Question écrite n° 45584 :
petit commerce

12e Législature

Question de : M. Yvan Lachaud
Gard (1re circonscription) - Union pour la Démocratie Française

M. Yvan Lachaud attire l'attention de M. le secrétaire d'Etat au budget et à la réforme budgétaire sur la situation des petits commerces dans les espaces frontaliers. De part et d'autre des frontières entre la France et ses États voisins, les mêmes produits ou services font l'objet de taxations différentes, ce qui entraîne une rupture dans le jeu normal de la concurrence et une inégalité dans l'accès à ces produits et services par la clientèle de proximité de ces zones géographiques. Côté français, des décisions récentes en matière de fiscalité ou de taxation de certains de ces produits (gazole, tabac...) présentent un risque d'aggravation de la baisse de fréquentation par les consommateurs des petits commerces situés à proximité des frontières, dont la clientèle se reporte de plus en plus à l'étranger. Les différences de taxation de ces produits avec les États voisins devraient susciter une réflexion afin de traiter les déséquilibres constatés, qui sont source d'une forte inquiétude et générateurs de mouvements de protestation préoccupants. Il convient dès lors de prendre en considération non seulement la nécessité de préserver les revenus des commerçants ou fournisseurs touchés par ces mesures, mais aussi le maintien d'activités économiques essentielles à la vitalité des territoires concernés, territoires dont le développement économique est déjà souvent par nature défavorisé. Il lui demande, afin de prévenir, voire de remédier à la désagrégation de ce tissu économique local frontalier, de bien vouloir envisager d'intervenir dans le sens d'une protection spécifique des petits commerces concernés, en engageant un processus de correction des effets perturbateurs de la situation constatée. L'une des initiatives qu'il pourrait prendre, dans l'attente d'une position européenne sur l'harmonisation réglementaire dans ce domaine, serait que les États impliqués, et au premier chef la France, entreprennent des démarches de concertation, voire de contractualisation, par exemple par la négociation de traités permettant la mise en oeuvre de dispositifs adaptés tels que la création de zones franches définies par des critères de proche accessibilité et de courte distance par rapport aux zones de chalandise concernées, ou des mesures compensatoires au profit des communes, à l'instar du système découlant de l'accord du Benelux (convention instituant l'Union économique belgo-luxembourgeoise du 29 janvier 1963).

Réponse publiée le 16 novembre 2004

Le Gouvernement est conscient des difficultés rencontrées par certains commerces frontaliers et agit pour trouver des solutions appropriées. Parmi les commerçants concernés figurent les buralistes situés dans les zones frontalières. Soucieux de protéger un secteur d'activité qui constitue un réseau de proximité en zones urbaine et rurale, le Gouvernement s'est attaché à mettre en place le plan de soutien prévu par le « contrat d'avenir » signé le 18 décembre dernier avec les représentants des débitants de tabac. Ainsi, en cas de chute de plus de 25 % des ventes de tabacs, les buralistes des départements frontaliers perçoivent une compensation représentant 90 % de ces pertes. Outre qu'il a officialisé l'engagement du Premier ministre de geler pendant quatre ans la fiscalité applicable aux tabacs manufacturés, ce contrat a comporté des mesures afin de mieux protéger les débitants et de lutter contre les trafics et prévu une revalorisation des retraites, ainsi que le gel des créations de nouveaux débits de tabac pendant quatre ans. Par ailleurs, le Premier ministre a mis en place, le 10 novembre dernier, une mission parlementaire afin d'assurer le suivi de la mise en oeuvre des mesures décidées par le Gouvernement et d'en mesurer l'impact pour les buralistes. Cette mission porte également sur la diversification et la recherche de nouveaux secteurs d'activité afin de permettre aux buralistes de trouver de nouvelles perspectives de rémunération, mais aussi de nouveaux flux de clientèle : des expériences sont actuellement menées comme celle des Points Poste. Enfin, compte tenu des différences constatées entre les systèmes de taxation des États membres, le Gouvernement a saisi la Commission européenne en vue de relancer les discussions sur le principe d'une harmonisation communautaire de la fiscalité sur les tabacs. En attendant de parvenir à cette harmonisation, le Gouvernement a d'ores et déjà proposé dans le projet de loi de finances pour 2005 de transposer dans la législation française les dispositions prévues par les actes d'adhésion des dix nouveaux États membres. Ainsi, les cigarettes en provenance de l'Estonie, de la Hongrie, de la Lettonie, de la Lituanie, de la Pologne, de la Slovaquie, de la Slovénie et de la République tchèque, ainsi que les autres produits du tabac en provenance de la République tchèque, les tabacs destinés à rouler les cigarettes et les autres tabacs à fumer en provenance d'Estonie, acquis aux conditions du marché intérieur de ces États membres et introduits en France, seront soumis au droit de consommation applicable en France pour toutes les quantités excédant celles qui seraient admises en franchise si ces produits provenaient de pays tiers à la Communauté européenne. Eu égard aux prix de vente au détail extrêmement bas appliqués dans ces pays, cette mesure permettra de lutter contre le développement de la fraude pouvant résulter de la commercialisation illicite en France de ces produits.

Données clés

Auteur : M. Yvan Lachaud

Type de question : Question écrite

Rubrique : Commerce et artisanat

Ministère interrogé : budget

Ministère répondant : budget

Dates :
Question publiée le 10 août 2004
Réponse publiée le 16 novembre 2004

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