Question au Gouvernement n° 2252 :
Allemagne

11e Législature

Question de : M. Francis Hillmeyer
Haut-Rhin (6e circonscription) - Députés n'appartenant à aucun groupe

Question posée en séance, et publiée le 29 juin 2000

M. le président. La parole est à M. Francis Hillmeyer.
M. Francis Hillmeyer. Monsieur le président, ma question s'adresse à M. le Premier ministre.
Etant Alsacien, donc frontalier, je suis attentif aux relations entre notre pays et l'Allemagne voisine. Le couple franco-allemand a été, comme l'a rappelé le Président de la République hier, le moteur de la construction européenne et il le demeurera pour les nouvelles étapes. Les Alsaciens, comme la plupart des Français, croient en une Europe forte, unie, pacifique et capable d'assurer sa prospérité. Je veux, aujourd'hui, m'incliner devant la mémoire du grand Alsacien centriste et du grand Européen qu'a été Pierre Pflimlin, disparu hier. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance, du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
Le moteur de la construction européenne, le couple franco-allemand donc, vient d'être fortement relancé à Berlin par M. Chirac qui a clairement dessiné les directions dans lesquelles l'Europe devra aller. Le groupe UDF souhaite que ces orientations soient rapidement suivies d'effets. Nous sommes toutefois inquiets car, après les propositions avancées par le ministre allemand des affaires étrangères, vous êtes resté très discret, monsieur le Premier ministre. Les propos de votre ministre de l'intérieur ont été, quant à eux, d'une extrême maladresse et peuvent être révélateurs. Nous avons le sentiment d'un décalage, d'une rupture de tempo entre le rythme du Président de la République et le vôtre,...
Plusieurs députés du groupe socialiste. La question !
M. Francis Hillmeyer. ... beaucoup moins vif et apparemment moins convaincu. Au moment où la présidence française de l'Union va commencer, allez-vous vous comporter comme si rien ne s'était passé depuis trois mois et sans tenir compte des impulsions ainsi données ?
Afin de dissiper toute équivoque à cet égard et devant notre crainte que le Gouvernement français n'apparaisse très timoré, pouvez-vous, monsieur le Premier ministre, nous dire quel est l'état de vos réflexions et quels sont vos projets d'action après l'initiative diplomatique majeure du Président de la République ? (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance, du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
M. le président. La parole est à M. le ministre des affaires étrangères.
M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères. En effet, monsieur le député, le Président de la République a rappelé mardi devant les élus du Bundestag ce que la relation franco-allemande devait au général de Gaulle et au Chancelier Adenauer, au président Giscard d'Estaing et à Helmut Schmidt, à François Mitterrand et à Helmut Kohl. Il s'est inscrit dans cette continuité pour réfléchir à haute voix et faire des propositions sur les étapes à venir. Au moment où nous allons prendre la présidence de l'Union, il est très important que nous participions tous au débat et pas uniquement les Français et les Allemands. Nous devons prêter attention à ce qui se dit dans les autres pays de l'Union et chez les candidats.
Il faut que nous participions à cet important débat sur l'avenir de l'Europe au moment où s'entame le grand élargissement. Comme vous l'avez dit, à juste titre, ce débat a été encore enrichi hier avec le discours du Président de la République, mais le point commun de toutes les propositions qui sont faites, point sur lequel nous attendent tous nos partenaires, à commencer par les Allemands, c'est que nous devons réussir la conférence intergouvernementale pendant la présidence française. C'est notre responsabilité première. Si les Quinze n'arrivent pas à relever ce défi, les spéculations, les réflexions, les propositions, les orientations sur la suite - il n'en manque pas, il y en aura d'autres et nous y prendrons toute notre part - n'auront pas de point d'appui. Réussir ensemble cette conférence qui avait échoué en 1996-1997 sera un test de la volonté des Européens de résoudre les problèmes de fonctionnement aujourd'hui et d'aller plus loin demain. C'est là-dessus que nous allons rassembler toutes nos énergies pour aboutir à Nice à un vrai bon résultat qui nous permettra d'aller plus loin. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.)

Données clés

Auteur : M. Francis Hillmeyer

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : affaires étrangères

Ministère répondant : affaires étrangères

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 29 juin 2000

partager