Quatrième année polaire internationale (2007-2008)

La saga des Inuit

Présentation du film documentaire « La saga des Inuit : le souffle du grand Nord 

Dossier de presse

 

Série documentaire de 4 x 52 minutes par Jean Malaurie, réalisée par Antonio Wagner et consistant en images restaurées par l'INA, avec un nouveau montage et une réécriture de sept films d'une heure, tournés entre 1974 et 1976.

 

1 - Un peuple légendaire

2 - Vers le meilleur des mondes ?

3 - Le futur a déjà commencé

4 - Le souffle du grand Nord

 

 

JEAN MALAURIE ET LES INUIT

 

En 1948, un jeune géographe rejoint l'expédition polaire menée par Paul-Émile-Victor au Groenland. Ce sont les tous premiers contacts de Jean Malaurie avec l'Arctique et les peuples Inuit Deux ans plus tard il revient sur le terrain et s'y installe pour une année durant laquelle if vivra « à l'esquimaude ». Accompagné seulement de deux couples esquimaux il parcourt le territoire avec ses chiens et ses traîneaux et établit la première . généalogie de la communauté esquimaude la plus septentrionale. C'est au cours de ce séjour que se met en place sa méthode et que se précise sa pensée : refus des cloisonnements disciplinaires, conviction forte qu'il convient de mettre l'homme au cœur de toute recherche.

 

« On ne saurait étudier l'homme boréal autrement que dans son environnement » note dans son journal Jean Malaurie. Au-delà de son travail d'observation scientifique, il s'attache à recueillir les récits de ces hommes, à tenter de pénétrer leur imaginaire afin de saisir de quoi est faîte leur relation au monde dans lequel ils vivent : « Dans l'igloo la réalité devient conte, le narrateur un voyant qui fait resurgir une terrible antique mythologie ». L'histoire des hommes racontée par les hommes eux-mêmes. Ce credo ne quittera plus Jean Malaurie et constituera le principe fondateur de la prestigieuse collection « Terre Humaine » qu'il inaugurera en 1954 avec comme premier titre le récit de sa propre expédition : "Les Derniers Rois de Thulé ». En un demi-siècle,une centaine de titres suivront et plus de dix millions d'exemplaires seront vendus dans le monde.

 

Si Jean Malaurie se fait écrivain, comme plus tard il se fera photographe puis cinéaste, c'est d'abord pour répondre à ce besoin pressant de témoigner devant le plus grand nombre. La découverte qu'il fait inopinément en 1951 de la base américaine secrète nucléaire de Thulé alors en construction est pour lui le choc déclencheur : celui qui s'était fait « le greffier » de ces peuples va désormais devenir leur meilleur avocat. En cinquante ans Jean Malaurie mènera trente et une expéditions arctiques, publiera des centaines d'articles dans des revues scientifiques et quelques ouvrages marquants. Sa notoriété et son engagement auprès de ces peuples l'amèneront à travailler comme conseiller auprès des différents gouvernements se partageant la souveraineté sur ces terres arctiques. Cofondateur et Président d'honneur de l'Académie polaire d'État de Saint-Pétersbourg, Jean Malaurie continue aujourd'hui encore son combat pour l'avenir de ces peuples premiers auprès desquels l'Occident pourrait retrouver le sens du sacré et de ses rapports à la nature.

 

En 1976-1977, Jean Malaurie tourne pour la télévision française une série de sept films qui constituent autant de documents d'une valeur inégalée sur la civilisation des Inuit et qui permettent un regard comparatif, à un même moment sur ces peuples sous administration canadienne, américaine, danoise, et soviétique. La série est tout à la fois un témoignage sur la déculturation que subissent ces peuples et un vibrant hommage à leur civilisation millénaire. L'interrogation essentielle qui se fait jour à travers ces films porte sur leur avenir : « On n'explore plus le Pôle, on l'exploite » s'indigne Malaurie qui conclut sur la nécessité d'une charte internationale de l'Arctique sur le modèle de celle qui existe pour le continent Antarctique.

 

Ces films, tant par le témoignage que portent les images que par le commentaire qu'en fait alors l'auteur, ont acquis aujourd'hui une valeur patrimoniale indéniable. Ils ne sauraient pour autant être présentés tels quels au public d'aujourd'hui habitué à de toutes autres formes d'écriture audiovisuelle et de pédagogie.

 

Il convient de les actualiser dans le commentaire même que fait Jean Malaurie de son propre travail d'ethnologue et de cinéaste. Cette série de quatre films de 52 minutes vise à toucher le plus vaste public international en « réhabilitant » ces documents exceptionnels et en les soumettant au regard d'aujourd'hui de leur auteur dont ils portent la marque si singulière.

 

1 - Un peuple légendaire

 

Ce premier film traite de l'identité esquimaude, du mode vie ancestral des peuples Inuit et de leur rapport à l'environnement sans lequel leur culture ne pourrait se comprendre.

 

Le film s'appuie, outre les images tournées par Jean Malaurie et ses équipes dans les années 70, sur de très riches archives (en noir et blanc et en couleur). Il prend comme point de départ le choc éprouvé par l'auteur qui découvre, lors de sa toute première expédition en 1951, qu'une base militaire américaine est en train de s'installer sur le site de Thulé. C'est à partir du récit de cette expérience traumatisante que le film nous fait découvrir la culture millénaire de ces peuples de chasseurs de l'Arctique, leur organisation sociale et leur mythologie.

 

2 - Vers le meilleur des mondes ?

 

Avec le deuxième épisode, nous entrons de plein pied dans la modernité à laquelle sont brutalement confrontés ces peuples premiers : vie et mort d'une nation d'esquimaux éblouis puis décimés par le mythe d'un progrès désormais inscrit dans leur quotidien mais qui demeure étranger à leurs traditions et valeurs ancestrales. D'un côté (le Groenland danois), une assimilation culturelle accompagnée d'une politique d'assistance sociale et de subventions dans le cadre d'un semblant d'autonomie, de l'autre (le Canada), une résistance Inuit qui s'amorce face à une politique d'assimilation de ces peuples par ailleurs spoliés de la richesse de leur sous-sol.

 

3 - Le futur a déjà commencé

 

Ce troisième film s'attache aux territoires Inuit placés sous souveraineté américaine et soviétique. Comme dans le deuxième épisode, on suit Jean Malaurie dans la découverte qu'il fait de leur situation lors de ses tournages dans le milieu des années 70.

 

Comment deux systèmes politiques opposés, l'un  a priori libéral et ouvert sur les minorités (USA) et l'autre, communiste, ont chacun à sa façon failli dans leur obligation de préserver le précieux trésor d'une humanité qui s'est fixée et développée dans un milieu extrême. Dans l'ex-Union Soviétique la politique des nationalités et l'économie dirigée ont certes amélioré les conditions de vie de ces peuples mais en détruisant les solidarités ancestrales et les rites chamaniques .

 

4 - Le souffle du grand Nord

 

Le quatrième et dernier film de cette série permet à l'auteur de revenir sur le regard qu'il avait posé à l'époque (les années 70) sur les mutations sociales et culturelles auxquelles étaient confrontés ces peuples, Jean Malaurie que nous filmons aujourd'hui nous fait part de l'évolution de sa pensée sur le sujet et présente au public ce qu'il estime être les grands enjeux des années à venir, non seulement pour ces peuples mais plus encore pour l'humanité tout entière. Il revient en s'appuyant sur ses propres images maïs aussi sur de nouveaux documents, sur un demi-siècle d'expéditions arctiques et de vie partagée avec ses amis Inuit.