commémorations
Question de :
M. Jean Proriol
Haute-Loire (2e circonscription) - Démocratie libérale et indépendants
Question posée en séance, et publiée le 14 novembre 2001
M. le président. La parole est à M. Jean Proriol, pour le groupe DL.
M. Jean Proriol. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.
Pour les cérémonies du 11 novembre, M. le secrétaire d'Etat chargé des anciens combattants a fait parvenir aux maires, via les préfets, deux messages successifs à lire devant les monuments aux morts, le second se substituant impérativement, en urgence, au premier.
Dans la deuxième version, plusieurs paragraphes ont été retirés. En voici, pour faire court, quelques extraits :
« Face à l'immense duperie de cette guerre (« Oh ! » sur les bancs du groupe Démocratie libérale et Indépendants), l'immense gaspillage de cette guerre abjecte, née du cynisme industriel (« Oh ! » sur les bancs du groupe Démocratie libérale et Indépendants et sur plusieurs bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance) qui depuis n'a cessé, sous des formes multiples, de tenter, sans toutefois y parvenir encore, de ramener l'humain à l'état d'objet... » (« Scandaleux ! » sur les bancs du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
Je cite encore : « Dans l'esprit de ceux que ne leurrait pas un patriotisme falsifié s'instillait un sentiment de révolte, d'absurdité, que rien n'aurait dû pouvoir effacer. » Fin de citation, fermez le ban !
Quel est le mystérieux complexe militaro-industriel - argument traditionnel de l'extrême gauche - que nous sert un ministre du Gouvernement de la République ? Les morts de 14-18, que vous accusez d'être les victimes d'un patriotisme falsifié, ne méritent-ils pas un hommage unanime de la nation tout entière ? (Applaudissements sur les bancs du groupe Démocratie libérale et Indépendants, du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance.)
Soit M. le secrétaire d'Etat a signé le premier message sans le lire,...
M. Lucien Degauchy. Il ne sait pas lire !
M. Jean Proriol. ... auquel cas il a pour le moins manqué de vigilance. Soit, plus grave, il l'a lui-même écrit, exprimant ainsi sa pensée profonde et peut-être même celle du Gouvernement.
M. le président. Votre question, monsieur Proriol ! (Protestations sur les bancs du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
M. Jean Proriol. Mais alors, à la suite de quel remords ou sous quelles pressions nous a-t-il fait parvenir une version, si l'on peut dire, purifiée ou politiquement plus correcte ?
Maire depuis trente-neuf ans, j'ai lu chaque année les messages des ministres des anciens combattants, qu'ils soient de droite ou de gauche. Mais cette année, je m'y serais refusé. Nous voulons des explications. Monsieur le Premier ministre, ouvrez le ban ! (Applaudissements sur les bancs du groupe Démocratie libérale et Indépendants, du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance.)
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat à la défense chargé des anciens combattants. (Huées sur les mêmes bancs.)
Plusieurs députés du groupe du Rassemblement pour la République. Démission !
M. le président. Mes chers collègues, je vous en prie !
M. Jacques Floch, secrétaire d'Etat à la défense chargé des anciens combattants. Monsieur le député, l'écriture d'un message pour le 11 novembre, qui s'adresse à l'ensemble de la nation, mérite attention et mérite aussi que l'on se penche sur l'histoire qu'il raconte et qu'il rappelle.
M. Jean-Michel Ferrand. C'est vous qui racontez des histoires !
Un député du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance. Trotskiste !
M. le secrétaire d'Etat à la défense chargé des anciens combattants. J'ai écrit et je revendique les deux messages. (Exclamations et huées sur plusieurs bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants. - Applaudissements sur quelques bancs du groupe socialiste et du groupe communiste.) Mais après lecture du premier, j'ai pensé qu'un certain nombre de mots pouvaient être isolés et transformés en expressions toutes faites, et je regrette, monsieur Proriol, que vous n'ayez pas donné lecture de l'ensemble de mon message, tel qu'il a été écrit et lu devant les 36 000 monuments aux morts par l'ensemble des maires de France.
M. Christian Jacob. Heureusement qu'on ne l'a pas lu !
M. Lucien Degauchy. On n'a pas voulu le lire !
M. le secrétaire d'Etat à la défense chargé des anciens combattants. Je dois d'ailleurs vous indiquer, monsieur le député, que j'ai reçu, depuis deux jours, beaucoup plus d'informations me rassurant sur la qualité de mon message (Rires et exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants) que vous ne voulez bien le dire. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, du groupe communiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert. - Huées sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
M. Jean-Michel Ferrand. Guignol !
Auteur : M. Jean Proriol
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Cérémonies publiques et fêtes légales
Ministère interrogé : anciens combattants
Ministère répondant : anciens combattants
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 14 novembre 2001