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le 13 novembre 1998

N° 1111

______

ASSEMBLÉE NATIONALE

CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958

ONZIÈME LÉGISLATURE

Enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 8 octobre 1998.

RAPPORT

FAIT

AU NOM DE LA COMMISSION DES FINANCES, DE L'ÉCONOMIE GÉNÉRALE ET DU PLAN (1) SUR
LE PROJET DE loi de finances pour 1999 (n°1078),

PAR M. DIDIER MIGAUD,

Rapporteur Général,

Député.

--

ANNEXE N° 11
ÉCONOMIE, FINANCES et INDUSTRIE
CHARGES COMMUNES

Rapporteur spécial :
M. THIERRY CARCENAC

Député

____

(1) La composition de cette commission figure au verso de la présente page.

Lois de finances.

La commission des finances, de l'économie générale et du plan est composée de : MM. Augustin Bonrepaux, président ; Didier Migaud, rapporteur général ; Jean-Pierre Brard, Arthur Dehaine, Yves Tavernier, vice-présidents ; Pierre Bourguignon, Jean-Jacques Jegou, Michel Suchod, secrétaires ; MM.  Maurice Adevah-Poeuf, Philippe Auberger, François d'Aubert, Dominique Baert, Jean-Pierre Balligand, Gérard Bapt, François Baroin, Alain Barrau, Jacques Barrot, Alain Belviso, Christian Bergelin, Éric Besson, Jean-Michel Boucheron, Michel Bouvard, Mme Nicole Bricq, MM. Christian Cabal, Jérôme Cahuzac, Thierry Carcenac, Gilles Carrez, Henry Chabert, Didier Chouat, Alain Claeys, Yves Cochet, Charles de Courson, Christian Cuvilliez, Jean-Pierre Delalande, Francis Delattre, Yves Deniaud, Michel Destot, Patrick Devedjian, Laurent Dominati, Raymond Douyère, Tony Dreyfus, Jean-Louis Dumont, Daniel Feurtet, Pierre Forgues, Gérard Fuchs, Gilbert Gantier, Jean de Gaulle, Hervé Gaymard, Jacques Guyard, Pierre Hériaud, Edmond Hervé, Jacques Heuclin, Jean-Louis Idiart, Mme Anne-Marie Idrac, MM. Michel Inchauspé, Jean-Pierre Kucheida, Marc Laffineur, Jean-Marie Le Guen, Guy Lengagne, François Loos, Alain Madelin, Mme Béatrice Marre, MM. Pierre Méhaignerie, Louis Mexandeau, Gilbert Mitterrand, Alain Rodet, Nicolas Sarkozy, Gérard Saumade, Philippe Séguin, Jean-Pierre Soisson, Georges Tron, Philippe Vasseur, Jean Vila.

SOMMAIRE

-

Pages

INTRODUCTION 9

CHAPITRE PREMIER : LA CHARGE DE LA DETTE PUBLIQUE, UNE ÉVOLUTION TENDANCIELLE DÉSORMAIS MODÉRÉE 19

I.- EN 1999, LE BESOIN DE FINANCEMENT DE L'ÉTAT SE RÉDUIRAIT, MAIS LA DETTE CONTINUERA DE CROÎTRE 23

A.- LE DÉFICIT BUDGÉTAIRE RESTE LE PRINCIPAL FACTEUR D'ACCROISSEMENT DE LA DETTE DE L'ÉTAT 23

B.- LE BESOIN DE FINANCEMENT DE L'ÉTAT DEVRAIT DIMINUER FORTEMENT EN 1999 30

1.- Le financement définitif du Trésor en 1997 32

2.- Les prévisions de financement du Trésor en 1998 35

3.- Une nouvelle décrue du besoin de financement en 1999 35

4.- Le programme de financement de la gestion 1999 repose intégralement sur des ressources à moyen et long terme 37

C.- L'ÉCHÉANCIER DE LA DETTE REFLÈTE IMPARFAITEMENT L'ALOURDISSEMENT TENDANCIEL DES AMORTISSEMENTS 38

II.- LA PARTICIPATION À LA TROISIÈME PHASE DE L'UNION ÉCONOMIQUE ET MONÉTAIRE JUSTIFIE DE POURSUIVRE LES EFFORTS DE MODERNISATION DE LA DETTE DE L'ÉTAT 41

A.- L'ENGAGEMENT DE L'ÉTAT SUR L'ACTUEL MARCHÉ DE L'ÉCU DEVRAIT CONFORTER SA POSITION SUR LE FUTUR MARCHÉ DE L'EURO 41

1.- Une politique volontariste a fait du Trésor le principal émetteur souverain sur le marché de l'écu 41

2.- La conversion en euro de la dette de l'État dès les premiers jours de 1999 donnera de la profondeur au marché des titres publics français 44

3.- Le Trésor dispose de réels atouts pour devenir un émetteur de référence 46

B.- LA POLITIQUE D'ÉMISSION DEVRA CONTINUER À S'ADAPTER TOUT EN PRÉSERVANT DES ACQUIS IMPORTANTS 47

1.- Le réseau des SVT : une passerelle indispensable entre l'État et le marché 47

2.- La maturité de la dette : une protection efficace contre le risque de taux 49

3.- Les OAT destinées aux personnes physiques : une forme de placement à redéfinir ? 51

4.- Les OAT à taux variable : un renouveau bienvenu 53

C.- L'EFFICACITÉ DU MARCHÉ SECONDAIRE CONDITIONNERA POUR PARTIE L'INTÉRÊT ACCORDÉ AUX TITRES D'ÉTAT FRANÇAIS 56

1.- Le volume des échanges sur valeurs du Trésor témoigne d'une certaine maturité de leur marché secondaire 57

2.- Les contrats proposés par le MATIF se sont adaptés à la prochaine introduction de l'euro 62

D.- LE TRÉSOR DEVRA POURSUIVRE SA POLITIQUE DE GESTION ACTIVE DE LA DETTE 65

1.- Le Fonds de soutien des rentes restera l'outil privilégié des interventions courantes du Trésor sur les marchés 65

2.- Les rachats et échanges de titres sont désormais les instruments traditionnels d'interventions ponctuelles 68

3.- La gestion active de la dette contribue marginalement à diminuer son coût 72

III.- LA MODÉRATION DE LA CHARGE DE LA DETTE LAISSE ENTREVOIR LA POSSIBILITÉ DE STABILISER LE RATIO D'ENDETTEMENT À L'HORIZON 2000 73

A.- LES TAUX D'INTÉRÊT NE DEVRAIENT PAS CONNAÎTRE DE DÉCALAGE SENSIBLE EN 1999 74

1.- Les hypothèses de taux associées au projet de loi de finances pour 1999 74

2.- Les perspectives d'évolution des taux d'intérêt 75

B.- LA CHARGE NETTE DE LA DETTE CROÎTRAIT MODÉRÉMENT EN 1999 78

1.- Le service de la dette négociable 78

2.- Le service de la dette non négociable 81

3.- Une augmentation sensible des recettes d'ordre 86

C.- L'ÉTAU DE LA DETTE POURRAIT ENFIN SE DESSERRER À L'HORIZON 2000 88

CHAPITRE II : LES CHARGES BUDGÉTAIRES COMMUNES 91

I.- LES CHARGES DE FONCTIONNEMENT DES INSTITUTIONS POLITIQUES 91

A.- LES CRÉDITS DES POUVOIRS PUBLICS 91

B.- LE FINANCEMENT DES PARTIS POLITIQUES 93

II. LES DÉPENSES RELATIVES À LA FONCTION PUBLIQUE : RÉMUNÉRATIONS, PENSIONS, CHARGES SOCIALES 97

A.- LES CRÉDITS POUR RÉMUNÉRATIONS D'ACTIVITÉ 97

B.- DES CRÉDITS POUR PENSIONS REMODELÉS 99

1.- La budgétisation des charges de pension de La Poste : une clarification des crédits initiaux 99

2.- La nécessité d'un diagnostic précis sur les perspectives du régime de retraite des fonctionnaires 103

3.- Le régime de pensions des ouvriers des établissements industriels de l'État 106

C.- LES CHARGES SOCIALES DE L'ÉTAT 108

1.- Les cotisations sociales à la charge de l'État employeur 108

2.- Les charges relevant de la participation de l'État aux mécanismes de compensation 109

III.- LES DÉPENSES DE FONCTIONNEMENT COURANT DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES 111

A.- UNE FORTE CROISSANCE DES CRÉDITS POUR DÉPENSES ORDINAIRES 111

B.- DES CRÉDITS INITIAUX POUR DÉPENSES EN CAPITAL RÉDUITS À ZÉRO PAR UN TRANSFERT ENTRE SECTIONS 119

CHAPITRE III : LES DÉPENSES D'INTERVENTION DU TRÉSOR 123

I.- LES CRÉDITS D'INTERVENTION ÉCONOMIQUE MARQUÉS PAR LE TRANSFERT DES CRÉDITS POUR L'EMPLOI 123

A.- LES CRÉDITS D'ALLÉGEMENT DE COTISATIONS SOCIALES : UN TRANSFERT LOGIQUE VERS LE BUDGET DE L'EMPLOI 123

1.- Un transfert justifié par la stabilisation des actions financées sur le chapitre 44-75 123

2.- La gestion des crédits en 1997 et 1998 124

B.- L'ENCOURAGEMENT À LA CONSTRUCTION IMMOBILIÈRE 127

1.- Des transferts récurrents venant du budget du Logement 128

2.- La gestion des crédits en 1997 et 1998 et les demandes budgétaires pour 1999 130

3.- La politique de l'épargne-logement : le soutien à l'épargne prime le soutien au logement 133

C.- LES INTERVENTIONS EN DIRECTION DES ENTREPRISES 135

1.- Une légère érosion des crédits consacrés aux garanties 135

2.- Les dotations aux fonds de garantie de la Sofaris 142

3.- Une nouvelle diminution des crédits demandés pour bonification d'intérêts 143

4.- Les autres interventions 146

II.- LES INTERVENTIONS À CARACTÈRE SOCIAL 148

A.- LA RÉSORPTION NATURELLE DE CERTAINS DISPOSITIFS 148

1.- L'adoption de la loi d'orientation de lutte contre les exclusions justifie la suppression du chapitre 44-76 148

2.- Les crédits destinés aux rapatriés se limitent désormais à la contribution de l'État à l'amélioration des retraites 149

B.- LES DOTATIONS À DIVERS ORGANISMES ET FONDS VERSANT DES PRESTATIONS SOCIALES 151

1.- Les dépenses du fonds spécial d'invalidité 151

2.- La stabilité de la subvention d'équilibre au régime spécial de la SEITA 152

C.- LES AIDES À DESTINATION DES PUBLICS SCOLAIRES 153

1.- Le transfert de la dotation relative à l'aide à la scolarité 153

2.- L'absence de dotation initiale pour une éventuelle majoration de l'allocation de rentrée scolaire 154

III.- LES INTERVENTIONS INTERNATIONALES DU TRÉSOR : LE DEUXIÈME BUDGET DE L'AIDE AU DÉVELOPPEMENT 155

A.- L'AIDE MULTILATÉRALE : LA STABILISATION DES CRÉDITS DE PAIEMENT 158

B.- L'AIDE BILATÉRALE 161

1.- L'érosion tendancielle des annulations de dette 161

2.- Une diminution non significative du montant des dons 163

3.- Les mécanismes de garantie et de bonification d'intérêts 165

IV.- LES RELATIONS FINANCIÈRES DU TRÉSOR AVEC LES COLLECTIVITÉS LOCALES 167

A.- LES DÉGRÈVEMENTS D'IMPÔTS LOCAUX : UN RALENTISSEMENT PROBABLE 168

1.- Les dégrèvements de taxe professionnelle 169

2.- Les dégrèvements de taxe d'habitation 173

3.- Les dégrèvements de taxes foncières 175

B.- LES AUTRES ACTIONS DU TRÉSOR EN DIRECTION DES COLLECTIVITÉS LOCALES 176

1.- Le taux réduit de taxe de publicité foncière ou de droit d'enregistrement au profit des " jeunes agriculteurs " 176

2.- Le fonds national de péréquation 177

3.- Les travaux de sécurité dans les écoles 177

4.- L'aide aux villes nouvelles 180

EXAMEN EN COMMISSION 185

ARTICLE 77 : Majoration légale des rentes viagères 187

ARTICLE 78 : Mise à disposition de La Poste des fonds des comptes courants postaux 192

ANNEXE 199

INTRODUCTION

En 1999, le budget des Charges communes devrait perdre quelque peu le caractère " interministériel " qui fait de lui un reflet fidèle des différents domaines d'intervention de l'État. En effet, des changements de structure importants réduisent les crédits des Charges communes consacrés aux interventions sociales et plus particulièrement à la politique de l'emploi. Pour autant, ce budget conserve entière sa vocation à couvrir les dépenses qui ne peuvent être rattachées à une politique sectorielle et un département ministériel, ou qui, au contraire, concernent plusieurs d'entre eux. Ainsi, plusieurs catégories de " charges communes " peuvent être distinguées :

- les charges qui ne sauraient figurer dans aucun budget : les dépenses budgétaires relatives à la dette publique, les remboursements et dégrèvements d'impôts, les dépenses en atténuation de recettes, les dépenses relatives au fonctionnement des pouvoirs publics, etc. font partie de son domaine naturel ;

- les charges qui possèdent un caractère interministériel : le budget des Charges communes porte par exemple des crédits globaux destinés à être répartis en cours d'exercice, soit pour des dépenses accidentelles (secours aux victimes de calamités) soit pour des dépenses de gestion courante (soutien à des projets d'équipement informatique) ;

- les charges qui reflètent les compétences propres de l'administration des finances : celle-ci, à travers ses différentes directions, assure au nom de l'État les relations avec les organismes de sécurité sociale, les établissements bancaires et financiers ou les organismes financiers internationaux.

Concrètement, les charges communes sont gérées et liquidées par le " ministère chargé des finances ". Le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie ainsi que le secrétaire d'État au budget sont actuellement les ordonnateurs principaux des crédits inscrits sur ce budget.

Traditionnellement, le budget des Charges communes constitue la section budgétaire la plus largement dotée. Avec 680,9 milliards de francs de crédits bruts demandés pour 1999, il représente plus de 34% des crédits bruts du budget général.

Les crédits bruts incluent les remboursements et dégrèvements, dépenses en atténuation de recettes, qui sont portés, au sein du budget général, par le seul budget des Charges communes. Les crédits nets de remboursements et dégrèvements, qui apparaissent plus représentatifs des dépenses réelles de l'État, atteindraient 374,3 milliards de francs, soit 22,2% des crédits nets du budget général en 1999.

Une approche en termes de dette nette - plus pertinente lorsque l'analyse porte sur l'impact économique des dépenses budgétaires - impose de déduire des crédits nets les recettes d'ordre découlant de la gestion de la dette publique, qui viennent en atténuation de la charge de la dette.

Pour 1999, les recettes d'ordre sont estimées à 16 milliards de francs. Les crédits des Charges communes, nets de remboursements, de dégrèvements et de recettes d'ordre s'élèveraient ainsi à 358,3 milliards de francs, soit 21,5% du total des crédits nets hors dépenses d'ordre inscrits sur le budget général.

En exécution, les dépenses nettes du budget des Charges communes représentent près du tiers des dépenses nettes du budget général. En effet, les crédits pour charges de pension, répartis entre les différents fascicules budgétaires dans la loi de finances initiale, sont transférés en cours de gestion sur le budget des Charges communes, qui inclut les chapitres d'imputation de la dépense.

ÉVOLUTION DU BUDGET DES CHARGES COMMUNES
(charges nettes de remboursements et dégrèvements)

 

1992

1993

1994

1995

1996

1997

LFI 1998

PLF 1999

I.- Budget des Charges communes (a) (en milliards de francs) :

               

1) Crédits initiaux

290,28

287,51

331,22

344,21

381,09

401,67

396,63

374,27

2) Crédits ouverts (b)

447,24

467,86

496,61

536,28

582,31

545,38

-

-

3) Dépense nette

455,10

471,78

493,30

540,22

546,25

549,26

-

-

II.- Part des Charges communes dans le budget général (en pourcentage)

               

1) Crédits initiaux

22,0%

21,0%

22,8%

23,1%

24,5%

25,4%

24,8%

22,2%

2) Crédits ouverts

30,5%

30,2%

31,5%

32,6%

37,0%

34,6%

-

-

3) Dépense nette

31,9%

31,4%

31,8%

33,8%

33,3%

33,2%

-

-

(a) Hors remboursements et dégrèvements d'impôts (chapitres 15-01, 15-02 et 15-07) qui s'élevaient à 279,237 milliards de francs dans la loi de finances initiale pour1998, et atteindraient 306,67 milliards de francs en 1999.

(b) Dont le transfert en gestion sur le budget des Charges communes des crédits de pension inscrits en loi de finances initiale sur les différents budgets.

CHARGES COMMUNES :
RÉPARTITION DES CRÉDITS BRUTS PAR TITRE ET PAR PARTIE

(en millions de francs)

Part dans les crédits bruts 1999
(en %)

NATURE DE LA DÉPENSE

LFI 1998

PLF 1999

Écart

 

TITRE I - Dette publique et dépenses en atténuation de recettes

     

35,8

Partie 1 : Dette négociable à long, moyen ou court terme

238.308

243.559

+ 2,2%

1,4

Partie 2 : Dette non négociable, dette à vue

10.037

9.381

- 6,5%

0,0

Partie 3 : Charges diverses résultant de la gestion de la dette et frais de trésorerie

310

310

+ 0,0%

0,2

Partie 4 : Garanties

1.566

1.482

- 5,4%

45,3

Partie 5 : Dépenses en atténuation de recettes

281.137

308.670

+ 9,8%

82,7

Total pour le titre I

531.358

563.403

+ 6,0%

 

TITRE II - Pouvoirs publics

     

0,7

Total pour le titre II

4.395

4.502

+ 2,4%

 

TITRE III - Moyens des services

     

0,0

Partie 1 : Personnel. Rémunérations d'activité

3.000

0

- 100,0%

4,3

Partie 2 : Personnel. Pensions et allocations

11.975

29.503

+ 146,4%

8,0

Partie 3 : Personnel en activité et en retraite. Charges sociales

51.759

54.512

+ 5,3%

0,1

Partie 4 : Matériel et fonctionnement des services

1.021

638

- 37,5%

0,0

Partie 6 : Subventions de fonctionnement

5

5

+ 1,3%

0,4

Partie 7 : Dépenses diverses

1.979

2.737

+ 38,3%

12,8

Total pour le titre III

69.739

87.395

+ 25,3%

 

TITRE IV - Interventions publiques

     

0,1

Partie 1 : Interventions politiques et administratives

659

692

+ 4,9%

0,1

Partie 2 : Action internationale

535

543

+ 1,6%

2,1

Partie 4 : Action économique. Encouragements et interventions

57.676

14.467

- 74,9%

0,7

Partie 6 : Action sociale. Assistance et solidarité

5.837

4.701

- 19,5%

0,0

Partie 7 : Action sociale. Prévoyance

525

326

- 38,0%

3,0

Total pour le titre IV

65.232

20.728

- 68,2%

99,3

Total pour les dépenses ordinaires

670.724

676.028

+ 0,8%

 

TITRE V - Investissements exécutés par l'État

     

-

Partie 4 : Entreprises industrielles et commerciales

0

0

n.s.

-

Partie 7 : Équipements administratifs et divers

120

0

- 100,0%

0,05

Partie 8 : Investissements hors de la métropole

85

349

+ 310,6%

0,05

Total pour le titre V

205

349

+ 70,2%

 

TITRE VI - Subventions d'investissement accordées par l'État

     

0,01

Partie 4 : Entreprises industrielles et commerciales

100

57

- 43,0%

0,02

Partie 5 : Logement et urbanisme

105

108

+ 2,6%

-

Partie 6 : Équipement culturel et social

0

0

n.s.

0,03

Partie 7 : Équipement administratif et divers

265

215

- 18,9%

0,61

Partie 8 : Investissements hors de la métropole

4.467

4.182

- 6,4%

0,67

Total pour le titre VI

4.937

4.562

- 7,6%

0,72

Total pour les dépenses en capital

5.142

4.911

- 4,5%

100

Total pour les Charges communes

675.866

680.939

+ 0,8%

55,0

Pour mémoire : crédits nets de remboursements et dégrèvements

396.630

374.269

- 5,6%

A.- DES CHANGEMENTS DE PÉRIMÈTRE IMPORTANTS

A s'en tenir à une comparaison directe entre les crédits de la LFI 1998 et ceux du PLF 1999, le budget des Charges communes connaîtrait en 1999 une évolution particulièrement favorable : les crédits bruts croîtraient de 0,8% seulement ; les crédits nets de remboursements et dégrèvements diminueraient de 5,6% ; les crédits nets de remboursements, de dégrèvements et de recettes d'ordre décroîtraient de 6,4%.

Cependant, une telle approche est peu significative, car le budget des Charges communes subit, dans le projet de loi de finances pour 1999, des changements de structure portant au total sur près de 59,5 milliards de francs en termes de masses déplacées, soit 44,1 milliards de francs en minorations de dotations et 15,4 milliards de francs en majorations de dotations.

· Le principal de ces mouvements provient du transfert des crédits précédemment inscrits sur le chapitre 44-75 " Mesures exceptionnelles en faveur de l'emploi et de la formation professionnelle " vers le chapitre 44-77 " Compensation de l'exonération des cotisations sociales " du budget de l'Emploi, pour un montant de 43 milliards de francs. Ces crédits trouvent, avec ce transfert, leur support budgétaire et leur gestionnaire " naturels ", après une période transitoire de près de 6 ans.

Dans la même perspective, le chapitre 44-76 " Mesures exceptionnelles en faveur de la cohésion sociale ", qui avait vocation à accueillir des crédits à répartir en cours de gestion, est supprimé (225 millions de francs en 1998). Cette mesure ne donne pas lieu, formellement, à un transfert de crédits ; en effet, les crédits afférents à la lutte contre les exclusions sont désormais inscrits directement sur chaque budget intéressé. Elle doit néanmoins être recensée au titre des changements de périmètre.

Les crédits de l'article 40 (Aide à la scolarité) du chapitre 46-90 " Versements à divers régimes obligatoires de sécurité sociale " sont transférés sur le chapitre 43-71 " Bourses et secours d'études " du budget de l'Enseignement scolaire. Ce transfert, qui porte sur 799 millions de francs, participe de la création d'un dispositif rénové et élargi des bourses des collèges.

Les crédits du chapitre 57-05 " Équipement administratif. Acquisitions, constructions et aménagement d'immeubles nécessaires au fonctionnement de administrations et services publics de l'État ", à l'exception de ceux de l'article 10 (Acquisitions immobilières), sont transférés vers le chapitre 57-07 " Cités administratives. Acquisitions, constructions et aménagement d'immeubles " du budget des Services généraux du Premier ministre, créé à cette occasion. Ce transfert porte sur 120 millions de francs (montant des crédits de paiement 1998). Par ailleurs, les autorisations de programme et les crédits de paiement en compte sur le chapitre sont également transférés, pour des montants respectifs de 289,2 millions de francs et 104,5 millions de francs.

· En sens inverse, les crédits du chapitre 44-95 " Participation à divers fonds de garantie " sont abondés de 550 millions de francs en raison d'un transfert en provenance du compte d'affectation spéciale n° 902-24 qui recueille et utilise le produit de la mise sur le marché des actions et titres d'entreprises publiques. Il est satisfaisant de voir que certaines des dépenses courantes financées jusqu'ici par des recettes de privatisation sont désormais inscrites au budget général.

Enfin, les crédits pour charges de pension, inscrits sur le chapitre 32-97, sont majorés de 14,8 milliards de francs du fait de la budgétisation du fonds de concours qui recueillait auparavant la contribution de La Poste aux charges de pension de ses fonctionnaires retraités.

B.- L'ÉVOLUTION DES GRANDS BLOCS DE CRÉDITS

Trois grands blocs de dépenses recouvrent au total près de 95% du budget des Charges communes : les remboursements et dégrèvements (45,3% du total des crédits bruts), la charge de la dette publique (37,2% des crédits), les charges de personnel (12,3%). Le budget des Charges communes est donc essentiellement un budget de comptabilisation des engagements de l'État : l'espace où peuvent s'affirmer de véritables choix politiques est donc assez restreint.

1.- Le comportement dynamique des remboursements et dégrèvements

Les remboursements et dégrèvements atteignent 306,7 milliards de francs. L'évaluation prévisionnelle des charges de l'État pour ce poste de dépenses est difficile : les années précédentes ont vu des décalages sensibles entre les crédits inscrits dans la loi de finances initiale et les dépenses effectives. Par ailleurs, les remboursements et dégrèvements ont connu une évolution contrastée depuis la récession enregistrée en 1993. En sensible réduction cette année-là, ainsi qu'en 1994, ils se sont redressés en 1995 (+ 5,4%) puis ont subi un dérapage violent en 1996 (+ 17,3%). L'année 1997 a vu une modération bienvenue, puisque la hausse des remboursements et dégrèvements s'est limitée à 1,9%. En revanche, dans un contexte de reprise économique confirmée et assise essentiellement sur la demande interne, notamment la consommation des ménages, les remboursements et dégrèvements connaîtraient une très vive augmentation en 1998 (+ 17,3%).

Le projet de loi de finances pour 1999 table sur une stabilité par rapport à l'évaluation révisée pour 1998, elle-même en augmentation de 10% par rapport à l'évaluation initiale pour 1998. Cette prévision de stabilité est cohérente avec le ralentissement de la croissance décrit dans le cadrage macro-économique associé au projet de loi de finances pour 1999.

Les remboursements de TVA s'élèveraient à 157 milliards de francs en 1999 (stabilité par rapport à 1998). Les remboursements et dégrèvements d'impôts locaux seraient de 61,1 milliards de francs (+2,8% par rapport à 1998). Les restitutions d'impôt sur les sociétés atteindraient 38 milliards de francs (- 7,3%).

Les remboursements et dégrèvements représenteraient, en 1999, 16,7% des ressources fiscales brutes, en léger retrait par rapport à 1998 (17,3% en évaluation révisée) mais à un niveau encore supérieur à ce qui a été constaté depuis 1990.

2.- La progression modérée de la charge de la dette

L'année 1999 confirme que la rupture avec la première moitié des années 90 est désormais patente : la progression annuelle de la charge nette de la dette est inférieure à 10 milliards de francs depuis 1997, alors qu'elle a pu atteindre, auparavant, environ 20 milliards de francs à plusieurs reprises.

Ainsi, en prenant pour base de référence les évaluations révisées de 1998, la charge nette de la dette s'accroîtrait de 5 milliards de francs en 1999 et atteindrait 237,2 milliards de francs. Cette progression est moins élevée que celle enregistrée en 1998 (évaluation révisée) par rapport à l'exécution 1997 : + 9,6 milliards de francs. C'est en fait 1997 qui apparaît comme une année singulière, puisque la charge nette de la dette - qui est désormais connue de façon définitive - n'a progressé que de 3 milliards de francs par rapport à 1996.

La détermination de la charge brute de la dette est soumise à deux influences prépondérantes : le besoin de financement de l'État en 1999, qui devrait revenir à 608 milliards de francs en 1998 et diminuerait encore à 528 milliards de francs en 1999, sous l'effet d'une forte réduction des amortissements de BTAN (1) ; le niveau des taux d'intérêt en 1998 et 1999, qui devrait rester modéré, compte tenu de perspectives de croissance moins favorables qu'auparavant.

La charge brute de la dette négociable s'élèverait ainsi à 243,6 milliards de francs. Pour sa part, la charge de la dette non négociable s'établirait à 9,4 milliards de francs. Les charges diverses liées à la gestion de la dette sont stables, à 310 millions de francs, mais cette évaluation en loi de finances initiale n'a, traditionnellement, qu'une faible valeur explicative des dépenses effectivement constatées en exécution.

3.- Le remodelage des dépenses de personnel imputées sur le budget des Charges communes

Les négociations engagées dans la fonction publique s'étant conclues par un accord salarial en février 1998, portant sur plusieurs années, la dotation provisionnelle de 3 milliards de francs inscrite en 1998 sur le chapitre 31-94 " Mesures générales intéressant les agents du secteur public " n'est pas reconduite dans le présent projet.

Les charges de pension (chapitre 32-97) passent de 11,85 milliards de francs à 29,4 milliards de francs, en partie sous l'effet de la budgétisation des charges de pension de La Poste (14,8 milliards de francs), en partie sous l'effet des autres mécanismes de revalorisation des pensions (augmentation du point de la fonction publique, augmentation des effectifs de pensionnés, etc.), pour un montant de 2,7 milliards de francs. Les dotations inscrites dans la loi de finances initiale sur le chapitre 32-97 du budget des Charges communes ne sont pas représentatives des dépenses effectives de pension : le chapitre est abondé en gestion par le transfert des crédits inscrits sur chaque section ministérielle.

Les crédits pour cotisations sociales de l'État augmentent de 976 millions de francs et atteignent 34 milliards de francs en 1999. De même, le crédit destiné au versement de l'État au titre de la compensation des ressources et des charges des régimes de sécurité sociale augmente de 1,8 milliard de francs et s'élève à 20,4 milliards de francs en 1999.

*

* *

1998 - 1999 : RÉCAPITULATION DES PRINCIPAUX ÉCARTS DE CRÉDITS

(en millions de francs)

Imputation

Mesures

PLF 1999

Écarts sur LFI 1998

 

A.- Charges de la dette publique

   

11-05

Service des obligations et emprunts d'État à moyen et long terme

171.504

+ 4.618

11-06, art. 10

Intérêts des bons du Trésor à court terme (BTF)

14.400

+ 1.654

11-06, art. 20

Intérêts des bons du Trésor à moyen terme (BTAN)

57.655

- 1.021

12-01, art. 10

Intérêts des comptes de dépôt au Trésor

727

+ 27

12-01, art. 20

Rémunération de La Poste au titre du dépôt au Trésor des avoirs créditeurs privés des CCP

6.584

- 343

Titre I, 2ème partie

Autres charges de la dette non négociable et de la dette à vue

2.070

- 339

Titre I, 3ème partie

Charges diverses résultant de la gestion de la dette et frais de trésorerie

310

0

 

B.- Garanties

   

14-01, art. 70

Garanties afférentes à l'exportation

665

- 185

14-01 (autres)

Autres dépenses de garantie

817

+ 101

 

C.- Dépenses en atténuation de recettes

   

15-01 §16, 17, 18

Dégrèvements de contributions directes locales

61.100

+ 1.700

15-01 (autres)

Autres dégrèvements et remboursements sur contributions directes

85.000

- 1.500

15-02

Remboursements sur produits indirects et divers

160.100

+ 16.168

15-07

Remboursement forfaitaire aux agriculteurs non assujettis à la TVA

470

+ 20

15-03 et 15-06

Frais de poursuites et de contentieux, décharges de responsabilité et remises de débets

2.000

+ 100

Titre II

D.- Pouvoirs publics

4.502

+ 106

 

E.- Charges de personnel

   

31-94

Provision au titre des rémunérations d'activité des agents publics

0

- 3.000

32-92

Fonds spécial de retraite des ouvriers de l'État

125

0

32-97

Ajustement du crédit global de pensions civiles et militaires

29.379

+ 17.529

33-91, art. 10

Versement à la Caisse nationale d'allocations familiales (apurement)

9.940

+ 384

33-91, art. 20

Cotisations patronales d'assurance-maladie de l'État

23.817

+ 584

33-91, art. 30

Cotisations de l'État au Fonds national d'aide au logement

260

+ 2

33-91, art. 40

Versement de l'État au titre de la compensation et de la surcompensation

20.395

+ 1.777

 

F.- Moyens de fonctionnement des administrations

   

34-91, art. 20

Remboursement à La Poste des frais de gestion des CCP ouverts par les comptables publics

600

- 378

37-01

Remboursement des frais de gestion au titre de concours aux États étrangers

205

+ 55

37-03

Études (relatives notamment au financement des entreprises publiques)

36

+ 3

37-06

Rémunérations des prestations de la Banque de France

730

+ 39

37-94

Ajustement du crédit global pour dépenses éventuelles

600

+ 315

37-95

Ajustement du crédit global pour dépenses accidentelles

600

+ 340

 

G.- Interventions

   

41-24

Fonds national de péréquation

677

+ 38

42-07

Application de conventions fiscales passées entre la France et des États étrangers

543

+ 8

44-75

Mesures exceptionnelles en faveur de l'emploi

suppr.

(- 43.005)

44-76

Crédit global relatif aux mesures exceptionnelles en faveur de la cohésion sociale

suppr.

(- 225)

Imputation

Mesures

PLF 1999

Écarts sur LFI 1998

44-91, art. 10 à 40

Crédits d'encouragement à la construction immobilière

8.450

- 150

44-91, art. 80

Prêts aidés pour d'accession à la propriété

295

+ 32

44-95

Participation à divers fonds de garantie

747

+ 597

44-98

Participation de l'État au service d'emprunts à caractère économique

4.950

- 455

46-90, art. 40

Aide à la scolarité

suppr.

(- 828)

46-90, art. 10 et 20

Autres versements à divers régimes obligatoires de sécurité sociale

496

+ 6

46-91

Indemnisation des rapatriés, moratoire des dettes, etc.

80

- 180

46-92

Fonds spécial d'invalidité

1.580

- 4

46-98

Subvention au fonds d'indemnisation des transfusés contaminés par le sida

100

- 150

47-92

Contribution de l'État à l'amélioration des retraites des rapatriés

274

- 196

 

H.- Dépenses en capital (crédits de paiement)

   

58-00

Participation de la France au capital d'organismes internationaux

349

+ 264

64-00

Interventions en faveur des petites et moyennes entreprises

57

- 43

65-01

Aide aux villes nouvelles

108

+ 3

67-04

Soutien à l'activité économique : travaux de sécurité dans les écoles

215

- 50

68-00

Aide extérieure

300

- 314

68-02

Fonds européen de développement

1.612

0

68-04

Participation de la France à divers fonds internationaux

2.270

+ 29

CHAPITRE PREMIER :
LA CHARGE DE LA DETTE PUBLIQUE,
UNE ÉVOLUTION TENDANCIELLE DÉSORMAIS MODÉRÉE

(en milliards de francs)

LA CHARGE DE LA DETTE DE l'ÉTAT EN 1999

I.- HYPOTHÈSES RETENUES

- Déficit à financer (en exercice) : 236,6 (257,9 en 1998)

- Amortissements de titres à moyen et long terme : 282,3 (334,8 en 1998)

- Émissions à moyen et long terme : 530 (590 en 1998)

- Émissions nettes à court terme (BTF) : + 28 (+ 18 en 1998)

- Taux d'intérêt moyens : - court terme (BTF) en 1999 : 4,0% (LFI 1998 : 3,5%)

- moyen terme (BTAN) en 1998 : 4,3% (LFI 1998 : 4,45%)

- long terme (OAT) en 1998 : 5,0% (LFI 1998 : 5,75%)

II.- ÉVOLUTION ATTENDUE

- Encours de dette constaté fin 1997  : 3.790,3 = 46,6% du PIB

dont dette négociable : 3.377,6 (89,1% du total)

- Projections : - 4.050 fin 1998 : 47,7% du PIB

4.290 fin 1999 : 48,6% du PIB

- Dette publique totale au sens de Maastricht : 58,7% du PIB en 1999

(critère de convergence : 60%)

- Charge nette : - constatée en 1997 : 222,5

- prévue en 1998 : 234,8

- prévue en 1999 : 237,2

- Charge nette de la dette négociable à moyen et long terme = 91% du déficit.

- Excédent primaire : 0,6 en 1999.

NOTIONS FONDAMENTALES SUR LES " VALEURS DU TRÉSOR "

Au milieu des années quatre-vingts, il est apparu que les besoins de financement de l'État devaient s'accroître très fortement et que le Trésor ne pourrait plus recourir à ses moyens traditionnels de financement, à savoir principalement l'accès à des ressources non négociables, à bon marché.

Le Trésor s'est fait alors l'instigateur et l'acteur principal d'une réforme visant à modifier profondément la nature des titres émis par l'État, ainsi que les conditions de leur mise sur le marché et de leur négociation sur le marché secondaire. Par là même, il a impulsé des mutations essentielles pour le financement de l'économie française. Trois principes structurent la politique d'émission.

1/ La simplicité. La dette négociable de l'État a été réorientée autour de trois composantes standardisées, les " valeurs du Trésor ". Elles se distinguent par leurs échéances, qui couvrent tous les domaines de la courbe des taux :

- les BTF (bons du Trésor à taux fixe et intérêts précomptés) couvrent les besoins de trésorerie à court terme : leur durée de vie à l'émission est inférieure à un an. Ils financent les décalages temporaires de trésorerie entre les encaissements et les décaissements. Cependant le Trésor utilise aussi les BTF comme variable d'ajustement dans son programme de financement ; ainsi, l'encours des BTF peut varier d'une année sur l'autre ;

- les BTAN (bons du Trésor à taux fixe et intérêt annuel), dont la durée de vie à l'émission est de 2 ou 5 ans, assurent un financement à moyen terme ;

- les OAT (obligations assimilables du Trésor) sont l'instrument du financement à long terme du Trésor : leur durée de vie à l'émission peut aller jusqu'à 30 ans. Une ligne d'OAT à 10 ans est émise chaque année, et sert d'emprunt de référence au marché obligataire français.

Le Trésor n'a plus recours que de façon exceptionnelle à des emprunts spécifiques. Depuis 1990, seul l'emprunt 6% 1997 émis en juillet 1993 échappe aux trois catégories définies plus haut.

2/ La transparence. Pour assurer le placement de ses titres, le Trésor a fait le choix d'une procédure assurant l'égalité de tous les investisseurs et leur mise en concurrence : l'adjudication " à prix demandé ". Les offres des investisseurs soumissionnaires sont compilées par la Banque de France et présentées, de façon anonyme, au Trésor. Celui-ci décide du montant des soumissions qu'il retient, pour chacune des propositions qui lui sont faites, dans la limite de la fourchette annoncée auparavant pour le volume total de titres qu'il souhaite émettre.

Par ailleurs, le Trésor publie en début d'année un calendrier prévisionnel d'émission et s'attache à respecter la régularité des appels au marché. Ainsi, une adjudication d'OAT a lieu le premier jeudi de chaque mois, tandis que les BTAN sont adjugés le troisième jeudi de chaque mois. Les BTF sont adjugés chaque lundi.

La procédure de syndication, qui consiste à préplacer le montant de l'emprunt auprès d`un syndicat d'établissements financiers chargé d'assurer ensuite son véritable placement auprès des investisseurs, n'est plus utilisée que de façon exceptionnelle. L'État y a essentiellement recours pour le premier placement de titres aux caractéristiques innovantes.

3/ La liquidité. Attirer les investisseurs vers la dette de l'État supposait que fût rénové par ailleurs, pour le dynamiser, le marché secondaire. Le dynamisme du marché repose en partie sur la liquidité des titres qui peuvent s'y négocier. C'est pourquoi le Trésor a fait le choix d'émettre des titres dits " assimilables ", qui peuvent être rattachés à des lignes déjà existantes présentant les mêmes caractéristiques. Les titres nouvellement émis deviennent, après le versement de leur premier coupon, totalement indiscernables des titres anciens composant la ligne.

Le gisement total de la ligne peut ainsi devenir important, favorisant la liquidité des échanges. Une dizaine de lignes ont un encours dépassant 100 milliards de francs, constitué à la suite de plusieurs émissions parfois séparées de plusieurs mois.

Avec 253,3 milliards de francs de crédits bruts et 16 milliards de francs de recettes d'ordre, la charge nette de la dette s'établirait en 1999 à 237,2 milliards de francs. Sa progression serait :

- de 2,4 milliards de francs (soit + 1,0%) par rapport à la loi de finances initiale pour 1998 (qui s'inscrivait en augmentation de 12,3 milliards de francs sur le résultat définitif constaté pour 1997) ;

- de 5 milliards de francs (soit + 2,2%) par rapport à l'évaluation révisée pour 1997, qui prévoit environ 232,2 milliards de francs de dépenses (soit seulement 9,7 milliards de francs de plus qu'en 1997).

En effet, la révision des recettes de l'exercice 1998, effectuée dans le cadre du présent projet de loi, conduit à évaluer à 20,2 milliards de francs le montant des recettes venant en atténuation des charges de la dette, au lieu de 13,8 milliards de francs dans l'évaluation associée à la loi de finances pour 1998. Par ailleurs, la charge brute de la dette serait supérieure de 3,8 milliards de francs à son évaluation initiale. Ainsi, au total, la charge nette de la dette en 1998 serait révisée en baisse à hauteur de 2,6 milliards de francs, ce qui affecte à due concurrence la mesure de l'évolution prévue en 1999.

Le projet de loi de finances pour 1999 confirme la rupture qui est apparue, depuis 1997, dans le rythme de progression de la charge de la dette de l'État. Alors que, depuis le début des années quatre-vingt-dix, la charge de la dette augmentait chaque année d'environ 20 milliards de francs (2), un ralentissement est apparu dès 1996, avec une augmentation limitée à 13,7 milliards de francs.

En 1997, la charge brute de la dette n'a progressé que de 900 millions de francs, sous l'effet d'une réduction de près de 3 milliards de francs des intérêts dus au titre des bons du Trésor à court terme et de 3 milliards de francs également des intérêts dus au titre des bons du Trésor à moyen terme. Conjugués à l'érosion tendancielle de la charge de la dette non négociable, ces mouvements ont partiellement compensé l'alourdissement de la charge de la dette à long terme.

CHARGE DE LA DETTE

(en millions de francs)

 

1992

1993

1994

1995

1996

1997

LFI
1998

PLF
1999

1ère PARTIE - DETTE NÉGOCIABLE :

11-05 Emprunts d'État et OAT (hors FSC)(a)

11-06 Bons du Trésor à court et moyen terme
dont : - art. 10 : BTF
- art. 20 : BTAN
- art. 30 : Autres bons négociables

92.587

62.279
24.472
37.807

-

105.030

66.310
19.588
46.722

-

122.203

68.169
14.478
53.691

-

137.572

80.254
22.081
58.173

-

152.471,1

72.327,9
12.772,4
59.555,6

-

161.854,4

66.273,8
9.858,9
56.414,9

-

166.886,5

71.422,0
12.745,7
58.676,3

-

171.504,4

72.055,0
14.400,0
57.655,0

-

Total Première partie

154.866

171.340

190.372

217.826

224.799,0

228.128,2

238.308,5

243.559,4

2ème PARTIE - DETTE NON NÉGOCIABLE,
DETTE À VUE :

12-01 Intérêts des comptes de dépôt au Trésor
dont art. 20 : rémunération des avoirs CCP

12-02 Bons du Trésor non négociables

12-03 Rémunération des dépôts de divers instituts
d'émission et banques centrales

12-05 Prise en charge par l'État de la dette de
divers organismes

12-06 et 12-07 Remboursement de créances
afférentes à la distribution d'actions ; service d'emprunts, d'annuités et d'intérêts divers (b)

8.947
8.116

2.889


999


5.068



32

9.056
8.190

2.225


464


2.891



24

8.630
7.841

1.706


1.836


2.104



1.016

9.357
8.694

1.766


1.938


1.385



481

8.115,5
7.393,0

1.214,6


2.176,4


1.077,9



70,4

7.844,2
7.350,2

810,0


1.464,5


533,6



49,9

7.627,0
6.927,0

548,7


1.533,4


280,3



47,1

7.311,2
6.584,2

561,4


1.350,0


116,0



42,8

Total Deuxième partie

17.925

14.660

15.292

14.927

12.654,8

10.702,2

10.036,5

9.381,5

3ème PARTIE - CHARGES DIVERSES
RÉSULTANT DE LA GESTION DE LA
DETTE ET FRAIS DE TRÉSORERIE (a) :

13-01 Charges diverses résultant de la gestion de la dette
(dont FSR)

13-03 Frais divers de trésorerie (hors FSC)
(pour mémoire : FSC)


765
(358)

405
(1.020)


2.945
-

1.067
(6.596)


2.257
(2.230)

350
(813)


1.143
(1.143)

550
(1.001)


746
(746)

886,4
(932,2)


459,1
(459,1)

617,6
(1.011,5)


-
-

310,0
-


-
-

310,0
-

Total Troisième partie (hors FSC) (a)

1.170

4.012

2.607

1.693

1.632,4

1.076,7

310,0

310,0

Charge brute de la dette
(hors FSC)
(a)

Pour mémoire, charge brute y compris FSC (a)


173.961

174.981


190.012

196.610


208.272

209.085


234.446

235.447


239.086,0

240.018,2


239.907,1

-


248.655,0

-


253.250,9

-

A déduire : Recettes d'ordre
(hors FSC)
(a)
(pour mémoire : FSC)

- ligne 806(c)
dont : - intérêts du compte du Trésor à la
Banque de France ; pensions de titres
- recettes sur coupon couru
- FSR
- divers

- intérêts d'avances (d)
dont : - ACOSS
- FSR


- 16.888

(- 518)

- 16.006

- 4.248
- 10.634
- 1.052
- 73

- 882
- 882

-


- 30.509

(- 6.494)

- 24.957

- 4.560
- 16.924
- 3.406
- 68

- 5.552
- 3.310
- 2.242


- 22.629

(- 815)

- 21.496

- 1.813
- 16.414
- 2.732
- 537

- 1.132
- 160
- 972


- 28.613

(- 1.000)

- 25.902

- 2.457
- 21.500
- 1.325
- 620

- 2.711
- 2.420
- 291


- 19.596,1

(- 932,3)

- 19.383,6

- 2.742,9
- 14.579,5
- 911,9
- 1.149,3

- 212,5
0,0
- 212,5


- 17.377,1

(-1.013,8)

- 17.107,8

- 3.027,9
- 13.249,6
- 501,9
- 328,3

- 269,3
0,0
- 269,3


- 13.813,0

-

- 13.813,0

- 1.393,0
- 12.399,0

-
- 21,0

-
-
-


- 16.004,0

-

- 16.004,0

- 1.997,0
- 14.007,0

-
-
-
-
-

Charge nette de la dette
(hors FSC)
(a)


157.073


159.503


185.643


205.833


219.489,9


222.530,0


234.842,0


237.246,9

Écart sur l'année précédente (en milliards de F)

+ 19,2

+ 2,4

+ 26,1

+ 20,2

+ 13,7

+ 3,0

+ 12,3

+ 2,4

(a) FSC : Fonds de stabilisation des changes ; FSR : Fonds de soutien des rentes. Leurs activités donnent lieu à des ressources et des charges budgétaires, qui ne font pas l'objet de prévision en loi de finances.

(b) Dont rémunération des créances de TVA. Le chapitre 12-06 est supprimé depuis la loi de finances pour 1998.

(c) Ligne de recettes non fiscales retraçant les recettes en atténuation des charges de la dette et des frais de trésorerie.
Montant hors FSC (sous-ligne 806-72 jusqu'à 1996 ; ligne 817-02 à partir de 1997).

(d) Sous-lignes 499-05 et 499-03 de la ligne 499 des recettes non fiscales jusqu'à 1996 ; ligne 411-02 à partir de 1997.

Dans son rapport spécial sur le budget des Charges communes établi à l'occasion de l'examen du projet de loi de finances pour 1998, votre Rapporteur spécial avait estimé que " l'année 1998 marque [...] une légère accélération " de la charge de la dette. L'évaluation associée au présent projet de loi de finances suggère que cette accélération n'était, en fait, que transitoire.

Par ailleurs, il ne serait pas impossible que la charge nette de la dette en 1998 soit une nouvelle fois révisée à la baisse à l'occasion du collectif de fin d'année. Dans ces conditions, la progression de la dette en 1998 serait moins élevée que 9,7 milliards de francs, tandis que - par effet de symétrie - sa progression en 1999 serait plus élevée que 5 milliards de francs. Un tel mouvement, s'il était avéré, tendrait à égaliser les taux de croissance respectifs de la charge de la dette entre 1998 et 1999, montrant ainsi que cette charge pourrait se situer désormais sur un chemin de croissance tendanciel d'environ 7 milliards de francs par an.

Ainsi, la réduction progressive du déficit budgétaire et la baisse des taux d'intérêt enregistrée depuis quelques années se conjuguent pour limiter la part des marges de man_uvre de la politique budgétaire " préemptée " par l'alourdissement du service de la dette.

Pour autant, la forte diminution du besoin de financement de l'État en 1999 ne saurait masquer l'accroissement persistant de l'encours de dette (I). La politique de modernisation entreprise depuis plus de dix ans devrait permettre de couvrir ce besoin de financement dans de bonnes conditions, dans un contexte concurrentiel rendu plus sévère par le " passage à l'euro " (II). Par ailleurs, la relative modération de la charge de la dette suggère que le ratio d'endettement public pourrait être stabilisé dans les prochaines années (III).

I.- EN 1999, LE BESOIN DE FINANCEMENT DE L'ÉTAT SE RÉDUIRAIT, MAIS LA DETTE CONTINUERA DE CROÎTRE

A.- LE DÉFICIT BUDGÉTAIRE RESTE LE PRINCIPAL FACTEUR D'ACCROISSEMENT DE LA DETTE DE L'ÉTAT

Intuitivement, le lien entre le déficit budgétaire et l'accroissement de la dette de l'État est évident. Le déficit ne représente rien d'autre que l'excédent des charges supportées par l'État sur les ressources qu'il perçoit. L'article d'équilibre du projet de loi de finances vise justement à autoriser le ministre chargé du budget à procéder à des emprunts " pour couvrir l'ensemble des charges de trésorerie ", en particulier celles qui ne peuvent être couvertes par des ressources permanentes.

Pour autant, le déficit budgétaire tel qu'il est déterminé par la loi de finances ne peut expliquer en totalité les variations annuelles de l'encours de dette. D'une part, le déficit " en exercice ", relatif à l'exercice budgétaire, n'est pas égal au déficit " en gestion ", qui porte sur l'année calendaire ; seul celui-ci peut permettre de déterminer la contribution annuelle du déficit à la dette. D'autre part, l'État enregistre des flux nets de dettes qui concourent à la variation totale de la dette indépendamment de toute traduction budgétaire.

Un exercice budgétaire se déroule sur trois années calendaires : certaines dépenses sont payées par anticipation l'année précédente ; l'essentiel du budget s'exécute au cours de l'année éponyme ; certaines dépenses et recettes sont enregistrées l'année suivante, au cours de la " période complémentaire ". Réciproquement, une année calendaire voit s'exécuter trois exercices budgétaires distincts : l'exercice précédent (pour sa période complémentaire), l'exercice principal et l'exercice suivant (pour les dépenses payées par anticipation).

EXÉCUTION DES LOIS DE FINANCES EN 1997 (y compris FMI et FSC)

(en millions de francs)

 

Année 1996

Année 1997 (a)

Année 1998

Solde d'exécution des lois de finances pour 1997 (exercice)

Exercice 1996

 

- 52.440

   

Exercice 1997

- 23.252 (b)

- 189.148

- 55.098 (c)

- 267.498

Exercice 1998

 

- 24.207

   

Comptes d'attente

 

+ 1.844

   

Solde d'exécution des lois de finances en 1997 (gestion)

 

- 263.951

   

(a) Source : Situation résumée des opérations du Trésor (SROT) au 31 décembre 1997.

(b) Dépenses payées par anticipation en 1996. Source : SROT au 31 décembre 1996.

(c) Solde de la période complémentaire en 1998. Source : SROT au 28 février 1998.

L'évaluation des flux nets de dette est délicate. Elle ne peut reposer sur la présentation traditionnelle de l'encours de la dette de l'État, telle qu'elle figure, par exemple, dans le tableau de la page 26 du présent rapport spécial. En effet, la dette y est considérée sous l'angle de ses instruments de financement : titres de la dette négociable (OAT, BTAN et BTF) et postes de la dette non négociable (engagements de l'État, comptes des correspondants du Trésor, etc.). Au contraire, la notion de " flux net de dette " se réfère au fait générateur de l'endettement, indépendamment de son mode de financement. A ce titre, la prise en charge par l'État, certaines années, d'engagements divers - créances de TVA, emprunts repris à divers organismes, etc. - participe clairement des flux nets de dette enregistrés ces mêmes années.

La détermination des flux annuels nets de dette et leur interprétation nécessitent d'une part, de définir précisément le périmètre retenu pour la mesure de la dette, d'autre part d'analyser dans le détail la nature des opérations de trésorerie effectuées au cours de l'année calendaire.

Dans l'ensemble de ce rapport, la dette de l'État est définie comme la somme des agrégats suivants, inscrits au tableau I. " Éléments d'actif et de passif " de la Situation résumée des opérations du Trésor (SROT), qui est publiée chaque mois au Journal officiel :

- les titres de la dette négociable, hors titres émis au profit du Fonds de soutien des rentes (qui n'ont pas vocation à être vendus sur le marché et qui ne portent pas intérêt) ; ces titres sont détaillés dans les tableaux F, G et H du document de développement n° 1 de la SROT ;

- plusieurs agrégats de dette non négociable, dont certains sont détaillés dans les tableaux du document de développement n° 1 de la SROT :

w les engagements divers de l'État (tableau I) ;

w les bons du Trésor sur formule (tableau J) ;

w les bons du Trésor souscrits par des organismes internationaux (tableau K) ;

w les dépôts des correspondants et des particuliers (tableau L) ;

w les concours de la Banque de France au Trésor ;

w la dette résultant de l'émission des monnaies métalliques.

ENCOURS DE LA DETTE DE L'ÉTAT AU 31 DÉCEMBRE (a)

(en milliards de francs)

 

1975

1980

1985

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1.- Dette négociable

79,56

196,88

702,91

1.367,53

1.466,38

1.771,97

2.133,59

2.480,36

2.829,33

3.112,14

3.377,60

Part dans la dette publique totale (en %)

33,5%

47,1%

65,8%

76,8%

78,7%

84,1%

86,7%

85,4%

86,9%

87,9%

89,1%

A.- Dette à long terme

35,63

113,90

365,91

817,63

909,32

1.057,26

1.352,56

1.559,96

1.774,27

2.022,23

2.170,37

dont OAT

   

72

678,46

789,25

1.005,55

1.216,06

1.429,95

1.652,44

1.900,28

2.160,99

(pour mémoire : OAT émises au profit du FSR)

         

(4,66)

(11,62)

(10,82)

(12,24)

(19,69)

(2.65)

B.- Bons du Trésor à court et moyen terme

43,93

82,98

337

549,91

557,06

714,71

781,04

920,40

1.055,06

1.089,91

1.207,23

- BTF

       

139,36

258,49

188,88

238,73

294,63

270,66

270,48

(pour mémoire : BTF émis au profit du FSR)

             

(1,00)

     

- BTAN

       

417,71

456,22

592,16

681,67

760,42

819,25

936,75

(pour mémoire : BTAN émis au profit du FSR)

           

(0,99)

(4,92)

(5,96)

(1,30)

(1,65)

II.- Dette non négociable

157,90

221,45

364,60

414,01

397,82

334,70

328,16

424,15

425,01

430,12

412,68

A.- Engagements de l'État et dette d'organismes supprimés prise en charge par l'État

1,55

6,00

44,50

79,64

71,49

50,16

77,60

74,89

68,45

54,70

37,24

B.- Bons du Trésor sur formules

33,68

48,62

36,20

30,27

24,57

19,07

15,19

12,61

10,19

9,64

14,03

C.- Bons souscrits par des organismes internationaux

5,04

13,81

36,89

38,24

37,78

55,38

57,87

62,62

58,95

57,08

56,36

D.- Dépôts des correspondants du Trésor et des particuliers

107,93

163,03

274,40

323,33

314,24

304,43

324,84

362,66

382,59

395,31

414,37

E.- Dette nette du Trésor envers la Banque de France (b)

+ 4,65

- 18,06

- 55,10

- 73,98

- 63,11

- 108,05

- 161,73

- 101,48

- 44,48

- 4,32

- 26,69

F.- Créances nettes (-) des opérations de pension (c)

               

- 64,01

- 96,00

- 96,86

G.- Divers (d)

5,05

8,05

27,71

16,52

12,86

13,71

14,38

12,86

13,31

13,73

14,23

Dette totale de l'état

237,50

418,33

1.067,51

1.781,54

1.864,20

2.106,67

2.461,75

2.904,52

3.254,34

3.542,26

3.790,27

En % du PIB

16,2%

14,9%

22,7%

27,4 %

27,6%

30,1%

34,8%

39,3%

42,4%

45,1%

46,6%

(a) Hors titres émis au profit du Fonds de soutien des rentes (FSR). Source pour les années 1990 à 1997 : SROT au 31 décembre. Source pour les années antérieures : Compte de la dette publique.

(b) Concours de la Banque de France au Trésor (= dette du Trésor) - compte courant du Trésor à la Banque de France (= créance du Trésor).

(c) Valeur des titres pris en pension - valeur des titres mis en pension. Ces créances nettes, venant en atténuation de la dette de l'État, sont affectées d'un signe (-).

(d) Depuis 1990, est prise en compte uniquement la dette résultant de l'émission des monnaies métalliques.

Par ailleurs, pour tenir compte des modalités de gestion de la dette par le Trésor, il est effectué une " consolidation " entre le concours de la Banque de France au Trésor et le compte courant du Trésor à la Banque de France, afin de raisonner en termes de dette nette de la position créditrice du Trésor auprès de la Banque de France. Dans le même esprit, le montant des créances résultant des prises en pension de titres publics par le Trésor est défalqué du montant brut de la dette.

Le tableau présenté page 29 permet d'analyser, depuis 1990, les facteurs de l'endettement de l'État. Il permet, dans un premier temps, d'isoler l'accroissement de dette résultant du déficit en gestion de l'accroissement résultant d'un flux net de dettes. Leurs contributions respectives peuvent connaître de fortes variations d'une année sur l'autre.

Ainsi, alors que le déficit en gestion est quasiment identique entre 1990 et 1991, un flux d'endettement net négatif permet de limiter à 83 milliards de francs l'accroissement de la dette de l'État. Réciproquement, la diminution sensible du déficit en gestion de l'année 1994 (à hauteur de 30 milliards de francs) est plus que compensée par un flux d'endettement net positif de 155 milliards de francs, qui porte l'accroissement annuel de la dette à la valeur record de + 443 milliards de francs cette année là.

Par ailleurs, le tableau permet d'identifier précisément les facteurs élémentaires d'endettement. Certes, certaines années, les " opérations diverses relatives à la dette ", qui regroupent un ensemble de facteurs d'endettement difficilement identifiables, peuvent porter sur des montants non négligeables : + 19,9 milliards de francs en 1990, - 16,8 milliards de francs en 1994, - 10,7 milliards de francs en 1995. Il n'en reste pas moins que l'on discerne l'impact des événements suivants :

- la prise en charge par l'État de la dette de la SODEVA (Société de développement de véhicules automobiles, qui avait pris en charge une partie de la dette de Renault envers la Caisse française de développement industriel) en 1990, pour 7,75 milliards de francs (ligne 1.b) ;

- la prise en charge des premières créances de TVA en 1993, pour 57,4 milliards de francs (ligne 1.b) ; l'amortissement d'une partie de ces créances dès l'année 1993, pour 23,5 milliards de francs (ligne 1.c) ;

- la prise en charge des créances de TVA en 1994, pour 24,2 milliards de francs (ligne 1.b) ; l'amortissement d'une partie de ces créances en 1994, pour 18,9 milliards de francs (ligne 1.c) ;

ANALYSE DES FACTEURS DE VARIATION DE LA DETTE DE L'ÉTAT :
PRÉSENTATION DU TABLEAU

w La ligne " Dette " reprend l'avant-dernière ligne du tableau général de l'encours de la dette de l'État au 31 décembre, présenté page 26.

w Les facteurs concourant à l'accroissement de la dette sont affectés d'un signe (+), ceux concourant à sa diminution son affectés d'un signe (-).

w La ligne A.  " Dette Monnaies métalliques " est nécessaire pour éviter un défaut de comptabilisation dû à la nature de la ligne " Déficit ". En effet, la variation de dette résultant de l'émission des monnaies métalliques a une traduction budgétaire dans les écritures du compte d'opérations monétaires n° 906-04 " Compte d'émission des monnaies métalliques ". Du fait des règles d'imputation en recettes et en dépenses applicables au compte n° 906-04, une augmentation de la dette Monnaies métalliques se traduit par un excédent du compte spécial, donc par une diminution du déficit. La contribution apparente du déficit à l'accroissement de dette en est ainsi minorée, d'où la nécessité de réintroduire explicitement le poste " Dette Monnaies métalliques " dans le tableau des facteurs d'endettement.

w Cependant, la ligne " Dette Monnaies métalliques " n'est pas égale au solde du compte spécial n° 906-04. Ce compte retrace des dépenses diverses afférentes à la circulation des pièces, qui ne ressortissent pas d'un flux net de dette : frais de fabrication et de commercialisation des nouvelles pièces, frais de dénaturation des pièces retirées de la circulation, etc. Seules doivent être retenues pour leur solde, au titre du calcul de la variation de la dette Monnaies métalliques :

- la ligne de dépenses n° 30 " Charges liées à la diminution de la circulation de pièces ayant cours légal " (débit du compte 17 du CGAF) ;

- les lignes de recettes n° 11, 12 et 13 " Recettes liées à l'augmentation de la circulation des monnaies métalliques " en métropole, dans les DOM et à Mayotte (crédit du compte 17 du CGAF).

w La ligne 3. " Opérations diverses sur la dette " regroupe des provisions sur emprunts, des opérations sur emprunts gérés par l'État, des opérations avec des tiers, des régularisations diverses et des liaisons internes.

w La ligne C. " Opérations bancaires " concerne les règlements bancaires en cours d'exécution.

w La ligne D. " Variations de liquidité " est relative aux variations des effets et encaisses diverses détenus par le Trésor, à l'exception du compte courant du Trésor à la Banque de France et des créances résultant de la prise en pension de titres d'État, qui sont " consolidés " dans le calcul du montant total de la dette de l'État.

w Les primes d'émission (ligne 1.a) sont amorties progressivement, les dotations aux amortissements constituant une partie des " autres pertes et profits " constatés sur emprunts les années suivantes (ligne 2.b).

w Les amortissements d'engagements (ligne 1.c) viennent, chaque année, diminuer l'encours des engagements de l'État antérieurement constatés. Ces amortissements relèvent, soit d'une opération de trésorerie : ils sont alors imputés sur la ligne 2.a " Amortissements non budgétaires ", soit d'une opération budgétaire : ils sont alors intégrés au déficit en gestion de l'année considérée, ce qui était le cas de l'amortissement des engagements constitués pour l'indemnisation des rapatriés, achevé en 1997.

w Certains engagements amortis l'année même de leur prise en charge sont imputés directement sur la ligne 2.b, sans transiter par les comptes retraçant les engagements de l'État étalés sur plusieurs années. Il en est ainsi de la dette reprise à l'ACOSS en 1994, pour 110 milliards de francs.

ANALYSE DES FACTEURS DE VARIATION DE LA DETTE DE L'ÉTAT (a) (b)

(en milliards de francs)

 

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

Dette

1.781,54

1.864,20

2.106,67

2.461,75

2.904,52

3.254,34

3.542,26

3.790,27

Écart sur l'année précédente

+ 160,20

+ 82,66

+ 242,47

+ 355,08

+ 442,76

+ 349,82

+ 287,92

+ 248,01

Déficit (en gestion)

+ 109,03

+ 112,86

+ 241,11

+ 318,86

+ 287,61

+ 344,52

+ 301,00

+ 263,95

A. Dette Monnaies métalliques

- 0,56

- 3,67

+ 0,85

+ 0,68

- 1,53

+ 0,46

+ 0,42

+ 0,50

B. Opérations relatives à la dette

               

1. Frais amortissables

+ 4,42

- 3,35

- 10,82

+ 25,84

- 4,61

- 14,12

- 13,56

- 13,06

a. primes d'émission

(+ 4,17)

(+ 3,88)

(+ 2,85)

(+ 0,16)

(- 1,78)

(- 0,62)

(- 1,19)

(- 2,37)

b. prise en charge d'engagements

(+ 9,36)

(+ 0,35)

(+ 0,84)

(+ 57,47)

(+ 24,28) (c)

(+ 0,75)

(+ 0,50)

(+ 0,12)

c. à déduire : amortissement d'engagements (-)

(- 9,10)

(- 7,58)

(- 14,50)

(- 31,80)

(- 27,11)

(- 14,25)

(- 12,87)

(- 10,81)

2. Pertes (+) et profits (-)

+ 21,04

+ 3,29

+ 15,12

+ 18,04

+ 144,52

+ 15,22

+ 1,99

+ 2,53

a. amortissements non budgétaires

(+ 5,56)

(+ 3,87)

(+ 11,08)

(+ 28,87)

(+ 24,00)

(+ 10,63)

(+ 9,25)

(+ 7,95)

b. autres pertes et profits

(+ 15,47)

(- 0,58)

(+ 4,04)

(- 10,83)

(+ 120,52) (c)

(+ 4,58)

(- 7,26)

(- 5,42)

3. Opérations diverses sur la dette

+ 19,89

- 16,84

- 1,88

+ 1,37

- 1,62

- 10,65

+ 8,29

- 4,14

Sous-total Opérations relatives à la dette

+ 45,35

- 16,90

+ 2,43

+ 45,24

+ 138,29

- 9,55

- 3,28

- 14,67

C. Opérations bancaires

+ 6,54

- 10,88

- 0,23

- 3,87

+ 12,53

+ 9,14

- 7,72

- 3,43

D. Variations de liquidité

- 0,16

+ 1,25

- 1,71

- 5,83

+ 5,86

+ 5,24

- 2,54

+ 1,66

Flux net de dettes (A+B+C+D)

+ 51,17

- 30,20

+ 1,35

+ 36,22

+ 155,15

+ 5,30

- 13,12

- 15,94

(a) Dans le tableau, les nombres sont affectés d'un signe (+) lorsqu'ils accroissent la dette, d'un signe (-) lorsqu'ils la font décroître.

(b) Les lignes A, B, C, D, 1, 2 et 3 sont calculées à partir de la SROT, Document de développement n° 2, tableau D " Opérations diverses " ; les lignes a, b et c sont calculées à partir du Compte général de l'administration des finances (CGAF).

(c) En 1994, la reprise par l'État de la dette de l'ACOSS (110 milliards de francs), amortie l'année même, a donné lieu directement à la constatation d'une perte sur engagement (ligne 2b du tableau), par débit du compte 667.8 " Pertes diverses sur emprunts et engagements ", sans transiter par le compte 482.7 " Engagements à répartir sur plusieurs exercices " (lignes 1.b et 1.c du tableau).

Sources : SROT au 31 décembre, Compte général de l'administration des finances

- l'amortissement décroissant, sur l'ensemble de la période 1990-1997, de divers engagements repris par l'État en 1988 et 1989 : Fonds spécial de grands travaux (15,8 milliards de francs d'encours à l'origine), Caisse d'amortissement pour l'acier (9,2 milliards de francs), Caisse nationale de l'industrie (11,9 milliards de francs), Caisse nationale des banques (12,5 milliards de francs), Fonds d'intervention sidérurgique (16,4 milliards de francs).

Enfin, le tableau permet de constater que le rythme de traitement des règlements bancaires et la fluctuation des encaisses peuvent avoir une influence de plusieurs milliards de francs sur l'encours de dette.

B.- LE BESOIN DE FINANCEMENT DE L'ÉTAT DEVRAIT DIMINUER FORTEMENT EN 1999

L'analyse des facteurs d'endettement ne suffit pas à décrire les opérations que doit effectuer le Trésor pour couvrir, chaque année, l'ensemble des charges de trésorerie supportées par l'État. Aux besoins découlant de l'exécution des lois de finances durant l'année calendaire, il faut en effet ajouter les charges résultant de l'amortissement des dettes et engagements arrivés à échéance.

Votre Rapporteur spécial se réjouit que, comme les années précédentes, puisse être publié dans le présent rapport un tableau de financement du Trésor portant à la fois sur les résultats définitifs de l'année écoulée, sur les prévisions initiales de l'année en cours et, surtout, sur le financement prévisionnel de l'année à venir. C'est, en effet, en fonction de sa configuration que sont bâties certaines des hypothèses relatives à la détermination de la charge de la dette en 1999.

Pour autant, le tableau de financement du Trésor pour 1999 qui est ici présenté ne saurait préjuger ni des besoins qui seront effectivement constatés durant l'exécution des lois de finances en 1999, ni des modalités définitives visant à couvrir ces besoins. Celles-ci seront arrêtées par le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie au début de janvier 1999. A la date d'élaboration du présent rapport, le tableau de financement pour 1999 ne peut donc prétendre correspondre qu'à des hypothèses purement conventionnelles.

Après le sommet constaté en 1997 (644,6 milliards de francs), le besoin de financement à moyen et long terme de l'État reviendrait à environ 608 milliards de francs en 1998 et près de 528 milliards de francs en 1999.

TABLEAU DE FINANCEMENT DE L'ÉTAT (y compris FMI et FSC)

(en milliards de francs)

 

1993

1994

1995

1996

1997

1998 (initial)

1999
(conventionnel)

Pour mémoire : Déficit en exercice

316,80

302,99

318,86

292,94

267,50

257,8

236,6

Déficit en gestion

318,86

287,61

344,52

301,00

263,95

257,8

236,6

Remboursement des OAT et titres longs émis par l'État

56,27

66,21

49,68

50,11

188,17

71,2

84,3

Amortissement des OAT et titres échus

(42,32)

(57,29)

(47,64)

(33,38)

(185,69)

   

Rachats de titres avant échéance et paiement par remise du 6% 1997

(13,77)

(9,56)

(2,03)

(16,35)

(2,41)

   

Pertes (+) et profits (-) sur remboursements

(0,18)

(- 0,65)

(0,01)

(0,38)

(0,07)

   

Remboursement des BTAN

95,47

155,74

159,28

202,04

176,96

263,6

198,0

Amortissement des titres échus

(88,93)

(155,22)

(159,28)

(194,87)

(167,54)

   

Rachats de titres avant échéance

(6,54)

(0,52)

(0,00)

(7,00)

(9,33)

   

Pertes (+) et profits (-) sur remboursements

(0,00)

(0,00)

(0,00)

(0,17)

(0,09)

   

Amortissement des engagements repris par l'État

27,25

133,61

3,88

10,61

15,47

15,4

8,7

Affectation de recettes de privatisation au désendettement de l'État

   

- 6,50

       

Besoin de financement à moyen et long terme

497,84

643,18

550,87

563,76

644,55

608,0

527,6

Recettes en trésorerie des émissions obligataires

249,84

261,09

262,97

300,77

336,19

320,0

290,0

Émission d'OAT (valeur nominale)

(241,73)

(274,52)

(267,96)

(293,78)

(334,39)

   

Pertes (-) et profits (+) sur émissions

(8,11)

(- 13,43)

(- 4,99)

(6,99)

(1,80)

   

Recettes en trésorerie des émissions de BTAN

234,23

239,68

240,41

261,12

295,05

270,0

240,0

Émission de BTAN (valeur nominale)

(231,40)

(245,37)

(239,44)

(259,05)

(293,56)

   

Pertes (-) et profits (+) sur émissions

(2,83)

(- 5,69)

(0,97)

(2,07)

(1,49)

   

Emprunt d'État 6 % 1997

110,36

           

Financement à moyen et long terme

594,43

500,77

503,38

561,89

631,24

590,0

530,0

Solde net des émissions de BTF

- 69,61

49,85

55,90

- 23,97

- 0,18

18,0

27,6

Variation des comptes de dépôt des correspondants du Trésor

20,41

37,82

19,93

12,68

19,06

 

- 30,0

Diminution des avoirs nets du Trésor auprès de la Banque de France (a)

- 53,69

60,25

- 7,01

8,16

- 23,22

   

Divers

6,29

- 5,52

- 21,33

4,99

17,65

   

Capacité de financement

497,84

643,18

550,87

563,76

644,55

608,0

527,6

(a) Avant opérations de pensions. Une contribution positive des avoirs nets du Trésor à la couverture du besoin de financement se traduit par la diminution de ces avoirs, ce qui explique l'intitulé de la ligne correspondante dans le tableau. Ainsi, un signe (+) indique que les avoirs nets du Trésor ont diminué, ce qui équivaut à une apport de ressources ; réciproquement, un signe (-), qui traduit une augmentation des avoirs du Trésor, signifie qu'une partie des ressources disponibles a été utilisée à cette fin et n'a donc pu servir à couvrir le besoin de financement.

Sources : SROT, Compte de la dette publique, Situation mensuelle des opérations du Trésor au 31 décembre.

CONSTRUCTION DU TABLEAU DE FINANCEMENT DE L'ÉTAT

w Le tableau de financement de l'État est construit sur la base des entrées et sorties de trésorerie. Cependant, à titre d'information, sont également portés dans le tableau, en caractère de corps inférieur, les émissions et remboursements en valeur nominale ainsi que les pertes et profits à l'émission et au remboursement. De même, il est distingué entre les remboursements de titres échus et les rachats sur le marché avant échéance.

w Par souci de cohérence avec le tableau analysant les facteurs de variation de la dette de l'État, le tableau de financement du Trésor se réfère au besoin de financement y compris les opérations avec le Fonds monétaire international (FMI) et le Fonds de soutien des changes (FSC). De même, les émissions et rachats de titres effectués au profit du Fonds de soutien des rentes (FSR) ne sont pas pris en compte.

w Toutes les prévisions relatives à l'année en cours (1998) ou à venir (1999) sont fournies par la direction du Trésor.

w La valeur nominale des remboursements de titres échus, des rachats avant échéance, du paiement par remise de titres de l'emprunt 6% 1997, des émissions d'OAT et de BTAN est extraite du Compte de la dette publique pour chaque année considérée. Cependant, pour la dernière année exécutée (1997), les résultats sont calculés à partir de la SROT au 31 décembre et des arrêtés mensuels récapitulant les émissions de Valeurs du Trésor, publiés au Journal officiel.

w Les résultats de pertes et profits sont calculés à partir du tableau " Analyse de la variation de la dette " inclus dans la Situation mensuelle des opérations du Trésor au 31 décembre.

w Le poste " Amortissement des engagements repris par l'État " reprend le total des mouvements de débit enregistrés chaque année sur le compte 16 du Compte général de l'administration des finances, duquel sont défalqués l'amortissement des engagements vis-à-vis des rapatriés (qui donne lieu à des dépenses budgétaires déjà incluses dans le déficit en gestion) et, pour les années antérieures à 1996, le montant des dépenses budgétaires correspondant au provisionnement des primes des PEP, portées en crédit du compte 167. Cette dernière opération résulte de ce que le provisionnement budgétaire, constituant une écriture d'ordre dans les comptes de l'État, ne pèse pas sur le besoin de financement de l'année. En revanche, le décaissement des primes abonde le besoin de financement, même si, actuellement, aucune dépense budgétaire n'est à enregistrer tant que la totalité de la provision constituée de 1991 à 1996 n'aura pas été épuisée.

w Le solde net des émissions de BTF, la variation des comptes de dépôt des correspondants du Trésor et la diminution des avoirs nets du Trésor auprès de la Banque de France (avant effet des opérations de prise et de mise en pension) sont déterminés à partir de la SROT au 31 décembre.

1.- Le financement définitif du Trésor en 1997

· La forte diminution du déficit budgétaire en gestion, constatée à la fin de l'année 1997, a réduit à due concurrence le besoin de financement de l'État. Pour leur part, les charges de trésorerie afférentes au remboursement des emprunts et engagements arrivés à échéance sont restées similaires, en exécution, au montant prévu initialement.

En particulier, l'année 1997 a vu le remboursement du solde de l'emprunt 6% 1997, dit " emprunt Balladur ", dont le tableau ci-après retrace l'historique. Comme votre Rapporteur spécial l'avait indiqué dans son précédent rapport, établi dans le cadre de la discussion du projet de loi de finances pour 1998, le coût de l'emprunt " Balladur " pour les finances publiques peut être évalué à 3 milliards de francs environ : 2,2 milliards de francs au titre des dépenses fiscales consenties pour faciliter son placement (exonération des plus values de cession de parts d'OPCVM investies dans cet emprunt, exonération des intérêts perçus lorsque les titres sont détenus dans des plans d'épargne en actions) ; 850 millions de francs au titre des commissions de placement.

HISTORIQUE DE L'ENCOURS DE L'EMPRUNT BALLADUR

Opérations constatées

En titres

En millions de francs

Émission (juillet 1993)

1.103.581.160

110.358,1

Reprise privatisation BNP (1993)

- 20.052.485

- 2.005,2

Reprise privatisation Rhône Poulenc (1993)

- 11.230.121

- 1.123,0

Reprise privatisation UAP (1994)

- 15.515.657

- 1.551,6

Reprise privatisation Renault (1994)

- 15.127.631

- 1.512,8

Rachat privatisation Elf (1995)

- 22.472.972

- 2.247,3

OPV Seita (février 1995)

- 3.404.305

- 340,4

OPV Usinor-Sacilor (juillet 1995)

- 6.693.196

- 669,3

OPV Péchiney (décembre 1995)

- 3.753.395

- 375,3

OPV AGF (juillet 1996)

- 2.994.615

- 299,5

Rachats sur le marché (22 novembre 1996)

- 58.493.116

- 5.849,3

Rachats sur le marché (16 décembre 1996)

- 10.000.000

- 1.000,0

Rachats sur le marché (17 décembre 1996)

- 5.000.000

- 500,0

Rachats sur le marché (17 décembre 1996)

- 10.000.000

- 1.000,0

Rachats sur le marché (23 décembre 1996)

- 5.000.000

- 500,0

Rachats sur le marché (27 décembre 1996)

- 5.000.000

- 500,0

OPV Bull (mai 1997)

- 143.814

- 14,4

Remboursement (16 juillet 1997)

- 908.699.853

- 90.870,0

Source : ministère de l'économie, des finances et de l'industrie.

Les amortissements des autres titres obligataires arrivés à échéance se sont élevés à 94,77 milliards de francs en valeur nominale. Six lignes ont été ainsi amorties : emprunt TRA février 1985 (0,725 milliards de francs), OAT 9,9% décembre 1997 (19,1 milliards de francs), OAT 9,7% décembre 1997 (25,1 milliards de francs), OAT 8,5% juin 1997 (22,6 milliards de francs), emprunt TRA décembre 1997 (20,9 milliards de francs), OAT en écus 8,5% mai 1997 (6,34 milliards de francs). Par ailleurs, la rente 4,5% 1952 à capital garanti a donné lieu à 22 millions de francs de remboursements et les comptes retraçant les échéances à court terme ont été débités (pour leur solde net) de 7 millions de francs.

Les amortissements de BTAN se sont élevés à 167,54 milliards de francs en valeur nominale. Quatre lignes ont été amorties : BTAN 8,5% mars 1997 (40,3 milliards de francs), BTAN 8,5% novembre 1997 (53,4 milliards de francs), BTAN en écus 7,5% mars 1997 (8 milliards de francs), BTAN 7,25% août 1997 (65,8 milliards de francs).

Les engagements divers de l'État ont donné lieu à 15,47 milliards de francs d'amortissements, dont 4,8 milliards de francs au titre des créances de TVA et 5,8 milliards de francs au titre des primes de plans d'épargne populaire (PEP). Par ailleurs, 2,86 milliards de francs d'engagements vis-à-vis des rapatriés ont été amortis via le budget général (chapitre 46-91, article 20, du budget des Charges communes).

Au total, les charges de trésorerie ont représenté 263,95 milliards de francs au titre du déficit en gestion et 380,6 milliards de francs au titre des remboursements et amortissements.

· Pour couvrir ces charges de trésorerie, l'État a eu recours à des émissions d'OAT, à hauteur de 334,4 milliards de francs en valeur nominale et à des émissions de BTAN, à hauteur de 293,6 milliards de francs en valeur nominale :

- quatre nouvelles lignes d'OAT ont été créées, recueillant un montant total de 275,8 milliards de francs ;

- six lignes d'OAT préexistantes ont été abondées par émission de titres assimilables, pour un montant total de 58,6 milliards de francs ;

- quatre nouvelles lignes de BTAN ont été créées, recueillant un montant total de 194,1 milliards de francs ;

- trois lignes de BTAN préexistantes ont été abondées par émission de titres assimilables, pour un montant total de 99,5 milliards de francs.

Les montants émis représentent respectivement 16,1 milliards de francs et 14,4 milliards de francs de plus que ce qui était prévu, en début d'année, par le programme prévisionnel de financement du Trésor. Cet " excédent " de ressources à moyen et long terme a permis de maintenir étale l'encours des BTF, alors qu'un accroissement d'environ 20 milliards de francs était prévu dans le programme prévisionnel. De même, les avoirs nets du Trésor à la Banque de France ont pu être accrus de plus de 23 milliards de francs. Par ailleurs, les dépôts des correspondants du Trésor se sont accrus de 19 milliards de francs.

2.- Les prévisions de financement du Trésor en 1998

En 1998, le besoin de financement serait réduit de 36 milliards de francs par rapport à 1997, sous l'effet de plusieurs phénomènes divergents :

- une réduction du déficit budgétaire, dont l'évaluation quantitative ne peut qu'être imprécise. En effet, par convention, les déficits en gestion pris en compte dans le tableau de financement pour les exercices en cours (1998) et à venir (1999) sont pris égaux aux déficits en exercice des années éponymes. Il est impossible de connaître actuellement le montant des dépenses et recettes effectuées en 1999 au titre de la période complémentaire de l'exercice 1998, le montant des dépenses et recettes effectuées en 2000 au titre de la période complémentaire de l'exercice 1999, et le montant des dépenses de l'exercice 1999 payées par anticipation en 1998. Le déficit 1998 en exercice devrait être inférieur de 10 milliards de francs environ au déficit 1997 en exercice ;

- une diminution d'environ 30 milliards de francs des amortissements de titres de la dette négociable, qui recouvre une forte diminution des amortissements d'OAT et une augmentation des amortissements de BTAN ;

- une stabilisation de l'amortissement des engagements repris par l'État, à 15,4 milliards de francs environ.

Au total, le besoin de financement de l'État en 1998 s'élèverait à 608 milliards de francs. Le programme indicatif de financement pour 1998 indique que ces charges de trésorerie devraient être couvertes par l'émission de 320 milliards de francs d'OAT et 270 milliards de francs de BTAN - ces montants s'entendant des recettes en trésorerie, nettes des éventuels rachats effectués sur le marché - et par un solde net positif des émissions de BTF de 18 milliards de francs.

3.- Une nouvelle décrue du besoin de financement en 1999

Eu égard aux observations méthodologiques présentées ci-avant, le déficit retenu pour construire le tableau de financement du Trésor passerait de 257,8 milliards de francs (prévision de la loi de finances initiale pour 1998) à 236,6 milliards de francs (prévision de la loi de finances initiale pour 1999), soit une diminution de 21,2 milliards de francs.

En 1999, l'amortissement des emprunts et engagements arrivés à échéance devrait représenter une charge de trésorerie de 291 milliards de francs, au lieu de 350 milliards de francs en 1998. Cependant, comme les deux années précédentes, les amortissements resteraient en 1999 très supérieurs au déficit. Leur forte diminution est la résultante de trois mouvements de sens différents.

Les amortissements de titres longs s'élèveraient à 84,3 milliards de francs, au lieu de 71,2 milliards de francs en 1998. Seraient ainsi amorties les lignes suivantes :

- OAT à taux variable TMB (janvier 1999) : 23,9 milliards de francs ;

- emprunt 11% février 1985 prorogé : 6,1 milliards de francs ; émis en février 1985 pour une durée de 7 ans, cet emprunt offrait à ses détenteurs la possibilité d'obtenir, de leur seul gré, entre le 1er décembre 1991 et le 31 janvier 1992, la prorogation de leurs titres jusqu'au 21 février 1999. Seuls 372 millions de francs ont été amortis à l'échéance normale de février 1992, le solde étant prorogé à la demande des créanciers ;

- OAT 8,125% (mai 1999) : 54,3 milliards de francs.

Les amortissements de BTAN, composante majeure de la dette à moyen terme, connaîtraient une diminution de près de 65 milliards de francs par rapport à 1998 : ils reviendraient à 198 milliards de francs environ. Ces BTAN sont répartis sur trois lignes d'importance fort inégale :

- BTAN 4,75% avril 1999 : 124,15 milliards de francs ;

- BTAN 7,00% novembre 1999 : 58,7 milliards de francs ;

- BTAN 5,0% mars 1999 : 2,3 millions d'écus soit 15,1 milliards de francs pour un taux de change de l'écu égal à 6,62 francs (3).

Enfin l'amortissement des engagements repris par l'État diminuerait sensiblement, à 8,7 milliards de francs. En l'absence de reprise par l'État de nouveaux engagements, ces charges de trésorerie tendent à décroître régulièrement, sauf événement exceptionnel. A cet égard, l'année 1997 avait enregistré l'effet du décaissement anticipé des primes d'épargne populaire pour les plans ouverts en 1990, à hauteur de 5,8 milliards de francs environ.

4.- Le programme de financement de la gestion 1999 repose intégralement sur des ressources à moyen et long terme

Le programme prévisionnel de financement pour 1999 prévoit que les ressources de trésorerie seront constituées par 290 milliards de francs d'OAT et 240 milliards de francs de BTAN, ces évaluations portant sur les entrées nettes en trésorerie, après prise en compte des pertes et profits à l'émission, qui découlent des choix techniques retenus pour chaque ligne émise.

Votre Rapporteur spécial rappelle que l'encaissement des coupons courus à l'émission vient abonder les recettes budgétaires de l'exercice et de la gestion en cours. Dans le tableau de financement, les coupons courus ne figurent donc pas aux lignes relatives aux ressources procurées par les OAT et les BTAN : ils sont inclus dans l'évaluation du déficit, dont ils atténuent le montant.

Les principales hypothèses de ressources de trésorerie et de recettes budgétaires établies par la direction du Trésor sont récapitulées dans le tableau ci-après. Il convient de rappeler, là encore, que les chiffres présentés doivent être interprétés avec la plus grande prudence, compte tenu du caractère très conventionnel des hypothèses effectuées à ce stade de l'année.

ÉMISSION DE TITRES, RESSOURCES EN TRÉSORERIE ET RECETTES BUDGÉTAIRES EN 1999

(en millions de francs)

 

OAT

BTAN

BTF (a)

Accroissement de la dette

     

Émission en valeur nominale

294.000

240.000

1.000.000

Ressources du tableau de financement

     

Gain ou perte en trésorerie

- 4.000

0

-

Entrée en trésorerie hors coupons courus

290.000

240.000

1.000.000

Recettes et dépenses budgétaires

     

Coupons courus

7.750

6.256

-

Intérêt précompté (à déduire)

-

-

- 14.400

Entrée en trésorerie

297.750

246.256

985.600

(a) Le montant élevé des émissions de BTF, titres courts, a pour pendant un montant similaire d'amortissements. Seul est pertinent, au regard du financement de l'État, le solde des émissions et des remboursements de BTF, soit + 27,6 milliards de francs environ en 1999.

Source : ministère de l'économie, des finances et de l'industrie.

Par ailleurs, la dette financière à court terme devrait subir une transformation de structure importante. L'article 78 du présent projet de loi de finances, rattaché au budget des Charges communes, prévoit que La Poste pourra désormais assurer elle-même la conservation et la gestion des avoirs créditeurs des comptes courants postaux (CCP), actuellement déposés auprès du Trésor en vertu de la loi n° 90-568 du 2 juillet 1990 relative à l'organisation du service public de la poste et des télécommunications.

La mise à disposition de La Poste des fonds privés des CCP se traduirait, pour le Trésor, par une diminution des dépôts des correspondants, qui devrait être compensée à due concurrence par l'obtention de ressources nouvelles.

Il est, à ce stade, envisagé de procéder au transfert de 30 milliards de francs environ chaque année, montant modulable selon le contexte de marché. Le financement de ce transfert s'effectuerait par un solde positif des émissions nettes de BTF en 1999, pour environ 27 milliards de francs.

L'accroissement de l'encours des BTF s'effectuerait grâce à l'augmentation du montant moyen des adjudications hebdomadaires de BTF. Pour un montant de 30 milliards de francs, l'augmentation de l'encours de BTF adjugé au cours des séances d'adjudication, chaque lundi, devrait être relevé d'environ 650 millions de francs en moyenne. Ceci représente environ 5% du montant moyen des adjudications. Ainsi, le financement du transfert vers La Poste des fonds privés des CCP ne semble pas susceptible de déséquilibrer le marché des titres courts.

C.- L'ÉCHÉANCIER DE LA DETTE REFLÈTE IMPARFAITEMENT L'ALOURDISSEMENT TENDANCIEL DES AMORTISSEMENTS

L'échéancier de la dette négociable à moyen et long terme, tel qu'il est déterminé à la dernière date connue (30 septembre 1998), masque une tendance de fond à l'alourdissement du volume de titres à amortir chaque année.

En effet, le tableau et le graphique présentés ci-après ne peuvent tenir compte que de l'encours et de la structure de la dette tels qu'ils sont définis aujourd'hui. L'ampleur des déficits des années à venir ainsi que les modalités de leur financement sont, par nature, éludés.

Certes, des inflexions particulières peuvent se manifester d'une année sur l'autre, réduisant ou augmentant temporairement le besoin de financement déterminé annuellement. Cependant, le volume de BTAN, titres d'échéance moyenne (2 à 5 ans), comme celui des OAT, titres à échéance longue, a vocation d'une part, à " glisser " progressivement sur l'axe du temps au gré du refinancement de la dette, d'autre part à s'accroître à due proportion des déficits futurs.

Cette forte contrainte justifie pleinement les orientations de la modernisation engagée en 1985 en matière d'émission et de gestion de la dette de l'État. Cette gestion active vise, entre autres objectifs, à réduire l'amplitude des fluctuations inter-annuelles, mais surtout intra-annuelles des remboursements de titres échus. Elle participe également de l'ensemble des mécanismes visant à rendre attractive la dette de l'État pour les investisseurs, dans un contexte qui sera désormais beaucoup plus concurrentiel.

ÉCHÉANCIER DE LA DETTE NÉGOCIABLE À LONG ET MOYEN TERME (a)
(selon l'encours au 30 septembre 1998, hors réserve du FSR)

 

OAT
et emprunts à moyen et long terme

BTAN

Total

Année

Libellés en francs
(en milliards de francs)

Libellés en écus
(en millions d'écus)

Libellés en francs
(en milliards de francs)

Libellés en écus
(en millions d'écus)

(en milliards de francs) (b)

1998

   

113,1

 

113,1

1999

84,3

531,5

182,9

2.283,0

282,2

2000

98,5

158,7

251,0

2.566,8

369,9

2001

106,6

1.618,5

148,8

731,0

261,2

2002

103,7

498,6

148,0

7.652,2

312,9

2003

200,8

1.953,1

85,5

3.229,0

310,9

2004

233,8

2.131,0

   

246,7

2005

211,2

1.091,2

   

225,2

2006

288,1

4.834,0

   

295,3

2007

211,6

8.294,6

   

243,5

2008

218,1

     

272,8

2009

68,7

     

68,7

2011

61,2

     

61,2

2012

36,0

     

36,0

2019

62,4

     

62,4

2022

 

1.500,0

   

9,9

2023

88,0

     

88,0

2025

61,8

     

61,8

2028

0,1

     

0,1

2029

36,4

     

36,4

Total

2.171,2

22.611,4

929,2

16.462,0

3.358,4

(a) Dans ce tableau, la distinction entre titres libellés en francs et titres libellés en écus n'a de sens qu'au regard de la comptabilisation à la date présente des titres concernés, l'ensemble de la dette devant faire l'objet d'une " redénomination " en euros dès le premier week end de janvier 1999.

(b) 1 écu = 6,6005 francs, sur la base du cours indicatif de la Banque de France au 30 septembre 1998.

Source : bulletin mensuel Valeurs du Trésor, n° 101, octobre 1998.

Source : bulletin mensuel Valeurs du Trésor, n° 101, octobre 1998.

II.- LA PARTICIPATION À LA TROISIÈME PHASE DE L'UNION ÉCONOMIQUE ET MONÉTAIRE JUSTIFIE DE POURSUIVRE LES EFFORTS DE MODERNISATION DE LA DETTE DE L'ÉTAT

Engagée depuis une quinzaine d'années, la politique de modernisation de la dette de l'État voit son fondement conforté par la participation de la France à la troisième phase de l'Union économique et monétaire, dont les chefs d'État et de gouvernement, réunis en sommet extraordinaire à Bruxelles, le 2 mai 1998, ont tracé les contours.

La rénovation des titres émis par l'État, la structuration d'un réseau de " spécialistes en valeur du Trésor ", chargés de conseiller l'État dans sa politique d'émission, de contribuer au placement des emprunts et d'animer le marché, la constitution d'un marché secondaire actif et liquide sont autant d'atouts dans un marché européen des capitaux désormais plus ouvert, où les barrières de change seront supprimées au 1er janvier 1999. La politique d'émission doit cependant continuer de s'adapter pour répondre au mieux aux besoins des investisseurs, tandis que le bon fonctionnement du marché secondaire doit contribuer à rendre toujours aussi attractive la dette publique française.

A.- L'ENGAGEMENT DE L'ÉTAT SUR L'ACTUEL MARCHÉ DE L'ÉCU DEVRAIT CONFORTER SA POSITION SUR LE FUTUR MARCHÉ DE L'EURO

1.- Une politique volontariste a fait du Trésor le principal émetteur souverain sur le marché de l'écu

Depuis 1989, date de la première émission d'une OAT libellée en écus, le Trésor poursuit une politique dynamique de développement de son endettement en écus. En février 1993, il a procédé à la première émission d'un BTAN en écus à échéance de 5 ans ; en février 1995, le Trésor a émis la première souche de BTAN en écus à échéance de 2 ans.

Le Trésor a également institutionnalisé ses interventions sur le marché de l'écu, en publiant en 1992 un programme d'émission qui affichait l'objectif d'émettre 15% de sa dette en écus. Soucieux de ne pas peser sur un marché qui semblait ne pouvoir absorber que difficilement un tel volume de titres, le Trésor a substitué à cet objectif quantitatif, en 1994, un engagement en termes de régularité. Le programme d'émission prévoyait alors une adjudication en écus tous les deux mois.

Cette périodicité a été réduite à partir de l'année 1996, où le programme prévisionnel de financement prévoyait que le Trésor réaliserait tous les mois une adjudication d'OAT ou de BTAN en écus. Enfin, à partir du 1er juillet 1997, les adjudications mensuelles de titres en francs et en écus ont été fusionnées.

Depuis avril 1996, le Trésor a créé plusieurs lignes d'OAT et de BTAN en francs et en écus de mêmes caractéristiques, en termes de coupon comme de maturité, de façon à assurer une assimilation automatique des lignes en francs et en écus au 1er janvier 1999.

La maturité des titres en écus émis par le Trésor français s'étend du très court terme (pensions sur titres) au très long terme (OAT à 30 ans). Le montant total de la dette libellée en écus atteint, au 30 septembre 1998, près de 150 milliards de francs pour les OAT et 110 milliards de francs pour les BTAN, soit 7% de l'encours total de la dette négociable. Dans le rapport annuel pour 1997 sur les valeurs du Trésor, celui-ci estime que " la dette publique française a ainsi acquis le statut de référence incontestée sur le marché de l'écu. En début d'année 1998, la France détient 55% des parts de marché des émetteurs souverains sur l'écu, contre 14% pour l'Italie et 12% pour le Royaume-Uni ".

L'engagement du Trésor sur le marché de l'écu répond plus au souci " politique " de développer ce marché et d'y assurer une présence française qu'au souci de minimiser le coût de la dette.

Le rapport annuel 1997 sur les valeurs du Trésor estime que " ces émissions en écu ont été réalisées à des conditions financières intéressantes. Globalement, l'appréciation du franc contre écu a plus que compensé l'éventuel écart de rendement servi. Il est aussi arrivé que des émissions en écu soient réalisées dans des conditions de taux plus favorables que des émissions en francs de même échéance ".

Dans la réponse qu'il avait reçue à son questionnaire budgétaire portant sur la loi de finances pour 1998, votre Rapporteur spécial avait noté une position plus nuancée : " il est impossible de faire un réel bilan financier de la politique d'émission dans son ensemble tant que tous ces emprunts n'ont pas été remboursés. [...] Le bilan strictement financier de la politique d'émission est soumis à un certain nombre d'hypothèses (évolution des taux de change et des taux d'intérêt) qui s'opposent aujourd'hui à une appréciation objective ".

Les taux observés sur les segments moyen et long du marché de l'écu sont, en effet, habituellement supérieurs à ceux observés sur les mêmes échéances des marchés nationaux. L'endettement en écus conduit donc, en règle générale, à un surcoût pour l'émetteur.

Par ailleurs, l'émetteur supporte éventuellement un risque de change, tant en ce qui concerne le versement des intérêts annuels que le remboursement du capital. Il peut, en particulier, tirer profit d'une appréciation de sa monnaie nationale face à l'écu, phénomène qu'a connu la France depuis quelques années.

Source : bulletin mensuel Valeurs du Trésor, n° 101, octobre 1998.

Cependant, le mois d'octobre 1997 a vu un changement structurel dans les conditions de taux observées sur le marché de l'écu. Jusqu'à cette date, on observait un écart de taux positif en faveur des titres libellés en francs : les titres en écu devaient supporter une " prime de risque " d'environ 50 points de base, due pour l'essentiel au volume encore restreint de ce segment de marché et au statut très spécifique de l'écu.

En octobre 1997, les banques centrales des principaux pays du " noyau dur " du Système monétaire européen (SME) - dont la Banque de France - ont décidé d'augmenter leurs taux directeurs. L'objectif affiché était de faciliter la convergence des économies européennes, en partageant notamment les efforts de convergence en matière de politique monétaire entre les pays du " noyau dur " du SME et les pays d'Europe du sud. Les premiers pratiquaient des taux d'intérêt bas, grâce à la crédibilité de leur politique monétaire et à cause d'une conjoncture économique peu porteuse. Les seconds, au contraire, étaient obligés de maintenir depuis de nombreuses années des taux d'intérêt beaucoup plus élevés, à cause d'une crédibilité insuffisante de leurs autorités monétaires et budgétaires, et du fait d'un positionnement favorable dans le cycle conjoncturel en 1997.

Le mouvement des banques centrales a renforcé, pour les marchés, la perspective de bon achèvement de l'union monétaire, à échéance rapprochée, y compris pour des pays sur lesquels des doutes sérieux avaient été nourris précédemment. Le graphique ci-avant montre que la prime de risque s'est alors réduite à quelques points de base. En novembre 1997, le taux actuariel observé sur l'émission de l'OAT à 10 ans en écus s'est même avéré inférieur à celui observé sur l'OAT de même échéance libellée en francs.

Par la suite, les résultats du sommet de Bruxelles, le 2 mai 1998, ont réduit à néant la prime de risque des titres en écus. Il y a depuis lors une complète assimilation du marché de l'écu et du marché du franc, au moins en termes de conditions de taux.

Le fort positionnement du Trésor sur le marché de l'écu a visé, au-delà des incertitudes financières inhérentes à tout financement en " devises ", assurer une présence constante et appréciée de la signature de la République française sur les marchés européens.

Une nouvelle étape sera franchie dès la première fin de semaine de 1999 avec la conversion en euro de la totalité de la dette de l'État.

2.- La conversion en euro de la dette de l'État dès les premiers jours de 1999 donnera de la profondeur au marché des titres publics français

En décembre 1995, le sommet européen de Madrid avait décidé que les États participant à la troisième phase de l'Union économique et monétaire émettraient leur nouvelle dette en euro à compter du lancement de cette troisième phase, et qu'ils pourraient choisir librement les modalités de conversion en euro de leur dette négociable.

Le Trésor français et les acteurs de la place de Paris ont mis en place dès 1995 des structures de réflexion pour préparer cette échéance et définir ses modalités techniques. Par ailleurs, au mois de juillet 1997, le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie faisait savoir que l'État convertirait en euro l'ensemble de sa dette négociable dès le 1er janvier 1999. Les grandes lignes du processus de conversion étaient également proposées et ont été effectivement approuvées par le Parlement dans l'article 18 de la loi n° 98-546 du 2 juillet 1998 portant diverses dispositions d'ordre économique et financier (4) :

- les obligations du Trésor, qui se présentent sous la forme de coupures dématérialisées dotées d'une valeur nominale (généralement 2000 francs), seront converties en titres au nominal d'un euro ;

- les bons du Trésor, qui sont des titres dématérialisés dépourvus de valeur nominale, seront convertis en unité euro ;

- chaque ligne de titres verra sa valeur arrondie à l'euro inférieur ; pour compenser la perte ainsi subie, les porteurs recevront une soulte en espèces, valorisée au prix du marché ; la valeur nominale de cette soulte sera donc, dans tous les cas, inférieure à un euro ;

- la conversion sera appliquée automatiquement à l'ensemble du stock de dette négociable de l'État au cours de la première fin de semaine de janvier 1999 ; à partir du 4 janvier au matin, la dette existante anciennement libellée en francs ou en écus sera fongible avec la dette nouvellement émise en euro et elles seront négociées de la même manière sur les marchés de taux d'intérêt.

Le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie a également précisé que la première adjudication de bons du Trésor en euro aurait lieu dès le 4 janvier 1999. Par ailleurs, votre Rapporteur spécial rappelle que le taux de conversion de l'euro sera déterminé à la clôture des marchés, le dernier jour ouvrable de 1998.

L'article 18 de la loi du 2 juillet 1998 détermine le cadre juridique de la conversion en euro des titres de la dette. Il doit être complété par l'article 43 du projet de loi de finances pour 1999, qui prévoit d'autoriser le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie à réaliser effectivement la conversion de la dette de l'État.

3.- Le Trésor dispose de réels atouts pour devenir un émetteur de référence

La force des positions occupées par le Trésor sur le marché de l'écu, puis de l'euro, est un enjeu important dans la perspective d'un contexte concurrentiel accru pour les émetteurs.

En effet, dans la zone euro, plusieurs émetteurs souverains seront présents en même temps sur le même marché, et devront offrir aux investisseurs des gages de transparence, de liquidité et de rémunération suffisamment attractifs pour couvrir à un coût modéré leurs besoins de financement.

Il est aujourd'hui difficile de prédire qui, de la France ou de l'Allemagne, sera en mesure d'occuper la place privilégié d'émetteur de référence au sein de la zone euro. L'encours des titres publics allemands représente 25% de l'encours total des titres publics dans la zone, alors que la part de la France est de 22%. La politique de modernisation des instruments de dette est bien antérieure en France, mais la crédibilité de l'Allemagne en matière de stabilité monétaire est assise depuis plus longtemps.

A l'avenir, ce dernier critère devrait avoir une importance moindre, puisque la conduite de la politique monétaire unique sera dévolue à la Banque centrale européenne. Des paramètres comme la liquidité de la dette d'État, la solidité de la position commerciale et financière extérieure, le volume de l'endettement public et la maîtrise de son accroissement, devraient devenir plus essentiels aux yeux des investisseurs.

Ainsi, certaines institutions financières, comme ABN-AMRO, envisagent sérieusement que l'avantage de taux qui bénéficie aujourd'hui aux obligations d'État allemandes par rapport aux OAT françaises (environ 7 centièmes de points de base) pourrait s'inverser au profit des titres français, tout en restant du même ordre de grandeur que précédemment.

Cependant, la solidité de la place financière de Paris sera également un élément déterminant. Le pilotage de la politique d'émission et de gestion de la dette de l'État nécessite, en effet, une étroite proximité entre le Trésor, les intermédiaires spécialisés dans les valeurs du Trésor (" Spécialistes en valeurs du Trésor ", ou SVT) et les investisseurs. Un affaiblissement de la place de Paris aurait pour conséquence de réduire les échanges réciproques d'information entre l'émetteur et les investisseurs, ce qui pourrait avoir des conséquences dommageables sur la bonne adéquation des titres proposés aux besoins manifestés, ainsi que sur les modalités de gestion de la dette qui concourent à améliorer sa liquidité.

B.- LA POLITIQUE D'ÉMISSION DEVRA CONTINUER À S'ADAPTER TOUT EN PRÉSERVANT DES ACQUIS IMPORTANTS

1.- Le réseau des SVT : une passerelle indispensable entre l'État et le marché

La création d'un groupe de Spécialistes en Valeurs du Trésor (SVT) a été décidée en novembre 1986, dans le cadre des orientations stratégiques visant à moderniser la politique d'émission de la dette de l'État. Les SVT sont chargés d'assurer le placement des valeurs du Trésor et la liquidité du marché. Directement inspirés du modèle américain des Primary Dealers, les SVT s'engagent à respecter les termes d'un cahier des charges spécifique. Celui-ci, établi une première fois en 1986, a été révisé en 1994, 1997 et janvier 1998.

Aux termes de ce cahier des charges, les SVT doivent :

- assurer une parfaite liquidité du marché secondaire des valeurs du Trésor, en assurant un pourcentage minimum de transactions et en se portant acheteurs et vendeurs fermes sur les principales lignes, à prix affichés, pour des montants déterminés ; cependant, les SVT n'ont pas le monopole de la négociation de valeurs du Trésor ;

- participer à la formation de prix officiels représentatifs sur l'ensemble des valeurs du Trésor ;

- contribuer au bon déroulement des adjudications, en particulier en évaluant la demande du marché préalablement à chaque opération ; les SVT s'engagent à acquérir lors des adjudications au moins 2% des volumes annuels émis dans chacune des cinq catégories de titres (BTF, BTAN et OAT en francs, BTAN et OAT en écus) ;

- déployer des efforts commerciaux pour assurer le placement des valeurs du Trésor auprès de leur clientèle, en France et à l'étranger ;

- informer régulièrement le Trésor sur l'évolution des marchés et conseiller l'État sur sa politique d'émission.

En contrepartie de ces engagements, les SVT disposent de deux droits spécifiques par rapport aux autres intervenants sur le marché : ils peuvent présenter des offres non compétitives lors des adjudications, avant ou après la séance (5) ; ils peuvent démembrer et remembrer les OAT.

La sélection des SVT repose sur le niveau des fonds propres, et l'importance des équipes de négociation, de logistique et de vente implantées sur la place de Paris. En effet, la proximité des SVT et du Trésor est essentielle pour assurer une bonne adéquation entre les caractéristiques des titres proposés par le Trésor et les attentes des investisseurs. La direction du Trésor et les représentants des SVT sont en contact quotidien, ce qui permet au Trésor d'avoir, en temps quasi réel, accès au " sentiment " du marché et de surveiller les performances de ses titres.

La composition du groupe des SVT a d'ailleurs évolué. Il s'est élargi afin que soit représentée la diversité des établissements actifs à Paris sur les emprunts d'État, d'une part, afin que soit affirmée la présence de la signature du Trésor français auprès des grands investisseurs internationaux d'autre part. Ainsi, la dernière sélection de SVT, effectuée en avril 1998, a donné lieu à une augmentation des établissements non-résidents jouissant du statut de SVT : le groupe comprend, à l'heure actuelle, dix établissements français et dix non-résidents, dont cinq américains.

Cet intérêt des institutions financières non-résidentes pour le statut de SVT semble de bon augure pour que les titres d'État soient placés dans de bonnes conditions après la constitution du marché unifié des capitaux en euro.

2.- La maturité de la dette : une protection efficace contre le risque de taux

· La durée moyenne de la dette est un paramètre important des conditions de financement de l'État. Le recours au compartiment long du marché permet de limiter l'exposition au risque de taux à l'occasion des opérations de refinancement des échéances amorties. Le recours au compartiment de court terme permet, en général, de profiter du niveau moins élevé des taux d'intérêt sur ce segment du marché.

L'arbitrage doit donc se faire entre sécurité et performance, synonyme en l'occurrence de moindre coût. De 1986 à 1993, dans le droit fil de la réforme structurelle de la dette, l'État a orienté de façon privilégiée ses nouvelles émissions vers le moyen-long terme. Ce mouvement de " consolidation " de la dette tendait à se dégager progressivement des anciennes ressources de financement et à adopter un profil de dette plus conforme aux " canons " de la gestion financière classique.

A partir de 1994, l'État a principalement cherché à stabiliser la durée moyenne de sa dette, en occupant de façon équilibrée l'ensemble des segments du marché. Cette politique n'exclut évidemment pas des inflexions, dont le tableau ci-après donne la mesure.

La part de la dette à court terme (moins d'un an) dans le total de la dette est d'ailleurs non négligeable. Depuis 1996, l'encours des BTF est quasiment stable, aux alentours de 270 milliards de francs. Pour 1999, les émissions nettes de BTF devraient montrer un solde positif de 28 milliards de francs, mais cette augmentation ne tendrait qu'à compenser la diminution d'une autre ressource à court terme, non négociable : les avoirs créditeurs des particuliers sur les comptes courants postaux.

DURÉE DE VIE MOYENNE DE LA DETTE NÉGOCIABLE EN FIN D'ANNÉE

Année

Durée de vie

1990

5 ans et 172 jours

1991

5 ans et 324 jours

1992

6 ans et 139 jours

1993

6 ans et 187 jours

1994

6 ans et 176 jours

1995

6 ans et 95 jours

1996

6 ans et 47 jours

1997

6 ans et 57 jours

30 septembre 1997

5 ans et 361 jours

30 septembre 1998

6 ans et 19 jours

Source : bulletin mensuel Valeurs du Trésor.

· Dans sa politique de positionnement sur la courbe des taux, l'État est en fait contraint par sa place prépondérante sur le marché national. En juillet 1998, la part de l'État dans l'endettement intérieur total atteint 34,6%, alors que celle des sociétés est d'environ 33,7%. En termes de flux, les émissions brutes en francs de l'État sur les marchés intérieur et international pendant les neuf premiers mois de l'année 1998 se sont élevées à 272,9 milliards de francs, pour un montant total de 577,9 milliards de francs ; les émissions nettes ont atteint 132,5 milliards de francs, soit près de 66% d'un montant total de 201,3 milliards de francs.

Certes, la situation observée depuis 1996 est loin de ressembler à celle de 1995, où l'État avait assuré un volume d'émissions nettes en francs et en écus supérieur au volume total émis sur le marché intérieur et sur le marché international. Cependant sa présence sur le marché financier est largement prédominante, comme le montre le tableau ci-après.

ÉMISSIONS NETTES D'OBLIGATIONS EN FRANCS ET EN ÉCUS (a)

(en milliards de francs)

 

1993

1994

1995

1996

1997

1998 (b)

Émissions en francs

           

État

287,6

188,6

199,1

224,0

112,1

161,4

Établissements de crédit et assimilés

80,4

15,7

- 25,0

- 65,2

- 76,8

- 110,7

Sociétés non financières

55,2

18,0

5,2

28,8

5,3

23,7

Autres émetteurs résidents

4,4

19,9

- 4,5

46,3

13,6

21,2

Total Résidents

427,6

242,2

174,8

233,9

54,2

95,6

Non résidents

70,5

75,9

25,2

136,2

118,6

95,4

Total Émissions en francs

498,1

318,1

200,0

370,1

172,9

191,0

Émissions en écus

           

État

16,4

6,5

13,7

24,4

27,9

- 28,9

Établissements de crédit et assimilés

- 2,5

0,4

- 5,2

0,5

- 3,6

13,6

Sociétés non financières

-

-

-

-

-

18,1

Autres émetteurs résidents

-

- 0,3

-

-

-

1,3

Total Résidents

13,9

6,6

8,6

24,9

24,3

4,1

Non résidents

-

- 4,3

- 4,2

-

-

- 2,0

Total Émissions en écus

13,9

2,3

4,4

24,9

24,3

2,1

Total général

512,0

320,4

204,4

395,0

197,2

193,2

(a) Obligations stricto sensu et titres participatifs cotés à la Bourse de Paris. Émissions réalisées sur le marché intérieur et sur le marché international, nettes des amortissements et rachats de titres.

(b) Sur les neuf premiers mois de l'année (janvier - septembre).

Source : Banque de France, Bulletin mensuel.

Cette position de " faiseur de marché " n'a pas que des avantages. Elle oblige, entre autres, à ajuster soigneusement les volumes demandés sur les différents compartiments, entre le court, le moyen et le long terme.

L'État ne doit pas donner l'impression qu'il parie sur l'évolution des taux d'intérêt. Acteur prépondérant du marché, il contribue lui-même à la formation de la courbe des taux et ne peut considérer qu'elle est " exogène " à son comportement. Comme l'indique une réponse fournie au questionnaire budgétaire relatif au présent projet de loi de finances, " l'augmentation des volumes émis sur une maturité donnée conduit inévitablement les taux à la hausse sur cette maturité ".

Par ailleurs, il existe un obstacle technique à une réduction sensible et pérenne de la durée de vie de la dette de l'État. En rythme de croisière, le refinancement d'une dette de l'ordre de 3 000 milliards de francs et d'une durée de vie moyenne de 6 ans conduit à émettre chaque année 500 milliards de francs sur les marchés, à la seule fin de refinancer la dette arrivant à échéance. Le passage à une durée de vie plus faible reviendrait à obliger l'État à émettre chaque année un volume proportionnellement plus important (1 000 milliards de francs pour une durée de vie moyenne de 3 ans, par exemple). " Lever de tels montants pourrait perturber de façon significative les marchés obligataires en francs et faire peser un risque sur la capacité de l'État à se financer dans des conditions acceptables ".

3.- Les OAT destinées aux personnes physiques : une forme de placement à redéfinir ?

Sur la base des trois produits standardisés que sont les BTF, les BTAN et les OAT, l'État a décliné son offre de titres de façon à satisfaire les besoins potentiels des investisseurs et à rendre ses émissions attractives.

En particulier, des OAT destinées aux particuliers sont émises chaque mois depuis 1994. Le Trésor vise ainsi à renouer avec la tradition des emprunts d'État placés directement auprès du public, alors que la politique de modernisation entreprise en 1985 avait conduit à fermer, dans les faits, l'accès du marché primaire des titres d'État aux particuliers.

Les OAT " personnes physiques " ne sont pas différentes des OAT destinées aux institutionnels. En effet, afin de bénéficier des avantages de l'assimilation, elles sont fongibles avec l'OAT de référence à dix ans émise le même mois auprès des investisseurs institutionnels, dès le règlement du premier coupon, qui est versé pro rata temporis. Le taux des OAT servies aux particuliers est donc fixé en fonction du taux moyen constaté lors de l'adjudication de l'OAT " institutionnels " sous-jacente. La période de souscription est en général de trois semaines.

Le placement des OAT " personnes physiques " fait l'objet d'une convention entre le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie et les établissements garants. Le contrat portant sur la période octobre 1998- décembre 1998 indique que les établissements garants se sont engagés à placer au moins 1,96 milliard de francs sur une période limitée à trois mois du fait de la prochaine introduction de l'euro.

Une commission fixe de 40 francs est ajoutée au prix de l'OAT. En effet, le placement des OAT " particuliers " s'effectue principalement dans les guichets des réseaux bancaires, ce qui induit des coûts pour les établissements placeurs. Ces commissions, directement encaissées par les banques en même temps que le prix de souscription, sont cependant enregistrées en dépenses et en recettes dans la comptabilité de l'État. Les commissions représentent en effet la rémunération des banques par l'État et non par les souscripteurs, même si ceux-ci en supportent la charge.

Le placement des OAT auprès des personnes physiques reste au demeurant une procédure marginale dans le financement de l'État. Ils ne représentent, en 1997, que 0,3% environ de la dette négociable. Aux États-Unis, les savings bonds représentent au contraire près de 5% de l'endettement fédéral. En Allemagne, l'encours atteint 78,4 milliards de Deutschemark sur les Bundesschatzbriefe, titres réservés aux particuliers, dont la durée de vie à l'émission est comprise entre 5 et 7 ans.

PLACEMENT D'OAT AUPRÈS DES PERSONNES PHYSIQUES

(en millions de francs)

 

1994-1995

1995-1996

1996-1997

1997-1998 (a)

Montant prévu

19.612,0

14.100,0

12.660,0

9.910,0

Montant placé

19.054,6

14.448,5

12.782,6

8.535,0

Commissions

381,1

289,0

235,9

170,7

(a) Jusqu'au mois de juillet 1998 inclus. Source : direction du Trésor.

Il serait souhaitable que les efforts entrepris pour placer directement les titres d'État auprès des particuliers soient poursuivis et amplifiés. Il est permis de se demander si la politique tarifaire actuellement pratiquée est suffisamment attractive pour susciter l'intérêt bien compris des épargnants. Cependant, il est probable que le motif principal de désaffection pour la détention directe de titres publics réside dans les modifications apportées à la fiscalité des revenus de capitaux mobiliers par la loi de finances initiale pour 1996.

En effet, en vertu des dispositions de l'article 158-3 ancien du code général des impôts, les revenus d'obligations perçus pour les années antérieures à 1995 bénéficiaient d'un abattement forfaitaire de 16 000 francs pour les couples mariés soumis à imposition commune et de 8 000 francs pour les célibataires, veufs ou divorcés et les époux soumis à imposition séparée. Depuis l'imposition des revenus de l'année 1996, cet avantage fiscal est désormais réservé aux dividendes d'actions de sociétés françaises et au produit des parts de SARL ou d'exploitation agricole à responsabilité limitée (EARL).

La politique du Gouvernement, qui vise, à juste titre, à rééquilibrer la fiscalité du travail et la fiscalité du capital ne permet pas de prévoir qu'une évolution inverse pourrait être engagée prochainement sur ce point.

4.- Les OAT à taux variable : un renouveau bienvenu

· Les titres à taux variable ont vocation à protéger l'investisseur contre le risque en capital qui résulte des fluctuations de taux. Plusieurs produits ont été conçus par le Trésor pour satisfaire à ces besoins, dont les taux étaient indexés :

- sur une référence courte : une moyenne de taux mensuels de BTF à 13 semaines (TMB), un taux révisable à périodicité trimestrielle fondé sur le taux de rendement des BTF (TRB) ;

- sur une référence longue, qui pouvait être le TRA (taux révisable en fonction des taux de rendement moyens mensuels des emprunts d'État à taux fixe d'échéance supérieure à 7 ans) ou le TME (taux de rendement d'un échantillon d'emprunts d'État sur le marché secondaire).

Ces produits se sont révélés être en décalage avec les souhaits des investisseurs vers la fin des années quatre-vingts. Par ailleurs, la stabilisation de la hausse des prix à un niveau modéré, la diminution générale des taux et leur moins grande volatilité ont rendu moins attractives les émissions de titres à taux variable. Ainsi, le Trésor a interrompu ses émissions à partir de novembre 1990.

· Pourtant, le souci de fournir aux investisseurs un produit simple à utiliser et performant, ainsi que la volonté d'occuper un segment du marché susceptible d'asseoir sa position comme émetteur de référence, ont amené le Trésor à concevoir, en 1996, une nouvelle OAT à taux variable. Cette OAT est indexée sur un nouvel indice de rendement des emprunts d'État à long terme, plus représentatif du marché des taux d'intérêt à long terme : le TEC 10 (" taux de l'échéance constante à 10 ans ").

L'indice TEC 10 est calculé quotidiennement par interpolation des taux observés sur les deux OAT encadrant au plus près la maturité exacte de 10 ans, dont l'encours est supérieur à 20 milliards de francs. Le TEC 10 est donc le taux de rendement d'une OAT fictive de maturité exactement égale à 10 ans. Il a été conçu pour être accessible à l'ensemble des investisseurs français et étrangers. La référence choisie par le Trésor est homogène à d'autres références largement connues des investisseurs internationaux, comme les Constant Maturities Treasuries aux États-Unis.

Les OAT TEC 10 sont dotées d'un coupon trimestriel. En effet, ces titres offrant l'intérêt de présenter un coupon proche du taux du marché, il a été jugé préférable d'opter pour un détachement trimestriel plutôt que pour un coupon " classique " à détachement annuel.

L'OAT TEC 10 à échéance du 25 octobre 2006 a été émise pour la première fois par syndication le 9 avril 1996. L'État a ensuite procédé régulièrement, et en fonction de la demande des investisseurs, à des abondements par adjudication. Une nouvelle ligne, à échéance du 25 janvier 2009, a été créée en mars 1997 pour compléter la gamme des titres indexés sur le TEC 10.

Au 30 septembre 1998, l'encours des deux lignes d'OAT TEC 10 s'établit à 122,71 milliards de francs, dont 77,98 milliards de francs pour l'OAT octobre 2006 et 44,73 milliards de francs pour l'OAT janvier 2009.

· Par ailleurs, l'article 19 de la loi n° 98-546 du 2 juillet 1998 portant diverses dispositions d'ordre économique et financier a autorisé l'indexation sur le niveau général des prix, dans des conditions fixées par décret, des titres de créance et des instruments financiers à terme mentionnés au 2° et au 4° de l'article premier de la loi n° 96-597 du 2 juillet 1996 de modernisation des activités financières (6). Ainsi, le Trésor est désormais habilité à émettre des obligations indexées sur le niveau général des prix, dites encore " obligations indexées sur l'inflation ".

L'émission de titres indexés sur l'inflation a pour but de proposer aux investisseurs un support qui leur garantisse un rendement réel déterminé, assorti d'une part variable de rémunération visant à compenser le plus exactement possible l'érosion du capital due à la hausse générale des prix. L'investisseur ainsi protégé contre la dévalorisation de son capital est prêt à abandonner la prime de risque qui est généralement exigée pour se protéger contre le risque d'erreur dans la prévision d'inflation.

Les estimations effectuées par le Trésor et par plusieurs institutions financières de la place de Paris suggèrent que l'économie induite par l'émission d'une OAT indexée sur l'inflation pourrait atteindre près de 50 points de base par rapport à l'OAT à taux fixe de maturité comparable.

Le Trésor a procédé le 15 septembre 1998 au lancement de sa première OAT indexée sur l'inflation, dénommée " OATi ", dont les caractéristiques sont les suivantes :

- l'indicateur d'inflation retenu est l'indice des prix hors tabac de l'INSEE ;

- l'indexation repose sur la méthode dite " multiplicative " : le coupon est calculé en appliquant le taux facial du titre (3%) au capital revalorisé en fonction de l'indice d'indexation au moment du détachement du coupon ; par ailleurs, le montant du capital remboursé à l'échéance est lui aussi égal au montant nominal revalorisé de l'inflation écoulée sur l'ensemble de la durée de vie du titre désormais échu ;

- le taux facial retenu est égal à 3% ;

- le coupon est détaché chaque année, le 25 juillet.

L'encours de l'OATi juillet 2009 s'établit actuellement à 24 milliards de francs. L'État a annoncé qu'il abonderait cette ligne d'ici à la fin de l'année 1998. L'objectif affiché par le Trésor consiste à émettre au total un volume d'environ 100 milliards de francs. En ce sens, selon la direction du Trésor, " les OAT indexées n'ont pas vocation à devenir un instrument essentiel de la politique d'émission de l'État ". Cependant, " l'OATi 25 juillet 2009 constitue le premier point d'une future courbe des taux d'intérêt réels en euro, qui sera constituée progressivement ".

Compte tenu de la teneur de ces informations, publiées dans divers numéros du bulletin mensuel Valeurs du Trésor; votre Rapporteur spécial est amené à s'interroger sur la qualité de l'évaluation à 100 milliards de francs du volume total des OAT indexées. En effet, si comme l'affirme la direction du Trésor, l'État souhaite " assurer la liquidité traditionnellement attachée à l'ensemble des valeurs du Trésor ", il est permis de penser que l'encours des lignes concernées doit être d'au moins 30 milliards de francs, et plus vraisemblablement proche de 50 milliards de francs. Dans ces conditions, un volume total de 100 milliards de francs serait atteint avec deux lignes seulement.

Deux lignes sont insuffisantes pour constituer une courbe de taux véritablement représentative : une telle courbe doit au moins comporter des points sur les maturités de 30 ans, 10 ans et 5 ans, sans compter les échéances éventuellement inférieures. Il est vrai que l'intérêt de l'indexation en tant que protection contre l'inflation joue surtout sur le long terme. En ce sens, il est probable que les échéances de court terme ne devraient être concernées que de façon marginale, si tant est qu'elles le soient effectivement.

En définitive, votre Rapporteur spécial estime que le montant de 100 milliards de francs constitue un plancher plutôt qu'un plafond. D'ailleurs, si les titres indexés devaient rencontrer un réel succès, il serait dommage que l'État limite arbitrairement le recours à un instrument économique et apprécié des investisseurs. Pour l'instant, le recul est insuffisant pour juger de l'intérêt porté à l'OATi juillet 2009. Il convient cependant de noter que le taux réel du marché s'établit depuis quelques jours aux environs de 2,97%, contre un taux facial de 3%, ce qui constitue un signe encourageant.

Avec l'OATi juillet 2009, la République française est le premier émetteur souverain de la zone euro à proposer un titre indexé sur l'inflation. Cet outil ne pourra cependant trouver sa pleine efficacité que si, comme les autres titres publics français, il bénéficie de la politique de liquidité et de développement du marché secondaire de la dette, qui a été mise en place depuis 1985.

C.- L'EFFICACITÉ DU MARCHÉ SECONDAIRE CONDITIONNERA POUR PARTIE L'INTÉRÊT ACCORDÉ AUX TITRES D'ÉTAT FRANÇAIS

La rénovation du marché primaire de la dette publique devait se conjuguer à la modernisation de son marché secondaire. Il est, en effet, plus aisé de proposer des titres à des investisseurs si ceux-ci savent pouvoir les revendre à tout moment sur un marché secondaire actif, liquide et susceptible de leur apporter sans délai et sans décalage de cours trop important une contrepartie à l'achat. La fluidité du marché secondaire facilite le placement des titres sur le marché primaire.

Cette fluidité passe d'abord par la constitution de lignes dotées d'un encours important. Chaque investisseur ne détient alors qu'une part minime de l'encours total de la ligne, ce qui réduit le risque de déséquilibre du marché lorsque des transactions sont décidées. Le recentrage de la politique d'émission en faveur de titres assimilables, présentée dans l'encadré de la page 20, concourt à la nécessaire fluidité du marché secondaire, dont l'essor a d'ailleurs été considérable au cours des dernières années.

1.- Le volume des échanges sur valeurs du Trésor témoigne d'une certaine maturité de leur marché secondaire

Après une contraction sensible en 1994, du fait du recul mondial des marchés obligataires provoqué par la hausse généralisée des taux d'intérêt, le volume des transactions sur titres d'État s'est à nouveau orienté à la hausse depuis 1995. Le volume enregistré en Sicovam en 1997 a atteint 120 070 milliards de francs, soit près de 80% des échanges totaux effectués par l'intermédiaire de Sicovam. Le marché des valeurs du Trésor est aujourd'hui reconnu comme le plus liquide au monde, après le marché américain.

Le graphique ci-après présente le volume quotidien des transactions dénouées en Sicovam (en moyenne mensuelle) pour les OAT et les bons du Trésor (BTF et BTAN), ainsi que le nombre total d'opérations effectuées. Ces indicateurs incluent les transactions réalisées de gré à gré et les transactions réalisées sur le marché réglementé de la Bourse de Paris. En revanche, ne sont pas présentées les transactions effectuées dans les deux centrales internationales de conservation de titres : Cedel et Euroclear. Celles-ci représentent un volume supplémentaire d'environ 10%.

De janvier à septembre 1997, le volume total d'échanges sur titres d'État effectué en Sicovam était stable, légèrement inférieur à 500 milliards de francs par jour. Les transactions se sont ensuite continuellement accrues jusqu'au record du mois de juillet 1998, où les échanges quotidiens ont atteint près de 807 milliards de francs. Les transactions sur bons du Trésor ont connu, ce mois là, un accroissement spectaculaire, passant de 292,1 milliards de francs à 466,1 milliards de francs ; elles compensaient ainsi la diminution des échanges sur OAT (341,1 milliards de francs au lieu de 393,2 milliards de francs en juin 1998). En août et septembre 1998, le niveau des transactions sur titres d'État s'est maintenu à un niveau particulièrement élevé, supérieur à 750 milliards de francs par jour.

Source : Sicovam, octobre 1998.

La sécurité et la fiabilité des procédures de règlement-livraison des titres est un élément essentiel dans la décision d'investissement. La place de Paris, qui a beaucoup investi ces dernières années, bénéficie aujourd'hui d'un avantage comparatif important en Europe. Sur les 150 000 milliards de francs qui ont transité en 1997 par la Sicovam, 99,81% des capitaux ont été dénoués dans les délais requis, ce qui constitue, selon les termes du rapport annuel 1997 de la Sicovam, un " taux record au plan mondial ".

Selon les résultats de l'évaluation effectuée par la Banque centrale européenne (BCE) sur les systèmes de règlement-livraison des quinze pays membres de la Communauté européenne, publiés le 29 septembre dernier, le système français, RGV, est d'ailleurs le seul système de place des pays participant à l'euro qui satisfasse à l'ensemble des critères requis par la BCE pour la mise en _uvre de la politique monétaire en euro. Seul un autre système de place, celui de la Suède, remplit également tous les critères, mais ce pays a annoncé son intention de ne pas participer, pour l'instant, à la troisième phase de l'Union monétaire. H. Kuppers, directeur au Crédit agricole-Indosuez, estimait récemment, à cet égard, que " la qualité des systèmes de place [...], qui sont maintenant bien rodés, est un atout supplémentaire de sécurisation des opérations. Les clients étrangers, notamment américains et japonais, y sont très sensibles " (7).

Le développement de la pension livrée a affirmé la part des titres d'État dans le fonctionnement des marchés monétaire et obligataire. En effet, la forte croissance des opérations de cession temporaire de titres a été consacrée en 1993 et 1994 par la création d'un véritable marché moderne de la pension. La clarification du cadre juridique (8) et la création du statut de Spécialiste de la pension sur valeurs du Trésor (SPVT) ont permis d'améliorer la liquidité et l'efficacité du marché de la dette d'État en offrant aux investisseurs la possibilité de placer, à court terme, leurs disponibilités en valeurs du Trésor (prise en pension) ou de refinancer à court terme un portefeuille préexistant de valeurs du Trésor (mise en pension).

APERÇU SUR LE RÉGIME JURIDIQUE DES PENSIONS

La mise en pension est l'opération par laquelle une personne, le cédant, vend à une autre personne, le cessionnaire, des valeurs, titres ou effets, ces deux personnes s'engageant respectivement et irrévocablement, l'une à reprendre les titres et la seconde à les rétrocéder, pour un prix et à une date convenus. Il s'agit donc d'une cession temporaire de créances, accompagnée d'un transfert réel de propriété (transfert des droits de vote et des droits financiers).

Les opérations de pension peuvent être effectuées non seulement par les établissements de crédit, mais également par toute personne morale ainsi que par les fonds communs de créances et les fonds communs de placement. Toutefois, seuls les établissements de crédit peuvent mettre et prendre en pension des effets privés.

Les titres concernés sont les valeurs mobilières cotées ou inscrites au hors-cote, les titres de créances négociables ainsi que des effets publics ou privés. Les titres susceptibles de faire l'objet d'un détachement de droit à dividende ou d'un paiement d'intérêt ouvrant droit à avoir fiscal ou à crédit d'impôt pendant la durée d'une éventuelle pension ne peuvent faire l'objet d'une telle opération.

Source : rapport annuel 1997 sur les Valeurs du Trésor.

Avec la maturation du marché de la pension livrée, le statut de SPVT a été fusionné avec celui de SVT en février 1996. Les SPVT avaient pour principale mission la promotion de la liquidité de la pension à taux fixe sur valeurs du Trésor, avec notamment l'obligation de coter en permanence les taux de la pension contre BTF, BTAN ou OAT, pour des durées et des montants définis dans le cahier des charges des SPVT.

La montée en régime des opérations de pension livrée s'est révélée très rapide : en juillet 1994, premier mois de mise en place des SPVT, les montant total des transactions des pensions livrées à taux fixe sur valeurs du Trésor était de 700 milliards de francs ; ce montant s'élevait à près de 1 700 milliards de francs à la fin du mois de novembre 1994.

Le cap des 3 000 milliards de francs mensuels a été franchi en août 1995, l'année étant marquée par une certaine irrégularité. La même irrégularité a pu être observée en 1996, avec un montant minimal de 2 283 milliards de francs au mois de mai 1996 et un montant maximal de 3 768 milliards de francs en octobre de la même année.

En 1997, les volumes mensuels des transactions de pension livrée à taux fixe sur valeurs du Trésor ont oscillé entre 2 493 milliards de francs pour le mois de janvier et 3 983 milliards de francs pour le mois d'octobre.

Source : direction du Trésor

Il convient de noter que l'essentiel des opérations de pension livrée sont dites " en vrac ", c'est-à-dire que le cessionnaire prêteur d'espèces accepte toutes les catégories de valeurs du Trésor mises en pension par le cédant (BTF, BTAN ou OAT). Il est donc impossible de faire état de statistiques de pension livrée en distinguant entre les catégories de titres. Ainsi, les OAT, qui sont des titres de nature obligataire, servent de support à des opérations qui relèvent du marché monétaire.

L'INCIDENT DE DÉCEMBRE 1996 SUR LE MARCHÉ DE LA PENSION LIVRÉE

Le 31 décembre 1996, la Banque nationale de Paris refuse de rétrocéder 7 milliards de francs d'OAT 7,25% avril 2006 et 8,50% octobre 2008 à certaines contreparties (dont le Crédit agricole et la Société générale), comme l'y oblige le régime juridique des opérations de pensions livrées. Ne disposant pas des titres à la date convenue, la BNP ne parvient à effectuer la rétrocession que le 2 janvier, au prix de la rémunération de ses contreparties pendant deux jours supplémentaires, mais sans que puissent être appliquées les pénalités de retard prévues par la loi du 31 décembre 1993, le défaut ayant pris fin avant le troisième jour suivant sa constatation.

Il n'est pas inhabituel que des tensions soient constatées en fin d'année sur le marché de la pension livrée. Certains investisseurs, en période de bouclage des bilans, limitent leurs transactions et contribuent ainsi à " assécher " le marché. En particulier, en 1996, les assureurs ont acquis en grande proportion des titres d'État pour placer les sommes investies sur les contrats d'assurance-vie, de sorte que les titres sont devenus plus difficiles à se procurer. Le manque de papier s'est fait encore plus pressant en décembre, l'approche de la clôture comptable incitant les assureurs à ne plus faire tourner leur portefeuille, pour des questions de comptabilisation des réserves techniques. Selon des informations publiées dans La Tribune (22 janvier 1997), " la BNP s'est placée dans une situation délicate : à quinze jours de la date de livraison, et alors que la fin d'année est réputée difficile, il lui restait encore à récolter 45% de l'encours des titres manquants ".

Dès les premiers jours de janvier 1997, le litige qui oppose la BNP à ses contreparties prend des proportions importantes. La BNP estime qu'elle a fait tout ce qui était en son pouvoir pour respecter la parole donnée et livrer les titres à la date convenue. La banque affirme qu'elle aurait été victime d'une " erreur d'anticipation " (P. Bordenave, responsable des marchés de capitaux, cité dans La Tribune du 20 janvier 1997) . La mise à disposition des titres de la réserve du FSR (1), le 26 décembre, n'aurait pas suffi à décongestionner le marché. Pour leur part, certains professionnels jugent qu'au contraire, la BNP se serait sciemment placée dans l'impossibilité de livrer les titres, les pénalités infligées en cas de défaut - et a fortiori la simple rémunération des contreparties pendant deux jours - étant très sensiblement inférieures au coût qu'aurait représenté pour la banque l'emprunt des titres nécessaires, aux conditions de marché prévalant dans les tout derniers jours de décembre. D'aucuns vont même, à l'époque, jusqu'à évoquer des hypothèses plus radicales : la BNP aurait voulu profiter de sa position de principal acteur sur le marché de la pension livrée pour organiser la pénurie des titres et obtenir par ailleurs des retombées lucratives bien supérieures au montant des pénalités versées.

Une commission de conciliation est mise en place en janvier 1997 par l'Association des Spécialistes en valeurs du Trésor (ASVT), afin de régler le contentieux consécutif à l'incident. Selon les termes rapportés par Les Échos, la commission estime que : la sécurité de la place n'a pas été mise en cause ; les principaux intervenants ont respecté leurs obligations fondamentales ; l'emprise de BNP Finance sur chacune des lignes concernées n'était pas excessive ; BNP Finance a mis en _uvre les diligences professionnelles normales mais, face à une situation exceptionnelle, aurait dû mettre en place des moyens exceptionnels, en insistant davantage auprès des prêteurs potentiels de titres et en informant plus systématiquement les contreparties concernées.

Plusieurs mesures ont été prises, visant à éviter le renouvellement de tels incidents : les règles de fonctionnement du système de règlement-livraison de la Sicovam ont été modifiées, afin d'autoriser le traitement fractionné des opérations et assurer ainsi qu'un défaut de livraison n'entraîne pas d'autres défauts en chaîne pour des montants plus importants ; les pénalités en cas de non-règlement ont été renforcées ; le " code de bonne conduite " des SVT a été adopté de façon accélérée. Par ailleurs, le Trésor a renforcé sa surveillance sur le marché de la pension livrée et ses contacts avec les SVT sur la question, notamment pendant les périodes sensibles comme la fin de l'année.

Aucun autre incident n'a eu lieu depuis sur le marché de la pension livrée.

(1) Voir ci-après la description de ce mécanisme.

Le rôle majeur des titres publics dans le fonctionnement des marchés monétaire et obligataire ainsi que la vitalité des échanges d'OAT et de bons du Trésor ont peu à peu donné une assise solide à la constitution d'un marché de produits dérivés de taux, qui offre désormais aux investisseurs une gamme d'instruments leur permettant de se couvrir contre les fluctuations des taux d'intérêt.

2.- Les contrats proposés par le MATIF se sont adaptés à la prochaine introduction de l'euro

Le MATIF (Marché à terme international de France) a été créé en 1986, afin de proposer aux intervenants sur les marchés financiers une gamme complète de produits de couverture contre divers risques : taux d'intérêt, changes, indices boursiers, etc. La couverture contre le risque de taux repose sur l'achat ou la vente de contrats relatifs à un emprunt fictif. Celui-ci est assis sur un panier d'emprunts réels, appelé gisement, dont les caractéristiques sont proches de celles de l'emprunt fictif et qui ont vocation à servir de contrepartie au cas où le contrat ne serait pas dénoué avant son échéance. Le MATIF a mis au point trois contrats de couverture intéressant directement les titres émis par le Trésor :

- en février 1986, le contrat " Notionnel " a permis de se couvrir contre le risque de taux à échéance de 10 ans. Le contrat portait à l'origine sur un emprunt fictif (" notionnel ") de coupon égal à 10% ; le gisement était constitué d'un panier d'emprunts obligataires de maturité résiduelle allant de 7 à 10 ans. A compter de l'échéance décembre 1997, le coupon de l'emprunt notionnel a été ramené à 5,5%, afin d'être plus en adéquation avec les taux réellement observés sur le marché à l'heure actuelle. Par ailleurs, les titres composant le gisement ont vu leur plage de maturité réduite à la fourchette 8,5 ans - 10,5 ans, afin de répondre au souhait des investisseurs de disposer d'un véritable contrat portant sur l'échéance 10 ans ;

- dès le mois d'octobre 1990, un an après la première émission du Trésor en écus, le MATIF a proposé un contrat libellé dans cette monnaie, visant à couvrir contre le risque de taux à un horizon d'environ 8 ans ; le coupon de l'emprunt fictif était, pour les derniers contrats négociés, de 5,5%. Le gisement était constitué de titres émis par des gouvernements ou des organisations supranationales européens disposant de signatures de qualité supérieure, dont la maturité résiduelle était comprise entre 6 et 10 ans ; ainsi, ce produit était le premier exemple d'un contrat multi-émetteur (9) ;

- à partir de septembre 1997, le contrat " MATIF - 5 ans " a permis de se couvrir contre le risque de taux à échéance de 5 ans. Le coupon de l'emprunt fictif est de 4,5%. Le gisement du contrat est constitué de BTAN à 5 ans et d'OAT de maturité résiduelle comprise entre 4 et 5,5 ans.

La préparation du passage à l'euro a incité le MATIF à développer une gamme de contrats libellés en écus (jusqu'au 31 décembre 1998) convertibles en euro (à partir du 1er janvier 1999), ouverts à la négociation depuis juin 1998 pour des échéances postérieures au 1er janvier 1999 (10). Bien que leurs gisements fassent toujours une large place aux valeurs du Trésor, ces nouveaux contrats ouvrent la voie à une certaine banalisation des titres d'État français. Par ailleurs, les contrats " Notionnel ", " Écu " et " MATIF - 5 ans " ne sont plus ouverts à la négociation pour des échéances postérieures au 1er janvier 1999 :

- le contrat " Notionnel " est remplacé par le contrat " Euro notionnel ", couvrant contre le risque de taux à 10 ans, dont l'emprunt fictif sert un coupon de 5,5%. Le gisement est constitué de valeurs du Trésor et, éventuellement, de titres émis par d'autres émetteurs souverains de la zone euro, dont la maturité résiduelle est comprise entre 8,5 et 10,5 ans et dont l'encours minimal est de 6 milliards d'écus/euros (11) ;

- le contrat " Écu " est remplacé par un contrat dénommé " Euro all sovereigns " visant à couvrir contre le risque de taux à échéance de 10 ans. Le coupon de l'emprunt fictif est égal à 5,5% et le gisement est constitué de titres publics émis par des États participant à la troisième phase de l'union économique et monétaire, ou émis par des organisations supranationales européennes (12), dont la maturité résiduelle est comprise entre 8,5 et 10,5 ans et dont l'encours est au moins égal à 2 milliards d'écus/euros (13) ;

- le contrat " MATIF - 5 ans " est remplacé par un contrat " Euro - 5 ans ", couvrant contre le risque de taux à 10 ans et dont l'emprunt fictif sert un coupon de 4,5%. Le gisement est constitué de titres publics émis par des États participant à la troisième phase de l'union économique et monétaire, dont la maturité résiduelle est comprise entre 4 et 5,5 ans.

Par ailleurs, le MATIF a étendu les possibilités de couverture à la partie longue de la courbe des taux : le " contrat " MATIF E-Bond " couvre le risque de taux à échéance de 30 ans. L'emprunt fictif sert un coupon de 5,5% ; le gisement est constitué de titres publics émis par des émetteurs souverains de la zone euro, dont la maturité résiduelle est comprise entre 25 et 35 ans (14).

Tel qu'il est actuellement structuré, avec un régime de pension livrée qui fait des valeurs du Trésor un instrument sûr et efficace de refinancement à court terme, avec un volume de transactions qui assure une grande sécurité aux échanges en termes de limitation des écarts de cours, et avec des mécanismes de protection contre le risque de taux qui couvrent les grandes catégories d'échéances, le marché des valeurs du Trésor peut à juste titre apparaître comme suffisamment liquide.

Pourtant, le Trésor a souhaité pouvoir intervenir lui-même à tout moment, de façon ponctuelle et délimitée, afin de conforter la liquidité de la dette publique négociable. Il a, à ce titre, développé une politique résolue de gestion active de sa dette, dont l'intérêt ne saurait être réduit du fait de l'introduction de l'euro.

D.- LE TRÉSOR DEVRA POURSUIVRE SA POLITIQUE DE GESTION ACTIVE DE LA DETTE

1.- Le Fonds de soutien des rentes restera l'outil privilégié des interventions courantes du Trésor sur les marchés

Créé en 1937 pour succéder à l'ancienne Caisse d'amortissement de la dette, le Fonds de soutien des rentes (FSR) avait déjà pour objectif de réguler les écarts de cours anormaux observés sur le marché des titres d'État. Le développement des marchés de capitaux et la limitation des moyens alloués au FSR ont progressivement fait tomber en désuétude son utilisation. En 1985, cependant, il est apparu que le Fonds pouvait utilement redevenir l'instrument d'une gestion active de la dette, dans le cadre de la politique de modernisation décidée et engagée à l'époque.

En conséquence, le décret du 27 janvier 1986 a élargi les capacités d'intervention du FSR. Selon les termes de la réponse reçue par votre Rapporteur spécial à son questionnaire budgétaire, " le FSR a vocation à intervenir sur les marchés secondaires des titres de la dette publique afin de : garantir la bonne tenue de la signature de l'État ; limiter les irrégularités de l'échéancier de sa dette ; saisir les opportunités de marché permettant d'en alléger la charge ; garantir la liquidité de ces marchés. Le Trésor est naturellement fondé à poursuivre également ces objectifs ; toutefois, historiquement, le FSR a été affilié aux systèmes de place (Saturne, Sicovam et Cedel) avant le Trésor, lui permettant ainsi d'intervenir sur la dette de l'État ".

Le FSR peut désormais intervenir sur les titres de toute nature émis par l'État, sur tous les marchés où ils sont négociés, et effectuer toutes opérations en vue de gérer la dette de l'État. Il en résulte que le FSR peut opérer sur les marchés au comptant, les marchés à terme, les marchés de swaps, etc.

Concrètement, le FSR est un service non personnalisé de l'État (un simple ensemble de comptes ouverts dans les écritures du Trésor) géré par le Trésor dans le cadre des instructions données par un comité de direction composé du directeur du Trésor, du gouverneur de la Banque de France et du directeur général de la Caisse des dépôts et consignations. La gestion quotidienne du FSR est assurée par la direction du Trésor, qui décide de ses interventions et effectue un suivi régulier de ses résultats. Les opérations administratives (notamment comptabilité propre du FSR et service post-marché) sont assurées par la Caisse des dépôts et consignations.

Les activités du FSR sont soumises au contrôle interne du comité de direction, qui établit les cadres d'emploi et les limites de risques sur les activités régulières ou exceptionnelles du Fonds. Les interventions du Fonds, ses comptes de bilan et de résultat sont exposés au comité de direction lors de chaque réunion semestrielle. Par ailleurs, le FSR est soumis au contrôle de la Cour des comptes.

Les charges qui résultent de l'activité du FSR donnent lieu à des dépenses budgétaires inscrites sur le chapitre 13-01, article 10, paragraphe 30 du budget des Charges communes. Les recettes procurées par les interventions du FSR sont inscrites sur la ligne 806-56.

· L'outil d'intervention du FSR sur lequel il est le plus facile d'obtenir des informations dans les documents de la direction du Trésor est la " réserve de titres " dont le Fonds est doté depuis juin 1992. Le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie est autorisé à émettre au profit exclusif du FSR, indépendamment des procédures traditionnelles de syndication et d'adjudication, des OAT ou des BTAN identiques à ceux des lignes offertes par ailleurs aux investisseurs, qui constituent la " réserve ".

Les titres de la réserve ne peuvent jamais faire l'objet de ventes fermes et, à ce titre, ne sont généralement pas inclus dans l'évaluation du montant de la dette de l'État. Ils sont destinés à faire l'objet de cessions temporaires (pensions livrées) avec les SVT, afin d'améliorer la liquidité de certaines lignes. Les émissions de titres au profit de la réserve du FSR ont lieu, en général, à l'occasion de la première mise sur le marché de titres composant des lignes nouvelles, au moment où la liquidité potentielle de la ligne est la plus faible. Les annulations de titres émis au profit de la réserve interviennent lorsque la liquidité du titre semble bien assurée. Les émissions et les annulations sont récapitulées dans les arrêtés mensuels relatifs aux émissions de valeurs du Trésor.

La réserve du FSR est désormais composée quasi uniquement de titres libellés en écus. Ainsi, au 30 septembre 1998, on y trouve :

- onze lignes d'OAT pour un montant total de 550 millions d'écus (3,6 milliards de francs) ;

- quatre lignes de BTAN pour un montant total de 200 millions d'écus (1,3 milliard de francs) ;

- depuis le 15 septembre 1998, des OAT indexées sur l'inflation (OATi) à hauteur de 1 milliard de francs.

PENSIONS RÉALISÉES SUR LA RÉSERVE DU FSR EN 1997

Date

Titres concernés

Montant total

Bénéficiaires

19 février 1997

OAT 5,5% avril 2007

214 millions d'écus

10 SVT au total

27 mars 1997

OAT 5,5% avril 2007

5 millions d'écus

1 SVT

2 juin 1997

OAT 6% avril 2004

BTAN 6% mars 2001

OAT : 8 millions d'écus

BTAN : 10 millions d'écus

2 SVT au total

second semestre

BTAN 4,5% juillet 2002

82,7 millions d'écus

5 SVT au total

Source : direction du Trésor.

La composition de la réserve ne constitue qu'un indicateur des lignes où pourrait se produire des tensions de marché ; son activité est un indicateur des tensions réellement constatées. En fait, la faible activité de la réserve " reflète le bon fonctionnement actuel du marché de la pension sur titres en écus ". Toutes les opérations de pensions réalisées en 1997, et présentées dans le tableau ci-avant, " ont été sollicitées par les SVT et ont eu lieu après constatation d'une défaillance effective du marché ".

· En sus de la gestion de sa réserve, le FSR intervient sur les marchés pour le compte du Trésor. Il reçoit pour ce faire des avances, imputées sur le compte spécial n° 903-58 " Avances à divers services de l'État ou organismes gérant des services publics ". Tant qu'elles ne sont pas consommées, les avances ne sont pas rémunérées puisqu'elles constituent de simples écritures d'ordre entre les comptes du Trésor. En revanche, les avances consommées portent intérêt, ceux-ci étant portés en recettes sur la ligne 411 " Intérêts versés par divers services de l'État ou organismes gérant des services publics au titre des avances ". Les avances budgétaires sont remboursables avant le 31 décembre de l'année.

L'utilisation des avances ne fait pas l'objet de développements détaillés dans les documents du Trésor. C'est pourquoi votre Rapporteur spécial se réjouit que les réponses apportées à son questionnaire budgétaire et les informations contenues dans le Compte général de l'administration des finances, établi chaque année, lui permettent de dresser un bilan global, depuis 1993, de la consommation des avances consenties par le Trésor. La dernière ligne du tableau vise à suggérer la vitesse de rotation du portefeuille de titres constitué grâce aux interventions du FSR sur les marchés (15).

MONTANT ET DEGRÉ D'UTILISATION DES AVANCES DU TRÉSOR AU FSR

(en millions de francs ou millions d'écus)

 

1993

1994

1995

1996

1997

1998

A.- Avances en francs

           

Montant des avances (a)

20.000,0
(16-19 février)

40.000,0
(29 juillet -
3 août)

75.000,0
(20 octobre)

20.000,0
(3 janvier)

20.000,0
(3 janvier)

20.000,0
(2 janvier)

10.000,0
(22 octobre)

25.000,0
(24 octobre)

20.000,0
(2 janvier)

Résultat d'activité

379,8

501,7

182,1

166,2

44,5

-

Utilisation des avances

98.260,0

155.940,0

17.320,0

26.920,0

60.170,0

-

Taux de rotation

1,3

7,8

0,87

1,35

2,4

-

B.- Avances en écus

           

Montant des avances

-

240,0

240,0

240,0

240,0

500,0

Utilisation des avances

-

240,0

240,0

240,0

240,0

-

Taux de rotation

-

1

1

1

1

-

(a) En 1993 et 1997 sont portés les montants cumulés des avances.

Sources : direction du Trésor et Compte général de l'administration des finances.

2.- Les rachats et échanges de titres sont désormais les instruments traditionnels d'interventions ponctuelles

Depuis 1991, l'article d'équilibre de la loi de finances autorise le ministre des finances à recourir à une large palette de procédures pour gérer la dette publique. Ces autorisations ont été complétées et précisées par décret en 1995.

Les interventions directes du Trésor sur le marché ont vocation, pour l'essentiel, à " lisser " l'échéancier de la dette ou à retirer des lignes décotées ou dont la liquidité est insuffisante, plutôt qu'à saisir des opportunités de taux. Elles prennent la forme de rachats et d'échanges de titres. Les rachats de titres peuvent être des adjudications " à l'envers ", pour lesquelles la procédure est identique à celle des adjudications classiques. Le Trésor annonce à l'avance les lignes qu'il se propose de racheter et indique, sous forme de fourchette, le volume de l'opération. Au lieu de présenter les prix d'achat, les soumissionnaires sont invités à présenter des prix de vente des titres qu'ils détiennent. La première opération d'adjudication à l'envers a été réalisée en mars 1991. Trois autres opérations de ce type ont eu lieu en 1992 et 1993, mais aucune adjudication à l'envers n'a été proposée depuis.

Les rachats de titres sur le marché sont désormais l'instrument privilégié du Trésor pour lisser l'échéancier de la dette et retirer des lignes décotées. Ces rachats interviennent généralement en novembre et décembre de l'année et portent sur des titres arrivant à échéance l'année suivante. Les rachats sur le marché ont trois conséquences :

- ils sont immédiatement suivis de l'annulation des titres rachetés, qui " disparaissent " ainsi définitivement de la dette de l'État ;

- ils donnent lieu à la constatation de profits ou pertes de trésorerie, selon que les titres sont rachetés respectivement au-dessous ou au-dessus de leur valeur nominale ;

- ils donnent lieu à une dépense budgétaire correspondant au paiement du coupon ayant couru depuis la date du dernier versement de coupon ; ce mécanisme est l'exact opposé de celui qui permet au Trésor d'encaisser le coupon couru lors de l'émission des titres.

Les rachats effectués sur le marché en 1997 ont porté sur cinq lignes (une OAT, trois BTAN en francs, un BTAN en écus). Ils ont occasionné des pertes de trésorerie de 162,1 millions de francs et des dépenses budgétaires de 299,97 millions de francs au titre du paiement des coupons courus. Le détail de ces écritures est présenté dans le tableau ci-après.

Pour leur part, les offres d'échange visent à retirer certaines lignes de la cote et à leur substituer des titres nouveaux. La motivation essentielle de ces opérations relève du souhait de favoriser la liquidité de l'ensemble de la dette. La première opération de ce type a eu lieu en avril 1991, sous forme d'adjudication. Le Trésor proposait l'échange de l'OAT écu 8,5% mai 1997 contre une nouvelle OAT en écus 8,5% mars 2002. La volonté du Trésor, dans cette opération portant sur un peu plus d'un milliard d'écus, était d'allonger la durée de vie de la dette publique et d'ouvrir une nouvelle souche en écus qui pourrait, par la suite, donner lieu à de nouvelles émissions assimilables.

CONSÉQUENCES BUDGÉTAIRES ET FINANCIÈRES DES RACHATS DE TITRES EFFECTUÉS EN 1997

(en millions de francs)

Date

Titre

Valeur nominale

Cours

Valeur de marché

Pertes et profits

Coupon

Net réglé

Coupon payé

19/11

BTAN 10/98

1.000,0

100,45818%

1.004,58

- 4,58

0,46849%

1.009,27

4,68

28/11

BTAN écu 03/98

650,0

100,74000%

654,81

- 4,81

5,10479%

687,99

33,18

27/11

OAT 06/98

1.000,0

103,20000%

1.032,00

- 32,00

4,03400%

1.072,34

40,34

28/11

BTAN écu 03/98

650,0

100,71500%

654,65

- 4,65

5,10479%

687,83

33,18

26/11

BTAN 05/98

1.500,0

101,85874%

1.527,88

- 27,88

4,33973%

1.592,98

65,10

02/12

BTAN 10/98

500,0

100,47107%

502,36

- 2,36

0,62877%

505,50

3,14

03/12

BTAN 11/98

1.000,0

101,62778%

1.016,28

- 16,28

0,33082%

1.019,59

3,31

04/12

BTAN 10/98

1.000,0

100,45940%

1.004,59

- 4,59

0,65342%

1.011,13

6,53

08/12

BTAN 11/98

500,0

101,61225%

508,06

- 8,06

0,40959%

510,11

2,05

11/12

BTAN 10/98

1.000,0

100,45194%

1.004,52

- 4,52

0,73973%

1.011,92

7,40

18/12

BTAN 10/98

1.000,0

100,50806%

1.005,08

- 5,08

0,82603%

1.013,34

8,26

23/12

BTAN 05/98

500,0

101,61331%

508,07

- 8,07

4,93151%

532,72

24,66

29/12

OAT 06/98

1.400,0

102,80000%

1.439,20

- 39,20

4,86700%

1.507,34

68,14

 

Totaux

11.700,0

 

11.862,08

- 162,08

 

12.162,05

299,97

(a) Cours de l'écu égal à 6,5 francs.

Une opération d'échange plus importante a été lancée, par syndication, du 23 juin au 8 juillet 1992. Elle portait sur 45 lignes comprenant des emprunts d'État et certains emprunts émis par des organismes dont la dette était prise en charge par l'État. Elle était destinée à allonger la durée de vie moyenne de la dette et à permettre aux investisseurs de se séparer de titres émis avant la modernisation des instruments de dette de l'État. L'offre d'échange a rencontré un réel succès puisque 48 milliards de francs ont été présentés à l'échange, soit plus 34% du volume échangeable. En contrepartie 52 milliards de francs de titres nouveaux ont été émis. Ce décalage entre les montants des valeurs nominales remis à l'échange et remis en échange reflète simplement la différence moyenne des taux d'intérêt servis par les anciens et les nouveaux titres.

Du 27 avril au 3 mai 1994, le Trésor a procédé à une offre d'échange par syndication portant sur une partie de sa dette libellée en écus, qui présentait une décote sur le marché. Indépendamment du regain de dynamisme sur le marché secondaire de l'écu qu'était susceptible d'apporter l'offre d'échange, cette décote, signe d'un certain désintérêt des investisseurs, a été mise à profit, l'État rachetant à meilleur compte des titres délaissés. Trois lignes d'OAT, d'un encours total de 7,1 milliards d'écus (47 milliards de francs ), ont été proposées à l'échange contre une nouvelle OAT écu 6,75% avril 2002. 1,7 milliard d'écus ont été apportés à l'échange.

Enfin, le 31 mars 1998, le Trésor a lancé une offre d'échange sur son ancienne dette en écus. Valable du 31 mars au 9 avril, l'offre a permis aux investisseurs d'échanger 8 anciennes lignes en écus, soit potentiellement 17 milliards d'écus, contre 4 lignes en écus fongibles avec des lignes en francs existantes. Le but de l'échange était d'apurer, autant que faire se peut, les souches en écus non fongibles, dont l'encours converti en euro ne garantirait pas le niveau souhaité de liquidité. L'opération a été couronnée de succès puisque 61% des titres concernés, soit 10,46 milliards d'écus, ont été échangés. Pour leur part, les volumes émis en échange ont représenté 11,6 milliards de francs.

L'opération était répartie en deux tranches, l'une proposant des titres à échéance 2 et 4 ans, l'autre proposant des titres à échéance 5 et 10 ans (dont une OAT 2008).

L'offre d'échange devrait se traduire, dans un premier temps, par une augmentation de la charge de la dette en 1998, d'environ 706 millions de francs, due pour l'essentiel à la reprise de lignes anciennes à fort coupon nominal. Dans un second temps, une économie budgétaire d'environ 1,6 milliard de francs devrait être enregistrée en 1999, du fait de l'émission de titres à taux facial moins élevé.

RÉSULTATS DE L'OFFRE D'ÉCHANGE DE MARS-AVRIL 1998

(en millions d'écus)

Tranche A

Tranche B

 

Nominal

Part de l'encours

 

Nominal

Part de l'encours

Valeurs reprises

   

Valeurs reprises

   

OAT 9,50% avril 2000

1.592,4

74,975%

OAT 8% avril 2003

660,6

54,591%

OAT 10% février 2001

874,4

84,641%

OAT 6% avril 2004

1.282,4

39,634%

OAT 8,50% mars 2002

1.195,6

61,685%

OAT 7% avril 2006

1.787,8

62,096%

OAT 6,75% avril 2002

1.826,6

67,588%

     

OAT 8% avril 2003

50,8

4,201%

     

BTAN 6% mars 2001

1.194,0

62,025%

     

Valeurs émises

   

Valeurs émises

   

BTAN 4% juillet 2000

1.155,8

15%

BTAN 4,50% juillet 2003

700,0

17%

BTAN 4,50% juillet 2002

6.311,2

85%

OAT 5,25% avril 2008

3.452,6

83%

Source : direction du Trésor.

3.- La gestion active de la dette contribue marginalement à diminuer son coût

Enfin, la gestion active de la dette a pour vocation de contribuer à réduire le coût net de l'endettement de l'État. Le Trésor intervient activement sur le marché de la pension livrée sur valeurs du Trésor : il utilise les disponibilités inscrites sur son compte courant à la Banque de France pour prendre en pension des titres d'État. Il arrive parfois que, réciproquement, le Trésor recoure à des mises en pension pour se procurer des liquidités de façon temporaire.

Par ailleurs, le placement des disponibilités du Trésor par prises en pension permet de " lisser " un facteur de la liquidité bancaire, car le niveau du compte courant du Trésor auprès de la Banque de France est l'une des composantes de réglage de cette liquidité.

Le bénéfice financier des opérations de pension est réel, bien que modeste au regard de la charge totale de la dette. En effet, le compte du Trésor à la Banque de France est rémunéré à hauteur du taux d'appel d'offres de la banque, soit 3,30% depuis le 9 octobre 1997. Parallèlement, le placement des disponibilités du Trésor par opérations de prise en pension permet d'obtenir une rémunération légèrement supérieure, de 6 à 10 points de base, soit 3,36% à 3,40%.

Source : direction du Trésor.

Ainsi, la rémunération des pensions sur titres d'État a atteint 1.905 millions de francs en 1996 et 2.149 millions de francs en 1997.

Une maîtrise véritable de la charge de la dette ne pourra venir, à l'évidence, que de la poursuite de la diminution du déficit budgétaire, dans un contexte où les taux d'intérêt ne pourront plus baisser, en valeur absolue, autant qu'auparavant. A cet égard, les perspectives d'évolution de la charge de la dette, tout autant que les perspectives de croissance qui peuvent raisonnablement être établies à l'heure actuelle, suggèrent que l'étau de la dette pourrait, peut-être, se desserrer enfin à l'horizon de deux ou trois ans.

III.- LA MODÉRATION DE LA CHARGE DE LA DETTE LAISSE ENTREVOIR LA POSSIBILITÉ DE STABILISER LE RATIO D'ENDETTEMENT À L'HORIZON 2000

Comme cela a été indiqué au début de ce chapitre, l'un des points remarquables du budget des Charges communes proposé pour 1999 est la confirmation que la charge nette de la dette semble désormais placée sur un sentier de croissance modérée, après avoir connu des augmentations supérieures à 10 milliards de francs par an au début des années quatre-vingt-dix. Cette modération devra, bien entendu, être confirmée dans les années à venir. Cependant, les efforts soutenus de réduction du déficit et le maintien probable des taux d'intérêt à un niveau relativement bas doivent écarter des inquiétudes qui sembleraient, pour l'heure, infondées.

A.- LES TAUX D'INTÉRÊT NE DEVRAIENT PAS CONNAÎTRE DE DÉCALAGE SENSIBLE EN 1999

1.- Les hypothèses de taux associées au projet de loi de finances pour 1999

Comme dans le projet de loi de finances pour 1998, le Gouvernement a choisi de retenir pour référence de taux le " consensus de marché " constaté à l'automne, moyenne des prévisions des principaux intervenants sur le marché obligataire. Cette méthode a l'avantage de fonder les hypothèses de taux sur des évaluations en phase avec le sentiment des opérateurs.

Elle peut contribuer à éviter les erreurs d'appréciation qui entachaient inévitablement les évaluations à caractère normatif affichées avant 1996. Dans le projet de loi de finances pour 1996, le choix avait été fait, pour la première fois, de s'éloigner de cette approche normative, pour retenir le niveau des taux constaté en septembre 1995. Le recours au " consensus de marché ", s'il ne peut bien sûr prétendre à l'infaillibilité, donne cependant plus de garantie.

Le tableau ci-après récapitule les hypothèses de taux d'intérêt moyens pondérés associées au présent projet.

HYPOTHÈSES DE TAUX D'INTÉRÊT MOYENS PONDÉRÉS DANS LE PLF 1999

 

Court terme
(BTF 3 mois)

Moyen terme
(BTAN)

Long terme
(OAT 10 ans)

1998

-

4,30%

5,00%

1999

4%

4,70%

5,10%

Source : direction du Trésor.

Ces hypothèses ne constituent pas une prévision des choix à venir en matière de politique monétaire, et ne sauraient être interprétées comme une anticipation officielle de l'évolution des taux.

L'intérêt des bons du Trésor à court terme étant précompté, le taux le plus approprié pour déterminer la charge de la dette y afférente en 1999 est le taux à court terme de l'année 1999.

En revanche, pour les titres émis à moyen et long terme, la technique d'assimilation impose de percevoir, à l'émission, le montant du coupon couru jusqu'à la date de versement du prochain coupon. Ainsi, la charge brute des émissions d'une année est approximativement compensée par les recettes de coupons courus encaissées cette même année : la charge nette est voisine de zéro. Dans ces conditions, le taux d'intérêt le plus approprié pour déterminer la charge de la dette à moyen et long terme en 1999 est le taux (relatif à la même échéance) pour l'année 1998.

Graphique établi d'après les données contenues dans les arrêtés mensuels récapitulatifs des émissions de valeurs du Trésor.

2.- Les perspectives d'évolution des taux d'intérêt

Le graphique ci-avant montre le décalage observé a posteriori entre les hypothèses de taux présentées dans les lois de finances pour 1996, 1997 et 1998 et les taux effectivement servis sur les BTF émis ces années-là. Les prévisions se sont révélées pessimistes en 1996 et 1997, ce qui a d'ailleurs conduit à des économies constatées en exécution. En 1998, les prévisions de la loi de finances s'avèrent plus finement ajustées sur les conditions effectivement observées sur le marché. Ainsi, il est vraisemblable que les résultats d'exécution, en matière de dette négociable à court terme, seront très proches des évaluations associées à la loi de finances pour 1998.

Les mêmes constatations peuvent être faites pour les taux à moyen et long terme : près de 1% séparait l'hypothèse de taux relative aux OAT de sa réalisation, en 1996 comme en 1997 et 1998. Un écart légèrement plus important a pu être observé sur les BTAN en 1996 et 1997, mais la prévision relative à 1998 s'est révélée compatible avec les taux constatés jusqu'en septembre 1998, tout en restant légèrement supérieure.

L'hypothèse de taux à court terme pour 1999 (4%) est plus élevée que le niveau réel observé depuis quelques mois. Les choix retenus par la direction du Trésor pour établir ses prévisions semblent relativement prudents. Votre Rapporteur spécial tient d'ailleurs à remarquer que l'hypothèse d'une remontée - au demeurant modeste - des taux courts avait déjà été retenue pour la construction du projet de loi de finances pour 1998.

L'évolution des taux courts en 1999 devrait être soumise à deux forces agissant dans des sens opposés. En premier lieu, le passage à la troisième phase de l'union économique et monétaire va placer la définition et la conduite de la politique monétaire sous la compétence unique de la Banque centrale européenne (BCE). Celle-ci, par la voix de son président et de plusieurs des membres de son comité de direction, a déjà fait savoir qu'elle entendait poursuivre la politique menée jusqu'ici par les banques centrales des pays de la zone euro, axée avant tout sur la recherche de la stabilité des prix.

Dans son précédent rapport, votre Rapporteur spécial avait fait part de son opinion sur les conséquences de la hausse des taux directeurs de plusieurs banques centrales survenue le 9 octobre 1997 : " il paraît peu vraisemblable que l'augmentation décidée par les banques centrales le 9 octobre [1997] marque le retour à un cycle prononcé de hausse des taux ". Cette analyse sereine a été confirmée par les faits.

Pour autant, la détermination des banques centrales de la zone euro et de la BCE à maintenir une politique monétaire rigoureuse ne signifie pas qu'une hausse des taux directeurs est désormais envisageable. Les termes de l'alternative ne sont plus désormais entre hausse des taux et stabilité, mais entre stabilité et diminution. En effet, le contexte économique et politique a radicalement changé depuis l'automne 1997.

Le passage à l'euro est devenu une certitude, alors qu'il n'était encore que virtuel l'année précédente. La convergence des conditions monétaires s'est affirmée et s'est réalisée par la diminution des taux directeurs des pays traditionnellement placés hors du " noyau dur " du Système monétaire européen. Ce mouvement généralisé de diminution a d'ailleurs été favorisé par l'augmentation susmentionnée des taux des pays membres du noyau dur, en octobre 1997.

Par ailleurs, l'aggravation de la crise mondiale fait planer sur les pays européens la perspective d'une réduction des taux de croissance, prise en compte par le Gouvernement dans le cadrage macro-économique associé au présent projet de loi de finances. Dans ce contexte assombri, une hausse des taux directeurs de la politique monétaire jouerait à contretemps. La conduite de l'activité économique aurait, à l'évidence, besoin d'une diminution des taux et non d'un resserrement des conditions monétaires. De plus, le ralentissement très sensible de l'inflation conduit, dans les tout derniers mois, à de légères tensions sur les taux d'intérêt réels, tensions manifestement incompatibles avec le nécessaire soutien qu'il conviendrait de consentir à une activité économique moins dynamique.

Les autorités politiques de plusieurs pays, notamment en France et en Allemagne, ont exprimé récemment le souhait que la politique monétaire prenne en compte, de façon plus importante qu'auparavant, le contexte économique général et le niveau de l'emploi, sur le modèle des obligations légales incluses dans le statut de la Réserve fédérale américaine. Votre Rapporteur spécial remarque, à cet égard, que les dispositions du traité instituant la Communauté européenne relatives à la politique monétaire mentionnent cette multiplicité d'objectifs. Il est vrai que la forme parfois elliptique de ces allusions a pu servir d'alibi aux intégristes de la rigueur monétaire, qui préfèrent ne retenir des traités européens que l'objectif premier, mais pas unique, de la stabilité des prix.

Il demeure que la BCE pourrait ne pas rester insensible au ralentissement prévu de l'activité, en raison de ses effets bénéfiques sur l'inflation - qui justifieraient de " baisser la garde " quelque peu - mais aussi des risques nouveaux que font peser les manifestations de la crise financière internationale sur certaines catégories d'établissements financiers.

A cet égard, les répercussions de la crise financière qui a débuté en en Asie, pendant l'été 1997, puis s'est étendue à la Russie et à l'Amérique latine à partir du printemps 1998, se sont révélées, pour l'heure, plutôt bénéfiques pour les marchés européens des capitaux, notamment les marchés obligataires.

Les fortes turbulences observées sur les marchés d'actions, en Asie comme aux États-Unis ou en Europe, ont plutôt conduit jusqu'ici à une réallocation des actifs vers les marchés obligataires. Ainsi, dans un premier temps, ceux-ci ont tiré profit de la baisse des marchés d'actions. Les taux à long terme ont chuté de façon spectaculaire sur tous les marchés longs. On a pu observer ces dernières semaines des taux sur OAT inférieurs à 4%, ce qui représente un " record " sur une période de plusieurs décennies.

De telles évolutions ne sauraient perdurer, sauf effondrement économique européen dont on voit mal aujourd'hui pourquoi et comment il pourrait survenir. A la fin de la première décade d'octobre 1998, un mouvement de rattrapage semble d'ores et déjà amorcé : le taux sur OAT est remonté au-dessus de 4,30%, le taux sur Bund allemand s'est à nouveau établi à un peu plus de 4,25%. Cependant, les facteurs de baisse restent nombreux : le marché hypothécaire américain risque d'être fragilisé, ce qui réorienterait l'épargne vers le marché obligataire ; un nouveau défaut de paiement de la Russie serait de nature à inquiéter les investisseurs ; le récent assouplissement des autorités monétaires pourrait être insuffisant pour ranimer la croissance mondiale.

Quelle que soit l'issue de cette période mouvementée, les émetteurs de titres obligataires, et au premier chef le Trésor, auront pu profiter de conditions de financement très privilégiées et atténuer ainsi, dans une certaine mesure, le coût de leur dette.

B.- LA CHARGE NETTE DE LA DETTE CROÎTRAIT MODÉRÉMENT EN 1999

Les crédits demandés au titre de la charge brute de la dette publique sont retracés dans la première partie du titre I du budget des Charges communes. Une fois effectuée la compensation avec les recettes d'ordre (16 milliards de francs), le montant de la charge nette de la dette s'établirait en 1999 à 237,2 milliards de francs.

Elle serait ainsi en légère augmentation par rapport à l'évaluation initiale pour 1998 (234,8 milliards de francs). En revanche, l'augmentation serait un peu plus sensible par rapport à l'évaluation révisée pour 1998, qui devrait s'établir aux alentours de 232,3 milliards de francs.

Par ailleurs, l'augmentation de la charge de la dette en 1999 serait moins importante qu'en 1998, après le " ressaut " qui devrait être enregistré cette année par rapport à 1997. Cette évolution va dans le bon sens et suggère que la charge de la dette pourrait se situer désormais sur un sentier de croissance modérée.

1.- Le service de la dette négociable

Avec un montant de crédits demandés égal à 243,6 milliards de francs, le service de la dette négociable représente près de 96,2% de la charge brute totale de la dette.

La technique de l'assimilation utilisée pour les émissions de titres à moyen et long terme suggère de considérer de préférence la charge de la dette, nette des recettes de coupons courus.

Celle-ci s'élèverait en 1999 à 229,6 milliards de francs, en légère augmentation par rapport à l'évaluation initiale pour 1998 (225,9 milliards de francs). Cette évaluation initiale devrait cependant être révisée à la baisse, de façon assez sensible, dans le projet de loi de finances rectificative qui sera bientôt déposé sur le bureau de l'Assemblée nationale.

CHARGE NETTE DE LA DETTE NÉGOCIABLE

(en millions de francs)

 

1995

1996

1997

LFI 1998

PLF 1999

Charge de la dette négociable
(titre I, première partie)


217.825,8


224.799,0


228.128,2


238.308,5


243.559,4

à déduire : recettes sur coupon couru


- 21.499,8


- 14.579,5


- 13.249,6


- 12.399,0


- 14.007,0

Dette négociable nette

196.326

210.219,5

214.878,6

225.909,5

229.552,4

Conformément à ce que suggère l'augmentation de son encours et du taux afférent, la dette à court terme engendrerait en 1999 une charge d'intérêts plus importante qu'en 1998 : la dotation proposée sur l'article 10 du chapitre 11-06 se monte à 14,4 milliards de francs, en hausse de 1,65 milliard de francs.

Les émissions de BTF destinées à financer le transfert à La Poste des fonds des CCP devant intervenir tout au long de l'année, elles équivalent en année pleine à un montant de 15 milliards de francs environ. Ainsi, l'encours moyen de BTF devrait passer de 345 milliards de francs en 1998 à 360 milliards de francs en 1999. La charge supplémentaire induite par l'accroissement de l'encours peut se déterminer en lui appliquant le taux d'intérêt de 4% prévu pour 1999, soit environ 600 millions de francs. Il s'agit bien du montant approché de la mesure nouvelle inscrite sur l'article 10 du chapitre 11-06.

Par ailleurs, l'encours " de base " des BTF, soit 345 milliards de francs, portera intérêt à un taux de 4% en 1999 au lieu de 3,5% en 1998. La charge supplémentaire résultant de cette variation du taux d'intérêt (+ 0,5%), s'élève donc à 1,725 milliard de francs. Cependant, la dotation initiale de 1998 a été calculée en fonction d'un encours moyen de 365 milliards de francs et non 345 milliards de francs, comme cela est retracé dans le rapport spécial établi l'an dernier. Ce décalage de 20 milliards de francs sur l'encours correspond à une moindre charge budgétaire de 20 × 3,5%, soit 700 millions de francs : les crédits votés pour 1998 sont supérieurs à la prévision d'exécution. C'est pourquoi la mesure acquise inscrite sur l'article 10, qui se réfère aux crédits votés, n'est que de 1 milliard de francs.

Ces calculs, fondés sur l'analyse de l'évolution de l'encours moyen des BTF et du taux d'intérêt servi au titre de leur rémunération, permettent ainsi de retrouver, de façon relativement précise, le montant des crédits inscrits dans le fascicule budgétaire des Charges communes.

Il est possible de justifier de façon similaire l'économie ou l'aggravation de la charge budgétaire découlant de l'évolution simultanée des encours et des taux servis sur les BTAN et les OAT. L'année 1999 devrait, à cet égard, enregistrer de nouveaux gains dus au refinancement de titres échus en 1998, qui portent des taux faciaux supérieurs aux conditions actuelles du marché. Le refinancement de 71 milliards de francs d'OAT et 264 milliards de francs de BTAN devrait permettre de constater en 1999 une économie nette de plus de 7,5 milliards de francs.

L'effet-prix favorable est compensé par un effet-volume important. Les émissions d'OAT et de BTAN correspondant au financement du déficit et des amortissements d'engagements entraîneraient une progression tendancielle des charges de la dette d'environ 12,5 milliards de francs.

Avec un montant total de 215,2 milliards de francs, la charge nette de la dette négociable à moyen et long terme augmenterait de 2 milliards de francs seulement par rapport à l'évaluation faite dans la loi de finances pour 1998. Les intérêts d'OAT s'alourdiraient de 5 milliards de francs mais les intérêts de BTAN diminueraient de près de 3 milliards de francs. Ainsi, il se confirme que, comme les années précédentes, la charge due aux OAT est plus dynamique que celle due aux BTAN.

CHARGE NETTE DE LA DETTE NÉGOCIABLE À MOYEN ET LONG TERME

(en milliards de francs)

 

1995

1996

1997

LFI 1998

PLF 1999

A.- Service des emprunts d'État et des obligations assimilables du Trésor (OAT) (chapitre 11-05)

137,57

152,47

161,85

166,89

171,50

B.- Recettes de coupon couru sur OAT

- 12,74

- 8,96

- 9,27

- 8,09

- 7,75

C.- Charge nette des emprunts et OAT (A-B)

124,83

143,51

152,59

158,79

163,75

D.- Intérêts des bons du Trésor à taux annuels normalisés (BTAN) (chapitre 11-06, article 20)

58,17

59,56

56,41

58,68

57,66

E.- Recettes de coupon couru sur BTAN

- 8,76

- 5,62

- 3,98

- 4,31

- 6,26

F.- Charge nette des BTAN (D-E)

49,41

53,94

52,43

54,37

51,40

Total des charges brutes (A+D)

195,74

212,03

218,27

225,56

229,16

Total des recettes de coupon couru (B+E)

- 21,50

- 14,58

- 13,25

- 12,40

- 14,01

Total des charges nettes (C+F)

174,24

197,45

205,02

213,16

215,15

Source : direction du Trésor.

2.- Le service de la dette non négociable

Avec moins de 5% des dépenses enregistrées au titre de la charge de la dette, le service de la dette non négociable représente cependant, en valeur absolue, 9,7 milliards de francs. La rémunération versée à La Poste pour le dépôt au Trésor des encours collectés sur les CCP y contribue pour près de 70%.

· La dotation demandée au titre des comptes de dépôt au Trésor augmente de 27 millions de francs et s'élèverait à 727 millions de francs (chapitre 12-01, article 10). La plupart des comptes de dépôt ne sont pas rémunérés.

· La rémunération des avoirs des particuliers et des entreprises aux comptes chèques postaux (chapitre 12-01, article 20) s'établirait en 1999 à 6,58 milliards de francs soit une diminution de 343 milliards de francs par rapport à la loi de finances pour 1998. Cette diminution recouvre deux évolutions de sens contraire :

- une augmentation de 380 millions de francs au titre des " mesures acquises ". Ce mouvement est censé refléter une augmentation de l'encours moyen des fonds privés des CCP , en fait, il procède simplement d'une mise à niveau de la dotation initiale, destinée à rendre celle-ci plus cohérente avec le niveau effectif des encours. En effet, la dotation pour 1998 (6,93 milliards de francs) correspond à un encours moyen de 145,8 milliards de francs rémunéré au taux plancher de 4,75%. Or la moyenne de l'encours en fin de mois, tel qu'elle peut être calculée à partir de la SROT, est égale à 155,1 milliards de francs pour les huit premiers mois de 1998. Il est donc possible que la dotation demandée pour 1998 soit, en fait, insuffisante. En revanche, la dotation demandée pour 1999 au titre des services votés (soit 7,3 milliards de francs), correspond à la rémunération d'un encours moyen de 153,7 milliards de francs, qui paraît plus conforme à la réalité ;

- une diminution de 723 millions de francs, qui traduit au plan budgétaire l'impact de la mise à la disposition de La Poste des fonds privés des CCP, auparavant déposés au Trésor. 30 milliards de francs seraient transférés en 1999, répartis également tout au long de l'année 1999. Ainsi, la diminution de l'encours moyen des fonds CCP déposés au Trésor serait de 15 milliards de francs sur l'ensemble de l'année. Ceux-ci étant rémunérés au taux de 4,75%, la dépense ainsi économisée ressort à 713 millions de francs. La mesure de révision des services votés portée dans le bleu porte en fait sur 723 millions de francs.

· Les bons du Trésor sur formule, ainsi que les bons en compte de dépôt, voyaient traditionnellement leur encours décroître régulièrement. L'année 1997 a vu, au contraire, une augmentation de l'encours des bons en compte de dépôt, due vraisemblablement au caractère attractif des taux d'intérêt servis sur cette catégorie de bons par rapport aux autres supports d'investissement.

Ce regain de faveur pour les bons en compte de dépôt aurait pour conséquence d'enrayer, au moins en 1999, la diminution tendancielle de la dotation demandée sur le chapitre 12-02. Celle-ci s'établirait en effet à 561,4 millions de francs au lieu de 548,7 millions de francs dans la loi de finances initiale pour 1998. Au demeurant, les prévisions d'exécution suggèrent que la dotation de l'exercice 1998 aurait été légèrement sous-évaluée, puisque les extrapolations effectuées à partir des dernières données centralisées par les services financiers laissent apparaître désormais un niveau prévu de dépenses égal à 591 millions de francs en 1998.

ENCOURS DES BONS NON NÉGOCIABLES

(en millions de francs)

Année

Bons sur formules

Bons en compte de dépôt

1990

30.266,6

4.096,9

1991

24.553,8

1.841,1

1992

19.057,4

1.083,0

1993

15.188,2

844,5

1994

12.606,4

831,0

1995

9.228,2

819,5

1996

8.528,6

852,9

1997

8.708,4

4.993,7

Source : direction du Trésor.

· La rémunération des dépôts de divers instituts d'émission et banques centrales (chapitre 12-03) a une double vocation.

L'État doit, en premier lieu, rémunérer les avances non encore remboursées à la Banque de France (article 20). La loi n° 73-7 du 3 janvier 1973 prévoyait la possibilité de concours de la Banque de France au Trésor, dans la limite d'un plafond fixé à 20,5 milliards de francs. La fraction de ces concours inférieure à 10,5 milliards de francs n'était pas rémunérée.

Les résultats semestriels du Fonds de stabilisation des changes (FSC) étaient imputés sur le montant des concours, de façon à compenser en trésorerie les gains et pertes du FSC. Les concours de la Banque de France au Trésor diminuaient lorsque le FSC faisait des bénéfices et augmentaient lorsque le FSC réalisait des pertes.

Ce mécanisme a eu pour effet de ramener à zéro, en 1982, le montant des concours accordés par la Banque de France. Depuis cette date, aucun concours n'a été mobilisé pour les besoins de trésorerie de l'État. Le montant des concours inscrits en 1993 à l'actif de la Banque de France constituait donc le cumul des résultats semestriels du FSC depuis 1983.

La loi du 4 août 1993 relative au statut de la Banque de France prévoit le remboursement des avances (" concours ") précédemment consenties par la Banque au Trésor. En vertu de la convention du 10 juin 1993, passée entre l'État et la Banque de France, le remboursement s'effectue chaque année à hauteur du dixième du montant initial des avances constaté en 1993, c'est-à-dire 24 milliards de francs (16). Le solde des avances est rémunéré au taux de 5%. Par suite du mécanisme de remboursement, le montant des crédits destinés à cette rémunération diminue chaque année de 120 millions de francs. Il s'établirait ainsi pour 1999 à 600 millions de francs, compte tenu d'un solde non remboursé de 12 milliards de francs au 31 décembre 1998.

En second lieu, l'État doit rémunérer les dépôts des instituts d'émission d'outre-mer et des banques centrales africaines de la zone franc (article 10).

Ces organismes font partie des correspondants du Trésor, dont les dépôts sont collationnés sur la ligne 1L29 du document de développement n° 1 (état L), dans la Situation résumée des opérations du Trésor.

w L'institut d'émission des départements d'outre-mer (IEDOM) et l'institut d'émission d'outre-mer (IEOM) effectuent, par l'intermédiaire de leur compte d'opérations dans les écritures du Trésor, les transferts publics et privés entre la métropole et les collectivités situées dans leur zone de compétence : les DOM et Saint Pierre et Miquelon pour l'IEDOM, les TOM et Mayotte pour l'IEOM.

Jusqu'en 1996, les crédits inscrits au paragraphe 11 de l'article 10 finançaient la rémunération des deux comptes d'opérations. Les deux instituts déposaient en effet les disponibilités de leur compte d'opérations au Trésor, moyennant un taux de rémunération de 8,5%. Ce taux s'appliquait à une assiette égale à 25% du solde moyen du compte d'opérations de l'IEDOM, à 60% du solde moyen pour l'IEOM.

Or l'Institut monétaire européen a estimé que les avances octroyées par la Banque de France aux instituts d'émission, au titre de la mise en circulation des billets métropolitains dans leur zone d'émission, constituaient un mode de financement indirect du Trésor, dès lors que les comptes d'opérations se situaient dans les livres du Trésor. Le ministre de l'économie et des finances a décidé de prendre des mesures destinées à donner suite aux observations de l'Institut monétaire européen :

- par décision ministérielle, le compte d'opérations de l'IEDOM a été transféré le 3 février 1997 dans les écritures de la Banque de France, qui le rémunère au taux des appels d'offres pour la totalité du solde moyen journalier ;

- le compte de l'IEOM demeure jusqu'à présent dans les livres du Trésor ; cependant il a été décidé, en accord avec la Banque de France, de maintenir à titre permanent, sur le compte du Trésor, une encaisse minimale supérieure au montant de l'avance octroyée à l'IEOM.

Depuis 1997, les crédits du paragraphe 11 de l'article 10 financent uniquement la rémunération du compte d'opérations de l'IEOM. Cependant, une dépense de 13 millions de francs a été enregistrée en 1997 au titre de l'IEDOM. Elle correspond à la période courant du 1er janvier au 7 février 1997, pendant laquelle le compte de l'IEDOM est resté logé dans les écritures du Trésor.

Pour 1998, l'hypothèse d'une progression de 6% du solde moyen du compte d'opérations, identique à celle enregistrée en 1997, a été retenue et la dépense devrait s'établir à 107 millions de francs. Pour 1999, le transfert de l'IEOM à l'IEDOM des capacités d'émission relatives à Mayotte devrait induire une diminution de 30% du solde moyen du compte. La dépense budgétaire devrait s'établir à 70 millions de francs.

w Le paragraphe 12 du même article retrace les crédits consacrés à la rémunération des dépôts de certaines banques centrales de la zone franc. L'accord de coopération monétaire entre la République française et les pays de la zone franc institue pour chacune des trois banques centrales un compte courant, intitulé " compte d'opérations " ouvert à l'agence comptable centrale du Trésor. Les soldes positifs de ces comptes, où les banques centrales sont tenues de déposer l'essentiel de leurs avoirs extérieurs, sont rémunérés trimestriellement par l'État, selon un taux de référence calculé sur la base des taux d'intervention de la Banque de France (4,6% environ actuellement).

Entre 1994 et 1997, les avoirs versés par les banques centrales de la zone franc sur le compte d'opérations ont connu un quasi-triplement. La dévaluation du franc CFA et les mesures d'allégement de la dette ont contribué à l'amélioration de la balance des paiements des États de la zone franc, à un redressement des disponibilités extérieures, donc du niveau du compte d'opérations. Outre la situation de la balance des paiements, le niveau du compte dépend également de la politique de placement des banques centrales ; la Banque centrale des États d'Afrique de l'Ouest et la Banque centrale des États d'Afrique centrale sont autorisées à placer jusqu'à 35% de leurs disponibilités en devises hors du compte d'opérations.

Pour 1998, les besoins prévisionnels sont estimés à 700 millions de francs environ ; ils se fondent sur une hypothèse de stabilité du niveau des dépôts et du taux de rémunération (4,6%). Pour 1999, une légère diminution est demandée, qui ramènerait le niveau des crédits à 680 millions de francs.

Les crédits demandés pour l'article 10 diminuent au total de 63,4 millions de francs, et s'établissent à 750 millions de francs en 1999.

· Le chapitre 12-05 " Prise en charge par l'État de la dette de divers organismes " retrace les charges d'intérêt afférentes aux emprunts pris en charge par l'État. Le remboursement du principal relève des opérations de trésorerie et n'apparaît donc pas dans le budget, en conformité avec les dispositions de l'ordonnance organique de 1959.

DETTES PRISES EN CHARGES PAR L'ÉTAT

(en millions de francs)

Organisme concerné

Référence

Prise en charge

Dernière échéance

Encours initial

Intérêts en 1999

Fonds spécial de grands travaux (FSGT)

art. 104 LFI 1988

1988

2000

15.791,1

44,7

Société de développement de véhicules automobiles (SODEVA)

art. 60 LFR 1990

1990

2000

7.750,3

67,5

Société pour la mise en valeur agricole de la Corse (SOMIVAC)

art. 19 LFR 1984

1984

2015

67,2

3,8

Pour mémoire :

         

· UNEDIC

art. 115 LFI 1985

1985

1990

6.000,0

-

· Caisse d'amortissement pour l'acier (CAPA)

art. 104 LFI 1988

1988

1995

9.249,8

-

· Caisse nationale de l'énergie (CNE)

art. 96 LFR 1992

1993

1996

11,5

-

· Caisse nationale de l'industrie (CNI)

art. 82 LFI 1989

1989

1997

11.899,3

-

· Caisse nationale des banques (CNB)

art. 82 LFI 1989

1989

1997

12.507,6

-

· Fonds d'intervention sidérurgique (FIS)

art. 39 LFR 1990

1989

1998

16.381,5

-

Source : direction de la Comptabilité publique.

La dette de la Caisse nationale de l'industrie et de la Caisse nationale des banques a été définitivement amortie en 1997 ; la dette reprise du Fonds d'intervention sidérurgique a été amortie en 1998. Par ailleurs, l'érosion naturelle de l'encours des autres dettes explique, en l'absence de tout projet de nouvelle reprise de dette, la diminution des crédits demandés sur le chapitre : 116 millions de francs en 1999, à rapprocher de crédits votés égaux à 280,3 millions de francs en 1998.

· La dotation demandée au titre de la rémunération de la créance de TVA détenue sur l'État par les entreprises s'élève à 27,3 millions de francs. Cette évaluation est obtenue en appliquant à la balance d'entrée en 1998 du compte enregistrant la créance (21,6 milliards de francs), le taux de 0,1% déterminé dans l'arrêté du 15 mars 1996, puis en appliquant une majoration forfaitaire au vu de l'exécution des années antérieures.

· Les dotations demandées pour couvrir les charges diverses résultant de la gestion de la dette et des frais de trésorerie, qui forment la 3ème partie du titre I, s'élèveraient en 1999 à 310 millions de francs, montant reconduit par rapport à la loi de finances pour 1998. L'évaluation proposée n'a pas de réelle signification puisque beaucoup de lignes ne sont dotées que pour mémoire dans la loi de finances initiale.

L'essentiel des crédits initiaux se rapporte aux commissions de placement et de services financiers, en particulier pour toutes les OAT émises au profit des particuliers. La charge de ces commissions, versées aux établissements financiers, trouve sa contrepartie en recettes d'ordre, au titre des " recettes diverses " de la ligne 806.

3.- Une augmentation sensible des recettes d'ordre

Depuis la loi de finances pour 1995, la notion de " recettes d'ordre ", au sens où l'entend le Gouvernement, recouvre trois catégories différentes d'opérations :

- les recettes en atténuation des charges de la dette et des frais de trésorerie ; en cohérence avec la présentation habituelle des dépenses hors FSC, ces recettes d'ordre sont elles aussi présentées hors FSC ; elles sont retracées à la ligne 806, tandis que les recettes en provenance du FSC sont portées à la ligne 817 ; cette catégorie de recettes inclut les intérêts servis par les titre émis au profit du Fonds de soutien des rentes ;

- les intérêts versés par le Fonds de soutien des rentes, au titre des avances que lui accorde l'État ; ces recettes sont inscrites à la ligne 411 depuis la loi de finances pour 1997 ;

- jusqu'en 1995, les " recettes d'ordre " incluaient également les intérêts des avances versées par le Trésor à l'ACOSS ; en effet, il était admis que les intérêts de ces avances venaient " directement " en atténuation des charges d'intérêt exposées par le Trésor au titre des BTF émis à cette occasion. En revanche, la Cour des comptes a, traditionnellement, contesté cette interprétation de la notion de recettes d'ordre. Depuis la loi de finances pour 1997, les recettes au titre des intérêts d'avances à l'ACOSS ont vocation à figurer à la ligne 411 (17) ; cependant, l'État n'a plus consenti d'avances à l'ACOSS à partir de 1995.

Les recettes d'ordre sont évaluées dans le projet de loi de finances pour 1999 à 16 milliards de francs. Leur augmentation par rapport à la loi de finances pour 1998 contribue à réduire à 2,4 milliards de francs, au niveau de la charge nette, une augmentation qui atteindrait 4,6 milliards de francs au niveau de la charge brute. Cependant, il est d'ores et déjà acquis que les recettes d'ordre devraient être égales à plus de 20 milliards de francs en 1998, selon les évaluations révisées associées au présent projet de loi de finances.

L'augmentation de 0,5% du taux à court terme, retenue à titre d'hypothèse dans le présent projet de loi de finances, expliquerait la légère augmentation (entre la loi de finances pour 1998 et le projet de loi de finances pour 1999) des recettes attendues de la rémunération du compte du Trésor à la Banque de France, ainsi que celle résultant des opérations de pension sur titres. Cependant, les recettes effectivement encaissées à ce titre dépendent très largement des conditions générales d'exécution de la loi de finances, qui sont un déterminant essentiel du niveau des encaisses liquides du Trésor, et des opérations visant à préparer le refinancement de lignes importantes d'OAT et de BTAN arrivant à échéance.

Les recettes de coupon couru sont difficiles à évaluer ex ante. En particulier, selon la direction du Trésor, il n'est pas approprié de rapprocher le tableau de financement prévisionnel et les anticipations de taux. En effet, le volume des recettes de coupon couru résulte majoritairement de paramètres liés à la technique d'émission : dates d'adjudication, choix des lignes de titres et volumes d'émission assurés sur ces lignes.

ÉVOLUTION RÉCENTE DES RECETTES D'ORDRE EN ATTÉNUATION
DES CHARGES DE LA DETTE

(En millions de francs)

 

1995

1996

1997

1998

1998

1999

 

Exécution

Exécution

Exécution

LFI

Révision

PLF

I.- Lignes 806 et 817 :

           

Rémunération du compte du Trésor à la Banque de France (806-02)

1.520,8

837,9

878,9

1.393,0

2.200,0

1.997

Rémunérations des pensions sur titres d'État (806-05)

936,3

1.905,0

2.149,0

     

Coupons courus sur OAT (806-12)

12.735,4

8.963,9

9.267,8

8.094,0

10.077,0

7.751

Coupons courus sur BTAN (806-22)

8.764,4

5.615,6

3.981,8

4.305,0

7.820,0

6.256

Recettes du FSR (806-52)

1.324,8

911,9

501,9

-

-

-

Divers (a) (806-57, 806-82, 806-92)

620,3

1.149,3

328,3

21,0

   

Total hors FSC

25.902,1

19.383,6

17.107,8

13.813,0

20.097,0

16.004

FSC (806-72 ; ligne 817 à partir de 1997)

1.000,5

932,3

1.013,8

-

-

-

Total des lignes 806 et 817

26.902,6

20.315,9

18.121,6

13.813,0

20.097,0

16.004

II.- Lignes 499 et 411 : intérêts d'avances :

           

Intérêts d'avances à l'ACOSS

2.419,9

-

-

-

-

-

Intérêts d'avances au FSR

291,0

212,5

269,3

-

-

-

Total des intérêts d'avances

2.710,9

212,5

269,3

-

-

-

TOTAL des recettes d'ordre hors FSC

28.613,0

19.596,1

18.390,9

13.813,0

20.097,0

16.004

(a) Y compris reversement d'intérêts perçus sur les titres émis au profit du FSR (sous-ligne 806-55) : 346,6 millions de francs en 1994, 265,9 millions de francs en 1995, 468,6 millions de francs en 1996 et 59,7 millions de francs en 1997.

Source : direction du Budget.

C.- L'ÉTAU DE LA DETTE POURRAIT ENFIN SE DESSERRER À L'HORIZON 2000

Depuis plus d'une vingtaine d'années, le ratio d'endettement public s'accroît inexorablement. La dette de l'État ne représentait que 15% du PIB environ en 1980 ; elle atteindrait 47,7% du PIB en 1998 et 48,6% en 1999. Dans le même temps, la dette des administrations publiques représenterait 58,7% du PIB en 1999, alors que le critère fixé dans le traité de Maastricht pour participer à la troisième phase de l'union économique et monétaire est de 60%.

A cette évolution préoccupante, il faut trouver trois origines : d'une part la persistance de déficits budgétaires élevés pendant plusieurs années de la période considérée ; d'autre part une croissance en moyenne trop faible ; enfin une configuration des taux d'intérêt favorable à la rente et préjudiciable à l'activité économique.

L'endettement public n'est ni une fatalité inéluctable ni une charge improductive qui pèserait sur la nation. La théorie économique a, depuis bien longtemps, établi la " règle d'or " des finances publiques, selon laquelle le déficit public n'introduit pas de distorsions et reste supportable s'il est inférieur au montant de l'investissement public. Mais les caractéristiques du processus réel d'endettement constaté ces dernières années diffèrent largement des conditions idéales posées par la " règle d'or ".

Par ailleurs, l'endettement public n'est pas grave en soi : une économie qui connaît des taux de croissance suffisamment élevés peut absorber sans dommage l'augmentation de la dette. Cependant, il est des situations où la dette peut devenir " proliférante ".

A l'évidence, le ratio d'endettement public reste stable dès lors que l'encours de la dette s'accroît au même rythme que le PIB en valeur. Or, sous réserve de la non prise en compte des flux nets de dettes, la variation de la dette découle directement du déficit budgétaire. Celui-ci peut se décomposer en deux parties : la charge des intérêts de la dette d'une part, le solde budgétaire dit " primaire ", d'autre part, qui est justement défini comme la différence entre le solde total et la charge d'intérêt. Celle-ci peut être calculée en appliquant à l'encours de dette un taux d'intérêt représentatif de son coût moyen, appelé " taux apparent " de la dette.

Il apparaît que, si le taux apparent de la dette est supérieur au taux de croissance en valeur du PIB, la proportion de la dette dans le PIB s'accroît même en présence d'un solde primaire nul : c'est l'effet " boule de neige ". Stabiliser la dette nécessite alors de dégager un solde primaire positif.

Le niveau du solde primaire qui permet de stabiliser le ratio dette / PIB dépend de trois paramètres : le taux de croissance de l'économie (r), le coût moyen de la dette (d) et le montant de la dette (de l'année précédente). L'effort budgétaire qu'il convient d'accomplir doit tendre à égaliser le coût moyen de la dette et le taux de croissance du PIB en valeur. Le solde primaire stabilisant est donc déterminé par l'application à l'encours de dette existant du différentiel d - r. Comme cela était prévisible, l'effort budgétaire à fournir est d'autant plus important que le pays est endetté et que le taux de croissance est faible.

Le tableau ci-après, construit principalement à partir du Rapport économique et financier annexé au présent projet, retrace l'évolution du solde primaire stabilisant et du solde primaire effectif depuis 1992, pour l'ensemble des administrations publiques. En 1999, l'écart entre ces deux soldes ne serait plus que de 0,2% du PIB, au lieu de 5,4% en 1993.

SOLDES EFFECTIFS ET SOLDES STABILISANTS DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES

(en % du PIB)

 

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1999

1999

Données de base

               

Dette publique au sens de Maastricht

39,6

45,6

48,5

52,7

55,7

58,1

58,2

58,7

Intérêts de la dette

3,2

3,4

3,6

3,7

3,8

3,6

3,5

3,4

Coût moyen de la dette (en %)

9,4

8,7

8,2

8,0

7,4

6,7

6,3

6,1

Taux de croissance du PIB nominal (en %)

3,2

1,0

4,4

3,5

2,7

3,3

4,4

3,8

Analyse en termes de solde primaire

               

Solde primaire stabilisant

+2,1

+3,0

+1,6

+2,1

+2,4

+1,8

+1,1

+1,3

Solde primaire effectif

-0,7

-2,4

-2,2

-1,2

-0,3

+0,6

+0,6

+1,1

Analyse en termes de solde global

               

Solde global stabilisant

-1,1

-0,4

-1,9

-1,7

-1,4

-1,8

-2,4

-2,1

Solde global effectif

-3,9

-5,8

-5,8

-4,9

-4,1

-3,0

-2,9

-2,3

Écart entre les soldes stabilisants et les soldes effectifs

-2,8

-5,4

-3,8

-3,2

-2,7

-1,2

-0,5

-0,2

Source : Rapport économique et financier annexé au projet de loi de finances pour 1999.

L'amélioration de la dynamique de l'endettement résulte, pour une première part, de la réduction du différentiel entre le taux apparent de la dette et le taux de croissance du PIB nominal : à cet égard, le ralentissement de l'activité économique en 1999 apporte une contribution défavorable à l'assainissement de l'endettement public.

Pour une deuxième part, l'amélioration résulte des efforts de maîtrise budgétaire, le solde primaire effectif devant progresser de 3,5 points de PIB entre 1993 et 1999.

Ces évolutions restent, il est vrai, insuffisantes pour stabiliser dès 1999 le ratio d'endettement de l'ensemble des administrations publiques. La politique du Gouvernement, qui vise à ramener à 2% du PIB le déficit public en 2000, permet cependant d'envisager le prochain desserrement de l'étau de la dette, qui ouvrira enfin des horizons nouveaux aux interventions de l'État, si nécessaires à la société d'aujourd'hui.

CHAPITRE II :
LES CHARGES BUDGÉTAIRES COMMUNES

Le budget des Charges communes a vocation à supporter les dépenses de fonctionnement de l'État qui ne peuvent pas relever d'un département ministériel particulier. Ces charges concernent les institutions politiques, la fonction publique et les moyens de fonctionnement courant des administrations.

I.- LES CHARGES DE FONCTIONNEMENT
DES INSTITUTIONS POLITIQUES

La prise en charge par l'État du coût des institutions politiques se traduit par l'inscription aux Charges communes des crédits du titre II, relatif aux " Pouvoirs publics " et de la dotation relative au financement des partis politiques (chapitre 37-04).

A.- LES CRÉDITS DES POUVOIRS PUBLICS

Sauf rares exceptions, les dépenses constatées sur le titre II sont égales aux crédits initiaux. Ceux-ci seraient de 4,5 milliards de francs en 1999, soit une hausse de 2,4% par rapport aux crédits votés pour 1998. Cette augmentation est nettement inférieure à celle des moyens des services civils pour l'ensemble du budget général, qui atteint 6,6%.

Une nouvelle fois, les dotations demandées pour la Présidence de la République s'établissent en hausse, et passent de 40,5 millions de francs à 57,3 millions de francs, soit près du triple des crédits initiaux de 1997. Ce mouvement de grande ampleur n'est en fait que la traduction dès la loi de finances initiale des besoins manifestés par la Présidence, dont les crédits étaient sous-évalués depuis quelques années.

L'augmentation demandée pour les assemblées parlementaires est de 2,4% pour l'Assemblée nationale, 1,9% pour le Sénat. Leurs crédits respectifs atteindraient ainsi 2,85 milliards de francs et 1,56 milliard de francs. Conformément à l'article 7 de l'ordonnance du 17 novembre 1958 relative au fonctionnement des assemblées parlementaires, ces crédits font l'objet de propositions séparées de la part des questeurs de chaque assemblée ; ces propositions sont arrêtées par une commission commune composée des questeurs des deux assemblées, qui délibère sous la présidence d'un président de chambre à la Cour des comptes. Les propositions de crédits sont ensuite inscrites dans le projet de loi de finances, au budget des Charges communes, et font l'objet d'un rapport explicatif (" jaune ") annexé au projet de loi.

CRÉDITS ET DÉPENSES DES " POUVOIRS PUBLICS "
(Titre II)

(en millions de francs)

 

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

LFI 1998

PLF 1999

Présidence de la République
(chapitres 20-11, 20-12, 20-13 et 20-14)

                 

Crédits initiaux

17,8

18,4

19,0

19,4

19,8

20,3

20,3

40,5

57,3

Dépenses

17,8

18,4

19,0

19,4

29,8

36,3

47,9

-

-

Évolution (en %)

+5,3

+3,4

+3,3

+2,1

+53,6

+21,8

+32,0

+99,5

+41,3

Assemblée nationale (chapitre 20-21)

                 

Crédits initiaux

2.189,3

2.249,7

2.355,6

2.402,7

2.504,1

2.654,4

2.718,7

2.789,9

2.849,9

Dépenses

2.189,3

2.249,7

2.355,6

2.402,7

2.504,1

2.654,4

2.718,7

-

-

Évolution (en %)

-0,9

+2,8

+4,7

+2,0

+4,2

+6,0

+2,4

+2,6

+2,2

Sénat (chapitre 20-31)

                 

Crédits initiaux

1.280,3

1.318,8

1.383,8

1.380,5

1.391,9

1.478,4

1.502,5

1.531,8

1.561,6

Dépenses

1.280,3

1.318,8

1.383,8

1.380,5

1.391,9

1.478,4

1.502,5

-

-

Évolution (en %)

+2,5

+3,0

+4,9

-0,2

+0,8

+6,2

+1,6

+2,0

+1,9

Conseil constitutionnel
(chapitres 20-51, 20-52 et 20-53)

                 

Crédits initiaux

17,9

17,9

20,4

23,8

33,8

25,2

28,7

26,3

26,2

Dépenses

17,9

19,1

20,9

23,8

33,8

22,9

28,7

-

-

Évolution (en %)

+3,5

+6,7

+9,4

+13,9

+42,0

-32,2

+25,2

-8,4

-0,3

Haute Cour de Justice (chapitre 20-61)

                 

Crédits initiaux

0

0

0

0

0

0

0

0

0

Dépenses

0

0

0,1

0

0

0

0

-

-

Évolution (en %)

0

0

n.s.

n.s.

0

0

0

0

0

Cour de Justice de la République (chapitres 20-62 et 20-63)

                 

Crédits initiaux

-

-

-

-

6,7

6,7

6,7

6,7

6,7

Dépenses

-

-

-

-

3,7

3,6

4,1

-

-

Évolution (en %)

-

-

-

-

n.s.

n.s.

n.s.

-

-

Total

                 

Crédits initiaux

3.505,4

3.604,8

3.778,8

3.826,4

3.956,3

4.184,9

4.276,8

4.395,3

4.501,8

Dépenses

3.505,4

3.606,0

3.779,4

3.826,4

3.963,3

4.195,6

4.301,9

-

-

Évolution (en %)

+0,4

+2,9

+4,8

+1,2

+3,6

+5,9

+2,5

+2,8

+2,4

Les crédits pour dépenses de fonctionnement du Conseil constitutionnel seraient quasiment inchangés. Les crédits, au demeurant minimes (6,7 millions de francs), de la Cour de justice de la République, seraient strictement reconduits au niveau des crédits votés de 1995 ; les dépenses constatées au 30 septembre 1998 s'élèvent à 2,9 millions de francs.

B.- LE FINANCEMENT DES PARTIS POLITIQUES

Depuis 1990, le budget des Charges communes porte les crédits destinés à compléter le financement des partis politiques. Cette dotation, inscrite sur le chapitre 37-04, résulte de la loi n° 88-227 du 11 mars 1988 relative à la transparence financière de la vie politique et de la loi n° 90-55 du 15 janvier 1990 relative à la limitation des dépenses électorales et à la clarification du financement des activités politiques.

Les articles 8 et 9 de la loi du 11 mars 1988 prévoient la division du montant des crédits en deux fractions égales :

- la première fraction, destinée au financement des partis et groupements en fonction de leurs résultats aux élections à l'Assemblée nationale, est attribuée à celles de ces organisations qui ont présenté des candidats dans cinquante circonscriptions au moins (18). La répartition est effectuée proportionnellement au nombre des suffrages obtenus au premier tour par chacun des partis ou groupements concernés, une fois déduits les suffrages recueillis par des candidats déclarés inéligibles, et à l'exception des partis et groupements pour lesquels la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques constate un manquement aux obligations légales de présentation des comptes (19).

- la seconde fraction, destinée au financement des partis et groupements politiques représentés au Parlement, est attribuée aux organisations bénéficiaires de la première fraction. Elle est répartie proportionnellement au nombre de membres du Parlement qui ont déclaré au Bureau de leur assemblée, au mois de novembre, y être inscrits ou s'y rattacher. La liste de ces parlementaires et leur répartition entre les différents partis et groupements politiques sont transmises au Premier ministre, au plus tard le 31 décembre de chaque année, par le Bureau de chaque assemblée.

La répartition des crédits pour 1998 a été effectuée par le décret n° 98-253 du 3 avril 1998, sur la base, d'une part, de l'examen, par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques, des comptes de campagne relatifs à l'année 1996, d'autre part, des communications adressées au Premier ministre par le président du Sénat le 16 décembre 1997 et le président de l'Assemblée nationale le 18 décembre 1997.

RÉPARTITION DE L'AIDE PUBLIQUE AUX PARTIS ET GROUPEMENTS POLITIQUES EN 1998
(décret n° 98-253 du 3 avril 1998 corrigé)

(en millions de francs)

 

Fraction 1

Fraction 2

Aide

 

Suffrages recueillis

Montant de l'aide

Nombre d'élus

Montant de l'aide

publique totale

I. Partis et groupements politiques ayant présenté des candidats dans au moins 50 circonscriptions

         

Parti socialiste, radicaux-socialistes et apparentés

6.354.995

69,3

337

99,2

168,5

Rassemblement pour la République

4.004.246

43,6

231

68,0

111,7

Groupement des élus de l'UDF

3.500.832

38,2

228

67,1

105,3

Front national

3.774.266

41,1

1

0,3

41,4

Parti communiste français

2.435.451

26,5

48

14,1

40,7

Les Verts

943.691

10,3

4

1,2

11,5

Mouvement pour la France

617.643

6,7

3

0,9

7,6

Mouvement des citoyens

263.490

2,9

11

3,2

6,1

Génération Écologie

448.287

4,9

   

4,9

Lutte ouvrière

421.745

4,6

   

4,6

Mouvement des réformateurs

104.269

1,1

7

2,1

3,2

Centre national des indépendants et paysans

132.814

1,5

4

1,2

2,6

Solidaires régions écologie

163.005

1,8

1

0,3

2,1

Mouvement écologiste indépendant

182.816

2,0

   

2,0

Solidarité, écologie, gauche, alternative

104.692

1,1

2

0,6

1,7

Union pour la semaine de quatre jours

122.566

1,3

   

1,3

Nouveaux écologistes du rassemblement nature et animaux

90.270

1,0

   

1,0

Ligue communiste révolutionnaire

71.034

0,8

   

0,8

Parti des travailleurs

51.696

0,6

   

0,6

Initiative républicaine

29.268

0,4

   

0,3

Eden, république et démocratie

19.593

0,2

   

0,2

Parti national républicain

14.582

0,2

   

0,2

Parti pour la liberté

13.029

0,1

   

0,1

Parti de la loi naturelle

11.329

0,1

   

0,1

Parti humaniste

3.508

< 0,1

   

< 0,1

II. Partis et groupements politiques ayant présenté des candidats exclusivement outre-mer

         

Parti communiste réunionnais

55.807

0,6

4

1,2

1,8

Parti progressiste martiniquais

21.467

0,2

3

0,9

1,1

Guadeloupe unie socialiste et réalités

16.995

0,2

3

0,9

1,1

Groupement France-Réunion

27.760

0,3

1

0,3

0,6

Tahoeraa Huiraatira

23.557

0,3

1

0,3

0,6

Ai'a Api

20.121

0,2

1

0,3

0,5

Parti progressiste démocratique guadeloupéen

15.071

0,2

1

0,3

0,5

Mouvement indépendantiste martiniquais

12.720

0,1

1

0,3

0,4

Walwari

3.366

< 0,1

1

0,3

0,3

Front de libération de Polynésie

27.097

0,3

   

0,3

Metz pour tous

2

< 0,1

1

0,3

0,3

Parti communiste guadeloupéen

8.171

< 0,1

   

0,1

L'Action

7.802

< 0,1

   

0,1

Fetia Api

7.430

< 0,1

   

0,1

Parti socialiste guadeloupéen

5.387

< 0,1

   

0,1

Parti communiste martiniquais

4.427

< 0,1

   

< 0,1

Conseil national des comités populaires

3.124

< 0,1

   

< 0,1

Union centriste et libérale

2.257

< 0,1

   

< 0,1

Mouvement de décolonisation et d'émancipation de la Guyane

1.747

< 0,1

   

< 0,1

Mouvement progressiste socialisme et démocratie

1.471

< 0,1

   

< 0,1

Parti socialiste guyanais

1.395

< 0,1

   

< 0,1

Union des forces de progrès de Guyane

1.217

< 0,1

   

< 0,1

Mouvement pour une écologie urbaine

1.044

< 0,1

   

< 0,1

Alliance guyanaise

700

< 0,1

   

< 0,1

Fédération pour l'unité du peuple calédonien

644

< 0,1

   

< 0,1

Rassemblement des démocrates pour la protection de l'espace réunionnais

626

< 0,1

   

< 0,1

Mouvement libéral martiniquais

622

< 0,1

   

< 0,1

Élan nouveau

413

< 0,1

   

< 0,1

Union des Martiniquais démocrates

364

< 0,1

   

< 0,1

Combat ouvrier

361

< 0,1

   

< 0,1

MG Écologiste

39

< 0,1

   

< 0,1

Total

24.152.591

263,25

894

263,25

526,5

Une erreur matérielle dans la rédaction du décret du 3 avril 1998 ayant conduit à intervertir les données chiffrées relatives à deux partis politiques, le décret n° 98-767 du 28 août 1998 a procédé à la rectification nécessaire.

La répartition de l'aide publique est intervenue plus tardivement en 1998 qu'en 1997, du fait de la tenue d'élections législatives anticipées au mois de mai et juin 1997. En particulier, les dernières décisions du Conseil constitutionnel relatives au contentieux suscité par ces élections ont été rendues le 18 mars 1998.

Compte tenu du nombre de suffrages et du nombre d'élus au Parlement pris en compte dans la répartition de l'aide publique, la dotation par suffrage exprimé (fraction 1 de l'aide publique) s'élève, en 1998, à environ 10,90 francs et la dotation par élu (fraction 2 de l'aide publique) s'élève à 294 463,09 francs.

Par ailleurs, la loi n° 95-65 du 19 janvier 1995 a prévu un dispositif temporaire pour les partis et groupements politiques créés postérieurement aux élections législatives de 1993 et qui ne bénéficient pas des dispositions des articles 8 et 9 de la loi de 1988 modifiée. Ce dispositif est devenu l'article 9-1 de la loi du 11 mars 1988. La formation politique " émergente " reçoit alors une dotation forfaitaire de 2 millions de francs, sous réserve de remplir deux conditions :

- avoir perçu au cours d'une année des dons émanant d'au moins 10.000 personnes physiques, dont 500 élus, répartis entre au moins trente départements, territoires d'outre-mer ou collectivités territoriales d'outre-mer à statut particulier, pour un montant total d'au moins un million de francs ;

- avoir fait constater, par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques, que la première condition est remplie, à l'occasion du dépôt annuel des comptes auprès de cette Commission.

Le Mouvement pour la France et la Ligue communiste révolutionnaire ont bénéficié de ces dispositions au titre de l'aide publique pour 1997. Deux décrets du 16 décembre 1997 ont ainsi prévu d'allouer 2 millions de francs à chacune de ces formations. Un arrêté de répartition du 8 décembre 1997 a prélevé les crédits correspondants sur le chapitre 37-94 " Dépenses éventuelles " pour les inscrire sur le chapitre 37-04, lequel, inscrit à l'état G, est doté de crédits provisionnels.

En 1998, compte tenu des élections législatives de 1997, ces deux formations, qui ont présenté plus de 50 candidats, ont été réintégrées dans le dispositif de droit commun décrit aux articles 8 et 9 de la loi du 11 mars 1988, perdant ainsi le caractère de formation " émergente " et le bénéfice des versements spécifiques qui s'y attachent.

Le montant des crédits demandés pour 1999 sur le chapitre 37-04 est égal à 526,5 millions de francs, montant inchangé depuis la loi de finances pour 1994.

FINANCEMENT DES PARTIS ET GROUPEMENTS POLITIQUES
(chapitre 37-04)

(en millions de francs)

 

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

LFI 1998

PLF 1999

Crédits initiaux

265,0

281,1

580,0 (a)

526,5 (b)

526,5

526,5

526,5

526,5

526,5

Crédits ouverts

265,0

281,1

579,7

525,9

527,1 (c)

530,5 (d)

530,5 (e)

526,5 (f)

-

Dépenses

261,7

277,1

579,7

525,9

527,1

530,5

530,5

526,0 (f)

-

(a) Le projet de loi de finances pour 1993 prévoyait 290 millions de francs.

(b) Le projet de loi de finances pour 1994 prévoyait 580 millions de francs.

(c) Un arrêté du 3 avril 1995 a reporté 0,61 millions de francs de crédits de 1994 sur 1995.

(d) Deux arrêtés ont accru chacun les crédits de 2 millions de francs.

(e) L'arrêté du 8 décembre 1997 a majoré les crédits de 4 millions de francs.

(f) Crédits ouverts et dépenses constatées au 30 septembre 1998.

II. LES DÉPENSES RELATIVES À LA FONCTION PUBLIQUE : RÉMUNÉRATIONS, PENSIONS, CHARGES SOCIALES

Le budget des Charges communes comporte plusieurs chapitres ayant vocation à porter des crédits intéressant l'ensemble de la fonction publique : crédits globaux destinés à compléter d'autres budgets en tant que de besoin, chapitres-réservoirs destinés à recevoir des crédits en provenance d'autres ministères, chapitres spécifiques retraçant les transferts de l'État avec divers organismes sociaux, etc.

En ce sens, les dotations demandées sur le budget des Charges communes dans tout projet de loi de finances n'ont qu'une faible valeur démonstratrice des sommes réellement consacrées à la fonction publique.

A.- LES CRÉDITS POUR RÉMUNÉRATIONS D'ACTIVITÉ

A titre principal, ces crédits sont inscrits sur le budget de chaque ministère. Le budget des Charges communes ne comporte, éventuellement, que des crédits destinés à les abonder, inscrits au chapitre 31-94 " Mesures générales intéressant les agents du secteur public ".

· Un crédit de 1,5 milliard de francs était inscrit en 1997 sur le chapitre 31-94, afin de contribuer au financement de la revalorisation en deux temps (0,5% au 1er mars 1997 et 0,5% au 1er novembre 1997) décidée par le précédent Gouvernement. Sept mesures réglementaires ont transféré l'essentiel des crédits vers les autre sections budgétaires, ou les ont annulés, laissant un solde disponible de 45.112 francs en fin d'exercice :

- un arrêté du 20 août 1997 a réparti 16 millions de francs vers le chapitre 31-98 " Autres rémunérations " du budget des Affaires étrangères ;

- un arrêté du 14 octobre 1997 a réparti 81,4 millions de francs vers le chapitre 31-90 " Rémunérations des personnels " et le chapitre 31-98 " Autres rémunérations " du budget des Affaires étrangères ;

- l'arrêté du 17 octobre 1997 portant annulation de crédits, associé au décret d'avances du même jour, a annulé 175 millions de francs ;

- un arrêté du 3 novembre 1997 a réparti 1,3 million de francs vers le chapitre 31-98 " Autres agents non titulaires. Rémunérations principales " du budget de l'Outre-mer ;

- un arrêté du 25 novembre 1997 a réparti 88,7 millions de francs vers cinq chapitres de rémunération du budget de l'Intérieur ;

- un arrêté du 10 décembre 1997 a réparti 375,8 millions de francs vers le chapitre 31-90 " Rémunérations des personnels " du budget de l'Agriculture (5 millions de francs), le chapitre 31-92 " Enseignement primaire. Rémunérations " (10,8 millions de francs) et le chapitre 31-93 " Enseignement secondaire. Rémunérations " (360 millions de francs) du budget de l'Enseignement scolaire ;

- enfin, un arrêté du 29 décembre 1997 a transféré 762 millions de francs vers le chapitre 32-97 " Pensions " du budget des Charges communes.

· En 1998, 3 milliards de francs ont été inscrits sur le chapitre, à titre de provision pour les négociations salariales engagées alors dans la fonction publique. Ces crédits ont fait l'objet des mouvements réglementaires présentés dans le tableau ci-après.

UTILISATION DES CRÉDITS INSCRITS EN 1998 SUR LE CHAPITRE 31-94

(en millions de francs)

Budget, chapitre

Montant

Arrêté

Services financiers

   

31-90 Rémunérations principales

30,0

2 juillet

Agriculture et pêche

   

31-02 Indemnités et allocations diverses

13,3

29 septembre

Emploi

   

31-62 Indemnités et allocations diverses

1,4

30 septembre

Enseignement scolaire

   

31-92 Enseignement primaire. Rémunérations

98,5

 

31-97 Autres personnels enseignants non titulaires. Rémunérations

330,0

 

Enseignement supérieur

   

31-96 Rémunérations de personnels divers et vacations

110,0

1er octobre

Urbanisme et services communs

   

31-90 Rémunérations des personnels

57,0

 

31-94 Indemnités et allocations diverses

30,0

14 octobre

Dotation initiale

3.000,0

 

Total des répartitions effectuées

670,2

 

Solde des crédits non utilisés au 4 novembre 1998

2.329,8

 

Le mois de février 1998 ayant vu la conclusion des négociations et la signature d'un accord salarial, la dotation de 1998 a été " consolidée ", pour 1999, sur l'ensemble des chapitres de rémunération des autres sections budgétaires dans le présent projet de loi de finances, et aucune dotation n'est donc demandée pour l'exercice 1999. L'accord salarial entraîne une augmentation des charges de personnel évaluée à 14,8 milliards de francs

B.- DES CRÉDITS POUR PENSIONS REMODELÉS

1.- La budgétisation des charges de pension de La Poste : une clarification des crédits initiaux

· Le chapitre 32-92, sur lequel sont inscrits les crédits relatifs au versement de l'État au fonds spécial du régime de retraite des ouvriers des établissements de l'État, et le chapitre 32-97, relatif aux pensions, sont les chapitres d'imputation des dépenses afférentes aux charges de pension.

Depuis la loi de finances pour 1977, les crédits de pension sont inscrits sur les budgets des différents ministères (20) ; ils sont ensuite transférés sur le budget des Charges communes au début de l'exercice. Cependant, le traitement des charges de pension des budgets annexes relève d'une logique différente :

- les fascicules des budgets annexes ne contiennent pas de chapitre 32-92 ou 32-97 : les fonctionnaires retraités sont inclus dans les effectifs des ministères de rattachement ;

- pour le budget annexe de l'Aviation civile, la réponse du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie indique qu'" il a été décidé, par souci de clarification comptable, que les dépenses de pensions relatives aux anciens fonctionnaires de cet organisme feraient l'objet d'une procédure de rétablissement de crédits au budget de l'État ".

Un arrêté du 19 janvier 1998 (JO du 24 janvier 1998) a transféré les crédits des chapitres 32-92 de huit budgets vers le chapitre 32-92 du budget des Charges communes. La dotation initiale de 124,9 millions de francs a ainsi été augmentée de 7.243,0 millions de francs.

De même, un second arrêté du 19 janvier 1998 (JO du 29 janvier 1998) a transféré les crédits des chapitres 32-97 de quatorze budgets vers le chapitre 32-97 du budget des Charges communes. La dotation initiale de 11,85 milliards de francs a été augmentée de 138,3 milliards de francs.

Cette méthode permet d'afficher sur chaque fascicule budgétaire, à l'occasion de la discussion du projet de loi de finances, le " coût complet " des fonctionnaires relevant ou ayant relevé du département ministériel considéré. Elle constitue ainsi un facteur bienvenu de clarté en termes de ressources humaines et de gestion du personnel.

En revanche, l'éclatement des crédits sur les fascicules budgétaires, l'inscription d'une dotation sur les chapitres 32-92 et 32-97 du budget des Charges communes dès la loi de finances initiale, la multiplicité des ressources concourant au financement des dépenses de pension rendent malaisée l'appréhension des mécanismes budgétaires relatifs aux charges de pension.

Pour autant, le système actuel paraît à votre Rapporteur spécial bien préférable à celui qui voudrait que tous les crédits initiaux de pension soient, dès la loi de finances initiale, inscrits sur le budget des Charges communes.

MODALITÉS DE CALCUL DE LA DOTATION INITIALE
DES CHAPITRES 32-92 ET 32-97

w La dotation initiale du chapitre 32-92 regroupe le montant de la subvention d'équilibre correspondant à la prise en charge des pensions des anciens ouvriers des budgets annexes, de la SEITA et de Météo-France, soit 124,8 millions de francs dans le projet de loi de finances pour 1999.

w Pour la loi de finances de l'année n, les budgets des différents ministères portent, sur leurs chapitres 32-97 respectifs, les crédits correspondant au montant des dépenses de pension de leurs fonctionnaires retraités pour la dernière année connue (soit n-2), actualisé à la valeur du point " mesures nouvelles " de l'année n.

Le chapitre 32-97 du budget des Charges communes voit inscrire les crédits correspondant au différentiel entre le besoin de l'année n (net du produit attendu des fonds de concours évoqués ci-après) et le total des chapitres 32-97 des divers ministères.

La dotation est complétée par des crédits, inscrits à l'article 30, correspondant aux charges de pension dues au titre des agents de France Télécom et, à compter du présent projet de loi de finances, aux charges de pension dues au titre des agents de La Poste.

· Le chapitre 32-97 voit ouvrir, en cours d'année, des crédits alimentés par deux fonds de concours. Le fonds n° 20-2-6-745 recueille les contributions versées par divers organismes publics ou semi-publics au titre des retraites de leurs personnels (titulaires ou agents de l'État détachés) soumis au régime général des pensions civiles et militaires. Le taux de la contribution est fixé à 33% du montant des émoluments soumis à retenue.

Le fonds n° 20-2-6-768 reçoit, jusqu'à la fin de l'exercice 1998, les versements effectués par La Poste au titre du remboursement, par cet exploitant public, des dépenses de pensions servies à son personnel titulaire (art. 30 de la loi du 2 juillet 1990). Le présent projet de loi de finances propose d'inscrire, dès la loi de finances initiale, ces charges de pension sur le budget général, et plus précisément sur le chapitre 32-97 du budget des Charges communes. Le montant des crédits inscrits à ce titre s'élève à 14,8 milliards de francs en 1999.

Parallèlement, les recettes provenant du remboursement par La Poste des dépenses occasionnées par la prise en charge des pensions de ses agents titulaires seraient désormais inscrites sur la ligne 508 (nouvelle) de l'état A annexé à l'article 43 du présent projet (article d'équilibre).

Le Gouvernement a souhaité, avec cette opération de clarification budgétaire, répondre à un souhait exprimé en 1994 par le Conseil constitutionnel. Pour autant, votre Rapporteur spécial remarque que l'abandon de la procédure du fonds de concours permet désormais de " déconnecter " la dépense de la recette correspondante. Ainsi, indépendamment de l'ombre portée des décisions rendues par le Conseil constitutionnel, il n'est pas impossible que la suppression de la procédure du fonds de concours ait un lien avec les dispositions du récent contrat de plan entre La Poste et l'État. Ce dernier s'est, en effet, engagé à stabiliser " en francs constants au niveau des charges dues au titre de 1997, les charges de retraites de La Poste dues au titre des années du contrat d'objectifs et de progrès ". Ceci implique que l'État devrait être amené à financer sur le budget général une part - au demeurant croissante - des charges auparavant entièrement supportées par La Poste.

Les fonds de concours ne font pas l'objet d'une évaluation en loi de finances initiale. Le fascicule jaune " État récapitulatif des crédits de fonds de concours ", annexé au présent projet de loi de finances, donne cependant, pour le fonds n° 20-2-6-745 un montant estimé à 4,64 milliards de francs pour 1998 et 4,94 milliards de francs pour 1999. En 1999, le fonds de concours n° 20-2-6-768 ne devrait plus enregistrer que la régularisation par La Poste des paiements au titre des pensions servies en 1998.

· Pour 1999, le besoin de financement total du régime des pensions (hors charges dues à la compensation et à la surcompensation entre régimes spéciaux) est évalué à 179,2 milliards de francs. En faisant abstraction des ressources et charges affectées (fonds de concours), le montant des crédits budgétaires s'élève à 174,3 milliards de francs. Il n'est pas directement comparable à celui de 1998, en raison de la budgétisation des crédits pour charges de pension de La Poste. Les crédits nécessaires sont inscrits, à hauteur de 144,9 milliards de francs, sur les chapitres 32-97 des divers budgets ministériels, et à hauteur de 29,4 milliards de francs sur le chapitre 32-97 du budget des Charges communes. Celui-ci comprend en particulier 9,2 milliards de francs destinés à servir les pensions des personnels de France Télécom et 14,8 milliards de francs au titre des pensions de La Poste.

L'ÉQUILIBRE FINANCIER DU RÉGIME DE PENSIONS CIVILES ET MILITAIRES
DE L'ÉTAT EN 1999

(en millions de francs)

CHARGES

RESSOURCES

Nature

Montant

Nature

Montant

· Pensions militaires

· Pensions civiles (y compris Aviation civile)

dont pensions de France Télécom

dont pensions de La Poste

47.092

132.122

9.239

14.822

· Retenues pour pensions civiles et militaires (part " agent ")
(état A, ligne 501)

· Contribution de France Télécom aux charges de pensions
(état A, ligne 502)

· Contribution de La Poste aux charges de pensions
(état A, ligne 508)

· Contributions de divers organismes publics ou semi-publics (fonds de concours n° 20-2-6-745)

· Versement de l'établissement public chargé de gérer la " soulte France Télécom "
(état A, ligne 818)

· Contribution du budget général (solde assurant l'équilibre)

27.199

8.914

14.822

4.974

1.210

122.095

Besoin de financement

179.214

Capacité de financement

179.214

La progression de 5,9% des crédits budgétaires globaux par rapport à la loi de finances pour 1998 (hors budgétisation des charges de La Poste) découle de trois facteurs :

- une révision en hausse de la base au titre de l'exercice 1998 : 1.856 millions de francs ;

- une augmentation de 4,64% des dépenses prévues pour pensions civiles et militaires (hors France Télécom), dont 1,05% au titre de la revalorisation du point fonction publique intervenue en 1998 (effet en année pleine) et en 1999, et 3,59% au titre de la progression du nombre et du montant unitaire des pensions versées ;

- une progression de 4,89% des dépenses prévues au titre des retraites de France Télécom, dont 3,84% hors effet de la revalorisation du point d'indice.

La capacité de financement du régime de retraite provient de la contribution du budget général (qui peut s'analyser comme une cotisation fictive de l'État employeur ou comme une subvention au régime) et des contributions diverses venant en déduction de la charge budgétaire supportée par l'État, portées sur plusieurs lignes de recettes de l'état A :

- ligne 501 : les retenues sur traitement indiciaire des agents de l'État sont calculées à hauteur de 7,85% du traitement brut ou de la solde brute, à l'exclusion d'indemnités de toute nature (27,2 milliards de francs) ;

- ligne 502 : la contribution de France Télécom (versée en application des dispositions de l'article 6 de la loi n° 96-660 du 26 juillet 1996 relative à l'entreprise nationale France Télécom) est constituée du montant de la retenue pour pension à la charge des fonctionnaires en activité (7,85% du traitement indiciaire) et d'une contribution " employeur " assise sur la masse salariale indiciaire, dont les modalités de calcul sont fixées par le décret n° 97-139 du 13 février 1997 ;

- ligne 508 : la contribution de La Poste évoquée ci-avant (14,8 milliards de francs) ;

- ligne 818 : le versement, prévu par l'article 46 de la loi de finances initiale pour 1997, effectué par l'établissement public gestionnaire de la " soulte France Télécom " (1,21 milliard de francs).

L'ensemble de ces contributions s'élèverait à 57,1 milliards de francs en 1999. La charge nette du régime de retraite des fonctionnaires civils et militaires pour le budget général serait donc de 122,1 milliards de francs.

2.- La nécessité d'un diagnostic précis sur les perspectives du régime de retraite des fonctionnaires

Les retraités de la fonction publique sont actuellement au nombre de 1 150 000 personnes pour les pensions civiles (y compris La Poste et France Télécom) et 570 000 personnes pour les pensions militaires. Le nombre de retraités militaires est à peu près stable, alors que celui des pensionnés civils augmente de façon significative.

Cependant, le régime des pensions de l'État bénéficie toujours d'un rapport démographique plus favorable que celui du régime général : en 1997, le rapport du nombre des actifs cotisants au nombre de pensionnés devrait en effet être supérieur à 2,3 pour le premier, contre moins de 1,75 pour le second.

Cet avantage devrait s'amenuiser progressivement, par une conséquence naturelle de la politique de stabilisation des effectifs dans la fonction publique et de l'augmentation des effectifs pensionnés. Selon les projections établies en 1995 par le groupe de travail présidé par M. Raoul Briet, dans son rapport Perspectives à long terme des retraites, le rapport démographique du régime des fonctionnaires civils et militaires devrait avoir rejoint celui du régime général vers 2010, à un niveau de 1,57, si l'on retient l'hypothèse conventionnelle d'une stabilité des effectifs cotisants.

RAPPORT DÉMOGRAPHIQUE DES PENSIONS DE FONCTIONNAIRES CIVILS (a)

 

1995

2000

2005

2010

2015

Taux de croissance

Retraités de droit direct (b)

828,3

960,4

1.130,9

1.323,3

1.497,6

+ 80,8%

Cotisants (b)

2.081,7

2.081,7

2.081,7

2.081,7

2.081,7

 

Rapport démographique

2,51

2,17

1,84

1,57

1,39

- 44,7%

(a) Le rapport démographique pour les militaires est de 0,8 dans la deuxième moitié des années 90.

(b) En milliers de personnes.

Source : direction du Budget.

Ce sont ainsi près de 770 000 concessions de pensions nouvelles aux fonctionnaires de l'État (hors PTT) qui devraient être accordées entre 1997 et 2010. Près de la moitié des fonctionnaires en activité en 1996 devraient partir à la retraite au cours de cette période, les flux annuels de départ passant de 42 000 à 65 000 agents.

Par ailleurs, indépendamment de l'évolution défavorable du régime démographique, les mécanismes de valorisation des retraites exercent également une influence déterminante sur la charge budgétaire supportée par l'État. De 1990 à 1997, le montant des pensions civiles exprimés en francs constants de 1997 est passé de 90 milliards de francs à 119,6 milliards de francs, soit une hausse annuelle moyenne de 3,5%. Dans le même temps, le montant total des pensions militaires passait de 42,5 milliards de francs à 44,9 milliards de francs, soit une augmentation annuelle moyenne de 0,8%.

Or, sur la même période, les effectifs de pensionnés ont augmenté de 20% pour les pensions civiles et ont diminué de 2,5% pour les pensions militaires. L'amélioration de la pension moyenne servie aux retraités résulte de cinq facteurs :

- l'élévation de l'indice retenu pour la liquidation des pensions nouvelles, qui résulte à la fois de l'effet des mesures générales ou catégorielles et de l'élévation des qualifications individuelles. L'indice moyen des pensions des fonctionnaires civils partant à la retraite chaque année est passé de 471 en 1990 à 548 en 1997 ;

- l'augmentation du taux de liquidation des pensions nouvelles, due à l'allongement de la carrière des personnes faisant valoir leur droit à pension. Ce taux est passé de 65,2% en 1990 pour les fonctionnaires civils ou militaires à 67,9% pour les fonctionnaires civils et 67,2% pour les militaires ;

- l'effet sur les pensions déjà liquidées des revalorisations du point de la fonction publique. Les pensions sont, en effet, libellées en points indiciaires et servies chaque mois en fonction de la valeur du point fonction publique en vigueur ;

- l'application aux pensions déjà liquidées de certaines mesures incluses dans les accords salariaux de la fonction publique, notamment celles qui concernent l'attribution de points d'indice uniformes ou différenciés ;

- l'application des dispositions de l'article L. 16 du code des pensions civiles et militaires de retraite, qui prévoient l'octroi aux pensionnés de mesures statutaires octroyées aux actifs, sous conditions.

Les principales révisions en hausse des pensions déjà liquidées l'ont été au titre des dispositions de l'article L. 16 du code des pensions civiles et militaires de retraite. Sur longue période, les données disponibles à partir de 1979 permettent de dégager un impact structurel positif sur le pouvoir d'achat estimé à + 0,3% par an en moyenne. Depuis 1986, les révisions indiciaires au titre de l'article L. 16 ont engendré un montant cumulé de charges supplémentaires de plus de 36 milliards de francs pour le budget de l'État.

D'après les projections établies en 1995 par le Commissariat général au Plan pour les fonctionnaires civils, l'évolution démographique et la valorisation de la pension moyenne devraient engendrer, à l'horizon 2010, un besoin de financement additionnel représentant, chaque année; l'équivalent de 14,6 points supplémentaires de cotisation par rapport à 1995.

Votre Rapporteur spécial se réjouit de ce que le Premier ministre ait chargé le Commissariat général au Plan de mettre à jour ces projections et d'élaborer un diagnostic portant sur le régime général, les régimes spéciaux, les régimes des professions non salariées et les régimes complémentaires, ainsi que sur les transferts de compensation entre régimes.

3.- Le régime de pensions des ouvriers des établissements industriels de l'État

Le Fonds spécial des pensions des ouvriers des établissements industriels de l'État (FSPOEIE), institué par la loi du 21 mars 1928 et organisé actuellement par le décret n° 65-836 du 24 septembre 1965, est chargé d'assurer le service des pensions (invalidité et vieillesse) concédées ou révisées au profit des ouvriers des établissements relevant du ministère de la défense et des services industriels de l'État.

Ce fonds est partiellement financé par une retenue sur les salaires, fixée à 7,85% depuis le 1er février 1991 (diminués de la remise forfaitaire) et une contribution patronale égale à 10,34% depuis le 1er mars 1991.

Toutefois, la principale ressource du régime réside dans la subvention d'équilibre accordée par l'État (chapitre 32-92), qui est répartie entre les budgets de divers ministères et les budgets annexes de l'Aviation civile et des Monnaies et médailles au prorata du nombre de retraités. Ce régime de pension subit en effet un très fort déséquilibre démographique, dû pour l'essentiel aux possibilités de départ avant 60 ans et à la baisse des effectifs employés par le ministère de la défense.

ÉVOLUTION DES PENSIONS SERVIES PAR LE RÉGIME

 

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

Nombre de pensionnés
(en milliers)

109,1

110,1

110,6

111,7

112,5

112,5

112,8

113,6

114,7

Montant des pensions
(en millions de francs)

6.878,4

7.261,1

7.631,3

7.950,4

8.288,1

8.536,8

8.683,2

8.915,4

9.472,2

Subvention de l'État
(en millions de francs)

4.800,1

5.310,0

5.752,1

5.877,4

6.134,0

6.294,1

6.430,0

6.670,0

7.367,9

Source : direction du Budget.

Le rapport démographique de ce régime spécial est appelé à se dégrader de façon continue pour les années à venir, compte tenu notamment de la baisse des effectifs ouvriers du ministère de la défense. A ce titre, le dispositif de dégagement des cadres défini par le décret n° 98-358 du 12 mai 1998 relatif à la cessation anticipée d'activité des ouvriers de l'État des services et établissements de la direction des constructions navales concernerait 880 personnes en 1998, 829 en 1999 et 712 en 2000, pour une charge budgétaire de 256 millions de francs en 1999 et 363 millions de francs en 2000 (21).

IMPACT SUR LES SECTIONS BUDGÉTAIRES DE LA REVALORISATION DU TAUX DE COTISATION EMPLOYEUR AU RÉGIME DES PENSIONS DES OUVRIERS DE L'ÉTAT

(en millions de francs)

Section budgétaire

Chapitre

Montant

Majoration des chapitres de rémunération

   

Agriculture et pêche

31-15

0,5

Anciens combattants

31-95

1,8

Enseignement scolaire

33-90

0,2

Économie. Services communs et finances

31-98

2,4

Industrie

31-92

< 0,1

Équipement. Services communs

31-93

41,0

Équipement. Services communs

36-65

26,0

Équipement. Transport aérien et météorologie

36-20

2,2

Intérieur et décentralisation

31-95

24,5

Outre-mer

31-98

0,7

Défense

31-51

684,0

Aviation civile

64-07

17,1

Monnaies et médailles

64-05

5,0

Total des majorations de crédits

 

805,7

Minoration des chapitres de subvention

   

Agriculture et pêche

32-92

- 0,2

Anciens combattants

32-92

- 2,2

Enseignement scolaire

32-92

- 0,3

Économie. Services communs et finances

32-92

- 2,6

Industrie

32-92

- 2,6

Équipement. Services communs

32-92

- 92,3

Intérieur et décentralisation

32-92

- 10,9

Défense

32-92

- 1.196,0

Aviation civile

64-11

- 10,4

Total des minorations de crédits

 

- 1.317,7

Les prévisions d'évolution sont donc élaborées à partir des évolutions constatées pour les années passées tout en intégrant les phénomènes spécifiques liés au ministère de la défense. A l'horizon 2001, le régime devrait compter environ 66.000 cotisants pour 118.000 pensionnés.

Cependant, le Gouvernement a engagé, dans le présent projet de loi de finances, un processus de clarification du financement du FSPOEIE. Le taux de cotisation employeur devrait être relevé, avec effet au 1er janvier 1999, de 10,34% à 24%. Ce relèvement permettra d'apprécier de façon plus fine le coût effectif des personnels employés par les ministères concernés.

La prochaine revalorisation du taux de cotisation employeur se traduit dans le présent projet par plusieurs ajustements de crédits, résumés dans le tableau ci-avant. D'une part, certains crédits de rémunération ou charges sociales sont majorés, d'autre part, les crédits correspondant à la participation des différents budgets à la subvention d'équilibre sont minorés.

En définitive, le montant total de la subvention d'équilibre devrait s'établir, en 1999, à 6.113,9 millions de francs, soit une diminution de 17% par rapport au montant de 7.367,9 millions de francs voté dans la loi de finances pour 1998. Le taux global de cotisation implicite assurant l'équilibre du régime est estimé à 59,4% pour 1999.

C.- LES CHARGES SOCIALES DE L'ÉTAT

1.- Les cotisations sociales à la charge de l'État employeur

Les cotisations sociales de l'État employeur sont inscrites pour l'essentiel aux articles 10, 20 et 30 du chapitre 33-91 " Personnel en activité. Prestations et versements obligatoires ", doté de crédits évaluatifs. Elles s'élèveraient en 1999 à un peu plus de 34 milliards de francs, en augmentation de 976 millions de francs par rapport à 1998 (+ 3,0%).

· Le versement de l'État à la Caisse nationale d'allocations familiales (article 10) est égal à la différence entre le montant des cotisations dues par l'État et celui des prestations familiales directement servies par lui à ses agents. Au cours des derniers exercices, les crédits consacrés à l'apurement CNAF ont nettement augmenté en raison de l'évolution limitée du montant des prestations familiales servies par l'État à ses fonctionnaires.

En particulier, il a été constaté que les allocations familiales et le complément familial de traitement - qui représentent près de 75% du montant des prestations versées - connaissent une croissance sensiblement inférieure à celle des mêmes prestations versées directement par les caisses d'allocations familiales.

Après la forte hausse de la dotation initiale inscrite dans la loi de finances initiale pour 1997, qui était due à l'augmentation du taux de cotisation de l'État, porté de 4,8% à 5,2% par l'arrêté du 26 novembre 1996, les crédits inscrits en 1998 sur l'article 10 étaient de 9,56 milliards de francs, reflétant à la fois l'évolution de la masse salariale qui sert d'assiette au calcul des cotisations et celle des prestations directement versées par l'État à ses agents.

La dotation demandée pour 1999 s'élève à 9,94 milliards de francs, soit une augmentation de 384 millions de francs, comparable à celle de l'année précédente.

· Les cotisations maladie versées au titre des personnels civils titulaires sont retracées à l'article 20. Leur évaluation pour 1999 s'élève à 23,8 milliards de francs, en augmentation de 584 millions de francs par rapport à la dotation initiale de 1998.

· Comme tout employeur, l'État est tenu de verser une contribution au Fonds national d'aide au logement. Conformément au droit commun, cette contribution est égale à 0,1% de l'assiette salariale plafonnée. Les crédits demandés pour 1999 à ce titre s'élèvent à 260 millions de francs (article 30 du chapitre 33-91).

· Enfin, le chapitre 33-92 " Personnel en activité. Prestations et versements obligatoires. Crédits globaux " est doté, comme en 1998, de 100 millions de francs. Il ne donne lieu à aucune dépense directe, ces crédits servant uniquement à compléter les dotations inscrites aux budgets des différents ministères pour faire face aux charges sociales qu'ils supportent directement : cotisations patronales pour les agents non titulaires, versement transport, cotisations patronales à l'IRCANTEC, etc.

2.- Les charges relevant de la participation de l'État aux mécanismes de compensation

L'article 40 du chapitre 33-91 retrace la contribution de l'État aux mécanismes de compensation et de surcompensation des régimes d'assurance vieillesse. Elle s'établirait en 1999 à 20,4 milliards de francs, augmentant de près de 1,8 milliard de francs par rapport aux crédits votés de 1998, alors que ceux-ci avaient diminué d'environ 360 millions de francs par rapport aux crédits votés pour 1997.

Le montant à verser par l'État est déterminé par un système d'acomptes et d'apurements. Il résulte de ces apurements un décalage entre les exercices budgétaires et les exercices comptables des régimes sociaux. Par ailleurs, certains apurements négatifs (mais pas tous) donnent lieu à un encaissement de recettes non fiscales, inscrites sur la ligne 805.

Un arrêté du 3 mars a fixé pour 1998 les montants et les dates de versement des acomptes à divers régimes de sécurité sociale, relatifs aux compensations généralisées vieillesse et maladie, aux compensations bilatérales maladie et à la compensation spécifique entre les régimes spéciaux d'assurance vieillesse. La lecture des tableaux portés en annexes IV et V montre que le montant des acomptes dus par l'État en 1998 s'élève à 20,3 milliards de francs. Pourtant, seuls 18,6 milliards de francs ont été inscrits dans la loi de finances pour 1998 ; l'insuffisance apparente des crédits est donc de 1,7 milliard de francs.

Il est vrai que l'arrêté du 17 mars 1998 fixant pour 1996 les montants des transferts définitifs des compensations généralisées vieillesse et maladie, bilatérales maladie et spécifique entre les régimes spéciaux d'assurance vieillesse montre que l'État a, pour l'exercice 1996, payé des acomptes supérieurs de près de 500 millions de francs au montant des transferts effectivement dus au titre de la compensation généralisée.

Cependant, ce trop-versé est minoré par l'insuffisance des acomptes au titre de la compensation spécifique, qui s'élève à 96 millions de francs. Au total, la régularisation définitive de l'exercice 1996 tend à minorer les dépenses budgétaires de 400 millions de francs. Malgré tout, ceci ne pourra pallier complètement le décalage entre la dotation initiale pour 1998 et le montant des acomptes dus pour 1998.

VERSEMENTS DE L'ÉTAT AU TITRE DE LA COMPENSATION DES RESSOURCES ET DES CHARGES DES RÉGIMES DE SÉCURITÉ SOCIALE

(en millions de francs)

 

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

Acompte compensation

6.887

8.359

9.247

9.384

10.14 8

11.39 7

12.61 5

Acompte surcompensation

4.128

4.962

5.910

5.988

6.587

7.132

7.733

Apurement compensation

0

434

0

0

249

0

n.d.

Apurement surcompensation

0

- 89

513

0

167

0

n.d.

Total à verser

11.01 5

13.66 6

15.67 0

15.37 2

17.15 0

18.52 9

20.34 8

Crédits ordonnancés

11.01 5

13.66 6

15.67 0

15.37 2

17.15 0

18.52 9

n.d.

Crédits inscrits en LFI

9.908

13.18 8

13.90 7

15.35 7

16.46 1

18.97 5

18.61 8

Source : direction du Budget.

La dotation demandée pour 1999 est fondée sur les calculs conjoints du ministère de l'emploi et de la solidarité et du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie destinés à préparer la réunion de la Commission des comptes de la sécurité sociale de l'automne 1998. Les acomptes prévisionnels dus au titre de la compensation généralisée s'élèvent à 12,2 milliards de francs, les acomptes prévisionnels dus au titre de la compensation spécifique s'élèvent à 8,2 milliards de francs. Ces prévisions seront révisées en mars 1999.

III.- LES DÉPENSES DE FONCTIONNEMENT COURANT DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES

A.- UNE FORTE CROISSANCE DES CRÉDITS POUR DÉPENSES ORDINAIRES

Le budget des Charges communes comporte certains crédits relatifs aux dépenses ordinaires de fonctionnement des administrations publiques. La distinction est parfois malaisée entre ceux d'entre eux qui ont une réelle légitimité à y figurer, au titre des " charges communes ", et ceux qui devraient être plutôt inscrits sur le budget des Services financiers.

Dans la première catégorie, on doit classer sans ambiguïté des chapitres comme le 37-94 " Dépenses éventuelles " ou le 37-95 " Dépenses accidentelles " qui, portant des crédits globaux, ont vocation à compléter des chapitres d'autres budgets qui s'avéreraient insuffisamment dotés. C'est ainsi, par exemple, qu'un arrêté du 23 octobre 1998 (Journal officiel du 31 octobre 1998), pris sur le fondement de l'article 10 de l'ordonnance organique de 1959, a annulé 122 millions de francs sur le chapitre 37-94 du budget des Charges communes et ouvert le même montant sur le chapitre 42-31 " Participation de la France à des dépenses internationales (contributions obligatoires) " du budget des Affaires étrangères. De même, le décret n° 98-893 du 7 octobre 1998 (Journal officiel du 9 octobre), pris en application de l'article 11 de l'ordonnance organique de 1959, a annulé 10 millions de francs sur le chapitre 37-95 du budget des Charges communes et ouvert le même montant sur le chapitre 63-30 " Ports maritimes et protection du littoral " du budget de la Mer.

Ces chapitres, comme ceux relatifs par exemple à la rémunération de diverses prestations de la Banque de France (chap. 37-93) ou aux études de rationalisation des choix budgétaires (chap. 37-06), ont pleinement leur place aux Charges communes.

En revanche, la nature composite du chapitre 34-91 " Services rendus par La Poste à l'administration " militerait plutôt pour qu'il soit désormais inscrit, selon votre Rapporteur spécial, sur le budget des Services financiers.

Avant la réforme de 1990 érigeant La Poste en exploitant public autonome, les administrations étaient dispensées d'affranchissement. L'État versait à La Poste, de façon globale, la compensation des prestations effectuées dans le cadre de la franchise postale, à partir de l'article 10 du chapitre 34-91 du budget des Charges communes, sauf l'exception des services financiers, pour lesquels le versement de l'État était effectué à partir de l'article 71 du chapitre 34-91 du budget du même nom.

La suppression de la franchise postale à compter du 1er janvier 1996 a conduit les ministères à s'aligner sur le régime commun d'affranchissement du courrier. Le montant global des crédits, inscrits en 1996 sur le chapitre 34-91 du budget des Charges communes, a fait l'objet de répartitions vers les différents budgets en début de gestion puis, dans les loi de finances ultérieures, le montant des crédits d'affranchissement a été inscrit directement sur chacune des sections budgétaires. Depuis 1997, seuls figurent désormais sur le budget des Charges communes, au titre de la franchise postale, les crédits consacrés à la franchise postale résiduelle pour les envois des cécogrammes des aveugles, le courrier des autorités de la principauté de Monaco et le courrier reçu par la Présidence de la République, soit un total de 22 millions de francs en 1997 et 1998, réduit à 17 millions de francs en 1999 sur la base de la consommation constatée en 1997 et de la consommation prévisible en 1998. Ces crédits relèvent, bien entendu, des " charges communes ".

En revanche, l'article 20 du chapitre 34-91 a pour objet la compensation des services rendus aux comptables et régisseurs publics par La Poste au travers de la tenue des comptes chèques postaux. La dotation initiale était fixée à 1.210 millions de francs depuis 1990, la consommation des crédits étant soit égale, soit inférieure, compte tenu d'annulations intervenant en gestion. Une mission d'audit conduite par l'Inspection générale des finances a montré que le coût réel supporté par La Poste au titre de la gestion des CCP des comptables et régisseurs publics est, en fait, largement inférieur aux évaluations traditionnelles qui fondaient la dotation et les dépenses budgétaires. La loi de finances pour 1998 avait réduit de 230 millions de francs les crédits de l'article 20. Le projet de loi de finances pour 1999 procède à une nouvelle réduction, portant sur 383 millions de francs. D'après les informations recueillies par votre Rapporteur spécial, il se pourrait que la dotation ainsi demandée pour 1999 (soit 600 millions de francs) soit encore nettement supérieure aux besoins effectifs.

L'inscription sur un même chapitre des crédits de franchise postale et des crédits de remboursement des frais de gestion des CCP des comptables publics répond essentiellement au désir de regrouper les crédits relatifs aux relations financières entre l'État et La Poste. La comparaison des volumes respectifs des deux articles concernés suggère que le budget des Services financiers serait un cadre d'accueil plus naturel pour ces crédits. D'ailleurs, les crédits de l'article 20 étaient, jusqu'en 1996, inscrits sur le chapitre 34-93 du budget des Services financiers.

En faisant abstraction de ces remarques, le montant total des crédits demandés pour le fonctionnement courant des administrations s'élèverait à 2,6 milliards de francs, en augmentation de 13,7% par rapport à 1998.

LES CRÉDITS RELATIFS AUX DÉPENSES ORDINAIRES
DE FONCTIONNEMENT COURANT DES ADMINISTRATIONS

(en millions de francs)

Chapitre

Intitulé

PLF 1999

Variation (en %)

34-91

Services rendus par La Poste à l'administration

617,0

- 38,3

34-95

Dépenses d'informatique et de télécommunication

21,0

0

36-01

Fonds de solidarité vieillesse

5,4

+ 1,3

37-03

Études

36,0

+ 9,1

37-06

Rémunération des prestations de la Banque de France

730,0

+ 5,7

37-07

Dépenses de télécommunications (nouveau)

5,0

n.s.

37-93

Actions de modernisation budgétaire et comptable (a)

34,0

0

37-94

Dépenses éventuelles

600,0

+ 110,5

37-95

Dépenses accidentelles

600,0

+ 130,8

Total

 

2.648,4

+ 13,7

(a) Libellé antérieur : Études budgétaires et rationalisation des choix budgétaires (LFI 1998).

· Le chapitre 34-95 " Dépenses d'informatique et de télécommunication " a été par la loi de finances pour 1986. Sa dotation est destinée à financer des projets pilotes à caractère innovant, des projets d'intérêt interministériel transposables à d'autres administrations ou encore des études d'organisation.

La décroissance des crédits observée de 1990 (29,4 millions de francs) à 1996 (21 millions de francs) résulte du développement régulier de l'équipement informatique des administrations grâce à leurs crédits propres de fonctionnement, qui a rendu moins nécessaires, selon le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, les financements complémentaires et incitatifs. La dotation s'est ensuite stabilisée, suivant la tendance générale constatée pour les crédits informatiques des différents ministères.

La dotation demandée pour 1999 vise à accompagner le programme gouvernemental préparant l'entrée de la France dans la société de l'information. Ainsi, les dotations de 1998 et 1999 seront utilisées pour trois catégories de projets :

- les projets utilisant les nouvelles technologies de l'information et des télécommunications destinés à améliorer les services rendus aux usagers ou à en créer de nouveaux et à rendre plus efficace l'organisation administrative. Seront notamment examinés, à ce titre, les projets de numérisation et de mise en ligne sur Internet des données publiques, les projets de dématérialisation des formulaires administratifs et les projets de téléprocédures ;

- les projets d'intérêt interministériel permettant de dégager des orientations méthodologiques ou des systèmes informatiques transposables à d'autres services, notamment en matière de messagerie interministérielle ou d'interconnexion avec celles-ci ;

- les projets interministériels de modernisation des systèmes d'information budgétaires et comptables.

Après une progression continue de 1990 à 1994, les dépenses informatiques totales de l'administration ont diminué jusqu'en 1998. Cependant, les priorités définies dans le plan d'action gouvernemental sur la société de l'information et les dépenses inéluctables liées au passage à l'euro ont conduit à inverser la tendance à la baisse des dépenses informatiques. En 1999, les dotations globales progresseraient de 2,5% et atteindraient ainsi 4,64 milliards de francs. En particulier, les projets nouveaux ou en cours progresseraient de 240 millions de francs, atteignant 940 millions de francs, alors que les dépenses pour entretien et renouvellement de l'existant diminueraient de 140 millions de francs.

Ces " crédits de continuité " bénéficient pleinement de l'érosion tendancielle du coût des équipements nouveaux venant en remplacement des équipements anciens, malgré les effets de l'augmentation du nombre de micro-ordinateurs et l'accélération du renouvellement liée à l'échéance de l'an 2000 et aux capacités supérieures exigées par les nouvelles techniques de communication.

· Conformément à l'article L. 135-4 du code de la sécurité sociale, l'État prend en charge les frais de gestion administrative du Fonds de solidarité vieillesse, sur le chapitre 36-01. Ceux-ci sont essentiellement constitués des charges de personnel (75% des dépenses) et de frais de location (15%). Les crédits pour 1999 (5,4 millions de francs) ont été calibrés en tenant compte de moindres besoins d'équipement du Fonds après quatre années de fonctionnement, et des produits exceptionnels dégagés par le FSV en 1996 (fonds de roulement) et 1997-98 (rémunération des prestations fournies par le FSV à la CADES en matière de suivi de la recette CRDS).

· Les dépenses liées aux études sont réparties sur deux chapitres. L'article 10 du chapitre 37-03 supporte les dépenses liées aux études et audits demandés par le Gouvernement dans le cadre des opérations de cessions et de restructurations industrielles et bancaires. Selon la réponse fournie à votre Rapporteur, " le montant des crédits demandés au titre de la loi de finances initiale pour 1999 est une reconduction des crédits ouverts en LFI 1998, soit 24 millions de francs, permettant à l'État, actionnaire ou tuteur de maintenir sa capacité de recours à des expertises ou à des audits extérieurs sur les opérations de restructurations envisagées. "

L'article 20 concerne l'évaluation a posteriori d'opérations d'exportation réalisées sur protocoles intergouvernementaux.

MOTIVATION DES PRINCIPALES ÉVALUATIONS FINANCÉES
SUR LES CRÉDITS DE L'ARTICLE 20 EN 1997

w Secteur de l'eau au Liban : il est un des éléments clé de la reconstruction au Liban, où, malgré une absence de manque d'eau, rare dans la région, la situation est préoccupante du fait de réseaux de distribution pollués, de fonctionnaires mal formés, de structures et de modes de gestion archaïques (25 millions de francs de 1992 à 1995).

w Secteur des télécommunications au Vietnam : il a fait l'objet des financements sur protocole les plus importants dans ce pays depuis la reprise de notre coopération en 1990 (207 millions de francs de 1990 à 1994).

w Secteur de la formation en Thaïlande : l'évaluation déjà menée en 1994 avait conclu à un certain nombre de recommandations, dont il était intéressant d'assurer le suivi (21 millions de francs en 1991).

w Informatisation des services publics en Indonésie : l'informatisation des services du ministère de la Justice a été réalisée par un financement sur protocole ; une nouvelle tentative de l'entreprise française pour faire prendre en compte l'informatisation du ministère de la Population également sur protocole justifiait l'évaluation de la précédente réalisation (48 millions de francs en 1991).

w Programme de formation en Indonésie : la formation des ingénieurs des travaux publics méritait d'être évaluée plusieurs années après que tous les fonctionnaires formés dans le cadre de ce programme soient revenus dans leur ministère d'origine (13 millions de francs de 1980 à 1984).

w Secteur de la formation en Malaisie : il s'agit de la dernière réalisation financée sur protocole dans ce pays (114 millions de francs en 1992).

w Métro de Santiago du Chili : la France avait financé sur protocole la ligne 2 en 1970 (720 millions de francs) et la ligne 5 en 1993 et 1994 (1.005 millions de francs).

Source : ministère de l'économie, des finances et de l'industrie

Ses crédits servent également à financer la rémunération d'agents de l'Agence française de développement mis à la disposition de la direction du Trésor et les frais de mission de la cellule " évaluation " du Trésor. Les évaluations de l'article 20 sont confiées à des organismes privés, le choix des projets étant effectué par le ministre, sur proposition conjointe de la direction du Trésor et de la direction des relations économiques extérieures.

Est reproduite en annexe au présent rapport spécial une note de la direction du Trésor, fournie en réponse au questionnaire budgétaire, présentant les principaux enseignements à tirer des évaluations effectuées dans les années récentes.

CRÉDITS ET DÉPENSES DU CHAPITRE 37-03

(en millions de francs)

 

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

Article 10

                   

Crédits LFI

15,0

12,0

9,0

14,0

20,0

15,0

12,7

25,0

24,0

24,0

Dépenses

5,7

1,9

7,1

3,8

10,4

8,3

30,2

8,5

-

-

Article 20

                   

Crédits LFI

5,0

3,5

3,5

4,5

4,5

4,5

4,7

4,5

4,5

4,5

Dépenses

3,0

2,3

3,2

3,1

3,7

3,4

2,1

3,9

-

-

Article 30

                   

Crédits LFI

-

1,5

1,5

3,0

3,0

3,0

4,7

4,5

4,5

7,5

Dépenses

2,0

1,9

1,9

3,3

2,9

3,7

4,7

3,8

-

-

Article 40

                   

Crédits LFI

-

1,5

1,5

1,0

1,0

1,0

1,0

0,5

0,0

0,0

Dépenses

1,0

1,0

0,9

0,5

0,3

0,1

0,0

1,1

-

-

Le chapitre 37-93 " Actions de modernisation budgétaire et comptable " a pour objet le financement d'études visant à éclairer les choix de prospective ou de modélisation, des opérations diverses permettant d'améliorer la gestion des services administratifs, et, depuis la loi de finances pour 1993, le " développement du contrôle de gestion " qui faisait auparavant l'objet d'un chapitre spécifique (34-96) aujourd'hui supprimé.

Afin d'adapter ce chapitre aux besoins, son libellé a été modifié (22), ainsi que les intitulés des articles actuels, dans le cadre du projet de loi de finances pour 1999 :

- article 10 : études budgétaires et financières ;

- article 20 : modernisation des outils de gestion budgétaire et comptable ;

- article 30 : soutien à la recherche en matière de finances publiques.

Comme le montre le tableau ci-après, les crédits du chapitre 37-93 sont fortement sous-consommés. Bien que le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie ait indiqué, l'an dernier, que " ce chapitre pourrait être plus fortement sollicité pour répondre aux besoins de la mission chargée d'étudier une réforme du système budgétaire et comptable de l'État ", il ne semble pas que le niveau de consommation des crédits au premier semestre de l'exercice en cours dénote un véritable renversement de tendance. A cet égard, votre Rapporteur spécial ne peut manquer de rappeler la teneur de la réponse fournie à son questionnaire budgétaire relatif au projet de loi de finances pour 1998, selon laquelle " la dotation de 34.000.000 F demandée pour 1998 traduit les besoins de financement recensés en application de la circulaire du Premier ministre du 24 juillet 1995 et des orientations retenues par le Gouvernement dans le cadre du plan pour la réforme de l'État, notamment celles relatives à la modernisation de la gestion publique. "

GESTION DES CRÉDITS INSCRITS SUR LE CHAPITRE 37-93

(en millions de francs)

 

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

Crédits LFI (a)

9,8

9,7

9,0

45,0

45,0

35,0

34,0

34,0

34,0

34,0

Crédits disponibles

9,6

9,3

9,0

43,1

41,4

31,5

32,0

29,0

34,0

-

Crédits répartis ou ordonnancés

7,3

9,3

7,1

27,6

3,3

1,6

1,8

2,6

2,1

-

(a) A partir de 1993, les crédits inscrits sur le chapitre 37-93 comportent également les crédits du chapitre 34-96, supprimé en loi de finances initiale pour 1993.

On peut légitimement s'interroger sur le décalage entre dotation et consommation des crédits. Les " orientations retenues par le Gouvernement dans le cadre du plan pour la réforme de l'État " ont-elles été abandonnées par celui-ci ? Ou bien, plutôt, la dotation demandée dans la loi de finances initiale n'est-elle pas sur-calibrée de façon systématique et aujourd'hui injustifiée ? A cet égard, l'arrêté du 30 octobre 1998, publié au Journal officiel du 5 novembre 1998 a de quoi laisser songeur : il procède au transfert de 30 millions de francs, soit la quasi totalité des crédits disponibles sur le chapitre 37-93, vers le chapitre 34-95 " Dépenses d'informatique et de télématique " du budget des Services financiers.

D'une part, ce transfert confirme l'extrême " porosité " de la frontière qui sépare le budget des Charges communes et le budget des Services financiers, la notion de " charges communes " semblant de ce fait recouvrir des réalités assez élastiques. D'autre part, et sous réserve d'informations complémentaires, le transfert semble introduire un léger décalage dans la nature de la dépense, les " études budgétaires " visées par le chapitre 37-93 du budget des Charges communes ne pouvant recouvrir très exactement les études techniques nécessaires à la mise en _uvre de projets informatiques.

· Le chapitre 37-06 porte les crédits destinés à la rémunération des prestations de la Banque de France effectuées pour le compte du Trésor. L'article 15 de la loi n° 93-380 du 4 août 1993 modifiée dispose que " la Banque de France exerce également d'autres missions d'intérêt général. A la demande de l'État ou avec son accord, la Banque de France peut fournir des prestations, pour le compte de celui-ci ou le compte de tiers. Ces prestations sont rémunérées afin de couvrir les coûts engagés par la Banque. Dans le cadre des missions visées au premier alinéa, la Banque de France accomplit les prestations demandées par l'État ou réalisées pour des tiers avec l'accord de celui-ci ".

Le principe de la rémunération de la Banque de France est réglé par une convention financière globale, signée le 29 mars 1994 par les ministres chargés de l'économie et du budget et par le gouverneur de la Banque de France. Par ailleurs, huit conventions particulières ont été signées, portant sur la tenue du compte du Trésor, la balance des paiements, le fichier central des chèques, le surendettement, le secrétariat de la zone franc, la mise en circulation des monnaies métalliques, les accords de consolidation de dettes, les adjudications de valeurs du Trésor.

La convention financière globale prévoit l'institution d'une commission chargée de proposer chaque année les rémunérations que lui semblent justifier les prestations rendues par la Banque à l'État. Cette rémunération a été fixée de manière forfaitaire à 700 millions de francs en 1994. Le montant de la rémunération versée par l'État à la Banque de France est fondé jusqu'à présent sur les coûts directs supportés par la Banque, tels qu'ils ressortent de sa comptabilité analytique. Le compte du Trésor fait l'objet d'une facturation particulière : une partie de la rémunération est fixe, la partie variable étant évaluée en fonction du volume de certaines opérations clairement identifiées : nombre de chèques postmarqués, nombre de chèques triés, virements papiers, opérations automatisées.

Le montant des crédits demandés pour 1999 est de 730 millions de francs, identique au niveau de la dépense qui devrait être enregistrée en 1998 : 690 millions de francs avaient été ouverts dans la loi de finances initiale, 40 millions de francs devraient être ouverts dans le projet de loi de finances rectificative pour 1998, qui sera prochainement déposé sur le bureau de l'Assemblée nationale. Cette dotation conserve un caractère provisionnel : en effet, les résultats issus de la comptabilité analytique de la Banque pour l'année 1999 ne seront connus qu'en 2000.

B.- DES CRÉDITS INITIAUX POUR DÉPENSES EN CAPITAL RÉDUITS À ZÉRO PAR UN TRANSFERT ENTRE SECTIONS

Les chapitres retraçant les dépenses en capital des Charges communes relatives aux administrations publiques portent pour la plupart des crédits globaux, répartis en cours d'année entre les différents ministères. Par ailleurs, bien que les dotations de la loi de finances soient souvent faibles, voire nulles, les crédits disponibles ne sont pas négligeables, par le jeu de reports qui peuvent porter sur des montants élevés.

Ainsi, un arrêté du 15 avril 1998 (JO du 24 avril) a reporté de l'exercice 1997 vers l'exercice 1998 :

- 16,9 millions de francs sur le chapitre 57-01 " Opérations de construction à caractère interministériel " ;

- 21,3 millions de francs sur le chapitre 57-05 " Équipement administratif. Acquisitions, constructions et aménagements d'immeubles " ;

- 553,2 millions de francs sur le chapitre 67-03 " Villes et zones défavorisées. Interventions et réalisations d'équipements ".

Auparavant, un arrêté du 15 janvier 1998 - qui sera évoqué plus en détail ci-après - avait reporté 312,9 millions de francs de l'exercice 1997 vers l'exercice 1998, sur le chapitre 67-03.

· Les crédits disponibles sur le chapitre 57-01 " Opérations de construction à caractère interministériel " servent surtout à enregistrer des reliquats d'opérations, depuis que le regroupement des services financiers à Bercy et aux environs et la rénovation du Palais d'Iéna sont pratiquement achevés,. A ce titre, les dotations initiales sont nulles depuis la loi de finances initiales pour 1996 et les dépenses sont imputées sur des crédits résiduels reportés au fil des exercices.

Une dépense totale de 8,4 millions de francs a été enregistrée en 1997, ramenant le solde des crédits en compte à 16,9 millions de francs. L'arrêté du 15 avril 1998 a reporté ce solde vers l'exercice 1998. Par ailleurs, le 8 juillet 1998, un arrêté a annulé 143 122 francs d'autorisations de programme sans modifier le niveau des crédits de paiement.

· Le chapitre 57-05 " Équipement administratif. Acquisitions, constructions et aménagement d'immeubles nécessaires au fonctionnement des administrations et services publics de l'État " fait l'objet d'un transfert portant sur les articles 20 " Administration centrale ", 30 " Services déconcentrés ", 40 " Fonds interministériel pour l'accessibilité des immeubles administratifs aux handicapés ", 50 " Fonds interministériel pour la rationalisation du patrimoine immobilier " et 60 " Gros entretien des cités administratives ", en direction du budget des Services généraux du Premier ministre. Seul reste inscrit au budget des Charges communes l'article 10 " Acquisitions immobilières ".

Le transfert porte sur 289,2 millions de francs d'autorisations de programme et 104,5 millions de francs de crédits de paiement en compte sur les articles concernés au 1er janvier 1998. Restent en compte sur l'article 10 du chapitre 57-05 du budget des Charges communes 79,5 millions de francs d'autorisations de programme et 58,1 millions de francs de crédits de paiement.

La loi de finances pour 1998 a ouvert sur le chapitre 57-05 146 millions de francs d'autorisations de programme et 120 millions de francs de crédits de paiement. Ces dotations initiales ont été accrues par le report de 21,3 millions de francs de l'exercice 1997, effectué en vertu de l'arrêté du 15 avril précité. Le décret d'avances n° 98-734 du 21 août 1998 a également ouvert 16,3 millions de francs de crédits supplémentaires. La gestion de l'exercice 1998 fait apparaître les mouvements réglementaires suivants :

- une répartition de 11,4 millions de francs d'autorisations de programme et de crédits de paiement au profit des équipements administratifs du budget de l'Emploi : arrêté du 5 mars 1998 ;

- une répartition de 124,2 millions de francs d'autorisations de programme et 100,2 millions de francs de crédits de paiement au profit de chapitres d'équipement des budgets de l'Agriculture et de la pêche (1,8 million de francs en autorisations de programme et 1,9 million de francs en crédits de paiement), des Services financiers (18,7 millions de francs en autorisations de programme et 19,9 millions de francs en crédits de paiement), de l'Urbanisme et services communs (99,8 millions de francs en autorisations de programme et 74,9 millions de francs en crédits de paiement) et de l'Intérieur (3,9 millions de francs en autorisations de programme et 3,6 millions de francs en crédits de paiement) : arrêté du 8 avril 1998 ;

- une répartition de 16,4 millions de francs en autorisations de programme et crédits de paiement au profit de chapitres d'équipement des budgets des Services financiers (0,8 million de francs en autorisations de programme et crédits de paiement), de l'Enseignement scolaire (0,4 million de francs en autorisations de programme et crédits de paiement), de la Santé (0,9 million de francs en autorisations de programme et crédits de paiement), de l'Urbanisme et services communs (12,2 millions de francs en autorisations de programme et crédits de paiement), de l'Intérieur (1,3 million de francs en autorisations de programme et crédits de paiement) et de la Justice (0,8 million de francs en autorisations de programme et crédits de paiement) : arrêté du 22 juin 1998 ;

- une annulation de 178 866 francs sur autorisations de programme : arrêté du 8 juillet 1998.

Au 30 septembre 1998, le solde des crédits ouverts s'élevait à 26,3 millions de francs en crédits de paiement et les dépenses directement imputées sur le chapitre étaient de 3 millions de francs.

· Le chapitre 67-03 a été créé par la loi de finances rectificative du 22 juin 1993 et doté à l'origine de 5,2 milliards de francs. Son objet est la dotation du Plan de relance pour la ville, dans le cadre du " plan de soutien à l'activité, à l'investissement et à l'emploi " du 25 mai 1993.

L'État intervient selon un programme arrêté par le comité interministériel des villes du 29 juillet 1993. La gestion des crédits est confiée aux 17 départements ministériels qui bénéficient des crédits du plan de relance pour la ville :

- la mise à disposition des autorisations de programme auprès de ces départements a été faite par des arrêtés de répartition dès 1993 ;

- les crédits de paiement doivent être répartis au fur et à mesure des demandes des ministères, avec un rythme reflétant l'exécution de la dépense sur leur budget.

LES CRÉDITS DU PLAN DE RELANCE POUR LA VILLE
(chapitre 67-03)

(en milliers de francs)

 

AP et CP ouverts en LFR 1993

Total des CP répartis
au 31-12-97

CP répartis
au 31-08-98

Équipements publics

2.473,72

2.191,68

-

Grands projets urbains

615,88

460,32

87,48

Aménagement

1.744,00

1.441,85

225,43

Divers

366,40

240,00

-

Total

5.200,00

4.333,85

312,91

Source : direction du Budget.

L'absence de dotation dans les lois de finances pour 1996 à 1998 et dans le projet de loi de finances pour 1999 s'explique par le caractère non reconductible des crédits du plan de relance. Les actions financées sont reprises et poursuivies grâce aux crédits consacrés à la politique de la ville dans le cadre des lois de finances annuelles, sur les budgets des ministères plus spécialement concernés.

L'année précédente, votre Rapporteur s'était étonné de l'existence d'un solde de crédits non consommés s'élevant à 866 millions de francs, qui lui paraissait peu compatible avec l'urgence manifeste dont devrait relever la politique de la ville. Il semble que son appel ait été partiellement entendu, puisqu'un arrêté du 21 janvier 1998 a procédé à la répartition de 312,91 millions de francs au profit du budget des Routes : 312,3 millions de francs sur le chapitre 53-43 " Voirie nationale. Investissements " et 0,6 million de francs sur le chapitre 63-42 " Routes. Participations ". Le solde des crédits de paiement liés au programme " ville " de la direction des routes est ainsi apuré.

Il est à noter que les crédits nécessaires à ces opérations ont été inscrits sur le budget des Charges communes par la voie d'un arrêté de report datant du 15 janvier 1998, soit bien avant la publication de l'arrêté général de report relatif aux dépenses en capital du budget des Charges communes, qui est daté du 15 avril 1998 et publié au Journal officiel du 24 avril 1998.

Selon les informations communiquées à votre Rapporteur, il reste encore à répartir, sur le chapitre 67-03, près de 553,24 millions de francs au titre du plan de relance pour la ville.

CHAPITRE III :
LES DÉPENSES D'INTERVENTION DU TRÉSOR

I.- LES CRÉDITS D'INTERVENTION ÉCONOMIQUE MARQUÉS PAR LE TRANSFERT DES CRÉDITS POUR L'EMPLOI

Près de 60 milliards de francs doivent être consacrés, en 1998, aux interventions économiques du Trésor. Celles-ci recouvrent des domaines très diversifiés, allant de la politique du logement au soutien à l'activité des entreprises par le biais de garanties ou de bonifications d'intérêt. Les relations financières avec les collectivités locales - que l'on assimile parfois, à tort, à des interventions de l'État en faveur de ces collectivités - y ont également leur place.

Cependant, le poste de dépenses de loin le plus important relève de la politique de l'emploi, avec une dotation de 43 milliards de francs inscrite pour 1998 sur le chapitre 44-75 " Mesures exceptionnelles en faveur de l'emploi et de la formation professionnelle ".

Le Gouvernement a décidé de procéder au transfert de ces crédits vers le chapitre 44-77 (nouveau) " Compensation de l'exonération des cotisations sociales " du budget de l'Emploi, regroupant ainsi sur un même support budgétaire l'ensemble des crédits destinés à la prise en charge par l'État des allégements de cotisations sociales.

Ainsi, les dotations pour interventions économiques inscrites sur le budget des Charges communes sont en forte diminution. Elles seraient réduites, pour 1999, à 16 milliards de francs, soit une diminution de 44 milliards de francs par rapport aux crédits votés pour 1998 et de 653 millions de francs si l'on considère les dotations de 1998 dans le périmètre de 1999.

A.- LES CRÉDITS D'ALLÉGEMENT DE COTISATIONS SOCIALES : UN TRANSFERT LOGIQUE VERS LE BUDGET DE L'EMPLOI

1.- Un transfert justifié par la stabilisation des actions financées sur le chapitre 44-75

Le chapitre 44-75 a été créé par amendement lors de la discussion du projet de loi de finances pour 1992. Il reçoit des crédits globaux, dont la répartition exacte par chapitre n'est pas censée pouvoir être déterminée au moment où ils sont votés. La répartition avait lieu a posteriori par arrêté du ministre des finances.

Comme ses prédécesseurs, votre Rapporteur s'était interrogé l'an dernier sur la justification du maintien de ce chapitre au budget des Charges communes, alors que son objet paraissait assez éloigné de la notion de " charge commune ". Plusieurs arguments semblaient, en effet, justifier un regroupement des crédits sur le budget de l'Emploi :

- le chapitre 44-78 du budget de l'Emploi, dont les crédits votés pour 1998 s'élèvent à plus de 16,5 milliards de francs, est relatif lui aussi à des " exonérations de cotisations sociales en faveur de l'emploi et de la formation professionnelle " ;

- les contraintes pesant sur la gestion de ce chapitre ne sont pas, par leur nature, fondamentalement différentes de celles pesant sur la gestion du chapitre 44-75 des Charges communes. D'ailleurs, la convention État-ACOSS régissant les modalités de versement de l'État au titre des différents dispositifs d'exonération de cotisations sociales (23) concerne tout autant les mesures relevant du chapitre 44-75 du budget des Charges communes que celles relevant du chapitre 44-78 du budget de l'Emploi.

La logique a donc prévalu et, après un premier transfert, portant sur les crédits pour primes d'apprentissage, effectué par la loi de finances pour 1998, le projet de loi de finances pour 1999 voit ces crédits de la politique de l'emploi rejoindre leur gestionnaire naturel. Selon le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, " les dispositifs concernés ayant désormais atteint leur maturité, après les dernières modifications apportées à la ristourne dégressive sur les bas salaires en LFI 1998, il a été décidé, notamment dans un souci de simplification et de lisibilité des crédits affectés à la politique de l'emploi, de supprimer dans le PLF 1999 le chapitre 44-75 du budget des Charges communes ".

2.- La gestion des crédits en 1997 et 1998

Le transfert vers le chapitre 44-78 nouveau du budget de l'Emploi donne lieu, dans le présent projet, à une redéfinition de la nomenclature budgétaire pour les compensations d'exonérations de cotisations sociales. Cette initiative est heureuse, puisque le chapitre 44-75 n'était doté d'aucune subdivision par articles, y compris dans la Nomenclature d'exécution associée à la loi de finances pour 1998.

Pour autant, les actions financées sur les crédits de ce chapitre étaient clairement définies. D'ailleurs, la réponse au questionnaire budgétaire établi dans le cadre du présent projet fait apparaître qu'une répartition des crédits par " article " et " paragraphe " était, en fait utilisée.

DESTINATION DES CRÉDITS OUVERTS EN LOI DE FINANCES INITIALE (a)

(en millions de francs)

 

LFI 1992

LFI 1994

LFI 1995

LFI 1996

LFI 1997

LFI 1998

Fonds DOM

   

610,0

646,5

704,9

704,9

Abattement famille

 

9.000,0

17.500, 0

12.600, 0

175,0

527,2

Versement à l'UNEDIC

 

10.000, 0

5.000,0

 

250,0

 

Primes à l'apprentissage

     

900,0

5.270,0

(b)

Ristourne dégressive

     

23.912, 0

40.350, 0

41.772, 8

Aide au premier emploi des jeunes

   

1.645,0

1.650,0

146,0

 

Exo-jeunes

2.100,0

800,0

300,0

     

Loi quinquennale

 

600,0

       

Total

2.100,0

20.400, 0

25.055, 0

39.708, 5

46.985, 9

43.004, 9

(a) Aucun crédit n'a été ouvert en loi de finances initiale pour 1993.

(b)  Crédits transférés sur le budget de l'Emploi. Source : direction du Budget.

· L'examen de la gestion 1997 du chapitre 44-75 fait apparaître les mouvements de crédits suivants, qui ont porté le montant total des crédits ouverts à 48.808,03 millions de francs :

- un arrêté de report de l'exercice 1996 a abondé la dotation initiale de 112,17 millions de francs ;

- deux arrêtés de répartition ont transféré chacun 2 milliards de francs de crédits sur le chapitre 43-03 du budget du Travail, au titre du financement des primes d'apprentissage ;

- 250 millions de francs ont fait l'objet d'une répartition vers le chapitre 44-74 du budget de l'Emploi, au titre du versement effectué à l'UNEDIC à l'occasion du transfert de l'ANPE vers les ASSEDIC des tâches d'inscription des demandeurs d'emploi ;

- un arrêté de transfert a abondé les crédits de 1,1 milliard de francs provenant du chapitre 44-78 du budget du Travail ;

- la loi de finances rectificative pour 1997 a ouvert des crédits supplémentaires de 4.750 millions de francs : 2,5 milliards de francs pour couvrir les dépenses résultant de régularisations de fin d'exercice ; 1,1 milliard de francs pour tenir compte des répercussions de l'augmentation du SMIC intervenue le 1er juillet 1997 ; 1,1 milliard de francs d'ajustements par rapport au coût prévisionnel de différentes mesures.

MOUVEMENTS DE CRÉDITS SUR LE CHAPITRE 44-75

(en millions de francs)

 

1993

1994

1995

1996

1997

1998

loi de finances initiale

0

20.400,0

25.055,0

39.708,5

46.895,9

43.004,9

arrêtés de report

2.154,8

5.220,3

261,4

2.271,5

112,2

-

décrets d'avance

-

310,0

-

-

-

-

arrêtés de répartition

- 7.757,5

- 6.560,1

- 3.320,0

- 2.300,0

- 3.150,0

-

loi de finances rectificative

18.667,0

5.725,0

10.445,0

-

4.750,0

-

Total des crédits ouverts

13.064,3

25.095,3

32.441,4

39.679,9

48.608,1

43.004,9

L'intégralité des crédits ouverts a été consommée pendant l'exercice 1997. L'abattement famille a représenté une dépense de 700,35 millions de francs, nettement supérieure au montant prévu lors de l'élaboration de la loi de finances initiale pour 1997. Les dépenses constatées au titre de la ristourne dégressive se sont élevées à 46.018,87 millions de francs.

DE L'ABATTEMENT-FAMILLE À LA RISTOURNE DÉGRESSIVE FUSIONNÉE

La loi du 27 juillet 1993 relative au développement de l'emploi et de l'apprentissage a instauré une exonération des cotisations patronales au titre de la branche famille, compensée à 100% par l'État, totale pour les salaires compris entre 1 et 1,1 SMIC, et partielle (50%) pour les salaires compris entre 1,1 et 1,2 SMIC. La loi quinquennale du 20 décembre 1993 relative au travail, à l'emploi et à la formation professionnelle a porté ces deux seuils respectivement à 1,2 et 1,3 SMIC.

La loi du 4 août 1995 relative à des mesures d'urgence pour l'emploi et la sécurité sociale a, pour sa part, instauré une ristourne dégressive de cotisations sociales patronales pour les salaires inférieurs à 1,2 SMIC.

Ces deux dispositifs ont été fusionnés à compter du 1er octobre 1996, par l'article 113 de la loi de finances initiale pour 1996, en une ristourne dégressive unique pour l'ensemble des salaires inférieurs à 1,33 SMIC.

La loi de finances pour 1998 a pérennisé la fusion de l'abattement-famille et de la ristourne dégressive, dispositif qui n'avait été instauré, à l'origine, qu'à titre expérimental jusqu'au 31 décembre 1997. Elle a recentré le bénéfice de ce dispositif fusionné en direction des bas salaires, en réduisant le plafond de 1,33 SMIC à 1,3 SMIC. Afin d'éviter certains effets pervers d'un avantage excessif accordé au temps partiel, elle a également proratisé la ristourne dégressive en fonction du temps de travail.

La compensation des exonérations de cotisations sociales dans les DOM, prévue par la loi du 25 juillet 1994 tendant à favoriser l'emploi, l'insertion, et les activités économiques dans les départements d'outre-mer, à Saint Pierre et Miquelon et à Mayotte dans les secteurs de l'industrie, l'hôtellerie et la restauration, la presse et la production audiovisuelle, l'agriculture et la pêche y compris l'aquaculture, a occasionné une dépense très légèrement supérieure à 1 milliard de francs.

Le dispositif des primes de qualification a coûté 500 millions de francs. Enfin, alors que le dispositif d'aide au premier emploi des jaunes (APEJ) avait été supprimé à compter du 1er septembre 1996 et qu'une dotation de 146 millions de francs seulement avait été prévue pour l'exercice 1997, au titre du solde des entrées de 1996, les dépenses effectives se sont élevées à 362,74 millions de francs.

· A la date du 5 novembre, aucun mouvement réglementaire n'a été enregistré pour l'exercice 1998. Le montant des dépenses effectives s'élève à 37,9 milliards de francs :

- les acomptes versés à l'ACOSS pour la ristourne unique dégressive, au titre de 1998, se montent à 34,5 milliards de francs ;

- une régularisation de 1,2 milliard de francs a été effectuée au titre de l'exercice 1997 pour la ristourne unique dégressive ;

- les acomptes pour l'exercice 1998 et les régularisations au titre du coût définitif pour l'exercice 1997 des autre mesures financées sur le chapitre 44-75 (abattement-famille, exonération DOM, zone franche de Corse) ont donné lieu à un versement de 2,2 milliards de francs à l'ACOSS.

La convention État-ACOSS du 2 mai 1994 étant fondée sur la garantie de la neutralité des versements pour la trésorerie de l'ACOSS, il est probable qu'une pré-régularisation au titre de l'exercice 1998 interviendra dans quelques semaines au profit de l'ACOSS, sur la base des liquidations connues, complétées des montants prévisionnels de dépenses de fin d'exercice. Le montant de ce surcoût ne peut être déterminé précisément à ce stade.

Par ailleurs, un paiement, dont le montant ne peut être précisément connu à ce stade de l'année, devrait intervenir en gestion 1998 au profit de la Caisse centrale de mutualité sociale agricole, au titre d'une régularisation sur l'exercice 1997 et du premier paiement relatif à l'exercice 1998.

B.- L'ENCOURAGEMENT À LA CONSTRUCTION IMMOBILIÈRE

L'action de l'État en faveur de la construction immobilière fait l'objet du chapitre 44-91 " Encouragements à la construction immobilière. Primes à la construction ", doté de 8,9 milliards de francs dans la loi de finances pour 1998, et pour lequel des crédits sont demandés à hauteur de 8,7 milliards de francs pour 1999.

1.- Des transferts récurrents venant du budget du Logement

Un montant élevé de crédits est transféré chaque année du budget du Logement vers le budget des Charges communes. Ce procédé vise un double objectif :

- il permet d'afficher sur le budget du Logement le montant total des aides attribuées par les services de ce ministère ;

- il donne au ministère chargé de la tutelle des établissements financiers la responsabilité du versement effectif des aides.

Le tableau ci-dessous permet de constater l'ampleur du décalage entre les dotations inscrites dans la loi de finances initiale et les dépenses effectives, permises par le transfert en provenance du Logement.

La Cour des comptes a d'ailleurs critiqué cette procédure dans son rapport sur Les aides au logement dans le budget de l'État (juin 1994).

Sans remettre en cause la légitimité même du transfert, qualifié de " procédure formellement régulière ", la Cour affirmait que les crédits initialement inscrits sur le budget du Logement concernaient des aides et primes soumises à conditions de ressources, qui autorisaient seules le recours à des subventions budgétaires et conféraient ainsi un caractère " social " à l'intervention publique.

Or la Cour relevait que, " après transfert au chapitre 44-91 du budget des Charges communes, [ces crédits] ont été partiellement utilisés, pour des montants qui ont atteint ces dernières années près d'une dizaine de milliards de francs, à des dépenses qui ne présentent pas ce caractère, telles les primes d'épargne logement ".

Indépendamment de la gestion des autres articles du chapitre, cette déviation manifeste était permise par la sous-évaluation chronique, par la loi de finances, de la dotation de l'article 30-20, relatif aux primes d'épargne logement. L'année 1994 a justement été l'occasion de remédier à ce défaut patent, et les dotations se sont révélées supérieures aux besoins effectifs en 1994, 1995 et 1996.

UTILISATION DES CRÉDITS INSCRITS SUR LE CHAPITRE 44-91

(en millions de francs)

 

1990

1991

1992

1993

1994

 

LFI

Exéc.

LFI

Exéc.

LFI

Exéc.

LFI

Exéc.

LFI

Exéc.

art.10 : HLM

335,0

63,3

 

312,6

 

1.913,2

 

1.805,6

 

222,3

art.20 : Prêts spéciaux du CFF

 

1.423,9

 

791,5

 

1.250,3

 

857,4

400,0

788,5

art.30 : Autres types de logements

                   

§10 : primes sans prêt

 

14,3

           

-

-

§20 : primes d'épargne-logement

8.000,0

9.609,7

7.300,0

9.011,7

7.300

7.936,0

7.800,0

7.923,1

7.300,0

6.970,5

§30 : frais pour le relogement des rapatriés

 

0,1

 

0,1

 

0,1

 

0,1

 

0,0

§40 : prêts locatifs intermédiaires

     

98,5

 

366,4

-

-

-

-

art.40 : Prêts consentis aux fonctionnaires

180,0

67,3

180,0

52,7

180,0

42,2

180,0

37,4

180,0

32,4

art.50 : Amélioration de l'habitat rural

 

428,8

 

477,7

 

488,7

 

509,5

 

617,5

art.60 : Départements d'outre-mer

 

11,3

               

art.70 : Prêts locatifs aidés du CFF

 

709,0

 

446,8

 

92,1

 

67,5

 

50,0

art.80 : PAP

 

6.373,4

 

6.641,9

 

6.139,5

 

4.415,8

 

4.047,0

Transferts vers le chapitre 44-91

 

11.250,6

 

9.664,9

 

7.441,4

 

7.674,8

 

4.982,8

Total (crédits initiaux et dépenses constatées)

8.515,0

18.701,1

7.480,0

17.833,3

7.480,0

18.228,5

7.980,0

15.617,4

7.880,0

12.728,4

 

1995

1996

1997

1998

1999

 

LFI

Exéc.

LFI

Exéc.

LFI

Exéc.

LFI

Exéc. (a)

LFI

Exéc.

art.10 : HLM

 

208,6

 

179,7

 

153,7

100,0

30,2

75,0

 

art.20 : Prêts spéciaux du CFF

400,0

739,1

400,0

652,8

500,0

486,3

400,0

261,2

275,0

 

art.30 : Autres types de logements

                   

§10 : primes sans prêt

-

-

-

-

-

-

-

-

-

 

§20 : primes d'épargne-logement

7.000,0

5.817,2

7.000,0

6.226,9

6.000,0

6.791,6

8.100,0

3.936,3

8.100,0

 

§30 : frais pour le relogement des rapatriés

 

0,0

 

0,0

 

0,0

 

0,0

0,0

 

§40 : prêts locatifs intermédiaires

-

-

-

-

-

-

-

-

-

 

art.40 : Prêts consentis aux fonctionnaires

40,0

20,3

30,0

8,2

16,0

0,5

0,1

0,0

0,0

 

art.50 : Amélioration de l'habitat rural

 

647,7

 

596,4

 

577,0

 

464,3

   

art.60 : Départements d'outre-mer

                   

art.70 : Prêts locatifs aidés du CFF

 

32,2

 

6,9

 

- 1,4

 

0,0

   

art.80 : PAP

 

4.414,0

 

2.205,7

819,0

2.537,0

263,0

179,8

295,0

 

Transferts vers le chapitre 44-91

 

4.663,0

 

2.309,7

 

811,3

       

Total (crédits initiaux et dépenses constatées)

7.440,0

11.879,2

7.430,0

9.876,6

7.335,0

10.544,7

8.863,1

4.871,9

8.745,0

 

(a) Exécution des crédits de l'année 1998, constatée au 30 juin 1998.

Source : direction du Budget.

L'année 1997 fait exception. Dans son précédent rapport spécial, votre Rapporteur faisait preuve d'un scepticisme qu'ont confirmé les résultats définitifs de l'exécution : " il semble que les crédits nécessaires aient été sous-évalués dans la loi de finances initiale, comme le suggère la consommation constatée au 30 juin 1997 : 3,6 milliards de francs, pour un montant de crédits votés de 6 milliards de francs ". Le montant final des dépenses au titre des primes d'épargne-logement s'élève, pour 1997, à 6,8 milliards de francs, excédant de 800 millions de francs les crédits inscrits sur l'article afférent.

Pour autant, la sincérité des évaluations de la loi de finances initiale s'est globalement améliorée depuis quelques années : l'article 10, non doté depuis la loi de finances pour 1990, est à nouveau doté depuis la loi de finances pour 1998 ; l'article 20 est doté depuis 1994 ; l'article 80 est doté depuis la loi de finances pour 1997. Seul l'article 50 reste non doté, alors que les dépenses constatées ces dernières années oscillent entre 400 et 600 millions de francs.

Votre Rapporteur observe d'ailleurs une diminution sensible des transferts en provenance du budget du Logement, qui ont représenté 811,25 millions de francs en 1997, au lieu de 2,3 milliards de francs en 1996 et 4,7 milliards de francs en 1995.

2.- La gestion des crédits en 1997 et 1998 et les demandes budgétaires pour 1999

L'article 10 porte les crédits relatifs aux bonifications payées à la Caisse des dépôts et consignations au titre des prêts aux organismes HLM, régis par la loi du 24 juin 1950 et le décret du 7 avril 1971. Les dépenses sont en constante diminution par suite de la réduction naturelle de l'encours des prêts. 153,66 millions de francs ont été dépensés en 1997 au lieu de 180 millions de francs en 1996.

Les crédits demandés pour 1999 sur l'article 10 s'élèvent à 75 millions de francs, la diminution s'expliquant, selon le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, " par le fait que les bonifications versées au titre des prêts aux organismes HLM sont fonction du capital restant dû de ces prêts, qui diminue constamment s'agissant d'anciens prêts, et du taux de remboursement anticipé, qui est sensiblement élevé dans la conjoncture actuelle ". Le niveau des dotations pour 1998 et 1999 apparaît compatible avec la consommation constatée à la moitié de l'année 1998 (30,2 millions de francs).

L'article 20 concerne les prêts spéciaux du Crédit Foncier de France (prêts antérieurs aux PAP et prêts dans les DOM). La dépense constatée était, traditionnellement, supérieure à la dotation inscrite dans la loi de finances, avec par exemple 652,8 millions de francs de dépenses en 1996, à rapprocher de 400 millions de francs de dotation initiale ; l'exercice 1997 aura peut-être vu un renversement de tendance, puisque 486,3 millions de francs ont été dépensés alors que les crédits initiaux s'élevaient à 500 millions de francs.

Au 30 juin 1998, la consommation des crédits s'élève à 261,2 millions de francs, ce qui est peut-être le signe annonciateur de tensions en fin d'exercice, la dotation 1998 étant de 400 millions de francs. Les crédits demandés pour 1999 diminuent fortement (- 31.%) par rapport à 1998 et s'établissent à 275 millions de francs. Cette baisse tient, pour l'essentiel, à la réduction prévue des encours de bonifications forfaitaires des PSI-DOM.

L'article 30 retrace, à titre principal, les crédits relatifs aux primes d'épargne logement. La dépense constatée en 1997 (6,8 milliards de francs) est supérieure de 9,1% à celle de 1996. Ceci résulte essentiellement de l'augmentation du nombre de primes versées au titre du PEL et, dans une moindre mesure, de l'augmentation du montant moyen des primes versées sur PEL.

Après avoir connu une forte augmentation en 1998, les dépenses devraient se stabiliser en 1999 à 8,1 milliards de francs. L'estimation précise des dépenses est délicate puisque, à côté de paramètres facilement accessibles comme le nombre de plans contractés il y a plus de quatre ans et encore ouverts, le versement d'une prime dépend du comportement des épargnants-emprunteurs décidant de clôturer ou non leur plan en 1999 et du profil moyen des versements intervenus depuis l'ouverture sur les plans qui seront clôturés. Pourtant, la calibration de la dotation 1998 semble jusqu'ici appropriée puisque les dépenses enregistrées au 30 juin 1998 s'élèvent à 3,9 milliards de francs.

L'article 40 retrace les bonifications versées au titre des prêts complémentaires aux fonctionnaires gérés par le Comptoir des entrepreneurs. Ces prêts connaissent une baisse régulière : s'ils peuvent toujours être accordés en complément d'un prêt conventionné, ils ont perdu de leur attractivité. Les derniers prêts ont été réalisés en 1995. La consommation des crédits s'est limitée à 0,5 million de francs en 1997. Les dépenses pour 1999 sont estimées à moins de 100.000 francs.

L'article 50, non doté dans la loi de finances initiale, est relatif aux primes pour travaux d'amélioration de l'habitat et de suppression de l'insalubrité. Ces primes et subventions sont versées par le Crédit foncier de France après autorisation de la direction départementale de l'équipement. La dépense s'est élevée à 577 millions de francs en 1997. Au 30 juin 1998, 464,3 millions de francs ont déjà été consommés.

L'article 70 concerne les prêts locatifs aidés du Crédit foncier de France, dont l'encours et la charge budgétaire y afférente sont en constante diminution. Ces prêts correspondent à d'anciens PLA pour lesquels une bonification était versée par l'État. La réponse au questionnaire budgétaire indique que la dépense nette s'est élevée à - 98 079 francs, compte tenu d'une restitution de 108 487,71 francs. Votre Rapporteur remarque que, dans l'annexe explicative au projet de loi de règlement pour 1997, qui détaille le montant des dépenses effectives par article et paragraphe, il est indiqué un niveau final de dépenses de - 1,4 million de francs. Aucune dotation n'est demandée pour 1999.

L'article 80 est relatif aux bonifications et subventions sur les prêts aidés pour l'accession à la propriété (PAP) et à la dotation d'équilibre du fonds de garantie des prêts aidés. La sensible diminution de la dépense constatée en 1996 (2,2 milliards de francs) par rapport à 1995 (4,4 milliards de francs) s'explique, selon le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, par la disparition de ce prêt aidé et la diminution graduelle des encours de prêts PAP dans le bilan des établissements distributeurs.

Les dépenses relatives aux prêts PAP sont donc en diminution constante (837 millions de francs en 1997 au lieu de 2 milliards de francs en 1996), en dépit des apparences créées par la dotation d'équilibre, versée à titre exceptionnel sur le compte spécial de bonification :

- 215,8 millions de francs au titre des bonifications (commissions de gestion versées aux SACI, bonifications sur d'anciens prêts PAP), en diminution de moitié par rapport à l'exercice 1996 ;

- 230,7 millions de francs de bonifications complémentaires, l'année 1997 étant la dernière année de versement de ces bonifications ; 66,5 millions de francs seulement avaient été versés à ce titre en 1996 ;

- 386,5 millions de francs de subventions, au lieu de 1.379,0 millions de francs en 1996 ; cette décroissance s'explique par la forte diminution des ouvertures de prêts ainsi que par une baisse des taux de subvention intervenue au cours de l'exercice 1996 ;

Par ailleurs, la dotation d'équilibre du fonds de garantie des PAP a occasionné 1,7 milliard de francs de dépenses sur l'article 80.

Les crédits demandés sur l'article 80 sont fixés à 295 millions de francs. Ils tiennent compte d'une " pré-dotation " de 100 millions de francs destinée au compte spécial de bonification, afin d'éviter que ce compte ne se trouve en déficit au cours de l'année.

3.- La politique de l'épargne-logement : le soutien à l'épargne prime le soutien au logement

L'épargne-logement est restée, en 1997 comme les années précédentes, l'un des placements favoris des Français. L'encours total des dépôts a progressé de plus de 136,6 milliards de francs par rapport à 1996 pour atteindre le montant de 1.223,6 milliards de francs. Cette augmentation de 12,6% est, cependant, sensiblement inférieure à celle enregistrée en 1996, qui avait vu le montant des dépôts s'accroître au taux exceptionnel de 21,3% par rapport à 1995. Le nombre de plans (PEL) s'est établi, au 31 décembre 1997, à près de 15,5 millions, en augmentation de 6,6% par rapport au 31 décembre 1996. Le nombre des comptes (CEL) s'élève de façon plus modérée : il atteint 7,8 millions, soit une augmentation de 1,6%.

L'évolution des dépôts est plus dynamique que celle des contrats. Après une quasi stabilisation entre 1989 et 1992, le montant des dépôts sur PEL a connu une envolée spectaculaire depuis 1993, avec des taux de croissance dépassant régulièrement 10%, voire 15%. L'encours des CEL est plus sage, mais le taux de croissance reste constamment supérieur à 2,5%.

Selon la direction du Trésor, la progression encore élevée des dépôts sur plans " témoigne essentiellement de la prépondérance des générations antérieures à la réforme des taux intervenue en janvier 1997, dans le stock de plans " (24).

Dans cette perspective, la forte augmentation des placements en épargne-logement observée en 1996 relève plus d'un comportement opportuniste des épargnants que d'une tendance de fond.

Sur la base d'une comparaison entre les évolutions des dépôts et celles des prêts d'épargne-logement, votre Rapporteur s'était interrogé l'an dernier sur les ambiguïtés de la politique publique d'encouragement à la construction immobilière. Il est vrai que, sur moyenne période, le rythme de croissance de l'encours total des dépôts est sans commune mesure avec celui de l'encours des prêts. Le ratio prêts / dépôts a poursuivi la décroissance tendancielle qui est la sienne depuis 1992 : il est passé durant la période de 40% à 22,8%. L'année 1997 a même vu un phénomène particulier, qui pourrait être tenu pour inquiétant : l'encours des prêts en valeur absolue a diminué de 4,7% environ.

ÉVOLUTION COMPARÉE DES ENCOURS DE DÉPÔTS ET DE PRÊTS D'ÉPARGNE LOGEMENT

(en millions de francs)

 

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

Dépôts CEL

118.990

123.169

126.428

134.189

138.117

142.517

153.876

162.214

Évolution (en %)

 

+ 3,5

+ 2,6

+ 6,1

+ 2,9

+ 3,2

+ 8,0

+ 5,4

Dépôts PEL

458.946

470.966

495.620

558.900

651.362

753.466

933.117

1.061.431

Évolution (en %)

 

+2,6

+ 5,2

+ 12,8

+ 16,5

+ 15,7

+ 23,8

+ 13,8

Total dépôts

577.936

594.135

622.048

693.089

789.479

895.983

1.086.993

1.223.645

   

+ 2,8

+ 4,7

+ 11,4

+ 13,9

+ 13,5

+ 21,3

+ 12,6

Prêts

209.817

232.595

250.547

266.678

272.327

283.591

293.599

279.766

Évolution (en %)

 

+ 10,9

+ 7,7

+ 6,4

+ 2,1

+ 4,1

+ 3,5

- 4,7

Source : direction du Trésor.

Assurément, cette évolution surprenante peut s'expliquer par des facteurs techniques. D'une part, la chute sensible du ratio prêts / dépôts entre 1996 et 1997 s'explique avant tout par l'augmentation du dénominateur, due au comportement opportuniste des épargnants évoqué ci-avant : les dépôts d'aujourd'hui ne feront, éventuellement, des prêts que dans quatre ans ou plus. Par ailleurs, la baisse des taux d'intérêt observée depuis la fin de l'année 1994 a fini par porter ses fruits au regard des conditions de financement des travaux et acquisitions immobiliers. Un effet de substitution entre prêts d'épargne-logement et prêts au taux du marché a donc pu jouer, à la marge.

En fait, la diminution des prêts d'épargne-logement n'est pas en soi un sujet de préoccupation majeure, puisque les fonds laissés disponibles auprès des collecteurs de l'épargne-logement (25) sont affectés à des emplois intéressant la construction, définis limitativement par la réglementation. En ce sens, les évolutions du ratio prêts / dépôts ne signifient pas autre chose qu'un déplacement de la ligne de partage entre l'utilisation privée et l'utilisation " publique " des fonds déposés sur l'épargne-logement.

Se pose alors la question de la légitimité d'une intervention de l'État dans le dispositif. A cet égard, la différence entre les PEL et les CEL au regard de l'aide d'État fournit un angle d'approche intéressant.

Pour les PEL, la prime d'épargne est versée par l'État dans tous les cas, lors du retrait des fonds, même lorsque le souscripteur ne fait pas valoir son droit à prêt. Au contraire, le versement de la prime afférente aux comptes d'épargne logement (CEL) est conditionné par la demande effective d'un prêt. La dépense budgétaire découle donc de la propension des souscripteurs à concrétiser un projet d'investissement immobilier.

Le système en vigueur pour le CEL établit ainsi un lien beaucoup plus fort que pour le PEL entre la dépense budgétaire supportée par l'État et le soutien public à la construction immobilière et au logement.

Autrement dit, le dispositif tel qu'il est actuellement conçu constitue un puissant soutien à l'épargne, en particulier vis-à-vis des foyers aux revenus moyens, mais un instrument moins " clair " de la politique du logement. La légitimité d'une politique de soutien à l'épargne ne saurait être contestée, dans l'absolu, d'autant que les contraintes imposées, notamment les conditions de durée (immobilisation des fonds sur les plans et les comptes), confèrent au système une inertie importante. Ce soutien peut, cependant, se révéler parfois légèrement décalé avec les exigences économiques du moment, les périodes de ralentissement économique étant a priori plus propices aux politiques de soutien à la consommation.

Il est vrai que les immenses besoins qui se manifestent en matière de logement justifient pleinement la poursuite des efforts budgétaires consentis par l'État en faveur de l'épargne-logement.

C.- LES INTERVENTIONS EN DIRECTION DES ENTREPRISES

1.- Une légère érosion des crédits consacrés aux garanties

Une dotation de 1,482 milliard de francs est demandée sur le chapitre 14-01 " Garanties diverses " pour 1999, à comparer à un montant de crédits votés égal à 1,556 milliard de francs en 1998, soit une diminution de 4,8%.

· Une nouvelle fois, l'excédent prévu de l'assurance-crédit à l'exportation, gérée par la COFACE pour le compte de l'État, ne pèserait pas sur les besoins du chapitre 14-01 en 1999.

BESOIN DE FINANCEMENT DE L'ASSURANCE-CRÉDIT À L'EXPORTATION

(en millions de francs)

 

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

Besoin de financement (I - II)

13.759

9.840

6.454

5.261

3.009

- 108

- 5.685

- 8.097

I. Produits

               

Récupérations

5.778

7.120

8.379

9.064

9.424

9.936

12.597

10.378

Primes

1.780

1.971

1.764

2.286

1.996

2.004

1.963

1.974

Produits divers

83

16

50

56

110

51

174

104

II. Charges

               

Indemnités reçues par les assurés

21.122

18.448

16.050

16.061

13.954

11.264

8.446

3.840

. comptabilisées par COFACE

18.456

18.346

16.049

16.064

13.954

11.264

8.446

3.840

. refinancées par BFCE/Natexis

2.666

102

1

0

0

0

0

0

Charges nettes de gestion

278

297

319

329

333

355

362

343

Intérêts versés à BFCE/Natexis

0

202

278

277

252

264

223

176

Couverture du besoin de financement

14.566

8.616

6.554

6.008

3.019

1.590

20

35

Crédits budgétaires

9.000

5.835

6.200

6.000

3.000

1.580

0

0

Refinancement BFCE/Natexis

5.566

2.781

354

8

19

10

20

35

. refinancement directs

2.666

102

1

0

19

0

0

0

. remboursements à COFACE

724

1.853

72

8

0

10

20

35

. prêts à COFACE

2.176

826

281

0

0

0

0

0

Emprunts COFACE

0

0

0

0

0

0

0

0

Variation de trésorerie

+ 807

- 1.224

+ 100

+ 747

+ 10

+ 1.698

+ 5.705

+ 8.132

Source : direction du Trésor.

En 1995, l'assurance-crédit avait enregistré pour la première fois depuis plus d'une décennie un résultat excédentaire de près de 110 millions de francs. La stabilisation des principaux risques (Algérie, Iran, Russie, Venezuela, Égypte) en 1996, conjuguée avec la progression des récupérations (sur sinistres financés antérieurement par des ressources budgétaires) a permis de dégager un besoin de financement de près de 5,7 milliards de francs. Compte tenu du fonds de roulement positif présent en début d'exercice, la COFACE a été en mesure d'effectuer un versement de 7,4 milliards de francs à l'État pour l'exercice 1996.

L'exercice 1997 a été marqué, en particulier, par la crise financière en Asie du sud-est. Face à la dégradation de la situation dans cette région, il a été décidé de provisionner ces risques à hauteur de 2,3 milliards de francs à partir du chapitre 14-01. par ailleurs, un plan de restructuration d'Air Afrique, élaboré en 1996, n'ayant pas été mis en place en 1997, un versement de 230 millions de francs a été décidé pour permettre l'indemnisation globale des échéances COFACE sur les Airbus A310 de cette compagnie. Cependant, l'évolution précédemment évoquée de l'assurance crédit a continué de dégager des bénéfices importants pour la troisième année consécutive, et a permis de reverser 7 milliards de francs à l'État.

Le montant de ce reversement s'explique également par une politique de gestion active des créances COFACE.

Votre Rapporteur rappelle que les prévisions d'exécution 1997 établies il y a environ 12 mois, à l'occasion de l'élaboration du précédent rapport spécial, tablaient sur un excédent de 10 milliards de francs, assorti d'un versement équivalent au budget de l'État.

L'excédent prévisionnel de 1998, fixé à 6 milliards de francs, n'a pas été révisé depuis l'an dernier. Il repose sur de bonnes perspectives de remboursement de la part de pays sur lesquels la France a d'importants arriérés, en particulier ceux précédemment couverts par des dotations budgétaires (Brésil, Maroc, Égypte, Mexique, Pologne, etc.). Ces perspectives compensent des scénarios moins favorables sur certains risques-pays plus aléatoires. Étaient évoqués à ce titre l'an dernier le Nigeria, l'Algérie ou la Roumanie ; les plus récentes informations suggèrent désormais que les principaux risques-pays en 1998 seraient plutôt, outre le Nigeria, l'Indonésie, l'Arabie Saoudite, le Pakistan, etc.

Un nouvel excédent est attendu pour 1999, d'environ 7 milliards de francs, sur la base d'une prolongation des tendances déjà évoquées. Selon les informations fournies par le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, " ces prévisions restent cependant très aléatoires et dépendantes des événements imprévisibles pouvant sérieusement remettre en cause l'excédent attendu (cf. évolution en Asie et en Russie) ; à titre d'exemple, la COFACE évalue qu'une cessation complète des paiements de la part de l'Indonésie conduirait à des indemnisations pouvant s'élever jusqu'aux environs de 3 milliards de francs sur l'exercice ".

Comme dans la loi de finances pour 1998, les dotations demandées pour 1999 sont relatives à trois postes de dépenses principaux.

· L'assurance prospection-foire, gérée par la COFACE, a pour objet, d'une part, de couvrir les dépenses de prospection des entreprises, moyennant le paiement d'une prime, lorsqu'elles recherchent de nouveaux marchés, d'autre part, de couvrir les frais engagés à l'occasion de la participation à une manifestation commerciale agréée.

265 millions de francs sont demandés pour 1999 sur l'article 72, soit 135 millions de francs de moins que la dotation initiale pour 1998. En effet, selon le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, la charge budgétaire occasionnée par la procédure d'assurance prospection-foire connaît une baisse tendancielle. Celle-ci s'explique par trois facteurs :

- la diminution des budgets garantis, de 1,6 milliard de francs en 1984 à 0,9 milliard de francs en 1997, qui entraîne, par voie de conséquence, une diminution des indemnités afférentes ;

- l'augmentation du nombre de contrats en amortissements (+ 9,8% par rapport à 1996) ;

- la prise de mesures techniques permettant de mieux cerner les recettes, comme la réalisation systématique d'au moins un contrôle de douane au cours de la période de garantie.

La baisse tendancielle du coût de l'assurance prospection-foire devrait se poursuivre en 1998 et doit être rapprochée de la diminution de 7% des budgets garantis en 1997. Cependant, la crise asiatique pourrait avoir des conséquences sur les actions de prospection des entreprises et conduire au paiement en 198 d'indemnités plus importantes que prévu. Le solde de la procédure devrait s'établir, au total, à 270 millions de francs en 1998.

Pour 1999, un assouplissement (intervenu en 1998) de certaines règles d'accès à l'assurance prospection devrait entraîner une augmentation en 1998 des prises de garantie, donc une augmentation en 1999 des indemnités versées. En sens inverse, les incertitudes sur l'Asie risquent de peser sur le niveau d'engagement des dépenses de prospection en 1998, donc peuvent limiter le montant des indemnités à verser en 1999. Ce scénario pourrait, d'ailleurs, s'accompagner d'une diminution des exportations vers la zone asiatique, donc entraîner une diminution du montant des reversements. " Ces hypothèses, dont l'incidence est très difficilement quantifiable à ce stade, pourraient conduire à une stabilisation du déficit en 1999 à un niveau voisin de celui de 1998 ".

· L'assurance du risque économique, gérée par la COFACE, a pour objet de couvrir les entreprises contre la dérive de leurs prix de revient dans les marchés d'exportation conclus à prix fermes ou à prix révisables plafonnés et relatifs à la fourniture d'équipements élaborés.

450 millions de francs étaient demandés pour 1998 sur l'article 74 , l'augmentation de 50 millions de francs par rapport à 1997 s'expliquant par les décalages survenus en 1995 et 1996 dans l'exécution de certains contrats bénéficiaires de la garantie risque économique, qui ont entraîné des reports dans le versement des indemnisations dues par la COFACE (TGV coréen pour GEC Alsthom, vente d'armements à Abu Dhabi pour GIAT Industries). La persistance de ces décalages est à l'origine d'une prévision d'exécution supérieure, à la dernière date connue, à la dotation initiale : 500 millions de francs de dépenses sont en effet attendus sur l'article 74. La prévision pour 1999 " retrouve un niveau davantage conforme à la normale " et se situe à 400 millions de francs. Cette diminution s'explique notamment par une moindre charge due au titre des contrats TGV-Corée et GIAT-Abu Dhabi. Cependant, les tensions sur la garantie sont réelles, puisque " pour respecter l'objectif fixé, le coefficient d'imputation des aides accordées au titre de la garantie économique a été porté de 0,25 à 0,30, ce qui revient à une diminution de l'enveloppe des promesses, de 1 milliard de francs à 833 millions de francs ".

· Les " garanties diverses " retracées sur l'article 90 nécessiteraient, en 1999, des crédits s'élevant à 760,2 millions de francs, soit une augmentation de 154 millions de francs par rapport aux crédits votés en 1998. Le libellé de l'article 90 n'est pas usurpé, puisque les crédits inscrits sont répartis selon les paragraphes suivants :

- garanties pour prêts de consolidation aux rapatriés (§ 16) : les dépenses sont quasi nulles depuis 1994 ;

- garanties " diverses " (§ 17) : elles concernent essentiellement des garanties accordées à la Banque européenne d'investissement (BEI), dans le cadre des interventions que celle-ci conduit sous mandat du Conseil européen, pour les pays d'Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP) signataires de la convention de Lomé. En cas d'impayés, les États sont appelés par la BEI à faire jouer leur garantie, au prorata de leur souscription à son capital. En 1997, la France a été appelée pour 27 millions de francs. La BEI reste, cependant, titulaire d'une créance sur les bénéficiaires des concours concernés et poursuit ses efforts de recouvrement. En cas de succès, elle reverse aux États le montant des échéances précédemment honorées par eux. Ainsi, en 1997, la France a reçu 29,8 millions de francs au titre de ces reversements, inscrits dans les ressources non fiscales. A titre d'anecdote, votre Rapporteur spécial souhaite mentionner l'imputation sur les crédits du paragraphe 17 des dépenses découlant de la mise en jeu de la garantie de l'État pour les emprunts de la Compagnie du chemin de fer de Djibouti à Addis-Abéba : un montant d'environ 800 000 francs est enregistré à ce titre chaque année ;

- garanties de change accordées aux institutions financières spécialisées : sociétés de développement régional (§ 31), Crédit national industriel (§ 32), Crédit d'équipement des petites et moyennes entreprises (§ 33), Caisse française de développement industriel (§ 34), Caisse centrale de crédit coopératif (§ 35). Les emprunts en devises couverts par ces garanties ont été contractés dans les années quatre-vingts. La procédure n'ayant pas été reconduite, leur extinction progressive a ramené à des montants insignifiants les dépenses effectives, puis les crédits initiaux ;

- garantie de change accordée à l'Agence française de développement (AFD) (§ 36) : destinée à stabiliser la charge du service des emprunts contractés en devises étrangères, la procédure de garantie a été supprimée au 31 décembre 1997. A cet effet, l'AFD a procédé à la couverture de sa dette en devises pendant l'année 1997, sous la forme de remboursements anticipés ou de swaps " franc contre devise ". Selon le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, " l'extinction de la garantie de change apportée par l'État répond au souci de simplifier les relations financières entre l'État et l'AFD en mettant fin à un mécanisme de garantie qui a perdu de sa pertinence dans un contexte de banalisation des instruments de couverture contre le risque de change et de limitation de l'intérêt pour l'AFD d'emprunter en devises ". Votre Rapporteur souscrit pleinement à cette analyse. Compte tenu des positions de change favorables à l'AFD, le programme d'extinction de la garantie de change s'est soldé par une recette de 216,1 millions de francs au profit de l'État, en 1997. Une fois imputées des pertes de change de 17,5 millions de francs subies au cours de l'exercice 1997, un reversement de 198,6 millions de francs a pu être effectué au profit du Trésor ;

- garanties accordées à la BFCE/Natexis au titre des annulations de dettes au profit des pays les moins avancés (§ 21) et autres garanties BFCE/Natexis (§ 22) : ces procédures sont décrites en détail dans la partie de ce rapport consacrée aux interventions internationales du Trésor.

Les autres garanties supportées par l'État sur le chapitre 14-01 font l'objet d'une demande de 57 millions de francs (au lieu de 110 millions de francs pour 1998) : 3 millions de francs au titre des garanties afférents au financement du logement (article 20) (26) ; 4 millions de francs au titre des garanties afférentes au financement de l'agriculture (article 40) (27) ; 50 millions de francs au titre des garanties afférents au financement de l'industrie (article 50) (28).

CHARGES DE GARANTIE
(chapitre 14-01)

(en millions de francs)

 

1994

1995

1996

1997

LFI

PLF

 

LFI

Exécution

LFI

Exécution

LFI

Exécution

LFI

Exécution

1998

1999

10.- Garanties à des collectivités, établissements publics et services :

                   

11.- Métropole

160

0

0

0

0

0

0

0

0

0

12.- DOM

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

20.- Financement du logement

70

47,25

60

21,48

50

14,1

45

11,4

6

3

40.- Financement de l'agriculture

3

1,57

6

0

4

0

4

0

4

4

50.- Financement de l'industrie

200

181,37

200

167,33

200

142,0

150

8,2

100

50

70.- Garanties afférentes à l'exportation :

                   

71.- Assurance-crédit COFACE

4.000

3.000

4.000

1.580

0

0

0

2.530,0

0

0

72.- Ass.-prospection-foire COFACE

400

256

325

327

415

284,0

400

245,0

400

265

74.- Risque économique COFACE

250

287

350

298

400

257,0

400

400,0

450

400

90.- Garanties diverses

1.476,72

1.476,25

1.783,70

7.617,16

924,90

844,5

552,26

3.276,2

606,2

760,2

dont :

                   

§ 16 Prêts de consolidation aux rapatriés

5

0,01

5

0

5

4,7

5

0,5

   

§ 31 à 35 IFS (a)

260,90

372,32

246,70

403,97

92,90

203,1

82,26

- 4,6

   

§ 36 AFD (b)

210

64,57

210

88,73

210

211,3

45

17,5

   

§ 17 divers

2

33,85

2

43,36

2

80,8

20

61,7

   

§ 21 BFCE (c): annulations de dettes

1.000

1.002,87

1.320

466,43

625

344,6

400

198,56

   

§ 22 Autres garanties BFCE

0

2,62

0

6.614,68

0

0

0

3.002,6

   

Total chapitre 14-01

6.399,72

5.249,44

6.724,70

10.010,98

1.993,90

1.541,7

1.551,26

6.470,9

1.556,2

1.482,2

(a) Garantie de change accordée aux institutions financières spécialisées.

(b) Garantie de change accordée à l'Agence française de développement (ex-Caisse centrale de coopération économique).

(c) Banque française du commerce extérieur.

Source : direction du Budget.

En dernier lieu, les perspectives négatives qu'évoquait l'an dernier votre Rapporteur se confirment pour la garantie de change gérée par la COFACE (article 73). Bénéficiaire depuis sa création, cette procédure pourrait donner lieu à un déficit en 1998 : " il ne devrait pas y avoir de reversement [d'un excédent au Trésor], en particulier en raison de la hausse du dollar et du fait que les taux d'intérêt américains sont désormais très supérieurs aux taux français ".

Le même risque est envisagé pour 1999 : " il est difficile de faire à ce stade des prévisions de résultat pour la garantie de change, mais on peut tabler sur un résultat nul, sans reversement à l'État, car la hausse du dollar et le fait que les taux d'intérêt américains sont supérieurs aux taux français ont réduit les perspectives de gain sur la procédure. Le risque que le résultat soit négatif est réel. Des mesures de redressement ont été adoptées et seront renforcées en tant que de besoin. Par conséquent, si la dotation demandée dans le projet de loi de finances pour 1999 reste nulle, les reversements au bénéfice de l'État se réduisent sensiblement et l'hypothèse d'un résultat déficitaire ne peut être exclue ".

2.- Les dotations aux fonds de garantie de la Sofaris

La Sofaris a été créée pour gérer des fonds de garantie dotés par l'État, destinés à assumer une partie du risque lié à l'octroi de crédits et d'apports en fonds propres aux PMA. La Sofaris a pour but de faciliter l'octroi de concours bancaires (prêts à moyen ou long terme, prêts participatifs, crédits-bails mobiliers et immobiliers, cautions sur le marché en France et à l'exportation, etc.). Elle vise également à permettre un renforcement des fonds propres des PME au travers de prises de participation opérées par des organismes de capital-risque. En 1997, près de 30 000 entreprises ont bénéficié des interventions de la Sofaris, pour un montant de concours garantis de 30 milliards de francs.

Le chapitre 44-95 permet de doter ex ante les fonds de garantie gérés par la Sofaris. Il ne s'agit pas ici de crédits évaluatifs : une fois que la dotation est effectuée, le risque n'est plus supporté par l'État mais par le gestionnaire du fonds.

Le coût budgétaire du soutien accordé aux PME par l'intermédiaire de la Sofaris s'est fortement accru depuis 1993, du fait de la très forte croissance de l'activité de la société. Ce coût reste néanmoins modéré, grâce à un effet de levier important, lié à un partage partiel du risque, et à un nombre relativement faible de sinistres.

ACTIVITÉ DES PRINCIPAUX FONDS DE GARANTIE SOFARIS EN 1996 ET 1997

(en millions de francs)

 

1996

1997

 

Entreprises concernées

Concours garantis

Contentieux nés

Encours de risque

Entreprises concernées

Concours garantis

Contentieux nés

Encours de risque

Création

5.030

2.530

62

1.998

7.980

2.627

119

2.529

Transmission

2.044

4.096

78

3.535

2.749

4.960

73

4.554

Investissement

5.919

9.801

63

6.354

7.035

9.862

95

7.910

RCP

1.810

2.898

67

2.162

1.711

2.539

100

2.340

Très petites entreprises

7.754

1.304

2

630

11.356

1.595

6

1.192

Cautions export

419

1.507

1

622

419

1.463

8

701

Source : direction du Budget.

Les crédits du chapitre 44-95 demandés pour 1999 s'inscrivent en très forte augmentation par rapport aux crédits votés pour 1998 : 747 millions de francs au lieu de 150 millions de francs. Ce mouvement est la conséquence du transfert vers le budget général de dotations dont les crédits étaient auparavant inscrits sur le compte d'affectation spéciale n° 902-24 qui recueille et utilise le produit de la mise sur le marché des titres d'entreprises publiques.

En 1997, la dotation totale destinée aux fonds de garantie Sofaris était de 700 millions de francs (dont 150 millions de francs sur le chapitre 44-95 du budget des Charges communes et 550 millions de francs sur le CAS n° 902-24). Les crédits initiaux votés en 1998 sont au total de 1 milliard de francs, dont 150 millions de francs sur le chapitre 44-95 et 850 millions de francs sur le CAS n° 902-24. La dotation de 747 millions de francs demandée pour 1999 tient compte, selon le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, d'une " réforme envisagée des fonds de garantie ".

3.- Une nouvelle diminution des crédits demandés pour bonification d'intérêts

Après une diminution de près de 1,5 milliard de francs en 1998 par rapport à 1997, les crédits demandés sur le chapitre 44-98 " Participation de l'État au service d'emprunts à caractère économique " connaîtraient une nouvelle réduction de 455 millions de francs en 1999. Ils atteindraient ainsi 4,95 milliards de francs.

Les deux principaux postes de dépenses subissent l'essentiel de la diminution des crédits.

CRÉDITS DE BONIFICATION (chapitre 44-98)

(en millions de francs)

 

1995

1996

1997

1998

1999

 

Crédits initiaux

Dépenses

Crédits initiaux

Dépenses

Crédits initiaux

Dépenses

LFI

PLF

Art. 10.- Secteur public

0,23

0,20

0

0,19

0

0,17

0,16

0

Art. 20.- Secteur concurrentiel

               

Art. 22.- Armement maritime

110

18,26

50

24,91

20

11,82

15

10

Art. 30.- Établissements financiers et assimilés

               

Art. 31.- Sociétés de développement régional

307

211,54

218,28

271,68

191,74

156,69

135,30

115

Art. 32.- Natexis Banque

200,50

228,92

36,76

11,32

7,2

5,12

48,39

17

Art. 33.- Crédit d'équipement des PME

16

92,03

62

56,35

47

49,68

35,00

32

Art. 34.- Caisse française de développement industriel (CFDI)

728,90

779,05

969,97

1.207,02

906,10

890,67

181,08

223

Art. 35.- Caisse centrale de crédit coopératif

30

44,71

24

22,70

13

8,90

10,00

5

Art. 36.- Caisse française de développement

5.306,50

5.043,73

4.812

4.786,12

4.599

4.218,77

4.164

3.913

§ 11.- Bonifications d'intérêts

1.645

1.504,25

1.605

1.535,56

1.605

1.252,73

1.352

1.250

§ 12.- Bonifications d'intérêts.- Facilité d'ajustement structurel renforcée du FMI

185

185,22

185

201,47

220

183,62

200

210

§ 13.- Indemnisation au titre des annulations de dettes

3.300

3.182,27

2.900

2.934,14

2.690

2.695,64

2.549

2.406

§ 14.- Indemnisation au titre de la réduction des taux d'intérêt aux pays à revenu intermédiaire. Indemnisation au titre de l'allégement de la dette des pays à revenu intermédiaire

176,5

171,98

122

114,95

84

86,77

62

47

Art. 37.- Société centrale de crédit maritime mutuel

120

72,97

120

107,50

100

67,44

100

70

Art. 38.- Banque française pour le commerce extérieur

2.000

400

0

0

1.000

0

700

550

§ 10.- Bonifications d'intérêts.- Crédits à l'exportation

1.200

400

0

0

500

0

700

 

§ 20.- Bonifications d'intérêts.- Consolidation de crédits à l'exportation

1.000

0

0

0

500

0

0

 

§ 30.- Impayés sur consolidation de crédits à l'exportation

- 200

0

0

0

0

0

0

 

Art. 39.- Divers

0,50

0

0,50

0

"

0

"

"

§ 10.- SOFININDEX

0,50

0

0,50

0

"

0

"

"

§ 20.- Caisse nationale de crédit agricole

0

0

0

0

"

0

"

"

§ 30.- IDI

0

0

0

0

"

0

"

"

§ 40.- Établissements adjudicataires

0

0

0

0

"

0

"

"

Art. 90.- Diverses bonifications

970

260,33

650

358,59

6

53,95

16

15

Total du chapitre

9.789,63

7.151,75

6.943,51

6.846,39

6.890,04

5.463,19

5.404,93

4.950,00

Source : direction du Budget.

· Les crédits les plus élevés restent ceux relatifs à l'Agence française de développement (AFD), ex-Caisse française de développement (CFD), inscrits sur l'article 36 (3,9 milliards de francs) ; ils diminueraient de 250 millions de francs par rapport à 1998. Ces crédits sont décrits de façon détaillée dans la partie de ce rapport consacrée aux interventions internationales du Trésor.

· Les crédits pour bonifications au profit de la BFCE/Natexis s'établiraient en diminution de 150 millions de francs, pour atteindre 550 millions de francs en 1999 au lieu de 700 millions de francs en 1998.

Les procédures de bonification d'intérêts, gérées dans le cadre du soutien au commerce extérieur par la BFCE/Natexis pour le compte de l'État, visent à donner à l'exportateur la possibilité d'offrir, dans ses solutions de financement, un taux fixe alors que le taux de sa ressource est variable. Le coût de la ressource est déterminé par un indicateur représentatif des conditions de marché :

- pour la période de remboursement, l'indicateur retenu est, depuis 1996, le taux PIBOR (taux interbancaire offert à Paris) à 3 mois pour les crédits en francs, le taux LIBOR (taux interbancaire offert à Londres) à 3 mois pour les crédits en devises ;

- pour la période de paiements progressifs, l'indicateur retenu est le taux PIBOR à un an pour les crédits en francs, le taux LIBOR à un an pour les crédits en devises.

La décision d'accorder la stabilisation est prise à condition que le crédit (acheteur ou fournisseur) bénéficie d'une garantie COFACE, sauf exception, et selon des modalités conformes à la décision de la commission des garanties. Le taux d'intérêt du crédit est déterminé par la commission des garanties.

L'exercice 1997 a vu, pour la quatrième année consécutive, les procédures gérées par la BFCE/Natexis dégager un résultat positif, auquel toutes les procédures ont contribué. Le bénéfice s'inscrit en forte diminution par rapport à 1997 : 661 millions de francs au lieu de 2,074 milliards de francs. Une dotation de 700 millions de francs est inscrite dans la loi de finances pour 1998. " A ce stade, une première approche indique un besoin réduit à environ 200 millions de francs ; ceci est directement lié à la baisse des taux sur le dollar américain. Cette estimation reste, en tout état de cause, très dépendante de l'évolution des taux d'intérêt à court terme du dollar et du franc et des produits perçus sur les accords de consolidation ". La dotation demandée pour 1999 s'élève à 550 millions de francs.

Les bons résultats enregistrés depuis 1994 ont permis à l'État de prélever sur la BFCE/Natexis 1,53 milliard de francs au titre de l'exercice 1995, puis 2,9 milliards de francs au titre de l'exercice 1996.

· Les articles 31 à 35 portent des crédits relatifs aux dépenses de bonification des prêts accordés aux PME. Depuis 1991, la gestion des prêts bonifiés porte uniquement sur l'encours existant, puisqu'aucune nouvelle procédure d'octroi n'a été mise en place, sauf au bénéfice des PME des DOM-TOM, répartie entre les trois sociétés de développement régional (SDR) compétentes.

Le montant des crédits nécessaires est calculé par différence entre le coût des ressources empruntées par les institutions financières spécialisées et le taux des prêts consentis aux entreprises, augmentée de la marge des institutions financières pour les anciens prêts à taux de marge garanti.

Après un vif dérapage en 1996, où 1,2 milliard de francs de dépenses avaient été enregistrés sur l'article 34 relatif aux opérations de la Caisse française de développement industriel (29), les bonifications versées à ce titre devraient revenir à un niveau beaucoup plus modéré. Les crédits votés en 1998, sur l'ensemble des articles 31 à 35, s'élèvent à 410 millions de francs. Une légère diminution, motivée par l'extinction progressive des encours de prêts bonifiés aux entreprises gérés par des établissements spécialisés, est prévue pour 1999, ramenant à 392 millions de francs les crédits demandés.

4.- Les autres interventions

· Le chapitre 64-00 " Interventions en faveur des petites et moyennes entreprises " est consacré à des subventions d'investissement accordées par l'État. 32 millions de francs sont demandés en autorisations de programme (102 en 1997) et 57 millions de francs en crédits de paiement (100 en 1997).

Votre Rapporteur regrette que, comme l'année précédente, aucune réponse n'ait été apportée à la question portant sur les crédits et dépenses de l'article 30, relatif à l'" aide à la promotion commerciale des petites et moyennes entreprises ".

Les crédits inscrits à l'article 10 sont principalement utilisés pour le règlement des études et audits d'entreprises en difficulté, dans le cadre des missions confiées aux CIRI, CORRI et CODEFI. Les prévisions d'activité de ces comités ne laissent pas envisager une diminution de leur charge budgétaire. Cependant, compte tenu des reports prévisibles d'autorisations de programme, il n'est pas demandé de crédits pour 1999.

L'article 40, relatif à l'aide au développement d'implantations commerciale et industrielles, correspond aux avances remboursables accordées par le Comité de développement extérieur (CODEX), créé en application d'une décision du comité interministériel du 22 décembre 1981, dont le secrétariat est assuré par la direction des relations économiques extérieures, au ministère de l'économie, des finances et de l'industrie.

Dans le cadre de la réforme des protocoles engagée en 1997, le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie a décidé, en mars 1998, de créer un volet " aide en capital " au sein du Fonds d'aide et d'études au secteur privé (FASEP), qui se substituera aux actuels outils d'appui à l'investissement à l'étranger. A compter du 15 septembre 1998, un fonds de garantie a remplacé le CODEX et intervient en appui :

- des apports en fonds propres des entreprises à leurs filiales étrangères ;

- des participations des sociétés de capital-risque dans les filiales d'entreprises françaises à l'étranger ;

- des prêts consentis à des entreprises étrangères à participation française.

De même que le CODEX, ce dispositif est accessible aux entreprises de moins de 3 milliards de francs de chiffre d'affaires. Par conséquent, seuls les moyens nécessaires à la couverture des engagements passés dans le cadre du CODEX sont demandés pour 1999. En effet, les délais de mise en _uvre des investissements aidés expliquent le décalage entre la dotation et l'exécution budgétaire. La dotation inscrite dans le projet de loi de finances se limite à 10 millions de francs au titre des crédits de paiement " services votés ", la dotation d'autorisations de programme n'ayant plus lieu d'être.

· Les programmes financés par le FEDER, définis pour la période 1982-1986 au profit de trois régions françaises (30) pour renforcer leurs structures économiques et favoriser les créations d'emplois dans le secteur des PME, du tourisme, de l'innovation et de l'artisanat, s'éteignent progressivement.

En effet, depuis 1987, les versements de la Communauté européenne sont rattachés par voie de fonds de concours à des chapitres du budget de l'Intérieur, tandis que les contreparties nationales sont désormais mises en place directement par les ministères concernés.

Ainsi, les dotations du chapitre 65-20 " Programmes européens de développement régional " sont nulles depuis plusieurs années. Les seuls crédits disponibles proviennent de reports répétés d'année en année (18,96 millions de francs reportés de 1997 vers 1998), à peine amenuisés par une consommation des crédits infinitésimale : la dernière dépense imputée sur le chapitre a été de 0,6 million de francs en 1994. Des apurements automatiques d'autorisations de programme ont d'ailleurs eu lieu.

II.- LES INTERVENTIONS À CARACTÈRE SOCIAL

A.- LA RÉSORPTION NATURELLE DE CERTAINS DISPOSITIFS

1.- L'adoption de la loi d'orientation de lutte contre les exclusions justifie la suppression du chapitre 44-76

Le chapitre 44-76 du budget des Charges communes retrace des crédits destinés au renforcement de la cohésion sociale. Créé à l'occasion de la loi de finances pour 1997, il portait alors une dotation de 470 millions de francs destinée à financer de nouveaux dispositifs en faveur de l'insertion et de l'emploi de nos concitoyens les plus défavorisés, et en particulier, selon le précédent Gouvernement, un nouveau contrat aidé en secteur non marchand : le contrat d'initiative locale.

Ces mesures auraient dû être décidées dans le cadre du projet de loi dit " de cohésion sociale ", dont la discussion avait commencé devant l'Assemblée nationale à la fin de la précédente législature, au moment même où se préparait la dissolution.

Ce chapitre a été maintenu dans la loi de finances pour 1998, dans la mesure ou le Gouvernement constitué le 8 juin 1997 avait marqué son intention de déposer devant le Parlement un nouveau projet de loi de lutte contre les exclusions sociales. Une fois votée la loi d'orientation n° 98-675 du 29 juillet 1998 relative à la lutte contre les exclusions, les crédits inscrits par la loi de finances pour 1998 sur le chapitre 44-76 (225 millions de francs) ont été intégralement répartis entre les différents budgets ministériels par un arrêté du 28 septembre 1998.

Le chapitre 44-76, ne se justifiant plus depuis le vote de la loi d'orientation, a été supprimé dans le projet de loi de finances pour 1999.

RÉPARTITION DES CRÉDITS INSCRITS EN 1998 SUR LE CHAPITRE 44-76

(en millions de francs)

Chapitre

Intitulé

Montant

Budget de l'Emploi

 

43-05

Formation en alternance

40,0

Budget de la Santé, de la solidarité et de la ville

 

31-42

Indemnités et allocations diverses

0,5

31-96

Autres rémunérations

4,5

37-13

Services des affaires sanitaires et sociales. Dépenses diverses

12,0

43-33

Professions sociales. Formation

17,0

47-11

Programmes et dispositifs en faveur de la santé des populations

27,0

47-12

Veille, alerte et interventions sanitaires

1,0

47-15

Programmes et dispositifs de lutte contre les toxicomanies

4,0

47-18

Programmes et dispositifs de lutte contre le sida

4,0

47-21

Programmes d'action sociale de l'État

85,0

Budget du Logement

 

46-50

Participation de l'État aux fonds de solidarité pour le logement et aux fonds d'aides aux accédants en difficulté. Subventions aux associations logeant des personnes défavorisées

30,0

2.- Les crédits destinés aux rapatriés se limitent désormais à la contribution de l'État à l'amélioration des retraites

· L'année 1997 a vu s'éteindre le dispositif destiné à assurer l'indemnisation des rapatriés. Le montant définitif des dépenses constatées à ce titre en 1997 sur le chapitre 46-91 (article 20) est de 3,36 milliards de francs. Les dépenses inscrites sur l'article 10 (moratoire des dettes, remise des prêts de réinstallation et financement des prêts de consolidation) s'élèvent, pour leur part à 96 millions de francs.

Seules subsistent encore l'allocation forfaitaire instituée en faveur des anciens supplétifs et de leur famille par la loi du 16 juillet 1987 et l'allocation complémentaire instituée par la loi du 11 juin 1994. Au 1er juin 1998, le nombre de dossiers déclarés éligibles s'élevait à 14 995 au titre de l'allocation forfaitaire et à 14.586 au titre de l'allocation complémentaire. Les dépenses budgétaires correspondantes sont incluses dans le total des dépenses du chapitre 46-91 : 12 millions de francs en 1997 pour l'allocation forfaitaire et 490 millions de francs pour l'allocation complémentaire.

Aucune dotation n'est demandée pour 1999.

· L'effort de l'État pour assurer aux rapatriés le bénéfice de pensions de retraite satisfaisantes a pour origine le souci de pallier les insuffisances, voire l'inexistence, des régimes de retraite dans les territoires où ceux-ci étaient installés. Les rapatriés qui procèdent au rachat de leurs cotisations peuvent bénéficier d'une aide de l'État, la part du rachat prise en charge par l'État étant versée à chacune des institutions des régimes obligatoires d'assurance vieillesse. Le montant des remboursements est égal, pour l'année considérée, à la différence entre la part des pensions liquidées correspondant au rachat des cotisations et le montant des cotisations racheté par les rapatriés.

Compte tenu d'une dotation initiale de 470 millions de francs en 1998 et de reports de l'exercice 1997 à hauteur de 168,5 millions de francs, la dette de l'État vis-à-vis de la caisse nationale d'assurance vieillesse des travailleurs salariés (CNAVTS) devrait être soldée et la dépense globale pour l'exercice 1998 peut être évaluée à 580 millions de francs environ.

L'explication de la dotation de 274 millions de francs demandée pour 1999 mérite d'être intégralement rapportée :

" A partir de 1996, en raison des disponibilités sur le chapitre 47-92, des opérations ont été menées au-delà du paiement de l'écart annuel. La dette de l'État à l'égard de la CNAVPL, de la CANCAVA et d'ORGANIC, constituée du montant des cotisations à la charge de l'État qui n'avait pas été versé l'année en cours et les années précédentes, a été soldée, ne laissant subsister que la dette à l'égard de la CNAVTS (de l'ordre de 370 millions de francs).

" Ces opérations ne correspondent cependant pas à un apurement définitif de la dette de l'État à l'égard des institutions des régimes obligatoires d'assurance vieillesse. Celles-ci ne font en effet apparaître dans leurs factures que la part due par l'État des cotisations afférentes aux rapatriés pour lesquels les régimes commencent à verser une pension de retraite. En conséquence, constitue une dette de l'État le montant des rachats de cotisations concernant les rapatriés qui n'ont pas atteint l'âge de la retraite, mais qui ont sollicité le bénéfice de ce dispositif d'amélioration des retraites et ont déjà acquitté la part de rachat leur incombant.

" Le montant de cette dette est obtenu par soustraction entre le montant total des rachats dû par l'État, calculé par l'Agence nationale pour l'indemnisation des Français d'outre-mer (ANIFOM) et le montant total des versements effectués par l'État.

" Cette opération laisse apparaître une dette globale de l'État de 1.235,23 millions de francs, à laquelle devrait s'ajouter le flux des nouveaux rachats, aucun délai de forclusion n'ayant été prévu par le législateur.

" La fixation de la dotation de ce chapitre doit ainsi combiner la détermination du rythme d'exigibilité de la dette, lequel correspond au rythme de départ à la retraite des bénéficiaires et l'estimation du flux des nouveaux rachats qui décroît continûment.

" Sur ces bases et compte tenu du montant des paiements qui devraient intervenir en 1998, qui devraient solder la dette de la CNAVTS (370 millions de francs), les besoins budgétaires pour 1999 ont été évalués à 274 millions de francs, correspondant au maintien du rythme actuel des départs en retraite des rapatriés. "

· Enfin, l'État contribue directement au financement de certains régimes spéciaux, dont l'extinction progressive justifie la réduction régulière des dotations inscrites dans la loi de finances. La " participation de l'État aux dépenses de la caisse de retraite des régies ferroviaires d'outre-mer " (chapitre 47-91) s'établit à 51,8 millions de francs, en diminution de 3,3 millions de francs par rapport aux crédits votés en 1998 . Les " versements de l'État à la CNRACL au titre des partis contributives dues par les caisses de retraite d'Algérie, du Maroc et de Tunisie " (chapitre 46-97) s'élèveraient à 230.000 francs en 1999.

B.- LES DOTATIONS À DIVERS ORGANISMES ET FONDS VERSANT DES PRESTATIONS SOCIALES

1.- Les dépenses du fonds spécial d'invalidité

La loi du 22 juillet 1993 relative aux pensions de retraite et à la sauvegarde de la protection sociale a créé le fonds de solidarité vieillesse, dont la mission est de prendre en charge les avantages d'assurance vieillesse non contributifs relevant de la solidarité nationale. La liste de ces avantages comporte entre autres " le financement des allocations aux personnes âgées mentionnées au titre premier du livre VIII du code de la sécurité sociale, à l'exclusion de celle qui est versée au titre de l'article L. 815-3 (allocation supplémentaire versée aux bénéficiaires de pensions d'invalidité) ". Les dépenses entraînées par l'attribution de cette allocation supplémentaire sont à la charge d'un fonds spécial d'invalidité.

La dotation inscrite sur le chapitre 46-92 du budget des Charges communes est destinée à rembourser aux différents régimes de sécurité sociale le coût de l'allocation supplémentaire d'invalidité (ASI).

Aux termes de l'article L. 815-4 du code de la sécurité sociale, le montant de l'ASI est fixé par décret. Le montant maximum de l'allocation pour une personne seule a été revalorisé de 1,2% en mars 1995, de 4,5% en juillet 1995 et en dernier lieu de 2,17% en février 1996.

Les effectifs bénéficiaires de l'ASI diminuent chaque année, en raison de la diminution du nombre de personnes titulaires de pensions d'invalidité d'un faible montant. Ces petites pensions sont en effet versées à des personnes ayant eu une activité antérieure, souvent à temps partiel et faiblement rémunérée. Ce type d'emplois s'est raréfié et le nombre de personnes pouvant remplir les conditions d'attribution de l'ASI décroît. Les autres personnes obtiennent généralement une prestation d'un montant supérieur : l'allocation aux adultes handicapés.

En 1997, les dépenses ont atteint 1.629,8 millions de francs, pour un montant de crédits versés à partir du budget des Charges communes de 1.679,5 millions de francs. Les crédits proposés pour 1999 s'élèvent à 1.580 millions de francs, quasiment stables par rapport à la dotation de la loi de finances pour 1998 mais en diminution par rapport à la prévision d'exécution pour cette même année (- 3,9%) qui s'établit actuellement à 1.643,9 millions de francs.

2.- La stabilité de la subvention d'équilibre au régime spécial de la SEITA

Les retraites du régime spécial de la SEITA sont garanties par l'État, tant en ce qui concerne leur versement que leur revalorisation. Cette garantie a été maintenue lors de la privatisation de la SEITA. Les prestations sont principalement financées par l'employeur (taux de cotisation fixé à 24,4% des salaires soumis à cotisation), les agents en activité affiliés au régime (taux de cotisation fixé à 7,85%), les transferts de compensation spécifique et une subvention annuelle de l'État, retracée à l'article 20 du chapitre 46-90 " Versements à divers régimes obligatoires de sécurité sociale ".

La participation des finances publiques au financement du régime spécial est due notamment au déséquilibre démographique consécutif à la décision d'affilier au régime général des salariés et à un régime complémentaire de droit commun les personnels recrutés depuis 1980.

Compte tenu des prévisions de dépenses pour 1998, d'une baisse des effectifs cotisants de 5% et d'une légère baisse du nombre de pensionnés (- 0,9%), la subvention de l'État a été évaluée à 496 millions de francs pour 1999. Selon le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, " au cours des cinq prochaines années, la contribution du budget de l'État au régime spécial de retraite de la SEITA devrait s'élever annuellement entre 480 et 490 millions de francs environ ".

C.- LES AIDES À DESTINATION DES PUBLICS SCOLAIRES

Sous un intitulé très général (" Versements à divers régimes obligatoires de sécurité sociale "), le chapitre 46-90 retrace, sur ses articles 40 et 50, les interventions de l'État destinées à améliorer les conditions de scolarisation de certains enfants issus de milieux défavorisés.

1.- Le transfert de la dotation relative à l'aide à la scolarité

Instituée par la loi du 25 juillet 1994 pour remplacer un système de bourses de collèges jugé obsolète, l'aide à la scolarité est versée aux familles disposant par ailleurs d'une prestation familiale, de l'aide personnelle au logement, de l'allocation aux adultes handicapés ou du RMI. Son montant varie en fonction du revenu des parents et du nombre d'enfants, selon des modalités fixées par décret. Distribuée directement par les caisses d'allocations familiales, l'aide à la scolarité devait bénéficier à près d'un million d'enfants.

Votre Rapporteur estimait, dans son précédent rapport, que " au vu de l'expérience acquise sur le terrain, les modalités de versement de cette aide mériteraient un examen particulier ".

La loi d'orientation relative à la lutte contre les exclusions a remplacé l'aide à la scolarité par un dispositif de bourses des collèges géré par le ministre chargé de l'enseignement scolaire. Les crédits inscrits par la loi de finances pour 1998 au budget des Charges communes ont été transférés, en août 1998, vers le budget de l'Enseignement scolaire à hauteur de 600 millions de francs, afin de couvrir le coût des bourses de collège au premier trimestre de l'année scolaire 1998-1999.

Le projet de loi de finances pour 1999 tire les conséquences ultimes de la loi du 29 juillet 1998. Tout d'abord, les crédits afférents à la prestation d'aide à la scolarité sont supprimés par transfert de la dotation qui aurait été nécessaire au financement de la prestation en 1999 si le dispositif avait été maintenu, soit 799 millions de francs. Ensuite, le projet de budget de l'Enseignement scolaire intègre une mesure nouvelle de 150 millions de francs correspondant au surcoût en année pleine du nouveau dispositif des bourses des collèges.

BOURSES DE COLLÈGES ET AIDE À LA SCOLARITÉ

(en millions de francs)

 

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

Bourses de collèges

                 

Dépenses

746, 1

721, 3

703, 4

687, 4

465, 0

-

-

-

-

Aide à la scolarité

                 

LFI

-

-

-

-

-

673, 2

767, 8

864, 6

828, 0

Dépenses

-

-

-

-

336, 8

787, 2

774, 4

838, 7

-

Source : direction du Budget.

2.- L'absence de dotation initiale pour une éventuelle majoration de l'allocation de rentrée scolaire

L'allocation de rentrée scolaire (ARS) a été créée par la loi du 16 juillet 1974. Elle est accordée sous conditions de ressources à des familles bénéficiant déjà d'une prestation familiale. L'ARS est elle-même une prestation familiale, et à ce titre est intégralement financée par la CNAF, sur le budget du fonds national des prestations familiales. Seules ses majorations éventuelles décidées par l'État sont financées de façon particulière.

En 1993, 1994 et 1995, l'ARS a été majorée pour être portée au total à 1.500 fr ancs. Jamais le financement afférent à cette opération n'a été inscrit dans la loi de finances initiale. En effet, la contribution de l'État prend la forme d'un remboursement à la CNAF, qui intervient généralement en fin d'année :

- en 1993, le remboursement a été effectué à l'occasion de la reprise de dette des régimes de sécurité sociale ; 5,8 milliards de francs ont ainsi été remboursés ;

- en 1994, un crédit de 5,9 milliards de francs a été inscrit sur le chapitre 46-90 dans la loi de finances rectificative ;

- en 1995, le coût de la majoration a été partagé entre la CNAF et l'État : un décret a porté, à titre dérogatoire, le coût de l'allocation " de base " à 830 francs, tandis que l'État a pris en charge le solde rapporté à 1.500 francs ; 4,6 milliards de francs ont été inscrits en collectif de fin d'année ;

- en 1996 l'allocation majorée a été limitée à 1.000 francs ; un crédit de 3,2 milliards de francs a été ouvert dans le décret d'avance du 26 septembre 1996 ;

- en 1997, pour la première fois depuis sa création, l'allocation a été quadruplée, par le décret du 22 août 1997, qui a porté son montant total à 1.600 francs. Le coût de la majoration a été intégralement supporté par l'État et un crédit de plus de 6,4 milliards de francs a été ouvert par le décret d'avance du 9 juillet 1997 ;

- en 1998, le montant de l'allocation de rentrée scolaire a été à nouveau quadruplé par le décret n° 98-718 du 19 août 1998. Selon le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, " les crédits nécessaires au financement de cette majoration seront soumis au Parlement dans le collectif de fin d'année ".

L'absence de dotation initiale pour 1999 est motivée par le fait que " pour 1999, le code de la sécurité sociale maintient l'ARS à son niveau de base, soit 20% de la base mensuelle de calcul des allocations familiales ". Cependant, cette absence n'est pas pour autant le signe que le Gouvernement a renoncé à majorer l'ARS au cours de l'année 1999.

III.- LES INTERVENTIONS INTERNATIONALES DU TRÉSOR : LE DEUXIÈME BUDGET DE L'AIDE AU DÉVELOPPEMENT

Les crédits du budget des Charges communes concourant à l'action extérieure de la France s'élèveraient, en 1999, à 10,53 milliards de francs, soit 20,7% d'un montant total de 50,98 milliards de francs pour l'ensemble du budget général et des comptes spéciaux du Trésor (31). Si le champ de l'analyse est limité aux seuls crédits " concourant à la coopération avec les États en voie de développement ", la part du budget des Charges communes est encore supérieure. 8,71 milliards de francs de crédits y seraient consacrés en 1999, pour un total de 20,23 milliards de francs, soit 43,1%.

Le budget des Charges communes reste ainsi le second budget finançant l'action extérieure de l'État, après celui du ministère des Affaires étrangères mais avant celui de la Coopération ou celui de la Recherche.

La récapitulation des crédits figurant dans le fascicule jaune annexé au projet de loi de finances pour 1999 porte cependant sur un grand nombre de chapitres budgétaires, et répond à une conception très large - peut-être trop - de " l'action extérieure " de l'État. En particulier, l'agrégat ainsi conçu présente l'inconvénient de mêler dans un même calcul des crédits qui concernent le soutien aux exportations ou aux implantations à l'étranger, et ceux qui concourent à l'aide publique au développement.

De même, le fascicule jaune " État récapitulatif des crédits concourant à la coopération avec les États en voie de développement " prend en compte l'ensemble des crédits inscrits sur le chapitre 44-98, dont une partie a déjà été évoquée dans les passages du présent rapport spécial consacrés aux charges de bonification.

Si l'on fait abstraction de quelque 543 millions de francs de crédits inscrits sur le chapitre 42-07, relatifs à l'application de conventions fiscales passées entre la France et des États étrangers, qui varient peu d'une année sur l'autre, l'action internationale du Trésor est majoritairement consacrée à l'aide au développement : 8,5 milliards de francs y seraient consacrés, au vu des crédits qu'il est proposé d'adopter pour 1999.

Par ailleurs, les coûts de gestion enregistrés au niveau des services centraux ou délégués et portés sur le budget des Charges communes sont minimes au regard des dépenses opérationnelles proprement dites.

· Le remboursement à Natexis Banque des frais occasionnés par la gestion des prêts et dons du trésor aux États étrangers (chapitre 37-01, article 10) nécessiterait en 1999 des crédits s'élevant à 34 millions de francs. A la suite d'une mission de l'Inspection générale des finances, la base de rémunération de Natexis Banque a été modifiée en 1996 : elle est désormais fondée sur les tirages effectifs des prêts et dons du Trésor et non plus sur l'encours des prêts et dons gérés. La dépense de l'exercice 1997 est de 32,6 millions de francs pour une dotation initiale de 36 millions de francs. La dotation votée pour 1998 a été réduite à 35 millions de francs ; celle demandée pour 1999 est également réduite à 34 millions de francs.

· Le remboursement à l'AFD des frais occasionnés par la gestion des dons-projets, des concours d'ajustement structurel et des protocoles du Trésor, s'élèverait pour 1999 à 171 millions de francs (chapitre 37-01, article 20). La baisse des taux d'intérêts observée ces dernières années, ainsi que la diminution du volant de trésorerie détenu par l'AFD au titre des procédures publiques, a conduit à une sensible diminution des produits financiers dégagés sur cette trésorerie. Il en résulte une tendance à l'augmentation, depuis 1993, de la dotation budgétaire destinée à compenser la charge globale des frais de gestion. Ainsi, la dotation initiale pour 1997 (130 millions de francs) a été dépassée en exécution puisque les dépenses effectives imputées sur l'article ont atteint 267,6 millions de francs. Compte tenu d'une dépense exceptionnelle de 97,7 millions de francs " liée au versement par l'État d'une rémunération au titre de la prise en garantie par l'AFD, à la demande de l'État, d'un emprunt obligataire émis par un État étranger ", l'excédent de dépenses par rapport aux crédits initiaux a été de près de 55 millions de francs.

· Les évaluations portant sur les opérations réalisées sur protocoles gouvernementaux ont été présentées dans le chapitre II du présent rapport consacré aux " charges budgétaires communes ", les crédits nécessaires étant retracés sur le chapitre 37-03 " Études " (article 20).

LES CRÉDITS D'AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT

(en millions de francs)

Chapitre

Intitulé

Autorisations de programme

Crédits de paiement

   

1998

1999

1998

1999

58-00

Participation de la France au capital d'organismes internationaux

100

-

85

349

68-02

Participation de la France au Fonds européen de développement

0

0

1.612

1.612

68-04

Participation de la France à divers fonds

1.822

1.620

2.241

2.270

Sous-total Aide multilatérale

1.922

1.620

3.938

4.231

14-01

Garanties (a)

-

-

100

51

44-98

Participation de l'État au service d'emprunts à caractère économique (b)

-

-

4.164

3.913

68-00

Aide extérieure

600

600

614

300

Sous-total Aide bilatérale

600

600

4.878

4.264

Total Aide au développement

2.522

2.220

8.816

8.495

(a) Ne sont pris en compte que les paragraphes 21 et 22 de l'article 90 : garanties accordées à la BFCE.

(b) N'est pris en compte que l'article 36, relatif à l'Agence française de développement..

A.- L'AIDE MULTILATÉRALE : LA STABILISATION DES CRÉDITS DE PAIEMENT

L'évolution des contributions aux banques et fonds internationaux multilatéraux est déterminée, en autorisations de programme, par les accords signés par la France, et en crédits de paiement, par le rythme prévisible des appels de fonds des organismes.

La politique constante du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie à cet égard est d'inscrire en autorisations de programme l'ensemble des engagements financiers de l'État consécutifs à la signature d'un accord multilatéral, l'année même de cette signature.

· Après un montant très élevé en 1997, dû à la conclusion de plusieurs accords (32) et le retour à un niveau relativement modeste en 1998 (1,9 milliard de francs), les autorisations de programme diminueraient légèrement à 1,6 milliard de francs en 1999.

L'unique contribution motivant l'inscription d'une autorisation de programme résulte de la huitième reconstitution des ressources du Fonds africain de développement (FafD).

Créé en 1972 par un accord conclu entre la Banque africaine de développement et seize pays non-régionaux, le Fonds africain de développement octroie des concours financiers très favorables aux pays les plus pauvres d'Afrique. La négociation de la sixième reconstitution des ressources, engagée en juin 1990, s'est achevée en février 1991. Cette reconstitution couvrait la période 1991-1993. La part de la France y est de 9,434%, ce qui place notre pays au troisième rang, derrière le Japon (13,65%) et les États-Unis (11,83%). La contribution française, d'un montant total de 1,677 milliard de francs, a été réglée en trois annuités de montant croissant : 486,45 millions de francs en février 1992, 553,5 millions de francs en janvier 1993 et 637,4 millions de francs en décembre 1993.

Les négociations relatives à la septième reconstitution des ressources ont pu être conclues au cours du premier semestre 1996, avec deux ans de retard. Compte tenu du rôle important des concours du FafD, guichet concessionnel de la Banque africaine de développement, pour le financement des pays les plus pauvres à des conditions bien plus favorables que les conditions de marché, la France s'était engagée à maintenir sa part de 9,434% dans le fonds de base du FafD-7, qui s'élève à 1,3 milliard de droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI, et dans un fonds additionnel de 500 millions de DTS mis en place par seize des contributeurs.

La contribution française à la septième reconstitution des ressources du FafD, soit 1.282,2 millions de francs au total sur trois ans, place la France au deuxième rang des donateurs, derrière le Japon. Les autorisations de programme correspondantes ont été ouvertes en 1994 et les crédits de paiement nécessaires aux deux premières annuités (310,55 millions de francs en 196 et 433,24 millions de francs en 1997) ont été demandés en 1994 et 1995. Le versement de ces deux annuités a été effectué en 1996 et 1997. Le versement de la troisième annuité a été effectué en avril 1998.

La négociation sur la huitième reconstitution des ressources du FAfD a début récemment et devrait être achevée en 1999. Le FAfD-8 devrait également couvrir une durée de trois ans (199-2001). L'ouverture d'une autorisation de programme de 1.620 millions de francs est demandée dans le présent projet de loi de finances.

· Sur un montant total de 4,23 milliards de francs de crédits de paiement, la majeure partie provient, comme pour l'exercice 1998, des paiements de la France au titre de sa participation au Fonds européen de développement (FED) : 1,6 milliard de francs sont demandés pour 1999, montant identique à celui des crédits votés pour 1998.

Chaque année, les versements nationaux au FED sont proportionnels aux besoins de trésorerie de la Commission, eux-mêmes liés au rythme d'exécution des projets : outre les " cycles " naturels de chaque FED (33), il faut notamment tenir compte de facteurs exogènes, comme la suspension de l'aide dans les pays en guerre ou en crise, et de la nature cyclique de certains outils (STABEX, SYSMIN, aide aux réfugiés, etc.). Les prévisions conservent donc un caractère approximatif.

Les années 1996 et 1997 se sont traduites par une forte baisse des dépenses du FED, en particulier du STABEX, du fait de l'évolution alors favorable des cours des produits de base. Les dépenses du FED sont ainsi passées d'un maximum de 1.781 millions d'écus en 1994 à 1.213 millions d'écus en 1997. Il en est résulté une accumulation de trésorerie dans les écritures du FED (775 millions d'écus à la fin de l'exercice 1996) et de crédits reportés sur le chapitre 68-02 du budget des Charges communes (2.153 millions de francs à la fin de l'exercice 1996), cette inflexion des dépenses à la baisse n'ayant pas été anticipée. Ces ressources excédentaires expliquent les montants relativement faibles des appels de contribution, donc de l'exécution budgétaire sur le chapitre 68-02, ainsi que l'apurement progressif des reports, qui devrait être achevé à la fin de 1999.

Par ailleurs, la convention de Lomé-IV, applicable depuis le 1er mars 1990, pour une durée de 10 ans, a été modifiée par un accord signé en novembre 1994. Cet accord est entré en vigueur à compter du 1er juin 1998, après l'achèvement de la procédure de ratification par l'ensemble des États membres de la Communauté européenne et au moins les deux tiers des États ACP. Cette entrée en vigueur permet l'engagement des ressources du VIIIème FED, dont la France est le premier contributeur.

En conséquence, les prévisions d'appel de fonds pour 1999 doivent être révisées par la Commission européenne. Toutefois, à la demande de plusieurs États membres, dont la France, la gestion de la trésorerie du FED a été améliorée, en particulier pour les opérations au titre du mécanisme STABEX. Le règlement financier du VIIIème FED prévoit que les États membres pourront transformer leur contribution STABEX en une créance ouverte dont le versement est différé. Cette dernière disposition sera partiellement utilisée par la France en 1998 et 1999, ce qui permet de reconduire les dotations budgétaires en francs courants, soit 1.620 millions de francs.

Pour autant, la prévision d'exécution pour l'exercice 1998 fait apparaître un montant probable de dépenses de 2 milliards de francs, alors que la dotation initiale du chapitre 68-02 est de 1,6 milliard de francs.

Comme dans la loi de finances pour 1998, le deuxième poste majeur de dépenses en 1998 est relatif à la participation de la France à la onzième reconstitution des ressources de l'Association internationale de développement (AID). 4,4 milliards de francs d'autorisations de programme avaient été inscrits dans ce but dans la loi de finances pour 1997. La dotation demandée pour 1999 en crédits de paiement, soit 1,38 milliard de francs, est l'exacte reconduction des crédits votés en 1998.

La France a versé en 1997 un peu plus de 1,6 milliard de francs au titre de sa participation au fonds intérimaire mis en place en attendant que les États-Unis se décident à apurer leurs arriérés de paiement. Le versement de 1998 correspond à la première annuité de la XIème reconstitution, qui associe tous les donateurs, en conformité avec la résolution de l'AID. Les crédits de paiement demandés pour 1999 correspondent à la dernière annuité de l'AID-11. Les négociations sur l'AID-12 devaient débuter au second semestre de 1998.

La négociation pour la deuxième reconstitution des ressources du Fonds pour l'environnement mondial a été conclue en avril 1998. Elle motive l'inscription de 381 millions de francs en crédits de paiement, qui correspondent en fait à trois actions différentes :

- 215,5 millions de francs au titre de la participation de la France au FEM stricto sensu ;

- 94,5 millions de francs au titre des actions bilatérales du Fonds français pour l'environnement mondial. Ce fonds, créé par la France et logé à l'Agence française de développement est destiné à mettre en _uvre la contribution française au FEM et à financer, par des actions bilatérales, des projets du même type ;

- 71 millions de francs au titre de la participation de la France au fonds multilatéral aux fins d'application du protocole de Montréal, dont la deuxième reconstitution de ressources a été décidée en novembre 1996, à hauteur de 466 millions de dollars. La part de la France à ce fonds est de 7,6% et les crédits de paiement demandés sur l'article 90 du chapitre 68-02 représentent le montant de la troisième annuité.

B.- L'AIDE BILATÉRALE

1.- L'érosion tendancielle des annulations de dette

Les remises de dettes accordées par le Trésor au profit des pays les moins avancés sont à intégrer à l'action d'aide publique au développement. Il s'agit d'ailleurs d'un poste important de dépenses, qui est retracé dans deux chapitres différents du budget des Charges communes :

- le chapitre 14-01 (article 90, paragraphe 21) porte les crédits nécessaires à l'indemnisation de la BFCE pour annulations de dettes ;

- le chapitre 44-98 (article 36, paragraphe 13) porte les crédits nécessaires à l'indemnisation de l'AFD.

Par ailleurs, lors du refinancement d'échéances de prêts portés par l'AFD, le compte spécial du Trésor n° 903-17 " Prêts du Trésor à des États étrangers pour la consolidation de dettes envers la France " porte la dépense correspondant à la consolidation de la part non annulée.

CHARGES DE REMISES DE DETTES À L'AFD ET À LA BFCE/NATEXIS
(au titre des annulations Toronto, Dakar I et Dakar II)

(en millions de francs)

 

AFD (chapitre 44-98, art. 36 § 13)

BFCE (chapitre 14-01, art. 90 § 21)

Année

Toronto

Dakar I (a)

Dakar II

Total

Toronto

Dakar I

Dakar II

Total

1989

299,8

968,0

-

1.267,8

226,4

-

-

226,4

1990

73,1

1.759,8

-

1.832,9

379,5

289,2

-

668,7

1991

27,3

1.832,5

-

1.859,9

302,0

189,0

-

491,0

1992

8,1

1.835,3

-

1.843,4

156,7

181,1

-

337,8

1993

12,9

1.859,7

-

1.872,6

115,3

145,1

-

260,4

1994

4,4

1.863,4

3.773,9

5.601,7

880,5

122,4

-

1.002,9

1995

0,4

1.775,9

1.405,9

3.182,3

117,9

64,5

284,0

466,4

1996

-

1.647,1

1.287,1

2.934,1

219,8

40,0

84,9

344,7

1997

-

1.501,6

1.194,1

2.695,6

189,3

9,3

-

198,5

1998

-

1.345,3

1.203,8

2.549,1

50

1

2

53

1999

-

1.155,5

1.250,2

2.405,7

50

1

0

51

(a) Sont incluses les charges de remise de dettes résultant de la conférence de Paris (1990), qui a étendu les mesures " Dakar I " à sept pays non africains.

Source : direction du Trésor.

En 1997, la charge totale des remises de dettes concernant la BFCE/Natexis a été de 198,5 millions de francs, alors qu'un montant de 400 millions de francs avait été inscrit dans la loi de finances. Les années 1998 et 1999 devraient voir un nouveau palier dans la réduction structurelle des dépenses pour annulations de dettes, puisqu'un montant d'environ 50 millions de francs est attendu pour chacun de ces exercices. L'encours des prêts de consolidation dus à la BFCE/Natexis est passé de 42,7 milliards de francs à 10,9 milliards de francs de 1990 à 1996. Les charges budgétaires devraient donc rester limitées, dans les années à venir, d'autant que les principaux pays débiteurs (Brésil et Maroc) ne bénéficient d'aucune annulation de dette. Les dernières échéances relatives aux annulations en cours (Dakar I et Dakar II) tombent en 1999 (Soudan, Mozambique)et 1998 (respectivement.

En 1997, la charge des remises de dettes concernant l'AFD s'est élevée à 2.695,64 millions de francs, en bonne concordance avec la prévision effectuée lors de la loi de finances initiale (2.690 millions de francs). Les prévisions relatives à l'exercice 1998 sont également conformes à la loi de finances initiale, avec une dépense évaluée à 2.549 millions de francs. 2.406 millions de francs sont prévus en 1999.

S'agissant des annulations " Dakar I " et Dakar II ", le montant des échéances annulables, année après année jusqu'à bonne fin, est établi de façon certaine par les créanciers.

Pour les mécanismes " Toronto ", " termes de Londres " et " termes de Naples ", la marge d'incertitude est en revanche plus importante. En effet, l'annulation est directement liée à la conclusion d'un accord bilatéral de consolidation du pays débiteur, après le réaménagement de ses dettes, par les pays créanciers réunis dans le Club de Paris. Ce traitement par le club de Paris est lui-même conditionné par la conclusion préalable d'un programme d'ajustement économique avec le Fonds monétaire international. Ainsi, le caractère aléatoire du passage des pays débiteurs au club de Paris ne permet pas d'évaluer précisément, de façon prévisionnelle, le montant des annulations une année donnée.

2.- Une diminution non significative du montant des dons

Le chapitre 68-00 " Aide extérieure " retrace les dépenses budgétaires relatives aux dons relevant de l'aide publique au développement.

L'article 10 " Aide extérieure " retrace les crédits destinés aux dons du Trésor, accordés par le biais de protocoles financiers avec les pays les plus pauvres. Cependant, certains dons peuvent être dispensés à des pays, indépendamment de leur niveau de richesse, pour des projets particuliers tels que des études de faisabilité ou des formations techniques accompagnant des opérations de plus grande envergure.

La gestion des crédits de l'article 10 est, depuis le mois d'avril 1998, assurée par la direction des relations économiques extérieures. L'État verse aux établissements distributeurs (Natexis et AFD) une provision sur laquelle ceux-ci imputent le montant des dons effectués ; cette provision est reconstituée par l'État au fur et à mesure des besoins.

En 1997, les autorisations de programme utilisées se sont élevées à 550 millions de francs et les crédits de paiement à 403 millions de francs. 600 millions de francs d'autorisations de programme sont demandés pour 1999, en fonction des prévisions de signature des protocoles et de l'utilisation de la procédure FASEP. Les crédits de paiement (300 millions de francs) ont été calculés sur la base du montant prévu des débours au titre des protocoles signés les années antérieures et des notifications transmises dans le cadre du FASEP. La sensible réduction par rapport aux crédits votés en 1998 n'est donc pas le signe d'une volonté de désengagement.

L'article 20 " Dons associés aux prêts de la Caisse française de développement " est destiné au financement de subventions à l'Agence française de développement, qui permettent de financer la très forte concessionnalité des prêts de l'AFD aux États étrangers les plus pauvres. Les règles dites " de La Baule ", annoncées en 1990, ont remplacé l'intervention sous forme de prêts dans les pays les plus pauvres par des dons. Depuis 1990, aucune dépense n'a été enregistrée sur cet article, dont la suppression devrait être demandée lors de l'examen d'un prochain projet de loi de finances.

L'article 30 " Dons destinés à financer des projets dans les pays les plus pauvres " concerne les projets de la Caisse française de développement dans les pays les plus pauvres. Ses crédits sont utilisés soit directement en subventions, soit en bonification d'autres ressources, qui permettent ainsi de distribuer des prêts très concessionnels. Les crédits sont répartis entre le chapitre 68-00 art. 30 du budget des Charges communes et le chapitre 68-91 art. 40 du budget de la Coopération, selon une clef de répartition très variable :

- avant 1996, tous les crédits étaient retracés sur le budget des Charges communes ;

- en 1996, les autorisations de programme et les crédits de paiement ont été portés sur le budget de la Coopération ;

- en 1997, les crédits de paiement ont été portés sur le budget de la Coopération, ainsi que 1.100 millions de francs d'autorisations de programme, tandis que le budget des Charges communes bénéficiait de 45 millions de francs d'autorisations de programme ;

- en 1998, tous les crédits relatifs à l'aide projet de la CFD ont été inscrits sur le budget de la Coopération.

Cette affectation des crédits est désormais définitive : aucune dotation n'est demandée sur le budget des Charges communes en 1999, tant pour les autorisations de programme que pour les crédits de paiement. Cependant, selon le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, " compte tenu de l'existence d'un report de crédits de 30,1 millions de francs à la fin de l'exercice 1997, la suppression de l'article ne se justifie pas à ce stade ".

3.- Les mécanismes de garantie et de bonification d'intérêts

· Indépendamment de l'indemnisation des remises de dettes dont les créances sont détenues par la BFCE/Natexis, l'État est également amené à garantir le service en intérêts et en amortissement des prêts accordés par cet établissement à des États étrangers, dans le cadre d'accords de réaménagement de leurs dettes. Les dépenses afférentes sont inscrites sur le chapitre 14-01, article 90, paragraphe 22 du budget des Charges communes.

La garantie de l'État est régie par la convention du 20 août 1981, dont les principales dispositions peuvent être résumées comme suit :

- la BFCE/Natexis est chargée, au nom et pour le compte de l'État, d'assurer le service de la trésorerie nécessaire aux accords de consolidation signés par la France avec certains États étrangers ; la Banque de France est chargée de l'exécution de ces accords ;

- en accord avec le Trésor et sur notification de celui-ci; la BFCE/Natexis verse à la Banque de France les sommes nécessaires. Les ressources correspondantes sont collectées par l'établissement sur le marché. A défaut, ou en complément de ces ressources, le Trésor verse les fonds nécessaires sous forme de prêts directs à la BFCE/Natexis ;

- la BFCE/Natexis bénéficie la garantie de l'État et ne supporte aucune charge au titre du financement des accords de consolidation ;

- en cas de non-règlement d'une échéance dans un délai déterminé (en principe 12 mois), le Trésor verse la somme correspondante sur demande de la BFCE/Natexis ; en cas de versement ultérieur d'une échéance par le bénéficiaire étranger, la BFCE/Natexis rembourse le Trésor ;

- les frais de gestion engagés par la BFCE/Natexis pour l'exécution de cette mission sont arrêtés annuellement avec la direction du Trésor et imputés en charge du compte de gestion qui retrace les charges et produits relatifs aux ressources empruntées par la BFCE/Natexis.

L'encours des accords de consolidation a diminué régulièrement depuis 1990, où il atteignait 40,6 milliards de francs. A la fin de l'année 1997, il n'était plus que de 5,2 milliards de francs et de 1,5 milliard de francs au 30 juin 1998. L'évolution de l'encours dépend :

- de la conclusion de nouveaux accords de consolidation : aucun accord de consolidation faisant l'objet d'un financement par l'intermédiaire de la BFCE/Natexis n'est intervenu depuis 1996 ;

- le comportement de paiement des pays débiteurs : certains pays, comme le Brésil, ont régulièrement honoré leurs échéances . Dans d'autres cas, la diminution de l'encours résulte, au contraire, de la mise en jeu de la garantie de l'État, notamment pour le Nigeria et l'ex-Yougoslavie, dans les années récentes.

Après avoir été sollicitée en 1993 et 1995, au titre de l'accord de consolidation de dettes avec l'Irak, la garantie de l'État a été à nouveau appelée en 1997. LA BFCE/Natexis avait constaté des impayés de principal et d'intérêts (hors intérêts de retard) de la part d'un certain nombre de pays qui avaient bénéficié d'accords de consolidation, susceptibles d'entrer dans le cadre des conditions posées par la convention du 22 août 1981 modifiée.

IMPAYÉS À LA BFCE/NATEXIS FINANCÉS EN 1997
PAR DÉPENSES DU CHAPITRE 14-01, ARTICLE 90 § 22

(en millions de francs)

Pays

Principal

Intérêts

Total

Congo

12,3

0,3

12,6

Gabon

134,3

5,5

139,9

Niger

2,4

0,04

2,4

Nigeria

2.650,4

56,0

2.706,4

Sénégal

13,2

0,2

13,4

Soudan

72,0

8,0

80,0

ex-Yougoslavie

46,3

1,6

47,9

Total

2.930,9

71,7

3.002,6

Source : direction du Trésor.

Il n'est prévu aucune dépense en 1998 et 1999 sur le paragraphe 22.

· Les dotations inscrites sur le chapitre 44-98, article 36, au profit de l'Agence française de développement, ne sont pas toutes relatives à des indemnisations au titre des annulations de dettes (§ 13) :

- les " bonifications d'intérêts d'emprunts " (§ 11) s'établiraient en légère augmentation (+50 millions de francs) pour atteindre 1,25 milliard de francs ; dans ce dispositif, l'État prend en charge la différence entre le coût des ressources levées sur le marché par l'AFD et un taux de référence, défini pour respecter les règles fixées dans le cadre de l'OCDE qui permettent la comptabilisation de ces concours en aide publique au développement ; la prévision de dépense pour 1999 résulte du rythme d'engagement et d'exécution prévisible des projets de l'AFD et du taux d'intérêt auquel ont été contractés les emprunts de cet établissement ;

- les " bonifications d'intérêt pour la facilité d'ajustement structurel renforcée du FMI " (§ 12) couvrent les emprunts que l'AFD est amenée à émettre pour alimenter le fonds de la Facilité d'ajustement structurel renforcée ; les besoins pour 1999 sont estimés à 210 millions de francs ;

- l'" indemnisation au titre de la réduction des taux d'intérêts aux pays à revenu intermédiaire " (§ 14) est consécutive au sommet de La Baule (juin 1990) ; depuis cette date, les intérêts des prêts accordés à quatre pays à revenu intermédiaire de la zone franc (Cameroun, Congo, Côte d'Ivoire, Gabon) ont été abaissés à 5%, l'État prenant à sa charge la différence avec les taux du marché ; les versements effectués à ce titre à l'AFD ont tendance à diminuer chaque année du fait de la réduction progressive de l'encours de ces prêts au fur et à mesure des remboursements du principal ; les besoins sont estimés à 47 millions de francs pour 1999.

IV.- LES RELATIONS FINANCIÈRES DU TRÉSOR AVEC LES COLLECTIVITÉS LOCALES

Le classement d'un certain nombre d'interventions du Trésor dans les catégories des interventions économiques ou des interventions sociales est parfois peu évident. Il en est ainsi de la majeure partie des relations financières qu'il entretient avec les collectivités locales et qui sont retracées sur le budget des Charges communes.

Si, par exemple, les dégrèvements de taxe professionnelle peuvent être rangés parmi les interventions économiques, et les dégrèvements de taxe d'habitation parmi les interventions sociales, qu'en est-il des crédits destinés à " l'aide aux villes nouvelles ", aux dégrèvements de taxes foncières au profit des jeunes agriculteurs, ou aux " travaux de sécurité dans les écoles " ?

Une séparation entre économique et social serait ici forcément arbitraire et sujette à la critique ; aussi a-t-il semblé préférable à votre Rapporteur spécial de maintenir une présentation groupée de ces interventions, donnant ainsi la priorité à un critère organique plutôt qu'à un critère fonctionnel.

A.- LES DÉGRÈVEMENTS D'IMPÔTS LOCAUX : UN RALENTISSEMENT PROBABLE

Après avoir connu une croissance spectaculaire, les dégrèvements d'impôts locaux devraient connaître une évolution plus modérée en 1999 : atteignant un montant de 66,1 milliards de francs, ils n'augmenteraient en effet que de 2,8% par rapport à leur évaluation révisée pour 1998. Votre Rapporteur remarque cependant que, à l'occasion de la discussion du projet de loi de finances pour 1998, il avait été prévu que les dégrèvements d'impôts locaux ne croîtraient en 1998 que de 1,7% par rapport à l'évaluation révisée de 1997. Or les perspectives d'exécution pour 1998 suggèrent que le rythme de croissance par rapport au résultat définitif d'exécution pour 1997 serait de +5,2% ; en effet, l'évaluation révisée s'élève à 59,4 milliards de francs, au lieu de 56,6 milliards de francs prévus dans la loi de finances.

Les dégrèvements d'impôts locaux s'élevaient à 30,9 milliards de francs seulement en 1992. En sept ans, leur progression atteindrait ainsi près de 35,2 milliards de francs, soit + 114%.

On analyse souvent les remboursements et dégrèvements d'impôts locaux comme des subventions implicites aux collectivités locales, qu'il s'agisse de dégrèvements législatifs, de décisions individuelles de dégrèvement ou d'admissions en non valeur. L'argument principal de cette thèse réside dans la substitution de l'État au contribuable local pour la prise en charge effective de l'impôt.

En ce sens, il est exact que la logique des remboursements et dégrèvements d'impôts locaux est différente de celle qui préside aux remboursements, restitutions et dégrèvements d'impôts d'État. Celle-ci est en effet la conséquence directe des mécanismes fiscaux.

C'est pourquoi il serait logique que seuls ces remboursements, restitutions et dégrèvements d'impôts d'État soient déduits des recettes fiscales brutes de l'État, dans le tableau d'équilibre des lois de finances, pour faire apparaître le niveau des recettes fiscales nettes (34).

Le suivi budgétaire et financier des remboursements et dégrèvements d'impôts locaux est facilité par une heureuse réforme de la nomenclature budgétaire, qui distingue depuis 1994 au sein du chapitre 15-01 les dégrèvements législatifs concernant la taxe professionnelle (§ 16), la taxe d'habitation (§ 17) et les taxes foncières (§ 18). Cet effort de clarification a été poursuivi grâce à la création, à compter du 1er janvier 1998, d'un nouveau paragraphe d'imputation de la dépense, qui permet de séparer les admissions en non-valeur relatives aux impôts d'État de celles relatives aux impôts locaux, précédemment regroupées sur le paragraphe 13.

LES DÉGRÈVEMENTS LÉGISLATIFS D'IMPÔTS LOCAUX (chapitre 15-01)

(en millions de francs)

 

1994

1995

1996

1997

LFI 1998

1998 révisé

PLF 1999

Taxe professionnelle (§ 16)

34.655

39.971

41.073

44.389

43.000

46.000

47.500

Taxe d'habitation (§ 17)

8.277

8.377

9.592

9.721

11.105

11.000

11.200

Taxes foncières (§ 18)

1.832

2.107

2.233

2.324

2.450

2.400

2.400

Sous-total Dégrèvements d'impôts locaux

44.764

50.455

52.898

56.434

56.555

59.400

61.100

En % du total

21,2

22,7

20,3

21,2

20,3

19,4

19,9

Total Remboursements et dégrèvements d'impôts (a)

210.812

222.184

260.547

265.838

279.237

306.400

306.670

(a) Somme des dépenses ou crédits inscrits sur les chapitres 15-01, 15-02 et 15-07, à l'exception de l'article 50 du chapitre 15-02, qui retrace les remboursements de produits non fiscaux.

Source : direction de la Comptabilité publique.

1.- Les dégrèvements de taxe professionnelle

Depuis l'année 1994, les dégrèvements législatifs de taxe professionnelle résultent, pour plus de 70%, des mesures de plafonnement des cotisations en fonction de la valeur ajoutée des entreprises. En 1997 (résultats définitifs d'exécution), en 1998 (évaluation révisée) et en 1999 (prévision du projet de loi de finances), cette proportion s'élèverait même à 79% environ. Par ailleurs, en 1997, les dégrèvements dus au plafonnement représentaient 20,4% du total des rôles émis, contre 11,8% seulement cinq ans auparavant. Le rythme de progression de cet indicateur a certes été ralenti par rapport aux années précédentes, mais il n'en reste pas moins que la part du plafonnement rapportée au total des rôles émis continue de croître, ce qui peut apparaître préoccupant.

Il s'avère que les dispositions adoptées en 1995 et 1996 (35), destinées à limiter la dérive du coût du plafonnement, n'ont été que partiellement efficaces. Certes, dès 1995, le taux de croissance des ordonnancements totaux de taxe professionnelle est revenu à + 3,6%. L'exécution de 1996 s'est inscrite en légère accélération, puisque le taux de croissance a été porté à 3,9%. Cependant, c'est surtout l'exercice 1997 qui peut susciter les inquiétudes les plus fortes pour l'avenir. Alors que l'évaluation révisée pour 1997 figurant dans le précédent projet de loi de finances s'élevait à 44.300 millions de francs, en augmentation de 3% par rapport à 1996, le montant constaté en exécution est en fait égal à 46.780 millions de francs, en augmentation de 8,8%. Sur 3,8 milliards de francs d'augmentation constatée en 1997 pour l'ensemble des ordonnancements, 3,6 milliards de francs sont imputables au plafonnement " valeur ajoutée ".

DÉGRÈVEMENTS DE TAXE PROFESSIONNELLE

(en millions de francs)

 

Dépenses budgétaires (a)

Ordonnancements DGI

 

Montant

Variation

Montant

Variation

dont PVA (b)

PVA / Montant ordonnancé

PVA / rôles émis dans l'année

1990

   

9.684

+ 21,0%

4.542

46,9%

4,4%

1991

   

13.909

+ 43,6%

7.733

55,6%

6,7%

1992

   

21.169

+ 52,2%

14.988

70,8%

11,8%

1993

   

27.697

+ 30,8%

18.579

67,1%

13,2,%

1994

34.695

 

36.554

+ 32,0%

27.013

73,9%

17,6%

1995

39.966

+ 15,2%

41.396

+ 3,6%

31.242

75,5%

19,4%

1996

41.073

+ 2,8%

43.002

+ 3,9%

33.390

77,6%

20,0%

1997

44.389

+ 8,1%

46.780

+ 8,8%

36.993

79,1%

20,4%

1998 (LFI)

42.000

(c)

43.240

(d)

30.828

71,3%

 

1998 (révisé)

46.000

+ 3,6% (e)

48.300

+ 3,2% (e)

38.141

79,0%

 

1999 (PLF)

47.500

+ 3,3%

48.700

+ 0,8%

38.402

78,9%

 

(a) Imputées sur le paragraphe 16 du chapitre 15-01.

(b) PVA : plafonnement en fonction de la valeur ajoutée.

(c) - 0,7% par rapport à l'évaluation révisée pour 1997 (42.300 millions de francs dans le projet de loi de finances pour 1998).

(d) - 2,4% par rapport à l'évaluation révisée pour 1997 (44.300 millions de francs dans le projet de loi de finances pour  1998).

(e) Variation par rapport au résultat d'exécution pour 1997.

Source : direction de la Comptabilité publique.

Au vu de la difficulté réelle à limiter la dérive des dégrèvements de taxe professionnelle, on pourrait trouver optimiste la prévision relative à l'augmentation des ordonnancements DGI, chiffrée à 0,8% dans le présent projet de loi de finances. Il est vrai que, comme le souligne le tableau ci-après, cette prévision de +0,8% correspond à un très fort ralentissement sur une période de deux ans seulement. Encore faut-il tenir compte de l'effet en 1999 d'une modification législative antérieure : le dégrèvement de 800 francs par véhicule, à compter de l'année 1998, pour les entreprises utilisant des autocars. L'effet supplémentaire, en 1999, de cette mesure augmenterait le montant des dégrèvements de taxe professionnelle de 236 millions de francs, selon le fascicule des Voies et moyens annexé au présent projet de loi de finances.

Votre Rapporteur souhaite, pourtant, rappeler l'impact majeur de la croissance économique sur les dépenses résultant du mécanisme du plafonnement en fonction de la valeur ajoutée. Celle-ci, augmentant dans l'absolu la valeur ajoutée des entreprises, relève de facto le seuil au-dessus duquel trouve à s'appliquer le mécanisme de plafonnement, alors que l'évolution des éléments de la base taxable (36) obéit à d'autres facteurs.

PRÉVISIONS ET RÉALISATIONS : D'UN PROJET DE LOI DE FINANCES À L'AUTRE
(montant total des ordonnancements DGI)

(en millions de francs)

PLF 1998

PLF 1999

Année

Montant

Variation

Année

Montant

Variation

1996 (exécution)

43.002

+ 3,9%

     

1997 (révision)

44.300

+ 3,0%

1997 (exécution)

46.780

+ 8,8%

1998 (PLF)

45.130

+ 1,9%

1998 (révision)

48.300

+ 3,2%

     

1999 (PLF)

48.700

+ 0,8%

De plus, comme l'explique le fascicule des " Voies et moyens ", le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie prévoit une politique d'imposition moins dynamique de la part des collectivités locales. Ces deux phénomènes conjugués limitent ainsi le montant de taxe professionnelle susceptible de faire l'objet d'un plafonnement.

En définitive, il apparaît utile à votre Rapporteur spécial de préciser la place des dégrèvements de taxe professionnelle dans le total du produit reçu par les collectivités au titre de cette taxe. La répartition entre les entreprises et l'État est retracée dans le tableau ci-après.

RÉPARTITION DU PRODUIT BRUT DE LA TAXE PROFESSIONNELLE

(en millions de francs)

 

1987

1988

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

Produit à la charge des entreprises

                     

· Cotisations de taxe professionnelle (a)

70.358

95.951

82.673

93.320

101.010

105.982

113.452

117.030

120.014

129.579

134.246

· A déduire : frais d'assiette et de recouvrement

2.984

3.127

3.373

3.830

4.678

5.171

5.837

6.335

6.633

7.092

7.437

Sous-total

67.374

72.824

79.300

89.490

96.332

100.812

107.615

110.776

113.381

122.487

126.809

Produit à la charge de l'État

                     

· Compensations d'exonérations

16.425

19.472

20.651

22.284

24.382

23.451

22.773

18.257

19.134

18.401

19.572

dont - réduction de 16% des bases

12.351

12.649

13.547

14.466

15.381

15.422

15.137

11.306

11.695

11.058

11.143

- lissage REI

1.016

3.703

3.775

4.274

5.234

4.248

3.925

3.498

3.000

3.026

3.222

· Dégrèvements et non-valeurs (bruts)

8.759

8.081

8.002

9.684

13.909

21.169

27.697

36.554

41.396

43.002

46.780

· A déduire : frais de dégrèvements et non-valeurs

- 2.594

- 2.809

- 3.032

- 4.292

- 4.827

- 5.286

- 5.869

- 6.493

- 7.005

- 7.583

- 8.161

Sous-total

22.590

24.744

25.621

27.676

33.464

39.334

44.601

48.318

53.525

53.820

58.191

Produit perçu par les collectivités

89.964

97.568

104.921

117.166

129.796

140.146

152.216

159.035

166.907

176.307

185.000

- Part à la charge des entreprises (en %)

74,9

74,6

75,6

76,4

74,2

71,9

70,7

69,7

67,9

69,5

68,5

- Part à la charge de l'État (en %)

25,1

25,4

24,4

23,6

25,8

28,1

29,3

30,3

32,1

30,5

31,5

(a) Les frais de dégrèvements et admissions en non-valeurs font partie des cotisations à la charge des entreprises.

Source : direction de la Comptabilité publique.

L'année 1996 avait semblé marquer l'amorce d'un rééquilibrage entre les contributions respectives des entreprises et de l'État. Les premières assuraient ainsi 69,5% du produit perçu par les collectivités, au lieu de 67,9% l'année précédente. Symétriquement, l'État ne supportait plus que 30,5% du produit perçu au lieu de 32,1% en 1995.

Cependant, l'année 1997 a permis de constater que la part de l'État dans le produit total de la taxe professionnelle a de nouveau augmenté : elle a représenté 31,5% du total, alors que la part revenant aux entreprises diminuait à 68,5% du total. La poursuite de ces tendances ne peut pourtant être considérée comme particulièrement saine.

Sans adhérer au discours trop extrême de ceux qui voient dans tout financement de l'État une atteinte aux libertés des collectivités locales, on doit convenir qu'il est nécessaire de trouver un meilleur équilibre entre les contributions respectives de l'État et des entreprises. La réforme de la taxe professionnelle, proposée par le présent projet de loi de finances, a d'ailleurs cet immense avantage que l'implication de l'État devrait de plus en plus relever d'une péréquation porteuse de redistribution et non d'une simple substitution aux contributeurs privés.

2.- Les dégrèvements de taxe d'habitation

Jusqu'à l'entrée en vigueur de la loi de finances pour 1992, des dégrèvements totaux de taxe d'habitation étaient accordés d'office aux personnes atteintes d'invalidité, aux titulaires de l'allocation aux adultes handicapés, aux personnes de plus de 60 ans, aux veufs et veuves, non passibles de l'impôt sur le revenu au sens de l'article 1417 du code général des impôts, aux titulaires de l'allocation supplémentaire du Fonds national de solidarité, ainsi qu'aux bénéficiaires du RMI. En application de l'article 21 de cette loi de finances, ces contribuables ne sont plus, à compter de 1992, dégrevés d'office mais exonérés, à l'exception des bénéficiaires du RMI et de ceux qui ne sont pas traités par une procédure informatique.

La perte de recettes correspondante est compensée par l'État au moyen d'une compensation, dont le montant s'élève à 7,3 milliards de francs en 1999, hors effet des mesures proposées dans le présent projet de loi de finances.

D'autres contribuables de condition modeste bénéficient de dégrèvements partiels, qui représentent la majeure partie du montant total des dégrèvements de taxe d'habitation ordonnancés par la direction générale des impôts. A compter de 1998, l'article 1414 bis du code général des impôts a institué un nouveau dégrèvement, égal au montant de la taxe d'habitation qui dépasse 1500 francs. Ce dégrèvement est accordé si le revenu de référence (relatif à l'impôt sur le revenu de 1997) n'excède pas 25 000 francs pour la première part de quotient familial, majorée de 10 000 francs pour chaque demi-part supplémentaire.

Le poste " autres dégrèvements " regroupe les dégrèvements non législatifs. Il s'agit principalement des dégrèvements de cotisations inférieures au seuil minimum de perception (80 francs), des dégrèvements faisant suite à des informations portées tardivement à la connaissance du service des impôts et des admissions en non valeurs.

Les prévisions d'ordonnancements établies par la direction générale des impôts font apparaître, comme pour les dégrèvements de taxe professionnelle, un très net ralentissement de la progression tendancielle des dégrèvements de taxe d'habitation. ceux-ci atteindraient 11,2 milliards de francs en 1999 après 11 milliards de francs en 1998 (évaluation révisée).

DÉGRÈVEMENTS DE TAXE D'HABITATION

(en millions de francs)

 

Dépenses
budgétaires
(a)

Ordonnancements DGI

 

Montant

Variation

Montant

Variation

dont Dgvt total

dont Dgvt partiel

Autres dgvts

1990

   

13.411

 

7.271

3.473

2.667

1991

   

13.342

 

6.900

3.832

2.610

1992

   

7.333

n.s. (b)

662

3.882

2.789

1993

   

8.693

+ 18,5%

724

4.880

3.089

1994

8.277

 

9.083

+ 4,5%

783

5.477

2.823

1995

8.377

+ 1,2%

9.511

+ 4,7%

850

5.813

2.848

1996

9.592

+ 14,5%

9.962

+ 4,7%

956

6.040

2.966

1997

9.721

+ 1,3%

10.325

+ 3,6%

1.127

6.119

3.079

1998 (LFI)

11.105

+ 11,1% (c)

         

1998 (révisé)

11.000

+ 13,2% (d)

11.306

+ 9,5% (d)

1.123

7.218

2.965

1999 (PLF)

11.200

+ 1,8%

11.541

+ 2,1%

1.115

7.507

2.919

(a) Imputées sur le paragraphe 17 du chapitre 15-01.

(b) Transformation des dégrèvements totaux en exonérations à partir de 1992.

(c) Variation par rapport à l'évaluation révisée pour 1997 (10.000 millions de francs en PLF 1998)

(d) Variation par rapport au résultat d'exécution pour 1997.

Source : direction de la Comptabilité publique.

3.- Les dégrèvements de taxes foncières

Par rapport aux dégrèvements de taxe professionnelle ou de taxe d'habitation, les dégrèvements de taxes foncières et taxes assimilées sont beaucoup plus modestes. Des crédits de 2,4 milliards de francs sont ainsi prévus pour 1999, montant identique à celui de l'évaluation révisée pour 1998 et en légère diminution par rapport aux crédits inscrits dans la loi de finances pour 1998. Depuis 1993, les dégrèvements représentent environ 2,5% du montant total des rôles émis dans l'année.

En 1997, les taxes foncières ont procuré aux collectivités locales des ressources totales de 108.736 millions de francs. Les redevables ont supporté 110.680 millions de francs de dépenses, l'État 2.686 millions de francs. En effet, la charge des compensations (3.980 millions de francs) et des dégrèvements et non valeurs (2.953 millions de francs) a été en grande partie compensée par la perception de frais de dégrèvements et non valeurs, à hauteur de 4.247 millions de francs. Pour leur part, les dépenses des redevables se sont partagées entre la part revenant aux collectivités locales au titre des taxes foncières (106.050 millions de francs) et les frais d'assiette et de recouvrement (4.630 millions de francs).

DÉGRÈVEMENTS DE TAXES FONCIÈRES

(en millions de francs)

 

Dépenses budgétaires (a)

Ordonnancements DGI

 

Montant

Variation

Montant

Variation

1990

   

2.926

+ 44,3%

1991

   

3.989

+ 36,3%

1992

   

3.767

- 5,6%

1993

   

2.142

- 43,1

1994

1.832

 

2.234

+ 4,3%

1995

2.107

+ 15,0%

2.498

+ 11,8%

1996

2.233

+ 6,0%

2.521

+ 0,9%

1997

2.324

+ 4,1%

2.953

 

1998 (LFI)

2.450

+ 2,1% (b)

   

1998 (révisé)

2.400

+ 3,3% (c)

2.830

- 4,2% (c)

1999 (PLF)

2.400

+ 0%

2.860

+ 1,1%

(a) Imputées sur le paragraphe 18 du chapitre 15-01.

(b) Variation par rapport à l'évaluation révisée pour 1997 (2.400 millions de francs en PLF 1998).

(c) Variation par rapport au résultat d'exécution pour 1997.

Source : direction de la Comptabilité publique.

B.- LES AUTRES ACTIONS DU TRÉSOR EN DIRECTION DES COLLECTIVITÉS LOCALES

1.- Le taux réduit de taxe de publicité foncière ou de droit d'enregistrement au profit des " jeunes agriculteurs "

La loi de finances pour 1985 a réduit à 6,4% le taux de la taxe départementale de publicité foncière ou du droit départemental d'enregistrement, pour les acquisitions d'immeubles ruraux effectuées par les bénéficiaires de la dotation d'installation aux jeunes agriculteurs. Ces acquisitions doivent être réalisées dans un délai de 4 ans après l'octroi de la dotation et la valeur prise en compte pour l'application du taux réduit est limitée à 650.000 francs.

La loi a prévu que le manque à gagner pour les départements fait l'objet, chaque année, d'une compensation budgétaire à due concurrence. Les crédits nécessaires à cette dépense sont retracés sur le chapitre 41-23 du budget des Charges communes, qui revêtent un caractère évaluatif.

Par la suite, le dispositif a été modifié sur trois points :

- la loi de finances pour 1994 a élargi le champ des bénéficiaires des exonérations ; l'incidence de cette mesure devait porter la dépense à 25 millions de francs en année pleine ;

- la loi de modernisation de l'agriculture a décidé la mise en place, à compter du 1er mars 1995, d'un taux réduit à 0,6%, applicable dans les zones rurales de développement prioritaire ; l'incidence de cette mesure a été initialement évaluée à 25 millions de francs ;

- la même loi a décidé de réduire, à compter du 1er mars 1995, le taux de la taxe départementale à 0,6% lorsqu'elle est acquittée par des personnes louant des bâtiments à de jeunes agriculteurs ; le coût de cette mesure devrait être faible en toute hypothèse.

CRÉDITS ET DÉPENSES SUR LE CHAPITRE 41-23

(en millions de francs)

 

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

Crédits LFI

20,0

20,0

18,0

18,0

18,0

18,0

50,0

50,0

20,0

Dépenses

15,1

18,7

15,8

17,3

15,9

10,4

9,8

9,5

13,3

La dépense indiquée pour 1998 se rapporte aux écritures enregistrées à fin septembre 1998.

Pour tenir compte de l'impact de ces trois modifications, la dotation initiale pour 1996 avait été portée à 50 millions de francs. Les consommations constatées en 1996 (9,85 millions de francs) et 1997 (9,5 millions de francs) et la dépense aujourd'hui attendue pour 1998 (15 millions de francs) semblent montrer que l'impact des dispositions nouvelles a été surévalué, et que l'éventuel " effet report " sur l'exercice 1997 ne s'est pas produit.

C'est pourquoi, dans le cadre du projet de loi de finances pour 1999, il a été décidé d'ajuster les crédits à un niveau plus conforme aux dépenses constatées. La dotation qu'il est proposé d'inscrire sur le chapitre 41-23 est ainsi fixée à 15 millions de francs.

2.- Le fonds national de péréquation

Le fonds national de péréquation a été créé en 1995 par la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire du 4 février 1995. Le fonds dispose, en ressources, du produit disponible du fonds national de péréquation de la taxe professionnelle, déterminé chaque année par le comité des finances locales, et d'une dotation de l'État.

En 1995, la dotation de l'État a été constituée par le gel partiel de la progression hors inflation de la dotation de compensation de la taxe professionnelle des communes, soit un montant de 568,525 millions de francs. La dotation de l'État évolue ensuite chaque année en fonction de l'indice de variation des recettes fiscales nettes de l'État.

Le chapitre 41-24 du budget des Charges communes a été ouvert par la loi de finances pour 1996, afin de " porter " la dotation de l'État destinée au fonds national de péréquation. La procédure de dépenses a été choisie afin de respecter les dispositions de la loi du 4 février 1995, qui n'a pas explicitement prévu le mécanisme de prélèvement sur recettes.

Les recettes fiscales nettes de l'État évoluant de 5,88211% dans le projet de loi de finances pour 1999, les crédits inscrits au chapitre 41-24 sont portés à 676,601 millions de francs.

3.- Les travaux de sécurité dans les écoles

Le plan de 1994 en faveur de la sécurité dans les établissements scolaires comporte deux volets.

· Une enveloppe de prêts bonifiés a été mise à la disposition des collectivités locales, pour un montant de 4 milliards de francs en 1994 et 8 milliards de francs en 1995. Cette politique de bonification visait à accélérer la réalisation des travaux de sécurité dans les établissements scolaires du second degré et, parallèlement, à associer les collectivités locales à l'action engagée en faveur du soutien de l'activité du secteur du bâtiment. La prime représentait 11,2% du capital emprunté.

En 1994, le montant des projets présentés par les collectivités locales pour les travaux de sécurité dans les lycées et collèges s'élevait à 7,5 milliards de francs, dont 4,9 milliards de francs pour les bâtiments à ossature métallique ; il a été décidé de consacrer à ces derniers la totalité de l'enveloppe bonifiée.

En 1995, les projets des collectivités locales se sont élevés à près de 9 milliards de francs, ce qui a permis de couvrir les travaux nécessaires à hauteur de 90% par l'enveloppe de prêts bonifiés.

Les crédits nécessaires à cette première partie de l'action de l'État étaient inscrits sur l'article 90 du chapitre 44-98. En 1994, les crédits consommés étaient de 193,1 millions de francs. Les dépenses effectives de l'exercice 1995 se sont élevées à 250 millions de francs, dont 131,6 millions de francs au titre du solde de l'enveloppe 1994 et 18,3 millions de francs au titre du début de l'enveloppe 1995. Le solde de cette enveloppe a donné lieu à des dépenses de 349,9 millions de francs en 1996 et 50,9 millions de francs en 1997. L'application de la mesure étant achevée depuis, le coût total du dispositif de bonification s'élève donc à 843,8 millions de francs.

· Une enveloppe de crédits budgétaires a été affectée aux travaux de sécurité dans les établissements d'enseignement élémentaire du premier degré, à raison de 500 millions de francs par an pendant 5 ans. Les crédits correspondants sont ouverts sur le chapitre 67-04 du budget des Charges communes (" Mesures de soutien à l'activité économique. Travaux de sécurité dans les écoles ").

La circulaire du 20 juillet 1994 (Journal officiel du 31 juillet) a fixé les modalités de l'aide de l'État. Compte tenu de la diversité des situations et du nombre d'établissements potentiellement concernés, il a été décidé de déconcentrer la procédure auprès des préfets. Ceux-ci se sont ainsi trouvés compétents pour assurer l'expertise des besoins, effectuer l'attribution des crédits et garantir le suivi des opérations.

Le montant de l'aide exceptionnelle de l'État, cumulable avec la dotation globale d'équipement des communes, est fixé à 30% maximum du total hors taxes de la dépense subventionnable pour les communes éligibles à la dotation globale d'équipement. Pour les autres communes, le montant de l'aide est laissé à l'appréciation du préfet, sous réserve qu'il ne dépasse pas 50% du total hors taxes de la dépense subventionnable.

SITUATION DES CRÉDITS SUR LE CHAPITRE 67-04

(en millions de francs)

Exercice

LFI

Annulation

Répartition

Disponible

 

AP

CP

AP

CP

AP

CP

AP

CP

1994

500

300

-

-

500,0

300,0

-

-

1995

500

450

130

130

168,5

289,3

201,5

30,7

1996

500

500

-

-

307,0

236,5

394,5

294,2

1997

330

165

-

-

287,3

290,9

437,3

168,3

1998

330

265

-

-

331,3

316,3

436,0

117,0

Total

2.160

1.680

130

130

1.594, 0

1.433, 0

436,0

117,0

Source : direction du Budget.

Les crédits ouverts sur le chapitre 67-04 du budget des Charges communes sont répartis en gestion sur les chapitres d'imputation du budget de l'Intérieur (67-50) et de l'Éducation nationale.

RÉPARTITION DES CRÉDITS PROVENANT DU CHAPITRE 67-04 DES CHARGES COMMUNES

(en millions de francs)

Exercice

Intérieur

(chapitre 67-50)

Éducation nationale

 

AP

CP

AP

CP

1994

470,0

277,2

30,0

22,8

1995

145,0

267,8

23,5

21,5

1996

300,0

222,5

7,0

14,0

1997

276,0

281,5

11,3

9,4

1998

330,0

311,5

1,3

4,8

Total

1.521,0

1.360,5

73,0

72,5

Source : direction du Budget.

Le rythme de réalisation des travaux dans les écoles est lent. Sur les 1.191 millions de francs d'autorisations de programme et 1.049 millions de francs de crédits de paiement délégués aux préfets par le ministère de l'Intérieur au titre des exercices 1994 à 1997, le montant cumulé des paiements s'est élevé à 552,7 millions de francs à la clôture de l'exercice 1997, soit un taux de consommation des crédits de 52,7%.

La répartition par année de ce cumul (37) suggère toutefois que la consommation annuelle des crédits de paiement se rapproche du volume de crédits de paiement ouverts sur chaque exercice, en raison notamment de la couverture d'autorisations de programme affectées sur les exercices antérieurs. D'ailleurs, le taux de consommation global des crédits en 1997 est très sensiblement supérieur au même taux arrêté à la fin de l'exercice 1996, tel qu'il était évoqué l'année dernière par votre Rapporteur : 44%.

Le degré de consommation des crédits inscrits au budget de l'Enseignement scolaire ne peut pas être suivi à partir des documents établis à l'attention du Parlement par la direction de la comptabilité publique. En effet, la globalisation des crédits a fait du chapitre 56-01 de ce budget, bénéficiaire partiel de la répartition en provenance du budget des Charges communes, un " item " comprenant pas moins de 15 articles et plus de 215 paragraphes ! Parmi eux, il n'existe pas moins de onze paragraphes relatifs à des " travaux de sécurité ". Il est fort regrettable de voir ainsi les capacités de vérification du Parlement réduites à néant, en l'absence d'indications précises émanant de l'administration dans le cadre du questionnaire budgétaire.

Au sein de l'enveloppe totale de 2,5 milliards de francs, un montant de 500 millions de francs a été réservé au titre des travaux de désamiantage des lycées et collèges. Le geste en faveur du désamiantage est appréciable, mais doit être apprécié à sa juste valeur. En effet, il n'est pas certain que 500 millions de francs soient suffisants pour éradiquer l'amiante et assurer la protection des élèves comme des enseignants et des autres personnels. Il conviendrait certainement de reprendre la question, sur la base des enquêtes et études récentes.

Rappelant que le précédent Gouvernement avait décidé, en 1996, d'étaler la réalisation du programme de travaux dans les écoles sur une année supplémentaire, votre Rapporteur regrettait l'an dernier que des décisions prise dans une perspective purement comptable aient conduit à retarder des travaux indispensables.

Pour 1999, une dernière tranche de 330 millions de francs d'autorisations de programme est demandée, en cohérence avec la décision d'étalement prise en 1996. Les crédits de paiement diminuent de 50 millions de francs et s'établissent à 215 millions de francs.

4.- L'aide aux villes nouvelles

Les crédits ouverts au chapitre 65-01 " Aide aux villes nouvelles " couvrent les aides exceptionnelles de l'État mises en _uvre pour résoudre les problèmes spécifiques qui se posent aux syndicats d'agglomération des villes nouvelles (SAN) (38). Le montant des dotations, pour chaque ville nouvelle, est autorisé par le président du groupe central des villes nouvelles, après l'examen de leur budget. Le groupe central des villes nouvelles étant un organisme à caractère interministériel, les moyens budgétaires mis à sa disposition sont inscrits sur le budget des Charges communes.

Ce chapitre est un chapitre " réservoir ", sans dépenses : ses crédits sont transférés en gestion sur le chapitre 65-23 du budget de l'Urbanisme et des Services communs (ministère de l'Équipement) pour y être engagés et ordonnancés. Pour un exercice budgétaire donné, les autorisations de programme au titre du " différé d'amortissement " (cf. infra) sont engagées au vu du programme d'emprunt définitif des SAN, qui n'est connu qu'au 31 décembre. Elles sont donc engagées au titre de l'exercice suivant. Les autorisations de programme ouvertes par la loi de finances initiale pour 1996 ont ainsi donné lieu à transfert et engagement en 1997. Pour leur part, les autorisations de programme des dotations d'équilibre sont ouvertes et engagées à 80% au cours de l'exercice auquel elles se rattachent et pour les 20% restant au cours de l'exercice suivant.

L'utilisation des crédits repose sur deux mécanismes : le " différé d'amortissement " et la dotation d'équilibre :

- des avances remboursables à long terme, appelées " différé d'amortissement ", sont attribuées aux syndicats d'agglomération nouvelle (SAN) et communes assimilées. Ces avances sont accordées aux collectivités pour les aider à rembourser les premières annuités des emprunts à long terme souscrits pour la réalisation des équipements de leur ressort dans la période qui précède le développement de leurs bases contributives. Inscrites sous forme d'autorisations de programme, au vu du programme d'emprunt annuel de la collectivité, elles sont ensuite versées pendant 8 ans à raison de 16% de l'AP pendant 4 ans, 12% pendant 2 ans et 6% pendant 2 ans.

- des dotations d'équilibre sont versées aux budgets des collectivités lorsque l'insuffisance de leurs ressources le nécessite.

Les autorisations de programme affectées à " l'amortissement différé " s'élèvent à 35 millions de francs pour 1999 ; elles diminuent de 5 millions de francs par rapport à 1998. L'effort financier de l'État portant sur la prise en charge des déficits incompressibles est de 45 millions de francs, en augmentation de 12 millions de francs par rapport aux crédits votés pour 1998.

Les villes nouvelles arrivent progressivement à maturité, ce qui diminue les besoins au titre de ces deux dotations. En effet, dans la majorité des cas, les programmes de logements nouveaux sont plus modestes et les équipements publics qui y sont associés peuvent être financés par les SAN sans l'aide de l'État, voire existent déjà.

Seules les villes nouvelles encore en phase d'expansion forte nécessitent un accompagnement de l'État. C'est ainsi que les SAN de Cergy, Evry, Saint-Quentin en Yvelines, Berre et la commune de Vitrolles ne bénéficient plus de cette aide depuis plusieurs années. Le différé d'amortissement est désormais attribué aux villes nouvelles de l'Est de la région Ile de France et au SAN de l'Isle d'Abeau.

ÉVOLUTION DES CRÉDITS ET DÉPENSES RELATIFS À L'AIDE AUX VILLES NOUVELLES

(en millions de francs)

Année

Crédits LFI

Crédits LFI + mouvements

Dépenses

 

AP

CP

AP

CP

CP

1990

183,621

164,621

212,895

197,486

147,38

1991

149,811

172,671

176,665

194,716

168,73

1992

169,305

194,405

184,293

209,393

162,22

1993

184,434

207,874

292,376

231,817

156,64

1994

112,944

145,114

133,972

166,143

143,14

1995

97,560

126,950

185,392

126,950

133,05

1996

86,526

116,666

134,082

166,666

124,92

1997

86,060

109,223

141,975

110,896

-

1998 (PLF)

73

105,160

-

-

-

Source : direction du Budget.

Par ailleurs, la charge annuelle de la dette est élevée. Une forte diminution du taux de prise en charge du " différé " augmenterait les déficits les années suivantes et aurait pour effet, soit d'amener les collectivités locales concernées à réduire de façon significative leurs programmes d'équipement, soit d'amener l'État à mettre en place des moyens d'équilibre plus élevés par ailleurs. Selon le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, " il convient de trouver un équilibre entre rythme d'urbanisation et finances locales. C'est dans cette optique qu'au différé d'amortissement, outil qui présente l'inconvénient de rendre l'endettement indolore les premières années et qui profite davantage aux SAN qui ont la capacité de s'endetter plutôt qu'aux SAN les moins riches, il est progressivement préféré l'octroi d'aides directes sous la forme de dotations d'équilibre ".

Cette évolution, amorcée depuis plusieurs années, est confirmée par le projet de loi de finances pour 1999, comme le montre l'augmentation des moyens consacrés à la dotation d'équilibre.

EXAMEN EN COMMISSION

Dans sa séance du 19 octobre 1998, la commission des Finances, de l'Économie générale et du Plan a examiné, sur le rapport de M. Thierry Carcenac, rapporteur spécial, les crédits des Charges communes et les articles 77 et 78 rattachés à ce budget.

M. Thierry Carcenac, rapporteur spécial, a indiqué qu'avec 680,9 milliards de francs le budget des Charges communes connaîtrait, en 1999, une progression de 0,8% et qu'il représenterait ainsi 34% des crédits bruts totaux du budget général. Il a observé que cette évolution minime résultait, pour une grande part, des changements de structure qui affectent ce budget, à hauteur de 59,5 milliards de francs en termes de masses déplacées. Il a précisé, à cet égard, que les principaux mouvements concernaient les mesures en faveur de l'emploi et de la formation professionnelle, dont les crédits sont transférés sur le budget de l'Emploi (43 milliards de francs), et les charges de pension de La Poste, auparavant financées par voie de fonds de concours, qui abondent les crédits initiaux de 14,8 milliards de francs.

Il a ensuite présenté les trois principaux postes de crédits, qui représentent 95% du budget des Charges communes.

Après avoir noté que les remboursements et dégrèvements seraient stables, en 1999, par rapport à leur évaluation révisée pour 1998, avec 306,7 milliards de francs, il a indiqué que la charge nette de la dette progresserait de 5 milliards de francs pour atteindre 237,2 milliards de francs. Il a précisé que la réduction du déficit budgétaire et des amortissements des bons du Trésor à moyen terme diminuerait de près de 80 milliards de francs le besoin de financement de l'État en 1999. Il a observé que la couverture de ce besoin de financement s'effectuerait par des titres émis à des taux inférieurs à ceux constatés en 1997 et 1998. Il a souligné, par ailleurs, que la dotation provisionnelle de 3 milliards de francs inscrite en 1998 pour abonder les crédits de rémunération des agents publics n'était pas reconduite du fait de la conclusion d'un accord salarial en février 1998. Il a indiqué que les charges de pension s'accroîtraient de près de 17,6 milliards de francs, bien qu'elles ne représentent qu'une faible partie des crédits de pension dispersés sur l'ensemble du budget général. Il a estimé que les projections démographiques laissaient prévoir, dans les années prochaines, une augmentation sensible du flux des départs en retraite, qui devrait provoquer un accroissement important des charges budgétaires de pension.

Il a observé ensuite que les autres dotations du budget de Charges communes ne connaissaient que des ajustements limités. Il a précisé ainsi que les dotations pour primes d'épargne logement seraient stables, en 1999, à 8,1 milliards de francs, que les crédits pour bonifications d'intérêts diminueraient de 450 millions de francs et que les dotations reflétant la participation de la France au capital des organismes internationaux et à divers fonds internationaux augmenteraient de 290 millions de francs en crédits de paiement. Il a rappelé que l'allocation de rentrée scolaire ne faisait, traditionnellement, l'objet d'aucune dotation en loi de finances initiale, les dépenses afférentes étant financées, soit par décret d'avance, soit en loi de finances rectificative.

Il a souligné en outre que l'article 77 du projet de loi de finances, relatif à la revalorisation des majorations légales de rentes viagères, ne concernait plus les rentes constituées entre particuliers, l'inscription d'une disposition concernant ces rentes en loi de finances constituant un cavalier budgétaire. Il a, enfin, indiqué que l'article 78 visait à autoriser la mise à disposition de La Poste des fonds des comptes courants postaux, dans le cadre de l'autonomie croissante accordée à cet établissement, ainsi qu'à ajuster, en conséquence, le cadre comptable des activités de La Poste.

M. Gérard Bapt a relevé la diminution de la dotation relative aux moratoires de dettes accordés aux rapatriés et a déploré l'ostracisme de certaines juridictions à l'égard de ces personnes, notamment au regard de la suspension des poursuites engagées contre les rapatriés surendettés. Il a estimé que, trop souvent, les juridictions n'appliquaient pas l'esprit des textes.

La Commission a adopté, sur la proposition du Rapporteur spécial, les crédits des Charges communes et vous demande d'émettre un vote favorable à leur adoption.

Article 77

Majoration légale des rentes viagères.

Texte du projet de loi :

I.- L'article 2 de la loi n° 51-695 du 24 mai 1951 portant majoration de certaines rentes viagères et pensions est ainsi rédigé : " Les taux de majoration applicables aux rentes viagères visées à l'article 1er de la présente loi sont ainsi fixés :

Période au cours de laquelle est née la rente originaire

Taux de la majoration
(en pourcentage)

Avant le 1er août 1914

84.480,7

Du 1er août 1914 au 31 décembre 1918

48.233,7

Du 1er janvier 1919 au 31 décembre 1925

20.254,8

Du 1er janvier 1926 au 31 décembre 1938

12.384,4

Du 1er janvier 1939 au 31 août 1940

8.911,3

Du 1er septembre 1940 au 31 août 1944

5.386,2

Du 1er septembre 1944 au 31 décembre 1945

2.608,3

Années 1946, 1947 et 1948

1.208,8

Années 1949, 1950 et 1951

647,0

Années 1952 à 1958 incluse

465,2

Années 1959 à 1963 incluse

371,6

Années 1964 et 1965

346,1

Années 1966, 1967 et 1968

325,5

Années 1969 et 1970

302,1

Années 1971,1972 et 1973

259,2

Année 1974

174,5

Année 1975

159,5

Année 1976 et 1977

137,3

Année 1978

120,3

Année 1979

100,9

Année 1980

78,3

Année 1981

58,1

Année 1982

46,7

Année 1983

39,5

Année 1984

33,3

Année 1985

29,8

Année 1986

27,5

Année 1987

24,6

Année 1988

21,7

Année 1989

18,9

Année 1990

15,6

Année 1991

12,8

Année 1992

10,0

Année 1993

7,8

Année 1994

6,0

Année 1995

3,8

Année 1996

2,5

Année 1997

1,2

II.- Les taux de majoration fixés au I ci-dessus sont applicables, sous les mêmes conditions de date, aux rentes viagères visées par la loi n° 48-957 du 9 juin 1948 portant majoration des rentes viagères constituées au profit des anciens combattants auprès des caisses autonomes mutualistes, ainsi qu'aux rentes constituées par l'intermédiaires des sociétés mutualistes au profit des bénéficiaires de la majoration attribuée en application de l'article L.321-9 du code de la mutualité.

Exposé des motifs du projet de loi :

Les taux de majoration prévus au paragraphe I correspondent à une revalorisation de 1,2% des arrérages des rentes viagères. Cette mesure concerne les majorations de rentes servies en réparation d'un préjudice, ainsi que les majorations de rentes d'anciens combattants (§ II).

Observations et décision de la Commission :

I.- La revalorisation des majorations légales
applicables à certaines rentes viagères

Le présent article propose, comme les années précédentes, de revaloriser le taux des majorations légales applicables aux arrérages de rentes viagères, à hauteur de la prévision d'évolution de l'indice des prix hors tabac associée au projet de loi de finances pour 1999, soit 1,2%.

Depuis la réforme intervenue dans la loi de finances pour 1996, ne sont plus soumises à revalorisation, sauf si les crédirentiers sont anciens combattants, les majorations légales applicables aux rentes souscrites auprès des compagnies d'assurance-vie, de la Caisse nationale de prévoyance et des caisses autonomes mutualistes, qui bénéficient désormais de la participation aux bénéfices, conformément au code des assurances.

L'article 6 de la loi du 2 août 1949 a prévu que les majorations légales des rentes viagères autres que celles constituées entre particuliers seraient financées par un fonds commun alimenté par les compagnies d'assurance, par l'État et par une " surprime " appliquée aux contrats.

Les charges budgétaires découlant de la prise en charge par l'État d'une partie de la majoration légale des rentes viagères sont inscrites sur le chapitre 46-94 du budget des Charges communes. La dotation de 1998 serait reconduite quasiment à l'identique en 1999 : 2.349,5 millions de francs, soit une augmentation de 1,5 million de francs. La stabilisation des dépenses de l'État voulue par la réforme de 1996 se trouve ainsi confirmée.

Le tableau ci-après retrace, depuis 1990, l'évolution des crédits ouverts et des dépenses constatées sur le chapitre 46-94 du budget des Charges communes.

PARTICIPATION DE L'ÉTAT AUX MAJORATIONS DE RENTES VIAGÈRES

Crédits ouverts et dépenses constatées sur le chapitre 46-94
du budget des Charges communes

(En millions de francs)

Année

Crédits ouverts

Dépenses constatées

1990

LFI

1.959

Assurance-vie

732,54

     

Caisse nationale de prévoyance

766,52

     

Caisses autonomes mutualistes

337,01

 

TOTAL

1.959

TOTAL

1.836,07

1991

LFI

1.997

Assurance-vie

776,09

     

Caisse nationale de prévoyance

894,52

     

Caisses autonomes mutualistes

347,97

 

TOTAL

1.997

TOTAL

2.018,58

1992

LFI

2.048

Assurance-vie

822,23

 

LFR

239

Caisse nationale de prévoyance

1.117,88

     

Caisses autonomes mutualistes

365,78

 

Total

2.287

Total

2.305,89

1993

LFI

2.098

Assurance-vie

867,25

 

LFR

47,19

Caisse nationale de prévoyance

888,90

     

Caisses autonomes mutualistes

389,04

 

Total

2.145,19

Total

2.145,19

1994

LFI

1.764

Assurance-vie

901,50

 

LFR

445,30

Caisse nationale de prévoyance

903,68

     

Caisses autonomes mutualistes

404,10

 

Total

2.209,30

Total

2.209,30

1995

LFI

2.279

Assurance-vie

961,72

 

LFR

- 22,55

Caisse nationale de prévoyance

861,50

     

Caisses autonomes mutualistes

431,97

 

Total

2.256,45

Total

2.255,19

1996

LFI

2.325

Assurance-vie

992,97

     

Caisse nationale de prévoyance

839,45

     

Caisses autonomes mutualistes

452,21

 

Total

2.325

Total

2.283,96

1997

LFI

2.328

Assurance-vie

1.007,23

     

Caisse nationale de prévoyance

799,74

     

Caisses autonomes mutualistes

475,34

 

Total

2.328

Total

2.282,30

1998

LFI

2.348

Assurance-vie (a)

1.001,64

     

Caisse nationale de prévoyance (a)

764,85

     

Caisses autonomes mutualistes (a)

489,02

 

Total

2.348

Total

2.255,51

1999

PLF

2.349,5

n.d.

 

(a) Dépenses constatées au 1er septembre 1998.

Source : Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie.

II.- La limitation du champ de la revalorisation

· Le présent article propose, implicitement, de limiter le champ de cette revalorisation à deux catégories de rentes seulement :

- celles qui sont servies en réparation d'un préjudice, soit par accord amiable, soit sur décision judiciaire, en application de l'article premier de la loi n° 51-695 du 24 mai 1951 ;

- celles qui sont versées aux anciens combattants, dès lors qu'elles sont constituées soit auprès des caisses autonomes mutualistes visées par la loi n° 48-957 du 9 juin 1948, soit par l'intermédiaire d'une caisse autonome mutualiste ou de la Caisse nationale de prévoyance, en application de l'article L. 321-9 du code de la mutualité.

Le texte du présent article ne fait aucune référence, au contraire des revalorisations décidées dans les lois de finances précédentes, aux rentes viagères constituées entre particuliers moyennant l'aliénation ou comme charge du legs de biens corporels meubles, d'immeubles ou de fonds de commerce, en application de la loi n° 49-420 du 25 mars 1949.

Par ailleurs, sont également absentes du texte de l'article proposé les dispositions traditionnellement inscrites dans les lois de finances précédentes, qui permettaient l'application des règles concernant la révision des rentes viagères constituées entre particuliers. Ces dispositions concernaient notamment les points suivants :

- la prorogation au 1er janvier de l'année en cours de divers mécanismes applicables aux tranches de rentes constituées pendant l'année précédente ;

- la prise en compte de la revalorisation de la majoration légale dans le calcul du capital de rachat des rentes.

Enfin, le présent article ne propose pas, comme c'était le cas les années précédentes, de proroger le délai pendant lequel les actions en justice relatives à la majoration des rentes viagères, ouvertes par la loi du 25 mars 1949 précitée, pourraient à nouveau être intentées.

· En fait, la limitation du champ de la revalorisation, proposée par le présent article, résulte de ce que les majorations de rentes viagères constituées entre particuliers ne sont constitutives d'aucune charge pour l'État : la charge des majorations légales établies au profit des crédirentiers repose entièrement sur les débirentiers.

Le Conseil d'État avait estimé, dans l'avis remis au Gouvernement sur le projet de loi de finances pour 1998, que les dispositions des lois de finances tendant à revaloriser les majorations légales applicables aux rentes viagères constituées entre particuliers constituaient un " cavalier budgétaire ". Le Gouvernement se serait engagé à supprimer ce cavalier dans le projet de loi de finances pour 1999.

La revalorisation des majorations légales applicables aux rentes viagères constituées entre particuliers doit donc, désormais, reposer sur une disposition légale extérieure à une loi de finances. Elle devrait intervenir sur une base annuelle, car il ne s'agit pas seulement d'indexer les taux de majoration sur l'indice des prix hors tabac, mais également de modifier des dates dans plusieurs articles de la loi de 1949.

Pour l'heure, cependant, les administrations concernées (Justice, Trésor) n'ont pas eu le loisir de déterminer la solution qui sera retenue.

*

* *

Lors de sa séance du 19 octobre 1998, la commission des Finances, de l'Économie générale et du Plan a adopté, sur la proposition du Rapporteur spécial, l'article 77 sans modification et vous demande d'émettre un vote favorable à son adoption.

Article 78

Mise à disposition de La Poste des fonds des comptes
courants postaux.

Texte du projet de loi :

I.- Le deuxième alinéa de l'article 16 de la loi n° 90-568 du 2 juillet 1990 modifiée relative à l'organisation du service public de La Poste et des télécommunications est remplacé par l'alinéa suivant :

" La Poste dispose, à compter du 1er janvier 1999, des fonds des comptes courants postaux, à l'exception des dépôts des comptables et des régisseurs publics, selon les modalités définies par son cahier des charges. ".

II. L'article 15 de la même loi est complété par les dispositions suivantes :

" Les titres d'investissement venant en emploi des fonds des comptes courants postaux dont La Poste dispose en application du deuxième alinéa de l'article 16 de la présente loi sont comptabilisés selon les dispositions comptables applicables aux établissements de crédit, dans des conditions définies par le Comité de la réglementation comptable. ".

Exposé des motifs du projet de loi :

Le présent article a pour objet de mettre fin à l'obligation, pour La Poste, de déposer au Trésor les fonds des comptes courants postaux, obligation qui résulte de la loi n° 90-568 du 2 juillet 1990 relative à l'organisation du service public de La Poste et des télécommunications. Les modalités de cette opération de décentralisation des fonds CCP seront définies par le cahier des charges de La Poste.

La Poste sera par ailleurs autorisée à comptabiliser dans son bilan les titres d'investissement venant en adossement de ces fonds selon les règles qui s'appliquent pour les établissements bancaires.

Dans l'hypothèse retenue d'une décentralisation de 30 milliards F en 1999, l'économie pour le budget de l'État est estimée à 100 millions F.

Observations et décision de la Commission :

Le présent article a pour objet de mettre à la disposition de La Poste les fonds détenus par les particuliers sur des comptes courants postaux (fonds privés des CCP) et de prévoir les modifications des règles comptables applicables à La Poste nécessitées par cette mise à disposition.

I.- La mise à la disposition de La Poste des fonds privés des CCP : principe et modalités

La loi n° 90-568 du 2 juillet 1990 relative à l'organisation du service public de la poste et des télécommunications dispose, dans son article 16, deuxième paragraphe, que " la Poste dépose au Trésor les fonds des comptes courants postaux. Son cahier des charges fixe les conditions de ce dépôt et précise les garanties d'une juste rémunération des fonds déposés, qui doit inciter à la collecte, et atteindre, dans des conditions fixées par le contrat de plan, un niveau au moins égal au coût de celle-ci, en tenant compte des gains de productivité obtenus ".

· La loi de 1990 faisant de La Poste (et de France Télécom) des personnes morales et supprimant, par conséquent, le budget annexe des Postes et télécommunications, l'établissement aurait dû, normalement, inclure dans ses ressources de trésorerie les fonds privés des CCP, soit près de 130 milliards de francs à l'époque. Sous le régime juridique du budget annexe, ceux-ci étaient naturellement intégrés aux ressources du Trésor.

Le risque était donc grand de voir la trésorerie de l'État se dégrader subitement à hauteur de 130 milliards de francs du seul fait de la transformation du statut de La Poste. La nécessité de prévoir l'obligation de dépôt au Trésor des fonds privés des CCP s'est alors imposée, concrétisée dans le deuxième paragraphe de l'article 16 de la loi du 2 juillet 1990.

Le contexte a changé aujourd'hui. Compte tenu du développement des marchés financiers et de la place prise par la dette négociable dans la dette totale de l'État, le Trésor peut désormais envisager sans risque un transfert progressif vers La Poste des fonds privés des CCP déposés auprès de lui. Par ailleurs, La Poste peut légitimement viser à obtenir une plus grande liberté de gestion sur les fonds qu'elle collecte. Enfin - bien que la Commission européenne n'ait jamais contesté le principe du dépôt au Trésor des fonds privés des CCP - la mise à la disposition de La Poste de ces fonds s'inscrit dans un arrière-plan communautaire qui tend désormais à bannir tout accès des Trésors nationaux à des ressources de financement privilégiées.

Le récent contrat de plan entre l'État et La Poste, signé au cours de l'été 1998, a pris acte de ce nouveau contexte et a posé le principe de la mise à la disposition de La Poste des fonds privés des CCP, soit 150 milliards de francs en moyenne sur les derniers mois connus, sous réserve de l'adoption par le Parlement des dispositions législatives nécessaires, qui constituent la substance du présent article.

· Cette mise à disposition s'effectuerait progressivement, à hauteur d'environ 30 milliards de francs par an pendant cinq ans. L'État et La Poste devront définir précisément l'échéancier de réalisation de l'opération, la période de cinq ans débutant au 1er janvier 1999. Cet échéancier doit permettre à l'État de conserver la visibilité nécessaire pour gérer au mieux les variations induites sur sa trésorerie par ces retraits et à La Poste de préparer dans de bonnes conditions le placement des fonds qui lui seront transférés. Selon les informations reçues par votre Rapporteur spécial, l'échéancier devrait définir le montant des transferts sur une base annuelle et infra-annuelle, ainsi qu'une fourchette d'amplitude limitée au sein de laquelle des variations pourraient être admises. L'échéancier devrait être révisable selon une périodicité et des modalités à définir par les deux parties.

Le financement du transfert s'effectuerait par un solde positif des émissions nettes de BTF en 1999, pour environ 28 milliards de francs. L'accroissement de l'encours des BTF résulterait de l'augmentation du montant moyen des adjudications hebdomadaires de cette catégorie de bons du Trésor. Pour un montant de 30 milliards de francs, l'augmentation de l'encours de BTF adjugés au cours d'une séance, chaque lundi, devrait être relevé d'environ 650 millions de francs. Ceci représente 5% seulement du volume moyen des adjudications de BTF. Ainsi, le financement du transfert vers La Poste des fonds privés des CCP ne semble pas susceptible de déséquilibrer le marché des titres d'État à court terme.

· L'engagement et le rythme du processus sont subordonnés à la présentation, par La Poste, des règles d'organisation et de gestion qu'elle compte mettre en _uvre pour assurer une gestion à la fois sûre, efficace et transparente des fonds CCP dont elle disposera. Par ailleurs, le Trésor devrait demander à La Poste, dans le cadre de l'exercice de la tutelle, de rendre compte régulièrement des résultats de cette gestion. La formule d'un audit annuel devrait, à ce titre, être retenue.

Enfin, un certain nombre de contraintes doivent être définies quant à la nature des placements (" emplois ") qui viendront en contrepartie des ressources de trésorerie que constitueront les fonds privés des CCP. Aux termes de l'annexe 2 au contrat de plan entre l'État et La Poste, celle-ci " effectuera l'intégralité du placement des fonds CCP en titres vérifiant les caractéristiques définies au paragraphe 4.2.1 du règlement n° 91-05 du 15 février 1991 du CRBF " (Comité de la réglementation bancaire et financière), à l'exception de la part des fonds des CCP qui doit permettre de satisfaire strictement les besoins de trésorerie liés aux variations à court terme des encours. Les titres et emplois divers visés par le règlement du CRBF sont les suivants :

- créances sur les administrations centrales ou les banques centrales des États de la " zone A " (39) ou expressément garanties par celles-ci ;

- créances sur les administrations centrales ou les banques centrales des États de la zone B, libellées et financées dans la devise de l'emprunteur ;

- créances sur un débiteur de la zone B expressément garanties par l'administration centrale ou la banque centrale du même pays, libellées et financées dans leur devise nationale ;

- créances sur les Communautés européennes (40) ou expressément garanties par celles-ci ;

- actifs garantis par le nantissement, ou par une affectation en garantie équivalente, de titres émis par les administrations centrales ou les banques centrales des États de la zone A ou par les Communautés européennes ; de dépôts auprès de l'établissement prêteur ; de certificats de dépôt ou instruments assimilés émis par et déposés auprès de l'établissement prêteur.

L'État et La Poste sont confrontés à la nécessité de répondre à deux impératifs. Il faut, d'une part, respecter le principe d'autonomie de gestion de l'établissement public - motivation première du processus de transfert à La Poste des fonds privés des CCP - tout en instaurant un mécanisme de contrôle rigoureux qui permette à La Poste et à sa tutelle de surveiller, chaque jour, les flux de trésorerie et les opérations comptables relatives aux fonds privés des CCP.

Il faut, d'autre part, assurer la sécurité des encours et garantir la solvabilité de l'établissement vis-à-vis des déposants. La réponse passe, en partie, par une stricte limitation des emplois susceptibles d'être mis en regard des ressources nouvelles apportées par les CCP. Elle passe également par une adaptation du cadre comptable.

II.- L'adaptation des règles comptables applicables à La Poste

Malgré l'importance croissante de ses activités financières et du montant total des fonds collectés par son réseau, La Poste n'est pas une entreprise soumise aux règles comptables des institutions financières.

· En effet, l'article 15 de la loi de 1990 précitée dispose que " la comptabilité de chaque exploitant public obéit aux règles applicables aux entreprises du commerce. Les dispositions particulières prévues par les lois n° 84-148 du 1er mars 1984 et n° 85-11 du 3 janvier 1985 pour les entreprises publiques s'appliquent à La Poste et à France Télécom ".

Il est vrai que le chiffre d'affaires généré par les services financiers ne représentait que 20,9 milliards de francs, soit 24% du chiffre d'affaires total de La Poste en 1997 (86,6 milliards de francs). En revanche, l'activité courrier pesait 59,6 milliards de francs, soit environ 70% du total, et l'activité colis 6 milliards de francs, soit 7% du total.

Le régime comptable de La Poste est ainsi aligné sur celui de la plupart des entreprises publiques, en particulier des établissements publics industriels et commerciaux (EPIC). Cependant, La Poste n'étant pas qualifiée d'EPIC, il était nécessaire que la loi visât explicitement certaines obligations comptables applicables à ce type d'établissement (41).

Le fait que La Poste soit soumise aux règles de la comptabilité industrielle et commerciale est susceptible de générer certains inconvénients importants, dès lors que l'établissement aura pour mission de gérer lui-même les fonds privés des CCP.

En effet, les fonds des CCP, qui sont inscrits jusqu'ici en " pied de bilan " dans les états financiers de La Poste (42), y seraient désormais pleinement intégrés. Cette intégration supprimerait, au demeurant, une dissymétrie logique mais surprenante : les avoirs créditeurs des CCP sont actuellement inscrits en pied de bilan, tandis que les comptes courants débiteurs sont inscrits au sein même du bilan, à l'actif, dans la catégorie des créances d'exploitation (43). En contrepartie des avoirs créditeurs inscrits au passif du bilan, des titres de placement seront inscrits à l'actif, résultat de la politique de gestion de La Poste, qui visera à obtenir une bonne rémunération des ressources collectées sur les CCP.

· L'intégration au bilan des avoirs créditeurs des CCP nécessite de modifier les règles comptables de La Poste sur deux points. Il s'agit pour l'essentiel :

- d'instaurer une stricte ségrégation comptable entre, d'une part, les avoirs des CCP et les titres venant en contrepartie de ces avoirs, d'autre part, les autres postes du bilan. C'est le principe du " cantonnement " des actifs, appliqué, par exemple, aux activités d'assurance ;

- de protéger le bilan et le compte d'exploitation de La Poste contre les fluctuations de la valeur des titres de placement qui reflètent les fluctuations de taux d'intérêt.

A cet effet, l'annexe 2 au contrat de plan entre l'État et La Poste prévoit que les titres de placement détenus en contrepartie des avoirs des CCP seraient destinés à être conservés jusqu'à leur date de remboursement et non à être vendus sur le marché dans le cadre d'une gestion active du portefeuille de placement. Dans ces conditions, La Poste ne supporterait aucun risque en capital, les titres étant remboursés à l'échéance en fonction des seules conditions contenues dans le contrat d'émission. Ainsi, le principe de prudence comptable qui veut que, pour les entreprises industrielles et commerciales, les dépréciations d'actifs soient retracées dans les comptes dès leur constatation, ne serait pas adapté en l'espèce.

Il convient donc plutôt de retenir des règles qui permettraient d'assimiler les titres venant en emploi des fonds privés des CCP à des titres d'investissement, au sens de la réglementation bancaire et financière.

Le règlement n° 90-01 modifié du 23 février 1990 du Comité de la réglementation bancaire et financière (CRBF) définit, dans son article 7, la nature des titres d'investissement et les principales règles qui leur sont applicables. " Sont considérés comme des titres d'investissement les titres à revenu fixe dont le prix de remboursement est fixe, qui ont été acquis avec l'intention de les détenir de façon durable, en principe jusqu'à l'échéance ". Ces titres se distinguent des titres de placement, " acquis avec l'intention de les détenir pendant une durée supérieure à six mois " sauf ceux destinés à être conservés jusqu'à l'échéance (article 5), et des titres de transaction, " acquis ou vendus dès l'origine avec l'intention de les revendre ou de les racheter à brève échéance " et qui répondent à des caractéristiques déterminées (article 2).

L'établissement qui compte inscrire des titres dans la catégorie des titres d'investissement doit disposer des moyens lui permettant :

- soit de conserver effectivement les titres de façon durable, notamment par l'obtention de ressources globalement adossées et affectées à leur financement ;

- soit de se protéger de façon permanente contre les dépréciations des titres concernés par une utilisation adéquate des instruments financiers de couverture.

Les plus-values latentes sur titres d'investissement ne sont jamais constatées. Les moins-values ne sont pas constatées non plus, sauf " forte probabilité que l'établissement ne conserve pas ces titres jusqu'à l'échéance en raison de circonstances nouvelles et sans préjudice des provisions à constituer s'il existe des risques de défaillance de l'émetteur des titres ".

Le paragraphe II du présent article prévoit que le Comité de la réglementation comptable (44) sera chargé de définir les règles comptables adéquates, sur le modèle des dispositions générales applicables aux établissements de crédit, dans leur dimension spécifique à La Poste, établissement public.

*

* *

Lors de sa séance du 19 octobre 1998, la commission des Finances, de l'Économie générale et du Plan a adopté, sur la proposition du Rapporteur spécial, l'article 78 sans modification et vous demande d'émettre un vote favorable à son adoption.

ANNEXE

Conclusions dégagées des évaluations rétrospectives
des opérations d'exportation relevant de l'aide au développement depuis 1995 et suites données aux études

Chapitre 37-03

(Source : direction du Trésor)

1.- Conclusions générales et communes à l'ensemble des études.

Il ressort des évaluations lancées depuis 1995 que tous les projets ayant fait l'objet d'une étude ont été réalisés : aucune étude n'a révélé ce que l'on appelle communément un " éléphant blanc ". Le travail des entreprises françaises chargées de la réalisation est toujours d'une qualité technique de bon niveau voire le meilleur (télécommunications, eau) et répond aux demandes et besoins des pays bénéficiaires même si les coûts ne sont pas toujours les plus bas. Cependant, sur le long terme, l'arbitrage prix/qualité peut se révéler favorable au facteur technologique (choix du téléphone numérique par le Yémen).

La conception des projets financés sur protocole a été renforcée par la systématicité des évaluations préalables, en application des recommandations des précédentes évaluations rétrospectives. De même de nombreux projets de formation ont été financés conformément à ces mêmes recommandations.

Les études révèlent par ailleurs que le choix des secteurs d'intervention correspond aux besoins des pays bénéficiaires de l'aide. Mais la partie française ne peut pas être maître des aléas relatifs à l'exécution de la part locale qui peut être à l'origine de retards ou de dysfonctionnements (eau en Indonésie et en Turquie).

Les points d'application des financements aidés sont donc bien adaptés en général au niveau de développement du pays récipiendaire, à leur programme de développement économique ainsi qu'à leurs capacités financières (financement des études sur don, réactivation des prêts du Trésor sur le Bangladesh, partenariat et aide au secteur privé en Tunisie). De même que les entreprises françaises intervenantes appartiennent aux secteurs forts de l'offre française à l'exportation. Les projets de télécommunication ont été notamment porteurs mais sont aujourd'hui contraints par le consensus OCDE. Certaines spécificités françaises demandent parfois une révision avant d'être exportées comme le modèle d'agence de bassin au Brésil (modification législative et institutionnelle) ou les systèmes d'information géographique (SIG).

Cependant dans l'ensemble, la publicité accordée à nos interventions reste insuffisante, contrairement aux autres bailleurs de fonds plus avertis sur le caractère essentiel de la communication. De même les aspects formation, assistance technique et suivi restent encore à renforcer.

2.- Un certain nombre de recommandations sont spécifiques aux secteurs d'intervention.

Dans les secteurs de l'eau et de l'électricité un certain nombre de précautions sont indispensables compte tenu de la logique de fonctionnement : état et évolution des sources d'approvisionnement, des équipements de traitement et des réseaux et bénéficiaires de la distribution. Dans ces secteurs, le financement de projets intégrés est indispensable. Et la logique financière doit suivre la logique technique : le financement d'une station de traitement d'eau n'a guère d'utilité si le réseau rend l'eau impropre à la consommation ou si la ville qui doit être desservie n'est encore qu'à l'état de projet (villes nouvelles en Égypte). Mais la part de responsabilité des autorités locales est ici déterminante.

Pour les projets de formation, la cohérence avec le système local et la collaboration avec les professionnels sont des conditions de réussite des projets (formation en Indonésie, au Liban).

Dans le secteur de la santé, les petits projets sont à privilégier de même que la mise en place d'une supervision/coordination des interventions.

Pour les projets de partenariat, l'état du système bancaire local et le rôle joué dans la procédure par d'éventuels intermédiaires financiers sont déterminants dans le succès des opérations (partenariat en Tunisie).

3.- Le suivi donné aux évaluations rétrospectives a été renforcé.

Un certain nombre de recommandations récurrentes ont été prises en compte lors de l'étude de nouveaux projets à laquelle sont associés les membres de la cellule Évaluation. Les interventions sous forme de livraison d'équipements sont régulièrement précédées d'études et font l'objet d'une étude préalable plus poussée. L'assistance technique et la formation de même qu'une supervision des projets sont le plus fréquemment proposées mais ne sont pas toujours acceptées par les pays bénéficiaires (blocages culturels notamment en Asie). La coordination avec des financements multilatéraux, ou la prise de relais des financements multilatéraux ou européens est recherchée afin d'assurer la pérennité de nos interventions à moindre frais pour le budget de l'État.

Par ailleurs, le lancement d'évaluations rétrospectives sur des projets ayant déjà fait l'objet d'étude a posteriori peut permettre d'assurer la rétroaction des conclusions des études (partenariat en Tunisie).

Les évaluations par pays sont l'occasion de faire le point sur la stratégie d'intervention dans un pays donné et ne sont pas limitées aux financements sur protocoles. Elles sont particulièrement appréciées des décideurs et opérationnels de l'aide française.

De manière plus générale, la réforme des protocoles intègre largement les conclusions des évaluations rétrospectives par la réorganisation des prêts et des dons du Trésor, par la mise en place de la Réserve Pays Émergents (RPE - adaptation de l'instrument au niveau de développement du pays et aux potentialités des marchés) et de la procédure FASEP (importance du financement des études et soutien au secteur privé).

1 ) BTAN : Bons du Trésor à taux fixe et intérêt annuel. Il s'agit des titres à moyen terme émis par l'État (durée de 2 ans ou 5 ans).

2 ) A l'exception notoire de l'année 1993, où la charge nette de la dette ne s'était accrue que de 2,4 milliards de francs, principalement grâce à un niveau extrêmement élevé de recettes d'ordre. L'abondance des recettes d'ordre était due, pour l'essentiel, à l'encaissement de 5,5 milliards de francs d'intérêts d'avances (3,3 milliards de francs au titre des avances consenties à l'ACOSS, 2,2 milliards de francs au titres des avances consenties au Fonds de soutien des rentes), à un résultat excédentaire du Fonds de soutien des rentes, pour 2,4 milliards de francs, et à un montant élevé des recettes de coupons courus (16 milliards de francs).

3 ) Cours indicatif de la Banque de France au 31 août 1998, repris dans le bulletin mensuel Valeurs du Trésor, n° 100, septembre 1998.

4 ) Pour plus de précisions, il convient de se reporter aux pages 114 à 156 du rapport n° 781 présenté, au nom de la Commission des finances, par M. Didier Migaud, rapporteur général, sur le projet de loi n° 727 portant diverses dispositions d'ordre économique et financier.

5 ) Les offres non compétitives soumises par les SVT ne participent pas au mécanisme concurrentiel qui fonde l'adjudication (détermination des quantités servies à chaque adjudicataire et du taux moyen pondéré, pour chaque catégorie de titres émis). Elles peuvent intervenir en " surnombre ", au-delà du volume plafond d'émissions annoncé par le Trésor avant l'adjudication. Elles sont servies, après la séance, au taux moyen pondéré des titres de même catégorie qui résulte des résultats définitifs de l'adjudication. Par exemple, le déroulement de l'adjudication de BTAN intervenue le 15 octobre 1998 fait apparaître les éléments suivants : avant la séance, le Trésor a annoncé que 13 à 15 milliards de francs seraient émis pour les BTAN en francs (sur deux lignes) et 600 à 800 millions d'écus pour les BTAN en écus (sur deux lignes fongibles avec les BTAN en francs) ; le montant nominal des titres émis dans le cadre de l'adjudication concurrentielle s'est élevé à 14.165 millions de francs pour les BTAN en francs et 750 millions d'écus pour les BTAN en écus ; par ailleurs, les SVT ont présenté des soumissions non compétitives à concurrence de 2.262 millions de francs pour les BTAN en francs et 130 millions d'écus pour les BTAN en écu. Ces offres ont été servies aux taux de 3,43353% pour le BTAN juillet 2000, 3,72096% pour le BTAN juillet 20003, 3,48154% pour le BTAN juillet 2000 écu et 3,7716% pour le BTAN juillet 2003 écu, chacun de ces taux constituant le taux de rendement actuariel au prix moyen pondéré des titres émis dans chaque catégorie.

6 ) Pour plus de précisions, il convient de se reporter aux pages 157 à 182 du rapport n° 781 présenté, au nom de la Commission des finances, par M. Didier Migaud, rapporteur général, sur le projet de loi n° 727 portant diverses dispositions d'ordre économique et financier (mars 1998).

7 ) Entretien accordé à la revue Mouvements, publiée par Sicovam (n° 39, septembre 1998).

8 ) Cette clarification a été introduite par la loi n° 93-1444 du 31 décembre 1993 portant diverses dispositions relatives à la Banque de France, à l'assurance, au crédit et aux marchés financiers.

9 ) Par exemple, pour les contrats venant à échéance en décembre 1998, le gisement est constitué par l'OAT 7,5% avril 2005, l'OAT 5,5% avril 2007, l'OAT 5,25% avril 2008 et le BTP République italienne 5% mai 2008.

10 ) Les contrats du MATIF étant négociés par cycles trimestriels, la première échéance de contrats postérieure à l'introduction de l'euro est mars 1999.

11 ) Pour les contrats " Euro notionnel " venant à échéance en mars 1999, le gisement est composé d'OAT françaises uniquement. De façon générale, la liste des émetteurs souverains dont les titres peuvent être intégrés au gisement est publiée par le MATIF le premier jour de négociation du contrat concerné.

12 ) Le gisement est définitivement figé 4 mois avant la date d'échéance des contrats concernés.

13 ) Par exemple, pour les contrats venant à échéance en mars 1999, le gisement est constitué par l'OAT 5,5% octobre 2007, l'OAT 5,25% avril 2008, l'OAT 8,5% octobre 2008, le Bund allemand 5,25% janvier 2008, le Bund 4,75% avril 2008, le Bono espagnol 6% janvier 2008, le Bono 8,2% février 2009, le BTP italien 6% novembre 2008, le BTP 5% mai 2008, l'obligation Royaume des Pays-Bas 5,25% juillet 2008 et l'obligation République d'Autriche 5% janvier 2008. Le gisement des contrats venant à échéance en juin 1999 est légèrement différent.

14 ) Pour le contrat " MATIF E-Bond " d'échéance mars 1999, le gisement est constitué du Bund 6,5% juillet 2027, du Bund 5,625% janvier 2028, de l'OAT 6% octobre 2025, de l'OAT 5,5% avril 2029 et de l'obligation Royaume des Pays-Bas 5,5% janvier 2028.

15 ) Le " taux de rotation " des avances est calculé de la façon suivante. Du montant des masses (égales) portées en crédit et débit du compte 369.30 " Compte de dépôt du FSR au Trésor en francs " est retranché le résultat net du FSR (sous-compte 369.300). Le solde représente le montant total des mouvements sur avances (sous-compte 369.301). De ce solde est retranché le montant des avances consenties : en effet, le versement de l'avance et son remboursement sont nécessairement portés respectivement au crédit et au débit du sous-compte, sans pour autant représenter une intervention du FSR sur les marchés. Le solde représente le montant total des utilisations qui ont été faites de l'avance consentie par le Trésor.

16 ) Au 31 décembre 1992, le montant total des concours s'élevait à 36,03 milliards de francs. Une première partie a été immédiatement apurée par imputation de 12,03 milliards de francs sur l'écart de réévaluation des réserves en or.

17 ) Elles étaient auparavant imputées sur la sous-ligne 499-05 " Divers organismes à caractère social ".

18 ) Cette condition ne s'applique pas aux partis et groupements politiques qui n'ont présenté de candidats que dans plusieurs départements ou territoires d'outre-mer.

19 ) Cette dernière restriction résulte de l'article 11-7 de la loi du 11 mars 1988, introduit par la loi du 15 janvier 1990.

20 ) En raison d'une absence d'individualisation des dépenses de pensions, certaines sections budgétaires ne sont pas dotées : Coopération, Enseignement supérieur, Jeunesse et sports, Tourisme, Mer, SGDN, Plan, Aménagement du territoire, Environnement, Outre-mer.

21 ) Ces évaluations sont effectuées sur la base d'un coût moyen du départ anticipé estimé à 150 000 francs par personne, incluant le revenu de remplacement et l'allocation unique dégressive, dont la somme ne peut être supérieure à 100% du revenu d'activité.

22 ) Le libellé retenu jusqu'en 1998 était " Études budgétaires et rationalisation des choix budgétaires ".

23 ) Convention du 2 mai 1994, modifiée par des avenants le 3 mai 1996 et le 28 avril 1997.

24 ) Source : " Épargne-logement. Bilan 1997 ", in Notes bleues, n° 141, 16-31 août 1998.

25 ) En 1997, ces fonds disponibles ont atteint 943.879 millions de francs contrre 793.394 millions de francs au 31 décembre 1996, soit une augmentation de 19%.

26 ) Garantie de l'Etat au profit du Comptoir des entrepreneurs et du Crédit foncier de France pour pallier les déficiences des emprunteurs bénéficiaires de prêts complémentaires aux fonctionnaires (encours garanti : 1,7 milliard de francs au 30 juin 1998). Garantie de l'Etat en faveur des sociétés immobilières d'investissement pour compenser les charges occasionnées par les limitations réglementaires de la hausse des loyers.

27 ) Garantie de l'Etat pour les prêts accordés par le Crédit agricole aux jeunes agriculteurs.

28 ) Garantie de l'Etat sur les prêts à long terme mis en place, à sa demande, par les établissements financiers en faveur des sociétés en cours de restructuration. L'encours garanti s'élève à 5,74 milliards de francs au 31 décembre 1997.

29 ) A comparer à une dotation initiale de 970 millions de francs.

30 ) Aquitaine, Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées.

31 ) Selon les regroupements effectués dans le document faisant fonction de fascicule jaune annexé au présent projet de loi de finances : " Etat récapitulatif des crédits de toute nature qui concourent à l'action extérieure de la France ".

32 ) Dont 20 milliards de francs au titre de: la participation de la France au Fonds européen de développement (qui découle de la quatrième " convention de Lomé " avec les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, couvrant la période 1990-2000) et 4,4 milliards de francs au titre de: la participation de la France à la onzième reconstitution des ressources de l'Association internationale de développement, entrée en vigueur le 1er juillet 1996 pour une durée de 3 ans.

33 ) 5 ans en théorie, mais beaucoup plus en pratique, compte tenu du poids de l'aide-projet, complexe à mettre en _uvre.

34 ) Au contraire, l'ensemble des crédits des chapitres 15-01, 15-02 et 15-07, représentatifs de dépenses en atténuation de recettes, est intégralement déduit des recettes fiscales brutes. Votre Rapporteur spécial ne peut que reprendre à son compte l'observation présentée par son prédécesseur à ce sujet.

35 ) Relèvement du taux de plafonnement de 3,5% de la valeur ajoutée à 3,8% si le chiffre d'affaires de l'entreprise est compris entre 140 et 500 millions de francs, ou à 4% si le chiffre d'affaires est supérieur à 500 millions de francs ; limitation du montant du plafonnement à 1 milliard de francs pour les impositions dues au titre de 1994 et 500 millions de francs pour celles dues au titre de 1995 ; gel des taux d'imposition à leur niveau de 1995.

36 ) Valeur locative des immobilisations corporelles et masse salariale, pour le droit commun. Les développements présentés ici, fondés sur les réponses fournies par la direction de la comptabilité publique, ne prennent pas en compte l'effet des mesures relatives à la taxe professionnelle prévues dans le présent projet de loi de finances.

37 ) 27 millions de francs pour l'exercice 1994, 112 millions de francs pour 1995, 196,5 millions de francs pour 1996 et 217,2 millions de francs pour 1997.

38 ) Les subventions de fonctionnement au secrétariat général du groupe central des villes nouvelles et à la Délégation interministérielle au projet Eurodisneyland ne sont plus inscrites au chapitre 65-01 du budget des Charges communes, mais au chapitre 44-10 du budget de l'Equipement.

39 ) La " zone A " est constituée des États membres de la Communauté européenne ou parties à l'accord sur l'Espace économique européen, des autres pays membres de l'OCDE et des pays qui ont conclu des accords spéciaux de prêt avec le FMI. Aucun rééchelonnement de la dette publique extérieure du pays concerné ne doit avoir eu lieu depuis cinq ans (règlement n° 95-05 du 21 juillet 1995). La " zone B " rassemble les autres pays.

40 ) Communauté européenne du charbon et de l'acier, Communauté européenne, Communauté européenne de l'énergie atomique.

41 ) Ces obligations comptables sont relatives, en premier lieu, au contrôle des commissaires aux comptes institué par la loi du 1er mars 1984 relative à la prévention et au règlement des difficultés des entreprises. En second lieu, elles touchent à l'établissement et à la publication de comptes consolidés et d'un rapport sur la gestion du groupe, dispositions instituées par la loi du 3 janvier 1985 relative aux comptes consolidés de certaines sociétés commerciales et entreprises publiques.

42 ) La Poste agit, en matière de CCP des particuliers, comme un collecteur de fonds pour l'État, en vertu de la loi du 2 juillet 1990 ; les fonds n'ont donc pas à être retracés formellement dans son bilan. Cependant, les CCP étant ouverts dans les écritures de La Poste, les avoirs créditeurs correspondants ne peuvent disparaître totalement des états synthétiques qui visent à donner l'image de la situation financière de l'établissement, et au premier chef du bilan. L'inscription en " pied de bilan " permet de concilier ces deux impératifs. Les avoirs des titulaires de produits d'épargne gérés par la Caisse nationale d'épargne sont également inscrits en pied de bilan.

43 ) Autre exemple de la frontière poreuse entre le bilan et le pied de bilan, la variation des avoirs créditeurs non encore versée au Trésor figure au passif du bilan, sur le poste " Créditeurs divers. Opérations pour le compte de l'État ". De même, la variation des avoirs créditeurs non encore reçue du Trésor figure à l'actif du bilan, sur le poste " Débiteurs divers. Opérations pour le compte de l'État ".

44 ) Le Comité de la réglementation comptable a été créé par la loi n° 98-261 du 6 avril 1998 portant réforme de la réglementation comptable et adaptation du régime de la publicité foncière. Ses statuts ont été définis par le décret n° 98-939 du 14 octobre 1998.

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