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Nomination de M. Roland Nungesser au grade d'officier de la Légion d'honneur
à l'Hôtel de Lassay le mercredi 27 février 2002

Message de M. Raymond Forni,

Président de l'Assemblée nationale

Monsieur le Premier ministre,

Monsieur le Ministre,

Mesdames, Messieurs les parlementaires, mes chers collègues,

Mesdames, Messieurs,

Ensemble, nous rendons aujourd'hui hommage au parcours exceptionnel d'un grand serviteur de la République, M. Roland Nungesser.

Président de l'Assemblée nationale, je souhaite d'abord saluer sa carrière parlementaire qui, avec Jean-Jack Queyranne, Ministre des relations avec le Parlement, et avec le soutien de Christian Poncelet, Président du Sénat, nous a conduit à demander l'application, et pour la première fois, de l'article R27 du Code de la Légion d'Honneur, qui permet de déroger aux délais imposés entre les diverses promotions pour (je cite) : « des services exceptionnels rendus à la République ». Cela a ainsi permis la nomination de M. Roland Nungesser au grade d'Officier de la Légion d'honneur.

Car l'application mécanique de ces délais porte en effet préjudice aux parlementaires qui, en vertu de la loi, ne peuvent recevoir de décorations pendant la durée de leur mandat. À parcours exceptionnel, disposition exceptionnelle ! Les parlementaires ne doivent plus être pénalisés lorsqu'il s'agit, pour la République, de leur rendre un hommage légitime.

La situation de Roland Nungesser est à ce titre hautement symbolique. Son dossier de nomination a été suspendu durant trente-neuf ans en raison de l'extraordinaire longévité de sa carrière parlementaire.

Trente-neuf ans : quel plus beau témoignage pouvait-il donner de son engagement au service de la Représentation nationale et de son attachement aux valeurs de la République ? Seuls deux députés ont honoré l'institution parlementaire d'une telle longévité.

Pour atteindre un tel record historique, il lui fallut commencer très tôt... En 1958, il est élu député de la Seine et devient le plus jeune député-maire de la région parisienne après son élection, en 1959, au poste de Premier magistrat de la commune de Nogent-sur-Marne. Il est réélu député dans le département de la Seine en 1962, puis en 1967, dans le département du Val-de-Marne. Il le sera sans discontinuer jusqu'en 1997, date à laquelle, avec beaucoup de noblesse et de fidélité, il propose son siège à son suppléant.

Pendant trente-neuf ans, M. Nungesser fut un parlementaire remarquable. Il fut d'abord un homme de terrain, proche des citoyens de sa commune et de sa circonscription. Attentif à leurs difficultés et à leurs préoccupations, il sut les écouter avec respect, chaleur et vigilance. Le député, comme le maire, doit être l'homme de la confidence : c'était sa conviction. Il doit être capable d'écouter, d'analyser et de proposer des solutions législatives aux problèmes de ses concitoyens.

Roland Nungesser en fit la démonstration à travers l'élaboration et la promotion de grandes lois. Ce fut le cas de la Loi-Programme sur les équipements sportifs, dont il fut le rapporteur, au début des années soixante. Grâce à sa détermination et à son enthousiasme, la France put enfin offrir à ses champions, petits et grands, les installations sportives qui faisaient encore défaut à notre pays.

Mais Roland Nungesser fut aussi reconnu pour son action décisive en matière de défense de l'environnement. En 1976, il fut ainsi l'artisan de la grande loi sur la Protection de la nature. Son savoir-faire parlementaire lui permit notamment d'intégrer au texte initial les amendements instaurant les études d'impact et les dispositions législatives définissant enfin une « Charte de l'Animal ». Cette Charte constitue un tournant majeur de notre législation concernant les animaux puisqu'elle substitua au statut d'objet juridique celui d' « être sensible à traiter dans les conditions de sa race ». Ce fut une avancée décisive. On en mesure encore aujourd'hui l'importance.

Son expérience parlementaire et sa très bonne connaissance du travail législatif le conduisirent à devenir Vice- président de l'Assemblée nationale de 1969 à 1973, puis Premier Vice-président de 1973 à 1974 et de 1977 à 1978. Son sens des responsabilités l'amena alors à proposer plusieurs résolutions de réforme du règlement de l'Assemblée, afin d'en moderniser et d'en améliorer le fonctionnement.

Enfin, je veux saluer celui qui comprit très tôt la valeur que peut revêtir la parole parlementaire de la France dans ses relations avec ses partenaires internationaux. À l'Assemblée nationale, Roland Nungesser fut Président des groupes d'amitié France-Italie, France-Chine, France-Arabie et France-Egypte. Il fut l'un des premiers artisans de cette diplomatie parlementaire que j'appelle aujourd'hui de mes voeux, et qui permet souvent de dire des choses, de nouer un dialogue qu'un Ministre représentant le Gouvernement français ne peut pas engager.

Il me suffira de conclure en rappelant que Roland Nungesser fut un parlementaire ouvert et généreux, qui sut défendre ses convictions avec ardeur, au service de la France et de la République.

Pour son action au sein de l'Assemblée nationale, qu'il me permette de le féliciter... et de le remercier.