Question écrite n° 30969 :
multipropriété

12e Législature

Question de : M. Georges Siffredi
Hauts-de-Seine (13e circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire

M. Georges Siffredi appelle l'attention de M. le garde des sceaux, ministre de la justice, sur les pratiques d'un grand nombre de sociétés d'achat et de revente de semaines en temps partagé, ou « timeshare ». Cette activité est régie par la loi n° 98-566 du 8 juillet 1998 destinée à protéger les consommateurs qui souhaitent acquérir un droit d'utilisation, à temps partagé, d'un bien immobilier. Cette législation a vocation à s'appliquer même si le bien est situé hors du territoire communautaire, dès lors que l'acheteur réside en France, ou qu'une partie au moins de la négociation ayant abouti à l'achat s'y déroule. Toutefois, les propriétaires qui décident de revendre leur bien immobilier se trouvent très souvent dans l'impossibilité de le faire du fait de la mauvaise volonté des sociétés. L'escroquerie à la revente de semaines en temps partagé se multiplie et des milliers de Français ont déjà été victimes des offres commerciales douteuses de ces réseaux de sociétés. De plus, les délais d'instruction, lorsque ces affaires sont instruites par la justice française, sont particulièrement longs et n'aboutissent que très rarement à l'indemnisation des victimes. C'est pourquoi il lui demande de bien vouloir lui indiquer les mesures que compte prendre le Gouvernement, en liaison avec la communauté européenne, afin de contrôler ces sociétés, connaître les origines de leur financement dans le but de systématiser l'instruction de ces affaires.

Réponse publiée le 19 octobre 2004

Le garde des sceaux, ministre de la justice, a l'honneur de rappeler à l'honorable parlementaire que la loi n° 98-566 du 8 juillet 1998, publiée au Journal officiel du 9 juillet 1998, a transposé dans le droit français la directive européenne 97/47/CE 1994 concernant la protection des acquéreurs pour certains aspects des contrats portant sur l'acquisition d'un droit d'utilisation à temps partiel de biens immobiliers. Ce texte a pour objectif de protéger le consommateur en réglementant le contrat passé entre un professionnel et un consommateur, défini de façon suffisamment large pour englober toutes les formes juridiques qui peuvent s'appliquer aux hébergements mis sur le marché sous le régime du temps partagé. Afin de lutter plus efficacement contre ces pratiques, la chancellerie a récemment entrepris une opération de recensement des plaintes déposées auprès des parquets français en la matière pour favoriser autant que faire se peut leur regroupement au niveau national. Ainsi, en juin 2004, plus de soixante sociétés, notamment de droit étranger, et des milliers de victimes ont été recensées. Une réunion avec les associations de défense des victimes de ces agissements va être prochainement organisée par les services de la chancellerie. En outre, des réunions ont eu lieu sous l'égide d'Eurojust afin de recenser les informations nécessaires susceptibles de conduire à une statégie de regroupement des procédures et des poursuites, cette concertation étant indispensable pour permettre une indemnisation des victimes concernées par cette escroquerie d'envergure. Cette intervention d'Eurojust a été facilitée par la loi n° 2004-204 du 9 mars 2004 portant adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité, qui confère à cet organe de l'Union européenne le droit de demander, d'une part, aux procureurs généraux certains actes d'action publiques, et, d'autre part, aux autorités judiciaires des informations issues des procédures judiciaires. Par ailleurs, cette même loi a permis l'entrée en vigueur sur le territoire national du mandat d'arrêt européen, qui facilite et accélère, entre États membres de l'union européenne, les procédures de remise de personnes recherchées pour l'exercice de poursuites pénales ainsi que les dispositions de la décision cadre du Conseil de l'Union européenne du 13 juin 2002 relative aux équipes communes d'enquête. Tenant compte de l'évolution des pratiques du marché, des développements technologiques et de la capacité d'innovation des professionnels qui ont rendu inopérantes, au moins pour partie, les règles protectrices en vigueur, le Gouvernement poursuivra par ailleurs son action afin d'améliorer la protection des acheteurs d'un droit d'utilisation à temps partiel d'un bien immobilier et de faire évoluer la réglementation européenne.

Données clés

Auteur : M. Georges Siffredi

Type de question : Question écrite

Rubrique : Propriété

Ministère interrogé : justice

Ministère répondant : justice

Dates :
Question publiée le 22 décembre 2003
Réponse publiée le 19 octobre 2004

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