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Remise des insignes d'officier de la Légion d'Honneur
à M. John « Jack » SMITH, Chairman de General Motors
à Detroit le lundi 23 juillet 2001

Discours de M. Raymond Forni,

Président de l'Assemblée nationale

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

Chers amis américains et français,

Je voudrais d'abord remercier Monsieur Kemper, Président de la Chambre de commerce franco-américaine de Detroit, pour avoir bien voulu organiser cette réception et cette cérémonie. Je suis particulièrement heureux de pouvoir reconnaître les mérites d'un des plus hauts dirigeants d'une des plus grandes entreprises mondiales dans un cadre qui réunit de si nombreux acteurs à la fois du secteur automobile et de la relation entre la France et Detroit, capitale mondiale de l'automobile.

De cette industrie automobile, dont la nouvelle économie n'a pas réduit l'importance, General Motors est un acteur majeur, première par le chiffre d'affaires et les effectifs employés, et tient cette position depuis des décennies. Je ne sais pas, si, comme on l'a dit, « tout ce qui est bon pour la General motors est bon pour les Etats-Unis », mais ce dont je suis convaincu, c'est que quand elle tousse, le temps économique mondial tourne à l'hiver.

Mais General Motors - et c'est une raison importante de ma présence ici ce soir - tient aussi une place très significative dans l'économie française. Sa présence est relativement ancienne puisque, dès 1968, General Motors a installé l'une de ses plus importantes usines en Europe à Fort du Rhin, près de Strasbourg, usine à laquelle s'est ajouté, en 1997, un centre européen de développement technologique.

Par ailleurs, General Motors entretient des relations de coopération privilégiées avec les deux principaux constructeurs français, Renault et PSA Peugeot Citroën, qui, dans le cas de Renault, permettent le codéveloppement et la coproduction de certains véhicules utilitaires. Ces coopérations privilégiées entre constructeurs américains et français viennent de loin puisque, parmi les pionniers de l'automobile, dans la dernière décennie du XIXème siècle, on trouve côte à côte des noms américains et français, dont ceux d'Armand Peugeot et de Louis Renault, la ville de Detroit devenant au cours du XXème siècle le coeur battant de l'industrie automobile américaine.

Monsieur le Président, vous avez joué un rôle décisif dans cette présence européenne et française de General Motors, notamment en tant que Président de General Motors Europe à la fin des années quatre-vingts.

Entré à General Motors dès 1961, vous avez gravi tous les échelons, accumulant une expertise dans les domaines financiers, de la production et de la commercialisation, qui vous a ainsi préparé à occuper les plus hautes fonctions, d'abord comme responsable Europe et international, puis comme Président Directeur Général de General Motors en 1992 et, enfin, comme Président du Conseil d'administration depuis 1996.

A ce titre, vous avez été l'auteur des grandes décisions stratégiques qui ont marqué, ces dernières années, la première entreprise mondiale pour répondre aux défis de la mondialisation.

Vous avez su faire adopter à General Motors les nouvelles méthodes de production flexibles et automatisées qui lui ont assuré des gains considérables de productivité. Si les robots, là comme ailleurs, se sont souvent substitués aux hommes, il en allait de la survie de GM comme de toute l'industrie automobile d'adopter ces nouvelles techniques de production.

Profitant de ces gains en flexibilité, vous avez su, également, infléchir les méthodes de marketing en diversifiant l'offre pour l'adapter à une demande mondiale de plus en plus variée.

Vous avez été aussi à l'origine de la conclusion d'alliances stratégiques et d'un positionnement sur les marchés internationaux qui ont permis et qui continuent à permettre à General Motors de s'adapter au contexte d'une globalisation accélérée, à laquelle sont confrontés tous les grands constructeurs de l'automobile.

J'ai parlé tout à l'heure de l'irrésistible et permanente substitution de la machine à l'homme. Cette substitution, nous le savons tous, est à l'origine de drames sociaux, et elle ne doit se faire qu'au travers d'un dialogue social permanent au sein des entreprises. Or j'ai plaisir à dire ici ce soir, que vous avez su accorder toute votre attention à ce dialogue social dans l'entreprise, et à la mutation des relations sociales, qui doit accompagner les mutations techniques.

Vous comprendrez, qu'en tant qu'ancien ouvrier de l'industrie automobile, je sois particulièrement sensible à votre souci de la dimension sociale et humaine de l'entreprise.

Je voudrais, enfin, rendre hommage à votre engagement civique. Au-delà de vos fonctions de responsable économique, vous avez fait également le choix d'assumer des responsabilités importantes dans la vie de Detroit, afin d'apporter une contribution particulièrement précieuse à son développement à la fois économique et social.

Pour l'ensemble de ces mérites, ainsi que pour l'attachement que vous avez montré aux relations avec la France, le Président de la République française a décidé de vous faire Officier de la Légion d'Honneur.

La Légion d'Honneur est le plus élevé des ordres nationaux français. Il a été créé, il y a bientôt 200 ans, le 19 mai 1802 par Napoléon Bonaparte pour récompenser les services civils et militaires des citoyens les plus méritants. Il a connu immédiatement un grand prestige et son influence a été considérable et sert de modèle, depuis sa création, à presque tous les ordres créés dans le monde entier.

C'est pourquoi, en tant que Président de l'Assemblée nationale, j'ai l'honneur et le grand plaisir de vous remettre cette décoration au nom du Président de la République.