Question au Gouvernement n° 2987 :
Afghanistan

11e Législature

Question de : M. Antoine Carré
Loiret (1re circonscription) - Démocratie libérale et indépendants

Question posée en séance, et publiée le 18 octobre 2001

M. le président. La parole est à M. Antoine Carré, pour le groupe DL.
M. Antoine Carré. Monsieur le Premier ministre, depuis le début des opérations militaires en Afghanistan, la France donne l'impression de s'en tenir à un service minimum aux côtés des Américains et des Anglais.
M. Guy Teissier. Elle joue petit bras !
M. Antoine Carré. Jusqu'à maintenant, vous avez annoncé l'envoi sur la zone de deux bateaux et de quelques agents secrets, qui ne sont plus très secrets - je ne suis pas certain qu'ils aient apprécié la publicité qui a été faite par le ministre de la défense à leur sujet. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
Ce type d'engagement correspond-il à ce que nous demandent nos alliés américains ? Le doute peut exister.
Avons-nous la possibilité d'accroître notre présence en Afghanistan ou sommes-nous limités par le dispersement de nos troupes à l'étranger et par l'application du plan Vigipirate ?
Combien d'hommes restent disponibles s'il était nécessaire de renforcer notre participation ?
Durant cette crise, quelles missions pensez-vous confier aux réserves dont le rôle semble encore à définir dans notre pays ?
Nos partenaires ont su réagir, ils ont augmenté fortement leur budget militaire : plus 18,4 milliards de dollars pour les Etats-Unis ; plus 1,5 milliard d'euros pour l'Allemagne. Avez-vous l'intention d'imiter nos alliés en augmentant le budget de la défense ?
M. Bernard Accoyer. Bonne question !
M. Antoine Carré. Enfin, l'évolution des menaces et celle des missions dévolues aux armées imposent une réorientation de la stratégie militaire. Que fait le Gouvernement sur ce sujet ? (« Rien ! » sur plusieurs bancs du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
Toutes ces questions nécessitent d'être débattus à l'Assemblée nationale. Dans ces conditions, avez-vous l'intention d'engager notre assemblée, par un vote, sur notre participation aux côtés des Etats-Unis ? (Applaudissements sur les bancs du groupe Démocratie libérale et Indépendants et sur quelques bancs du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance.)
M. Richard Cazenave. Il faut demander à Schrameck !
M. le président. La parole est à M. le ministre de la défense.
M. Alain Richard, ministre de la défense. Vos questions sont nombreuses, monsieur Carré.
Vous avez évoqué l'association du Parlement à l'ensemble des décisions qui peuvent être prises par l'exécutif tout au long de la crise. Sur ce point, le Premier ministre a été de la plus grande clarté dans toutes ses prises de position : l'association du Parlement sera entière.
En ce qui concerne les moyens fournis par les différents partenaires, je souhaite appeler votre attention sur le fait que l'action militaire qui doit être menée contre les infrastructures d'Al-Qaida et le soutien que leur fournit le régime taliban se heurte à une difficulté et à de multiples limites dont il faut être conscient et qui sont d'ailleurs pleinement débattues entre la France et les Etats-Unis. Ce n'est pas une action militaire qui peut se développer à toute force.
Cette action est menée sous la direction des Etats-Unis - la puissance qui a été attaquée -, qui disposent de l'intégralité des moyens pour la conduire. C'est en vertu de choix politiques que le Président des Etats-Unis a souhaité l'association de certains alliés, dont la France. Les autorités françaises ont, quant à elles, indiqué la disponibilité de la France, sans fixer de limite a priori à sa participation.
Un travail de concertation est mené dans l'instance de planification sur la demande des Etats-Unis. D'éventuelles nouvelles contributions de la France feront donc l'objet d'accords bilatéraux entre les Etats-Unis et la France.
Quant aux capacités budgétaires de notre pays en matière militaire, vous savez, monsieur Carré, pour suivre ces questions depuis longtemps, qu'elles sont équivalentes à celles du Royaume-Uni et supérieures à celles de tous les autres pays européens, et de loin. Vous aurez l'occasion, au moment de la discussion sur le budget de la défense, dans quelques jours, d'échanger avec le Gouvernement et entre vous vos appréciations sur le budget et de présenter les inflexions que vous souhaitez voir donner à la politique militaire, dont les bases devront toutefois être maintenues dans leur cohérence et dans la crédibilité, car aucune menace n'a disparu. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe socialiste et sur divers bancs du groupe du Rassemblement pour la République.)

Données clés

Auteur : M. Antoine Carré

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : défense

Ministère répondant : défense

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 18 octobre 2001

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