Question au Gouvernement n° 467 :
fonctionnement

11e Législature

Question de : M. Patrick Braouezec
Seine-Saint-Denis (2e circonscription) - Communiste

Question posée en séance, et publiée le 25 mars 1998

M. le président. La parole est à M. Patrick Braouezec.
M. Patrick Braouezec. Ma question s'adresse encore à M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Le hasard, ou le jeu subtil de l'ordre de ces questions d'actualité, m'amène, après M. Pandraud et M. Le Roux, à poser encore une question sur la situation de l'école en Seine-Saint-Denis. (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l'Union pour la démocratie française.) Cela prouve d'ailleurs que c'est une vraie question d'actualité et qu'elle est représentative du malaise que connaît l'école en général.
Ma question tiendra donc compte des réponses que vous avez déjà pu donner, monsieur le ministre. Je vous approuve lorsque vous dites que personne ne peut faire en quinze jours ce qui n'a pas été fait en cinq ans. En revanche, la présentation qui est bien souvent faite de ce département ne me semble pas juste. Pour certains, je pense notamment à mes collègues de droite, les difficultés de ce département viendraient de sa population. Non ! Ces difficultés proviennent de la situation économique particulièrement défavorable que connaît ce département dont la population est touchée de plein fouet par le chômage et la précarité. Cette population a été trop souvent laissée pour compte et méprisée. Ce phénomène a d'ailleurs été accentué par l'inégalité des chances à l'école. Ce dont a besoin ce département, c'est avant tout d'enseignants qualifiés. Les enfants, les jeunes de Seine-Saint-Denis ont besoin d'égalité devant l'accès au savoir et aux connaissances. Ces enseignants, ces parents, ces jeunes et les élus qui luttent aujourd'hui à leurs côtés ne pourraient tolérer un enseignement adapté, dans ses contenus, à une population jugée en difficulté, comme on l'entend parfois proposer. Je le répète: c'est non pas de discrimination positive, de nouveaux dispositifs, de nouveaux zonages que nous avons besoin, mais bien d'égalité républicaine, d'égalité de traitement.
Vous l'avez dit, monsieur le ministre, il nous faut un engagement pluriannuel sur la base des besoins connus et recensés dans chaque établissement du primaire, dans chaque collège ou lycée. L'enjeu est effectivement de parvenir à un contrat mobilisant toutes les énergies et, croyez-moi, il y en a beaucoup dans ce département. Mais nous avons aussi besoin, dès maintenant, de mesures d'urgence significatives permettant de remobiliser tout le monde. Comme vous l'avez indiqué, beaucoup d'enseignants refusent de venir dans ce département aujourd'hui. Il faut donc, dès la rentrée, mettre en application un plan d'urgence à la hauteur des besoins et nécessitant un collectif budgétaire. Il faut en effet tenir compte d'un rapport dont on parle beaucoup moins, à savoir le rapport de M. Toulemonde, le bien-nommé, qui montre bien que, dans ce pays, s'agissant de l'école, il n'y a pas d'égalité républicaine de traitement car les départements et les régions riches sont pourvus d'enseignements riches alors que les départements et les régions pauvres n'ont pas de moyens pour l'école.
Etes-vous prêt, monsieur le ministre, à donner, dès la rentrée prochaine, ce qu'exigent aujourd'hui les parents, les enseignants, les lycéens et les élus de ce département ? (Applaudissements sur les bancs du groupe communiste.) M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie.
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Monsieur le député, je pourrais vous répondre en un mot et vous dire: «oui !» Mais je répète que les mesures à prendre doivent être étudiées et travaillées parce que le découragement a prévalu pendant des années et que la planification de l'aménagement de la Seine-Saint-Denis en matière éducative n'a pas été suffisante. Il faut donc travailler. Je prendrai deux exemples.
Le premier concerne les lycées professionnels, qui délivrent les BTS et sont essentiels. On a concentré les BTS sur certains métiers, qui ne sont pas les plus demandés parce qu'il n'y a pas de support et que l'on n'a pas cherché le support industriel. Il faut donc travailler pour donner ces débouchés.
En plein accord avec ce que vous venez de dire, nous avons prévu, dans notre plan, de faire porter aussi l'effort sur l'enseignement supérieur et sur l'enseignement professionnel supérieur en rénovant l'université de Villetaneuse, en travaillant encore un peu plus sur celle de Saint-Denis et en instaurant un réseau de BTS et d'IUT qui soit adapté aux demandes, et non pas simplement à telle ou telle chose. Par conséquent, le Gouvernement est conscient de ce problème et si des réserves sont émises, elles ne viendront pas de lui.
Vous avez aussi raison de dire qu'il existe des zones riches et des zones pauvres. Lorsque j'ai dit que nous serions amenés à prendre aux unes pour donner autres, je faisais allusion à cela. Gouverner, c'est choisir et, pour nous, gouverner, c'est rétablir la justice ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, du groupe communiste etdu groupe Radical et Vert.)

Données clés

Auteur : M. Patrick Braouezec

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Enseignement

Ministère interrogé : éducation nationale, recherche et technologie

Ministère répondant : éducation nationale, recherche et technologie

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 25 mars 1998

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