cloître de l'Escaladieu
Question de :
Mme Chantal Robin-Rodrigo
Hautes-Pyrénées (2e circonscription) - Socialiste
Mme Chantal Robin-Rodrigo appelle de façon toute particulière l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur la situation de l'abbaye de l'Escaladieu (commune de Bonnemazon [Hautes-Pyrénées]). Fondée en 1142, l'abbaye est aujourd'hui l'une des grandes références de l'architecture cistercienne du sud de la France. Vendue comme bien national en 1793, elle a appartenu à la même famille jusqu'en 1986. A cette date elle a été rachetée par une association. Enfin, en 1997, elle est devenue la propriété du conseil général des Hautes-Pyrénées qui a dès lors engagé un programme de restauration à long terme. De prime abord, le lien entre ce monument historique avec son ministère ne semble pas évident. Pourtant, ce vénérable sanctuaire a été le cadre d'un « pillage historique » orchestré en son temps par un collectionneur d'art médiéval originaire d'outre-Atlantique. En effet, le cloître, joyau de l'art roman cistercien pyrénéen, fut démonté dans la plus pure illégalité vers la moitié du xixe siècle, et transporté aux Etats-Unis dans des conditions tout aussi frauduleuses. Depuis, le cloître de l'Escaladieu a été remonté dans l'un des nombreux parcs publics qui borde le fleuve Potomac, à Washington. Or compte tenu, à la fois, des conditions dans lesquelles s'est effectué ce véritable pillage en règle d'un trésor artistique inestimable pour notre pays, et la volonté affichée par le conseil général des Hautes-Pyrénées de redonner toute la mémoire et sa splendeur passée à ce lieu, il est nécessaire, voire impératif, que le cloître de l'Escaladieu soit restitué à la France dans le but d'être remonté à l'endroit exact qu'il n'aurait jamais dû quitter. Elle lui demande donc de lui indiquer si le Gouvernement entend déposer dans les plus brefs délais et de manière officielle auprès des autorités américaines une ferme demande de restitution rapide et sans conditions de ce bien architectural et culturel à notre pays.
Réponse publiée le 1er décembre 2003
La mappe cadastrale de 1830 de la commune de Bonnemazon montre que, dès cette date, les masses architecturales correspondent aux masses actuelles ; selon l'érudit Bascle de Lagrèze, qui écrit en 1850, la démolition de l'aile ouest aurait eu lieu vers 1800, soit plus d'un siècle avant les achats de Georges G. Barnard, qui est sans doute le collectionneur évoqué. Ses achats sont bien connus, mais en l'absence d'évidence documentaire, il serait impossible d'identifier des éléments du cloître de l'Escaladieu, si l'on en retrouvait. Au surplus, cette abbaye appartient au groupe des abbayes cisterciennes dont le décor, à cette époque, n'est pas très caractéristique. Au demeurant, des recherches ont été faites par le service culturel de l'ambassade de France à Washington dans les parcs de cette ville ; elles n'ont pas permis d'y identifier de cloîtres médiévaux. Pour ces raisons, le Gouvernement ne voit pas, en l'absence de précisions sur le lieu actuel de conservation des ruines du cloître de l'Escaladieu et sur leur identification, sur quel fondement il pourrait déposer une revendication officielle auprès du gouvernement américain.
Auteur : Mme Chantal Robin-Rodrigo
Type de question : Question écrite
Rubrique : Patrimoine culturel
Ministère interrogé : affaires étrangères
Ministère répondant : affaires étrangères
Dates :
Question publiée le 5 mai 2003
Réponse publiée le 1er décembre 2003