Question écrite n° 115702 :
conseillers prud'homaux

12e Législature

Question de : M. Jacques Desallangre
Aisne (4e circonscription) - Député-e-s Communistes et Républicains

M. Jacques Desallangre souhaite attirer l'attention de M. le garde des sceaux, ministre de la justice, sur la réforme de l'indemnité des conseillers prud'homaux. La dernière loi de finances a imposé un temps forfaitaire pour ces activités juridictionnelles, notamment les rédactions de jugements. Cette disposition est lourde de conséquences pour des juges non professionnels ayant une double activité. Le temps est une condition nécessaire souvent liée à la complexité du dossier à traiter. Il est également nécessaire à la rédaction d'un jugement de qualité qui, le plus souvent, est confirmé dans les procédures d'appels. La baisse des moyens matériels et humains accordés à l'activité prud'homale risque d'entraîner avec elle celle de la qualité des jugements et constitue un recul considérable du rôle de cette juridiction. Le juge prud'homal va être ainsi livré à des contradictions ingérables : réduire le temps consacré à l'étude des dossiers au risque de bâcler les décisions ou ne pas terminer la rédaction d'un jugement à l'issue du temps imparti. Dans tous les cas, les justiciables des conseils de prud'hommes vont faire les frais en dernier lieu de cette réforme. Il lui demande quelles sont ses propositions pour faire face à la détérioration des conditions d'exercice des conseils de prud'hommes.

Réponse publiée le 20 mars 2007

Le garde des sceaux, ministre de la justice, fait connaître à l'honorable parlementaire que le régime juridique de l'indemnisation des conseillers prud'hommes reposait sur des textes anciens dont l'interprétation avait pu conduire à des pratiques hétérogènes sur l'ensemble du territoire et à une évolution des dépenses difficilement maîtrisable. Plusieurs missions ont abordé les difficultés soulevées par le régime actuellement applicable à l'indemnisation des conseillers prud'hommes. Ainsi, le procureur général honoraire Henri Desclaux dans un rapport du 5 octobre 2005 a mis en exergue des durées moyennes résultant de rencontres et d'échanges avec toutes les parties prenantes à l'activité des conseils de prud'hommes. Dans le prolongement de ce rapport, un projet de loi et deux projets de décrets ont été rédigés qui prévoient un système d'indemnisation reposant sur l'activité réelle des conseillers en matière de temps de rédaction des décisions. Les dispositions législatives, incluses dans l'article 51 de la loi sur la participation des salariés, ont été votées le 30 décembre 2006. Le projet de décret qui s'est appuyé sur le rapport précité pour déterminer les durées moyennes de rédaction des décisions rendues par les conseillers prud'hommes (trente minutes pour un procès-verbal, une heure pour une ordonnance et trois heures pour un jugement) précise néanmoins qu'un dépassement de ces durées est possible lorsque la complexité du dossier, le nombre de parties à l'audience et la multiplicité des chefs de demande le justifient. Ainsi, il a été tenu compte des observations formulées par les partenaires sociaux à l'occasion du conseil supérieur de la prud'homie du 5 mai 2006, et le caractère « exceptionnel » des dépassements a été supprimé. Sauf à ne pas résoudre les difficultés mises en évidence par le rapport Desclaux, le projet de décret privilégie la seule solution juridiquement incontestable qui est de confier à la formation de jugement la détermination du temps de rédaction lorsque les temps communément nécessaires sont insuffisants. Dès lors, deux modes d'indemnisation se superposent selon le temps de rédaction nécessaire : un mode déclaratif, reposant sur le seul conseiller rédacteur jusqu'à un certain seuil ; un mode délibératif, reposant sur la formation de jugement au-delà de ce seuil. Par ailleurs, outre la question des durées de rédaction, les projets de textes réglementaires permettent l'indemnisation d'un plus grand nombre d'activités, autorisent la rédaction des décisions à l'extérieur des conseils de prud'hommes, augmentent de 15 % le taux de vacation et améliorent la prise en charge des frais de déplacements. Cependant, malgré la concertation qui a eu lieu et les importantes modifications qui en ont résulté, ces textes d'application suscitent encore des réactions d'incompréhension et de doute, en particulier sur la capacité des formations de jugement à s'entendre pour autoriser les dépassements justifiés par la complexité de certaines affaires. Aussi, les deux ministres concernés se sont accordés pour demander au directeur général du travail et au directeur des services judiciaires de poursuivre la réflexion avec le conseil supérieur de la prud'homie et proposer des solutions pour que la réforme soit effective rapidement.

Données clés

Auteur : M. Jacques Desallangre

Type de question : Question écrite

Rubrique : Justice

Ministère interrogé : justice

Ministère répondant : justice

Dates :
Question publiée le 16 janvier 2007
Réponse publiée le 20 mars 2007

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