Question écrite n° 29613 :
médecine

12e Législature

Question de : Mme Chantal Robin-Rodrigo
Hautes-Pyrénées (2e circonscription) - Socialiste

La recherche française aurait pris du retard dans le vaste domaine des neurosciences ou sciences du cerveau. C'est l'Académie des sciences elle-même, dans un rapport dernièrement rendu public, qui le déplorerait. Ainsi, l'énorme retard de la France en la matière appellerait un véritable effort pas seulement financier et une véritable mutation à la mesure des enjeux, selon le professeur Henri Korn, qui a coordonné ce rapport de 329 pages assorti de recommandations. Les neurosciences mettent en oeuvre diverses compétences, associant les sciences du vivant, de l'ingénieur (physique, chimie, mathématiques, informatique) et les sciences humaines (linguistique, neuropsychologie expérimentale, etc.). Les neurosciences nécessitent une « politique à long terme » en particulier en investissements chers (appareils d'imagerie, etc.) et de revoir la formation actuelle inadaptée, selon l'académie. Source de progrès (stimulation cérébrale dans certains cas de maladie de Parkinson), elles offrent des espoirs à venir : prothèses de membres contrôlées par le cerveau (neurorobotique), des thérapies cellulaires ou géniques. Abordant de multiples domaines (neurogénétique, neuroinformatique, etc.), les neurosciences concernent nombre d'handicaps ou maladies (démences, sclérose en plaques, autisme, maladies psychiatriques, etc.). Les troubles de l'humeur (dont la maladie maniaco-dépressive) sont la première cause de handicap et de coût économique et la seconde cause de souffrance liée aux maladies, dépassant ainsi les maladies cardio-vasculaires, la démence, le cancer broncho-pulmonaire et le diabète, soulignerait le rapport. D'autres pathologies auraient besoin des progrès de la science comme les démences (dont 70 % environ d'Alzheimer) avec 560 000 cas et 140 000 nouveaux cas par an en France, et la perspective de voir doubler ce chiffre en 2020 en raison de l'allongement de la durée de vie. Les accidents vasculaires cérébraux (110 000 nouveaux par an en France) et la schizophrénie (1 % de la population) sont également concernés. La maladie épileptique, qui touche près d'un demi-million de personnes en France, reste une affection handicapante et souvent intraitable pour au moins 30 % des cas et ce malgré l'importance des récentes découvertes, ajouterait le rapport, véritable inventaire des insuffisances françaises dans le domaine pourtant très prometteur des neurosciences. Compte tenu de cette situation particulièrement alarmante, Mme Chantal Robin-Rodrigo demande à Mme la ministre déléguée à la recherche et aux nouvelles technologies de lui indiquer les mesures urgentes qu'elle entend prendre au sujet de ce dossier.

Réponse publiée le 1er juin 2004

Les neurosciences représentent actuellement, tant en moyens humains que financiers, 20 % des forces des établissements publics de recherche et d'enseignement supérieur dans le domaine des sciences du vivant. Il s'agit d'un domaine en pleine évolution depuis vingt ans, du fait des technologies nouvelles introduites dans la compréhension du fonctionnement du cerveau et de l'allongement de la vie qui a permis de confirmer la fragilité de cet organe. Le ministère chargé de la recherche est conscient des enjeux liés à l'étude du cerveau et de son fonctionnement en situation normale et pathologique, comme l'atteste la mise en place d'une action concertée incitative (ACI) sur les neurosciences intégratives et computationnelles en 2001-2004. Un groupe de réflexion a été mis en place dans la perspective de lancer une action plus ambitieuse dès 2005 afin de promouvoir un renforcement des travaux dans ce domaine, et surtout de favoriser l'adaptation des recherches aux nouveaux impératifs thématiques. L'ampleur de cette action et ses modalités d'organisation seront conditionnées par les données budgétaires de l'année 2005 ainsi que par les propositions issues de la réflexion actuelle sur l'avenir de la recherche.

Données clés

Auteur : Mme Chantal Robin-Rodrigo

Type de question : Question écrite

Rubrique : Recherche

Ministère interrogé : recherche

Ministère répondant : recherche

Dates :
Question publiée le 8 décembre 2003
Réponse publiée le 1er juin 2004

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