Question écrite n° 29885 :
programmes

12e Législature

Question de : M. Pierre Lang
Moselle (6e circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire

M. Pierre Lang attire l'attention de M. le ministre de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche sur la lourdeur excessive des programmes scolaires, source d'échec pour de nombreux élèves. Face à l'hétérogénéité croissante des élèves, les enseignants constatent tous les jours la nécessité d'individualiser davantage leurs cours, afin que chaque enfant puisse s'épanouir intellectuellement, selon ses capacités et à son rythme. Or, cette adaptation de l'enseignement est rendue plus difficile par la lourdeur et l'extrême précision des programmes scolaires. La « course aux programmes » décourage les élèves en difficulté, et frustre parfois les plus doués, capables d'avancer rapidement. Ce problème ne manquera pas d'être soulevé dans le cadre du débat national sur l'avenir de l'école, qui doit aboutir à une nouvelle loi d'orientation en 2004. Naturellement, il n'est pas question de remettre en cause les compétences fondamentales, que chaque élève doit acquérir tout au long du primaire et du secondaire. Toutefois, il serait souhaitable d'introduire une certaine souplesse dans les programmes, en fixant un « tronc commun » accessible à tous, puis en permettant à chaque élève de l'approfondir selon ses possibilités. Cette nouvelle organisation des programmes ne constituerait pas une baisse de la qualité de l'enseignement, mais offrirait aux enseignants une plus grande latitude, pour s'adapter à la diversité des publics. Il aimerait connaître sa position sur cette question.

Réponse publiée le 23 mars 2004

La question de la lourdeur des programmes est souvent posée. Elle fait l'objet de débats sérieux et fréquents, tant au sein des directions concernées du ministère ou du Conseil national des programmes (CNP) que dans les échanges réguliers avec nos partenaires sociaux. Cette question est d'ailleurs explicitement abordée dans la brochure « Qu'apprend-on au collège ? », rédigée par le CNP en 2002 (CNDP/XO Editions). On peut d'abord noter que chaque fois que des allégements de programmes ont été opérés, cette mesure a rarement fait l'unanimité et a soulevé des réticences aussi bien chez les enseignants que de la part de certains syndicats. L'équilibre à trouver entre des programmes pour tous et des classes hétérogènes conduit actuellement les observateurs à une certaine prudence face à la tentation de faire porter sur le poids des programmes l'explication du découragement des élèves les moins réceptifs aux apprentissages scolaires, ou de l'anxiété des professeurs soucieux de terminer les programmes en tenant compte des décalages entre ceux qui suivent et les autres. Concevoir des programmes à deux vitesses (tronc commun pour tous, compléments pour certains) ferait courir des risques graves, notamment pour l'école primaire et le collège : celui d'une sélection prématurée, voire d'une ségrégation sociale et culturelle avant même que l'École ait donné à chaque enfant toutes ses chances de faire ses preuves, et le risque d'une baisse générale du niveau des acquisitions, alors que l'un des objectifs majeurs du système éducatif est de relever le défi d'une formation plus compétitive et solide des futurs diplômés. Cependant certains des objectifs ministériels forts montrent une volonté de ne pas sous-estimer le problème de l'adaptation des contenus d'enseignement à la réalité scolaire. Plusieurs démarches vont en effet dans ce sens : les experts chargés de l'élaboration des nouveaux programmes de l'École comme de la relecture récente des programmes de collège ont eu pour tâche de faire une distinction plus nette entre ce qui constitue les éléments fondamentaux concernant les acquisitions et compétences indispensables, destinés à assurer une instruction et une éducation d'égale qualité pour tous les élèves de la République, et ce qui relève de la mise en oeuvre par les enseignants, en insistant sur l'importance de proposer des parcours différenciés aux élèves pour leur permettre d'accéder à ces exigences communes, en fonction de la réalité et des besoins de chaque classe. Par ailleurs, des dispositifs ont été mis en place, selon les besoins répertoriés, à la fois pour apporter un soutien et un enseignement renforcé aux élèves les plus fragiles dès le CP (classes à effectifs réduits, classes renforcées) et pour diversifier les modes d'apprentissage et les parcours, que ce soit dans l'aide individualisée, les itinéraires de découverte, les classes d'accueil ou d'intégration et les classes relais. En outre, afin de répondre aux besoins d'élèves qui ne tirent plus bénéfice des modalités traditionnelles d'enseignement au collège ni des formes actuelles d'aide et de soutien, un dispositif spécifique et dérogatoire d'alternance peut être mis en place : il se caractérise par un aménagement substantiel des horaires et des programmes, sous le contrôle des corps d'inspection. Au-delà de ces mesures actuelles, la question de l'acquisition des savoirs et du contenu des programmes ne peut que rester ouverte. Elle est d'ailleurs inscrite parmi les grands thèmes à approfondir dans le grand débat sur l'avenir de l'École car les réponses apportées ne peuvent qu'évoluer en fonction des évaluations successives de la réalité scolaire.

Données clés

Auteur : M. Pierre Lang

Type de question : Question écrite

Rubrique : Enseignement

Ministère interrogé : jeunesse et éducation nationale

Ministère répondant : jeunesse et éducation nationale

Dates :
Question publiée le 8 décembre 2003
Réponse publiée le 23 mars 2004

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