infirmiers libéraux
Question de :
M. Alfred Trassy-Paillogues
Seine-Maritime (10e circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire
M. Alfred Trassy-Paillogues attire l'attention de M. le ministre de la santé, de la famille et des personnes handicapées sur les conditions d'exercice de la profession d'infirmière en secteur libéral. Alors qu'il n'y a eu aucune revalorisation conséquente ces dernières années de leurs actes de soins, les infirmières doivent assumer des charges qui ne cessent d'augmenter. Pour autant et à revenu équivalent, elles ne benéficient pas du tout des mêmes conditions de cotisations URSSAF que les médecins généralistes conventionnés, ni des mêmes aides à la télétransmission des feuilles de soirs. En ce qui concerne la retraite, les infirmières libérales ne peuvent faire valoir leurs droits qu'à partir de l'âge de soixante-cinq ans car même si elles dénombrent suffisamment d'annuités elles doivent néanmoins supporter un abattement de 25 % sur leur retraite si elles cessent leur activité à soixante ans. En outre, aucun mécanisme ne prévoit l'abaissement de l'âge de départ en retraite en fonction du nombre d'enfants. Enfin, la pénurie de professionnelles, particulièrement en zone rurale, fait que les infirmières rencontrent de réelles difficultés pour trouver des remplaçants pendant leurs congés de maladie, de maternité et leurs vacances. Pour toutes ces raisons, il existe aujourd'hui une réelle désaffection pour ce métier qui n'est plus aussi attractif que par le passé, même si les dispositions récemment prises par le Gouvernement (limitation des quotas aux seuls soins d'hygiène et relèvement du numerus clausus) constituent déjà un premier pas vers plus de reconnaissance. Parallèlement, de nombreuses propositions sont avancées par la profession avec notamment la possibilité de se faire remplacer par des étudiants en médecine. Il lui demande par conséquent quelles sont les prochaines mesures qu'il entend prendre dans chacun de ces domaines, afin de redonner confiance à ces professionnelles qui constituent non seulement l'un des maillons essentiels de notre système de santé, mais qui seront également à l'avenir de plus en plus sollicitées pour le maintien à domicile des personnes âgées. - Question transmise à M. le ministre des affaires sociales, du travail et de la solidarité.
Réponse publiée le 10 novembre 2003
La loi n° 2003-775 du 21 août 2003 portant réforme des retraites a profondément modifié le régime de base des professions libérales, et donc des infirmiers et infirmières libéraux. Grâce à la réforme, le droit à la retraite à soixante ans est désormais reconnu pour ces professions, puisqu'une durée d'assurance tous régimes, y compris les éventuelles majorations de durée d'assurance acquises dans la fonction publique ou dans le régime général, est prise en compte pour l'obtention du taux plein. Parmi les professions rassemblées au sein de la Caisse nationale d'assurance vieillesse des professions libérales (CNAVPL), les infirmiers libéraux - le plus souvent « polypensionnés » - soutenaient cette évolution depuis de longues années. De plus, les infirmiers et plus généralement les auxiliaires médicaux sont les principaux bénéficiaires du plafond dérogatoire de cotisations mis en oeuvre par la réforme, lequel a été spécifiquement défini pour s'adapter à leur structure de revenus. A l'avenir, les droits qu'ils acquerront pour un même revenu seront supérieurs à ceux qu'ils se constituaient précédemment. La réversion est mise sous conditions de ressources par la réforme. Son bénéfice sera réservé aux seuls conjoints de professionnels libéraux qui sont dans le besoin, conformément à la vocation solidaire d'un régime de base. Dès lors, cette réforme rend sans objet la compensation interne à la CNAVPL. Même si la profession d'infirmier demeure plus féminisée que la moyenne des professions rassemblées au sein de la CNAVPL, la mesure de justice contenue dans le projet du Gouvernement doit satisfaire une grande partie des griefs traditionnellement exposés en cette matière. Au total, cette réforme est particulièrement favorable aux infirmiers libéraux et, plus généralement, aux bas revenus de la CNAVPL. Le Gouvernement a prêté une attention particulière à ce qu'aucune profession ne soit lésée dans cette réforme, qui instaure davantage de justice sociale et de solidarité dans le régime de base des professions libérales. Les inquiétudes exprimées sur l'augmentation de la cotisation des auxiliaires libéraux, cotisants de la CARPIMKO (caisse autonome de retraite et de prévoyance des infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, pédicures-podologues, orthophonistes et orthoptistes) nécessitent d'être levées. Cette cotisation augmentera d'environ 10 % et non de 40 %. Il convient en effet de rappeler trois éléments. Premièrement, la CARPIMKO bénéficiait d'une dérogation spécifique en termes de montant de compensation nationale à acquitter, en vertu de l'article 44 des statuts de la CNAVPL. L'ensemble des sections professionnelles autres que la CARPIMKO ont demandé la suppression de cet article, qui leur paraissait désormais inadapté et injuste. Cette suppression, qui entraîne une hausse de 7 % environ des cotisations des affiliés de la CARPIMKO, n'est absolument pas liée à la loi portant réforme des retraites. Deuxièmement, contre l'avis du conseil d'administration de la CNAVPL, le conseil d'administration de la CARPIMKO a décidé de baisser ses cotisations au régime de base de 8 % en 2003 par rapport à 2002. Il est donc normal de constater un retour à la normale des cotisations sur 2004. Cet élément n'est pas non plus lié à la loi, mais aux décisions du conseil d'administration de la caisse concernée. Troisièmement, la réforme, sur la demande expresse de la CARPIMKO, comporte une augmentation des droits futurs acquis dans le régime de base des professions libérales de près de 15 %. Il est normal que cette amélioration du régime de base des professions libérales soit financée à due concurrence. Cette augmentation, d'environ deux cents euros par an, est minime au regard des améliorations apportées à la retraite des auxiliaires médicaux. Elle est à rapporter, une nouvelle fois, au faible montant des cotisations à ce régime de base (9,6 %, contre 16,35 % dans les régimes alignés). Elle sera enfin lissée dans le temps, compte tenu de l'utilisation des réserves. Enfin, s'agissant des majorations de durée d'assurance pour enfant, s'il s'agit effectivement d'un souhait exprimé de longue date par les infirmiers libéraux, le conseil d'administration de la CNAVPL s'est prononcé une nouvelle fois de manière négative, fin juin 2003. Ces majorations représenteraient en effet un coût supplémentaire pour le régime des professions libérales. Cependant, des points supplémentaires de retraite seront accordés aux femmes grâce à la surprime du trimestre d'accouchement (100 points gratuits), celui-ci ne donnant lieu jusqu'à présent qu'à une exonération d'un quart de la cotisation.
Auteur : M. Alfred Trassy-Paillogues
Type de question : Question écrite
Rubrique : Professions de santé
Ministère interrogé : santé
Ministère répondant : affaires sociales, travail et solidarité
Dates :
Question publiée le 5 mai 2003
Réponse publiée le 10 novembre 2003