Question écrite n° 100882 :
contractuels et vacataires

12e Législature
Question signalée le 14 novembre 2006

Question de : Mme Paulette Guinchard
Doubs (2e circonscription) - Socialiste

Mme Paulette Guinchard souhaite attirer l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur la question de la gestion de carrière des personnels non titulaires. Selon les associations, près de 15 000 personnes qui ont assuré un service public d'enseignement pendant des années, seraient aujourd'hui affiliées au chômage, au RMI ou à l'allocation spécifique de solidarité (ASS). D'autres ont réussi à trouver un emploi précaire par le biais de vacations et temps partiels imposés, qui ne financent pas la totalité de leurs besoins quotidiens. Cette situation entraîne des situations personnelles et familiales difficiles, voire dramatiques : tensions familiales, endettement etc. Pourtant ces personnels sont qualifiés (de bac + 3 à bac + 5 et plus), possèdent une forte expérience professionnelle et une reconnaissance de leurs acquis par les personnels titulaires qu'ils côtoient et par les résultats positifs de leurs élèves en examen. Cette situation a été amplifiée par l'action conjointe de la fin du plan Sapin pour la résorption de la précarité et des choix budgétaires qui ne correspondent pas à la surcharge des classes et les difficultés à assurer certains remplacements de longue durée. Sur ce dernier point, la loi de programmation sur l'avenir de l'école, dite « loi Fillon » ne concernait que les remplacements de courte durée, sans permettre une continuité pédagogique. Par ailleurs, on constate l'inquiétante poursuite des recrutements de nombreux vacataires dans certaines académies, ce qui revient à conduire de nouvelles personnes vers la précarité. Dans ces conditions, elle souhaite connaître les mesures que le Gouvernement entend prendre afin de réformer de manière efficace le système de gestion et d'évolution de carrière des personnels non titulaires de l'éducation nationale.

Réponse publiée le 21 novembre 2006

De façon générale, le recours à des agents non titulaires intervient pour couvrir certains postes demeurant vacants à l'issue du mouvement des enseignants titulaires et après qu'il ait été fait appel aux titulaires en zone de remplacement, pour assurer des suppléances de professeurs absents. Il intervient également afin d'assurer l'enseignement dans des disciplines pour lesquelles les postes ouverts au concours de recrutement n'ont pas été pourvus, en l'absence de vivier suffisant. Ainsi, le recours à des enseignants contractuels dans l'enseignement public n'est ouvert que lorsque le service ne peut être assuré par des fonctionnaires. Le réemploi des professeurs contractuels n'est possible qu'en fonction des besoins avérés dans les académies, les recteurs s'attachant cependant à réemployer, dès qu'ils sont en mesure de le faire, les enseignants non titulaires qui ont donné satisfaction dans l'accomplissement de leur service. En ce qui concerne les personnels vacataires, il appartient aux chefs d'établissement d'y faire appel dans la limite de deux cents heures maximum par année scolaire. Ils ne doivent être recrutés que pour des besoins occasionnels ou temporaires. Par ailleurs, une meilleure utilisation du potentiel enseignant apporté par les titulaires a permis de réduire le recours aux agents non titulaires. Ainsi, le dispositif de remplacement des professeurs absents a prouvé son efficacité pour les remplacements supérieurs à deux semaines, actuellement couverts à 90 %. S'agissant des remplacements de courte durée, le décret n° 2005-1035 du 26 août 2005 permet de demander aux enseignants de remplacer ponctuellement leurs collègues absents pour une durée inférieure ou égale à deux semaines, dans la ou les disciplines qu'ils enseignent habituellement, en privilégiant le volontariat. L'objectif poursuivi est en voie de réalisation puisque le taux de remplacement de courte durée s'est établi à 52 % pour l'année scolaire 2005-2006, contre 30 % pour l'année scolaire 2004-2005. Par voie de conséquence, la part des enseignants contractuels sur l'ensemble des personnels enseignants s'est limitée à 2 % à la rentrée scolaire 2005-2006 (3,9 % en 2004-2005, et 4,8 en 2003-2004), après avoir atteint 15 % dans les années 1980. Les enseignants non titulaires ont, comme l'ensemble des agents non titulaires des trois fonctions publiques, bénéficié de la mise en place de concours réservés organisés pour les sessions 2001 à 2005 en application de la loi n° 2001-2 du 3 janvier 2001 relative notamment à la résorption de l'emploi précaire. Ainsi, plus de 14 500 agents non titulaires ont été admis aux épreuves des concours réservés et des examens professionnels de recrutement de personnels de l'enseignement du second degré. Conscient de la nécessité d'offrir aux contractuels enseignants des perspectives de titularisation, le ministère de l'éducation nationale veille également à proposer leur intégration dans les corps de l'enseignement par la voie des concours statutaires et en particulier des concours internes, qui sont notamment conçus pour stabiliser la situation d'agents non titulaires et dont les épreuves ont été adaptées afin de faire davantage appel aux compétences pédagogiques des candidats. Plus de 10 450 ont ainsi réussi les concours externes et internes entre les sessions 2001 à 2005. À compter de la session de 2006, les agents non titulaires non réemployés peuvent de plus postuler aux concours internes, sous réserve d'avoir eu la qualité d'enseignant non titulaire d'un établissement d'enseignement public relevant du ministre chargé de l'éducation pendant tout ou partie de la période comprise entre le 1er septembre de l'une des six dernières années scolaires et la date de clôture des registres d'inscription ; en outre, ils doivent remplir certaines conditions de diplôme et d'ancienneté. Par ailleurs, conformément à la loi n° 2005-843 du 26 juillet 2005 portant diverses mesures de transposition du droit communautaire à la fonction publique, les professeurs contractuels sont désormais recrutés par contrat à durée déterminée (CDD), renouvelable, par reconduction expresse, dans la limite d'une durée totale ne pouvant excéder six ans. Si, à l'issue de la période maximale de six ans, ces contrats sont reconduits, ils ne peuvent l'être que sous certaines conditions, par décision expresse et pour une durée indéterminée (CDI). De même, la loi du 26 juillet 2005 prévoit qu'à la date de sa publication, le CDD est transformé en CDI si l'agent satisfait, le 1er juin 2004 ou, au plus tard, au terme de son contrat en cours, à quatre conditions : être âgé d'au moins cinquante ans, être en fonction ou bénéficier d'un congé, justifier d'une durée de services effectifs au moins égale à six ans au cours des huit dernières années et occuper un emploi de non-titulaire dans les services de l'État ou de ses établissements publics administratifs. Au total, les mesures précitées contribuent à respecter le principe posé par la loi de l'occupation des emplois permanents de l'État par des fonctionnaires et à diminuer le nombre d'emplois précaires au sein de l'éducation nationale. Elles permettent également d'offrir la possibilité d'une titularisation aux personnels contractuels reconnus pour leurs compétences.

Données clés

Auteur : Mme Paulette Guinchard

Type de question : Question écrite

Rubrique : Enseignement : personnel

Ministère interrogé : éducation nationale

Ministère répondant : éducation nationale

Signalement : Question signalée au Gouvernement le 14 novembre 2006

Dates :
Question publiée le 25 juillet 2006
Réponse publiée le 21 novembre 2006

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