Question écrite n° 37843 :
CAPEPS

12e Législature

Question de : M. Arnaud Montebourg
Saône-et-Loire (6e circonscription) - Socialiste

M. Arnaud Montebourg * appelle l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur les vives inquiétudes exprimées par les 55 000 étudiants des unités de formation et de recherche (UFR) des sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS) des universités françaises s'agissant tant de la diminution drastique du nombre de postes offerts au concours 2004 de professeur d'éducation physique et sportive que du projet de décret d'application de la loi n° 2003-708 du 1er août 2003 relative à l'organisation et à la promotion des activités physiques et sportives et du devenir des diplômes d'éducation physique et sportive dans les cadre de la réforme LMD (licence, maîtrise, doctorat) d'harmonisation européenne des diplômes. Les étudiants des filières sportives ont appris récemment, soit quelques jours seulement avant le début des premières épreuves écrites du Certificat d'aptitude au professorat d'EPS (CAPEPS), que le nombre de postes offerts au concours 2004 était fixé, pour 15 000 étudiants inscrits, à 780, contre 1 330 l'an passé, ce qui représente une diminution de 41,3 %. Cette décision brutale, annoncée après la clôture des inscriptions au CAPEPS, place ces étudiants, qui se sont engagés dans un cursus universitaire de trois ans après le baccalauréat, dans une situation particulièrement difficile et angoissante, tant elle pèse sur leur avenir professionnel. Par ailleurs, elle intervient dans un contexte de sous-encadrement dramatique, tant en terme de personnel enseignant que de personnel technique et administratif, dans les départements et UFR STAPS, qui ne permet pas d'assurer des conditions d'enseignement et de sécurité satisfaisantes. Pour exemple, à l'UFR STAPS de l'université de Bourgogne, à Dijon, 11 039 heures d'enseignement sont effectuées dans le cadre d'heures supplémentaires, ce qui représente 57 postes d'enseignants chercheurs. Enfin, le nombre de postes offerts, fixé à 780, ne devrait pas permettre, même s'il est tenu compte de la baisse programmée du nombre des élèves entre 2004 et 2006, de répondre aux besoins en professeurs, sachant qu'il est nécessaire, pour assurer le seul remplacement des enseignants qui font valoir leurs droits à retraite, d'ouvrir 1 500 postes par an. Outre cette diminution massive du nombre de postes offerts au CAPEPS, qui intervient dans un contexte de dégradation programmée de l'emploi public, le projet de décret d'application de l'article L. 363-1 du code de l'éducation, modifié par la loi n° 2003-708, en ce qu'il limite considérablement l'insertion professionnelle des étudiants STAPS dans le champ des métiers du sport, en donnant au ministre des sports le monopole des qualifications des formations aux métiers du sport, inquiète vivement, ce malgré les assurances données par le ministre de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche, les étudiants, les formateurs et les enseignants des filières des sciences et techniques des activités physiques et sportives. Ces derniers souhaitent que puisse être réaffirmée la capacité du ministère de l'éducation nationale à concevoir et organiser les diplômes à visée professionnelle, de manière à ce que les étudiants des filières universitaires sportives puissent continuer à bénéficier d'équivalences de manière à pouvoir exercer une activité salariée en dehors des possibilités offertes par l'éducation nationale. Enfin, leurs inquiétudes sont grandes s'agissant de la procédure d'harmonisation européenne des diplômes, dont ils craignent qu'elle ne remette en cause, au-delà du premier cycle, la spécificité des STAPS. Ils souhaitent vivement que, dans le cadre de cette réforme, la qualification STAPS puisse être reconnue aux niveaux M et D. Aussi, et considérant les qualités irremplaçables du sport et de son enseignement en matière de santé, de développement personnel, d'insertion et de socialisation, il lui demande de bien vouloir considérer les préoccupations ainsi exprimées par les étudiants et les enseignants en STAPS et de lui indiquer les mesures qu'il entend prendre en vue d'y répondre efficacement.

Réponse publiée le 20 juillet 2004

Le niveau des concours externes et de troisième voie a été fixé en référence aux besoins en professeurs pour la rentrée 2005, besoins eux-mêmes fonction des évolutions des départs à la retraite et des effectifs d'élèves. Les sorties définitives des corps de professeurs du second degré pour la rentrée 2005 sont estimées à 16 500. Entre 2004 et 2006, la baisse du nombre d'élèves dans le second degré approchera 100 000. Elle se situe surtout dans les collèges. La prise en compte de cette baisse pour la rentrée 2005 conduit à une diminution du besoin en professeurs de 4 000 et donc à ne remplacer que 75 % des départs. Le nombre de postes offerts aux concours externes et de troisièm voie pour 2004 a ainsi été fixé à 12 500. Ce niveau de concours a été traduit dans le budget 2004 par la suppression de 2 500 emplois de stagiaires. Le niveau des concours 2004 permet de respecter l'enveloppe de postes de stagiaires allouée à l'éducation nationale. Par discipline, un travail plus fin permet de tenir compte des départs à la retraite liés à la structure par âge, propre à chacune d'entre elles, du besoin lié à l'évolution des effectifs d'élèves par niveau, mais également du nombre de non-titulaires et des éventuels surnombres de titulaires dans la discipline. Pour ce qui est spécifiquement de l'EPS, 1 100 départs sont prévus en 2005. Quatre autres facteurs ont conduit à fixer le niveau des concours 2004 à 780 : 62 % des : professeurs d'EPS enseignent en collège contre 51 % pour les autres disciplines d'enseignement général ; les départs à la retraite en EPS sont moins importants qu'en moyenne dans les autres disciplines (les plus de 55 ans représentent 17 % des professeurs d'EPS contre 21 % en moyenne) ; les non-titulaires sont peu nombreux en EPS (200 ETP, soit 0,6 % des 32 000 professeurs d'EPS, alors que le taux moyen, toutes disciplines confondues, est de l'ordre de 5 %) ; en EPS commencent à apparaître des surnombres disciplinaires. À la rentrée 2003, la discipline est équilibrée dans la mesure où quasiment tous les professeurs sont occupés en établissement ou en remplacement. Pour la rentrée 2004, les académies ont fait connaître leurs besoins, liés à l'analyse fine par établissement, d'où il ressort que ceux-ci représentent à peu près la moitié des néotitulaires à affecter, issus des concours 2003. Ceci signifie qu'à la rentrée 2004 plusieurs milliers de jeunes enseignants ne se verront pas proposer un service complet en enseignement ou en remplacement, représentant l'inoccupation totale d'environ 1 000 professeurs d'EPS. Cependant, il faut souligner que le professorat ne constitue pas et ne doit pas constituer le seul débouché pour les étudiants. Ceux-ci peuvent se diriger vers les métiers d'animation sportive du monde associatif et des collectivités territoriales, le développement des activités physiques adaptées, ou encore vers les métiers liés aux activités commerciales dans le domaine sportif. Le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche et le ministre des sports, conscients des inquiétudes que provoque la publication des décrets d'application de la nouvelle loi du 1er août 2003 sur le sport, ont engagé une large concertation tant sur ces décrets que sur les interrogations liées aux filières sportives.

Données clés

Auteur : M. Arnaud Montebourg

Type de question : Question écrite

Rubrique : Enseignement supérieur

Ministère interrogé : éducation nationale

Ministère répondant : éducation nationale

Dates :
Question publiée le 20 avril 2004
Réponse publiée le 20 juillet 2004

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