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Question de :
M. Philippe Tourtelier
Ille-et-Vilaine (2e circonscription) - Socialiste
M. Philippe Tourtelier attire l'attention de M. le ministre de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche sur l'inquiétude ressentie par de nombreux parents et par les enseignants et personnels des disciplines artistiques de l'éducation nationale. Ils ont le sentiment que la place de l'art est de plus en plus marginalisée à l'école et que, pour ces matières, une culture commune et fédératrice est remise en cause. L'une de leurs craintes réside dans la modification - sans concertation - du statut des disciplines artistiques en restaurant la bivalence par un certificat complémentaire en arts (BO du 7 février). Ils y voient le retour d'un ancien statut de PEGC avec des enseignants polyvalents : une réforme qui ne vise qu'à économiser des postes au détriment d'une exigence de qualité et d'une continuité de ces enseignements. Une autre inquiétude tient à la disparition des matières d'arts plastiques ou de musique du cursus obligatoire du collège, de la 6e à la 3e, suivie par un choix d'options (éducation musicale, histoire des arts, arts plastiques...) à partir de la classe de 3e. L'école ne doit-elle pas garantir à tous l'accès à la culture ? Ces enseignements ne doivent-ils pas être accessibles à égalité avec les autres disciplines ? En faisant sortir ces disciplines du champ des enseignements obligatoires, n'est-ce pas, d'une part, courir le risque de réserver la découverte et la pratique de ces disciplines à une catégorie de privilégiés qui ferait appel à des structures ou à des intervenants extérieurs ? N'est-ce pas ouvrir une brèche à un enseignement à plusieurs vitesses, sachant bien que certains établissements, ruraux ou en ZEP, ne pourront offrir toutes ces options ? Familles comme établissements, selon leurs ressources financières, géreront la place de l'art dans leur quotidien ! Enfin, n'est-ce pas nier une composante déterminante de l'éducation : l'accès à la connaissance des oeuvres du passé et du présent, à l'expression personnelle, à l'imaginaire et à l'existence même de talents via la pédagogie, l'éveil artistique ? Même si, malheureusement, il existe déjà trop d'inégalités, pourquoi faire encore reculer au collège et au lycée la démocratie culturelle qui constitue une chance et un atout, encore enviés à l'étranger. En conséquence, il lui demande de revenir sur ces mesures et lui indiquer les dispositions qu'il entend prendre pour éviter un recul progressif de la place de l'art qui s'apparente à une régression culturelle et sociale qui laissera des traces.
Réponse publiée le 7 septembre 2004
Le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche est très attaché aux enseignements artistiques, constitutifs du parcours scolaire commun des élèves à l'école primaire et au collège, et tout particulièrement à ces disciplines fondamentales que sont les arts plastiques et l'éducation musicale. L'instauration, par arrêté du 23 décembre 2003 paru au JO du 6 janvier 2004 (BO n° 7 du 12 février 2004), d'une certification complémentaire dans d'autres arts (option cinéma et audiovisuel ou danse ou théâtre) pour les personnels enseignants des premier et second degré témoigne quant à elle non d'une marginalisation de l'art à l'école mais d'un pas dans la reconnaissance des compétences de nombreux enseignants désireux de mettre en oeuvre un projet d'éducation artistique ou - à titre d'exemple - un travail spécifique lié à l'éducation à l'image ou à la création théâtrale dans le cadre d'un enseignement tiers (français, langue vivante,...) ou d'une démarche interdisciplinaire. La circulaire n° 2003-173 du 22 octobre 2003, second texte qui suscite l'inquiétude rapportée par l'honorable parlementaire, prévoyait une diversification des enseignements artistiques en classe de troisième dans le double souci de mieux prendre en compte le projet individuel de chaque collégien et d'aménager une transition avec le lycée, où sept disciplines sont offertes au choix des élèves. Ce projet devait faire l'objet d'une expérimentation en 2004-2005 et déboucher sur un bilan quantitatif et qualitatif dressant l'état des ressources et moyens nécessaires en formation et en encadrement dans la perspective d'une éventuelle généralisation. Toutefois, la mise en consultation du protocole de cette expérimentation a recueilli de nombreuses réserves auprès des enseignants d'éducation musicale et de leurs organisations représentatives, portant à conclure que les conditions nécessaires à son bon déroulement n'étaient pas réunies. En conséquence, la décision a été prise de suspendre ce projet d'expérimentation. L'arrêté du 2 juillet 2004 paru au JO du 6 juillet 2004 (BO n° 28 du 15 juillet 2004) relatif à l'organisation des enseignements du cycle d'orientation (classe de troisième) de collège prévoit, dans la grille horaire en annexe, le maintien d'une heure hebdomadaire d'arts plastiques et d'une heure d'éducation musicale dans le cadre des enseignements obligatoires pour tous les élèves.
Auteur : M. Philippe Tourtelier
Type de question : Question écrite
Rubrique : Enseignement
Ministère interrogé : jeunesse et éducation nationale
Ministère répondant : éducation nationale
Dates :
Question publiée le 30 mars 2004
Réponse publiée le 7 septembre 2004