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Cérémonie en l’honneur des 80 parlementaires ayant refusé de voter,
le 10 juillet 1940, la loi constitutionnelle donnant tout pouvoir au
Maréchal Pétain
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Le 10 juillet 1940, dans la salle du théâtre du Casino de Vichy, « l’Assemblée nationale donne tous pouvoirs au gouvernement de la République, sous l’autorité et la signature du maréchal Pétain, à l’effet de promulguer, par un ou plusieurs actes, une nouvelle constitution de l’État français ». Le vote est acquis par 569 voix contre 80. Dès le lendemain et en s’appuyant sur ce vote du 10 juillet, le maréchal Pétain promulgue les trois actes constitutionnels par lesquels il assure les fonctions de chef de l’État français, définit « la plénitude » de son pouvoir gouvernemental et ajourne les chambres. Seuls quatre-vingts parlementaires (cinquante-sept députés et vingt-trois sénateurs), que le général de Gaulle lui-même dénomma « les premiers résistants », se sont opposés à un vote dont la conséquence directe a été la disparition du régime républicain. L'honneur des Quatre-vingts aura été de défendre envers et contre tout la République. Bernard Accoyer, Président de l’Assemblée nationale, s'est rendu à Vichy le vendredi 10 juillet 2009, à l’occasion de la cérémonie en l’honneur des Quatre-vingts.
Le 16 juin
1940, Philippe Pétain, maréchal de France, nouveau président du Conseil,
demande l'armistice pour mettre fin à la déroute militaire mais
entrevoit déjà une révolution culturelle. Comme Hitler laisse la
Wehrmacht marcher sur Bordeaux où s'est réfugié le gouvernement, on
envisage, avant d'y renoncer, qu'une partie de la classe politique gagne
l'Afrique du Nord. Le 10 juillet 1940, Vincent Auriol et Félix Gouin sont parmi les 80 opposants
Dans la
confusion générale, le
Massilia, un transatlantique, emmène déjà un
sénateur et vingt-six députés résistant au défaitisme ambiant, dont
Daladier, Mandel et Mendès France. Mais, à Casablanca, puis à Alger, les
parlementaires sont placés sous surveillance ou poursuivis, voire
empêchés de revenir pour le vote du 10 juillet. Philippe Pétain, chef
d'un gouvernement désormais installé à Vichy, s'intéresse relativement
peu aux institutions. C'est Laval qui conçoit le projet d'amener les
parlementaires à se saborder ; il cherche à se rendre indispensable,
pour mener la grande politique étrangère qui passe désormais selon lui
par la collaboration franco-allemande. D'abord sceptique, Pétain lui
donne carte blanche. Le 9 juillet, les deux Chambres votent à la
quasi-unanimité qu'il y a « lieu de réviser les lois constitutionnelles
». Et le 10, dans le décor insolite de la salle de théâtre du Grand
Casino, c'est la mise à mort de la République. Le projet de loi tient en
un seul article : « L'Assemblée nationale donne tous pouvoirs au
gouvernement de la République, sous l'autorité et la signature du
maréchal Pétain, à effet de promulguer [...] une nouvelle Constitution
de l'État français ». Abasourdis par les événements, alors que les
ténors sont absents ou se taisent, les parlementaires se rallient à
Laval qui alterne promesses et menaces. Par un vote massif, cinq cent
soixante-neuf députés et sénateurs enterrent la IIIe République. Deux groupes de parlementaires ont tenté de faire la part du feu. Des anciens combattants avec un texte confiant tous pouvoirs à Pétain sans lui donner un blanc-seing, mais ils le retirent. Une « déclaration » dite « des 27 », souscrivant à l'esprit de repentance, confirmant l'appel à Pétain « pour mener à bien cette œuvre de salut public et de paix », mais excluant nettement la disparition du régime républicain, doit être lue en séance par son rédacteur, Vincent Badie, radical-socialiste élu à Lodève. Il est physiquement empêché par un Lavalien de gagner la table érigée en tribune, pour défendre son texte, avant que soit votée la clôture de la séance. Vingt-cinq de ces vingt-sept parlementaires font partie des quatre-vingts (3 ex-communistes, 36 SFIO, 27 radicaux, 10 modérés et démocrates chrétiens, 4 non-inscrits) qui refusent de voter les pleins pouvoirs à Pétain et donc d'adhérer au nouveau régime. Le lendemain, Pétain s'octroie les pleins pouvoirs. « L'État français » est né. Jean-Pierre AZEMA. Extrait de Mémoires de France, sous la direction d'Emmanuel de Waresquiel. Ed. L'Iconoclaste, octobre 2006.
- Compte rendu intégral de la séance de l'Assemblée nationale du mercredi 10 juillet 1940
Vincent Badie prit l'initiative de rédiger un texte s'opposant aux pleins pouvoirs au Maréchal Pétain.
Il évoquera plus tard la tension de l'auditoire au moment où il s'apprêtait à lire son texte : « L'auditoire était déchaîné. Mon cœur se mit à battre comme si j'allais défaillir. J'allais accéder à la tribune quand on m'a empêché de l'atteindre. Le député Fernand Bouisson m'a pris par le pan de la veste et, avec l'aide des huissiers, m'a fait descendre de l'estrade. »
Texte manuscrit de la déclaration de Vincent Badie Bibliothèque de l'Assemblée nationale MS 1618-1625 Cliquer sur l'image pour l'agrandir
Voir la biographie de chacun des Quatre-vingts (cliquer sur les noms) Portrait des 80 députés et sénateurs
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Le 19 juin 1940, le gouvernement français décide de partir à Alger pour se soustraire à l’avance allemande. Les parlementaires reçoivent l’ordre de gagner le Verdon où un paquebot , le Massilia, affrété sur les instructions du gouvernement, est mis à leur disposition. Vingt-sept parlementaires - vingt-six députés et un sénateur - embarquent le 21 juin 1940 à destination de Casablanca. Ils espèrent voir transférer le siège des pouvoirs publics dans les départements d’Algérie, afin de poursuivre la lutte contre l’ennemi sur les terres africaines françaises. Ils ne seront pas présents lors des débats et du vote du 10 juillet à Vichy. Les parlementaires passagers du Massilia : - Les députés : - Le sénateur Tony Révillon (Ain, Radical-socialiste).
_____________________________________________ Voir aussi : - La République dans la tourmente (1939-1945) - Les Quatre-vingts et le suffrage universel
- Hommage aux parlementaires ayant refusé, - 70ème anniversaire de l’appel du 18 juin 1940 - Chronologie de l'appel historique du général de Gaulle _____________________________________________
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