artistes
Question de :
M. Patrick Braouezec
Seine-Saint-Denis (2e circonscription) - Député-e-s Communistes et Républicains
M. Patrick Braouezec souhaite attirer l'attention de M. le ministre de la culture et de la communication sur la décision de la Commission européenne, rendue publique le 18 décembre 2003, de traduire la France devant la Cour de justice des Communautés européennes à propos de la présomption de salariat des artistes interprètes. Déjà en date du 26 janvier 2000, la Commission européenne avait rendu un avis sur les dispositions de l'article L. 762-1 du code du travail relatives à la présomption de salariat des artistes du spectacle qui constituaient, selon elle, une restriction non justifiée à la libre prestation de services. La nouvelle tentative en cours de remise en cause de la présomption de salariat suscite une vive et légitime inquiétude parmi les professionnels des arts et du spectacle. Elle survient dans un contexte marqué par la mobilisation contre l'injuste et inefficace accord du 26 juin 2003 sur le régime d'assurance chômage des intermittents. Il importe de détailler les réponses qui sont apportées par le Gouvernement à la saisine de la Cour de justice. L'interprétation de la commission est particulièrement contestable au regard d'une présomption de salariat qui constitue une garantie, et organise la solidarité envers et au sein des professions concernées, et qui peut être contestée par un artiste étranger apportant la preuve de son exercice comme indépendant. La libre prestation de services est donc bien ainsi préservée. Bien plus, l'extrémisme libéral au nom de cette libre prestation porterait atteinte à des principes bien supérieurs dans le cadre de l'intérêt général. La remise en cause de la présomption de salariat serait lourde de conséquences. Elle priverait les professions concernées d'une protection sociale qui épaule et favorise la diversité qui fait la richesse de la vie culturelle et artistique en France avec toutes ses retombées favorables, y compris en termes économiques. Au-delà de la défensive face aux arguments avancés dans la saisine de la Cour de justice, il serait souhaitable de préciser les démarches envisagées ou menées par le Gouvernement en faveur d'une harmonisation vers le haut des législations relatives à la protection sociale des artistes dans les États membres, alors même qu'avec l'élargissement aux dix nouveaux États l'artiste indépendant devient de plus en plus le cas dominant au sein de l'Union. En conséquence, il lui demande des assurances précises sur la détermination du Gouvernement à sauvegarder et promouvoir au sein de l'Union européenne, le régime de protection sociale des artistes et à défendre la présomption salariale dont ils bénéficient.
Réponse publiée le 12 octobre 2004
La Commission européenne a saisi la Cour de justice des Communautés européennes le 14 juin 2004 (affaire C-255/04 JOCE 28 août 2004). La Commission des Communautés européennes conclut à ce qu'il plaise à la Cour de constater que, en imposant la présomption de salariat à un artiste qui est reconnu comme prestataire de services établi dans son État membre d'origine où il fournit habituellement des services, analogues, la République française a manqué aux obligations qui lui incombent en vertu des articles 43 et 49 CE. La Commission estime en effet que « la présomption de salariat appliquée à un artiste reconnu comme prestataire de services établi dans son État membre d'origine où il fournit habituellement des services analogues constitue, quant à elle, une restriction à la libre circulation des services dans la mesure où elle est de nature à interdire ou à gêner les activités du fournisseur de services établi dans un autre État membre où il assure légalement des services analogues et va au-delà de ce qui est nécessaire pour remplir les objectifs qui la sous-tendent. Par ailleurs, la présomption est très difficilement réfragable et a des conséquences non seulement en ce qui concerne le régime de sécurité sociale, mais également en ce qui concerne les congés payés et le régime de retraite complémentaire. Même si elle s'applique indistinctement aux artistes nationaux et à ceux des autres États membres, la présomption constitue une restriction de nature à gêner ou à rendre moins attrayantes les activités des artistes établis dans un État membre où ils fournissent légalement des services analogues, disproportionnée par rapport à l'objectif poursuivi ». Le ministre de la culture et de la communication assure l'honorable parlementaire que le Gouvernement reste vigilant sur cette question et s'emploie à défendre au mieux le dispositif contesté par la Commission. Un véritable débat juridique est ouvert, mais l'issue reste incertaine. Par ailleurs, il importe de souligner l'implication du Gouvernement pour définir l'organisation d'un système pérenne d'indemnisation du chômage des salariés, artistes et techniciens intermittents du spectacle, en concertation avec les différentes parties prenantes. Les premières conclusions et préconisations de M. Jean-Paul Guillot seront connues le 31 octobre 2004.
Auteur : M. Patrick Braouezec
Type de question : Question écrite
Rubrique : Arts et spectacles
Ministère interrogé : culture et communication
Ministère répondant : culture et communication
Dates :
Question publiée le 10 août 2004
Réponse publiée le 12 octobre 2004