Question écrite n° 46766 :
victimes du STO

12e Législature

Question de : M. Didier Mathus
Saône-et-Loire (4e circonscription) - Socialiste

M. Didier Mathus appelle l'attention de M. le garde des sceaux, ministre de la justice, sur les suites à donner à la décision du conseil des prud'hommes de Draguignan condamnant, au mois de juillet 2004, l'État allemand à payer à un Français plus de 276 000 euros de salaires et dommages et intérêts pour vingt-trois mois de travail obligatoire en Allemagne entre juin 1943 et mai 1945. En effet, malgré l'avis de la Cour de cassation, rendu le 16 décembre 2003, estimant que le principe d'immunité des États étrangers s'apprécie au moment de l'assignation en justice et non au moment des faits, le conseil de prud'hommes s'est déclaré « compétent aussi bien dans ses attributions que territorialement pour juger ce dossier d'après le code du travail français » et a condamné l'État allemand pour « préjudice moral incommensurable ». Cette décision a réactivé des espoirs d'indemnisations chez de très nombreuses victimes du Service du travail obligatoire (STO) pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans ces circonstances, il lui demande quelles suites peuvent être données à cette décision et dans quelles mesures il est envisageable d'entamer d'autres procédures de demande d'indemnisation de ce type.

Réponse publiée le 23 novembre 2004

Le garde des sceaux, ministre de la justice, fait connaître à l'honorable parlementaire que le jugement rendu le 17 juin 2004 par le conseil de prud'hommes de Draguignan, qui a condamné l'État allemand à payer diverses sommes au requérant, en retenant l'existence de relations de travail pendant la période où celui-ci a été affecté au service du travail obligatoire en Allemagne au cours de la Seconde Guerre mondiale, a été frappé d'appel par le procureur de la République de Draguignan et par l'État allemand. L'appel du ministère public est fondé sur le fait que le jugement n'est pas conforme à la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme. Celle-ci a en effet jugé, dans une décision du 21 novembre 2001, que l'immunité de juridiction reconnue aux États, moyen invoqué devant le conseil de prud'hommes de Draguignan par l'État allemand, ne viole pas le droit d'accès à un tribunal garanti par la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales. La Cour de cassation a, par ailleurs, jugé, dans un arrêt de la première chambre civile du 16 décembre 2003, que le fait, pour le IIIe Reich, d'avoir contraint des personnes requises au titre du service du travail obligatoire ne fait pas échec au principe de l'immunité juridictionnelle de l'État allemand. Divers conseils de prud'hommes et cours d'appels ont statué dans le même sens.

Données clés

Auteur : M. Didier Mathus

Type de question : Question écrite

Rubrique : Anciens combattants et victimes de guerre

Ministère interrogé : justice

Ministère répondant : justice

Dates :
Question publiée le 21 septembre 2004
Réponse publiée le 23 novembre 2004

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