convention sur l'interdiction des mines antipersonnel
Question de :
M. Michel Hunault
Loire-Atlantique (6e circonscription) - Union pour la Démocratie Française
M. Michel Hunault attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur l'interdiction des mines antipersonnel qui tuent et mutilent des milliers de victimes, et plus particulièrement des civils innocents et sans défense, notamment des enfants. La France et de nombreux États ont signé la convention d'Ottawa de 1997 relative à l'interdiction et à la destruction des mines antipersonnel. Elle n'est pas isolée dans ce domaine, puisque l'Union européenne a adopté pour les années 2002-2004 une stratégie dans le domaine de la lutte contre les mines antipersonnel. À la fin de sa Ve législature, le Parlement européen a d'ailleurs demandé au Conseil européen d'inviter les États membres actuels et futurs de l'Union à adhérer dans les meilleurs délais à la convention. Une première conférence d'évaluation et de révision de la convention d'Otawa se tiendra à Nairobi du 29 au 3 décembre prochain. Si l'engagement des États constitue indéniablement une avancée positive, elle n'en n'est pas moins une réponse partielle au regard de la nouvelle physionomie des conflits armés. Ceux-ci sont en effet caractérisés par l'émergence d'acteurs armés non étatiques (milices, groupements terroristes), n'hésitant pas à utiliser des engins non explosés. Ces acteurs armés non étatiques devraient, afin de respecter la dignité humaine, être également concernés par l'interdiction des mines antipersonnel. L'élargissement du champ de la convention d'Ottawa est donc prioritaire afin de faire cesser les souffrances et les pertes en vies humaines causées par les mines antipersonnel. L'appel de Genève, organisation internationale humanitaire oeuvrant pour intégrer les acteurs non étatiques dans le processus d'interdiction, a déjà obtenu l'accord de plus de vingt acteurs non étatiques. Il souhaite savoir si le Gouvernement entend prendre position sur la nécessité d'intégrer ces acteurs dans le processus d'interdiction à l'occasion de la conférence de Nairobi.
Réponse publiée le 25 janvier 2005
La France milite en faveur d'un monde libéré du fléau des mines antipersonnel. Résolument engagée dans la lutte contre ces armes, la France a joué un rôle actif dans la négociation de la convention d'Ottawa. Elle a aussi donné l'exemple : le 23 juillet 1998, elle a été le premier des cinq États membres permanents du Conseil de sécurité à ratifier cet important traité. Depuis lors, notre pays a rempli, dans des délais très courts et souvent en avance sur les calendriers prévus, l'ensemble de ses obligations dans ce domaine : adoption des textes d'application nationale, dont la loi du 8 juillet 1998 ; création d'une Commission nationale pour l'élimination des mines antipersonnel ; achèvement, le 20 décembre 1999, des opérations de destruction des stocks français de mines antipersonnel. Sur le plan international, la France a continué de jouer un rôle actif. Cet engagement s'est traduit par un soutien constant aux initiatives en faveur de la mise en oeuvre universelle, pleine et efficace de la convention d'Ottawa. La première conférence d'examen de ce traité, qui s'est tenue à Nairobi, du 29 novembre au 3 décembre derniers a constitué une occasion unique de faire le point des progrès accomplis depuis l'entrée en vigueur de cette convention comme des défis à relever. Notre objectif et notre priorité à cet égard demeurent la recherche de l'efficacité de la convention d'Ottawa. Face à l'ampleur des problèmes humanitaires posés, c'est cette démarche qui nous permettra d'avancer. S'agissant de la question, soulevée par l'honorable parlementaire, d'une révision de la convention d'Ottawa en vue d'élargir son champ d'application aux acteurs non étatiques armés, il importe de noter que la France a toujours marqué sa sympathie à l'égard des efforts déployés, en particulier par l'appel de Genève, afin d'inciter de tels groupements à s'associer sur le terrain au mouvement d'interdiction totale des mines antipersonnel. Pour autant, il apparaît essentiel de ne pas s'engager dans une réouverture du texte, qui pourrait conduire à amoindrir la cohérence et la portée de la convention d'Ottawa. En outre, la convention, en son article 9, fait obligation aux États qui y sont parties de prendre toutes les mesures législatives, réglementaires et autres appropriées, y compris l'imposition de sanctions pénales, pour prévenir, poursuivre, réprimer et faire cesser toute activité interdite en vertu de la Convention qui serait menée par des personnes, sur un territoire sous leur juridiction ou leur contrôle. En d'autres termes, la convention d'Ottawa exige déjà des États parties, responsables de sa mise en oeuvre, qu'ils prennent les dispositions nécessaires pour sanctionner les agissements d'acteurs non étatiques armés qui, s'ils étaient commis par des États, constitueraient des violations de la convention. Dans ces conditions, il ne paraît pas opportun de chercher à renégocier les dispositions de la convention d'Ottawa pour rendre les personnes ou les groupements non étatiques directement destinataires des obligations qu'elle édicte.
Auteur : M. Michel Hunault
Type de question : Question écrite
Rubrique : Traités et conventions
Ministère interrogé : affaires étrangères
Ministère répondant : affaires étrangères
Dates :
Question publiée le 21 septembre 2004
Réponse publiée le 25 janvier 2005