aéroports
Question de :
M. Philippe Tourtelier
Ille-et-Vilaine (2e circonscription) - Socialiste
M. Philippe Tourtelier appelle l'attention de M. le ministre des transports, de l'équipement, du tourisme et de la mer sur la question du financement des missions de sûreté-sécurité (sûreté, sécurité-incendie, prévention du péril aviaire, contrôles environnementaux) mises en oeuvre par les exploitants d'aérodrome. Ceux-ci sont préoccupés par le gel des subventions qui leurs sont dues. Le coût de ces missions, dites régaliennes, qu'ils mettent en oeuvre, relève obligatoirement d'un financement fiscal. Celui-ci est cependant entièrement à la charge de l'économie du transport aérien. L'augmentation régulière de ces coûts va de pair avec la multiplication des obligations en la matière (exemple : le coût de la sûreté aéroportuaire par passager est passé de 1,50 euro en 2000 à 6,8 euros en 2006). Or, le Gouvernement a décidé d'appliquer aux subventions dues aux exploitants à titre de complément à la taxe d'aéroport une politique de rigueur budgétaire qui menace gravement l'équilibre financier de certains d'entre eux. Ce gel qui s'est établi à 6,7 % de l'ensemble des coûts en 2005 a été porté à 21,6 % au titre de l'exercice 2006. Cette politique est à la fois profondément injuste et dangereuse. Injuste car ces subventions visent à donner des moyens financiers à des acteurs qui se sont vus confier par l'État l'exécution de missions dont la responsabilité lui incombe. Dangereuse car les bénéficiaires de ces subventions étant les aéroports régionaux et locaux, c'est donc l'aménagement du territoire qui est fragilisé pour un enjeu global d'environ 25 millions d'euros. De surcroît, cette situation est d'autant plus inadmissible que les exploitants d'aérodromes ne sont pas autorisés à récupérer la TVA sur les dépenses de sécurité-sûreté, ce qui génère au profit de l'État une recette de près d'une centaine de millions d'euros. Au 31 décembre 2005, la dette de l'État à l'égard de l'aéroport de Rennes s'élevait à 170 000 euros. De plus, le budget prévisionnel 2006 fait apparaître une nouvelle diminution de la contribution de l'État créant ainsi un déficit de 700 000 euros pour la seule année 2006. Au total, le financement de la sûreté et de la sécurité accusera un déficit global de 870 000 euros à la fin de l'année 2006. C'est une situation insupportable pour l'économie de l'aéroport de Rennes car en l'absence de toute contractualisation en la matière entre l'État et les exploitants d'aéroports, il ne peut aucunement garantir d'être remboursé ultérieurement. Á la veille du transfert définitif aux collectivités territoriales de la totalité des aéroports d'intérêt régional ou local, il lui demande quelles mesures il compte prendre pour remédier à cette situation.
Réponse publiée le 6 mars 2007
Les exploitants d'aéroport assurent le financement des missions de sûreté et de sécurité qui leur sont confiées par la loi. Ce financement, organisé par l'État, est principalement assuré par le produit de la taxe d'aéroport. Il est complété par des subventions du budget général de l'État pour ceux des aérodromes dont le trafic est compris entre 5 000 et 4 000 000 de passagers (classe 3) où le produit de la taxe est insuffisant, ainsi que pour les très petits aérodromes non éligibles à la taxe d'aéroport. En 2006, 41 millions d'euros ont été affectés au paiement des subventions aux exploitants d'aéroports, grâce à la dotation inscrite en loi de finances initiale et au redéploiement de crédits au sein du programme « Transports aériens ». La répartition de l'intégralité de cette dotation a été effectuée de manière que l'insuffisance maximale prévisionnelle de financement à la fin de l'année représente, pour chaque aéroport bénéficiant d'une subvention, une même proportion de ses coûts prévisionnels. Pour 2007, le volume des subventions aux exploitants dans le cadre de la loi de finances s'élève à 38,95 millions d'euros. Des modifications législatives concernant la taxe d'aéroport, destinées à en augmenter le produit, ont été prises récemment, notamment le relèvement par la loi de finances rectificative pour 2006 du plafond de la taxe d'aéroport de 10 euros à 11 euros pour les aéroports de la classe 3, et l'extension de cette taxe aux aéroports d'État de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie française au 1er juin 2006. Toutefois, l'équilibre financier de ces missions pour les aérodromes éligibles à des subventions d'État ne devrait pas être atteint à la fin de 2007. Il convient de souligner que le mode de financement actuel, qui s'accompagne d'un recours accru à la ressource budgétaire, n'encourage pas la maîtrise des dépenses et ne saurait constituer durablement une solution acceptable. Au cours des dernières années, les dépenses exposées par les exploitants d'aérodrome au titre des missions de sécurité et de sûreté ont connu une progression très sensible, qui a incité les ministères concernés (transports et équipement, finances, intérieur, défense) à lancer des audits pour, notamment, apprécier le rapport coût-efficacité desdites dépenses, et examiner les possibilités d'évolution du dispositif de financement. Parmi les conclusions émises, la nécessité de mieux maîtriser la dépense est soulignée. Dans cet esprit, il sera indispensable de procéder à une réforme d'envergure du financement de la sécurité et de la sûreté aéroportuaires. Le Gouvernement travaille activement sur ce dossier.
Auteur : M. Philippe Tourtelier
Type de question : Question écrite
Rubrique : Transports aériens
Ministère interrogé : transports, équipement, tourisme et mer
Ministère répondant : transports, équipement, tourisme et mer
Dates :
Question publiée le 25 juillet 2006
Réponse publiée le 6 mars 2007