Question au Gouvernement n° 2841 :
bovins

11e Législature

Question de : M. Jean Auclair
Creuse (2e circonscription) - Rassemblement pour la République

Question posée en séance, et publiée le 31 mai 2001

M. le président. La parole est à M. Jean Auclair, pour le groupe RPR.
M. Jean Auclair. Monsieur le ministre de l'agriculture et de la pêche, les éleveurs frappés par des crises successives sont dans le flou le plus total quant à leur avenir, et les rumeurs de remise en cause de la PAC les inquiètent. Leurs familles sont atteintes dans leur dignité, et il est intolérable qu'un actif ayant fait convenablement son travail soit en proie à la plus fatale des détresses matérielles et morales.
Sachez, monsieur le ministre, qu'au-delà de ces éleveurs, c'est toute une filière qui est concernée. Tous les artisans, commerçants et professions libérales qui vivent de l'élevage sont eux aussi désespérés. C'est le monde rural dans son ensemble qui est aujourd'hui irrémédiablement condamné si vous ne vous décidez pas à prendre enfin les mesures nécessaires pour le sauver.
Qui dans ce pays accepterait de voir son revenu diminuer de 30 % sans rien dire ?
Votre enveloppe dite de solidarité se résume à une aumône,...
M. Yves Fromion. C'est vrai !
M. Jean Auclair. ... puisque les régions et les départements sont obligés de mettre la main à la poche pour compenser les pertes des éleveurs et le désengagement du Gouvernement.
Mme Odette Grzegrzulka. N'importe quoi !
M. Jean Auclair. Monsieur le ministre, 1,4 milliard pour les éleveurs et 100 milliards pour les 35 heures. La comparaison est-elle raisonnable ? Equitable ?
Plusieurs députés du groupe socialiste. N'importe quoi !
M. Jean Auclair. En plus, vous aurez mis six mois à réagir. Vous nous avez bien envoyé une lettre pleine de compassion, mais elle n'a rien réglé. Je vous ai pourtant fait suffisamment de propositions pour vous aider à résoudre la crise et faire repartir la consommation. (Rires sur les bancs du groupe socialiste.)
Les Français ont désormais confiance dans la qualité de la viande de boeuf, ils voudraient en consommer plus mais ils en sont dissuadés par les prix à l'étal. Voilà le coeur du problème ! On peut faire baisser le prix de la viande à la consommation sans le faire baisser à la production. Je vous ai même adressé des propositions qui ont reçu l'aval de M. Fischer. Hélas ! monsieur le ministre, vous ne voulez pas écouter un élu de l'opposition. (Rires et exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
En tant que porte-parole de nombreux maires et de nombreux éleveurs de mon département, je lance au chef du Gouvernement un large appel au secours et je me propose de vous remettre, monsieur le ministre, ce sac (M. Auclair brandit un sac)...
Mme Odette Grzegrzulka. C'est de la paille ?
M. Jean Auclair. ... qui contient environ 1 200 appels au secours adressés au Premier ministre par les éleveurs, les professionnels et les élus de ma circonscription. Ils font ce geste pour ne pas disparaître.
Même si vous n'avez jamais voulu répondre aux appels lancés par les trois groupes de l'opposition, j'espère que vous répondrez cette fois à l'appel de ceux qui vivent au quotidien les difficultés du monde rural et que vous prendrez enfin conscience de leur détresse. (Applaudissements sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'agriculture et de la pêche.
M. le ministre de l'agriculture et de la pêche. Monsieur le député, je vais essayer de vous répondre avec autant de modération et de réserve que vous en avez mis dans votre question. (Rires sur les bancs du groupe socialiste.)
Je souhaite, d'abord, revenir en quelques mots sur la situation de la filière bovine. Avec mon collègue et ami François Patriat, nous avons tenu hier une table ronde (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République) réunissant l'ensemble des acteurs de la filière bovine et les consommateurs pour faire le point. La crise n'est pas finie, mais M. Chevalier, président de la Fédération nationale bovine, élu du Massif central, que vous devez bien connaître, disait lui-même que l'espoir était de retour.
Espoir parce que la consommation commence à se redresser: alors qu'elle avait plongé de 40 % à la fin du mois de décembre, elle n'est plus désormais en recul que de 10 %. Nous n'avons pas encore retrouvé le niveau antérieur à la crise mais la consommation reprend un peu partout.
Espoir encore parce que les frontières se rouvrent peu à peu. La semaine dernière, plusieurs milliers de broutards sont partis enfin vers l'Italie dont les frontières nous étaient fermées depuis des mois.
La filière a néanmoins connu un véritable traumatisme et nous avons mis en oeuvre un plan afin d'y remédier. J'avais pris l'engagement devant l'Assemblée nationale que 80 % du milliard de francs d'aides directes destinées aux éleveurs seraient versés avant le 31 mai. Je suis au regret de vous dire, monsieur Auclair, que je ne tiendrai pas cet objectif qui ne sera réalisé que le 3 ou 4 juin (Sourires sur les bancs du groupe socialiste.) A la fin de cette semaine, 70 à 75 % des aides seront versées et la semaine prochaine, le 3 ou 4 juin, elles le seront à 80 %.
Mme Odette Grzegrzulka. Vous êtes pardonné !
M. le ministre de l'agriculture et de la pêche. Dans votre département, une première tranche de 25 millions de francs a été attribuée aux éleveurs parce que j'ai voulu réserver la deuxième tranche, composée du reliquat des aides, en priorité aux bassins allaitants, en particulier aux producteurs de broutards. Votre département a en outre bénéficié d'une aide supplémentaire de 5 millions de francs, ce qui porte à plus de 30 millions les aides aux éleveurs de la Creuse, auxquels nous pourrions ajouter 5 autres millions de francs attribués par le conseil général que vous combattez avec tant de férocité, mais qui fait du bon travail pour aider les éleveurs. (Applaudissements et sourires sur les bancs du groupe socialiste.) Si vous vous plaignez, monsieur Auclair, de la lenteur du versement de ces aides dans votre département - c'est vrai qu'il y a un peu de retard -...
M. Jean Auclair. Ca fait du volume !
M. ministre de l'agriculture et de la pêche. ... peut-être pourriez-vous user de votre influence auprès de telle ou telle organisation professionnelle agricole qui se plaint que les aides ne soient pas assez rapidement versées tout en boycottant les commissions départementales qui les attribuent. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, du groupe communiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.)
M. Jean Auclair. C'est incroyable !

Données clés

Auteur : M. Jean Auclair

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Élevage

Ministère interrogé : agriculture et pêche

Ministère répondant : agriculture et pêche

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 31 mai 2001

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