Question au Gouvernement n° 559 :
sécurité des biens et des personnes

11e Législature

Question de : M. François Bayrou
Pyrénées-Atlantiques (2e circonscription) - Union pour la démocratie française

Question posée en séance, et publiée le 29 avril 1998

M. le président. La parole est à M. François Bayrou.
M. François Bayrou. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre ou à M. le ministre de l'intérieur. Elle porte sur une certaine dégradation des comportements dans la vie politique. (Rires et exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert. - Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la démocratie française et du groupe du Rassemblement pour la République.)
Plusieurs députés du groupe socialiste. Des noms !
M. Lucien Degauchy. Max la menace ! (Sourires.)
M. le président. Un peu de silence, s'il vous plaît !
M. François Bayrou. Nos compatriotes ont pu, stupéfaits, découvrir sur leur écran de télévision un député qui, se servant de sa voiture comme d'un bélier, enfonçait des barrages de gendarmerie (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe communiste), forçait l'entrée d'une tente où se déroulait une manifestation publique, mettant chaque fois des vies en danger et qui, pour finir, portait la main sur un autre député. («Oh !» sur les bancs du groupe socialiste et du groupe communiste.)
M. Lucien Degauchy. C'est honteux !
M. François Bayrou. Des conduites de cet ordre, venant de l'extrême droite, ont récemment fait l'objet de poursuites et de condamnations par la justice. Ma question est donc très simple: le Gouvernement a-t-il l'intention, là aussi, de faire appliquer la loi...
M. Christian Bataille. Tartufe !
M. François Bayrou. ...et de combattre des comportements qui, dans une société en crise, mettent en danger son équilibre ? (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour la démocratie française et du groupe du Rassemblement pour la République. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste et du groupe communiste.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Monsieur le député, vous venez d'évoquer des incidents...
M. Louis de Broissia. Fâcheux !
M. le ministre de l'intérieur. ... qui se sont produits à l'occasion de l'inauguration de la bretelle de contournement d'Amiens et qui ont opposé notamment M. le député-maire d'Amiens, M. de Robien, et M. Gremetz, lui aussi député de la Somme.
Deux plaintes ont été déposées, qui correspondent à deux versions différentes. («Oh !» sur les bancs du groupe de l'Union pour la démocratie française et du groupe du Rassemblement pour la République.)
M. Eric Doligé. Scandaleux !
M. le président. Mes chers collègues, s'il vous plaît !
M. le ministre de l'intérieur. Permettez-moi de parvenir au terme de ma réponse ! (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour la démocratie française et du groupe du Rassemblement pour la République.)
M. le président. Mes chers collègues, il n'est absolument pas nécessaire d'ajouter au spectacle de l'autre jour. Un peu de calme, s'il vous plaît !
M. Jean-Louis Debré. M. le ministre ne répond pas !
M. le ministre de l'intérieur. Je veux bien répondre, si vous voulez bien m'écouter !
Dans la version de M. de Robien, que vous venez de rappeler, monsieur Bayrou (Exclamations sur les bancs du groupe de l'Union pour la démocratie française et du groupe du Rassemblement pour la République), une voiture a pénétré sous un chapiteau.
M. Gilles de Robien. Ce n'est pas «ma» version ! Cela correspond aux images !
M. le ministre de l'intérieur. Elle s'est néanmoins arrêtée avant l'estrade (Vives protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour la démocratie française et du groupe du Rassemblement pour la République)...
M. Maxime Gremetz. Voilà !
M. le ministre de l'intérieur. ... sur laquelle M. Demilly prononçait un discours. (Rires et applaudissements sur divers bancs du groupe Radical, Citoyen et Vert et sur les bancs du groupe socialiste. - Protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour la démocratie française et du groupe du Rassemblement pour la République.)
Une altercation s'en est suivie. Selon M. Gremetz, il aurait été empêché de pénétrer sous le chapiteau. Il m'a écrit pour me signaler également qu'une des personnes qui l'accompagnaient aurait été molestée. (Protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour la démocratie française et du groupe du Rassemblement pour la République.)
M. Maxime Gremetz. Absolument !
M. le ministre de l'intérieur. Le préfet de région, M. Dufeigneux, faisant, si j'ose dire, office de gardien de la paix en chef, s'est interposé (Rires et applaudissements sur les bancs du groupe Radical, Citoyen et Vert et sur les bancs du groupe socialiste) et a permis d'éviter que les incidents ne dégénèrent.
On peut regretter ces incidents et je les déplore. Il faut toutefois les replacer dans un contexte politique un peu dégradé, résultant de l'élection de M. Baur à la présidence de la région de Picardie. (Protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour la démocratie française et du groupe du Rassemblement pour la République. - «Eh oui !» sur les bancs du groupe socialiste et du groupe communiste.) Il faut le dire: cette élection a créé un climat qui n'est pas sain !
M. François Vannson. Cela n'a rien à voir !
M. Gilles de Robien. C'est lâche !
M. le ministre de l'intérieur. Avec le recul du temps - ce «grand sculpteur», comme disait Marguerite Yourcenar -, je pense que ces incidents prendront place dans la longue chaîne de ceux qui ont émaillé une vie politique débordante...
M. Lucien Degauchy. Pourquoi deux poids, deux mesures ?
M. le ministre de l'intérieur. ... et nourriront peut-être l'inspiration d'un créateur qui voudrait mettre en scène une version française du dialogue musclé entre Peppone et Don Camillo ! (Rires et applaudissements sur les bancs du groupe Radical, Citoyen et Vert et du groupe socialiste.)
La justice est saisie. N'attendez tout de même pas du ministre de l'intérieur qu'il départage les plaignants ! (Applaudissements sur les bancs du groupe Radical, Citoyen et Vert, du groupe socialiste et sur quelques bancs du groupe communiste. - Huées et claquements de pupitres sur les bancs du groupe de l'Union pour la démocratie française et du groupe du Rassemblement pour la République.)
Plusieurs députés du groupe de l'Union pour la démocratie française. C'est nul !
M. Gilles de Robien. C'est lâche !
M. Franck Borotra. S'il mène l'enquête comme cela, on est mal parti !

Données clés

Auteur : M. François Bayrou

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Sécurité publique

Ministère interrogé : intérieur

Ministère répondant : intérieur

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 29 avril 1998

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