogance ? C’est ce qui semble quand on voit l’article suivant, qui permettra de ne pas payer l’ISF directement à l’État : vous ne cessez de faire des cadeaux, vidant pour cela les caisses de l’État, dont la situation n’est déjà pas brillante. C’est une évolution de plus en plus désastreuse, comme nous l’avons déjà démontré à propos des niches fiscales. Il est absolument hors de question de continuer ainsi, même si on essaie de dissimuler cette évolution par des mesures d’apparence sympathique, comme celle proposée par M. Copé. Mais ce qu’il faut considérer, c’est le nombre de personnes qui seront concernées et l’effet de l’accumulation de telles mesures.
Ayez donc le courage de dire ouvertement ce que vous êtes en train de faire. J’ai parlé hier soir de « hold-up » à propos d’une autre disposition ; vous confirmez mes propos, et ce n’est plus une succursale, mais l’ensemble des succursales que vous attaquez ! Vous vous révélez insatiables dans ce domaine : on croirait que vous n’avez été élus que pour cela ! Voilà quelles sont vos premières mesures ! C’est l’été des mauvais coups !
Alors que pendant cinq ans vous avez fabriqué 300 000 RMIstes supplémentaires, vous vous apprêtez à faire voter le RSA, pour lequel vous allez consentir un effort d’à peine 25 millions d’euros.
Il faut dire que vous connaissez le sujet, monsieur Copé : s’il y a un reproche qu’on ne peut pas vous faire, c’est bien celui d’incompétence.
Vous vous êtes expliqué dans Le Figaro, qui est décidément un journal très utile pour connaître les pensées profondes du Gouvernement et de sa majorité, mais aussi pour être au fait des critiques les plus pertinentes. Vous dites donc à ce journal : « Ce n'est pas une révolution » – ce sont presque les mots de M. Myard, mais on ne va pas chercher à qui reviennent les droits : pas d’affaire d’argent entre nous – « mais cela permet à un certain nombre de contribuables des classes moyennes et moyennes supérieures » – là aucun chiffre n’est indiqué évidemment, car je ne suis pas sûr que le curseur serait placé au même endroit selon la ville où l’on habite et le milieu social auquel on appartient – « qui se sont trouvés brutalement assujettis à l'ISF, de bénéficier ainsi de ce type d’exonération. »
Le moins que l’on puisse dire est que cette allégation trahit une conception particulièrement extensive de la notion de classe moyenne, …
Ces habitants de l’île de Ré, derrière lesquels vous avez coutume de vous retrancher, ont fait part cet après-midi de leur profond mécontentement. Concernant le bouclier fiscal et la mesure d'abattement sur la résidence principale dont nous débattons, Mme Valérie Constancin, présidente de leur association, n'a pas eu de mots assez durs pour dénoncer votre texte : « Tout cela va dans le sens des gens qui gagnent beaucoup d'argent, des plus gros patrimoines, et pas dans le sens des petites gens, qui ne paient pas l'impôt sur le revenu. » Cette sévérité est légitime car elle exprime la déception d’une femme qui vous avait cru. On ne peut mieux dire, et l'on comprend mieux encore le mécontentement de Mme Constancin quand on prend connaissance des chiffres accablants de la direction des impôts et des calculs réalisés par le Syndicat national unifié des impôts. Selon ces calculs en effet, un contribuable imposé à l'ISF qui réside dans un hôtel particulier dont il est propriétaire…
Vous êtes, monsieur Copé, un Caillaux à l’envers. Celui-ci avait, au début du XXe siècle, inventé le principe de la progressivité de l’impôt, selon lequel plus on est riche, plus on doit contribuer aux charges publiques, dans le respect de l’article XIII de la Déclaration des droits de l’homme de 1789. Avec vous, la progressivité signifie que plus on est riche, plus on doit toucher des sous de l’État.
Le scrutin est annoncé dans l'enceinte de l'Assemblée nationale.
La parole est à M. Jean-François Copé.
Je peux comprendre, monsieur Brard, que pour vous qui ne voyez la vie qu’à travers l’opposition des méchants riches contre les gentils pauvres, cela soit insoutenable. Vous avez la gentillesse de faire observer que je suis compétent mais, surtout, je ne suis surtout pas sourd – il faudrait l’être sérieusement, tant vous parlez fort –, et j’entends bien que vous nous faites toujours le même numéro, quel que soit l’amendement qu’on vous présente ou, plutôt, que vous nous présentez. Le moins que l’on puisse dire, c’est que mes collègues de l’UMP sont d’une patience que j’admire.
Le problème, c’est que les Français sont pressés et, heureusement, ils ne voient pas tous le spectacle que vous donnez aujourd’hui,…
Vous aussi, messieurs les socialistes, je comprends, en vous écoutant, pourquoi les Français n’ont pas voulu élire votre candidate à la présidence de la République.
Monsieur Migaud, l’un de vos amis, M. Charzat – c’est un socialiste, mais vous ne l’avez pas gardé – nous avait expliqué en juillet 2001, dans un rapport sur l’attractivité du territoire, que « l’ISF doit être réformé, afin qu’il ne soit pas considéré comme une sanction de la réussite, mais comme une juste contribution aux efforts de solidarité du modèle français ».
Attendez le meilleur ! Attendez vous aussi, monsieur Brard. Comme ça, la prochaine fois, au lieu de concentrer le tir sur l’UMP, vous orienterez un peu mieux votre laser.
Vous voulez, monsieur Brard, me donner des leçons de fidélité à mes électeurs ? Ce qu’attendent les électeurs de Meaux, qui ne sont en effet pas très nombreux à être imposés à l’ISF, n’est pas tant de savoir s’il faut, comme vous le souhaitez, décapiter les riches et ceux qui réussissent.
Cette inquiétude pourrait être légitime si votre amendement n’était pas, comme tout le texte que nous examinons depuis trois jours, un écran de fumée. Le problème n’est pas de savoir si la résidence principale doit être encore un peu moins assujettie à l’ISF, car la mesure que vous proposez ne concerne pas seulement les propriétaires d’une résidence principale, mais ceux qui ont un patrimoine dont la résidence principale n’est qu’une partie.
D’autres exégètes, d’autres experts ont étudié le poids véritable de l’ISF pour le contribuable qui est simplement propriétaire de sa résidence principale, et je vous en propose deux exemples. À Paris, pour un appartement de 100 m² d’une valeur de 940 000 euros, la taxation porte, après abattement de 20 %, sur 752 000 euros, et le montant de l’impôt est de 11 euros. Deuxième calcul : pour un contribuable possédant un patrimoine de 945 000 euros, la taxation porte, après abattement de 20 %, sur 756 000 euros et le montant de l’ISF s’élève à 33 euros.
La différence entre l’ISF dû par une personne qui aurait pour tout patrimoine sa résidence principale et par celle qui aurait un patrimoine comprenant entre autres la résidence principale est donc très ténue. Votre stratégie est d’invoquer l’imposition au titre de l’ISF des personnes qui n’ont que leur résidence principale pour servir ceux qui ont des patrimoines importants. Vous prenez prétexte d’un problème qui pourrait être légitime et compréhensible pour atténuer le coût de l’impôt de ces derniers. Le débat est bel et bien faussé et vous nous montrez un écran de fumée.
Je ne suis d’ailleurs pas le seul à le dire : je citerai les propos tenus par le ministre délégué au budget – nous savons qui il était, car nous venons de l’entendre – au cours de la troisième séance du vendredi 21 octobre 2005, sous la présidence de M. Bur : « S’agissant de l’ISF acquitté au titre de la seule résidence principale, il faudrait aussi regarder les chiffres de près. Les montants de l’impôt dû sont beaucoup plus faibles que ce que l’on croit » – propos qui ont valu à M. Copé les acclamations du groupe socialiste.
Je me suis mis à rêver, en écoutant nos débats, à ce que pouvaient générer toutes ces réductions fiscales. Elles conduiraient certainement à la création de nouvelles entreprises. Il s’agirait, par exemple, d’une agence immobilière qui pourrait s’appeler L’Île Dorée, qui, après s’être occupée de multipropriété, proposerait désormais des propriétés à multiréduction fiscale. En entendant l’inventaire des réductions possibles, on réalise que l’on peut, sans limitation de revenus, bénéficier d’une réduction d’impôt sur les intérêts d’emprunt en achetant sa résidence principale – résidence parfaitement bien établie et fort chère au demeurant –, laquelle pourra, avec la disposition qu’on est en train d’inventer, bénéficier d’un allègement de l’impôt sur la fortune. De surcroît, étant concerné par le bouclier fiscal, le propriétaire n’aura finalement à débourser ni la taxe d’habitation ni la taxe sur le foncier bâti. (Exclamations sur les bancs du groupe de l’Union pour un mouvement populaire.)
En outre, et cela pourrait être la fin de la publicité de notre agence immobilière : « Même si vous mourez, ça rapporte » puisque c’est exonéré de droits de succession !
Je remercie Jean-François Copé de sa contribution au débat, tout en m’interrogeant sur l’utilité qu’elle présente au regard du fond et au vu de l’horloge, que surveille avec crainte le secrétaire d’État chargé des relations avec le Parlement. Monsieur Copé, vous semblez intéressé par mes propos : je vous invite donc à ne pas les sortir de leur contexte. S’agissant de l’ISF, je suis prêt à en débattre avec vous et à saisir la commission des finances, mais nous n’avons pas un vrai débat sur ce sujet puisque vous ne le voulez pas.
Je voudrais poser une question à M. le rapporteur général puisqu’il occupait déjà cette fonction sous la précédente législature. Cet amendement sur l’abattement au titre de la résidence principale avait déjà été présenté par plusieurs collègues de l’UMP au cours de la discussion sur la loi de finances pour 2007, il y a quelques mois. Or, à l’époque, M. Copé avait exprimé une position totalement hostile à cet amendement, avec le soutien du rapporteur général, en déclarant qu’il ne fallait pas exagérer l’importance du montant du prélèvement et que ce problème n’était pas d’actualité.
(L'amendement n'est pas adopté.)
(Il est procédé au scrutin.)
Nombre de suffrages exprimés 74
L'amendement n° 366, ainsi modifié, est adopté.
Je suis saisi d’un amendement n° 398.
La parole est à M. Jean-Pierre Brard, pour le soutenir.
Avec cet amendement, nous sommes au cœur d'une question particulière et qui nous tient particulièrement à cœur : celle de l'assiette de l’ISF. Eh oui, je reviens à ces questions d’assiette, monsieur Tron ! Pour bien faire comprendre l'enjeu d'un tel amendement à nos collègues les plus récalcitrants, permettez-moi de vous citer un extrait du chapitre « Investir dans les œuvres d'art » du Guide de l'immobilier et de la défiscalisation, accessible sur Internet : « Les œuvres d'art, quelle que soit leur nature, ne sont pas assujetties à l'impôt de solidarité sur la fortune.
Notre amendement a deux vocations principales : lutter contre la fraude, mais aussi favoriser la présentation des œuvres d'art, qui sera un motif d'exonération.
Nous devons tout d’abord lutter contre la fraude, car chacun sait que les œuvres d'art sont un outil très efficace pour dissimuler de l'argent sale.
Si on achète une œuvre dans des conditions troubles, disais-je, il suffit ensuite de la remettre sur le marché afin de récupérer son argent désormais aseptisé.
L’objectif de cet amendement est également culturel : pour que l'œuvre d'art soit défiscalisée et ne figure plus dans l'assiette de l'ISF, il suffira de la présenter au public. Ainsi, dans votre circonscription, monsieur Debré, vous pourriez donner comme conseil à certains de vos électeurs qui ont trois Modigliani, cinq Rouault, trois Picasso, d’ouvrir chaque année leur appartement pendant quinze jours, ce qui leur permettrait de ne rien payer.
En outre, les créations contemporaines ne seraient pas incluses dans l’assiette.
Une telle proposition n'est pas nouvelle – même la presse suisse l’avait soutenue à l’époque. C’est donc un amendement qui permettrait de moraliser le commerce des œuvres d’art et d’élargir l’assiette de l’impôt sur la fortune, le rendant ainsi plus productif. Certains de nos collègues de droite se sont émus tout à l’heure du faible rapport de l’impôt sur la fortune : je propose de l’améliorer.
(L'amendement n'est pas adopté.)
Cet amendement vise à remettre en cause les cadeaux fiscaux accordés en matière d’ISF par la majorité et le Gouvernement, à l’occasion du vote de la loi sur l’initiative économique et l’emploi et de la loi de finances pour 2005. Vous avez de la suite dans les idées, mais nous aussi !
La disposition visée permettait d’exonérer d’ISF les investissements dans le capital de PME, qu’elles soient installées en France ou dans un pays de l’Union européenne. Ce champ particulièrement large, s’il est imposé par la réglementation communautaire pour toute aide fiscale particulière, montre bien le décalage qui existe entre vos discours sur un dispositif censé lutter contre les délocalisations d’entreprises hors du territoire national et la réalité de ces cadeaux fiscaux.
C’est la raison pour laquelle nous souhaitons l’abrogation de l’article 885-1 ter du code général des impôts.
(L'amendement n'est pas adopté.)
Il s’agit, encore et toujours, de vider les caisses de l’État, alors que nos finances publiques sont en mauvais état. Cette stratégie tranche avec celle de nos voisins de l’Union européenne.
À votre retour de Bruxelles, où vous aviez accompagné le Président de la République en début de semaine, madame la ministre, les journaux étaient dithyrambiques. On nous décrivait une sorte d’unité et de force, et vous avez vous-même affirmé que les ministres avaient applaudi le Président de la République française. On ne sait pas s’ils avaient applaudi ses propos ou s’ils avaient tapé dans leurs mains. Peut-être les deux, parce que ce genre d’événement prête toujours à un peu de spectacle.
Mais en cette fin de semaine, d’autres informations, une tout autre version ont commencé à émerger. Vous qui êtes aux responsabilités depuis un certain nombre d’années et qui aimez tant les comparaisons internationales, madame la ministre, vous devriez pouvoir nous dire comment nos voisins parviennent à rétablir la situation financière de leur pays. Non seulement ils réussissent à réduire leur déficit, mais ils arrivent à augmenter leurs dépenses publiques. Nous, en France, nous continuons à vouloir diminuer nos recettes et donc à creuser notre déficit – il paraît que nous sommes modernes. La discussion sur le document d’orientation budgétaire, dans quelques jours, en apportera encore la preuve.
L’article 6 va dans le même sens, dénote toujours le même état d’esprit : accorder à une catégorie de la population le droit de s’exonérer du paiement de l’impôt. Car selon les critères de la nouvelle culture ambiante, l’impôt n’est pas considéré comme une contribution noble, au service de l’ensemble de la collectivité, mais comme un frein à tout développement de l’activité. Pour notre part, parce que nous savons que l’impôt continue à incarner une valeur forte pour beaucoup de nos concitoyens, nous voulons que les dépenses soient mieux maîtrisées. Contrairement à vous, qui voulez profiter de l’occasion pour lui dénier toute vertu.
L’article 6 se situe dans la droite ligne de tout ce que vous nous avez donné à lire et à entendre pendant toute la discussion de ce texte. C’est la raison pour laquelle nous défendrons un certain nombre d’amendements pour qu’il soit supprimé ou, à défaut, remanié.
La parole est à M. Roland Muzeau pour défendre l’amendement n° 130.
L'article 6 démontre bien ce qu’il est advenu des belles promesses et de la belle assurance du Président de la République. Cette mesure, comme certaines déjà examinées, vise à réduire l'ISF comme peau de chagrin – autant dire à le faire disparaître.
Cette fois, il s’agit de permettre aux quelque 450 000 ménages français assujettis de transformer leur impôt – avec un plafonnement à 50 000 euros – en investissement dans les PME. La belle affaire ! L'objectif enthousiasmant affiché par le chef de l'État et son gouvernement est de « faire revenir les patrimoines et créer une nouvelle génération de capitalistes familiaux ». En réalité, vous savez très bien que cette mesure est susceptible de supprimer l'essentiel des 3,6 milliards d'euros de recettes collectées au titre de l'ISF l'an dernier. Un montant d'ISF de 50 000 euros correspond en effet à un patrimoine taxable d'environ 6 millions, au-delà duquel il ne reste qu'environ 3 % des assujettis.
Le barème étant toutefois très progressif, ceux-ci acquittent plus d'un tiers du produit de l'ISF. Couplé au plafonnement des impôts à 50 % des revenus, également proposé par le Président de la République, l'ISF est en voie de disparaître du paysage fiscal, pour votre plus grande satisfaction, sans doute, mais au prix de mensonges et de voies détournées qui indiquent combien vous souhaitez, malgré tout, rester discret sur ce point vis-à-vis de nos concitoyens.
Le patronat, dans son ensemble, a salué cette disposition. La Confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprises l’a qualifiée de « mesure qui va dans le bon sens », tandis que le Centre des jeunes dirigeants évoquait une « manne de financement pour les PME dynamiques en devenir ».
Pour leur part, les économistes et fiscalistes se sont montrés beaucoup plus réservés. Selon Jean-Yves Mercier, avocat associé de CMS Bureau Francis Lefebvre, « la seule vraie mesure est la suppression de l'ISF. Elle serait infiniment plus rentable pour l'économie qu'un investissement potentiellement hasardeux dans les PME ». C’est probablement un partisan de M. Myard !
Henri Sterdyniak, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques, voit en cette mesure « une nouvelle niche fiscale et donc un nouveau champ d'action pour les conseillers fiscaux. Les gens qui paient beaucoup d'ISF appartiennent souvent à des familles d'entrepreneurs, qui pourront dès lors investir dans des PME bidons ». C’est sévère !
Quant au Syndicat national unifié des impôts, il estime que la mesure va favoriser « le développement des inégalités sur fond de constitution ou reconstitution de rentes ». Il juge, en outre, que le « manque à gagner budgétaire se répercutera soit sur le niveau de services publics offerts à la population, soit sur d'autres impôts ». Suivez mon regard : la TVA « antisociale » !
Vous l'aurez compris, nous partageons ces dernières analyses et nous voterons contre cet article.
Nous ne pouvons pas accepter la création de niches fiscales injustes, alors que seulement quelques millions d’euros seront dédiés au revenu de solidarité active, la seule disposition du texte susceptible de retenir notre soutien – même si elle doit être discutée. Quelques millions d’euros contre 13 milliards, il y a quand même quelque chose qui ne va pas ! Nous aboutissons au même genre de comparaisons dans le domaine immobilier. Alors que l’allégement des intérêts d’emprunt va coûter plus de 3 milliards d’euros, l’État ne mobilise que quelque 400 millions d’euros pour la création de logements sociaux.
Mais puisque nous abordons un article prévoyant une exonération fiscale pour les contribuables assujettis à l’ISF qui investiraient dans des PME de l’Union européenne, permettez-moi, madame la ministre, de vous interroger sur cette deuxième version de la réunion de l’Eurogroupe qu’évoquait notre collègue Jean-Louis Idiart.
Le Président de la République et vous-même avez fait des déclarations qui semblent contredites dans la presse. En réalité, le Président de la République aurait été obligé de prendre des engagements beaucoup plus stricts que ceux qu’il a prétendu avoir contractés – en recueillant une quasi-unanimité – lors de la réunion de l’Eurogroupe à Bruxelles.
Est-il exact que le Président de la République aurait dû s’engager à ramener le déficit à moins de 2,4 % en 2008, c'est-à-dire à un niveau inférieur à celui de 2007 ? Nous savons que ce taux aurait dû atteindre entre 2,7 et 2,8 sans mesures correctrices. De même, est-il exact que le Président de la République a accepté – et s’est même placé dans l’obligation de présenter à l’Eurogroupe – un programme de stabilité, et cela dès septembre, c'est-à-dire avant que nous ne votions le budget ?
Le Président de la République, enfin, aurait-il pris l’engagement d’atteindre l’équilibre budgétaire dès 2010 ?
Madame la ministre, confirmez-vous ces engagements ? Peut-être allez-vous les démentir. Ce serait très intéressant. Si vous les confirmez, comment entendez-vous procéder, alors que le premier acte de votre politique, concomitant à la réunion de l’Eurogroupe, entraîne un manque à gagner de 13 milliards d’euros supplémentaires en niches et avantages fiscaux, et ce quatre mois avant le vote du budget ?
J’en viens à l’amendement. Nous avons déjà exposé les motifs qui nous portent à proposer la suppression du présent article. Vous prétendez promouvoir des usages vertueux de l’ISF mais, en vérité, vous ne visez qu’à le supprimer. Pour les responsables de l’UMP et le Président de la République, l’ISF ressemble désormais à un puzzle : on a partagé son démantèlement en plusieurs morceaux afin de rendre la potion moins amère ! Je devine au sourire inspiré de Bernard Debré, dont on connaît la finesse d’esprit et la perspicacité, qu’il est en train de se dire : « Mince, nous voilà pris les doigts dans le pot de confiture ! »
Prétendre faire de l’ISF un impôt économiquement utile, au service des entreprises et de l’emploi, alors que vous favorisez les seules familles d’entrepreneurs héréditaires, comme au temps de la monarchie, et que les effets économiques d’une telle mesure sont douteux : voilà le leurre auquel se résume votre projet !
Prétendre, comme vous le faites, que l’ISF a pour double effet de faire progresser mécaniquement l’assiette de l’impôt et de conditionner les esprits en faveur d’une pratique de la délocalisation du patrimoine personnel comme professionnel, voilà qui n’est plus un leurre mais un mensonge ! L’ISF est en effet loin de présenter le caractère confiscatoire que vous lui prêtez. Si nous ne sommes pas hostiles à la réforme de son assiette – au contraire –, nous sommes en revanche clairement défavorables à votre réforme. S’il y a confiscation, c’est d’abord celle des finances publiques et des politiques de justice redistributive !
« Nous ferons une réforme de l’ISF qui maintienne la contribution des plus gros patrimoines à l’effort de solidarité », déclarait Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle : comment douter, dès lors, que vous ayez mandat pour accomplir cette réforme ? Monsieur le rapporteur général et vous-même, madame la ministre, nous avez affirmé que les engagements du Président de la République seraient tenus. Certes, pendant la campagne, vous avez usé de certains accessoires pris sur les étagères de votre magasin de farces et attrapes afin de récupérer des voix, tout en songeant qu’il serait bien temps, pour les électeurs un peu nigauds, de découvrir ensuite qu’ils avaient été bernés !
Et puisque M. Brard citait le private banking, exerçons notre sagacité sur la traduction de l’expression américaine business angels – c’est-à-dire les « investisseurs providentiels » nécessaires aux petites et moyennes entreprises.
Ces deux références me permettent d’introduire une discussion que nous aurons plus tard, peut-être, sur l’éventuelle opportunité d’instaurer un système d’intermédiation entre les contribuables redevables de l’ISF et les petites et moyennes entreprises à la recherche de financements. Pour reprendre une expression de mon collègue et ami Hervé Novelli : plutôt que de payer le percepteur, pourquoi ne pas payer l’entrepreneur ? C’est tout à fait l’esprit de l’article 6.
Les PME ne sont d’ailleurs pas les seules destinataires de ces investissements, dont le mécanisme, je le rappelle, consiste à imputer 75 % des versements effectués dans les PME ou dans des organismes de recherche et d’insertion des personnes sur le montant de l’ISF dû par le contribuable, dans la limite annuelle de 50 000 euros. En d’autres termes, sur 40 000 euros investis dans une PME ou un organisme de recherche ou d’insertion, 30 000 seront imputables sur l’ISF.
Il est en effet dans l’intérêt de notre pays de générer de tels financements et de faire circuler l’argent vers ces destinataires que sont les PME d’une part et les organismes de recherche et d’insertion des personnes de l’autre.
Notre amendement n° 318, déposé après l’article 5, anticipait nos débats actuels : il visait à revenir sur une disposition de la loi Dutreil permettant l’exonération de sommes investies dans le capital propre d’une PME. Cet amendement a été rejeté et nous débattons à présent de l’article 6 : à l’avantage toujours existant viendrait donc s’ajouter un autre, et l’on créerait ainsi une nouvelle niche fiscale. On revient au débat de tout à l’heure sur le plafonnement et l’imposition minimale.
Vous parlez, madame la ministre, de notre économie et de nos PME, mais les dispositions de la loi Dutreil, non plus que celles contenues dans l’article 6, ne sont limitées aux seules PME françaises : les exonérations concernent les mises de fonds dans le capital propre des PME de l’Union européenne. Au reste, la loi Dutreil n’a pas fait la preuve de son efficacité, puisque l’on n’entend parler que de l’insuffisance des fonds propres de nos PME comme de l’insuffisance des efforts que l’on y consent pour la recherche, le développement et l’innovation.
Voilà pourquoi le dispositif prévu par l’article 6, qui revient à créer une autre niche fiscale, ne va pas au bout de son objectif déclaré : renforcer les fonds propres de nos PME et mieux les armer sur le terrain de la recherche et de l’innovation. Au nom d’un « choc psychologique », vous déshabillez, année après année et mesure après mesure, toute la fiscalité des gros revenus et des gros patrimoines sans que l’on en voie le bénéfice économique.
(Ces amendements ne sont pas adoptés.)
Je m’étonne donc que Mme la ministre ne prenne pas la peine de me répondre, sachant par ailleurs que, depuis trois jours, elle a pu elle-même me donner acte que je n’émettais jamais de jugement de valeur sur les faits dont je fais part au cours des débats.
Je me permets donc de renouveler mes questions. Est-il exact que le Président de la République s’est engagé à ramener le déficit à 2,4 % du PIB en 2008 – soit moins qu’en 2007 ? Est-il exact qu’il s’est engagé à présenter un programme de stabilité dès le mois de septembre, c’est-à-dire avant le vote du budget de la nation ? Est-il, dans ces conditions, raisonnable que le premier texte soumis par le Gouvernement à la représentation nationale dans cette législature propose une défiscalisation de 13 milliards d’euros ?
Je demande à nouveau des réponses à ces questions.
Le Président de la République et moi-même nous sommes rendus ensemble à l’Eurogroupe et, le lendemain, je participais à la réunion Ecofin, qui réunit l’ensemble des ministres des finances des différents pays membres de l’Union européenne. Les engagements pris par le Président de la République sont la continuité de ceux pris depuis toujours par la France en matière de maintien des équilibres, dans le respect des contraintes de Maastricht.
Vous avez certainement lu les comptes rendus dans la presse et recueilli les échos du porte-parole de la Présidence de la République, mais je vous rappelle qu’en 2006 nous avons respecté notre engagement de limiter le déficit des comptes publics à 2,5 points par rapport au produit intérieur brut. Pour 2007, l’engagement est de le limiter à 2,4 points. En 2008, le Président de la République souhaite que nous fassions mieux que cette année.
Comme Nicolas Sarkozy l’a indiqué – et cela figure dans le compte rendu de la réunion de l’Eurogroupe –, nous allons rencontrer cet été M. Almunia, commissaire européen, pour engager un travail commun, puis en septembre à l’occasion d’une probable réunion informelle des ministres des finances. Chacune de ces rencontres nous permet d’aborder les engagements pris par la France et surtout l’important programme de réformes que le Gouvernement de François Fillon entend mettre en œuvre au cours des mois qui viennent – et qui fut longuement débattu au sein de l’Eurogroupe.
Je répète ce que j’ai dit au début de notre discussion – il y a quelques jours déjà – à propos du projet de loi que nous examinons actuellement : nos partenaires européens de tous bords, y compris les sociaux-démocrates, auxquels le rapporteur général faisait référence, ont montré leur enthousiasme devant le programme de réformes du Gouvernement.
La parole à M. Jean-Pierre Brard, pour le soutenir.
Comme l’a dit très justement M. Fourgous, c’est toujours la même technique qui est utilisée. C’est vrai, le Gouvernement présente toujours d’une façon avenante ce qui est dangereux pour notre pays et contribue au démantèlement de l’impôt sur la fortune.
Madame la ministre, monsieur le rapporteur général, nous comprenons votre argumentation lorsque vous dites vouloir aider les PME pour éviter leur rachat, notamment par les groupes étrangers, ou pour éviter les délocalisations. Vous déplorez tous ces talents qui partent à l’étranger et vous décrivez avec beaucoup d’émotion ces jeunes cadres dynamiques qui prennent l’Eurostar à six heures du matin, prématurément sortis de leur lit et arrachés à leur famille pour aller travailler à la City.
Ce qui est étrange, c’est que vous ne parlez que des talents de ceux qui ont des billets de cent euros accrochés à leurs semelles, et non des autres talents qui quittent notre pays : les chercheurs, les savants. Ceux-là ont pourtant un vrai talent. Sont-ils ringards parce qu’ils ne sont pas cotés au Dow Jones et au CAC 40 ? Votre affection est bien sélective, madame la ministre, monsieur le secrétaire d’État : pour les détenteurs du capital, vous faites tout ce que vous pouvez. Et il faut reconnaître que vous faites des efforts dignes d’admiration pour soustraire la richesse au devoir de solidarité. Mais dès lors qu’il s’agit de soutenir l’intelligence – je pense aux chercheurs qui quittent notre territoire parce que vous ne leur donnez pas de poste ou parce que vous les payez avec un élastique –, vous ne trouvez pas un seul mot !
Chers collègues, je vous demande donc d’adopter notre amendement, qui vise à revenir à plus de morale.
(L’amendement n’est pas adopté.)
Il s’agit d’un amendement de précision du rapporteur général, auquel le Gouvernement est favorable.
Je le mets aux voix.
(L’amendement est adopté.)
Le Gouvernement y est favorable.
Je le mets aux voix.
(L’amendement est adopté.)
Le Gouvernement y est favorable.
Je le mets aux voix.
(L’amendement est adopté.)
Le Gouvernement y est également favorable.
Je le mets aux voix.
(L’amendement est adopté.)
Le Gouvernement y est favorable.
Je le mets aux voix.
(L’amendement est adopté.)
Peut-il être considéré comme défendu, monsieur Brard ?
Vous avez la parole.
Avec cet amendement, nous essayons encore une fois d’endiguer les efforts du Gouvernement qui, assis sur sa majorité, se comporte de façon immorale en concentrant ses efforts sur les personnes fortunées.
À travers cet article 6, vous vous efforcez, avec une grande persévérance, de vider l’ISF de sa substance en accordant une réduction de 50 000 euros pour les redevables de l’impôt sur la fortune investissant dans une PME.
Derrière de grandes déclarations, destinées à nous tirer quelques larmes sur le devenir des grandes entreprises de notre pays, se cache une autre réalité que nous allons tenter, grâce à cet amendement, de montrer au grand jour. Cette réalité a été rendue publique la semaine dernière sur le site des Échos, sous un titre tout à fait éclairant : « Le MEDEF veut obtenir davantage d’allégements sur l’ISF ». On apprend ainsi, à la lecture de cet article, que l’organisation patronale estime possible d’améliorer encore la mesure qui permettra de convertir la cotisation d’ISF en investissement dans les PME.
« Les entreprises, peut-on lire, n’ont pas perdu de temps et s’emploient à convaincre les députés fraîchement élus ou réélus d’amender en leur faveur – il n’est pas question d’intérêt général ! – le projet de loi sur le travail, l’emploi et le pouvoir d’achat ». C’est particulièrement vrai en ce qui concerne l’impôt de solidarité sur la fortune. Pour la présidente du MEDEF, le texte a beau être « fantastique », il faut « aller plus loin ».
À travers notre amendement, nous vous proposons de revenir à une situation qui, sur le plan économique comme sur le plan éthique, est la seule acceptable.
(L’amendement n’est pas adopté.)
La parole est à M. Jean-Louis Idiart, pour le soutenir.
L’alinéa 24 du présent article pose l’obligation pour le redevable de conserver les titres reçus en contrepartie de la souscription au capital de la société jusqu’au 31 décembre de la cinquième année suivant celle de la souscription. Il semble légitime de reprendre ce délai pour la rémunération de cet investissement. Tel est l’objet de cet amendement.
(L’amendement n’est pas adopté.)
La parole est à M. Gilles Carrez, pour le soutenir.
(L’amendement est adopté.)
La parole est à M. Jean-Pierre Brard, pour le soutenir.
Vous nous chantez sur tous les tons que vous ne voulez pas remettre en cause le code du travail : nous vous offrons l’occasion de joindre l’acte à la parole, si tant est que celle-ci soit sincère…
Le Gouvernement souhaitant faire souffler davantage de liberté dans notre économie, cette article permettra aux contribuables redevables de l’ISF d’en affecter, s’ils le souhaitent, une partie dans les PME. Ils pourront également choisir les PME qu’ils désirent aider, notamment celles qui s’engagent en faveur du développement durable.
En outre, il existe une administration chargée de veiller au respect du code du travail et de sanctionner d’éventuels contrevenants. Ces trois éléments – liberté, respect des règles et sanction – serviront de cadre aux investissements.
Je trouve dommage que vous présentiez toujours les entreprises comme si elles avaient un comportement abusif, se limitant à exploiter le peuple.
Vous évoquez sans cesse le principe de liberté, madame la ministre, oubliant qu’il n’y a pas de liberté sans règle. Ce serait en effet contraire à la Déclaration des droits de l’homme. Votre liberté, c’est celle du renard dans le poulailler !
Vous auriez pu, par exemple, obliger nos concitoyens qui sont riches et qui souhaitent soustraire une partie de leur fortune à l’ISF, à orienter celle-ci vers les entreprises innovantes, qui favorisent le transfert de la recherche dans la production. Mais ce n’est pas du tout ce que vous faites. Cessez d’ouvrir la porte pour ensuite nous tourner le dos, madame la ministre. La liberté sans règle, c’est le pouvoir du fort sur le faible. Je ne connais qu’une liberté, celle qui a été consacrée pendant la nuit du 4 août 1789 !
(L'amendement n'est pas adopté.)
La parole est à M. Jean-Pierre Brard, pour le soutenir.
Vous qui nous dites, madame la ministre, être contre la fraude et favorable à la transparence, vous ne pouvez pas vouloir aider des entreprises qui ne sont pas en règle avec les services fiscaux. Notre amendement vise à ce que votre dispositif ne puisse pas s’appliquer à de telles entreprises.
Ce qui nous sépare, monsieur Brard, c’est que je pars de l’idée que les entreprises sont à jour de leurs obligations fiscales et qu’il appartient, dans le cadre d’un État bien régulé, aux services fiscaux de vérifier si tel est bien le cas. Voilà pourquoi je demande le rejet de cet amendement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
La parole est à M. le rapporteur général, pour le soutenir.
(L'amendement est adopté.)
La parole est à M. le rapporteur général, pour le soutenir.
Lorsque la structure intermédiaire de holding est utilisée pour investir dans les PME éligibles, les investissements doivent être réalisés sous forme de souscriptions en numéraire et non par apports en nature.
(L'amendement est adopté.)
La parole est à M. Pierre-Christophe Baguet, pour le soutenir.
Je n’ai donc pu défendre mes amendements relatifs à l’ISF et, madame la ministre, je vous prie d’excuser mon absence. Je regrette qu’au moins mon amendement proposant la familialisation de cet impôt n’ait pas été retenu. Dès lors que la résidence principale n’est pas exclue de l’assiette de l’ISF, il serait logique, dans le cadre d’une politique familiale cohérente, d’accorder 5 % de déduction supplémentaire par enfant fiscalement rattaché. Car le logement s’agrandit à proportion du nombre d’enfants, accroissant le risque – notamment en région parisienne – d’être assujetti à l’ISF.
L’amendement n° 211 vise à favoriser l’accès au logement social dans le cadre d’une politique de développement durable. Il propose d’ajouter aux possibilités d’investissement dans les PMI-PME la souscription de parts d’OPCI d’habitation, l’achat de logements qui seront loués dans les conditions de l’article L. 321-4 du code de la construction et de l’habitation, l’achat de logements qui seront loués à des associations d’insertion, la construction de logements économes en énergie et répondant à des impératifs de développement durable qui seront définis par décret et l’achat de logements qui seront rénovés en respectant des impératifs d’économie d’énergie et de développement durable, lesquels seront également définis par décret.
Compte tenu de la grave crise du logement que connaît notre pays, en dépit des efforts faits sous la précédente législature, il me semble nécessaire d’accroître de manière significative l’offre de logements.
(L'amendement n'est pas adopté.)
La parole est à M. Jean-Michel Fourgous, pour le soutenir.
Je suis saisi de trois amendements, nos 212, 214 rectifié et 462, pouvant être soumis à une discussion commune.
La parole est à M. Michel Fourgous, pour soutenir l’amendement n° 214 rectifié.
En France, les entreprises dont le capital est inférieur à un million d’euros ont beaucoup de mal à renforcer leurs fonds propres. Elles n’ont collecté que 1,5 milliard d’investissement, contre 10 milliards pour leurs homologues britanniques, ce qui explique pour partie la différence du nombre d’emplois – 6 millions – entre la France et la Grande-Bretagne.
Conformément au programme de l’UMP, je propose un coup de pouce en leur faveur, en autorisant ceux que nos amis de gauche appellent « les riches » à aider les petites entreprises.
En l’état, le texte vise des PME qui comptent jusqu’à 250 salariés. Dès lors, le risque est que les investissements des contribuables se concentrent spontanément en direction des PME comptant entre 40 et 250 salariés et présentant un profil de risque faible. Près de 250 milliards ont été investis dans ces entreprises. Or ce sont celles qui comptent moins de quarante salariés – et qui représentent 90 % des entreprises – qui ont le plus besoin d’argent. À ce jour, 100 milliards seulement ont été capitalisés.
L’objet de cet amendement est de permettre une intermédiation pour orienter les fonds des contribuables vers la zone d’investissement dite « d’amorçage ». Telle est la proposition que j’ai contribué à inscrire au programme de l’UMP, lors de son vote au Palais des Congrès.
Nous souhaitons faire de l’article 6 un mécanisme permettant aux contribuables redevables de l’ISF d’affecter tout ou partie de leur impôt de solidarité sur la fortune au financement de PME ou, par le biais de fondations reconnues d’utilité publique, de la recherche et du développement. J’insiste sur le fait que les contribuables concernés ne s’exonèrent pas de l’ISF.
Mais le dispositif a aussi pour objet d’amener les Français à s’intéresser aux entreprises et aux mécanismes économiques, à la création de valeur notamment, et aux fruits que l’on en retire. Dans ces conditions, la notion « d’argent de proximité », sans doute une mauvaise traduction de l’expression anglo-saxonne que j’évoquais tout à l’heure, nous paraît devoir transiter directement entre le contribuable et l’entreprise ou le fonds de recherche et développement qui le reçoit.
C’est pourquoi cette proposition d’intermédiation ne me paraît pas répondre exactement à l’objectif poursuivi.
Par l’amendement n° 212, je propose donc d’ouvrir le bénéfice de la réduction d’impôt aux versements réalisés dans des fonds communs de placement dans l’innovation et des fonds d’investissement de proximité, agréés par l’AMF. Cet amendement va dans le même sens que celui de M. Fourgous, que je soutiens.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements en discussion ?
L’amendement de notre excellent collègue Jean-Michel Fourgous vise, quant à lui, explicitement les fonds propres et la zone d’amorçage. Il permet ainsi de garantir que les entreprises qui bénéficieront de ce type d’intermédiation correspondent bien à la cible que nous voulons toucher. Il me semble donc que, à la différence des autres amendements, celui de M. Fourgous assure une véritable sécurité juridique. C’est pourquoi je suis prêt à le soutenir.
Par ailleurs, comme l’investissement est long, on ne peut pas exclure la possibilité que des dividendes soient versés. Mais le plus important, c’est que des épargnants acceptent de prendre un risque sur le long terme dans des petites et moyennes entreprises.
Je mets aux voix l'amendement n° 214 rectifié.
(L'amendement est adopté.)
Quel est l’avis de la commission ?
(L'amendement n'est pas adopté.)
La parole est à M. Jean-Michel Fourgous, pour soutenir l'amendement n° 155.
La parole est à M. François Brottes.
(L'amendement, ainsi modifié, est adopté.)
La parole est à M. le rapporteur général, pour le soutenir.
(L'amendement est adopté.)
La parole est à M. le rapporteur général, pour le soutenir.
(L'amendement est adopté.)
La parole est à M. Roland Muzeau, pour le soutenir.
(L'amendement n'est pas adopté.)
La parole est à M. le rapporteur général.
(L'amendement, ainsi modifié, est adopté.)
Il s’agit d’un amendement rédactionnel.
Je le mets aux voix.
(L'amendement est adopté.)
La parole est à M. le rapporteur général, pour le soutenir.
(L'amendement, ainsi modifié, est adopté.)
La parole est à M. Louis Giscard d'Estaing, pour le soutenir.
(L'amendement, ainsi modifié, est adopté.)
La parole est à M. le rapporteur général, pour le soutenir.
Je mets aux voix l'amendement n° 80.
(L'amendement est adopté.)
La parole est à M. le rapporteur général, pour le soutenir.
Je le mets aux voix.
(L’amendement est adopté.)
La parole est à M. Hervé Mariton, pour le soutenir.
Je suis saisi d’un amendement n° 197 rectifié.
La parole est à M. le rapporteur général, pour le soutenir.
Je le mets aux voix.
(L’amendement est adopté.)
(L’article 6, ainsi modifié, est adopté.)
La parole est à M. le rapporteur général, pour le soutenir.
(L’amendement est adopté.)
La parole est à M. Jean Launay.
Vous me pardonnerez de vous faire subir cette pénible énumération d’épisodes que nos concitoyens ont, au cours des dernières années, vécus comme autant de gifles.
En 1989, Le Canard Enchaîné révélait que Jacques Calvet avait perçu une rémunération de 2,2 millions de francs – soit près de 400 000 euros, ce qui peut paraître dérisoire aujourd’hui. Depuis, le montant des stock-options, des actions gratuites et des parachutes dorés n’a fait que s’envoler.
En 1999, Philippe Jaffré a, en abandonnant Elf-Aquitaine, encaissé un chèque de 30 millions d’euros, dont une partie en stock-options.
En 2002, la justice a empêché Jean-Marie Messier, patron de Vivendi, d’emporter 20,5 millions d’euros d’indemnités lors de son départ.
En 2005, Daniel Bernard emporte, en quittant la direction de Carrefour, 9,5 millions d’euros d’indemnités et s’abrite sous une retraite « chapeau » équivalente à 40 % de son dernier salaire.
En 2006, Antoine Zacharias est à l’origine du scandale des golden parachutes à la française. Le PDG de Vinci touche, en quittant son poste, 13 millions d’euros de prime de départ, une « retraite chapeau » équivalente à 50 % de son dernier salaire et, surtout, 200 millions d’euros de stock-options, auxquels il convient d’ajouter une rémunération annuelle de 4 millions d’euros.
En 2007, Laurence Danon, la patronne du Printemps, touche 2,5 millions d’euros d’indemnités de départ. Quant à Serge Tchuruk, ex-PDG d’Alcatel, il touche une prime de 5,7 millions d’euros de prime en quittant la direction générale lors de la fusion avec Lucent.
Pourtant, chacun à sa façon prétend favoriser l’accession du capitalisme financier à l’âge de la maturité. Après la loi de 2001 sur les nouvelles régulations économiques, celle de 2005 – sous le ministère de Thierry Breton – sur la confiance et la modernisation de l’économie prévoyait que les indemnités de départ et les compléments de retraites seraient soumis à autorisation préalable du conseil d’administration et à l’approbation de l’assemblée générale.
Aujourd’hui, faut-il un nouveau texte, de nouvelles précisions ? Nous pensons que oui. Notre collègue Christophe Caresche avait, dans un rapport de mai 2004 sur la proposition de résolution créant une commission d’enquête sur le renforcement de la responsabilité des dirigeants mandataires dans les sociétés anonymes, avancé quelques idées sur la question.
Le groupe socialiste avait également déposé, en décembre 2003, une proposition de loi sur la responsabilité individuelle des dirigeants et mandataires sociaux et la transparence et le contrôle des rémunérations dans les sociétés cotées.
Le Président de la République semblait partager notre position durant la campagne électorale. Ainsi, selon
Le Monde du 20 mai 2007, M. Borloo, éphémère ministre de l’économie, devait déposer un projet de loi sur l’éthique et la moralisation prévoyant une interdiction des parachutes dorés. Par ailleurs, on se souvient que le terme de « pratique détestable » avait été employé par Nicolas Sarkozy lui-même dans le cadre de ses promesses électorales, qui déclarait également le 18 mai devant les salariés toulousains d’Airbus : « Je souhaite qu’on rende illégale la pratique des golden parachutes. »
Je devine le trouble dans vos rangs au moment d’aborder l’article 7 de ce projet de loi relatif au travail, à l’emploi et au pouvoir d’achat, mesdames, messieurs de la majorité, ce qui renforce encore nos interrogations.
En effet, l’expression « parachute doré » se trouve bannie du texte qui nous est soumis. Seules sont évoquées les « indemnités de départ », ce qui constitue un retour au vocabulaire convenu du texte de 2005 relatif à la confiance et à la modernisation de l’économie.
Le dispositif proposé est loin de l’interdiction. Il s’attache seulement à lier l’ampleur de leur rémunération différée à la performance du dirigeant ou la situation de l’entreprise. Par ailleurs, on constate que, pour échapper au faible durcissement que vous proposez dans l’article 7 de ce texte, les cabinets d’avocats imaginent déjà les astuces juridiques qui permettront de contourner le dispositif : monter des mécanismes occultes à l’étranger en faisant voter l’indemnité de départ par une filiale étrangère du groupe, soumise à une réglementation plus souple, fractionner les rémunérations ou anticiper le départ à la retraite des dirigeants d’entreprises.
En fait, vous abordez ce sujet à contrecœur parce que vous connaissez les réticences structurelles du MEDEF sur la nécessité de légiférer, et que vous les partagez.
Quand le secrétaire général de l’autorité des marchés financiers, M. Rameix, en appelle à une politique rationnelle des rémunérations des dirigeants, qu’il dit croire à l’obligation pour les sociétés de gestion de voter en assemblée générale pour présenter des motions, et refuser des systèmes de stock-options trop généreux ; quand il ne pense pas qu’on pourrait imposer par la loi une norme de rémunération, quand il dit que cette norme de rémunération viendra du marché, sous la forme d’un meilleur comportement du gouvernement d’entreprise international, vous vous réjouissez et le libéralisme galopant a encore de belles semaines devant lui !
Il nous semble que le contenu de l’article 7 est bien loin des attentes de nos concitoyens, ce que l’économiste Elie Cohen illustrait en disant : « Le pacte a été rompu, les dirigeants sociaux ayant voulu mettre en place un jeu où ils gagnaient à tous les coups en matière de rémunération. » Si cet article n’est pas durci, les pratiques auxquelles nous assistons aujourd’hui se poursuivront malheureusement demain.
Ainsi, en 2006, la SOFRES révélait que, chez nos compatriotes, les grandes entreprises et leurs dirigeants recueillaient respectivement 51 % et 59 % d’opinions défavorables.
Les petites et moyennes entreprises semblent épargnées par ce jugement sévère. En effet, il convient de rappeler que, d’après l’INSEE, le salaire moyen net d’un patron de PME ne dépasse pas 3 973 euros par mois. De plus, ces patrons mettent souvent de l’argent dans leur entreprise et prennent plus de risques personnels que bien des dirigeants de grandes entreprises.
Madame la ministre, il s’avère donc indispensable et urgent de réconcilier les Français avec le monde de l’entreprise qui, nous le savons, est le moteur de toute création d’emploi et de richesse. En économie, la confiance joue un rôle primordial. Il convient de la restaurer. Pour cela, il nous faut garantir une meilleure gouvernance, dont la rémunération des dirigeants est l’un des enjeux fondamentaux.
Je crois que l’article 7 que vous nous proposez aujourd’hui concourt à cet objectif. En effet, ce texte, en s’attaquant aux symboles les plus choquants, va nous permettre de répondre aux préoccupations de l’opinion publique et des investisseurs sans jeter l’anathème sur la très grande majorité des dirigeants d’entreprises.
Premier apport important : l’article pose l’obligation de « subordonner dans la convention de rémunération, dès le départ, le versement de rémunérations différées à certaines conditions de performance appréciés par le conseil d’administration au moment du versement ».
La loi prévoit donc d’instaurer un lien entre la rémunération différée du dirigeant et la performance de l’entreprise dont il a la responsabilité. Par ce biais juridique, nous nous inspirons pleinement de la philosophie politique développée par Nicolas Sarkozy durant la campagne présidentielle.
Cette volonté de transparence se traduit aussi par l'obligation de soumettre à un vote contraignant – et non consultatif – de l'assemblée générale une résolution spécifique et détaillée portant sur la convention de rémunération. Dès lors, l'assemblée générale pourra se prononcer sur le montant et les modalités de calcul de la rémunération différée et, le cas échéant, opposer son veto. Il y a une nette amélioration de la partie qualitative de l'information.
Je me félicite que le contrôle de l'assemblée générale des actionnaires soit renforcé car il m'apparaît normal que les « propriétaires » de l'entreprise puissent intervenir en matière de rémunérations au même titre que le board. Le vote de cette résolution séparée devrait aussi, à mon avis, redonner plus d'importance au contenu de l'assemblée générale qui est malheureusement trop souvent perçu par de nombreux actionnaires, notamment institutionnels, comme peu digne d'intérêt.
À titre personnel, et vous le savez madame la ministre, j'aurais aimé que l'on accorde un rôle plus important au comité de rémunération.
Ainsi, il m'aurait paru utile de rendre obligatoire la création d'un comité de rémunération dans toutes les entreprises cotées et d'en définir juridiquement le statut, ce qui n'est pas le cas actuellement.
Par ailleurs, j'étais partisan de mieux garantir l’indépendance du comité de rémunération en augmentant le nombre d'administrateurs indépendants, en excluant les membres de l'équipe dirigeante et en prévoyant la nomination d'un « sage ».
Je sais que vous avez fait le choix de privilégier la responsabilité universelle du conseil d'administration, et de vous appuyer sur les codes de place définis par l'autorité de régulation des marchés financiers, en l'occurrence l'AMF. Effectivement, cet organe de contrôle aura à jouer un rôle de plus en plus important en matière de bonne gouvernance, et donc de rémunération des dirigeants.
Sachez que, malgré les quelques réserves que je viens de formuler, je voterai cet article qui, me semble-t-il, participe à la moralisation de la vie économique voulue par les Français et le Président de la République.
En conclusion, si nous voulons réconcilier nos compatriotes avec le monde de l'entreprise, il faudra aussi développer l’actionnariat des salariés afin de leur permettre d'être associés à la réussite de leur entreprise. Un tel objectif est tout à fait complémentaire d'une meilleure organisation du mode de rémunération des dirigeants. Je me permets, madame la ministre, de vous suggérer cette piste de travail.
La décision concernant Noël Forgeard avait semé un vif émoi en France, puisqu'elle survenait quelques semaines à peine après que le fabricant d'Airbus, miné par de graves problèmes de production, eut annoncé la mise à pied de 10 000 employés. Belle récompense pour un tel résultat !
Tous les candidats à la présidentielle étaient montés au front pour dénoncer les conditions de départ de l'administrateur congédié, Nicolas Sarkozy promettant alors d'interdire les parachutes dorés.
À l'arrivée, les mesures qui nous sont proposées sont, ainsi qu'on pouvait s'y attendre, beaucoup moins ambitieuses. Un « petit peu de moralisation » dans le versement des indemnités de départ ne « fera pas de mal », avez-vous affirmé, madame la ministre, confirmant l'approche plus timide adoptée par le Gouvernement.
De fait, votre réforme permet le maintien des indemnités de départ, se contentant de les « moraliser », c'est-à-dire – et c’est une curieuse conception de la moralisation – de les lier directement à la performance enregistrée par l'entreprise sous la gouverne du dirigeant concerné.
Le conseil d'administration sera tenu d'établir d'emblée des critères d'évaluation pouvant porter sur le cours boursier, les emplois créés ou les bénéfices générés. Ceux-ci pourraient être utilisés au moment du départ du gestionnaire pour statuer sur la somme appropriée. La décision devrait ensuite être approuvée par l'assemblée des actionnaires. Or, rappelons-le, les cours boursiers flambent dès qu’est annoncé un plan dit social – je parlerai quant à moi de plan de suppressions d’emplois et de licenciements. La récompense sera donc d’autant plus importante pour le PDG coupable de cet assainissement économique.
« Si on réussit, on est récompensé. Si on échoue, on est sanctionné », résumait Nicolas Sarkozy, qui insiste sur l'importance d'un resserrement dans ce domaine « pour réconcilier les Français avec l'entreprise ». M. Kossowski vient d’ailleurs d’y faire allusion.
Le MEDEF, principale organisation patronale française, a accueilli avec satisfaction le projet de loi. Sa présidente, Laurence Parisot, estime qu'il va « rendre les indemnités plus transparentes » tout en permettant à la France de « conserver sa compétitivité » dans le recrutement d'administrateurs de haut niveau. On comprend sa satisfaction puisque, au fond, votre réforme est vide de tout contenu et ne se propose ni d'interdire les parachutes dorés ni de moraliser les pratiques.
Pour cela, il faudrait s'attacher à prendre des mesures d'une tout autre ampleur. Les amendements que nous allons vous proposer auront vocation à vous mettre sur la voie d'une authentique réforme, prévoyant non seulement l'interdiction des parachutes dorés, mais encore, par le plafonnement des revenus des dirigeants d'entreprises, l'exercice d'un droit de regard des comités d'entreprise, ou encore l'intégration de la fixation des revenus des dirigeants salariés dans la négociation salariale globale.
Enfin, je reprendrai les recommandations de l’Institut Montaigne, que je lis toujours attentivement car ses membres sont en quelque sorte vos penseurs.
Voici ce qu’on peut lire dans une parution récente de l’Institut : « Nier l’existence d’un malaise justifié serait irresponsable. » Les auteurs ont en effet constaté que la multiplication des polémiques autour des sommes encaissées par certains patrons agite toute l’opinion. « Plus de 80 % des visiteurs du site Boursorama.com, peu suspects d’anticapitalisme primaire, considéraient ainsi en avril 2007 que la polémique sur les parapluies dorés était fondée », ont-ils relevé. Ils ont ensuite souligné que ces polémiques se nourrissaient de plusieurs évolutions effectivement alarmantes. Ils concluaient ainsi : « La rémunération moyenne des dirigeants s’est très fortement accrue depuis dix ans. Sur les cinq dernières années, elle a progressé d’environ 15 % par an tandis que les salaires augmentaient en moyenne à un rythme de 3 % par an. » Au-delà de la transparence, ils attendaient donc une certaine modération, d’ailleurs recommandée par les organismes patronaux eux-mêmes. Ils ajoutaient cependant les propos suivants : « C’est en fait exactement le contraire qui est arrivé, chacun y ayant intérêt, les dirigeants mais aussi les intermédiaires consultés sur le sujet, les chasseurs de têtes et les sociétés spécialisées, souvent rémunérées au pourcentage des rémunérations examinées ou prescrites. S’est installée alors une sorte d’échelle de perroquet : les augmentations des uns justifiant celles des autres. » Entre soi, tout s’arrange…
Bref, vous l’aurez compris, mes chers collègues, cet article est tout à fait scandaleux.
Pour ce qui est des performances, de quelles performances s’agit-il ? De celles appréciées par la bourse, qui n’ont rien à voir ni avec l’intérêt du pays ni avec les intérêts des salariés. Vous le savez mieux que nous, madame la ministre : les critères clairs établissant les performances sont ceux qui permettent de verser de l’argent sonnant et trébuchant pour les actionnaires, lesquels n’ont que faire des salariés dont, d’ailleurs, vous n’avez pas parlé. Votre proposition serait vraiment morale si l’on accordait un rôle important aux salariés.
Monsieur Kossowski, vous avez évoqué le vote contraignant de l’assemblée générale. Sans doute avez-vous lu le texte en diagonale car c’est le conseil d’administration qui prendra en fait la décision. C’est le monde feutré des grands patrons – je ne parlerai pas de grands capitaines d’industrie car ce serait souvent faire injure à la capitainerie. Ils sont dans l’entre soi. Quand on demande d’une façon plus ou moins rustique à un grand patron de partir, on n’attend pas la prochaine assemblée générale : c’est le conseil d’administration qui prend la décision. Or qui trouve-t-on alors autour de la table ?
Imaginez une entreprise de grande valeur mais dont les salariés se mettraient en grève. Subitement, il n’y aurait plus de richesse ! Le savoir-faire des salariés est donc essentiel.
Vous vous êtes félicité, monsieur Kossowski, de la formule trouvée par Mme la ministre : « la responsabilité universelle du conseil d’administration ». Traduit dans un français plus profane, il ne s’agit ni plus ni moins que du pouvoir exclusif du conseil d’administration. Vous ne moralisez pas la vie économique, vous avez simplement trouvé un habillage plus présentable. Et les salariés ne sont en rien associés à la procédure. Vous avez conclu en suggérant au Gouvernement d’ouvrir une piste de travail sur ce point : il fallait bien trouver une réponse pour l’opinion publique. Mais vous n’avez rien prévu en la matière, en réalité.
Je terminerai en donnant trois exemples. En 2007, les parachutes de M. Zacharias, de M. Tchuruk et de Mme Danon représentent en gros les crédits que vous allez affecter au RSA. En 2006, nous arrivons au même résultat avec deux parachutes seulement, ceux de M. Espalion et de M. Forgeard. S’ils étaient généreux d’ailleurs, vous n’auriez pas besoin de sortir d’argent des caisses de l’État, il leur suffirait de faire un chèque pour financer le RSA. Enfin, en 2005, avec les parachutes de Daniel Bernard et de Serge Weinberg, on aurait pu financer deux années de RSA.
Tout cela montre que vous n’avez pas du tout prévu de moraliser les pratiques. Vous faites une concession de façade à l’opinion publique qui a été révoltée par ces mœurs d’un autre temps, où l’on mise tout sur l’individu et rien sur la solidarité.
(La séance, suspendue à dix-huit heures quinze, est reprise à dix-huit heures vingt.)
Nous abordons l’examen des amendements à l’article 7.
Je suis saisi d'un amendement n° 169, mais nos collègues Brard et Muzeau se sont largement exprimés.
La transparence est possible, notamment en intégrant la fixation des revenus des dirigeants dans la négociation salariale globale avec les organisations syndicales. Par exemple, discuter du salaire de M. Forgeard dans une rencontre syndicale de la même façon qu’on discute de la rémunération de la secrétaire. Y a-t-il une différence de dignité entre la secrétaire et le PDG de l’entreprise ? Même si vous n’êtes pas convaincus, je suis sûr que vous n’oserez pas me répondre par la négative.
Allons jusqu’au bout, mes chers collègues : c’est au pied du mur qu’on voit le maçon ! Êtes-vous, oui ou non, pour la transparence ? Si vous l’êtes, vous allez répondre favorablement à notre amendement.
Monsieur Brard, l’article apporte un progrès considérable par rapport au texte relatif aux nouvelles régulations économiques, voté sous la législature où la gauche était majoritaire, et celui pour la confiance et la modernisation de l’économie, que nous avons adopté il y a deux ans. Dorénavant, grâce à l’article 7, les rémunérations différées seront liées aux performances, ce qui n’était pas le cas auparavant.
Une performance se constate, se mesure. Jusqu’à présent, les rémunérations différées étaient autorisées par le conseil d’administration. Dans le cadre de la loi de juillet 2005, nous avons renforcé la transparence et les modalités d’autorisation, puisque nous les avons basculées dans des conventions réglementées qui faisaient que l’assemblée générale des actionnaires était conduite à s’en saisir également. Nous nous sommes aperçus, les uns et les autres, que cela n’était pas suffisant et qu’il fallait également prévoir que, lorsque la décision était prise de verser les rémunérations, le conseil d’administration devait être saisi, mais, surtout, qu’il fallait mesurer les performances et apprécier si, au moment de les verser, les rémunérations différées étaient toujours justifiées par les performances, que ce soient celles du bénéficiaire ou celles de l’entreprise, les deux étant liées.
Avec ce texte, le système me paraît bien cadré et constitue un véritable progrès.
En réponse à votre amendement, monsieur Brard, la rémunération des dirigeants dont il est question est la rémunération des mandataires sociaux, ceux qui ont qualité de mandataire social et dont la rémunération est fixée au sein du conseil d’administration en vertu du droit des sociétés. Si, par ailleurs, ils ont aussi un contrat de travail, ce qui arrive parfois en cas de cumul du statut de mandataire social et de salarié, la rémunération prévue par le contrat de travail est évidemment incluse dans l’ensemble des masses salariales négociées lors de la négociation annuelle des salaires.
Le Gouvernement rejette donc l’amendement.
Le scrutin est annoncé dans l'enceinte de l'Assemblée nationale.
La parole est à M. Jean-Pierre Brard.
Madame la ministre, vous venez des États-Unis où, pour la Banque centrale, vous le savez, un critère important est l’emploi. Si nous considérons que l’emploi est un critère important, nous pouvons imaginer – et, pour une fois, je vous propose d’imiter les États-Unis – que, pour mesurer les performances d’une entreprise, l’emploi l’emporte sur les dividendes.
Nous ne pouvons vous suivre que si vous définissez clairement ce qu’est la performance, et quels ingrédients vous mettez dans cette notion, car nous voulons savoir sur quoi nous votons.
De multiples critères sont envisageables. Certains tiendront à la société, d’autres aux différentes caractéristiques applicables à la société. Ce sera peut-être l’emploi, le retour sur investissement, un certain nombre de ratios financiers, le cours de bourse, le recours à l’investissement extérieur. On peut imaginer toute une série de critères tenant à la société. On peut aussi imaginer – et, là, c’est le conseil d’administration qui est souverain en la matière, sous réserve de l’approbation des actionnaires, dont le conseil est l’émanation – que le conseil pourra apprécier, en fonction de différents critères, la performance du dirigeant et lui fixer un certain nombre d’objectifs qui tiendront à sa performance personnelle.
On peut donc imaginer un panier de critères de performance sur lesquels on pourrait parler jusqu’à la fin des temps. Mais il ne me semble pas, et cette remarque vaut pour d’autres amendements, qu’il appartienne au régulateur que nous sommes et au législateur que vous êtes de fixer de quelle manière une relation individuelle entre un dirigeant et son conseil d’administration qui représente les actionnaires doit être réglée et gouvernée.
(Il est procédé au scrutin.)
Nombre de votants 40
Nombre de suffrages exprimés 40
Majorité absolue 21
Pour l’adoption 12
Contre 28
L'amendement est rejeté.
La parole est à M. le rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques, pour le soutenir.
(L’amendement n’est pas adopté.)
La parole est à M. Jean Launay, pour le soutenir.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
…………………………………………………………….
(Il est procédé au scrutin.)
Nombre de votants 38
Nombre de suffrages exprimés 38
Majorité absolue 20
Pour l’adoption 10
Contre 28
L’amendement est rejeté.
Je suis saisi de trois amendements, nos 81, 107 et 1, pouvant être soumis à une discussion commune. Les amendements nos 81 et 107 sont identiques.
L’amendement n° 1 fait l’objet d’un sous-amendement n° 479.
La parole est à M. le rapporteur général pour soutenir l’amendement n° 81.
Par ailleurs, je profite de l’examen de cet amendement et de ceux qui traduisent les mêmes préoccupations pour demander au Gouvernement un éclaircissement sur un point qui paraît fondamental et que j’ai déjà évoqué dans la discussion générale : les critères de performance arrêtés par le conseil d’administration ou le conseil de surveillance et le dirigeant concerné. Je ne disconviens nullement de la nécessité de laisser aux organes sociaux les plus au fait de la situation de la société et de son secteur d’activité le soin de définir les conditions de performance les plus pertinentes. Mais ces critères seront-ils communiqués à l’assemblée générale des actionnaires lorsqu’elle sera appelée à ratifier la convention d’indemnités de départ ? Il me semble que c’était le sens de votre intervention en commission des finances, mais je voudrais que vous le précisiez ici.
La parole est à M. le rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques, pour soutenir l’amendement n° 107.
La parole est à Mme la ministre, pour donner l’avis du Gouvernement sur l’amendement n° 1 et soutenir le sous-amendement n° 479.
Dans l’amendement n° 1, vous cherchez à préciser utilement la notion de performance et je partage, comme vous l’imaginez puisque je l’ai évoqué tout à l’heure, votre souci de clarification et de transparence. Je considère évidemment que le mandataire social doit agir, en sa qualité, dans l’intérêt de sa société et non dans son propre intérêt. C’est pourquoi je vous propose un sous-amendement qui prévoit que les « performances du bénéficiaire » doivent s’apprécier également « au regard de celles de la société dont il est membre du directoire », sans entrer dans le détail de la définition des critères qu’il appartient au conseil d’administration ou au conseil de surveillance, selon la nature de la société, de préciser.
Prenons quelques exemples. Quand M. Tchuruk a annoncé qu’il allait faire de ses entreprises des entreprises sans salariés, le cours de l’action de sa société a connu une flambée en bourse : je ne me rappelle pas le chiffre exact, mais il était suffisamment important pour scandaliser le monde politique, et même certains industriels qui disaient : « Notre rôle, c’est de fabriquer, pas de faire de l’argent en se croisant les bras. » Le virtuel, c’est dans les mouvements financiers, mais, jusqu’à aujourd’hui, ou peut-être même malheureusement jusqu’à hier, une entreprise avait pour vocation de produire quelque chose, de le vendre, de dégager des marges, de se moderniser. C’était un mouvement naturel et positif. De ce point de vue, l’exemple d’Alcatel est terrible.
De la même manière, quand M. Riboud, PDG de Danone, a annoncé la fermeture de deux usines LU, l’action de Danone a explosé : chacun se souvient du scandale. Mais M. Riboud avait un coup d’avance. À l’époque, il fallait fermer les usines pour assurer la pérennité de l’entreprise : on a vu ce que cela a donné, puisque la division biscuits est désormais vendue aux Américains, ce qui dégage 5,9 milliards de bénéfice et permettra de racheter une autre entreprise productrice d’aliments pour bébés. Ce que l’on craignait hier se vérifie aujourd’hui : on a constaté une anticipation pour liquider des emplois sur le territoire national et empocher, quelque temps plus tard, un beau pactole. Ce M. Riboud et son conseil d’administration sont décidément très forts.
Je pourrais citer d’autres exemples de ce genre. Je ne connais qu’un seul dirigeant d’entreprise qui, voyant le scandale national provoqué par Alstom, a déclaré qu’il rendait ses indemnités de départ. C’est M. Pierre Bilger. Mon ami Jean-Pierre Brard me disait que sa femme avait dû drôlement le savonner. (Sourires.) On ne devait pas être très loin de la scène de ménage, en effet. Mais c’était un geste important, qui a fait plaisir à beaucoup de monde.
D’abord, à propos de l’amendement n° 1 de la commission des lois, j’ai indiqué que le Gouvernement y était favorable en ce qu’il ajoutait un deuxième faisceau à l’appréciation de la performance du dirigeant. En d’autres termes, la performance du dirigeant s’appréciera ex abrupto, si j’ose dire, c’est-à-dire en fonction de ce qu’il fait, des objectifs spécifiques qui tiennent à sa personne et aux qualités qu’il déploie dans l’exercice de sa mission, et en plus, c’est l’objet de l’amendement n° 1 défendu par M. Huyghe, en incluant à l’intérieur de cette appréciation des critères qui tiennent à la société.
Ensuite, je réponds ainsi à une question que vous venez d’aborder, le Gouvernement considère qu’il n’appartient pas aux législateurs ou aux régulateurs de définir dans le texte une grille de critères.
(Le sous-amendement est adopté.)
(L'amendement, ainsi modifié, est adopté.)
Vous avez la parole, monsieur Brottes.
L’objet de l’amendement n° 414 est de plafonner les éléments de rémunération, indemnités et avantages des dirigeants à vingt fois le montant du salaire moyen mensuel des salariés de l’entreprise.
Madame la ministre, vous tenez absolument à ce que le conseil d’administration et les actionnaires jouent un rôle, mais les actionnaires pourraient décider de limiter, à dix fois par exemple, ces éléments de rémunération. Nous, nous sommes dans notre rôle de législateurs, nous fixons un taquet plafond.
Nous considérons en effet que votre mesure, qui vise les seuls fat cats, pour parler comme de l’autre côté…
Donc nous considérons que la mesure, qui vise les seuls « chats gras », mais peut-être ma traduction sera-t-elle contestée, les chats gras de la finance les moins performants, reste très insuffisante sinon hypocrite parce que, sous prétexte de stigmatiser les dirigeants médiocres, elle laisse les autres s’engraisser sans frein.
Nous pensons pour notre part qu’il est indispensable de remettre à plat la question des émoluments des patrons sous toutes leurs formes, et l’Institut Montaigne, qu’évoquait Roland Muzeau tout à l’heure, détaille tout cela d’une façon édifiante. En effet, si ces émoluments sont aujourd’hui mieux surveillés, plus transparents qu’autrefois, et nous le devons en particulier à la loi sur les nouvelles régulations économiques de mai 2001, si certains éléments annexes de la rémunération sont depuis 2005 soumis au régime de convention réglementée, force est de constater qu’en dépit des multiples scandales qui ont fait la une de la presse ces dernières années, en France et un peu partout en Europe comme aux États-Unis, les rémunérations des patrons n’ont guère fléchi.
Nous observons toujours une hausse tendancielle des rémunérations que rien ne justifie puisqu’ils touchent leurs salaires par ailleurs. Celles-ci atteignent des montants proprement faramineux. Au moins devrait-on prendre en considération la valeur travail qui vous est si chère, la valeur travail dont vous aimez tant chanter les louanges, comme l’étalon des rémunérations.
La moyenne des rémunérations des patrons du CAC 40 s’établissait en 2006, pour prendre cet exemple, à 2,2 millions d’euros, malgré de fortes disparités, certains patrons crevant littéralement tous les plafonds imaginables.
Sous le bénéfice de ces utiles observations – j’espère en tout cas, madame la ministre, que vous les reconnaîtrez comme telles –, nous vous proposons de revenir à plus de mesure et d’équilibre, pour empêcher les excès. Je ne doute pas que cela permettra en outre à nombre de dirigeants d’entreprises françaises de garder davantage les pieds sur terre plutôt que de continuer à évoluer dans une bulle de chiffres, loin des réalités économiques.
Or, aujourd’hui, que demande-t-on ? Que le conseil d’administration évalue le dirigeant et la situation de l’entreprise. Cette décision du conseil d’administration est validée par l’assemblée générale où siègent tous les actionnaires, y compris les petits actionnaires, monsieur Brard, et les salariés, qui peuvent être actionnaires de l’entreprise. Donc notre proposition est très morale.
(Il est procédé au scrutin.)
Nombre de votants 32
Nombre de suffrages exprimés 32
Majorité absolue 17
Pour l’adoption 6
Contre 26
Je suis saisi d’un amendement n° 326.
La parole est à M. Jean Launay, pour le soutenir.
Ce dispositif permettrait d’éviter de voir se reproduire des situations choquantes, comme celle de M. Forgeard que nous avons déjà évoquée. Cela va dans le sens souhaité, semble-t-il, par le Président de la République, qui a répété, aux dires de notre collègue Taugourdeau, qu’il était intolérable de toucher des golden parachutes lorsqu’on avait échoué. Les Français, et particulièrement les salariés d’Airbus, ont été choqués par la situation. Le plan Power 8 est un échec pour M. Forgeard et pour la marche de l’entreprise, il se traduit par des licenciements chez Airbus et par des difficultés dans tout le secteur de la sous-traitance. Des entreprises qui ne sont pas sous-traitantes, j’en ai dans mon département, se retrouvent en outre sans commandes parce que l’effet d’aspiration sur l’économie a été mis en échec. Il faut vraiment voter cet amendement.
Si les choses sont arrêtées d’avance, le conseil d’administration pourra délibérer sur ce qu’il voudra, à la sortie le dirigeant fera valoir les droits qu’il a acquis préalablement.
Je résume : d’une part, nous ne définissons pas de critères pour la performance, d’autre part, c’est le contrat de base qui sert de référence. Au final, il n’y a pas de prise en compte de la manière dont aura été gérée l’entreprise pendant le passage à la direction de cette entreprise du dirigeant en question. C’est cela que vous êtes en train de décider. Pardonnez-moi d’être trivial mais on amuse la galerie.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
………………………………………………………….
(Il est procédé au scrutin.)
Nombre de votants 41
Nombre de suffrages exprimés 41
Majorité absolue 21
Pour l’adoption 15
Contre 26
L'amendement est rejeté.
La parole est à M. Jean-Pierre Brard, pour soutenir l’amendement n° 426.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Quel est l’avis de la commission sur cet amendement ?
(Il est procédé au scrutin.)
Nombre de votants 41
Nombre de suffrages exprimés 41
Majorité absolue 21
Pour l’adoption 15
Contre 26
L’amendement est rejeté.
La parole est à M. le rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques, pour le soutenir.
La parole est à M. le secrétaire d’État chargé des relations avec le Parlement.
Les amendements nos 82 et 109 sont identiques.
L’amendement n° 2 fait l’objet d’un sous-amendement n° 480 du Gouvernement.
L’amendement n° 109 a été retiré.
La parole est à M. le rapporteur général, pour soutenir l’amendement n° 82.
La parole est à M. le rapporteur pour avis de la commission des lois, pour soutenir l’amendement n° 2.
(Le sous-amendement est adopté.)
(L’amendement, ainsi modifié, est adopté.)
Discussion, après déclaration d’urgence, du projet de loi, n° 3, portant règlement définitif du budget de 2006 :
Rapport, n° 66, de M. Gilles Carrez, au nom de la commission des finances, de l’économie générale et du Plan ;
Débat d’orientation budgétaire.
À quinze heures, deuxième séance publique :
Suite de l’ordre du jour de la première séance ;
Suite de la discussion, après déclaration d’urgence, du projet de loi, n° 4, en faveur du travail, de l’emploi et du pouvoir d’achat :
Rapport, n° 62, de M. Gilles Carrez, au nom de la commission des finances, de l’économie générale et du plan,
Avis, n° 61, de M. Dominique Tian, au nom de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales,
Avis, n° 59, de M. Jean-Charles Taugourdeau, au nom de la commission des affaires économiques, de l’environnement et du territoire,
Avis, n° 58, de M. Sébastien Huyghe, au nom de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République.
À vingt et une heures trente, troisième séance publique :
Suite de l’ordre du jour de la deuxième séance.
La séance est levée.
(La séance est levée à dix-neuf heures cinq.)
Le Directeur du service du compte rendu intégral
de l'Assemblée nationale,
Jean-Pierre Carton