décentralisation
Question de :
M. Thierry Mariani
Vaucluse (4e circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire
M. Thierry Mariani appelle l'attention de M. le ministre de l'équipement, des transports, du logement, du tourisme et de la mer sur les éventuelles implications du projet de loi sur les responsabilités locales pour le transport routier français. En effet, le texte prévoit, d'une part, le transfert de plus de 15 000 kilomètres de routes nationales aux départements, et, d'autre part, l'instauration de péages sur les autoroutes non concédées, les routes express et les ouvrages d'art. Or, il semble que ces mesures suscitent de fortes inquiétudes chez les professionnels de la route. Ceux-ci craignent notamment que la nécessité de financer cette décentralisation ne conduise à une augmentation des charges qui leur incombent, et redoutent plus particulièrement la création d'une taxe kilométrique nationale sur les poids lourds. Celle-ci porterait encore atteinte à leur compétitivité, et ce d'autant plus que les entreprises de transport routier étrangères sont de plus en plus nombreuses à faire circuler des véhicules sur le territoire national. Il le prie donc de bien vouloir lui indiquer si une augmentation des charges portant sur les professionnels du transport routier français est effectivement prévue dans le cadre de la mise en oeuvre du projet de loi sur les responsabilités locales et, si tel est le cas, la forme de cette augmentation des charges.
Réponse publiée le 25 avril 2006
Le projet de loi, relatif aux libertés et responsabilités locales, comportait au départ une disposition permettant l'instauration d'un péage sur les voies express. Toutefois, cette disposition n'a pas été retenue par le Parlement. Il convient de rappeler qu'il a été constaté lors des travaux préparatoires au débat parlementaire de mai et juin 2003 sur les infrastructures de transport, puis lors du débat lui-même, un écart entre les besoins d'investissement dans les différents modes de transport et les ressources financières qui leur étaient consacrées. Afin de réduire cet écart, différentes possibilités de mobilisation de ressources supplémentaires ont été envisagées, dont une redevance perçue sur les poids lourds. Afin de répondre au souhait des parlementaires d'une structure pérenne et intermodale, l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF) a été créée conformément aux décisions du comité interministériel d'aménagement et de développement du territoire (CIADT) du 18 décembre 2003. Ses ressources diversifiées proviennent, notamment, du budget de l'État, des redevances domaniales des concessions autoroutières, de la taxe d'aménagement du territoire et sont adaptées aux objectifs assignés par le CIADT. Au demeurant, il n'apparaît pas évident que les enjeux financiers d'une redevance poids lourds généralisée aux itinéraires nationaux actuellement gratuits présentent des avantages surpassant ses inconvénients. En effet, l'essentiel du trafic interurbain des poids lourds, notamment de transit, s'effectue d'ores et déjà sur les autoroutes dont la plupart sont à péage, à quelques exceptions près, alors que le réseau concerné par l'institution d'une redevance sert principalement aux échanges régionaux ou interrégionaux. C'est pourquoi les incidences sur le pavillon national et les économies locales doivent être soigneusement pesées. De plus, ce réseau n'a que peu d'alternatives et ne constitue donc pas un enjeu pour le rééquilibrage modal. Toutefois, certaines situations ponctuelles pourront faire l'objet d'études en vue de l'introduction d'une éventuelle redevance. Il convient enfin de relever qu'une initiative parlementaire a conduit à l'adoption d'un article de la loi sur la sécurité et le développement des transports (art. 27 de la loi n° 2006-10 du 5 janvier 2006) créant une taxe sur les poids lourds en Alsace afin de rééquilibrer les flux de trafics entre la France et l'Allemagne, en raison de la mise à péage des autoroutes allemandes. Les études et les modalités de mise en oeuvre de la loi seront riches d'enseignement pour les autres axes concernés par cette problématique.
Auteur : M. Thierry Mariani
Type de question : Question écrite
Rubrique : État
Ministère interrogé : équipement, transports et logement
Ministère répondant : transports, équipement, tourisme et mer
Dates :
Question publiée le 10 février 2004
Réponse publiée le 25 avril 2006