Banque mondiale
Question de :
M. Jacques Bascou
Aude (2e circonscription) - Socialiste
M. Jacques Bascou appelle l'attention de M. le ministre d'État, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur les conséquences des orientations énergétiques de la Banque mondiale pour le développement humain et la protection de l'environnement mondial. Ces orientations traditionnelles sont actuellement remises en cause en raison de leur productivité négative par rapport aux objectifs humains et environnementaux poursuivis par l'institution. En 2000, la Banque mondiale, dont la France est un des États membres, a demandé à la Revue des industries extractives (EIR) d'évaluer l'impact de son soutien au secteur des industries fossiles (pétrole, gaz, et charbon) sur la lutte contre la pauvreté et la promotion du développement durable, ses mandats prioritaires. Après deux ans d'études et de consultations sur tous les continents, MIR a rendu en décembre 2003 un rapport d'une importance majeure. Il conclut en effet que les projets d'industries extractives massivement soutenus par la Banque mondiale ne font pas progresser les droits humains des populations pauvres des pays concernés et ont par ailleurs un impact négatif sur l'environnement. En conséquence, l'EIR recommande à la banque d'apporter des corrections significatives à sa politique énergétique en la réorientant vers un soutien prioritaire aux énergies renouvelables et une plus grande attention portée aux besoins des populations. Les recommandations de l'EIR forment un ensemble cohérent qui a bénéficié depuis sa publication de nombreux soutiens dans le monde, dont ceux du Parlement européen et de la Commission européenne. Il lui demande si, dans le cadre tracé par le protocole de Kyoto et les engagements pris au sommet de Johannesburg, le Gouvernement envisage d'apporter son soutien aux recommandations émises par l'EIR à l'attention des décideurs de la Banque mondiale.
Réponse publiée le 21 septembre 2004
Sur le fond, la France soutient fortement les objectifs mis en avant par la revue EIR, en particulier ceux de renforcement de la gouvernance des projets extractifs, de préservation des intérêts et droits des populations affectées, de réduction des impacts environnementaux et sociaux et enfin de promotion des énergies renouvelables. Sur un plan formel, la France a néanmoins noté que la revue n'avait pas recueilli l'assentiment de toutes les personnes associées à sa rédaction, ni de la plupart des pays en voie de développement. Il est donc difficile de considérer les recommandations de cette revue comme un tout dont on ne saurait rien soustraire. Ainsi, la France, qui est très attachée à la préservation de l'intérêt général, ne peut souscrire à celles des propositions qui donnent un pouvoir de veto à des groupes particuliers (les communautés affectées par les projets extractifs) ; une telle disposition n'existe d'ailleurs pas dans notre propre ordre juridique. En outre, la France partage l'analyse de la Banque mondiale qui rappelle les bénéfices potentiels significatifs que les projets extractifs peuvent avoir pour le développement des pays les plus pauvres, sous réserve que ces projets soient mis en oeuvre dans des conditions respectueuses des droits de l'homme et de l'environnement, préservent les droits des populations affectées et que les recettes engendrées fassent l'objet d'une affectation équitable. Compte tenu du niveau de participation financière de la Banque mondiale dans les projets extractifs, son retrait de ce secteur n'aurait sans doute pas d'incidence sur la mise en oeuvre ou non des projets, mais risque surtout de se traduire par de moindres garanties apportées aux pays bénéficiaires et aux populations affectées. Au total, la France entend donc apporter son soutien aux engagements pris par la Banque mondiale, en réponse à la revue. Elle restera ensuite très attentive à la bonne mise en oeuvre de ces engagements, s'agissant en particulier d'une prise en compte accrue des droits de l'homme par les projets de la Banque mondiale, d'une consultation extensive des populations locales, ainsi que d'une juste compensation des populations affectées par les projets extractifs. Enfin, la France soutiendra un réexamen de la politique énergétique de la Banque mondiale, avec l'objectif d'un accroissement des projets en matière d'énergie renouvelable et d'efficacité énergétique.
Auteur : M. Jacques Bascou
Type de question : Question écrite
Rubrique : Organisations internationales
Ministère interrogé : économie
Ministère répondant : économie
Dates :
Question publiée le 3 août 2004
Réponse publiée le 21 septembre 2004