Question écrite n° 32629 :
DOM : Guyane

12e Législature

Question de : Mme Martine Billard
Paris (1re circonscription) - Députés n'appartenant à aucun groupe

Mme Martine Billard attire l'attention de Mme la ministre de l'écologie et du développement durable sur les dangers provoqués sur l'environnement et la santé des personnes par le développement de l'orpaillage clandestin en Guyane, le long du fleuve Approuague, et son affluent Arataye. Cette région autour du fleuve et de son affluent où s'étaient développées des activités d'orpaillage depuis le xixe  siècle a été classée réserve naturelle (de Nouragues), puis internationalisée dans les années 1990, compte tenu de son renom en tant que source pour la connaissance de la forêt tropicale amazonienne. Cette réserve abrite l'un des écosystèmes les plus riches de la planète, avec des faunes aquatiques et terrestres, et des flores uniques, sujets de nombreuses recherches scientifiques du CNRS, de l'INRA et d'autres institutions internationales. Or, depuis 2001, nombre de témoins oculaires rapportent la présence d'orpailleurs clandestins dans et à proximité de la réserve naturelle, utilisant du mercure et décapant les berges du fleuve et de la rivière avec des pelleteuses et des bulldozers, en toute illégalité. La pollution au mercure constitue un grave risque sanitaire pour les populations guyanaises, ainsi que pour les personnes se livrant à l'écotourisme sur le camp de l'association Arataye gérant la réserve naturelle. Aussi elle lui demande d'expliquer quelles mesures sont prises pour lutter contre le développement de l'orpaillage clandestin en Guyane. - Question transmise à Mme la ministre déléguée à l'industrie.

Réponse publiée le 30 mars 2004

Le développement croissant de l'orpaillage clandestin actuellement observé en Guyane entraîne de graves perturbations non seulement sur la faune et la flore aquatiques et terrestres de la forêt tropicale amazonienne, mais aussi du point de vue de la sécurité et de la santé des populations. La gendarmerie estime à plus de 10 000 le nombre d'orpailleurs se livrant à des activités illégales. Cette tendance pourrait encore s'amplifier avec la flambée des prix du cours de l'or, qui a dépassé la barre des 400 US$ l'once au début de l'année. Face à l'ampleur de ce phénomène, de nombreuses opérations de gendarmerie - dites opérations Anaconda - ont été menées ces dernières années sur le terrain pour lutter contre l'orpaillage illégal ! L'efficacité de ces opérations a considérablement été accrue depuis septembre 2002 par la modification du code minier qui prévoit désormais, sur décision du procureur de la République, la possibilité de détruire sur place le matériel des contrevenants et par la mise en place du groupe d'intervention régional guyanais. L'intensification de ces opérations a permis le démantèlement de plusieurs chantiers clandestins, la saisie et la destruction de matériel, ainsi que l'expulsion de nombreux orpailleurs étrangers en situation irrégulière. Parallèlement, d'autres actions sont également prévues en vue d'assainir les filières amont et aval qui favorisent l'apparition de l'orpaillage clandestin et entretiennent son activité à travers les ravitaillements logistiques (carburant, matériels, pièces de rechange...), la fourniture de main-d'oeuvre, la mise à disposition de structures de vie et les capacités d'écoulement de la production aurifère illégale (comptoirs d'achat), afin de pouvoir remonter jusqu'à ses véritables commanditaires. Par ailleurs, les services du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie étudient plusieurs propositions de renforcement du dispositif réglementaire afin de limiter les ventes et l'utilisation du mercure en Guyane. Sur ce point, il convient de souligner les efforts importants déjà engagés par certains exploitants réguliers pour réduire, voire supprimer complètement, l'utilisation du mercure sur les chantiers. L'objectif visé est d'aboutir progressivement à une interdiction totale d'utilisation du mercure sur l'ensemble des chantiers miniers en Guyane le 1er janvier 2006. En contrepartie de cette interdiction et durant cette période transitoire, des mesures d'accompagnement associées à des aides financières, au travers du Fonds de développement des petites et moyennes industries pour l'acquisition de matériels alternatifs performants n'utilisant pas de mercure pour la séparation de l'or des concentrés (tables gravimétriques vibrantes, par exemple), ainsi que des formations pratiques sur les différentes techniques non polluantes de récupération de l'or, devront être proposées aux exploitants régulièrement autorisés.

Données clés

Auteur : Mme Martine Billard

Type de question : Question écrite

Rubrique : Outre-mer

Ministère interrogé : écologie

Ministère répondant : industrie

Dates :
Question publiée le 27 janvier 2004
Réponse publiée le 30 mars 2004

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