croissance
Question de :
M. Christian Bataille
Nord (22e circonscription) - Socialiste
Question posée en séance, et publiée le 6 décembre 2001
ÉTAT DE L'INDUSTRIE FRANÇAISE
M. le président. Pour le groupe socialiste, la parole est à M. Christian Bataille.
M. Christian Bataille. Monsieur le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, la France est aujourd'hui le quatrième producteur et exportateur industriel mondial. Après des années de destructions d'emplois, la situation s'est redressée. (« Vraiment ? » sur plusieurs bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.) Depuis 1998, notre industrie a renoué avec l'emploi : 70 000 créations nettes en trois ans. (« Eh oui ! » sur de nombreux bancs du groupe socialiste.)
Mme Sylvia Bassot. Moulinex !
M. Christian Bataille. N'en déplaise aux Cassandres de la droite, notre pays, autrefois distancé, a réalisé un véritable bond en avant, tant en matière de puissance industrielle qu'en productivité ou en emplois. (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe Démocratie libérale et Indépendants.)
M. Lucien Degauchy. C'est la méthode Coué !
M. Christian Bataille. Certes, l'industrie connaît encore des restructurations douloureuses.
Mme Sylvia Bassot. Philips !
M. Christian Bataille. Mais les secteurs piliers sont en bonne santé. Je veux prendre l'exemple de l'automobile. Constructeurs et équipementiers confondus, cette industrie représente un nombre d'emplois croissants : 320 000 personnes, et bien davantage en comptant les services. Ce résultat est dû à notre capacité d'innovation, d'investissement, ainsi qu'au savoir-faire de notre main-d'oeuvre. Elle a convaincu des entreprises internationales comme Toyota.
M. Lucien Degauchy. Et en Hollande ?
M. Christian Bataille. Le cas de l'automobile n'est sans doute pas isolé, monsieur le ministre. Pouvez-vous nous indiquer quelles sont les perspectives pour la France ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste. - Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
M. Jean-Paul Charié. C'est plutôt à M. Patriat de répondre !
M. Laurent Fabius, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Monsieur le député, il est vrai que la production industrielle en général a, depuis plusieurs années, progressé. Cela dit, compte tenu de la situation internationale, plusieurs secteurs connaissent un certain ralentissement.
La production dans l'industrie française est ainsi passée d'un rythme actuel de progression de plus de 5 % en 2000, ce qui était remarquable, à 1,5 % cette année, ce qui est néanmoins beaucoup mieux que les résultats enregistrés par d'autres pays.
Ce ralentissement tient à l'affaiblissement de la demande de nos partenaires commerciaux et aussi, on l'observe autour de nous, à une certaine prudence des industriels, qui ont réduit leurs stocks depuis le début de l'année. Et les dernières enquêtes dont nous disposons montrent que les inquiétudes et les incertitudes restent fortes.
M. Jean-Louis Debré. Tout le contraire de ce qu'a dit M. Bataille !
M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. En revanche, et pour abonder dans votre sens (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République, du groupe de l'Union pour la démocratie française-Alliance et du groupe Démocratie libérale et Indépendants)...
M. Francis Delattre. Bravo !
M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. ... je rappellerai que, dans le secteur automobile, la situation est bonne et parfois même brillante : entre novembre 2000 et novembre 2001, le nombre des immatriculations a augmenté de plus de 3 %, et de 6 % depuis le début de l'année, ce qui est considérable.
M. Jacques Godfrain. Ce pourrait être encore mieux !
M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Cette augmentation est due, bien sûr, à la capacité, à laquelle vous avez à juste titre rendu hommage, de cette industrie.
Mais elle est due aussi à la baisse de l'inflation, aux créations d'emplois sur le plan général...
M. Francis Delattre. Au Gouvernement ! (Sourires.)
M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. ... ainsi qu'à l'évolution des salaires et aux baisses d'impôts. (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République.)
Cette bonne tenue du marché de l'automobile profite particulièrement aux constructeurs français,...
M. Christian Jacob. Vous l'avez déjà dit !
M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. ... dont Renault. En effet, sur les onze premiers mois de l'année, la progression des marques françaises a été de 7,7 %, contre 2,7 % pour les marques étrangères.
La situation, qu'il s'agisse de sociétés étrangères ou de sociétés françaises, profite à beaucoup de départements, en particulier au vôtre, monsieur le député : l'automobile donne au Nord - Pas-de-Calais un atout considérable.
Pour conclure, je rendrai d'abord hommage à tous ceux, et notamment aux salariés du secteur, qui rendent possible cette performance remarquable.
Ensuite, je rappellerai que, sur le plan général de la production industrielle, la situation est contrastée. Il nous faut donc encourager l'investissement, encourager la demande, comme nous le faisons, afin de préparer le rebond qui se produira en 2002. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)
Auteur : M. Christian Bataille
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique économique
Ministère interrogé : économie
Ministère répondant : économie
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 6 décembre 2001