Question écrite n° 4563 :
Cameroun

11e Législature

Question de : M. Noël Mamère
Gironde (3e circonscription) - Radical, Citoyen et Vert

M. Noël Mamère appelle l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur les graves implications de l'élection présidentielle prévue le 10 octobre 1997 au Cameroun. Après avoir demandé, sans succès, le report des élections déjà gravement entachées par des irrégularités et l'arrestation d'un des candidats déclaré, Titus Edzoa, les présidents des formations d'opposition représentées au parlement du Cameroun ont décidé de ne pas se présenter. Les élections législatives du 17 mai 1997 avaient déjà été l'occasion d'une fraude reconnue par tous les observateurs indépendants. Le Cameroun est au bord de l'explosion. Dans un rapport publié le 15 septembre à Paris, Amnesty International indique que « les droits de l'homme sont violés au Cameroun, de façon persistante. Des centaines d'opposants au Gouvernement, en particulier des membres et des sympathisants des partis de l'opposition, des journalistes, des militants des droits de l'homme, des étudiants ont été harcelés et attaqués, arrêtés et emprisonnés. Dans les prisons la torture et les mauvais traitements infligés par les forces de l'ordre sont la routine et des détenus en sont morts ». Dans ce contexte, on peut s'étonner de la position de la France qui, comme le journal Les Echos l'annonçait le 16 septembre 1997, « ne ménage pas son aide au Cameroun. Yaoundé qui a bénéficié d'un prêt triennal de 219 milliards de dollars du FMI va obtenir une enveloppe de 600 millions de francs pour mettre en oeuvre le programme d'ajustement structurel... Un tiers du montant, soit 200 millions de francs, sera disponible immédiatement. Un geste qui ne va pas passer inaperçu au Cameroun à moins d'un mois de l'élection présidentielle ». A l'heure où les événements récents en Centrafrique, dans les deux Congos, ou au Tchad montrent l'urgente nécessité de revoir les fondements de la politique africaine de la France, il ne serait pas judicieux de s'obstiner à soutenir, une fois de plus, dans cette région, un régime déconsidéré sur le plan des droits de l'homme. Il lui demande en conséquence que le Gouvernement français ne débloque pas, dans les conditions actuelles, les fonds destinés au Cameroun et qu'il mandate l'administrateur représentant la France au FMI pour demander le gel des fonds destinés au Cameroun. Il lui demande que, comme l'a fait dernièrement la Grande-Bretagne pour le Nigeria, le Gouvernement français déclare qu'il refusera de reconnaître un président élu en ayant recours à la fraude électorale, aux intimidations et à de graves atteintes aux droits de la personne humaine.

Données clés

Auteur : M. Noël Mamère

Type de question : Question écrite

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : affaires étrangères

Ministère répondant : affaires étrangères

Dates :
Question publiée le 13 octobre 1997
Réponse publiée le 1er décembre 1997

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