Question écrite n° 60124 :
IEP

11e Législature

Question de : M. Jean-Yves Besselat
Seine-Maritime (7e circonscription) - Rassemblement pour la République

M. Jean-Yves Besselat appelle l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur la réforme entreprise par le directeur de l'institut d'études politiques de Paris instaurant une voie d'accès particulière à l'IEP pour des bacheliers issus de lycées situés en zone d'éducation prioritaire. Cette mesure s'inspire d'une politique conduite ces dernière années aux Etats-Unis, mais aujourd'hui largement remise en cause du fait de son incapacité à réduire des inégalités sociales et culturelles, voire de sa tendance à aggraver ces mêmes inégalités. En permettant à des élèves d'intégrer un établissement sans avoir à subir les épreuves du concours d'entrée, quitte à leur aménager une scolarité « adaptée », le directeur de l'IEP perpétue de fait les inégalités et ne laisse à ces futurs étudiants que la perspective d'être considérés comme des diplômés au rabais, que l'on aurait jugés incapables de réussir dans les mêmes conditions que les autres élèves. Par ailleurs, la direction a choisi un critère géographique, qui ne recoupe que très imparfaitement la réalité sociale, décidant de surcroît de ne sélectionner que sept établissements. Ce faisant, elle nie les efforts entrepris par de nombreux lycéens issus de milieux familiaux et sociaux des plus modestes qui, parce que non inscrits dans les établissements sélectionnés, devront fournir des efforts importants pour réussir un concours réputé difficile. Inefficace et dangereuse, cette réforme est en outre totalement contraire aux idées républicaines. Fondée sur une tradition qui n'a jamais été la nôtre, elle s'oppose au principe d'égalité des chances. Ce n'est pas le principe du concours commun et anonyme basé sur la récompense du mérite qu'il faut remettre en cause, mais la réalité d'un système scolaire qui ne parvient pas à donner à tous les mêmes chances de réussite. Plutôt que de supprimer des épreuves de dissertation et de culture générale pour des élèves dont on préjuge qu'ils ne seront jamais capables de les réussir, il conviendrait de s'interroger sur le fait que de nombreux lycéens ne sont pas formés pour réussir de telles épreuves. C'est pourquoi il lui demande de lui faire savoir quelles mesures il compte prendre pour éviter l'instauration en France d'un tel système et pour garantir la pérennité du modèle républicain.

Données clés

Auteur : M. Jean-Yves Besselat

Type de question : Question écrite

Rubrique : Grandes écoles

Ministère interrogé : éducation nationale

Ministère répondant : éducation nationale

Dates :
Question publiée le 16 avril 2001
Réponse publiée le 2 juillet 2001

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