gouvernement
Question de :
M. Serge Poignant
Loire-Atlantique (10e circonscription) - Rassemblement pour la République
Question posée en séance, et publiée le 22 janvier 1998
M. le président. La parole est à M. Serge Poignant.
M. Serge Poignant. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.
Hier, monsieur le Premier ministre, comme aujourd'hui, nous vous interrogions sur les contradictions de plus en plus flagrantes de votre majorité plurielle. (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.)
Vous avez tenté de nous donner une leçon, ce dont vous semblez de plus en plus coutumier, sur les usages au sein de cette assemblée.
M. Jean-Claude Lefort. Le parti unique, c'est terminé !
M. Serge Poignant. Vous avez en effet déclaré, monsieur le Premier ministre: «Je ne suis pas sûr qu'il soit d'usage dans cette assemblée d'interroger le Gouvernement sur les contradictions politiques supposées exister dans une majorité.»
Mme Odette Grzegrzulka. Cela n'intéresse pas les Français !
M. Serge Poignant. Votre majorité, selon vos propres termes, ne vous a jamais fait défaut.
Pourtant, hier même, lors de la présentation de ses voeux à la presse, Dominique Voynet, votre ministre de l'environnement, a déclaré: «Au sein du Gouvernement, je reste isolée sur le dossier du nucléaire; mes questions ne sont pas partagées.»
Monsieur le Premier ministre, confirmez-vous, oui ou non, l'annulation du comité interministériel sur le nucléaire qui devait réunir, aujourd'hui même, une partie de vos ministres sur ce sujet. Si oui, quel en est le motif ?
Merci, par avance, de ne pas me faire la même réponse que M. le secrétaire d'Etat à l'industrie à notre collègue Claude Birraux, à savoir qu'une réunion pourrait se tenir rapidement et le moment venu. (Rires sur plusieurs bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l'Union pour la démocratie française.)
Qui les Français doivent-ils croire ? («Pas vous !» sur les bancs du groupe socialiste.) Vous-même, qui nous répétez que votre majorité plurielle ne vous fait jamais défaut, ou l'une de vos ministres qui déclare qu'elle est isolée et incomprise au sein même de votre gouvernement ? (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe du Rassemblement pour la République.)
M. Jean-Claude Lefort. Chez nous, il n'y a pas de «godillots» !
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. (Exclamations sur de nombreux bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l'Union pour la démocratie française.)
M. Louis de Broissia. Strauss-Kahn Premier ministre !
M. Dominique Strauss-Kahn, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Monsieur le député, vous nous demandez qui les Français doivent croire pour ce qui est de l'unité de la majorité: ils doivent croire la majorité ! («Très bien !» sur les bancs du groupe socialiste. - Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l'Union pour la démocratie française.)
Et ce que vous dit la majorité, c'est que, dans ce gouvernement, il y a, en effet, des débats, des discussions.
M. André Santini. Certes ! Cela ne nous avait pas échappé !
M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Peut-être que cela vous étonne ! Peut-être que cela vous change ! Mais nous sommes une majorité où la discussion est ouverte. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe socialiste et sur plusieurs bancs du groupe communiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.)
Quand ma collègue chargée de l'environnement dit qu'elle défend une position et que certains membres du Gouvernement, dans la discussion ouverte organisée par le Premier ministre, en défendent une autre, les Français n'ont aucune raison de s'inquiéter. (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l'Union pour la démocratie française.) Là où ils avaient des raisons de le faire, c'était plutôt lorsque, dans des gouvernements d'il n'y a pas si longtemps, une seule personne prenait les décisions. (Protestations sur les mêmes bancs. - Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et sur plusieurs bancs du groupe communiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.)
Plusieurs députés du groupe socialiste. Garde à vous !
M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Nous discutons et, lorsque nous considérons que le sujet n'est pas encore mûr, nous reprenons la discussion. Le comité interministériel dont vous parlez a été annulé aujourd'hui parce que nous n'étions pas prêts. Nous le serons dans quelques jours, ou dans quelques semaines. La discussion aura lieu jusqu'au fond. Et croyez-moi, sur des sujets de cette importance, mieux vaut un gouvernement qui discute qu'un gouvernement «godillot».
M. Jean-Claude Lefort. Voilà !
Mme Odette Grzegrzulka. Très bien !
M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Ce n'est pas notre genre. Je veux croire que ce ne sera plus jamais le vôtre. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, du groupe communiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.)
Auteur : M. Serge Poignant
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Etat
Ministère interrogé : économie
Ministère répondant : économie
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 22 janvier 1998