Question écrite n° 20255 :
école nationale de santé publique

12e Législature

Question de : M. Philippe Tourtelier
Ille-et-Vilaine (2e circonscription) - Socialiste

M. Philippe Tourtelier appelle l'attention de M. le ministre de la santé, de la famille et des personnes handicapées sur l'avenir de l'Ecole nationale de la santé publique (ENSP) à Rennes et le projet de réseau de formation en santé publique contenu dans son projet de loi. Prenant acte que le Gouvernement n'envisage pas de supprimer l'ENSP, ni dans sa localisation, ni dans sa vocation pédagogique que, au contraire, il veut la renforcer en la dotant des capacités diplômantes lui faisant encore défaut, il lui demande de lever les incertitudes qui l'entourent encore. Il souhaite en particulier savoir si la loi relative à la politique de santé publique qui contient la création d'une Ecole des hautes études en santé publique (EHESP) sous forme d'un établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel sera bien constituée à partir de l'ENSP et aura son siège à Rennes. Constatant que le texte déposé à l'Assemblée envisage (contrairement à l'avant-projet) que « les missions et règles d'organisation et de fonctionnement » de la future EHESP seront fixées par décret, il s'inquiète de cette procédure. Cette disposition, qui élude les conditions de la « transformation » de l'école de Rennes en EHESP, n'écarte pas les questions sur le transfert des missions de l'Institut universitaire francilien de formation et de recherche en santé publique (créé en 1993, mais sans existence réelle) et son incidence sur l'ENSP. Il lui demande si l'intention de créer un pôle parisien fort (exposée dans l'avant-projet) ne risque pas de localiser à Paris des activités considérées comme nobles, par exemple de dimension européenne, tandis que Rennes, avec un statut « régional », ne conserverait que les seules formations administratives ou secondaires. Craignant un transfert de ressources de l'école de Rennes au profit de l'implantation parisienne, il souhaite connaître précisément les missions du futur établissement ainsi que les moyens qui lui seront alloués, sans attendre le projet de décret en Conseil d'Etat. Notant que la formation des administrateurs et des gestionnaires d'établissements, ainsi que des inspecteurs et des spécialistes en santé environnementale, ne serait pas menacée, il espère un renforcement du caractère pluridisciplinaire de l'ENSP dans la mise en oeuvre des politiques publiques de santé et d'action sociale. Il lui demande dans quelle mesure la double compétence en santé publique et management de l'école de Rennes peut contribuer à un développement à l'international, capable de répondre aux sollicitations dont elle est déjà l'objet. Redoutant que le ministère de la santé et celui des affaires sociales ne perdent une bonne part de leur autorité - ainsi que les financements qui en découlent - sur l'école de Rennes, il souhaite avoir plus de précisions sur les conséquences d'une tutelle conjointe des ministres chargés de l'enseignement supérieur, de la recherche et de la santé, telle qu'elle est envisagée par le Gouvernement. En conséquence, avant que ces nouvelles orientations de la politique de santé publique ne soient débattues avec la représentation nationale, il sollicite plus de concertation et de transparence avec les intéressés (les formateurs de la santé, l'école de Rennes...) et surtout une réponse aux inquiétudes et interrogations actuelles.

Réponse publiée le 6 octobre 2003

Le renforcement de la formation et de la recherche en santé publique s'avère nécessaire pour permettre de faire face aux défis multiples liés à l'accroissement de l'espérance de vie, aux évolutions démographiques et technologiques, à la demande de sécurité sanitaire, aux contraintes de financement du système de soins. Au moment où la régionalisation du système de santé est à l'ordre du jour, le pays a un besoin croissant de cadres intermédiaires et supérieurs en santé publique, auquel le dispositif actuel de formation et de recherche ne peut faire face. La création d'une école des hautes études en santé publique (EHESP) par transfert des missions de l'actuelle École nationale de santé publique (ENSP) et de l'institut universitaire francilien de formation et de recherche en santé publique (dans une optique de mise en cohérence des textes pour ce dernier) permettra de mieux prendre en compte ces besoins. La modification du statut de l'École nationale de santé publique est une action sur laquelle l'école et sa tutelle travaillent depuis plusieurs mois dans le cadre de son contrat d'objectifs et de moyens. Le statut d'établissement à caractère scientifique, culturel et professionnel permettra aux personnes formées actuellement par l'ENSP et notamment aux fonctionnaires de faire sanctionner leur formation par un diplôme universitaire reconnu au plan européen et donnera à l'ENSP la possibilité supplémentaire de délivrer des diplômes bac+3, mais aussi bac+8. II offrira également une souplesse et des possibilités de relations entre institutions que l'ENSP ne pouvait avoir dans le cadre actuel d'établissement public administratif. Il faut distinguer les sites régionaux de l'EHESP, du site siège de l'établissement lui-même, dont la localisation n'est pas à ce jour déterminée. Dans ce contexte, cet établissement s'appuiera sur des structures existantes, au premier rang desquelles le site de Rennes. A ce stade, il est prévu une tutelle conjointe des ministères chargés des affaires sociales, de l'enseignement supérieur, de la recherche et de la santé. Des discussions ont débuté avec les syndicats, les personnels de l'ENSP, le collège universitaire des enseignants en santé publique (CUESP) et l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM). Cette concertation sera poursuivie dans les prochains mois avec tous les partenaires concernés par la création de l'EHESP et son organisation. Une mission de l'inspection générale des affaires sociales et de l'inspection générale de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche vient d'être chargée de définir les éléments nécessaires à la rédaction du décret constitutif de cet établissement.

Données clés

Auteur : M. Philippe Tourtelier

Type de question : Question écrite

Rubrique : Grandes écoles

Ministère interrogé : santé

Ministère répondant : santé

Dates :
Question publiée le 16 juin 2003
Réponse publiée le 6 octobre 2003

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