politiques communautaires
Question de :
M. Pierre-Louis Fagniez
Val-de-Marne (1re circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire
M. Pierre-Louis Fagniez appelle l'attention de M. le secrétaire d'État aux transports et à la mer sur la crise actuelle du transport aérien français. Trois compagnies aériennes françaises ont fait faillite en l'espace d'un an : Air Lib, Aéris et Air Littoral. Cette hécatombe s'explique d'abord par une série de chocs successifs au niveau international : ralentissement économique, guerre en Irak, épidémie de Sras et attentats terroristes. Il existe aussi un fort recul du trafic intérieur (- 5 % en 2003). La direction générale de l'aviation civile (DGAC) attribue cette récession en partie à la concurrence du TGV Méditerranée et au développement des compagnies à bas coûts. La délocalisation, motivée par la recherche de coûts de production plus faibles, contribue également à la réduction importante des parts de marché du pavillon français. Afin de limiter ce phénomène et d'envisager l'avenir du secteur aéronautique avec davantage de sérénité, il lui demande de bien vouloir lui indiquer s'il pense négocier l'harmonisation des conditions de travail et en particulier les temps de vol, les limitations en nombre d'heures mensuelles, les charges sociales et aéronautiques au sein de l'Union européenne.
Réponse publiée le 7 septembre 2004
La compétitivité du pavillon français a récemment été analysée au sein d'un groupe de travail qui a réuni la direction générale de l'aviation civile et les compagnies aériennes. Il est vrai que certaines compagnies européennes, et en particulier celles basées au Royaume-Uni et en Irlande, ont des coûts inférieurs à ceux des compagnies régionales françaises, du fait notamment de leurs charges sociales plus faibles. Le risque de délocalisation par des compagnies aériennes françaises d'une partie de leur activité existe donc, mais ne s'est pas concrétisé pour le moment. En effet, l'achat par Air France de la compagnie irlandaise Cityjet, qui lui a permis de se réimplanter sur des liaisons très concurrentielles au départ de Paris - Charles-de-Gaulle vers le Royaume-Uni et l'Irlande, ne peut être assimilé à une délocalisation. C'est un investissement qui n'a pas eu pour conséquence une diminution d'activité pour les compagnies françaises. Une harmonisation des charges sociales au sein de l'Union européenne pourrait effectivement contribuer à réduire ces différences de coûts. L'harmonisation en matière de retraite complémentaire est ainsi recherchée, mais les systèmes sont profondément différents entre les États membres, voire entre les entreprises d'un même État. Il s'agit là de sujets sur lesquels il est encore difficile de développer une approche consensuelle au plan communautaire. En revanche, l'harmonisation des conditions de travail des personnels navigants a fait récemment des progrès substantiels. L'Union européenne a adopté il y a quatre ans une directive relative à l'aménagement du temps de travail du personnel mobile dans l'aviation civile, conclue par l'ensemble des associations patronales des compagnies européennes et les syndicats de personnels navigants, limitant pour l'ensemble de l'Europe communautaire le temps de travail à 2 000 heures par an et le temps de vol à 900 heures annuelles. Ce texte fait partie de l'acquis social communautaire et vient d'être transposé en droit français par ordonnance. En outre, l'Union européenne poursuit ses travaux concernant l'harmonisation des règles techniques de sécurité du transport aérien, et propose dans ce but d'encadrer les règles nationales relatives aux temps de vol, aux temps de service et aux temps de repos du personnel navigant. Ce dispositif permettra de renforcer la sécurité des vols au sein de l'Europe élargie, tout en prévenant les tentations de moins-disant social. Enfin, les difficultés que vous avez soulignées ont été aggravées par la forte crise liée au contexte international qu'a traversée le transport aérien au cours des trois dernières années. Cette conjoncture défavorable semble désormais surmontée, comme l'indiquent les évolutions du trafic aérien français, en progression de 7,8 % au premier semestre 2004. Cette amélioration laisse espérer un redressement significatif de la situation de l'emploi dans le secteur.
Auteur : M. Pierre-Louis Fagniez
Type de question : Question écrite
Rubrique : Transports aériens
Ministère interrogé : transports et mer
Ministère répondant : transports et mer
Dates :
Question publiée le 20 avril 2004
Réponse publiée le 7 septembre 2004