toxicomanie
Question de :
M. Guy Geoffroy
Seine-et-Marne (9e circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire
M. Guy Geoffroy attire l'attention de M. le ministre de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche sur le sens que l'on peut donner au constat fait de l'usage du cannabis par plus d'un tiers des jeunes de notre pays. Un article récent du magazine Max intitulé « Le côté obscur des jeunes » montre que 73 % des sondés (18-30 ans) ont déjà consommé du cannabis. Un expert de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies qui analyse ses résultats souligne, par ailleurs, que « l'expérimentation » est en hausse depuis dix ans. En définitive, selon l'observatoire précité, plus d'un tiers des 14-18 ans consomme régulièrement du cannabis. Si les adolescents qui se livrent à cette pratique le font plus volontiers à l'extérieur des établissements scolaires, pour des raisons stratégiques de commodité et de tranquillité, il n'empêche que les comportements qui en résultent pénètrent massivement au sein des établissements. Ainsi c'est une bonne partie de l'effectif d'une classe qui assiste dans un état second aux cours qui sont délivrés. Le ministre de l'enseignement scolaire a maintes fois affirmé que la tendance à la banalisation du cannabis devait être enrayée et rappelé que tout élève surpris à faire commerce de produits illicites fera l'objet d'une procédure disciplinaire immédiate en vue de son exclusion, accompagnée d'un signalement aux autorités judiciaires. Il voudrait attirer l'attention sur le constat simple et accablant qu'une partie de la jeunesse assiste aux cours sans être en état de recevoir l'enseignement délivré. Sans occulter ce qui peut être fait au niveau préventif (approche médicale pour les consommateurs) et judicaire (sanctions adoptées), il souhaite poser la question du sens de cet abandon d'une partie de la jeunesse, de cette perdition intellectuelle, pour ne pas parler de gâchis. Les mesures préconisées par le MILDT ces dernières années et relayées par le ministère de l'éducation de la précédente législature étaient avant tout fondées sur la diffusion de l'information sur les risques des drogues. Cette approche, si elle a ses qualités, peut, en revanche, apparaître comme le début d'un renoncement : en s'appuyant sur un constat, on essaye d'informer les jeunes sur ce qu'ils font afin qu'ils s'autogèrent, voire qu'ils contrôlent leur dépendance au produit, ce qui est pour le moins contradictoire. Ainsi, s'il faut partir du constat, c'est, face à cette grave préoccupation, pour s'interroger sur ses raisons, à savoir ce qui pousse plus du tiers de la jeunesse à se droguer. Entre convenances personnelles (« frime » ou état d'esprit), raisons sociales (expression d'une inégalité) ou psychiques (résoudre un problème), le compte peut y être mais on ne peut se satisfaire de cette simple addition froide. Une sorte de communauté d'usagers de cannabis se forme avec ses coutumes, ses pratiques, avec en toile de fond une culture de la marginalité, pas forcément signe d'une paupérisation, qui se traduit par un désintérêt total de la vie de la cité. On peut aussi se demander dans quelle mesure la dégradation du concept et de la pratique de l'enseignement, entendu comme étant la formation de citoyens liés entre eux par le ciment de la nation, n'exerce pas une interaction avec ce laisser-aller d'une partie de la jeunesse de notre pays. Ainsi, il lui demande s'il a l'intention d'engager une réflexion de fond sur la signification du recours à la drogue chez les jeunes.
Réponse publiée le 24 novembre 2003
Le gouvernement a adopté en juin 1999 un plan triennal de lutte contre la drogue et la prévention des dépendances qui prend en compte l'ensemble des produits psychoactifs, qu'ils soient licites ou illicites. Dans une communication en conseil des ministres du 26 février 2003 portant sur la santé des jeunes en milieu scolaire, Xavier Darcos, ministre délégué à l'enseignement scolaire, a précisé que « les trafics ne doivent pas s'établir dans les établissements ; tout élève surpris à faire du commerce de produits illicites fera l'objet d'une procédure disciplinaire immédiate en vue de son exclusion, accompagnée d'un signalement aux autorités judiciaires ». Partant du constat préoccupant qui montre que la consommation de tabac est un des principaux facteurs prédictifs de la consommation du cannabis en France, il a aussi précisé que le ministère de l'éducation nationale avait l'intention de continuer et de renforcer les actions d'éducation à la santé et de prévention des conduites à risque. Une priorité particulière est notamment donnée à la lutte contre le tabagisme et à la prévention des conduites addictives. Dans ce dernier domaine, la prévention des comportements à risque et la lutte contre la consommation de produits illicites ou dangereux doit être intégrée dès l'école primaire et tout au long de la scolarité. A ce titre, le cannabis, première drogue illicite consommée (un jeune sur sept en consomme régulièrement) « doit impérativement faire l'objet d'une information spécifique forte, compte tenu de la banalisation dont il bénéficie chez les jeunes ». Pour cela, les actions de prévention seront intensifiées en liaison avec la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT) dans le cadre de son nouveau plan quinquennal et le partenariat avec la MILDT pour la généralisation des comités d'éducation à la santé et à la citoyenneté (CESC) sera renouvelé et renforcé. Enfin, seront organisées en 2003-2004 des journées interacadémiques à destination du réseau des coordonnateurs académiques et des chefs de projet départementaux « drogues et dépendances » qui auront pour objectif de déboucher en 2004 sur l'organisation d'« assises de la prévention ».
Auteur : M. Guy Geoffroy
Type de question : Question écrite
Rubrique : Drogue
Ministère interrogé : jeunesse et éducation nationale
Ministère répondant : jeunesse et éducation nationale
Dates :
Question publiée le 4 août 2003
Réponse publiée le 24 novembre 2003