1°) Il semble
que le principe d’un retour progressif à des parités monétaires
stables, sous la forme d’un Système Monétaire International,
devrait d’ores et déjà être avancé, même si le monde anglo-américain
y fait obstacle. La plupart des monnaies des pays membres de l’OCDE
devraient être concernées. Le patronat européen, représenté par
« Business Europe » y est favorable.
Parallèlement,
il conviendrait de mettre fin aux pratiques dites de « carry
trade » qui permettent d’emprunter dans les monnaies à bas taux
pour reprêter dans les pays où l’argent est plus cher. Contestables
dans le principe, elles contribuent à aggraver les mouvements
désordonnés des monnaies et créent des risques d’insolvabilité
lorsque la monnaie d’emprunt s’affaisse sur le marché des changes.
2°) Une question
cruciale est au cœur de nombreuses propositions du document : les
activités pour compte propre des banques, confiées aux salles de
marché. Le développement de ces activités a transformé les banques
classiques et les banques d’affaires en « hedge funds » qui
ne disent par leur nom.
On peut
envisager deux solutions non contradictoires.
- Premièrement,
l’obligation d’avancer au moins la moitié des sommes représentées
par le pari sur un actif quelconque.
- Deuxièmement,
un traitement fiscal plus sévère des gains liés à ces paris.
3°) S’agissant de la titrisation, deux solutions possibles
- Premièrement,
limiter cette titrisation à une proportion déterminée des prêts
accordés.
- Deuxièmement,
pratiquer un « haircut » ; les prêts titrisés devraient subir
une décote de huit, dix ou douze pour cent de leur valeur faciale,
afin de dissuader les banques de multiplier les opérations de
titrisation. A titre de référence, la décote opérée depuis peu par
la banque centrale européenne, sur la valeur apparente des actifs
livrés par les banques pour obtenir des liquidités auprès d’elle,
est de douze pour cent.
4°) S’agissant de la rémunération des dirigeants :
- Première
proposition : appliquer la règle de « Rockfeller ». John Rockfeller
s’interdisait une rémunération supérieure à quarante fois le plus
bas salaire versé par son entreprise.
- Deuxième
proposition : abroger les « parachutes dorés ». Les dirigeants sont
protégés par le Code du travail, la convention de branche et la
jurisprudence.
- Troisième
proposition ; abroger les « stock options », qui contribuent à des
décisions stratégiques opportunistes et à une communication
financière trompeuse.
5°) Concernant les paradis fiscaux
L’obstacle est
du côté de la City qui s’adosse aux paradis fiscaux représentés par
certaines anciennes colonies anglaises. C’est à l’Europe
continentale d’agir en créant un délit de non déclaration des sommes
transférées, d’une manière ou d’une autre, vers ces paradis.
Nous devons
ajouter que les banques centrales agissent à contresens.
Désormais, plus elles abaissent leurs taux, et plus elles
encouragent les banques à garder leurs ressources sous forme
liquide. Il y a aujourd’hui près de trois cents milliards d’euros
déposés par les banques dans leurs comptes auprès de la banque de
Francfort avec une rémunération de 2,75%. Les banques peuvent ainsi
se contenter de laisser leurs ressources dans ces comptes ou
d’acheter des bons du Trésor, tandis que les salles de marché
continuent à opérer pour doper, si possible, leur rentabilité. Le
système bancaire fonctionne de plus en plus en circuit fermé.