Question écrite n° 60347 :
IEP

11e Législature

Question de : M. Yves Bur
Bas-Rhin (4e circonscription) - Union pour la démocratie française-Alliance

M. Yves Bur appelle l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur les vives inquiétudes manifestées par les étudiants de l'Institut d'études politiques de Paris. Une réforme entreprise par le directeur de l'établissement prévoit en effet l'ouverture d'une voie d'accès particulière à l'IEP pour les bacheliers issus de lycées situés en zone d'éducation prioritaire. Sept établissements de ZEP ont été sélectionnés et ont signés des conventions avec l'IEP. Leurs élèves feront donc l'objet d'une présélection en classe de seconde et seront ensuite acheminés, au moyen de cours supplémentaires, jusqu'à une entrée sur dossier et entretien dans l'établissement, alors que le reste des étudiants n'y a accès que par voie de concours. Cette discrimination, qui se veut positive sur le modèle d'un système aujourd'hui en faillite aux Etats-Unis, nie ouvertement le principe d'égalité des chances, et ce à plusieurs titres : selon quels critères les sept établissements de ZEP ont-ils été sélectionnés, et ceux qui ne l'ont pas été ne doivent-ils pas se sentir lourdement lésés par une réforme qui crée finalement de nouveaux privilégiés et de nouveaux exclus ? Peut-on estimer que les élèves choisis en seconde pour bénéficier d'une préparation intensive et de cours supplémentaires sont traités sur un pied d'égalité avec leurs camarades qui ne profiteront pas des mêmes prestations ? Est-il légitime enfin que certains étudiants, dont beaucoup sont d'origine modeste, préparent un concours, qui reste un des plus prestigieux du système français, avec la somme de travail que cela représente et le risque important d'échec, alors que d'autres en sont dispensés au motif de la situation géographique de leur lycée d'origine ? Il paraît fondamental de démocratiser le système scolaire français qui souffre largement de la reproduction sociale des élites. Le principe de l'égalité des chances doit demeurer une priorité absolue pour l'ensemble de l'éducation nationale. Les discriminations nouvelles introduites par les bons sentiments ne risquent que d'aggraver la situation à laquelle elles veulent remédier. La seule voie démocratique de sélection, propre à assurer les critères requis de transparence et d'égalité, reste l'organisation d'un concours unique, semblable pour tous et non adapté à des quotas préalablement définis de population. Y renoncer serait reconnaître ouvertement la faillite de tout notre système éducatif et des valeurs sur lesquelles il repose. En conséquence, il souhaite connaître le sentiment du ministre sur cette question et savoir quelles mesures il compte prendre pour empêcher que ne s'instaure une situation préjudiciable à l'ensemble du monde éducatif et universitaire français.

Données clés

Auteur : M. Yves Bur

Type de question : Question écrite

Rubrique : Grandes écoles

Ministère interrogé : éducation nationale

Ministère répondant : éducation nationale

Dates :
Question publiée le 23 avril 2001
Réponse publiée le 2 juillet 2001

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