Question écrite n° 41906 :
lutte contre l'exclusion

12e Législature

Question de : M. Pascal Terrasse
Ardèche (1re circonscription) - Socialiste

M. Pascal Terrasse souhaite s'enquérir auprès de M. le ministre de l'emploi, du travail et de la cohésion sociale des modalités de mise en oeuvre du moratoire décrété par le Gouvernement sur les expulsions. Le ministre a en effet annoncé la suspension des expulsions des locataires de bonne foi des habitations à loyer modéré (HLM) en cas d'engagement des locataires à reprendre le paiement de leur loyer et à respecter un plan d'apurement des précédents loyers impayés. En contrepartie, l'État s'engagerait à mobiliser des aides, telles que l'allocation personnalisée pour le logement, pour prendre en charge les impayés. Aujourd'hui, les menaces d'expulsion concernent près de 35 000 familles logées dans des HLM, le nombre de familles concernées logées dans des habitations relevant du secteur privé étant encore plus important. Leur nombre est d'ailleurs en constante augmentation. Aussi, il souhaite connaître les intentions précises du Gouvernement pour ce qui concerne la définition de critères permettant de différencier les locataires de bonne foi de ceux qui ne le seraient pas. Par ailleurs, il souhaite connaître les dispositions que le Gouvernement entend adopter pour étendre ce moratoire sur les expulsions au secteur locatif privé. - Question transmise à M. le secrétaire d'État au logement.

Réponse publiée le 26 octobre 2004

Le Gouvernement a mis en place, en accord avec l'union sociale pour l'habitat, un dispositif d'urgence visant à suspendre dans le parc HLM les procédures d'expulsion en cours pour impayés de loyers des personnes de bonne foi et, également, à prévenir de nouvelles situations pouvant mener à l'engagement de telles procédures. Les modalités de ce dispositif ont fait l'objet de la circulaire en date du 13 mai 2004 adressée à l'ensemble des préfets. Elles s'appliquent aux ménages qui s'engagent, sur la base d'un protocole d'accord signé avec le bailleur, à reprendre le paiement du loyer courant et des charges, à accepter si cela s'avère nécessaire un accompagnement social, au besoin un relogement et à participer à l'élaboration et à l'exécution du plan d'apurement de la dette. Les bailleurs, de leur côté, s'engagent à suspendre la procédure d'expulsion tant que le locataire exécute le protocole. En contrepartie de ces engagements, l'Etat maintient ou rétablit les aides personnelles au logement et mobilise, si nécessaire, l'ensemble des aides publiques et des dispositifs de solidarité existants. La circulaire précise que sont exclus les cas de mauvaise foi manifeste, notamment lorsqu'il existe des éléments montrant que le débiteur dispose de moyens matériels lui permettant de payer son loyer et d'apurer la dette, ainsi que les cas de manquements graves aux obligations énumérées à l'article 7 de la loi n° 89-462 du 6 juillet 1989, par exemple, comportement qui perturbe la vie des voisins, mauvais entretien voire dégradation des locaux. La bonne foi du locataire relève d'une appréciation circonstancielle. La complexité et le caractère subjectif de cette notion ne permettent pas d'en donner une définition usuelle. Il est donc préconisé, dans le cadre du protocole susvisé, d'en retenir une définition souple n'excluant que les cas relevant de la mauvaise foi manifeste. Il s'agit donc de considérer chaque cas en ayant à l'esprit les conséquences, pour le locataire et sa famille, de l'expulsion effective. La bonne foi sera appréciée au moyen d'éléments objectifs tels que les ressources, l'adéquation avec la charge de logement, la situation familiale et professionnelle. Ce dispositif d'urgence sera pérennisé pour le parc HLM, les logements conventionnés des sociétés d'économie mixte (SEM) et les logements des SEM situées sur le territoire des départements d'outre mer dans le cadre de la loi pour la cohésion sociale qui sera présentée au Parlement au début de l'automne. Pour le seul parc HLM, un dispositif d'urgence a été mis en place par le Gouvernement, en accord avec l'Union sociale pour l'habitat. Ce dispositif vise à suspendre les procédures d'expulsion pour impayés de loyers des personnes de bonne foi et à prévenir les nouvelles situations pouvant mener à l'engagement de telles procédures. Il doit être pérennisé pour les logements du parc HLM, les logements conventionnés des sociétés d'économie mixte (SEM) et les logements des SEM situées dans les départements d'outre-mer, dans le cadre de la loi pour la cohésion sociale, qui sera présentée au parlement au début de l'automne. Cette suspension des expulsions ne concerne pas le parc privé, comme cela a été clairement indiqué par la circulaire adressée le 13 mai 2004 aux préfets sur ce sujet. Il ne saurait être question de suspendre les expulsions dans le parc privé, même si l'expulsion doit aussi y être le recours ultime, ni donc de mettre en difficulté les personnes qui ont acquis un bien pour le louer afin de se constituer un supplément de retraite. L'objectif est au contraire de mieux sécuriser les bailleurs par de nouvelles mesures. Il a, en particulier, été annoncé dans le cadre du plan de cohésion sociale un renforcement du statut de créance privilégiée des créances issues d'impayés relatifs à une charge de logement. Cette mesure pourra être complétée par d'autres dispositions actuellement étudiées par le groupe de travail du conseil national de l'habitat sur la garantie des risques locatifs.

Données clés

Auteur : M. Pascal Terrasse

Type de question : Question écrite

Rubrique : Politique sociale

Ministère interrogé : emploi

Ministère répondant : logement

Dates :
Question publiée le 22 juin 2004
Réponse publiée le 26 octobre 2004

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