Session ordinaire
de 2002-2003 - 70ème jour de séance, 173ème
séance
2ème
SÉANCE DU MARDI 25 MARS 2003
PRÉSIDENCE de
M. Jean-Louis DEBRÉ
EXTRAIT
Sommaire
QUESTIONS AU GOUVERNEMENT
2
POLITIQUE
EUROPÉENNE
DE DÉFENSE ET DE SÉCURITÉ 2
GUERRE EN IRAK
4
CONFÉRENCE
INTERNATIONALE POUR LA PAIX AU MOYEN-ORIENT
5
LUTTE CONTRE
D'ÉVENTUELS ATTENTATS SUR LE SOL NATIONAL
6
POLITIQUE EXTÉRIEURE
ET DE SÉCURITÉ EUROPÉENNE 8
La séance est
ouverte à quinze heures.
QUESTIONS
AU GOUVERNEMENT
L'ordre du jour appelle
les questions au Gouvernement.
POLITIQUE
EUROPÉENNE DE DÉFENSE ET DE SÉCURITÉ
M. Laurent
Fabius - Alors que se poursuit la si meurtrière guerre
en Irak, dont chacun souhaite qu'elle soit la plus courte
possible, il est de notre responsabilité politique de créer
les conditions futures d'une paix mondiale durable. Il faudra,
pour cela, réorienter les relations internationales en privilégiant
la solidarité et le droit mais il faudra aussi, et c'est
capital, construire une défense européenne unie.
Une des leçons
qu'apportent les tragiques événements en cours, c'est qu'aucun
pays, aussi puissant soit-il, ne peut assurer à lui seul une sécurité
globale, légitime et efficace. Dans ces conditions, si l'on
veut, comme c'est le cas s'agissant du détestable régime de
Saddam Hussein, parvenir à un désarmement pacifique, il faut
à la fois permettre à l'ONU de contrôler ce désarmement et
disposer de la force militaire indispensable. Or, cette force
militaire, l'Europe n'en dispose pas. De plus, si l'on ne veut
pas que les pays qui appartenaient à l'ancienne Union soviétique
se tournent systématiquement vers le bouclier américain, il ne
faut pas leur intimer le silence mais leur proposer une défense
européenne crédible (Applaudissements sur les bancs du
groupe socialiste).
L'Union européenne
a progressé, et elle a su se doter d'une monnaie unique utile.
Il nous faut maintenant bâtir une Europe scientifique,
technique et sociale et, en même temps, faire de l'Europe de la
défense notre objectif résolu. Il y faut une volonté
politique farouche de la France, de l'Allemagne et de leurs
partenaires - y compris, si possible, de la
Grande-Bretagne. Il faut donc des projets concrets, chiffrés
et, nous l'espérons, débattus au Parlement.
Monsieur le
Premier ministre, si vous partagez cette ambition,
qu'entendez-vous faire en faveur de la défense européenne unie ?
(Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste)
M. Jean-Pierre
Raffarin, Premier ministre - Nous partageons
cette conviction et, comme vous, nous sommes frappés par les
horreurs de cette guerre, déjà trop meurtrière et que nous
souhaitons rapide. Tout au long de la crise irakienne, les Européens
convaincus auront été des Européens déçus. Malgré cela,
nous avons veillé à toujours maintenir des contacts avec tous
les pays du continent, pour éviter que le projet européen ne
soit victime de la guerre en Irak. Des événements qui se sont
succédé, nous avons retiré une part de satisfaction :
que, derrière la France, les peuples d'Europe soient descendus
dans la rue pour clamer que la vision française d'un monde
multipolaire est aussi la leur.
Notre projet
européen impose des efforts, et à notre pays en premier lieu,
car nous ne pourrions convaincre nos partenaires du bien-fondé
de notre approche en laissant notre défense considérablement
affaiblie (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP et du
groupe UDF ; protestations sur les bancs du groupe
socialiste et du groupe des députés communistes et républicains).
C'est pourquoi nous avons mis, par la loi de programmation
militaire, des moyens au service de notre crédibilité (Applaudissements
sur les bancs du groupe UMP et du groupe UDF). Ce
redressement était nécessaire : il signifie que, lorsque
nous parlons de la paix, ce n'est pas par pacifisme (Protestations
sur les bancs du groupe des députés communistes et républicains),
mais avec l'idée que la force doit être mise au service du
droit (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP et du
groupe UDF).
S'agissant de la
construction de l'Europe de la défense, le Gouvernement français
a attaché une grande importance à l'accord conclu à Athènes,
le 15 mars, par les ministres de la défense de l'Union. Je
sais qu'en cette matière, le scepticisme prévaut, car l'élaboration
d'une politique commune est difficile. Pourtant, nous
progressons par étapes. C'est ainsi que des forces européennes
vont se substituer à celles de l'OTAN en Macédoine, et c'est
ainsi qu'en dépit des circonstances, la coopération relative
au porte-avions britannique est réelle (« Très bien ! »
sur quelques bancs du groupe UMP).
Tout cela est difficile à mener
à bien, je l'ai dit, mais nous devons veiller à ce que
l'Europe contribue efficacement à l'équilibre des relations
internationales, cette Europe qui est au centre de la vision
française d'un monde multipolaire. Une politique européenne de
sécurité et de défense commune est indispensable ; il y
faudra du temps, mais elle adviendra si l'initiative
franco-allemande, ouverte à tous nos partenaires, y compris
l'Espagne, y compris la Grande-Bretagne est adoptée de par une
volonté commune (Applaudissements sur les bancs du groupe
UMP et du groupe UDF).
GUERRE
EN IRAK
M. Jean-Pierre
Brard - (Applaudissements sur les bancs du groupe des députés
communistes et républicains et du groupe socialiste) Les
Etats-Unis se livrent à une agression caractérisée et, grâce
au général Franks, nous savons maintenant que la guerre était
préparée depuis un an, qui vise à l'appropriation des
richesses pétrolières de l'Irak, au risque de mettre le feu à
toute la planète.
Par la voix du Président
de la République et par celle du ministre des affaires étrangères,
la France a exprimé clairement sa position. Ayant eu, au cours
des dernières semaines, plus de temps que d'habitude pour
regarder la télévision (Sourires), je tiens à
souligner qu'en entendant M. de Villepin porter la parole
de la France, j'ai été, comme bien d'autres, et quelles que
soient nos origines ou nos convictions, fier d'être Français (Applaudissements
sur les bancs du groupe des députés communistes et républicains
et sur de nombreux bancs du groupe UMP).
Il faut aujourd'hui stopper
l'agression anglo-américaine, empêcher que les B52, engins de
mort assimilables à des armes de destruction massive,
continuent à tuer autant d'innocents, arrêter la guerre et rétablir
le droit international.
Monsieur le
Premier ministre, que comptez-vous faire pour rétablir l'ONU
dans ses prérogatives, en commençant par provoquer une assemblée
générale de l'institution ? Interdirez-vous le
survol de notre territoire par les B52 qui tuent des innocents
en Irak et menacent la sécurité de la population française ?
(Exclamations sur plusieurs bancs du groupe UMP)
Fermerez-vous nos ports aux navires qui participeraient à
l'agression ? (Applaudissements sur les bancs du groupe
des députés communistes et républicains et sur plusieurs
bancs du groupe socialiste)
M. Dominique
de Villepin, ministre des affaires étrangères -
La guerre est maintenant là, avec son visage hideux, son cortège
de souffrances et de victimes. Chacun connaît ici la position
de la France sur ce conflit. Face au terrible régime de Saddam Hussein,
nous avons jusqu'au bout plaidé pour un désarmement pacifique
de l'Irak et mis en garde contre les conséquences de cette
guerre.
Dans les
circonstances actuelles, que veut la France ? Tout d'abord,
que la guerre soit la plus courte et la moins meurtrière
possible. Ensuite, que les pays voisins s'abstiennent de toute
implication dans le conflit, ce qui embraserait la région.
Enfin, que les événements ne conduisent pas à une
radicalisation des esprits et à une flambée du terrorisme.
Il existe néanmoins,
comme l'a souligné le Président de la République, des usages
entre alliés que nous devons respecter, parmi lesquels le droit
de survol (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe UMP ;
protestations sur les bancs du groupe des députés communistes
et républicains).
M. Maxime
Gremetz - Pas pour les hors-la-loi ! (Protestations
sur plusieurs bancs du groupe UMP)
M. le
Ministre - Aucun membre de l'OTAN, quelle que soit sa
position sur le conflit irakien lui-même, n'a remis en question
cet usage.
Que peut faire
aujourd'hui la France ? Tout d'abord, répondre à
l'urgence humanitaire, en prenant part aux discussions en cours
à l'ONU sur l'adaptation de la résolution pétrole contre
nourriture et en aidant les organisations spécialisées de
l'ONU comme les organisations non gouvernementales - j'étais
hier même à Genève devant la commission des droits de l'homme
de l'ONU et rencontrais le président du Comité international
de la Croix-Rouge. Ensuite, rétablir le plus rapidement
possible la pleine souveraineté de l'Irak sur son territoire,
ce qui exige le respect de son intégrité territoriale ainsi
que son unité, et implique que les Nations unies jouent un rôle
central dans la reconstruction du pays (Applaudissements sur
les bancs du groupe UMP et du groupe UDF).
CONFÉRENCE
INTERNATIONALE POUR LA PAIX AU MOYEN-ORIENT
M. Renaud
Donnedieu de Vabres - L'Assemblée nationale suit, heure par
heure, en liaison parfaite avec le Gouvernement (Dénégations
sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des députés
communistes et républicains), l'évolution de
l'intervention américaine et britannique en Irak. Comme nos
concitoyens, nous sommes inquiets de l'évolution du conflit sur
le terrain, laquelle était, hélas, prévisible, et de ses répercussions
au niveau mondial.
La lutte contre
le terrorisme et la réouverture d'un processus de paix crédible
entre Israéliens et Palestiniens sont deux impératifs qui
peuvent rassembler les Européens, et au-delà bien d'autres
peuples et tous les citoyens du monde choqués par les attentats
du 11 septembre et par les massacres quotidiens commis en
Israël et en Palestine.
Vous avez eu
raison de relancer le principe d'une Conférence de paix pour le
Moyen-Orient. La feuille de route établie par le « Quartet »
constitué de l'Union Européenne, de l'ONU, des Etats-Unis et
de la Russie n'est pas une simple précaution de dernière
heure. Cette voie vers la paix est une exigence morale et
politique. Monsieur le ministre des affaires étrangères,
pensez-vous possible de rassembler les gouvernements européens
pour la mettre en _uvre ? Ces gouvernements seraient alors
soutenus par l'Europe des citoyens (Applaudissements sur les
bancs du groupe UMP).
M. Dominique
de Villepin, ministre des affaires étrangères -
La France n'a cessé de le dire ces derniers mois : le
Moyen-Orient n'avait pas besoin d'une nouvelle guerre. Région déjà
fragilisée par de nombreux conflits - dont se nourrit le
terrorisme -, où les fractures politiques, religieuses,
ethniques et culturelles sont nombreuses, s'y expriment la
frustration des peuples ainsi qu'un profond sentiment
d'injustice devant toute politique de deux poids deux mesures.
D'où la
conviction de la France que de la solution du conflit israélo-palestinien,
urgente nécessité, dépend la stabilité de la région tout
entière. Une chance est à saisir. L'objectif, partagé par la
grande majorité des Etats, est de parvenir à la création d'un
Etat palestinien viable et démocratique, aux côtés d'un Etat
d'Israël vivant en sécurité. La méthode est connue :
nous demandons la publication immédiate et la mise en _uvre de
la feuille de route du « Quartet », dont la première
phase consiste en la tenue d'une conférence internationale. Les
circonstances le permettent, depuis la constitution d'un nouveau
gouvernement israélien et la nomination d'Abou Mazen comme
Premier ministre de l'Autorité palestinienne.
Les pays européens,
unis sur les principes quant à l'avenir de cette région, dont
ils sont les partenaires naturels de par l'histoire, la géographie
et la culture, doivent avancer avec détermination, en
concertation étroite avec nos amis américains, pour créer les
conditions indispensables d'une percée politique (Applaudissements
sur les bancs du groupe UMP et du groupe UDF).
LUTTE
CONTRE D'ÉVENTUELS ATTENTATS SUR LE SOL NATIONAL
M. Alfred
Trassy-Paillogues - Monsieur le ministre de l'intérieur,
depuis le déclenchement du conflit en Irak, il est essentiel,
plus encore que par le passé, de garantir la protection de nos
concitoyens et de les rassurer, d'autant que des tensions
croissantes se manifestent entre communautés. D'après un récent
sondage, un Français sur deux s'inquiète des conséquences éventuelles
de cette guerre et 46 % d'entre eux craignent une reprise
des attentats. Face à cette menace, il convient, sans fébrilité
mais avec détermination, de prendre les mesures nécessaires.
Après l'ouverture du centre opérationnel Beauvau la semaine
dernière, quelle organisation a mis en place le Gouvernement
pour parer à toute éventualité ? En un mot, Monsieur le
ministre, pouvez-vous rassurer nos concitoyens et nous-mêmes à
ce sujet ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP)
M. Nicolas
Sarkozy, ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure
et des libertés locales - La première priorité
fixée par le Premier ministre aux préfets, qu'il a réunis la
semaine dernière, est d'empêcher tout dérapage entre
communautés. A cet égard, je tiens à rendre hommage aux
organisateurs des nombreuses manifestations qui ont eu lieu ces
jours derniers et qui, pour l'essentiel, se sont déroulées
dans le calme. Cela n'a pas été le cas dans tous les pays.
Je veux cependant
exprimer l'émotion du Gouvernement devant les agressions
inadmissibles dont certains jeunes ont été victimes du seul
fait qu'ils étaient juifs. Nous ne pouvons tolérer de tels
comportements (Applaudissements sur tous les bancs).
Cette guerre n'est pas la nôtre, et qu'il s'agisse des
musulmans de France ou des juifs de France, chacun a le droit de
prier, de croire, de vivre son appartenance comme il pense
devoir le faire : telle est la leçon de la République.
D'autre part les
préfets ont reçu tous les propriétaires, publics ou privés,
de locaux accueillant du public, pour les inviter à opérer des
contrôles aléatoires. La SNCF et la RATP ont renforcé leurs
mesures de sécurité. La police et la gendarmerie assurent la
protection de deux mille sites. Enfin le nombre des militaires
affectés à la sécurité intérieure a été doublé, en
accord avec Mme Alliot-Marie, pour s'établir à huit cents
(Applaudissements sur les bancs du groupe UMP et du groupe
UDF).
POLITIQUE
ÉCONOMIQUE DU GOUVERNEMENT
M. François
Huwart - (Applaudissements sur les bancs du groupe
socialiste et du groupe des députés communistes et républicains)
Vous avez récemment déclaré, Monsieur le ministre de l'économie,
que l'essentiel des conséquences économiques négatives de la
crise irakienne était derrière nous. Je comprends qu'il ne
soit pas dans votre rôle de faire profession de pessimisme,
mais est-ce si sûr ? Après avoir remonté, les Bourses fléchissent
à nouveau dans la perspective d'un conflit peut-être plus long
que prévu. Mais surtout, au-delà de ces éléments dramatiques
mais conjoncturels, les Français sont durablement inquiets des
conséquences de votre politique - et c'est pourquoi sans doute
vous avez le plaisir de me revoir dans cet hémicycle... (Applaudissements
sur les bancs du groupe socialiste) Ils sont inquiets de la
situation sociale, de la baisse des prévisions de croissance,
du creusement des déficits publics, des plans sociaux en
cascade, de la situation très dégradée des entreprises, et
ils me l'ont dit pendant la campagne électorale. Leur inquiétude
est encore accrue par le manque de lisibilité de votre
politique. La « pente » leur paraît plus forte
qu'il y a dix mois, et la « route » qui devait être
droite, ne leur apparaît plus bien. C'est la confiance qui
manque, et sans elle, sans une forte politique de l'emploi et
une forte politique de solidarité, il n'y a pas de croissance.
Que comptez-vous faire pour redonner confiance aux Français ?
(Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste)
M. Francis
Mer, ministre de l'économie, des finances et de
l'industrie - (Brouhaha sur les bancs du groupe
socialiste ; vifs applaudissements sur les bancs du groupe
UMP) La confiance ne se décrète pas. Elle est le résultat
d'un environnement dans lequel les acteurs économiques voient
que l'avenir leur appartient, qu'il se bâtit par les
initiatives individuelles. L'objectif d'un Gouvernement, quel
qu'il soit, est de créer les conditions pour que ces acteurs,
personnes et entreprises, aient envie de voir l'avenir
positivement.
Tel est bien le
but de notre politique, et il demeure quelle que soit la
conjoncture. Nous avons aujourd'hui des difficultés
conjoncturelles, comme tous les pays du monde (Interruptions
sur les bancs du groupe socialiste). Mais nous avons une
politique : elle consiste à établir les conditions les
plus favorables pour que les problèmes soient résolus par
l'initiative économique. A partir de ces idées, nous avons bâti,
loi après loi et budget après budget, les éléments grâce
auxquels la France, progressivement, saura résoudre ses problèmes
et sortir par le haut de ses difficultés (Applaudissements
sur les bancs du groupe UMP ; exclamations sur les bancs du
groupe socialiste)
POLITIQUE
EXTÉRIEURE ET DE SÉCURITÉ EUROPÉENNE
M. Alain
Marty - Malheureusement, Madame la ministre des
affaires européennes, la guerre d'Irak est déclenchée. Nous
sommes nombreux ici à déplorer cette action unilatérale, hors
du droit international ; et nous sommes nombreux à
soutenir l'action exemplaire du Président de la République,
qui a su faire entendre la voix singulière de la France et de
notre diplomatie. J'ai une pensée pour toutes les victimes de
ce conflit qui était évitable.
De cette crise,
l'Europe sort affaiblie et divisée. Pourtant elle ne peut se
permettre d'être seulement un espace économique. Il faudra,
demain, créer très vite une Europe capable de défendre sa sécurité
et ses intérêts partout dans le monde. Mais ces idées ne sont
pas partagées par tous. Les pays européens sont-ils
aujourd'hui capables d'évoluer vers une diplomatie et une
politique de défense communes ? Ne faut-il pas l'établir
avec les quinze membres actuels dès avant 2004 ? Un tel
projet est important non seulement pour l'Europe mais pour l'équilibre
mondial et la paix (Applaudissements sur les bancs du groupe
UMP).
Mme Noëlle
Lenoir, ministre déléguée aux affaires européennes -
Il est vrai que la guerre d'Irak a divisé l'Europe :
certains ont voulu le recours à la force quand d'autres, dont
notre pays, auraient souhaité que fût mise au premier plan la
responsabilité collective de la communauté internationale - même
si tous avaient le même but : le désarmement de l'Irak.
Est-ce la fin du
projet politique européen ? Certainement pas, et peut-être
même faut-il dire : au contraire. L'Europe a déjà connu
des crises profondes mais n'a jamais cessé de progresser.
Personne ne souhaite que nous fassions marche arrière. Des
travaux sont en cours, et tout d'abord la Convention, dont la présidence
grecque a proposé d'entendre le président dès avril.
Nous constatons
d'autre part l'émergence d'une véritable opinion publique
européenne, qui réclame plus d'Europe, et non pas moins.
Surtout, le
Conseil européen, réuni les 20 et 21 mars à Bruxelles, est
parvenu, quelles que soient les divergences qui subsistent, à
une déclaration commune, associant non seulement les Quinze,
mais aussi les futurs membres. Cette déclaration affirme des
principes essentiels pour l'avenir : intégrité
territoriale et souveraineté de l'Irak, primauté des Nations
unies, renforcement de la PESC.
Nous célébrons
aujourd'hui le 46e anniversaire du traité de Rome :
j'ai réuni ce matin les neuf anciens commissaires européens
français et nous nous sommes accordés pour que la France porte
haut ce message - car si l'Europe existe, notre pays en est un
des principaux bâtisseurs (Applaudissements sur les bancs du
groupe UMP et du groupe UDF).
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