Question au Gouvernement n° 2700 :
inondations

11e Législature

Question de : M. Gilles de Robien
Somme (2e circonscription) - Union pour la démocratie française-Alliance

Question posée en séance, et publiée le 18 avril 2001

M. le président. La parole est à M. Gilles de Robien, pour le groupe UDF.
M. Gilles de Robien. Monsieur le Premier ministre, nous vous remercions de votre passage dans la Somme mais, hélas, ce que vous avez affirmé est inexact: l'eau ne baisse pas depuis que vous êtes venu ! (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.) Il n'y a pas eu de miracle !
Plusieurs députés du groupe socialiste. C'est minable !
M. le président. Mes chers collègues, je vous en prie !
M. Gilles de Robien. Les épreuves, néanmoins, n'ont pas entamé le courage ni la solidarité des Picards, qui sont épuisés mais restent debout. Ils sont épuisés et ils sont très déçus.
Il n'y a pas eu de piège tendu par un mouvement extrémiste, contrairement à ce qu'on vient de nous expliquer.
Simplement, il faut le reconnaître, vous n'avez pas eu les mots justes devant tant de détresse. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.) Le coeur n'a pas parlé, le portefeuille ne s'est pas ouvert. Proposer 600 000 francs face à tant de dégâts, alors que l'entraide admirable des habitants, l'implication des médias et l'efficacité des services municipaux et départementaux soulignent davantage encore l'indifférence et l'absence de l'Etat !
Mais où est donc l'Etat ? Que fait-il ? Que cache-t-il ? (Mêmes mouvements.)
Depuis huit jours seulement, nous avons - heureusement - l'aide des militaires.
Que de carences démocratiques en matière d'environnement: l'Erika, le chimiquier de Cherbourg, l'évacuation précipitée de Vimy, les non-réponses aux inondations de la Somme, les inondations de la Saône et de l'Ille-et-Vilaine. Et maintenant on apprend - grâce à la presse, mes chers collègues ! - que, en douce, des convois de déchets nucléaires passent dans nos gares, sans même que les maires en soient informés ! (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
C'est trop ! Il faut vous expliquer, monsieur le Premier ministre !
Pour les inondations, à quelle date allez-vous - d'urgence - et pour quelles communes, déclarer l'état de catastrophe naturelle pour les lieux sinistrés ? Allez-vous débloquer des fonds substantiels pour les premiers secours ? Allez-vous - et quand ? - assurer le paiement anticipé des différentes indemnités: catastrophes naturelles, calamités agricoles et pertes d'exploitation ?
M. Didier Boulaud. Zéro !
M. Gilles de Robien. Allez-vous saisir Bruxelles en faveur des agriculteurs sinistrés ? Allez-vous - et sous quelle forme ? - associer les victimes et les communes concernées à l'enquête que vous avez annoncée ?
M. Didier Boulaud. Démago !
M. Gilles de Robien. Enfin, pour les convois de produits nucléaires, confirmez-vous leur passage chez nous ? Dans quelles communes ? Y en aura-t-il d'autres ? Pourquoi avoir caché ces transports aux maires concernés ? Pourquoi ce goût du secret ?
Et permettez-moi de vous dire, chers collègues de la majorité, pendant qu'on patauge nuit et jour pour rassurer, nourrir, vêtir et quelquefois évacuer les sinistrés, on aimerait bien vous voir plus souvent ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance, du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe Démocratie libérale et Indépendants. - Protestations sur les bancs du groupe socialiste, du groupe communiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.)
Plusieurs députés du groupe socialiste. Zéro !
M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Où est l'Etat, demandez-vous, monsieur de Robien ? L'Etat et ses agents font leur travail. Les militaires,...
M. Gilles de Robien. Depuis huit jours seulement !
Mme la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. ... les fonctionnaires de l'équipement, les services de l'administration centrale sont mobilisés nuit et jour. Quant aux services de mon ministère qui s'occupent des crues, ils le sont...
M. Gilles de Robien. Depuis trois semaines !
Mme la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. ... depuis trois ans et demi, pour essayer de convaincre les élus que la prévention des inondations nécessite constance et ténacité, et non pas des discours démagogiques et la reprise de rumeurs (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert) exploitant, instrumentalisant la détresse des personnes qui sont aujourd'hui les pieds dans l'eau. (Protestations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
Monsieur de Robien, votre doigt accusateur ne trompe personne: il y a des élus responsables qui sont aux côtés des sinistrés, et il y a ceux qui colportent les pires rumeurs parce qu'ils sont incapables d'assumer la réalité !
Plusieurs députés du groupe socialiste. M. de Robien est un démagogue !
Mme la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Et cette réalité, elle est complexe. (Applaudissements sur les bancs du groupe Radical Citoyen et Vert et du groupe socialiste.)
Depuis des années, nous tentons de convaincre que, pour être efficace, une politique de l'environnement doit intervenir en amont, avant les catastrophes.
Mme Sylvia Bassot. C'est raté !
Mme la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Ainsi avons-nous essayé de convaincre nos concitoyens et les élus, par exemple, de la nécessité d'inscrire dans les contrats de plan un important volet consacré à l'environnement. Je ne crois pas que le contrat de plan conclu entre l'Etat et la région Picardie soit exemplaire à cet égard.
M. Bernard Outin. Tout à fait !
Mme la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Et c'est parce qu'il ne l'est pas, et en raison du travail qui a été accompli avec constance par certains élus - je pense notamment à M. Gremetz - (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants), que nous avons convenu qu'il fallait inscrire dans le prochain CIADT un programme consacré à la restauration de la baie de Somme pour permettre à cette zone du territoire, très affectée par le chômage et par la déprise agricole, de retrouver une vitalité et un avenir.
Je préfère travailler avec ceux qui ne se contentent pas de pointer un doigt accusateur sur ceux qui assument leurs responsabilités, monsieur de Robien. La mission interministérielle annoncée il y a quatre jours est déjà sur le terrain et elle aura à coeur d'entendre tous ceux qui veulent, avec nous, élaborer des solutions. (Applaudissements sur les bancs du groupe Radical, Citoyen et Vert, du groupe socialiste et du groupe communiste.)

Données clés

Auteur : M. Gilles de Robien

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Sécurité publique

Ministère interrogé : aménagement du territoire et environnement

Ministère répondant : aménagement du territoire et environnement

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 18 avril 2001

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