Paul Faure

1878 - 1960

Informations générales
  • Né le 3 février 1878 à Périgueux (Dordogne - France)
  • Décédé le 16 novembre 1960 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIIIe législature
Mandat
Du 11 mai 1924 au 31 mai 1928
Département
Saône-et-Loire
Groupe
Parti socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIVe législature
Mandat
Du 29 avril 1928 au 31 mai 1932
Département
Saône-et-Loire
Groupe
Parti socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XVIe législature
Mandat
Du 6 novembre 1938 au 31 mai 1942 *
Département
Saône-et-Loire
Groupe
Socialiste

* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936

Biographies

Né le 3 juin 1878 à Périgueux (Dordogne).

Député de Saône-et-Loire de 1924 à 1932 et de 1938 à 1942.

Ministre d'Etat du 4 juin 1936 au 18 janvier 1938 et du 13 mars au 10 avril 1938.

Le père de Paul Faure était avocat. Républicain avancé, il siégea au Conseil général de la Dordogne, dont il fut le seul membre à manifester des opinions dreyfusardes.

Paul Faure est touché par la propagande socialiste à Bordeaux où il passe quelques mois à l'Ecole de commerce. Il adhère en 1901, l'année même de sa création, à la fédération de la Dordogne du Parti ouvrier français. Il représente sa fédération au congrès de Reims du Parti socialiste de France en 1903, est élu conseiller municipal et maire de Grignols en 1904 - il est alors le plus jeune maire de France - participe au congrès de l'unification socialiste de 1905, fonde en 1906 à Périgueux, avec Ed. Beylot et Thomas Castagnier le Travailleur du Périgord qui deviendra par la suite, sous le titre Le Travailleur du Centre, l'organe des fédérations socialistes de la Creuse, de la Dordogne, de la Corrèze et du Lot. Il embrasse avec enthousiasme les idées de Jules Guesde avec qui il entretient des rapports de disciple à maître, et c'est la pure doctrine guesdiste qu'il expose au congrès socialiste de Limoges en 1906, lorsqu'il demande que le groupe parlementaire socialiste, rejetant toute compromission, pratique une vigoureuse politique d'opposition de classe à la bourgeoisie.

De 1906 à 1914, il se présente à toutes les élections législatives dans la première circonscription de Périgueux contre le député de tendance gauche démocratique Georges Saumande, faisant passer le nombre des suffrages socialistes de 1.063 (sur 15.572) en 1906 à 3.520 (sur 15.322) en 1914.

Une nouvelle période de sa carrière s'ouvre avec la guerre. Il prend alors une position tout à fait originale dans le Parti socialiste en refusant de s'engager tout entier dans le conflit. Mais il revient sur ses réserves initiales dès le 31 août, influencé par l'attitude de Jules Guesde, ministre sans portefeuille dans le cabinet Viviani. Il s'incline devant la volonté de son Parti mais réclame, toutefois, une définition par la France de ses buts de guerre, n'admet pas que l'on reste sourd à toute proposition de paix, demande enfin le rétablissement des relations entre les partis membres de l'Internationale socialiste. Il occupe ainsi avec ses amis de tendance dont les plus éminents sont Jean Longuet, Adrien Pressemane et L.-O. Frossard, une position centriste dans le mouvement socialiste international.

Paul Faure est candidat aux élections de 1919 sur la liste socialiste de la 4e circonscription de la Seine (banlieue). Tous les sièges sont emportés par la liste d'union républicaine et sociale. Dans le débat qui divise les socialistes sur l'affiliation internationale de leur parti, Paul Faure se range dans le camp des « Reconstructeurs » dont il est l'un des dirigeants. Il est partisan de quitter la IIe Internationale et de créer une nouvelle organisation internationale avec les bolchevicks. Mais il précise que cela ne doit pas se faire sans conditions. Cependant, après avoir espéré jusqu'au bout l'impossible compromis qui aurait permis d'éviter la scission, il finit par dire non à l'Internationale communiste. Au lendemain même de la rupture, Paul Faure est désigné comme secrétaire général d'un parti diminué des trois quarts de ses adhérents.

Rédacteur en chef et éditorialiste du Populaire de Paris, secrétaire général du Parti socialiste, Paul Faure le dirigera conjointement avec Léon Blum jusqu'en 1940. Pour les militants de la S.F.I.O., selon une expression courante parmi eux, Léon Blum est la tête du parti et Paul Faure le cœur. Léon Blum, lui-même, dira un jour : « Paul Faure, c'est le meilleur d'entre nous ». Jusqu'à la nouvelle crise qui le déchirera, les deux hommes maintiendront le parti socialiste dans une orthodoxie néo-guesdiste qui résiste à tous les assauts qui viendront de ses ailes droite et gauche.

Pour l'heure, il s'agit de reconstruire « la vieille maison » - et Paul Faure se consacre entièrement à cette tâche.

Il se présente aux élections du 11 mai 1924 en Saône-et-Loire, en 2e place de la liste socialiste et est élu, obtenant 63.198 voix sur 140.822 suffrages exprimés. Il siège aux commissions des affaires étrangères, de l'enseignement et des beaux-arts, puis de l'administration générale, départementale et communale. Son activité parlementaire est principalement orientée vers les questions de politique générale, amnistie, mesures de répression prises contre les communistes, position du parti socialiste en faveur de la représentation proportionnelle, liberté de manifester et condamnation des brutalités policières (à propos de Sacco et Vanzetti en 1928).

Il avait été élu en 1924 maire du Creusot alors que, comme il le reconnaissait lui-même, il ignorait « à peu près tout de la ville, de ses origines, de la nature et de l'importance de son activité économique ».

Il se présente aux élections des 22 et 29 avril 1928 dans la 2e circonscription d'Autun. Après avoir obtenu 6.976 voix contre 7.257 au candidat de l'Alliance démocratique Bataille, 1.240 au communiste et 598 au républicain de gauche, il l'emporte au deuxième tour en réunissant 8.185 suffrages, 7.815 allant à Bataille et 215 se maintenant sur le candidat communiste.

Il est membre de la commission du travail. Il s'intéresse surtout à l'amnistie qu'il réclame en 1928 pour tous les délits politiques et à la politique étrangère. En mars 1929, il exprime l'approbation de son groupe au projet de ratification du pacte Briand-Kellog de renonciation générale à la guerre. Mais il soutient que l'élimination définitive des menaces de guerre ne pourra être obtenue que par la remise en cause de l'ordre colonial et de l'ordre social existants. Il dénonce la politique d'armement du gouvernement et le rôle néfaste des fabricants de matériel militaire ; le 30 janvier 1931, il attaque violemment le président du Conseil Laval, lui rappelant l'évolution politique qui le mena du parti socialiste à la droite, critiquant sa politique dans tous les domaines.

En mai 1932, Paul Faure se représentant dans la 2e circonscription de Saône-et-Loire est battu au premier tour par son adversaire de 1928, Victor Bataille, radical indépendant, n'obtenant que 6.993 voix contre 8.547 sur 15.784 suffrages exprimés.

Son parti ne l'en présente pas moins comme candidat de principe aux élections présidentielles du 11 mai 1932. Il recueille 144 voix, Albert Lebrun étant élu avec 633 suffrages, 12 allant à Paul Painlevé et 8 à Marcel Cachin.

Mais depuis 1927 Paul Faure combat au sein de la S.F.I.O. un courant dirigé par Marcel Déat dont l'objectif est de moderniser la pratique et la doctrine traditionnelle du socialisme. Le secrétaire général du parti n'entend rien lui concéder. En 1933, le groupe parlementaire se trouve opposé à la direction du parti ; en 1934, la scission néo-socialiste est accomplie. Paul Faure garde rigoureusement en mains les rênes de la S.F.I.O. Après février 1934, la lutte reprend dans le parti entre la majorité et les tendances « planiste » et « pivertiste ».

L'année 1934 voit le début du rapprochement entre les partis socialiste et communiste. Paul Faure, s'il ne s'oppose pas ouvertement au mouvement, n'en témoigne pas moins quelque répugnance et méfiance. Il est un des représentants de son parti aux travaux du comité d'organisation du rassemblement populaire.

Après la victoire électorale du Front populaire et avant l'entrée en fonctions du gouvernement Blum, il précise que la conquête du pouvoir par le socialisme est exclue et que le gouvernement ne réalisera pas le programme socialiste mais restera fidèle au contrat limité conclu entre les éléments constitutifs du rassemblement populaire. Léon Blum appelle le secrétaire général du parti à siéger dans les conseils du gouvernement avec le titre de ministre d'Etat. Paul Faure assure la liaison entre le parti et le gouvernement au sein duquel il s'occupe particulièrement des questions touchant la nationalisation des industries de guerre. Après la démission du premier cabinet Léon Blum, il se prononce en faveur de la participation des socialistes au troisième cabinet Chautemps dans lequel il figure de nouveau comme ministre d'Etat jusqu'à la démission des ministres socialistes en janvier 1938. Au Congrès socialiste de Marseille de juillet 1937, il préconise une relance du Front populaire sur un programme comportant d'importantes réformes de structures, et notamment de larges nationalisations. Il redevient ministre d'Etat dans le gouvernement constitué par Léon Blum le 13 mars 1938, achevant définitivement sa carrière ministérielle avec la démission de ce cabinet le 8 avril 1938.

D'avril à juin 1938, le conflit qui oppose Paul Faure et la majorité du parti à la tendance « gauche révolutionnaire » dirigée par Marceau Pivert atteint son paroxysme. Celui-ci qui accuse la direction du parti de n'avoir pas appliqué une politique socialiste, aussi bien dans le domaine intérieur que dans le domaine extérieur, à propos de l'aide à la République espagnole, est, avec ses amis, exclu de la S.F.I.O. au congrès de Royan de juin 1938. Paul Faure s'était montré intraitable, repoussant l'appel à la clémence qu'avait présenté la Fédération de la Haute-Vienne dont il avait été naguère l'un des dirigeants.

Mais avec la crise ouverte par les revendications allemandes sur la Tchécoslovaquie naît le dissentiment qui va rompre l'accord fondamental qui avait permis à Paul Faure et Léon Blum de diriger ensemble le parti socialiste depuis la scission de Tours. Approuvant l'un et l'autre les accords de Munich, bien qu'avec des appréciations différentes, ils se séparent quand il s'agit de définir la politique qu'il convient désormais de suivre. A Léon Blum, partisan de la fermeté vis-à-vis de Hitler et favorable à l'alliance franco-russe, Paul Faure oppose une politique de négociations avec l'Allemagne et de circonspection à l'égard du pacte. Tandis que Léon Blum accepte l'hypothèse d'un gouvernement d'union nationale pour faire face à la menace extérieure, Paul Faure le rejette. Au congrès de Mont-rouge de décembre 1938, le choix du parti doit se faire entre une motion signée Léon Blum et une autre signée Paul Faure. Le premier l'emporte par 4.322 mandats contre 2.837, 1.014 se réfugiant dans l'abstention et 60 se portant sur un texte intégralement pacifiste. Malgré cet échec, Paul Faure conserve le secrétariat général.

Il avait été entre temps, à la faveur d'une élection partielle, réélu député en Saône-et-Loire, mais cette fois dans la 2e circonscription de Charolles, le 6 novembre 1938, au deuxième tour de scrutin. Il l'avait emporté par 8.303 voix contre 7.918 au radical Morin, sur 16.517 suffrages exprimés. Ce passage à la Chambre n'a été marqué de sa part par aucune activité parlementaire. L'affrontement entre les politiques dont les principaux représentants sont Paul Faure et Léon Blum se poursuit jusqu'à la guerre, mais les deux hommes parviennent à s'entendre pour qu'au congrès de Nantes de mai 1939 les militants ne soient pas acculés à un choix décisif, à la rupture ouverte et peut-être à la scission. Ils font voter à une très large majorité un texte de compromis, Paul Faure concédant la nécessité des accords militaires, Léon Blum renonçant à soutenir la participation des socialistes à un gouvernement d'union nationale. Le renouvellement des organismes directeurs du parti étant renvoyé à un congrès extraordinaire, Paul Faure reste secrétaire général.

Avec la signature du pacte germano-soviétique et la déclaration de guerre, les positions restent inchangées, Paul Faure continuant de manifester des réserves à l'égard de la politique qui a prévalu dans son parti et dans le pays. Lors des événements de mai-juin 1940, il ne quitte pas la région parisienne, ne jouant ainsi aucun rôle à Bordeaux, ne participant pas au vote décisif du 10 juillet 1940 à Vichy.

Paul Faure a écrit notamment La scission socialiste en France et dans l'Internationale (1921), Le bolchevisme en France. Farce et imposture (1921), Si tu veux la paix... (1936).



Né le 3 juin 1878 à Périgueux (Dordogne)

Décédé le 16 novembre 1960 à Paris

Député de la Saône-et-Loire de 1924 à 1932 et de 1938 à 1942

Ministre d'Etat du 4 juin 1936 au 18 janvier 1938 et du 13 mars au 10 avril 1938

(voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, tome V, p. 1663 à 1665)

Nommé membre de Conseil national de Vichy pour la Saône-et-Loire, Paul Faure ne donne pas suite - en 1942 et 1943 - aux offres de Pierre Laval qui lui proposait d'entrer au gouvernement. De même, en 1941, il refuse de diriger l'édition parisienne du journal L'Effort qui remplace Le Populaire.

Après la Libération, par sa décision du 19 décembre 1945, le jury d'honneur maintient l'inéligibilité qui le frappait en raison de son vote du 10 juillet 1940, favorable au projet de révision constitutionnelle.

Il s'oppose violemment à la nouvelle direction de la SFIO et tout particulièrement à Daniel Mayer. Prônant un retour aux institutions de la IIIe République et l'élection d'une Chambre des députés et d'un Sénat qui pourraient, le cas échéant, procéder à une révision constitutionnelle, il fonde le Vieux Parti socialiste SFIO dans le but de rassembler les anciens militants socialistes n'ayant pas adhéré à la nouvelle SFIO Le succès de cette initiative se limitera à la Saône-et-Loire.

Hostile aux mesures d'exclusion prises à l'encontre des parlementaires SFIO ayant voté les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain, il crée le Parti socialiste démocratique qui regroupe certains d'entre eux et adhère au Rassemblement des gauches républicaines. Dans le même temps, il préside L'Association des représentants du peuple de la IIIe République : celle-ci, constituée d'élus d'avant 1940, a pour objet de réunir des personnalités qui, indépendamment de choix différents pendant la guerre, sont partisans de la démocratie traditionnelle. Cet attachement conduit Paul Faure à condamner le régime de la presse issu de la Libération et les décisions de justice rendues à cette époque. Dans son livre de Munich à la Ve République publié en 1948, il reprend ses critiques à l'égard de la IVe République, allant même jusqu'à parler de « L'escroquerie de la Résistance ». Il appelle de ses vœux une Ve République. Dès lors, l'ancien dirigeant socialiste se retrouve paradoxalement allié à des forces qu'il avait autrefois combattues ; en 1948, il participe avec son parti à l'Union des Partis de la Démocratie française composée de l'Alliance démocratique (Flandin), des Républicains socialistes (Gounin) et de la Réconciliation française (de Léotard).

Paul Faure exprime alors ses idées dans la République Libre, hebdomadaire qu'il a fondé et dont il assume la direction politique.