Question écrite n° 20232 :
politique à l'égard des handicapés

12e Législature

Question de : Mme Ségolène Royal
Deux-Sèvres (2e circonscription) - Socialiste

Mme Ségolène Royal attire l'attention de M. le ministre de la santé, de la famille et des personnes handicapées sur le problème de la prise en charge des polyhandicapés. Le polyhandicap est la forme de handicap la plus pénalisante : il affecte la motricité, la sensivité (perte d'un ou plusieurs sens) et l'intellect. Notre législation actuelle ne prend en compte le polyhandicap qu'en ce qui concerne les enfants qui, lorsqu'ils atteignent leurs vingt ans, perdent leur statut de polyhandicapé pour devenir simple handicapé. Ceci est d'autant plus aberrant que les syndromes qui affectent ces enfants ont très souvent un caractère dégénérescent. Le polyhandicap se caractérisant par l'absence d'une communication perceptible et interprétable par tous, fait du polyhandicapé un être unique, un être différent par nature, qui interdit une prise en charge semblable ou voisine à celle des handicapés. Cette différentiation fondamentale conduit l'ensemble des associations concernées à souhaiter une définition de statut propre à la personne polyhandicapée et relatif aux différents âges de sa vie. Les polyhandicapés doivent être reconnus comme une catégorie spécifique porteuse de besoins également spécifiques. Elle souhaite donc savoir si dans le cadre de la révision de la loi de 1975, la situation des polyhandicapés a été prise en compte, comme cela était prévu dans les travaux préparatoires qu'elle a mené lorsqu'elle était au gouvernement et quelles mesures seraient éventuellement proposées à l'adoption du Parlement.

Réponse publiée le 25 août 2003

Les associations de parents d'enfants adolescents et adultes polyhandicapés ou porteurs de handicaps rares ont attiré l'attention sur le besoin de structures adaptées en nombre suffisant pour les enfants et pour les adultes et corrélativement la formation des personnels qui en assurent l'accompagnement. C'est une attention que le Gouvernement partage. C'est pourquoi, afin d'accélérer les réponses à apporter, le doublement de la tranche 2003 du plan de création de places pour adultes lourdement handicapés (1999-2003) a été adopté permettant en 2003 le financement de 2 200 places de MAS, soit un montant de 70,12 millions d'euros de crédits d'assurance maladie. L'enveloppe de crédits concernant les enfants, les adolescents et les adultes handicapés (Service d'éducation et de soins spécialisés à domicile, enfants polyhandicapés, autistes et traumatisés crâniens) prévue dans le cadre du plan triennal est, quant à elle, portée en 2003, à 48,70 millions d'euros. Les crédits spécialement destinés aux enfants et adolescents polyhandicapés, d'un montant de 18,30 millions d'euros sur les trois ans, permettront la création de 408 places nouvelles. De plus un programme exceptionnel de 20 millions d'euros de crédits ONDAM a été consacré, en 2002, à la création de places nouvelles pour les personnes handicapées. A ce titre, une enveloppe de 7,65 millions d'euros a permis de financer 226 autres places nouvelles destinées aux personnes polyhandicapées. Cet effort notable reste néanmoins insuffisant par rapport aux attentes justifiées des familles. Il doit donc être soutenu dans les années qui viennent. Les associations représentant les personnes polyhandicapées souhaitent également une attribution quasi systématique du sixième complément d'allocation d'éducation spéciale pour les enfants polyhandicapés. La réforme qui est intervenue depuis avril 2002 tâche de répondre de façon plus souple et plus précise aux répercussions du handicap sur la vie familiale (cessation d'activité partielle ou totale d'un des deux parents, embauche d'une tierce personne ou frais occasionnés par le handicap). Elle n'établit pas un lien direct entre tel ou tel type de handicap et le montant de l'allocation puisqu'elle prend en compte les dépenses engagées par les familles, les réponses apportées, et notamment la fréquentation d'un établissement spécialisé. L'objectif est bien de rechercher une forme de socialisation et d'éducation de l'enfant polyhandicapé et, chaque fois que possible, de ne pas aller dans le sens d'un repli de la famille faute de réponse adaptée. C'est pourquoi le Gouvernement souhaite, en même temps qu'il envisage de favoriser dans la prochaine loi l'intégration sociale, scolaire, professionnelle la plus complète possible, développer des réponses plus institutionnelles pour les personnes polyhandicapées. Il ne souhaite pas enfermer les personnes polyhandicapées dans un statut particulier mais au contraire faire en sorte que leur totale humanité soit reconnue, et affirmée.

Données clés

Auteur : Mme Ségolène Royal

Type de question : Question écrite

Rubrique : Handicapés

Ministère interrogé : santé

Ministère répondant : santé

Dates :
Question publiée le 16 juin 2003
Réponse publiée le 25 août 2003

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