Question écrite n° 15399 :
allocation aux adultes handicapés

12e Législature

Question de : Mme Martine Billard
Paris (1re circonscription) - Députés n'appartenant à aucun groupe

Mme Martine Billard attire l'attention de Mme la secrétaire d'Etat aux personnes handicapées sur la nécessaire révision des conditions de ressources prévues pour percevoir l'allocation aux adultes handicapés (AAH). L'allocation aux adultes handicapés, prestation non contributive, vise à garantir un revenu minimum aux personnes reconnues handicapées par la commission technique d'orientation et de reclassement professionnel (COTOREP). Son attribution est subordonnée à un plafond de ressources défini à l'article D. 821-2 du code de la sécurité sociale. Le montant de la prestation est réduit en conséquence lorsque son bénéficiaire dispose par ailleurs d'autres revenus. Le plafond annuel des ressources, fixé par décret, est à l'heure actuelle de 6 847,10 euros (soit 570,59 euros par mois). Selon l'article R. 531-10 du code de la sécurité sociale relative aux conditions de ressources applicables pour l'attribution de l'AAH, les ressources « s'entendent du total des revenus nets catégoriels retenus pour l'établissement de l'impôt sur le revenu d'après le barème des revenus taxés à un taux proportionnel ou soumis à un prélèvement libératoire de l'impôt sur le revenu. ». Si le principe du plafond de ressources s'explique par le caractère non contributif de l'AAH, par contre, l'impossibilité de cumul de l'AAH à taux plein avec quelque autre revenu rompt de façon paradoxale avec les possibilités de cumul de revenus d'activité offertes à d'autres dispositifs d'aide sociale non contributifs au demeurant comparables : tels le revenu minimum d'insertion (RMI), l'allocation de parent isolé (API), l'allocation de solidarité spécifique (ASS) et l'allocation d'insertion. L'augmentation des revenus d'un foyer entraîne la diminution, voire la suppression de l'AAH et des avantages fiscaux afférents, induisant au final, par effet de seuil, une perte nette de revenu disponible par foyer. Par ailleurs, elle souligne que les nécessaires réaménagements des conditions de ressources pour percevoir l'AAH, afin de favoriser l'autonomie et l'insertion sociale des personnes handicapées dans la vie de la Cité, ne doivent pas uniquement porter sur la possibilité de percevoir des revenus d'une activité professionnelle. L'engagement politique des personnes handicapées, notamment à des fonctions municipales avec délégation, donnant droit à une petite indemnisation, pourrait représenter de formidables possibilités individuelles d'intégration sociale et un apport collectif indéniable pour améliorer l'action publique. A ce titre, il convient de s'interroger sur le statut des indemnités d'élus locaux. Celles-ci sont prises en compte dans le calcul des ressources donnant droit à l'AAH, au terme de l'article R. 531-10 mentionné, bien que ne donnant pas lieu à déclaration pour l'IRPP, parce que le prélèvement fiscal sur les indemnités d'élus est effectué à la source. L'engagement des personnes handicapées au service de la collectivité est ainsi contrarié puisque la perception des indemnités d'élus, toutes insuffisantes soient-elles à elles seules pour vivre, fait perdre dans le même temps le droit à l'AAH à taux plein et aux avantages sociaux et fiscaux afférents, notamment pour l'embauche d'une aide ménagère à domicile. Aussi lui demande-t-elle d'expliquer la position du Gouvernement face aux questions de cumul de l'AAH avec des revenus d'activité professionnelle et avec des indemnités d'élus et d'indiquer dans quelle mesure il en sera tenu compte dans le cadre de la rénovation annoncée de la loi du 30 juin 1975 d'orientation en faveur des personnes handicapées.

Réponse publiée le 22 décembre 2003

L'allocation aux adultes handicapés (AAH) est un revenu minimum garanti par l'État à toute personne reconnue handicapée par la Commission technique d'orientation et de reclassement professionnel (COTOREP). Cette allocation étant non contributive, son attribution est, par conséquent, soumise à une condition de ressources. Ces ressources s'entendent, conformément à l'article R. 531-10 du code de la sécurité sociale, du revenu net catégoriel retenu pour l'établissement de l'impôt sur le revenu de la personne ou du ménage de l'année de référence, ainsi que les revenus taxés à un taux proportionnel ou soumis à un prélèvement libératoire de l'impôt sur le revenu. C'est au titre des revenus soumis à un prélèvement libératoire de l'impôt sur le revenu que sont prises en compte les indemnités de fonction des élus locaux. Il est donc tenu compte de la totalité des revenus après abattements fiscaux normaux et spécifiques aux personnes invalides. Cette modalité de prise en compte des ressources peut aboutir à un cumul de la prestation et des revenus perçus par les personnes concernées puisque seule une partie des ressources est prise en considération pour la détermination du montant de l'allocation. Les ressources perçues par la personne handicapée, durant l'année civile précédant celle au cours de laquelle le droit à l'AAH est ouvert ou maintenu, doivent être inférieures à 6 847,10 euros pour une personne seule, pour la période d'exercice de paiement du 1er juillet 2002 au 30 juin 2003. Ce plafond est doublé pour les couples et majoré de moitié par enfant à charge, ce qui permet d'atténuer la prise en considération des ressources du conjoint et de tenir compte, le cas échéant, de la configuration familiale. Ainsi, l'AAH étant un revenu minimum, elle n'est due en totalité que lorsque le total des ressources déterminées dans les conditions susmentionnées, augmenté du montant annuel de l'AAH au 1er juillet de l'année de référence, est inférieur ou égal au plafond applicable. Dans le cas contraire, l'AAH est réduite à due concurrence. Enfin, il convient de préciser que l'exercice d'une activité professionnelle ne se traduit pas par une révision immédiate du montant de l'AAH, ce qui permet, temporairement, un cumul de la prestation, le cas échéant à taux plein, avec des revenus d'activité professionnelle. Le droit à cette prestation est, en effet, examiné pour chaque période d'un an commençant au 1er juillet de chaque année sur la base des ressources imposables au cours de l'année civile précédant le début de l'exercice de paiement. C'est donc au 1er juillet suivant que les revenus tirés de l'activité professionnelle en année N-1 entrent dans la base ressources de l'AAH. Toutefois, le Gouvernement a décidé de procéder à la révision de la loi du 30 juin 1975 d'orientation en faveur des personnes handicapées et, dans ce cadre, souhaite proposer des mesures visant à rendre plus incitative l'insertion professionnelle des personnes handicapées lorsque celle-ci s'avère possible, en aménageant les règles de cumul des revenus d'une activité professionnelle, y compris à temps partiel, avec les allocations. La question de la prise en compte, dans le calcul des ressources, du montant des indemnités d'élu, sera examinée lors de l'élaboration des décrets d'application de la loi.

Données clés

Auteur : Mme Martine Billard

Type de question : Question écrite

Rubrique : Handicapés

Ministère interrogé : personnes handicapées

Ministère répondant : personnes handicapées

Dates :
Question publiée le 31 mars 2003
Réponse publiée le 22 décembre 2003

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