Question écrite n° 43072 :
illettrisme

12e Législature

Question de : M. Pierre Lang
Moselle (6e circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire

M. Pierre Lang attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur l'expérimentation conduite depuis la rentrée 2003 au niveau du cours préparatoire. Plus de 4 000 classes de CP, concentrant des difficultés particulières, ont ainsi vu leurs effectifs allégés. Cette mesure s'inscrit dans le cadre du plan de lutte contre l'illettrisme, lancé en 2002. Alors que 15 % des enfants entrent en sixième sans maîtriser correctement la lecture et l'écriture, il est en effet souhaitable de renforcer la place des apprentissages fondamentaux à l'école primaire. Dès lors, il est intéressant d'analyser les résultats des CP dédoublés, en évaluant les compétences acquises par les élèves qui en ont bénéficié. C'est pourquoi il l'interroge sur le premier bilan qu'il tire du dédoublement des CP, et sur l'avenir de ce dispositif.

Réponse publiée le 17 août 2004

Le dispositif de prévention de l'illettrisme au cours préparatoire a connu deux phases de développement. En 2002-2003, une expérimentation de la réduction d'effectifs a concerné une centaine de classes de CP, dans des écoles où se concentrent les difficultés, dans dix académies. Une évaluation est en cours (suivi des élèves sur deux ans) ; au terme de la première année, la comparaison des progrès des élèves entre le début et la fin de l'année a fait apparaître une différence en faveur de ceux ayant fréquenté les classes à effectifs réduits. Cette différence est statistiquement significative, mais faible. L'exploitation complète des données recueillies doit permettre d'affiner la compréhension des relations entre modes de travail et résultats et de vérifier l'effet différé de cette forme de scolarisation grâce à un suivi des élèves sur deux années. En 2003-2004, on a procédé à une extension de l'application du plan et à une diversification des modalités ; ce dispositif sera consolidé en 2004-2005. Plus de 4 000 classes étaient concernées, réparties dans tous les départements et dans des écoles où les difficultés se concentrent : près de 500 CP à effectifs réduits, environ 1 800 CP dans lesquels intervient un maître supplémentaire à temps partiel (en moyenne, un maître pour tois classes) et environ 2 000 CP dans lesquels intervient un assistant d'éducation. Trois formes d'observation et d'évaluation ont été conduites. Une évaluation qualitative a été réalisée par l'inspection générale. Les premières données montrent que le plan a eu pour effet de centrer les équipes enseignantes ainsi que les inspecteurs et leurs collaborateurs sur les apprentissages fondamentaux et sur la place du CP comme temps fort de l'apprentissage de la lecture au sein du cycle des apprentissages fondamentaux (cycle Il de l'école primaire). Un vrai travail d'animation et de réflexion pédagogiques a été engagé dans bien des départements, ouvrant ainsi la voie à un renouvellement réel des pratiques. Un travail de longue haleine semble nécessaire pour faire évoluer les pratiques et obtenir une efficacité lisible dans les progrès des élèves. L'inspection générale considère qu'une politique d'ensemble doit concerner le cycle des apprentissages fondamentaux sur les trois années de sa durée (grande section de l'école maternelle, CP et cours élémentaire 1re année) ; elle réaffirme la responsabilité de l'école maternelle dans la construction des compétences nécessaires à l'entrée dans l'écrit et, au-delà du cours préparatoire, juge indispensable l'instauration au CE1 de dispositifs de suivi intensif pour les élèves qui rencontrent encore de réelles difficultés de lecture. Un bilan plus empirique a été effectué sur la base des analyses des acteurs de l'ensemble des départements concernés ; il met en évidence un constat de progrès plus rapides qu'en classe ordinaire et une amélioration sensible des résultats même pour des élèves qui avaient de très bas niveaux en début d'année scolaire, ceci n'étant pas également vrai pour toutes les composantes de la lecture. Les difficultés les plus résistantes sont liées à des problèmes culturels et linguistiques. On constate qu'une hétérogénéité forte se maintient dans beaucoup de cas ; les élèves fragiles ou en difficulté légère semblent profiter pleinement du dispositif, beaucoup plus que les élèves en grande difficulté. L'évaluation mise en place par la direction de l'évaluation et de la prospective sur quatre échantillons de 100 classes sera conduite à son terme dans les prochains mois car il faut encore tirer parti de l'analyse des résultats des élèves aux évaluations en classe en juin dernier. Le dispositif est maintenu pour l'année 2004-2005 ; une décision sera prise sur son avenir au vu des différentes évaluations qu'il faudra confronter pour comprendre les conditions de réelle efficacité.

Données clés

Auteur : M. Pierre Lang

Type de question : Question écrite

Rubrique : Enseignement

Ministère interrogé : éducation nationale

Ministère répondant : éducation nationale

Dates :
Question publiée le 6 juillet 2004
Réponse publiée le 17 août 2004

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