Question au Gouvernement n° 1895 :
Moyen-Orient

11e Législature

Question de : M. Pierre Lequiller
Yvelines (4e circonscription) - Démocratie libérale et indépendants

Question posée en séance, et publiée le 1er mars 2000

M. le président. La parole est à M. Pierre Lequiller.
M. Pierre Lequiller. Monsieur le Premier ministre, votre voyage au Moyen-Orient («Encore !» sur les bancs du groupe socialiste) s'est soldé par un immense faux pas diplomatique, qui a abouti à l'humiliation et à l'affaiblissement de la France dans cette région. (Protestations sur les bancs du groupe socialiste.)
Outre l'humiliation, il est clairement apparu sur la scène internationale que, par votre faute, la France ne parlait pas d'une seule voix sur un sujet sensible qui requiert, pourtant, la plus grande finesse.
Mme Odette Grzegrzulka. Vous, vous humiliez le président de votre groupe !
M. Pierre Lequiller. Il faut arrêter l'hypocrisie: contrairement à l'esprit des institutions et à ce que vous avez dit tout à l'heure, vous avez, à l'évidence, fait cette déclaration improvisée, sans concertation ni avec le Président de la République ni avec le Parlement.
M. Lucien Degauchy. On ne peut pas le laisser seul cinq minutes !
M. Pierre Lequiller. Vous avez même, à en croire les commentaires dans les journaux, placé votre propre ministre des affaires étrangères en porte-à-faux par rapport à la politique d'équilibre menée par la France pour favoriser une solution de paix.
Un Premier ministre doit mesurer les conséquences de ses paroles comme de ses actes.
M. François Goulard. Très bien !
M. Pierre Lequiller. Bien que vous vous refusiez à le reconnaître, vous avez fait le contraire, et quelles qu'aient pu être vos motivations, vous avez, en réalité, contribué à raviver les haines dans cette région du monde.
Ce faisant, vous avez, sur place, stupéfait votre ministre des affaires étrangères, et l'avez transformé, depuis, en équilibriste: il suffisait de voir, ce dimanche, les contorsions auxquelles il a dû se livrer pour expliquer l'inexplicable.
Vos déclarations, monsieur le Premier ministre - et je reviens sur les questions qui ont été posées mais auxquelles il n'a pas été répondu - constituent-elles un changement de la politique française au Moyen-Orient, ou bien sont-elles simplement un coup politique ? Ce serait une faute impardonnable et incompatible avec vos responsabilités de Premier ministre.
Comment comptez-vous clarifier la position de la France et regagner la confiance que les différents partenaires nous portaient, pour le bien de la paix ? (Applaudissements sur les bancs du groupe Démocratie libérale et Indépendants, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe du Rassemblement pour la République. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
M. le président. La parole est à M. le ministre des affaires étrangères.
M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères. Monsieur le député, bien que je vous aie écouté attentivement, je n'ai pas très bien compris quelle était la question ! (Rires sur les bancs du groupe socialiste. - Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale etIndépendants.)
M. Lucien Degauchy. Il est dépassé par les événements !
M. le président. Un peu de silence, mes chers collègues !
M. le ministre des affaires étrangères. Vous avez, en fait, exposé une présentation biaisée de ce qui s'est passé, au sujet de quoi le Premier ministre a répondu avec une très grande clarté et une extrême précision. Ce qui vous a peut-être gêné dans l'expression de votre question, c'est qu'au sein de votre propre groupe, vous avez du mal à parler d'une seule voix sur ce sujet. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, du groupe communiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert. - Protestations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
M. André Gerin. Madelin n'est pas là !
M. le ministre des affaires étrangères. Quant au fond, je ne vais pas reprendre une argumentation qui est claire et nette, et qui a démontré que la France continuerait dans son engagement, lequel est non seulement équilibré mais dynamique, s'adaptant à chaque nouvelle étape de la vie au Proche-Orient. Et je ne la reprendrai pas point par point, parce que la suite le démontrera clairement. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)

Données clés

Auteur : M. Pierre Lequiller

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : affaires étrangères

Ministère répondant : affaires étrangères

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 1er mars 2000

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