Question écrite n° 15787 :
mer et littoral

12e Législature

Question de : M. Jacques Le Guen
Finistère (5e circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire

M. Jacques Le Guen attire l'attention de Mme la ministre de l'écologie et du développement durable sur la question de l'indemnisation des victimes de marées noires. Les accidents de l'Erika et du Prestige ont mis en évidence les faiblesses du régime actuel d'indemnisation, organisé par le Fonds international d'indemnisation des dommages dus à la pollution par hydrocarbures (FIPOL). Ce fonds, dont le plafond devrait être relevé en 2003 de 184 millions d'euros à 275 millions d'euros, ne permet pas l'indemnisation intégrale des victimes de marées noires. Il serait donc souhaitable que ce plafond soit porté à 1 milliard d'euros, d'après les estimations du coût moyen des deux dernières catastrophes. Par ailleurs, l'indemnisation ne porte à l'heure actuelle que sur les dommages économiques et pas sur les dommages environnementaux. Or, il est difficilement acceptable que l'absence d'indemnisation pour réparer les impacts de ces accidents sur l'environnement conduise à des reports de charges sur les pouvoirs publics qui doivent financer les activités de nettoyage et de restauration des côtes. Là aussi, il serait souhaitable d'étendre le champ de couverture du FIPOL pour que les dommages écologiques puissent être pris en compte. Par conséquent, il lui demande de bien vouloir lui faire part de son sentiment sur ces deux points. Il voudrait également qu'elle lui précise les dispositions que le Gouvernement envisage de prendre pour accélérer la procédure d'indemnisation.

Réponse publiée le 18 août 2003

La ministre de l'écologie et du développement durable a pris connaissance, avec intérêt, de la question relative au fonctionnement du Fonds international d'indemnisation pour les dommages dus à la pollution par les hydrocarbures (FIPOL). Le FIPOL est une organisation intergouvernementale à vocation mondiale, qui a pour objet de verser une indemnisation pour les dommages par pollution résultant de déversements d'hydrocarbures persistants. Les indemnités payables par le FIPOL sont actuellement limitées à un montant de 135 millions de droits de tirages spéciaux (DTS), soit à environ 171,5 millions d'euros. Par ailleurs, ces indemnités doivent être à un taux équivalent pour chacune des victimes. Or, les prévisions d'évaluation du préjudice subi par les victimes de la pollution du Prestige ajoutées aux dépenses effectuées par l'Etat pour lutter contre cette pollution dépassent, à ce stade, le plafond du FIPOL. En effet, l'Espagne annonce un préjudice estimé entre 300 millions et 1 milliard d'euros. Quant à la France, il sera nécessaire d'attendre la fin de la saison touristique pour procéder à une évaluation précise mais, d'ores et déjà, plus de 50 millions d'euros ont été délégués sur le fonds POLMAR pour financer les opérations de lutte en mer et à terre menées par les services de l'Etat, les collectivités et les associations. Au regard de cette situation, le comité exécutif du FIPOL a donc décidé en mai 2003 de fixer un taux d'indemnisation provisoire des victimes à 15 %, ce qui est inacceptable. Pour le Gouvernement, seul un taux d'indemnisation des victimes à 100 % est convenable. Par ailleurs, consciente des dysfonctionnements du système, la France a déposé le 15 février 2000 un mémorandum devant le FIPOL visant, outre à davantage responsabiliser l'ensemble des acteurs du transport maritime, à mieux indemniser les victimes des catastrophes en portant le plafond du FIPOL à 1 milliard d'euros et à assurer une meilleure prise en compte des dommages à l'environnement. Grâce aux importants efforts diplomatiques déployés par la France, une conférence a pu se tenir en mai 2003 afin de modifier la convention actuelle et a ainsi permis d'obtenir un accord sur une augmentation du plafond d'indemnisation à 1 milliard d'euros. La France s'est engagée à ratifier très rapidement cette convention afin de lui permettre d'entrer en vigueur dans les meilleurs délais.

Données clés

Auteur : M. Jacques Le Guen

Type de question : Question écrite

Rubrique : Déchets, pollution et nuisances

Ministère interrogé : écologie

Ministère répondant : écologie

Dates :
Question publiée le 7 avril 2003
Réponse publiée le 18 août 2003

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