moineaux
Question de :
M. Jean Tiberi
Paris (2e circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire
M. Jean Tiberi rappelle à Mme la ministre de l'écologie et du développement durable la diminution préoccupante des moineaux dans la capitale soulignée par des analyses du CORI, le centre d'ornithologie de la région parisienne. Il lui demande si le Gouvernement dispose d'autres statistiques que celles de 1966 établissant à 500 000 la présence de ces moineaux dans la capitale. Une autre étude, le suivi temporel d'oiseaux communs (programme STOC), réalisé très périodiquement par les ornithologues du Muséum d'histoire naturelle a révélé que leur nombre est en baisse de 16 % sur l'ensemble de la France, entre 1989 et 2001. Il souhaite connaître le sentiment du Gouvernement devant cette grave détérioration de notre écosystème.
Réponse publiée le 30 mars 2004
La ministre de l'écologie et du développement durable a pris connaissance, avec intérêt, de la question relative à la diminution du nombre des moineaux sur l'ensemble de la France. Pour des raisons encore inconnues, les populations de moineau domestique, l'espèce la plus inféodée à l'homme, déclinent dans toute l'Europe occidentale, aussi bien dans les grandes villes que dans les campagnes. Cet oiseau est inscrit sur la liste rouge des espèces d'oiseaux menacées de Grande-Bretagne car trente ans d'études et de suivi concordent pour indiquer une disparition d'au moins 50 % des moineaux britanniques, soit dix millions d'individus. Ce constat alarmant est confirmé par des suivis d'oiseaux communs en Allemagne, aux Pays-Bas et en Belgique. En France, le moineau domestique encore abondant et largement répandu, mais dont la population reste inconnue à Paris, présente néanmoins des signes avant-coureurs de ce déclin annoncé : le programme de suivi temporel des oiseaux communs (STOC), conduit au niveau national, confirme la tendance évoquée plus haut. Ailleurs dans le monde, le moineau reste pourtant une espèce bien portante et même en pleine expansion, dans les pays tropicaux notamment. Ce déclin laisse penser que c'est l'environnement immédiat du moineau, donc le nôtre, qui est affecté. Malgré son abondance et la grande variété des milieux que fréquente le moineau domestique, nous ne disposons que de vagues hypothèses sur les mécanismes du déclin de cette espèce. Un des aspects particulièrement troublants vient du fait que ce déclin concerne à la fois les populations rurales et les populations urbaines. Un autre aspect inquiétant est que ce déclin suit la quasi-disparition (de 80 % à 95 % entre 1970 et 2000) d'une autre espèce de moineau autrefois abondante, le moineau friquet. Ces déclins massifs, spécifiques aux moineaux et à l'Europe occidentale, font penser à des phénomènes de type épidémiologique, qu'ils soient liés à une pollution, à une parasitose ou à une maladie virale ou bactérienne. Le moineau domestique constitue l'indicateur par excellence du développement durable de la société pour ce qui concerne le maintien de la biodiversité commensale de l'Homme. Le centre de recherches sur la biologie des populations d'oiseaux du Muséum national d'histoire naturelle a proposé en septembre dernier au conseil régional d'Ile-de-France de participer à la mise en place d'un réseau de surveillance des populations de moineau domestique d'Ile-de-France dans le but d'établir les mécanismes du déclin de ces populations (baguage et suivi de dix populations d'étude). Les données ainsi collectées serviront de support aux analyses démographiques, génétiques et parasitologiques. L'Ile-de-France offre deux atouts remarquables pour contribuer à la compréhension des mécanismes de ce déclin : des populations de moineaux encore abondantes et une grande diversité d'habitats pour cette espèce. Le projet, qui repose sur la complémentarité de deux chercheurs travaillant respectivement sur le moineau domestique dans un cadre très fondamental et sur la dynamique des populations d'oiseaux dans un cadre de conservation, devrait permettre de dégager les pistes d'analyse du phénomène de déclin constaté sur cette espèce.
Auteur : M. Jean Tiberi
Type de question : Question écrite
Rubrique : Animaux
Ministère interrogé : écologie
Ministère répondant : écologie
Dates :
Question publiée le 29 septembre 2003
Réponse publiée le 30 mars 2004