annuités liquidables
Question de :
Mme Arlette Grosskost
Haut-Rhin (5e circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire
Mme Arlette Grosskost souhaite appeler l'attention de M. le ministre de la santé et de la protection sociale sur le rachat d'années d'études supérieures pour la retraite. En effet, à la lecture des décrets d'application de la loi de réforme sur les retraites, le coût du rachat de périodes d'études, jusqu'à 20 000 euros l'annuité, est inaccessible au plus grand nombre. Ces mesures semblent inégalitaires d'autant que le sujet est sensible pour un nombre toujours plus grand de salariés qui, après le bac, ont suivi plusieurs années d'études avant d'entrer dans la vie active : ces années ne comptant pas pour la durée d'assurance, le droit au départ à soixante ans devient de plus en plus illusoire. A moins d'accepter de subir la sanction de la décote, soit une amputation de la pension pour annuité manquante (moins 10 %, actuellement, par annuité dans le privé). Désormais, selon la loi, les agents du public comme les salariés du privé pourront donc racheter, à tout âge, jusqu'à 12 trimestres, soit trois années d'études après le bac, pour peu qu'elles aient été sanctionnées par un diplôme. La loi prévoyant que cette disposition doit être financièrement « neutre » pour les régimes de retraites, les tarifs sont des plus prohibitifs pour les éventuels intéressés. Pour le privé, le trimestre d'assurance coûtera entre 1 670 euros (ce qui porte l'annuité à 6 690 euros) s'il est racheté à l'âge de vingt ans, et 4 950 euros (soit 19 800 euros l'annuité) s'il est acquis à cinquante-neuf ans. Á trente ans, le coût de l'annuité s'élèvera à 10 000 euros, à quarante ans, 14 000 euros, et à cinquante ans, 18 000 euros. D'autre part, il est fortement regrettable que ce dispositif ne soit pas ouvert aux personnes qui ont ou qui auront soixante ans dans l'année de publication des décrets d'application de la loi sur la réforme des retraites. En conséquence, elle lui demande de bien vouloir l'informer des mesures qui peuvent être envisagées pour rendre ces dispositions plus attractives.
Réponse publiée le 19 juillet 2005
Il doit préalablement être rappelé que jusqu'aux mesures adoptées dans le cadre de la loi n° 2003-775 du 21 août 2003 portant réforme des retraites, aucun rachat de périodes d'assurance au titre des années consacrées exclusivement à la poursuite d'études, ou au cours desquelles l'activité professionnelle avait validé moins de quatre trimestres, n'était permis. La seule voie offerte aux assurés concernés pour améliorer leurs droits à retraite était de poursuivre l'exercice d'une activité professionnelle le cas échéant jusqu'à soixante-cinq ans, pour liquider leur pension au taux plein, de plein droit à cet âge. En autorisant, dans la limite de douze trimestres, le rachat de ces périodes, les pouvoirs publics permettent donc à ces assurés d'améliorer le niveau de leur pension. Mais les contraintes financières qui pèsent sur l'assurance vieillesse, de même que le simple souci d'équité par rapport aux assurés continuant d'exercer une activité professionnelle, interdisaient de faire supporter aux régimes une partie des dépenses supplémentaires générées par ce nouvel avantage. C'est pourquoi la mesure a été définie pour être actuariellement neutre pour les régimes : le versement de l'assuré est calculé de sorte à compenser la dépense potentielle pour les régimes attachés, au regard de ses revenus et de son âge, à l'augmentation de sa durée d'assurance ; les régimes ne tirent aucun bénéfice de l'opération, qui aboutit à faire payer le trimestre « à prix coûtant ». Pour la première fois est ainsi clairement affiché le coût pour les régimes de retraite de la validation de droits supplémentaires dans les différents régimes de base. Le rachat est actuellement réservé aux assurés âgés de plus de cinquante-cinq ans pour lesquels il a été prioritairement mis en place, compte tenu de la proximité de l'âge d'ouverture du droit à pension. Au contraire, les assurés de moins de cinquante-cinq ans, auxquels la mesure sera étendue à partir de 2006, auront à verser des sommes moins importantes, étant moins proches de l'âge de départ en retraite. En effet, la mise en oeuvre des différents points de la réforme 2003 des retraites, notamment les départs anticipés au titre des longues carrières, présente une charge de travail particulièrement lourde pour la CNAV. Il a donc été décidé de cibler le public prioritaire - ceux proches de l'âge d'ouverture du droit à pension. À compter de 2006, les assurés de moins de cinquante-cinq ans pourront bénéficier de la faculté du rachat des années d'études supérieures. Il convient en outre de rappeler que le rachat effectué dans un régime vaut pour la liquidation de la pension dans les autres régimes dont a pu relever l'assuré et, en particulier, pour les salariés, pour l'atténuation, voire la suppression, des coefficients d'anticipation applicables dans les régimes de retraites complémentaires en cas de carrière incomplète. Enfin, il est rappelé que le rachat peut faire l'objet d'un versement échelonné et que son montant est fiscalement déductible, le supplément de pension étant imposable selon les modalités de droit commun. Les textes d'application de la loi portant réforme des retraités sur les rachats sont aujourd'hui tous parus (décrets n° 2003-1308 et 2003-1310 pour les fonctionnaires, décret n° 2003-1376 du 31 décembre 2003 et arrêtés du même jour en fixant les barèmes pour le régime général et les régimes alignés et rectificatif au Journal officiel du 31 janvier 2004, décret n° 2004-461 du 27 mai 2004 et arrêté du même jour fixant le barème pour les professions libérales, décret n° 2004-1457 du 23 décembre 2004 et arrêté du même jour pour les avocats).
Auteur : Mme Arlette Grosskost
Type de question : Question écrite
Rubrique : Retraites : généralités
Ministère interrogé : santé
Ministère répondant : santé et solidarités
Dates :
Question publiée le 8 juin 2004
Réponse publiée le 19 juillet 2005